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 Les plus beaux poèmes

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Chien-dent
   
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Chien-dent  /  Autostoppeur galactique


"Les guerriers sont tombés en plein champ
les guerriers des champs sont tombés
Fille de plein champ je chante dans le champ
je chante le vouloir-libre des champs
je prie ainsi le cœur de la minuit
monstres et poupons terrifiants :
ô comprends-moi fille des bois
je brillerai à travers le bois des nuits
je jetterai mes tresses dans les ciels
je tirerai mon sabot des feuilles
et puissante pieds nus
à la rivière je courrai me baigner
à travers champs vers ces peupliers"

Vélimir Khlebnikov traduction  Yvan Mignot
 
Lo.mel
   
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Lo.mel  /  Troll hunter un jour, troll hunter toujours


Bar Italia

How beautiful it would be to wait for you again
in the usual place,
not looking at the door,
keeping a lookout in the long mirror,
knowing that if you are late
it will not be too late,
knowing that all I have to do
is wait a little longer
and you will be pushing through the other customers,
out of breath, apologetic.
Where have you been, for God's sake?
I was starting to worry.

How long did we say we would wait
if one of us was held up?
It's been so long and still no sign of you.
As time goes by, I search other faces in the bar,
rearranging their features
until they are monstrous versions of you,
their heads wobbling from side to side
like heads on sticks.
Your absence inches forward
until it is standing next to me.
Now it has taken a seat I was saving.
Now we are face to face in the long mirror.

Hugo Williams




Bar Italia

Comme ce serait beau de t’attendre à nouveau
à l’endroit coutumier
ne pas regarder la porte
garder un œil dans le long miroir
savoir que si tu tardes
il n’est jamais trop tard,
savoir qu’il me suffit
d’attendre un peu plus encore
et tu serpenteras entre les autres clients,
hors d’haleine, toute en excuses.
Où étais-tu, pour l’amour de Dieu ?
je commençais à m’inquiéter.

Combien de temps avions nous convenu d’attendre
si l’un d’entre nous manquait ?
Cela fait si longtemps et toujours aucun signe de toi
Le temps passe, je cherche d’autres visages dans le bar
réorganisant leurs traits
jusqu’à te décliner monstrueusement,
leurs têtes oscillant de gauche à droite
comme des têtes sur des pieux.
Ton absence approche doucement
Jusqu’ici, près de moi.
La voici à la place que je réservais.
Nous voilà face à face dans le long miroir.

Hugo Williams (traduction/adaptation perso.)
 
Lo.mel
   
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Lo.mel  /  Troll hunter un jour, troll hunter toujours


(Je relance avec le deuxième du nom)

Bar Italia
 To L.S.

This is how we met,
Sheltering from work in this crowded coffee bar.
This is where we sit,
Propped at some narrow shelf,
Each day more crowded than the last
With undesirables.

I wish we could meet again
In two years’ time,
Somewhere expensive where they remembered us
From the early days before the crash.
Instead of here, instead of now,
Facing our reflections in the Bar Italia.

You would be frowning of course,
After all this time,
But then you would hold out your hand and say,
« Well, where are your three pages ? »

I haven’t written them. One day I will.
Anywhere but here it might seem possible.

Hugo Williams




Bar Italia
 À L.S.

Nous nous sommes rencontrés comme ça,
Prenant asile du travail dans ce café bondé.
C’est ici que nous nous asseyions,
Accoudés à une tablette étroite,
Chaque jour plus bondé d’indésirables
Que le précédent.

J’aimerais tant te rencontrer encore
Dans deux ans,
Dans un lieu dispendieux où ils se souviendraient de nous
Des premiers temps avant l’accident.
Au lieu d’ici, au lieu de maintenant,
Face à nos reflets dans le Bar Italia

Tu froncerais les sourcils bien sûr,
Après tout ce temps,
Mais ensuite tu tendrais la main et dirais,
« Bon, où sont tes trois pages ? »

Je ne les ai pas écrites. Un jour je le ferai.
À n’importe quel autre endroit, ça pourrait sembler possible.

Hugo Williams (traduction/adaptation perso.)


Les plus beaux poèmes - Page 57 Barita10
 
Pasiphae
   
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Pasiphae  /  Truquage geniphasien


beau !
 
Chien-dent
   
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Chien-dent  /  Autostoppeur galactique


2. L'AMOUR - H. Pichette

La scène est au soleil de midi,
l'été, entre plaine et forêt.


le poète
Le lit des choses est grand ouvert. Je me suis endormi, pensant que c'était trop beau et que la terre s'échapperait. Je craignais tout des ventilations absurdes d'une nuit en colère. Les matins me fustigeaient. Je vivais crédulement. Sourcier infatigable, je cherchais l'Orifice originel, premier ouvrage par où passer la tête et crier au Soleil. J'ai trouvé! Je confectionne sur mesure une amoureuse. (En vérité, elle m'est venue d'une ville rêvée posée sur de grands boutons-d'or.)
Les peupliers s'organisent. Les rossignols composent. Il me souvient que l'ivresse nous emporta dans un vivant exercice : le mariage. Elle était si naturelle sous sa robe. Je fus sensible aux courbes aux frémissements particuliers aux aspérités inattendues de sa chair, à la marée montante ou descendante des muscles, à la dentelle des phrases ajourées de soupirs, à ses lianes ses diadèmes ses chevelures ses crépuscules d'Eve naissante, à la sagesse et à la déchirure de ses bords.
Elle me parla comme à un bouclier. J'avais autorité pour prendre sa défense. Pieds nus sur le fil blanc du rêve, nous courions après nos vêtements en allés. Jamais funambules ne furent si heureux de se rejoindre. Et je m'éveille, à l'unisson des terrasses où nos corps à bien menèrent leur cure. Désormais l'invention demeure. Ma femme sera mon paysage sensuel, le diorama de mon âme. Le monde s'est embelli. J'aspire littéralement l'avenir. La clarté du jour m'assiste. Je grimpe à l'échelle de corde de l'enthousiasme. O c'est plus que jamais l'heure des diamants érectiles ! Les alentours se métamorphosent. De coutume le cœur de la biche ne boule pas ainsi, l'eau a moins de charme, les oiseaux ne tombent pas si verticalement sur le ciel, l'air n'offre pas sa charpente avec autant de pompe ou de vigueur. Je vois enfin le plus beau frisson de l'arbre. Et le silence a trop vite plongé son glaive dans la pierre pour que je ne devine rien : Tu es là.

l'amoureuse
Je t'aime.
 
Holopherne
   
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Holopherne  /  Hé ! Makarénine


L'ÂNE ET SES MAITRES

L'Âne d'un Jardinier se plaignait au Destin
De ce qu'on le faisait lever devant l'aurore.
Les Coqs, lui disait-il, ont beau chanter matin ;
Je suis plus matineux encor.
Et pourquoi ? Pour porter des herbes au marché.
Belle nécessité d'interrompre mon somme !
Le sort de sa plainte touché
Lui donne un autre Maître ; et l'Animal de somme
Passe du Jardinier aux mains d'un Corroyeur.
La pesanteur des peaux, et leur mauvaise odeur
Eurent bientôt choqué l'impertinente Bête.
J'ai regret, disait-il, à mon premier Seigneur.
Encor quand il tournait la tête,
J'attrapais, s'il m'en souvient bien,
Quelque morceau de chou qui ne me coûtait rien.
Mais ici point d'aubaine ; ou si j'en ai quelqu'une
C'est de coups. Il obtint changement de fortune,
Et sur l'état d'un Charbonnier
Il fut couché tout le dernier.
Autre plainte. Quoi donc, dit le Sort en colère,
Ce Baudet-ci m'occupe autant
Que cent Monarques pourraient faire.
Croit-il être le seul qui ne soit pas content ?
N'ai-je en l'esprit que son affaire ?

Le Sort avait raison ; tous gens sont ainsi faits :
Notre condition jamais ne nous contente :
La pire est toujours la présente.
Nous fatiguons le Ciel à force de placets.
Qu'à chacun Jupiter accorde sa requête,
Nous lui romprons encor la tête.

Lafontaine
 
Aquae
   
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Aquae  /  Amazone du Dehors


Pasolini, traduction de José Guidi (je coupe des passages parce qu'ils sont assez longs)

Les pleurs de l'excavatrice:


Les Cendres de Gramsci:

La religion de notre temps:
 
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Chien-dent a écrit:
2. L'AMOUR - H. Pichette

La scène est au soleil de midi,
l'été, entre plaine et forêt.


le poète
Le lit des choses est grand ouvert. Je me suis endormi, pensant que c'était trop beau et que la terre s'échapperait. Je craignais tout des ventilations absurdes d'une nuit en colère. Les matins me fustigeaient. Je vivais crédulement. Sourcier infatigable, je cherchais l'Orifice originel, premier ouvrage par où passer la tête et crier au Soleil. J'ai trouvé! Je confectionne sur mesure une amoureuse. (En vérité, elle m'est venue d'une ville rêvée posée sur de grands boutons-d'or.)
Les peupliers s'organisent. Les rossignols composent. Il me souvient que l'ivresse nous emporta dans un vivant exercice : le mariage. Elle était si naturelle sous sa robe. Je fus sensible aux courbes aux frémissements particuliers aux aspérités inattendues de sa chair, à la marée montante ou descendante des muscles, à la dentelle des phrases ajourées de soupirs, à ses lianes ses diadèmes ses chevelures ses crépuscules d'Eve naissante, à la sagesse et à la déchirure de ses bords.
Elle me parla comme à un bouclier. J'avais autorité pour prendre sa défense. Pieds nus sur le fil blanc du rêve, nous courions après nos vêtements en allés. Jamais funambules ne furent si heureux de se rejoindre. Et je m'éveille, à l'unisson des terrasses où nos corps à bien menèrent leur cure. Désormais l'invention demeure. Ma femme sera mon paysage sensuel, le diorama de mon âme. Le monde s'est embelli. J'aspire littéralement l'avenir. La clarté du jour m'assiste. Je grimpe à l'échelle de corde de l'enthousiasme. O c'est plus que jamais l'heure des diamants érectiles ! Les alentours se métamorphosent. De coutume le cœur de la biche ne boule pas ainsi, l'eau a moins de charme, les oiseaux ne tombent pas si verticalement sur le ciel, l'air n'offre pas sa charpente avec autant de pompe ou de vigueur. Je vois enfin le plus beau frisson de l'arbre. Et le silence a trop vite plongé son glaive dans la pierre pour que je ne devine rien : Tu es là.

l'amoureuse
Je t'aime.

ohhhhh trop bien
 
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Aquae a écrit:
Pasolini, traduction de José Guidi (je coupe des passages parce qu'ils sont assez longs)

Les pleurs de l'excavatrice:


Les Cendres de Gramsci:

La religion de notre temps:

I love you
je l'avais lu j'avais beaucoup aimé
 
plouf
   
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plouf  /  Crime et boniment


Réel

Si vous filmez
le sol ou cette
feuille de papier,
c’est la réalité.
Quelle est la différence ?
Tout ce qui existe sous le soleil est réel.
Tout ce qui renvoie la lumière dans l’objectif peut être filmé.
Vous pouvez construire une maison avec des briques. Les briques sont réelles.
Vous pouvez les lancer, aussi. C’est la même chose avec le cinéma,
la vidéo… tout est réel.
Devant vous, dans la salle de montage, pellicule ou vidéo,
c’est réel, sacrément réel.
Ce n’est pas la mémoire, c’est la réalité.
Ce
sont des images réelles,
en noir et blanc réel
ou avec du bleu réel, du rouge réel,
et
les visages, les rues, l’espace
dans lequel vous marchez.
Ce n’est pas la mémoire que vous voyez.
Oh, mais ensuite vous pouvez dire avec les mots, vous pouvez parler.
Vous pouvez dire « je me souviens » ou « je ne me souviens pas »
vous pouvez dire « ceci sont mes souvenirs » ou « non, ce ne
sont pas mes souvenirs ».
Mais
une fois encore
la voix est réelle. Quand vous prononcez les mots
c’est votre voix, à ce moment-là.
Tout est réel.
Les films ne sont pas des fantômes.
J’aime les voir ou
les partager avec des amis. Ils sont très très réels.
J’ai grandi dans une ferme, je
suis quelqu’un de réaliste.
Parce que la caméra est innocente. Un couteau, un pistolet
une bombe
sont innocents. Les gens ne sont pas innocents.
Les instruments et les machines le sont. Le couteau est là
sans rien faire, vous le
prenez et poignardez quelqu’un,
ou bien vous coupez quelque chose. Tout, sauf
les gens.
Les animaux sont innocents.
L’innocence n’est pas un sujet qui m’intéresse. Mais...
je n’y avais jamais pensé
il est très possible que
dans ces moments de célébration
de joie
qui m’intéressent
il y ait de l’innocence, de la pureté.
L’innocence est un état naturel de la terre, de la planète, de la nature, avant qu’on
ne commence à l’empoisonner
la détruire.
Oui, je suis intéressé par les moments d’innocence.
Je n’ai pas à chercher la vérité. Vous voulez
dire une vérité abstraite, philosophique, Dieu et le Paradis…
Je vois ce que vous voulez dire.
Mais la réalité est toujours vraie. C’est vrai que
vous êtes là
en face de
moi
en train de
me
parler.
Et vous pouvez enregistrer ce moment. Vous, assis, là, sur la
chaise : c’est un fait.
Parfois les frères Lumière faisaient des plaisanteries
en inventant des situations mais
dans la
plupart de leurs films, ils ont filmé le monde réel dans lequel ils
vivaient ou voyageaient. Toujours la réalité.
Ensuite Méliès
arrive
et fait le contraire.
Le cinéma a ses opposés.
Les plus beaux poèmes - Page 57 Image_7
Événement

Non, je n’ai jamais d’idée précise.
Et si j’en avais une, je ne la réaliserais probablement
pas.
Je filme ma vie, ce qui arrive à New
York
des situations,
etc.
Je ne peux pas expliquer
pourquoi
quelque chose doit arriver, une
intensité
quelque chose de particulier.
Je ne sais pas ce que ce sera.
Simplement, je veux les filmer, il y a des choses que je veux simplement
filmer.
Quelque chose se passe, là,
devant vous, quelque chose
je sens
que je veux enregistrer
ce moment d’humanité
répété depuis des siècles
déjà arrivé des millions de fois et qui
est là,
en train d’arriver encore
et je veux le filmer, pour une raison inconnue.
Ce que j’appelle
filmer
c’est de l’improvisation
je ne prévois pas.
Il n’y a pas de plan. Donc
je suis le mouvement, le flux
pas d’invention, pas de créativité, je dois
juste
être fidèle
au moment présent, être proche et ne rien imposer. Totalement ouvert
comme un oeil.
Je ne veux pas filmer les désastres
les grands évènements,
mais les petits évènements,

où on dirait
qu’il n’y a rien
mais où il y a quelque
chose d’essentiel
qui se passe.
Je ne comprends pas les grandes choses.
Le tsunami au Japon, le 11-septembre.
Deux mille personnes, c’est abstrait.
Nous ne pouvons
pas vraiment
le ressentir ou le
comprendre.
Enregistrer certains moments
de l’histoire humaine
de tous petits petits petits
évènements
les sentiments, les émotions
le quotidien.
Je dis toujours
que je suis
peut-être
un anthropologue.
De grandes musiques ont été
enregistrées
pas dans des grands concerts
souvent destructeurs,
surtout
pour la musique folklorique
mais par des gens
dans des villages.
Et quand vous les
écoutez,
ce sont peut-être de très mauvais enregistrements
mais ils sont formidables.
Des gens, des musiciens inconnus dans différents
villages du monde.
Pas ce qui est fait dans les grandes
structures
pour des centaines de personnes
mais ce qui est fait pour peu de gens,
peut-être trois personnes.
Personnel

Tout
ce que vous faites
dans votre vie
est de l’autoportrait.
Tout ce que vous faites
tout ce que vous êtes
tout ce que vous fabriquez
c’est vous.
Cela peut être une imitation
ou quelque chose d’original
ça reste vous.
Je ne filme pas les étrangers
seulement mes amis.
Quand vous êtes avec des amis, ils ne s’en soucient pas.
Même ceux
qui n’ont pas de caméra.
Ils me connaissent, nous sommes de vieux amis.
Ils voient plus tard les
rushes et disent : « oh, je ne me souvenais pas que tu avais filmé ».
Ils ne me remarquent
pas, je suis comme
invisible.
Il y a très longtemps
quand je filmais encore
des gens
que je ne connaissais pas
je me souviens
dans le sud, à Toulouse
j’ai vu
des gitans
qui formaient une très belle
scène.
J’étais dans un restaurant, devant
la fenêtre
avec ma Bolex.
Le bohémien l’a remarquée.
Il s’est
précipité vers moi
et a dit
« Vous avez pris une image
de ma femme,
maintenant, vous devez me
donner votre femme ».
Et il était très sérieux,
il ne plaisantait pas.
Prendre une image
de sa femme
c’était comme si
je l’avais possédée.
Alors le propriétaire
du restaurant
m’a dit :
« Les ennuis arrivent.
Dépêche-toi, disparais ! »
La plupart des gens n’ont pas
besoin
de faire des films.
Ils sont justes contents
de se souvenir. Ils vivent.
La plupart des gens
vivent tout simplement
sans filmer.
Les plus beaux poèmes - Page 57 Image_5-2
Instrument

Vous filmez avec une caméra
vous écrivez avec un crayon
(ou une machine à écrire).
Chaque instrument suppose
un contenu, une forme et un style
propres.
Ce que vous faites
avec de l’encre,
vous ne pouvez pas le faire
avec de
l’aquarelle,
ce que vous faites
avec une caméra vidéo, vous ne pouvez
pas le faire
avec une caméra de cinéma.
Tout comme
écrire et danser
sont des choses différentes.
L’instrument, c’est le contenu.
Pour le cinéma
vous avez besoin de
pellicule
Agfa ou Kodak.
Sony ne fait pas de pellicule,
mais des cassettes.
Tout le monde sait la différence
entre le cinéma et la vidéo.
Tout le monde sait
qu’on ne met pas de vidéo-cassette dans une Bolex.
Tout cela
film
vidéo
est réel.
Seulement
vous avez des réalités différentes.
La qualité, la texture.
Cela change le contenu, la perception.
Instrument II

Pour marcher, un enfant doit apprendre…
Il
faut apprendre à
utiliser votre instrument pour être libre.
C’est la connaissance qui
vous rend libre.
Parfois
quand je filme
je ne regarde pas.
Je sais ce que l’objectif
de ma Bolex
attrape
et quand j’enregistre
en vidéo
je ne regarde pas non plus.
Parfois je regarde.
C’est une
combinaison
entre regarder et ne pas regarder.
Quand vous jouez, les
doigts savent…
Les saxophonistes ne regardent pas,
un bon pianiste ne regarde pas.
Vous savez.
Je sais ce que ma Bolex filme.
18 secondes
de pellicule
un plan.
Surexposer ou sous-
exposer
diviser le cadre
ralentir…
Mais le matériel n’est plus aussi
sensible.
Maintenant
quand on va dans des bars
ou sur des pistes de danse,
c’est trop sombre pour filmer.
Formes

Le journal
écrit
est une réflexion
sur ce qui est passé
ce qui est arrivé
durant le jour.
Vous êtes
là, le soir
il n’y a plus que la mémoire, les souvenirs
et vous écrivez, vous
interprétez.
Vous pouvez être fatigué
en train de boire un verre
ou deux
ou malheureux
l’interprétation de ce qui s’est passé
pendant la journée en est changée.
Le journal écrit est une fiction
absolument.
La lettre est une autre
petite
fiction.
Le cinéma est encore jeune.
Vous savez, Saint Augustin, Les
Confessions
,
les Vies
de Vasari,
Rousseau
vous avez différentes formes
d’autobiographie,
de journal. Sur les bateaux ils notent la
météo, les positions…
Les fermiers tiennent un journal
à propos
de leurs vaches, de leurs taureaux…
Au cinéma
vous n’avez pas encore cela.
Ceux
qui écrivent sur le cinéma
disent :
« ceci est de
l’avant-garde », « ceci est expérimental ».
C’est une façon
primitive de penser.
Brakhage, moi, Godard, n’importe qui
« Expérimentations » ?
Il vaudrait mieux oublier.
Griffith n’expérimentait
pas.
Il a juste
fait un film
de la manière
dont il voulait le faire.
Directement son rêve.
Je n’ai pas fait d’expérimentations,
Brakhage
Pollock
Picasso
Personne.
Les scientifiques, eux, font des expérimentations.
C’est idiot, c’est ne pas comprendre
c’est une façon
de rabaisser
de se moquer, de ne pas
accepter.
En littérature
il y a
la prose, la nouvelle, la poésie,
l’épopée, le sonnet ou
le haïku…
chacun est une forme différente
avec un contenu
différent.
Nous n’en sommes qu’au début.
Le cinéma est encore jeune.
Les plus beaux poèmes - Page 57 Image_4-2
Montage

Eisenstein.
Quand vous lisez
Eisenstein
vous comprenez :
Le Cuirassé Potemkine,
le scénario était très long,
avec mille scènes,
avec
toutes ses notes.
Maintenant au montage.
Oubliez le scénario
oubliez le moment
où vous avez filmé.
Il n’y a que les
rushes.
La réalité
c’est les rushes que vous avez.
C’est
ça.
Le matériau
doit vous dire
ce qu’il faut faire
avec lui.
Vous pouvez jouer à l’idiot
et imposer
quelque chose, forcer le matériau
pour qu’il donne
quelque chose. Ou
vous pouvez regarder
regarder
jusqu’à voir
ce que le matériau
veut que vous fassiez avec lui.
Regarder et écouter.
Il faut que ça mûrisse. Parce que
vous avez
tellement de
choses...
Supprimer
supprimer
et
supprimer.
Création

Les gens créatifs gâchent
la planète
ma nourriture, tout.
Ils bousillent le monde visuel avec leurs créations.
Je suis un fabricant.
Je fabrique des choses.
Il est aussi difficile
de faire
une bonne chaise
qu’un bon poème.
Et cette chaise peut abîmer votre dos.
La plupart des chaises sont mauvaises.



Jonas Mekas
http://lefauxrhum.forumactif.org/
 
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Les plus beaux poèmes - Page 57 Img_2022

Les plus beaux poèmes - Page 57 Img_2021


"Mythologie" de Georges Séféris est tellement bien Sad
 
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Ces extraits sont très beaux Moira Sad

Merci du partage, je ne connaissais pas Georges Séféris I love you.
 
Pasiphae
   
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Jack Spicer a écrit:
Suicide
Une traduction pour Éric Weir

À dix heures du matin
Le jeune homme ne pouvait se souvenir.

Son cœur était bourré d'ailes mortes
Et de fleurs de lin.

Il est conscient qu'il ne reste plus rien
Dans sa bouche sauf un mot.

Quand il enlève son manteau de douces cendres
Tombent de ses bras.

À travers la fenêtre il voit une tour
Il voit une fenêtre et une tour.

Sa montre s'est arrêtée dans sa valise
Il observe la manière dont elle le regardait.

Il voit son ombre s'allonger
Sur un coussin de soie blanche.

Et le jeune géométrique rigide
Fracasse le miroir avec une hache.

Le miroir submerge tout
Dans un grand jaillissement d'ombre.

Jack Spicer a écrit:
Un diamant
Une traduction pour Robert Jones

Un diamant
Est là
Au cœur de la lune ou des branches ou de ma nudité
Et il n'y a rien dans l'univers comme le diamant
Rien dans la totalité de l'esprit.
Le poème est une mouette se reposant sur une jetée aux confins de l'océan.

Un chien hurle à la lune
Un chien hurle aux branches
Un chien hurle à la nudité
Un chient hurlant avec l'esprit pur.

Je demande au poème d'être aussi pur que la panse d'une mouette.

L'univers tombe en morceaux et révèle un diamant
Deux mots appelés mouette flottent paisiblement où se trouvent les vagues
Le chien est mort là avec la lune, avec les branches, avec ma nudité
Et il n'y a rien dans l'univers comme le diamant
Rien dans la totalité de l'esprit.

Jack Spicer a écrit:
La ballade du bûcheron mort
Une traduction pour Louis Marbury

Parce que le figuier était sans sève
Il s'est fendu aux racines.

Oh, vous êtes tombé sur la tête
Vous êtes tombé sur la tête.

Parce que le chêne était sans racines
Il s'est fendu aux branches.

Oh, vous êtes tombé sur la tête
Vous êtes tombé sur la tête.

Parce que je marchais à travers les branches
Je me suis arraché le cœur.

Oh, vous êtes tombé sur la tête
Vous êtes tombé sur la tête.
 
   
    
                         
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 Les plus beaux poèmes

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