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 Les plus beaux poèmes

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PlumeDeplumee
   
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   Pensée du jour  :  Je n'ai jamais été seul, car j'erre sans cesse à travers mes souvenirs comme à travers une forêt enchantée.
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PlumeDeplumee  /  Pour qui sonne Lestat


Alors, proposons quelques poèmes que je trouve remarquables !

Commençons avec une plume que je trouve assez délicate, mais assez précieuse ; toutefois, elle est brillante dans ce poème : "Le Vase brisé" de Sully Prudhomme !

Sully Prudhomme, "Le Vase brisé" a écrit:
Le vase où meurt cette vervaine
D'un coup d'éventail fut fêlé ;
Le coup dut l'effleurer à peine,
Aucun bruit ne l'a révélé.

Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre
En a fait lentement le tour.

Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé ;
Personne encore ne s'en doute,
N'y touchez pas, il est brisé.

Souvent aussi la main qu'on aime
Effleurant le coeur, le meurtrit ;
Puis le coeur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;

Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde :
Il est brisé, n'y touchez pas.

Poursuivons notre itinéraire avec un poème de Rimbaud que j'aime beaucoup en ce moment, que vous devez sûrement connaître.

Rimbaud a écrit:
Ô saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?

J'ai fait la magique étude
Du Bonheur que nul n'élude.

Ô vive lui, chaque fois
Que chante le coq gaulois.

Mais ! je n'aurais plus d'envie,
Il s'est chargé de ma vie.

Ce Charme ! il prit âme et corps,
Et dispersa tous efforts.

Que comprendre à ma parole ?
Il fait qu'elle fuie et vole !

Ô saisons, ô châteaux !

[Et, si le malheur m'entraîne,
Sa disgrâce m'est certaine.

Il faut que son dédain, las !
Me livre au plus prompt trépas!

- Ô Saisons, ô châteaux!]

Enfin, une note plus moderne avec un très beau poème d'Aragon, "Les Mains d'Elsa".

Aragon, Les Mains d'Elsa a écrit:
Les mains d'Elsa
Donne-moi tes mains pour l'inquiétude
Donne-moi tes mains dont j'ai tant rêvé
Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi te mains que je sois sauvé

Lorsque je les prends à mon pauvre piège
De paume et de peur de hâte et d'émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fond de partout dans mes main à moi

Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Ce qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j'ai trahi quand j'ai tresailli

Ce que dit ainsi le profond langage
Ce parler muet de sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d'aimer qui n'a pas de mots

Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D'une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d'inconnu

Donne-moi tes mains que mon coeur s'y forme
S'y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement.

Voilà pour ce soir !
 
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Un poème tiré du recueil Veinte poemas de amor y una canción desesperada de Pablo Neruda.

Pablo Neruda a écrit:
III

Ah vastedad de pinos, rumor de olas quebrándose,
lento juego de luces, campana solitaria,
crepúsculo cayendo en tus ojos, muñeca,
caracola terrestre, en ti la tierra canta!

En ti los ríos cantan y mi alma en ellos huye
como tú lo desees y hacia donde tú quieras.
Márcame mi camino en tu arco de esperanza
y soltaré en delirio mi bandada de flechas.

En torno a mí estoy viendo tu cintura de niebla
y tu silencio acosa mis horas perseguidas,
y eres tú con tus brazos de piedra transparente
donde mis besos anclan y mi húmeda ansia anida.

Ah tu voz misteriosa que el amor tiñe y dobla
en el atardecer resonante y muriendo!
Así en horas profundas sobre los campos he visto
doblarse las espigas en la boca del viento.

Traduction a écrit:
Ah vastitude de pins, rumeur de vagues se brisant,
lent jeu de lumières, cloche solitaire,
crépuscule tombant dans tes yeux, poupée,
conque terrestre, en toi la terre chante !

En toi les rivières chantent et mon âme sur elles s'enfuit
comme tu le désirerais et vers où tu le voudrais.
Trace mon chemin sur ton arc d'espérance
et je lâcherai en délire ma volée de flèches.

Autour de moi je vois ta ceinture de brume
et ton silence harcèle mes heures poursuivies,
et c'est toi avec tes bras de pierre transparente
où mes baisers jettent l'ancre et mon humide désir niche.

Ah ta voix mystérieuse que l'amour teinte et redouble
dans le soir résonnant et mourant !

Ainsi j'ai vu les heures profondes sur les champs j'ai vu
se plier les épis dans la gueule du vent.
 
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En espérant que la collaboration vous plaise:

Toi, moi-même

Toi, — moi-même, — âpre comme un vent déchaîné
qui n'a pu qu'un instant en ses bras retenir
la feuille par lui-même à la branche arrachée,
se peut-il que rien ne t'émeuve,
qu'il n'y ait pluie qui te presse
ni soleil qui dissipe ta lassitude?
Etre une transparence sans objet
par dessus les lacs limpides de tes yeux,
ô tempête, ô déluge de jadis!
Si depuis lors je cherche ton image — ton image toute à moi —
si j'ai entre mes mains stériles noyé avec mes pleurs l'ultime goutte de ton sang
et si depuis ce jour l'univers est sans coeur et sans fin le désert,
et chaque nuit nouvelle, lit de mousse au souvenir de ton étreinte,
comment vivre demain sans ton souffle près de moi,
sans tes doux yeux, sans ta bouche, ta bouche mienne,
sans tes bras immatériels entre les miens?
Je pleure comme une mère qui a remplacé son fils unique après sa mort.
Je pleure comme la terre qui a senti deux fois germer le même fruit parfait.
Je pleure parce que tu n'es que pour mon deuil
et que déjà je t'appartiens dans le passé.

Romance bréve de l'absence

Unique amour, tellement mien,
qui donne au Temps sa saveur,
combien nous sert l'absence
lors même qu'elle étreint notre chair!
Mes mains t'ont oublié
mais mes yeux t'ont bien vu
et lorsqu'amère est la terre
pour te contempler je les ferme.

Je ne désire plus ta rencontre
car tu es avec moi, et je ne veux
qu'écharpille ta vie
ce qui tisse mon songe.

Telle qu'un jour me l'as donnée
nette je possède ton image,
et tous les jours mes yeux humectent
de larmes ton souvenir.

Un autre est parti, non pas toi,
amour que chante le silence,
si mes bras et si ta bouche
avec les paroles se sont désunis.

Autre est le demeurant, que moi,
aussi muet, conforme et éternel
que cet amour, pourtant si mien
qui ne mourra qu'avec ma vie.
 
PlumeDeplumee
   
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   Pensée du jour  :  Je n'ai jamais été seul, car j'erre sans cesse à travers mes souvenirs comme à travers une forêt enchantée.
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PlumeDeplumee  /  Pour qui sonne Lestat


Bonsoir ! Cette fois-ci, je ne vous présente qu'un poème, de mon poète préféré (livrons les meilleurs textes à petite dose.) : La Dormeuse, de Valéry !

Citation :
Quels secrets dans mon coeur brûle ma jeune amie,
Âme par le doux masque aspirant une fleur?
De quels vains aliments sa naïve chaleur
Fait ce rayonnement d’une femme endormie?

Souffles, songes, silence, invincible accalmie,
Tu triomphes, ô paix plus puissante qu’un pleur,
Quand de ce plein sommeil l’onde grave et l’ampleur
Conspirent sur le sein d’une telle ennemie.

Dormeuse, amas doré d’ombres et d’abandons,
Ton repos redoutable est chargé de tels dons,
Ô biche avec langueur longue auprès d’une grappe,

Que malgré l’âme absente, occupée aux enfers,
Ta forme au ventre pur qu’un bras fluide drape,
Veille; ta forme veille, et mes yeux sont ouverts.
 
Olswïg
   
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Olswïg  /  Petit chose


PlumeDeplumee a écrit:
Bonsoir ! Cette fois-ci, je ne vous présente qu'un poème, de mon poète préféré (livrons les meilleurs textes à petite dose.) : La Dormeuse, de Valéry !

Citation :
Quels secrets dans mon coeur brûle ma jeune amie,
Âme par le doux masque aspirant une fleur?
De quels vains aliments sa naïve chaleur
Fait ce rayonnement d’une femme endormie?

Souffles, songes, silence, invincible accalmie,
Tu triomphes, ô paix plus puissante qu’un pleur,
Quand de ce plein sommeil l’onde grave et l’ampleur
Conspirent sur le sein d’une telle ennemie.

Dormeuse, amas doré d’ombres et d’abandons,
Ton repos redoutable est chargé de tels dons,
Ô biche avec langueur longue auprès d’une grappe,

Que malgré l’âme absente, occupée aux enfers,
Ta forme au ventre pur qu’un bras fluide drape,
Veille; ta forme veille, et mes yeux sont ouverts.

Je connais bien ce poème : très beau.




*




Promenade Sentimentale

Le couchant dardait ses rayons suprêmes
Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;
Les grands nénuphars entre les roseaux
Tristement luisaient sur les calmes eaux.
Moi j'errais tout seul, promenant ma plaie
Au long de l'étang, parmi la saulaie
Où la brume vague évoquait un grand
Fantôme laiteux se désespérant
Et pleurant avec la voix des sarcelles
Qui se rappelaient en battant des ailes
Parmi la saulaie où j'errais tout seul
Promenant ma plaie ; et l'épais linceul
Des ténèbres vint noyer les suprêmes
Rayons du couchant dans ses ondes blêmes
Et les nénuphars, parmi les roseaux,
Les grands nénuphars sur les calmes eaux

Verlaine !

 
LeBossu
   
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LeBossu  /  Autostoppeur galactique


Tes mains sont fluides et je te suis rivière

A la patère du ciel

Une mouette accroche son cri blanc

La mer relève un peu la tête

Ce bord de sable est-il un bord du temps ?

Je ne sais plus ce qui est vieux ce qui est vert

Ni ce qui nous attend

Le soir se lève

Enfance

Oiseau couleur lumière de mer



Gabrielle Althen, Cœur fondateur.


Dernière édition par LeBossu le Mer 3 Fév 2016 - 22:15, édité 1 fois
 
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I love you
 
Roman russe
   
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   Pensée du jour  :  “Dure, afin de pouvoir encore mieux aimer un jour ce que tes mains d'autrefois n'avaient fait qu'effleurer sous l'olivier trop jeune.”
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Roman russe  /  Roland curieux


(Peut-être serait-ce bien de partager les noms des poètes avec les poèmes. Souvent je lis un poème qui me plaît et je suis obligée de googler pour (re)trouver son auteur — car oui, même quand je relis, je ne retiens pas les noms. Ce serait plus organique et moins jeu-de-piste-clin-d'œil-entre-initiés. Sad)

SOLEIL

Le soleil m'aimait     Il t'aimait
et j'aimais le soleil de nous aimer en lui
Ô silence épousé     ô présence éprouvée
J'aime le lent silence de la mer et de toi

Voici l'automne aux pluies chantantes
leur long silence chuchotant
Voici les lampes de l'automne
les promises du crépuscule

Donnez-moi     (je parle à personne)
donnez-moi le soleil sans jour
le silence au lent court des rues
Donnez-moi la plus calme absence

Donnez-moi la plus pure perte
l'Absence d'être     et la merci

Le Haut-Bout
Septembre 1993

CAILLOU DANS LE NOIR

À la porte du temps
à un très mince instant du seuil
si par mégarde        de la pointe du vide
tu pousses un caillou qui tombe
pendant quelques battements de cœur
Rien

Puis le son de la pierre
qui entre dans l'eau
et résonne longuement
dans l'espace aveugle
et la nuit noire
du temps

Le Haut-Bout
Juin 1994

MIDI

L'odeur de thym de sauge et de fumée bleue
les brulis noirs des chaumes      la paille calcinée
et dans la prairie à l'écart des feux
la parole claire de l'alouette

L'or du jour fait briller l'abeille rousseline
et les grandes oreilles du lièvre fléchu
qui se coule le long de la rège du pré
L'alouette dit très haut      “Je veille sur le nid”

Un beau silence bleu résonne dans le ciel

Le Haut-Bout
Samedi 17 juin 1995


Claude Roy,
dans Poèmes à pas de loup
1992-1995
        
 
art.hrite
   
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art.hrite  /  Chantre brahmane ज्ञानयोग


je ne connaissais pas
ces poèmes sont beaux
 
Roman russe
   
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Roman russe  /  Roland curieux


Mon prosélytisme est réussi. Smile
 
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Je trouve la poésie de Picasso aussi belle, inventive, libre et puissante que sa peinture.

11 mai 1936

Mais si la robe détachée aux épaules tombe au fond de la mare comme une pierre et brise la vitre du dessin le ressort de la montre lui saute aux yeux et l'aveugle et l'abandonne aux mains du bourreau feuille morte éclairant la marche du crâne de la méduse entre les pages du livre acrobate orphéon des myrtilles squelette pétrifié du brouillard qui se lève du pré colonne de marbre noir liquide débordant de la coupe du riz à la valencienne du coin de la corniche au son des chiffres ivres morts tombant goutte à goutte sur les dalles des éponges de feu c'est à rire surtout qu'il faut chanter pendant toute la vie le ba be bi bo bu du bu bo bi be ba de la soupe philosophique refroidie sur le coin du buffet où le soleil la mange à la fourchette

2.2.38

pendu au cou de la corde (pendu car ses doigts sont des rais de lumière bleue jaune verte mauve)
caline (car le dessin sinueux enroule le doigt et le mord jusque au sang de ses gencives sans dents)
silencieuse (puisque la corde au bout de laquelle elle se rient en équilibre lui fouette les cuisses et chatouille entre les doigts de ses pieds la cendre du cadran de l'horloge suspendu à la flamme de la bougie)
fleurant bon la verveine (la cavalcade des assiettes des fourchettes des cuillères et des torchons de cuisine mis sur le feu pétaradant et ruant dans les brancards mordant les mains poisseuses du geôlier)
les bras liquides (sont les bras du mot à peine sorti des lèvres et déjà ivre du peu d'attention enveloppée dans le coton hydrophile de l'air de musique traînant sous l'oreiller)
éclaboussant les gouttes de sueur (veut dire amour chagrin et un peu de l'odeur du santal de l'éventail)
sonnant l'alarme (j'imagine une voiture de quatre saisons traînée par des génisses peintes en rouge imitant les briques d'un mur)
au jet de lumière (égale à 137.840 moins le timbre apposé sur le bord de sa robe de mariée)
collés aux tempes (les lumières à travers les persiennes fusillées par les paniers de mandarines posés sur la table de la salle à manger déjà mortes)
les reflets de la glace frappant à la porte (mi-figue mi-raisin comme on dit)
cachant le fumet des rayons de l'arc-en-ciel (ordre dans les idées odeur de charbon aveuglé par la lumière des phares d'automobiles arrivant à détacher les [raisons] collées à la quille du bateau se détachant du plafond et servi chaud sur un linge jeté sur le fauteuil)
aux voiles des pigeons (les armes des citoyens morts pour rien enfouis dans la terre et mangeant les vers des cadavres)
entrecroisant les comptes du charbonnier (entendre au loin à la campagne les cris de trois petites filles attaquées par des vipères)
arrivant à point (la lecture à haute voix de la liste des numéros gagnants de la loterie nationale)
 
PlumeDeplumee
   
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Picasso, disons que je n'aime pas vraiment sa peinture !
Alors, je voudrais partager un poème de Racine qui dégage un certain charisme, selon moi : "Complainte d'un Chrétien".


[size=32]Mon Dieu, quelle guerre cruelle !
Je trouve deux hommes en moi :
L’un veut que plein d’amour pour toi
Mon coeur te soit toujours fidèle.
L’autre à tes volontés rebelle
Me révolte contre ta loi.[/size]
[size=32]L’un tout esprit, et tout céleste,
Veut qu’au ciel sans cesse attaché,
Et des biens éternels touché,
Je compte pour rien tout le reste ;
Et l’autre par son poids funeste
Me tient vers la terre penché.[/size]
[size=32]Hélas ! en guerre avec moi-même,
Où pourrai-je trouver la paix ?
Je veux, et n’accomplis jamais.
Je veux, mais, ô misère extrême !
Je ne fais pas le bien que j’aime,
Et je fais le mal que je hais.[/size]
[size=32]O grâce, ô rayon salutaire,
Viens me mettre avec moi d’accord ;
Et domptant par un doux effort
Cet homme qui t’est si contraire,
Fais ton esclave volontaire
De cet esclave de la mort.[/size]
 
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Celui-ci a probablement déjà été posté. Enfin, c'est un de mes préférés de son auteur.

Arthur Rimbaud a écrit:
Départ

Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. — Ô Rumeurs et Visions!
Départ dans l'affection et le bruit neufs !


Et un autre d'un peintre que je viens de découvrir.

Egon Schiele a écrit:
J'AI D'ABORD VU LES ALLÉES ÉTERNELLES DU PRINTEMPS
et la tempête déchaînée
et je dus prendre congé, -
continuellement prendre congé de tous les lieux de la vie.
Les paysages de plaine m'entouraient aux premiers jours;
en ce temps-là, j'entendais et je respirais (5) déjà les fleurs prodigieuses (6),
les jardins sans voix, les oiseaux.
Les oiseaux? -
dans les yeux desquels je me voyais rose avec des yeux brillants? -
Les oiseaux sont morts. -
Souvent, je pleurais d'un œil quand ce fut l'automne.
Ensuite, je me réjouis de l'été resplendissant et je ris
en peignant pour moi-même l'hiver blanc en été.
Au printemps, je rêvai de la musique universelle de tout ce que la vie anime.
Jusque-là régnait la joie;
puis commencèrent les temps morts et les écoles sans vie.
J'arrivai dans des villes mortes, sans fin, et je portai mon deuil.
À cette époque, je vécus l'agonie de mon père.
Mes professeurs rustres furent toujours mes plus grands ennemis.
Maintenant, je dois donner de la vie à ma vie!
Je peux enfin revoir le soleil généreux et être libre.
 
LeBossu
   
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LeBossu  /  Autostoppeur galactique


Spoiler:
et deux poèmes dans l'espoir de me faire pardonner…




Raisins et figues
couvés au loin par les montagnes
sous les lents nuages
et la fraîcheur :
sans doute, sans doute…


Vient un moment où l'aîné se couche
presque sans force. On voit
de jour en jour
son pas moins assuré.


Il ne s'agit plus de passer
comme l'eau entre les herbes :
cela ne se tourne pas.


Lorsque le maître lui-même
si vite est emmené si loin,
je cherche ce qui peut le suivre :


ni la lanterne des fruits,
ni l'oiseau aventureux,
ni la plus pure des images;


plutôt le linge et l'eau changés,
la main qui veille,
plutôt le cœur endurant.



Philippe Jaccottet, Leçons.



Ave


Très haut amour, s’il se peut que je meure
Sans avoir su d’où je vous possédais,
En quel soleil était votre demeure
En quel passé votre temps, en quelle heure
Je vous aimais,

Très haut amour qui passez la mémoire,
Feu sans foyer dont j’ai fait tout mon jour,
En quel destin vous traciez mon histoire,
En quel sommeil se voyait votre gloire,
Ô mon séjour…

Quand je serai pour moi-même perdue
Et divisée à l’abîme infini,
Infiniment, quand je serai rompue,
Quand le présent dont je suis revêtue
Aura trahi,

Par l’univers en mille corps brisée,
De mille instants non rassemblés encor,
De cendre aux cieux jusqu’au néant vannée,
Vous referez pour une étrange année
Un seul trésor

Vous referez mon nom et mon image
De mille corps emportés par le jour,
Vive unité sans nom et sans visage,
Cœur de l’esprit, O centre du mirage
Très haut amour.



Catherine Pozzi, Poèmes.
 
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Roger Gilbert-Lecomte a écrit:
Le souffle universel
De l’acte pur de l’Être émana l’univers :
Ô lumière trouant le voile qui se creuse
Au spasme frissonnant de la nuit fabuleuse,
Et les astres lancés aux espaces déserts !

Le souffle d’un sommeil où passe un rêve d’âme,
— Comme le flux et le reflux de l’océan, —
Fait jaillir en la vie ou rentrer au néant
Ce monde où l’éternel est l’éclair d’une flamme !

Selon le rythme inconscient de cruauté,
Voici s’épanouir au loin les gerbes d’astres,
Ou bien s’entrechoquer au chaos des désastres,
Et s’abîmer dans l’inconnaissable unité.

L’enchantement qui fait mouvoir l’étoile d’or,
Éclaboussant le ciel nocturne, sa lumière,
La matière et l’esprit ont pour force première
La respiration énorme d’Un qui dort !
 
   
    
                         
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