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 Les conseils d'une apprentie éditrice, chapitre I : La forme du mail et du manuscrit

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Page de Bâtons a écrit:
@Verowyn : j’ai cru comprendre des messages de Zéphaire que si, sa maison d’édition pratiquait les refus par non réponse, d’où ma question. Mais peut-être ai-je mal compris !

Tu as raison ! En revanche j'ai déjà répondu à cette question plus haut dans les commentaires, que je t'invite à consulter (c'était axé sur le fait qu'on ne peut faire du personnalisé pour chaque manuscrit refusé), mais quand je suis partie il était question de créer un mail personnalisé (EDIT : non, automatique bien sûr !) pour que tout le monde sache que le manuscrit a été reçu.


Dernière édition par Zéphaïre le Jeu 16 Nov 2023 - 7:42, édité 1 fois
 
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Oui j’avais vu, mais je ne parlais pas de refus personnalisés, mais de refus type (le même copié collé pour tout le monde, de type « votre manuscrit n’a pas fait l’unanimité auprès du comité de lecture », comme le font certaines maisons, quitte à avoir une automatisation après x temps).
https://www.sachamorage.com/newsletter-autrice/
 
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Page de Bâtons a écrit:
Oui j’avais vu, mais je ne parlais pas de refus personnalisés, mais de refus type (le même copié collé pour tout le monde, de type « votre manuscrit n’a pas fait l’unanimité auprès du comité de lecture », comme le font certaines maisons, quitte à avoir une automatisation après x temps).

Oui, je me suis trompée en te répondant, j'ai édité mon message Smile
 
CalédoniaRob
   
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mais en fait c’est vrai que les refus par non réponse c’est usant, dans le sens, au moins quand on reçoit un refus type au bout d’1 mois et demi ou 3 mois, on sait que l’aventure s’arrête là. Quand ce sont des refus par non réponse on attend la totalité des 4 mois annoncés et peut être même un peu plus avec de faux espoirs, alors que la ME s’est peut être désintéressée de notre manuscrit depuis plusieurs mois…
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Verowyn
   
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K.Holmes a écrit:
Verowyn a écrit:
Et si vous aimez les livres qui sortent chez telle ou telle ME, ben ça veut dire que cette méthode de tri fonctionne.

Dans la même maison d'édition il y a des œuvres qu'on aime et des œuvres qu'on n'aime pas. Donc ça veut dire (en suivant ta logique hein) que le système marche et ne marche pas en même temps lol.

Alors, je crois que tu n'es pas vraiment concerné vu que, si je me rappelle bien, tu as dit que tu n'envoyais pas tes textes à des éditeurs. Mais je pars du principe que quand vous envoyez votre manuscrit à une ME, c'est parce que vous appréciez le travail de cette ME. Ça ne veut pas dire que vous devez avoir un coup de cœur absolu pour 100% de leurs titres, il peut bien sûr y en avoir sur lesquels vous avez un bémol (et soyons francs, il y a assez peu de chance pour que vous ayez lu l'intégralité de leurs titres, de toute façon)... mais ça veut dire par contre que vous devez avoir un minimum d'estime pour leur catalogue, donc pour leur travail de sélection global.
Franchement, n'envoyez pas votre manuscrit à une ME dont vous n'appréciez pas le travail. Quel intérêt ? Juste pour pouvoir dire "je suis un auteur publié... par une ME qui fait des trucs que moi-même je trouve bof" ?

La relation entre auteur et éditeur c'est une relation de travail. C'est pas juste "une fois que j'ai passé la sélection, bim l'éditeur met son tampon et sort le fric et c'est fini". Non, une fois le manuscrit accepté démarre un travail en collaboration sur le texte qui prend des mois. Donc n'envoyez vos textes qu'à des éditeurs dont vous respectez le travail, sinon, vous vous tirez une balle dans le pied, vraiment.

Citation :
Et même en supposant qu'on aime absolument tous les livres d'une même maison d'édition, ça sous-entendrais seulement que "tous les livres qui ont été sélectionnés sont bons" et non que "tous les bons livres ont été sélectionnés". Evidemment, la deuxième option est celle qui intéresse l'auteur envoyant un roman. Car à ce moment-là, dans sa propre subjectivité, il est intéressé par le fait que son livre (supposé bon) soit publié. Donc il veut savoir si tous les bons livres sont sélectionnés.

J'entends bien que c'est ce qu'aimerait pouvoir se dire l'auteur. Mais c'est illusoire.
Le rôle d'un recruteur n'est pas d'embaucher tous les bons candidats, mais d'embaucher, pour le nombre de postes prévus, les meilleurs candidats possibles, pour cette entreprise-là, à ce poste-là.
De la même manière, aucune maison d'édition n'a vocation à "sélectionner tous les bons livres". Juste à sélectionner un certain nombre de "bons" livres, correspondant à la place prévue à son catalogue, qui est déterminée par tout un tas de facteurs comme son budget, le personnel disponible pour travailler sur les livres en question, la saturation du marché, etc. Et il n'y a pas de critère qui permette de décider ce qu'est un "bon" livre dans l'absolu, c'est toujours fonction du public auquel on s'adresse. Donc il y a juste des critères qui permettent d'évaluer quel est le meilleur livre possible pour cette maison-là, à cet endroit-là de son catalogue.
C'est à dire que même si tu envoies un thriller technologique sur le thème des clones avec un twist merveilleux qui serait objectivement très, très, très bon, ben si la ME a déjà prévu de publier un thriller technologique sur le thème des clones avec un twist merveilleux dans les 6 mois, il y a assez peu de chance qu'elle retienne ton texte, et elle préférera sans doute en sélectionner un autre avec un thème différent, même un peu moins "objectivement bon", parce qu'elle sait qu'elle n'arrivera pas à vendre correctement 2 livres trop similaires sur une courte période de temps.

Bluepulp a écrit:
A quoi peut ressembler une check-list d'un "bon" manuscrit ?

Si ça t'intéresse, tu peux jeter un coup d'œil à cet article qui détaille les critères qu'on examine dans notre fiche de lecture :
https://www.herosdepapierfroisse.fr/blog/editions-hpf-la-fiche-de-lecture/
 
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Verowyn a écrit:
K.Holmes a écrit:
Verowyn a écrit:
Et si vous aimez les livres qui sortent chez telle ou telle ME, ben ça veut dire que cette méthode de tri fonctionne.

Dans la même maison d'édition il y a des œuvres qu'on aime et des œuvres qu'on n'aime pas. Donc ça veut dire (en suivant ta logique hein) que le système marche et ne marche pas en même temps lol.

Alors, je crois que tu n'es pas vraiment concerné vu que, si je me rappelle bien, tu as dit que tu n'envoyais pas tes textes à des éditeurs. Mais je pars du principe que quand vous envoyez votre manuscrit à une ME, c'est parce que vous appréciez le travail de cette ME. Ça ne veut pas dire que vous devez avoir un coup de cœur absolu pour 100% de leurs titres, il peut bien sûr y en avoir sur lesquels vous avez un bémol (et soyons francs, il y a assez peu de chance pour que vous ayez lu l'intégralité de leurs titres, de toute façon)... mais ça veut dire par contre que vous devez avoir un minimum d'estime pour leur catalogue, donc pour leur travail de sélection global.
Franchement, n'envoyez pas votre manuscrit à une ME dont vous n'appréciez pas le travail. Quel intérêt ? Juste pour pouvoir dire "je suis un auteur publié... par une ME qui fait des trucs que moi-même je trouve bof" ?

La relation entre auteur et éditeur c'est une relation de travail. C'est pas juste "une fois que j'ai passé la sélection, bim l'éditeur met son tampon et sort le fric et c'est fini". Non, une fois le manuscrit accepté démarre un travail en collaboration sur le texte qui prend des mois. Donc n'envoyez vos textes qu'à des éditeurs dont vous respectez le travail, sinon, vous vous tirez une balle dans le pied, vraiment.

Citation :
Et même en supposant qu'on aime absolument tous les livres d'une même maison d'édition, ça sous-entendrais seulement que "tous les livres qui ont été sélectionnés sont bons" et non que "tous les bons livres ont été sélectionnés". Evidemment, la deuxième option est celle qui intéresse l'auteur envoyant un roman. Car à ce moment-là, dans sa propre subjectivité, il est intéressé par le fait que son livre (supposé bon) soit publié. Donc il veut savoir si tous les bons livres sont sélectionnés.

J'entends bien que c'est ce qu'aimerait pouvoir se dire l'auteur. Mais c'est illusoire.
Le rôle d'un recruteur n'est pas d'embaucher tous les bons candidats, mais d'embaucher, pour le nombre de postes prévus, les meilleurs candidats possibles, pour cette entreprise-là, à ce poste-là.
De la même manière, aucune maison d'édition n'a vocation à "sélectionner tous les bons livres". Juste à sélectionner un certain nombre de "bons" livres, correspondant à la place prévue à son catalogue, qui est déterminée par tout un tas de facteurs comme son budget, le personnel disponible pour travailler sur les livres en question, la saturation du marché, etc. Et il n'y a pas de critère qui permette de décider ce qu'est un "bon" livre dans l'absolu, c'est toujours fonction du public auquel on s'adresse. Donc il y a juste des critères qui permettent d'évaluer quel est le meilleur livre possible pour cette maison-là, à cet endroit-là de son catalogue.
C'est à dire que même si tu envoies un thriller technologique sur le thème des clones avec un twist merveilleux qui serait objectivement très, très, très bon, ben si la ME a déjà prévu de publier un thriller technologique sur le thème des clones avec un twist merveilleux dans les 6 mois, il y a assez peu de chance qu'elle retienne ton texte, et elle préférera sans doute en sélectionner un autre avec un thème différent, même un peu moins "objectivement bon", parce qu'elle sait qu'elle n'arrivera pas à vendre correctement 2 livres trop similaires sur une courte période de temps.

Bluepulp a écrit:
A quoi peut ressembler une check-list d'un "bon" manuscrit ?

Si ça t'intéresse, tu peux jeter un coup d'œil à cet article qui détaille les critères qu'on examine dans notre fiche de lecture :
https://www.herosdepapierfroisse.fr/blog/editions-hpf-la-fiche-de-lecture/

Merci de tes réponses et de ta participation active au dialogue de ce post ; il aurait été peut-être inconfortable - ou mal pris - que je me pose en unique source d'information sur le sujet, d'autant plus que tu sembles bien plus expérimentée que moi !

En fait, ce que je vois et comprends tout à la fois, c'est combien les auteurs, attachés à leur création dans laquelle ils estiment avoir tout donné d'eux-même, prennent un refus ou une absence de réponse comme un échec ou une marque de mépris. Encore une fois, je saisis tout à fait ce qui peut mener ) réfléchir ainsi, mais c'est un biais un peu manichéen. Ton exemple du techno-thriller illustre assez bien que ce n'est pas une question de bon/mauvais, de bien/mal, mais que l'acceptation d'un manuscrit est conditionnée à de très nombreux facteurs qui, au-delà du contenu et de la forme du manuscrit, relèvent d'exigences ou de problèmes purement et bassement pratiques.

Ce n'est pas une question simple que l'on trancherait en disant seulement "c'est injuste". En revanche, je conçois tout à fait que c'est extrêmement frustrant après tout le travail abattu par certains ! Aussi, il faut prendre en compte que beaucoup (beaucoup beaucoup) de personnes écrivent et souhaitent être publiées, et que là où il y a une surabondance de propositions, il y a souvent une concurrence ultra-rude. Encore une fois, c'est une réalité pratique, qu'on ne peut résoudre en constatant simplement une injustice.

Merci à tous les auteurs qui témoignent ici de manière posée et très précise de ce qu'ils ressentent et pensent à la lecture du post. C'est sincèrement précieux. Et même si, comme l'a dit ici quelqu'un, ce n'est pas le "forum des jeunes éditeurs", je crois qu'il est souhaitable qu'auteurs et éditeurs s'intéressent les uns aux autres en dialoguant de cette manière ! Pour ma part, je souhaite aussi devenir auteur, mais l'expérience d'éditeur, loin de me décourager, me semble être une chance de pouvoir comprendre deux facettes de l'obejt-livre, du texte, de la passion des mots. C'est aussi pour cela que je la partage !
 
Ouendi
   
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Je trouve la discussion hautement intéressante et pour reprendre des éléments cités plus haut, peu m'importe que ce soit une stagiaire qui me lise, pourvu que quelqu'un le fasse.
Je partage ici un doute. Quand j'ai effectué mes premiers envois pour mon opus n°1, j'ai ciblé les grandes ME et j'ai été quelque peu surprise par la régularité de métronome de l'envoi de certains refus types.
Pour l'une de ces ME, il était de 1 mois pile et m'est parvenu un 25 décembre.
Je pense que ces envois sont automatisés (normal eu égard à la masse de manuscrits reçus), mais quand on se rend compte que ce délai est le même pour d'autres auteurs...
On ne peut empêcher la vox entêtante d'égrener son refrain "Et s'il ne lisait pas et se contentait d'un enregistrement des coordonnées pour refuser au bout d'un mois histoire d'accréditer l'hypothèse que le machin est lu au moins à minima ?"

Je comprends tout à fait que la sélection repose sur un ensemble de paramètres dont le côté "bankable", mais, je me suis intéressée il y a peu à un genre que je n'affectionne guère (euphémisme), la romance. Et, j'avoue ne pas avoir été convaincue (là, c'est de la litote), de la sélection proposée par une maison qui a pignon sur rue.
J'ai trouvé les publications pleines de clichés et euh, tellement simples (ou inutilement compliquées) au niveau de la langue et si truffées de contradictions (objectives) que je me suis demandée ce qui leur avait valu d'être sélectionnées !?

Mon échantillon était peut-être biaisé et/ou je ne comprends rien à ce qui distingue le bon/mauvais, ce qui engendre encore aujourd'hui quelques doutes même si je n'écris pas dans ce genre là.

Ou je suis complètement has been, c'est une autre possibilité  cheers  cheers
 
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Ouendi a écrit:
Je trouve la discussion hautement intéressante et pour reprendre des éléments cités plus haut, peu m'importe que ce soit une stagiaire qui me lise, pourvu que quelqu'un le fasse.
Je partage ici un doute. Quand j'ai effectué mes premiers envois pour mon opus n°1, j'ai ciblé les grandes ME et j'ai été quelque peu surprise par la régularité de métronome de l'envoi de certains refus types.
Pour l'une de ces ME, il était de 1 mois pile et m'est parvenu un 25 décembre.
Je pense que ces envois sont automatisés (normal eu égard à la masse de manuscrits reçus), mais quand on se rend compte que ce délai est le même pour d'autres auteurs...
On ne peut empêcher la vox entêtante d'égrener son refrain "Et s'il ne lisait pas et se contentait d'un enregistrement des coordonnées pour refuser au bout d'un mois histoire d'accréditer l'hypothèse que le machin est lu au moins à minima ?"

Je comprends tout à fait que la sélection repose sur un ensemble de paramètres dont le côté "bankable", mais, je me suis intéressée il y a peu à un genre que je n'affectionne guère (euphémisme), la romance. Et, j'avoue ne pas avoir été convaincue (là, c'est de la litote), de la sélection proposée par une maison qui a pignon sur rue.
J'ai trouvé les publications pleines de clichés et euh, tellement simples (ou inutilement compliquées) au niveau de la langue et si truffées de contradictions (objectives) que je me suis demandée ce qui leur avait valu d'être sélectionnées !?

Mon échantillon était peut-être biaisé et/ou je ne comprends rien à ce qui distingue le bon/mauvais, ce qui engendre encore aujourd'hui quelques doutes même si je n'écris pas dans ce genre là.

Ou je suis complètement has been, c'est une autre possibilité  cheers  cheers

Ce que tu dis sur les refus automatisés est intéressant ! Même si ça n'avait pas cours dans la maison où je travaillais (justement parce qu'on n'avait pas de messages automatiques), je ne peux bien sûr pas affirmer que cela ne soit pas possible ailleurs. Je n'en sais rien. Mais je pourrais me renseigner pour comprendre ce phénomène !

Pour la romance, il faut bien comprendre que c'est l'un des genres qui marche si bien que la qualité de l'écriture n'est pas nécessairement au premier plan des critères, et varie énormément d'un titre à l'autre ou d'une collection à l'autre. 50 nuances de Grey est un exemple typique en termes de problèmes de langue, d'incohérences, de qualité de la structure...
Dépendant des lecteurs de ce genre, l'attention et les attentes peuvent être davantage focalisées sur la tension entre les protagonistes, sur les jeux de regards, de sous entendus, les phrases qui font vibrer ou attisent un certain fantasme.

Les grilles de lectures dépendent d'une attente ou d'un besoin. Même en tant qu'apprentie en édition, j'essaie un maximum de ne pas lire mes bouquins "plaisir" comme je lirais les livres que je souhaite éditer. Il y a des livres que j'adore mais que j'aurais peut-être hésité à faire passer en comité de lecture, parce que même si le sujet ou les personnages ou autre me plaisaient, la structure était un peu moins bien ficelée.

C'est justement là, pour reprendre ce qui a été dit plus haut, que je fais une grande distinction entre mes goûts personnels et les attentes de la maison. Je me mets une énorme pression si je lis pour une maison, tout doit être argumenté et justifié dans mon appréciation. Alors que lorsque je lis pour me faire plaisir, je n'ai pas besoin de décortiquer le pourquoi du comment de ce plaisir, je me laisse porter, et j'accepte d'être moins à l'affût des qualités ou des défauts objectifs, quantifiables et explicables !

Donc pour te répondre, j'imagine que la ligne éditoriale de la maison qui publie les romances dont tu parles est soit très souple, mais c'est rare qu'une ligne ne soit pas pensée pour bien vendre, ou pour mieux le dire c'est rare qu'elle soit pensée au hasard. Les exigences, les critères sont très variables d'un genre à l'autre, d'une collection à une autre, d'une maison à une autre. Et pour certains, avoir du succès copte davantage que d'être rigoureux (et c'est triste, mais il y a des gens qui se fichent de publier des trucs mal ficelés ou incohérents)
 
Bluepulp
   
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Verowyn a écrit:

Si ça t'intéresse, tu peux jeter un coup d'œil à cet article qui détaille les critères qu'on examine dans notre fiche de lecture :
https://www.herosdepapierfroisse.fr/blog/editions-hpf-la-fiche-de-lecture/

Merci Verowyn pour ton partage. Ton article reconnait la subjectivité de la sélection, tout en faisant l'effort d'énoncer un ensemble de critères qui forment le jugement final (bien qu'interprétables assez largement) . J'apprécie la transparence et l'honnêteté de la démarche !

Je serais curieux d'entendre le point de vue de Zéphaïre, qui a l'air d'avoir un son de cloche un peu différent du tien, et qui a l'air de donner plus de places à des critères "objectifs". Quels sont-ils ?

Bonne journée.
 
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Bluepulp a écrit:
Verowyn a écrit:

Si ça t'intéresse, tu peux jeter un coup d'œil à cet article qui détaille les critères qu'on examine dans notre fiche de lecture :
https://www.herosdepapierfroisse.fr/blog/editions-hpf-la-fiche-de-lecture/

Merci Verowyn pour ton partage. Ton article reconnait la subjectivité de la sélection, tout en faisant l'effort d'énoncer un ensemble de critères qui forment le jugement final  (bien qu'interprétables assez largement) . J'apprécie la transparence et l'honnêteté de la démarche !

Je serais curieux d'entendre le point de vue de Zéphaïre, qui a l'air d'avoir un son de cloche un peu différent du tien, et qui a l'air de donner plus de places à des critères "objectifs". Quels sont-ils ?

Bonne journée.

Coucou Bluepulp ! Effectivement dans l'article il est question du "coup de coeur" de 'éditeur. Je ne dis pas que tout est objectif, mais, comme je l'ai écrit, il me semble qu'il faut fonder un maximum ses choix sur des critères objectifs et que c'est en ce sens que nous sommes formés/

Le fait d'avoir placé la question du coup de coeur en tête d'article, à mon sens, est un peu maladroit, parce que ça en fait le premier critère de sélection. En revanche, tu remarqueras que la suite n'est qu'un déroulé de critères qui se veulent les plus objectifs possibles, et, pour tout, dire, c'est un canevas de base très solide. Si on n'a pas ça, ça ne sert à rien de raisonner en termes de coup de coeur, pour mieux le dire !
Ou pour encore mieux le dire, le coup de coeur aidera dans un choix final entre deux très bons manuscrits, avec un catalogue à la place limitée !

Pour moi, un éditeur doit de préférence publier des textes qu'il aime pour ne pas donner dans le commercial hypocrite, mais pour cela sa ligne éditoriale doit déjà donner un bon indice dont l'auteur peut se saisir avant d'aller plus loin.
 
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Bonjour, merci aux éditeurs pour leurs explications. De manière très personnelle, je souhaiterais, si vous le voulez bien, que certains débats ne s'éternisent pas trop, pour dérouler la suite des explications qui seraient peut-être plus profitables aux écrivains que des questions hautement philosophiques de légitimité sur les éditeurs, les processus ou les stagiaires. À vous de voir. Smile
 
Verowyn
   
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Cette différence d'approches entre subjectivité assumée et tentative d'objectivité s'explique à mon sens par plusieurs raisons.

D'abord : à quel stade du processus de sélection se trouve-t-on ?
Zéphaïre parlait surtout de son expérience à la première étape de tri. Chez HPF, il y a aussi un premier tri objectif qui n'est mentionné qu'entre les lignes dans l'article dont j'ai donné le lien. Avant que les textes soient soumis au comité pour lecture, on vérifie qu'ils répondent à des critères très objectifs de ligne éditoriale : le manuscrit fait-il le nombre de mots demandé ? Est-ce un roman ? Est-ce de la SFFF ? Si on répond non à une des ces 3 questions, le manuscrit est refusé d'office, sans être lu. C'est aux auteurs de faire l'effort de se renseigner un minimum avant d'envoyer.

Ensuite, il y a dans la conception qu'on peut se faire du métier d'éditeur deux pôles opposés avec, bien sûr, tout un panel de nuances entre les deux.
D'un côté, on cherche à éditer des œuvres littéraires, la voix singulière d'un artiste.
De l'autre, on cherche à éditer un produit qui correspond aux attentes d'un certain marché.
Attention, ça ne veut pas dire que le premier mode d'édition est complètement dépourvu de considérations commerciales : après tout, les "voix singulières d'artistes" répondent aussi aux attentes d'un certain marché.  Et ça ne veut pas dire non plus qu'un texte très calibré sera nécessairement dépourvu de qualités artistiques. Après tout, devoir s'aligner sur des contraintes peut pousser à faire preuve d'une plus grande créativité.
Du côté "artistique", quand Gallimard confie à Malraux, Camus ou Aragon la direction d'une collection, ce n'est pas pour leur faire appliquer une grille de critères objectifs, mais plutôt parce qu'on suppose qu'un texte qui aura su plaire, subjectivement, à ces grands noms de la littérature sera forcément "bon".
Du côté "commercial", on va décider qu'on veut vendre à un segment précis de lecteurs qui aime un type bien défini de textes, et notre ligne éditoriale va être ultra précise et donc objective. Par exemple, on cherchera des romans de 75 à 90K, centrés sur une histoire d'amour qui se termine bien, dans un contexte réaliste contemporain, avec une narration au présent à la première personne du point de vue de l'héroïne, entre 3 à 5 scènes érotiques d'environ 2000 mots chacune, et où le couple se sépare à environ 80% du récit avant de se remettre ensemble pour le final. Il restera malgré tout une certaine part de subjectivité, au moment où l'éditeur se retrouve avec 20 manuscrits correspondant à ces critères et seulement 10 places à son catalogue, il choisira de publier ceux qu'il préfère, ou en tout cas ceux dont il juge qu'ils se vendront le mieux, mais au feeling, parce qu'il y a toujours au moment où même la grille de critères la plus précise possible laissera place à l'interprétation.

On a aussi deux méthodes assez différentes pour établir un comité de lecture.
On peut soit recruter des gens avec des compétences en analyse littéraire, et les briefer sur ce qu'on cherche, pour qu'ils appliquent une grille de critères objective.
Soit recruter des gens qui correspondent à un échantillon de notre public cible et les laisser s'exprimer subjectivement sur ce qu'ils ont aimé ou non, et parier que notre public suivra leurs goûts.
Pour le dire autrement, si on est éditeur jeunesse, on peut essayer d'analyser objectivement ce qui fait un bon album jeunesse, ou bien on peut lire les premières pages d'une histoire à ses enfants et voir s'ils accrochent.
J'ai tendance à penser que l'idéal est un mélange des deux : avoir un comité de lecture proche de son public cible (c'est un peu contreproductif de demander à des fans de polar gore de juger de la romance sirupeuse et vice versa), mais avec des capacités d'analyse, parce qu'un manuscrit brut ce n'est pas la même chose qu'un roman retravaillé et qu'il faut être en mesure de juger si le texte a juste besoin de corrections éditoriales ou s'il ne fonctionne tout simplement pas (pour cet éditeur, dans cette collection).

Et dernier point, si l'article en question met en avant la notion de coup de cœur, cela tient aussi et surtout à la nature des Éditions HPF : il s'agit d'une structure associative, dont l'équipe est entièrement bénévole. Attention, bénévole ne veut pas dire amatrice : nous sommes nombreuses à travailler par ailleurs dans le monde du livre ; juste, nous mettons gratuitement notre énergie et nos compétences au service d'un projet dans lequel nous croyons.
Dans ma vie professionnelle, quand je travaille sur un livre que j'aime, je fais le plus beau métier du monde. Quand je travaille sur un livre qui n'est pas ma came, je reste professionnelle et je donne à ce texte la meilleure correction possible, en mesurant ma chance de faire, même quand il est "alimentaire", un métier qui me correspond.
Mais dans ma vie associative, il est juste hors de question que je passe mes soirées et mes weekends à travailler gratuitement sur un texte qui me laisserait tiède. Donc oui, les Éditions HPF ne cherchent pas juste à sortir des livres qui seraient "objectivement bons", mais des livres que toute l'équipe aime suffisamment pour avoir envie de travailler dessus bénévolement, et c'est parfaitement assumé.
 
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Verowyn a écrit:
Cette différence d'approches entre subjectivité assumée et tentative d'objectivité s'explique à mon sens par plusieurs raisons.

Et dernier point, si l'article en question met en avant la notion de coup de cœur, cela tient aussi et surtout à la nature des Éditions HPF : il s'agit d'une structure associative, dont l'équipe est entièrement bénévole. Attention, bénévole ne veut pas dire amatrice : nous sommes nombreuses à travailler par ailleurs dans le monde du livre ; juste, nous mettons gratuitement notre énergie et nos compétences au service d'un projet dans lequel nous croyons.
Dans ma vie professionnelle, quand je travaille sur un livre que j'aime, je fais le plus beau métier du monde. Quand je travaille sur un livre qui n'est pas ma came, je reste professionnelle et je donne à ce texte la meilleure correction possible, en mesurant ma chance de faire, même quand il est "alimentaire", un métier qui me correspond.
Mais dans ma vie associative, il est juste hors de question que je passe mes soirées et mes weekends à travailler gratuitement sur un texte qui me laisserait tiède. Donc oui, les Éditions HPF ne cherchent pas juste à sortir des livres qui seraient "objectivement bons", mais des livres que toute l'équipe aime suffisamment pour avoir envie de travailler dessus bénévolement, et c'est parfaitement assumé.

Je comprends mieux, merci pour ces précisions !!!
 
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Merci Verowyn pour ta réponse supplémentaire, très détaillée et qui répond à ma question initiale: à quoi peuvent ressembler des critères objectifs dans le milieu du livre ?

Verowyn a écrit:
Avant que les textes soient soumis au comité pour lecture, on vérifie qu'ils répondent à des critères très objectifs de ligne éditoriale : le manuscrit fait-il le nombre de mots demandé ? Est-ce un roman ? Est-ce de la SFFF ? Si on répond non à une des ces 3 questions, le manuscrit est refusé d'office, sans être lu. C'est aux auteurs de faire l'effort de se renseigner un minimum avant d'envoyer.
Effectivement, c'est assez trivial. Pour ma part je suis surpris qu'il y ait besoin de faire un tri conséquent à ce niveau là.

Verowyn a écrit:
Par exemple, on cherchera des romans de 75 à 90K, centrés sur une histoire d'amour qui se termine bien, dans un contexte réaliste contemporain, avec une narration au présent à la première personne du point de vue de l'héroïne, entre 3 à 5 scènes érotiques d'environ 2000 mots chacune, et où le couple se sépare à environ 80% du récit avant de se remettre ensemble pour le final.
Je trouve ca très intéressant, pour le coup ce sont vraiment des critères objectifs car mesurables et quantifiables. Merci d'avoir illustré. La question suivante qui me vient à l'esprit c'est: dans quel mesure ces critères sont-ils dévoilés aux auteurs ? Pour ma part, à chaque fois que j'ai vu des AT, je n'y ai trouvé que des indications vagues sur le genre, le nombre de mots, le fait d'être primo-auteur ou pas, ou le nombre de tomes que doit comporter la série (surtout pour dire que ca doit être du one-shot, en fait). Je suis pas un grand connaisseurs d'AT parce que je ne fais pas leur chasse, mais je n'ai pas l'impression que partager ces informations soit une pratique courante. Pourquoi ne pas le faire ? Ca éviterait aux auteurs des déconvenues et ferait peut être gagner un peu de temps aux éditeurs également.

Bonne journée.
 
Verowyn
   
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Citation :
Effectivement, c'est assez trivial. Pour ma part je suis surpris qu'il y ait besoin de faire un tri conséquent à ce niveau là.

En vrai, c'est pas si surprenant. ^^
Les habitué.es de ce forum connaissent la proportion de gens qui envoient leur manuscrit à des comptes d'auteur sans avoir la moindre idée de ce qu'est un véritable éditeur. Bah, il y a une proportion équivalente de gens qui envoient leur manuscrit à des comptes d'éditeur sans avoir la moindre idée de ce qu'est une ligne éditoriale.


Citation :
dans quel mesure ces critères sont-ils dévoilés aux auteurs ? (...) Pourquoi ne pas le faire ? Ca éviterait aux auteurs des déconvenues et ferait peut être gagner un peu de temps aux éditeurs également.

Alors dans le monde anglo-saxon les acquisition editors ainsi que les agents publient volontiers des listes très précises, qui incluent le genre général de ce qu'ils cherchent, mais aussi les tropes, motifs, types de personnages, etc.

En France, ça ne se fait pas vraiment, effectivement.
De fait, les critères que je donnais en exemple sont reconstruits de l'extérieur, mais pourraient correspondre, plus ou moins (c'était plutôt 3e personne passé que 1e présent, mais bon), au cahier des charges de certaines collections Harlequin à une époque où ils ne travaillaient qu'avec des oeuvres de commande.

Pourquoi ne pas donner directement accès à ces critères aux auteurs ?
C'est des suppositions de ma part, mais j'y vois quelques raisons :
- D'abord, admettre de façon aussi franche qu'il y a une "recette" précise à suivre, c'est pas très sexy, ça va à l'encontre de notre mythe de l'écrivain inspiré et ce n'est pas super vendeur. Les lecteur.ices sont peut-être friand.es d'un modèle ultra précis, mais voir mettre à nu ce modèle dans sa plus simple expression, ça casse un peu le rêve. L'éditeur vend peut-être un produit marketing très calibré, mais le lecteur a envie de se dire que c'est un livre, unique, spécial.
- Ensuite, l'éditeur peut avoir pour stratégie de consacrer 80 % de son catalogue à une formule vendeuse bien définie, et 20 % à tenter d'autres choses. Suivre les tendances, c'est moins risqué, mais définir la nouvelle tendance de demain, ça rapporte plus.
- Même quand l'éditeur a une stratégie à 100 % "suivre la tendance", justement, si son concurrent sort soudain une romance avec un narrateur masculin qui fait un carton, ben si on a gardé une ligne éditoriale un peu floue, il y a des chances qu'on ait 1 ou 2 romances avec narrateur masculin déjà dans la pile, alors que si on exigeait dans nos critères une narratrice et qu'on doit rectifier les consignes données aux aspirants auteurs et attendre qu'ils soumettent quelque chose qui correspond, ben la tendance romance narrateur masculin aura déjà disparu le temps qu'on reçoive les premiers textes.
 

 Les conseils d'une apprentie éditrice, chapitre I : La forme du mail et du manuscrit

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