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 Les plus beaux poèmes

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Georges Séféris

Les plus beaux poèmes - Page 56 Img_2011
 
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Les plus beaux poèmes - Page 56 Img_2013
 
Holopherne
   
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Holopherne  /  Hé ! Makarénine


L'Irréductible

Verlaine

Il fut ce matelot laissé à terre et qui fait de la peine à la gendarmerie,
Avec ses deux sous de tabac, son casier judiciaire belge et sa feuille de route jusqu'à Paris.
Marin dorénavant sans la mer, vagabond d'une route sans kilomètres,
Domicile inconnu, profession, pas... « Verlaine, Paul, Homme de Lettres »
Le malheureux fait des vers en effet pour lesquels Anatole France n'est pas tendre ;
Quand on écrit en français, c'est pour se faire comprendre.
L'homme tout de même est si drôle avec sa jambe raide qu'il l'a mis dans un roman.
On lui paie parfois une blanche, il est célèbre chez les étudiants.
Mais ce qu'il écrit, c'est des choses qu'on ne peut lire sans indignation.
Car elles ont treize pieds quelquefois et aucune signification.
Le prix Archon-Despérousses n'est pas pour lui, ni le regard de
M. de Monthyon qui est au ciel.
Il est l'amateur dérisoire au milieu des professionnels.
Chacun lui donne de bons conseils ; s'il meurt de faim, c'est sa faute.
On ne se la laisse pas faire par ce mystificateur à la côte.
L'argent, on n'en a pas de trop pour Messieurs les Professeurs.
Qui plus tard feront des cours sur lui et qui seront tous décoré de la Légion d'Honneur.

Nous ne connaissons pas cet homme et nous ne savons qui il est.

Le vieux Socrate chauve grommelle dans sa barbe emmêlée ;
Car une absinthe coûte cinquante centimes et il en faut au moins quatre pour être saoûl :
Mais il aime mieux être ivre que semblable à aucun de nous.
Car son coeur est comme empoisonné, depuis que le pervertit
Cette voix de femme ou d'enfant - ou d'un ange qui lui parlait dans le paradis!
Que Catulle Mendès garde sa gloire, et Sully Prud'homme ce grand poète !
Il refuse de recevoir sa patente en cuivre avec une belle casquette.
Que d'autres gardent le plaisir avec la vertu, les femmes, l'honneur et les cigares.
Il couche tout nu dans un garni avec une indifférence tartare.
Il connaît les marchands de vins par leur petit nom, il est à l'hôpital comme chez lui :
Mais il vaut mieux être mort que d'être comme les gens d'ici.

Donc célébrons tous d'une seule voix Verlaine, maintenant qu'on nous dit qu'il est mort.
C'était la seule chose qui lui manquait, et ce qu'il y a de plus fort,
C'est que nous comprenons tous ses vers maintenant que nos demoiselles nous les chantent, avec la musique
Que de grands compositeurs y ont mise et toute sorte d'accompagnements séraphiques !
Le vieil homme à la côte est parti ; il a rejoint le bateau qui l'a débarqué
Et qui l'attendait en ce port noir, mais nous n'avons rien remarqué;
Rien que la détonation de la grande voile qui se gonfle et le bruit d'une puissante étrave dans l'écume.
Rien qu'une voix, comme une voix de femme ou d'enfant, ou d'un ange qui appelait : Verlaine ! dans la brume.

Paul Claudel
 
Holopherne
   
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Holopherne  /  Hé ! Makarénine


Extrait des Amours de Psyche et de Cupidon, La Fontaine

J'aime le jeu, l'amour, les livres, la musique,
La ville et la campagne, enfin tout ; il n'est rien
Qui ne me soit souverain bien,
Jusqu'au sombre plaisir d'un cœur mélancolique.



Rondeau, Charles d'Orléans


L'un ou l'autre desconfira
De mon coeur et Merencolye;
Auquel que Fortune s'alye,
L'autre "Je me rens" lui dira.

D'estre juge me suffira
Pour mettre fin en leur folye.
L'un ou l'autre desconfira
De mon coeur et Merencolye.

Dieu scet comment mon coeur rira,
Se gangne, menant chiere lye,
Contre ceste saison jolye.
On verra commment en yra:
L'un ou l'autre desconfira
De mon coeur et Merencolye.


Traduction:

L'un ou l'autre vaincra
De mon coeur et de Melancolie.
Quelque soit celui auquel Fortune s'allie
L'autre "Je me rends" lui dira.

Il me suffira d'être juge
Pour mettre fin à leur folie.
L'un ou l'autre vaincra
De mon coeur et de mélancolie.

Dieu sait comment mon coeur rira,
S'il gagne, menant chère lie
En cette saison jolie.
On verra ce qu'il en sera:
L'un ou l'autre vaincra
De mon coeur et de mélancolie.
 
Holopherne
   
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Holopherne  /  Hé ! Makarénine


Sonnet, Mallarmé,

Toute l'âme résumée
Quand lente nous l'expirons
Dans plusieurs ronds de fumée
Abolis en autres ronds
 
Atteste quelque cigare
Brûlant savamment pour peu
Que la cendre se sépare
De son clair baiser de feu
 
Ainsi le choeur des romances
À la lèvre vole-t-il
Exclus-en si tu commences

Le réel parce que vil
Les sens trop précis rature
Ta vague littérature.
 
art.hrite
   
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art.hrite  /  Chantre brahmane ज्ञानयोग


On parlera tout bas dans les domaines du printemps, près de la terre nocturne. De la terre transfigurée.
Tout tend l'oreille à mes paroles sans doute irrévocables.
Inlassable un parfum monte des jacinthes, un feu
sans fin cerne ses racines légères.
Gardons-nous d'éveiller de sa tâche la lumière qui courbe mes froides épines,
ni la lune qui courbe mon sang uni et le sang
de la terre nocturne.

À présent le printemps est à l'oeuvre dans les plus vieilles galeries,
ses marteaux heurtent un million d'étoiles.
C'est chose saisissante que le printemps à l'oeuvre
dans les crânes des chevaux enterrés.
Et tout au long de la nuit les chevaux ressuscitent.
Le printemps aux grottes d'eau
attentive m'inspire, et j'aime la folie –
tête glacée sur le courant d'effroi sans mélange.

J'ai peur d'élever la voix au-dessus
de mon coeur où une lampe
rassemble un grand silence.
Le printemps est un prodige pour mes dissipations.
Que la tristesse me vienne en aide, que me viennent en aide
les dents de ma bouche, les doigts de mes mains,
tous les morts, tous ceux qui dans le monde aiment
parmi le sang, parmi l'eau
des nuits d'éternité.

Je sens se redresser mes os jusqu'aux serpents de ma tête –
et l'oeuvre est dans mes mains.
Terre, terre comblée. Tandis que les autres dorment,
je me fonds au verbe intérieur du printemps
comme le rouge à la fleur future.
Tu chantais, sang, le torrent translucide de la mort.
Tu chantais ce que l'usage des voix ne pourra plus
briser. Car tu étais mon
eau salée.

Je ferme les yeux pour voir comme les acacias s'éclairent,
comme la rutilation monte par les veines.
Je prends entre mes doigts la lugubre immensité des morts.
Printemps, comme tu grandis.
Comme ils courent sur les membres,
le désespoir et la joie.
Nommer lentement, dans l'humidité de la chair, évoquer, mystère, tes collines de sel.
Tout environne le printemps et la nuit
avec au coeur une porte pour passer
dans un silence terrible.

Qu'une fois je ressuscite, la face externe
contre d'innocents lichens.
Qu'un mois entre tous me soit connu, dictant
un accablement sans voix.
Le printemps grandit dans un noyau d'idées, les chèvres
se dissipent, reparaissent en esprit
broutant le genêt. Printemps est un mot
en une langue par trop étrangère.
Une chose énorme, sans musique.

Je parle si doucement qu'à peine je distingue
la nuit sur la terre
de ma gorge où vont les animaux
lentement inspirés.
J'appuie seulement mon front au feu occulte des noms,
et le sang nourrit la folie
lentement lentement – comme quelqu'un qui ressuscite.


Herberto Helder, un extrait des Muses aveugles
 
LePèlerinBleu
   
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   Pensée du jour  :  “Je voulais vivre intensement et sucer la moelle de la vie. Et ne pas, quand je viendrai à mourir, découvrir que je n'aurai pas vécu.”
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LePèlerinBleu  /  Pour qui sonne Lestat


La nuit

Quand la lune blanche
S'accroche à la branche
Pour voir
Si quelque feu rouge
Dans l'horizon bouge
Le soir,

Fol alors qui livre
A la nuit son livre
Savant,
Son pied aux collines,
Et ses mandolines
Au vent ;

Fol qui dit un conte,
Car minuit qui compte
Le temps,
Passe avec le prince
Des sabbats qui grince
Des dents.

L'amant qui compare
Quelque beauté rare
Au jour,
Tire une ballade
De son coeur malade
D'amour.

Mais voici dans l'ombre
Qu'une ronde sombre
Se fait,
L'enfer autour danse,
Tous dans un silence
Parfait.

Tout pendu de Grève,
Tout Juif mort soulève
Son front,
Tous noyés des havres
Pressent leurs cadavres
En rond.

Et les âmes feues
Joignent leurs mains bleues
Sans os ;
Lui tranquille chante
D'une voix touchante
Ses maux.

Mais lorsque sa harpe,
Où flotte une écharpe,
Se tait,
Il veut fuir... La danse
L'entoure en silence
Parfait.

Le cercle l'embrasse,
Son pied s'entrelace
Aux morts,
Sa tête se brise
Sur la terre grise !
Alors

La ronde contente,
En ris éclatante,
Le prend ;
Tout mort sans rancune
Trouve au clair de lune
Son rang.

Car la lune blanche
S'accroche à la branche
Pour voir
Si quelque feu rouge
Dans l'horizon bouge
Le soir.

Alfred de Musset
 
art.hrite
   
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art.hrite  /  Chantre brahmane ज्ञानयोग


 
Holopherne
   
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Holopherne  /  Hé ! Makarénine


La Chanson de Gaspard Hauser

Je suis venu, calme orphelin,
Riche de mes seuls yeux tranquilles,
Vers les hommes des grandes villes :
Ils ne m’ont pas trouvé malin.

À vingt ans un trouble nouveau
Sous le nom d’amoureuses flammes
M’a fait trouver belles les femmes :
Elles ne m’ont pas trouvé beau.

Bien que sans patrie et sans roi
Et très brave ne l’étant guère,
J’ai voulu mourir à la guerre :
La mort n’a pas voulu de moi.

Suis-je né trop tôt ou trop tard ?
Qu’est-ce que je fais en ce monde ?
Ô vous tous, ma peine est profonde :
Priez pour le pauvre Gaspard !

Verlaine
 
Pasiphae
   
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Pasiphae  /  Truquage geniphasien


Cors de chasse

Notre histoire est noble et tragique
Comme le masque d’un tyran
Nul drame hasardeux ou magique
Aucun détail indifférent
Ne rend notre amour pathétique

Et Thomas de Quincey buvant
L’opium poison doux et chaste
À sa pauvre Anne allait rêvant
Passons passons puisque tout passe
Je me retournerai souvent

Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent

Apollinaire
 
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Citation :
Passons passons puisque tout passe
Je me retournerai souvent

Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent

I love you
 
Pasiphae
   
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Allez j'avoue, les 4 vers que tu cites étaient cités dans le roman de Marie-Aude Murail, autrice jeunesse, Sauveur et fils Embarassed
 
LePèlerinBleu
   
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LePèlerinBleu  /  Pour qui sonne Lestat


Un texte bien connu de Walt Whitman. Pour les anglophiles parmi nous, je propose la version originale en spoiler.

Ô Capitaine ! Mon Capitaine !

Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! Notre effroyable voyage est terminé
Le vaisseau a franchi tous les caps, la récompense recherchée est gagnée
Le port est proche, j'entends les cloches, la foule qui exulte,
Pendant que les yeux suivent la quille franche, le vaisseau lugubre et audacieux.

   Mais ô cœur ! cœur ! cœur !
   Ô les gouttes rouges qui saignent
   Sur le pont où gît mon Capitaine,
   Étendu, froid et sans vie.

Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! Lève-toi pour écouter les cloches.
Lève-toi: pour toi le drapeau est hissé, pour toi le clairon trille,
Pour toi les bouquets et guirlandes enrubannées, pour toi les rives noires de monde,
Elle appelle vers toi, la masse ondulante, leurs visages passionnés se tournent:

   Ici, Capitaine ! Cher père !
   Ce bras passé sous ta tête,
   C'est un rêve que sur le pont
   Tu es étendu, froid et sans vie.

Mon Capitaine ne répond pas, ses lèvres sont livides et immobiles;
Mon père ne sent pas mon bras, il n'a plus pouls ni volonté.
Le navire est ancré sain et sauf, son périple clos et conclu.
De l'effrayante traversée le navire rentre victorieux avec son trophée.

   Ô rives, exultez, et sonnez, ô cloches !
   Mais moi d'un pas lugubre,
   J'arpente le pont où gît mon capitaine,
   Étendu, froid et sans vie.
Spoiler:
 
art.hrite
   
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art.hrite  /  Chantre brahmane ज्ञानयोग


Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.

- Te souvient-il de notre extase ancienne?
- Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?

- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois-tu mon âme en rêve? - Non.

Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.

- Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !
- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.


Fêtes galantes, « Colloque sentimental »

Verlaine
 
rodé
   
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rodé  /  Blanchisseur de campagnes


Poème du chat

Quand on est chat on n’est pas vache
On ne regarde pas passer les trains
En mâchant les pâquerettes avec entrain
On reste derrière ses moustaches
(Quand on est chat, on est chat)

Quand on est chat on n’est pas chien
On ne lèche pas les vilains moches
Parce qu’ils ont du sucre plein les poches
On ne brûle pas d’amour pour son prochain
(Quand on est chat, on n’est pas chien)

On passe l’hiver sur le radiateur
A se chauffer doucement la fourrure

Au printemps on monte sur les toits
Pour faire taire les sales oiseaux

On est celui qui s'en va tout seul
Et pour qui tous les chemins se valent
(Quand on est chat, on est chat)

🐱


Jacques Roubaud, Les animaux de tout le monde
 
   
    
                         
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