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 Les trigger warnings : pour ou contre ?

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Utilisez-vous les Triggers warnings ?
Oui, ça devrait être obligatoire.
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Chaque auteur fait ce qu'il veut.
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Non, je trouve ça ridicule et inutile.
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Fred Dee
   
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Fred Dee  /  Hé ! Makarénine


Hum, sujet intéressant et la discussion passe par plusieurs points de vue intéressants et valables. Donc je ne vais sans doute que rajouter un autre point de vue, une autre nuance dans le débat. Bon, j'ai fait une sacrée tartine ; libre à vous de passer directement au dernier paragraphe et revenir ensuite plus haut si vous voulez mieux comprendre ma conclusion.

Quand je pense TW en ce moment, j'ai surtout en tête cette démarche contemporaine qui veut contextualiser une œuvre ancienne, produite à une époque où certains sujets, quoique sensibles, étaient tellement ancrés dans la société, avec ses modèles de domination bien sûrs d'eux, qu'on ne les relevait qu'à peine. Je pense surtout au cinéma. Expliquer à une jeune génération l'oppression des populations noires et les stéréotypes que cela colportait est une démarche pédagogique, à mon avis. J'aimerais aussi qu'on souligne que, s'il était admis dans les années 50 qu'un homme force une femme à l'embrasser, même si elle dit non "parce qu'en fait elle pense oui", cela peut entraîner encore aujourd'hui des comportements problématiques (et c'est peu dire) voire éveiller, effectivement, quelques traumatismes.

Mais toujours dans une démarche pédagogique. Cela me fait penser aux introductions ou préfaces de certains livres. Elles offrent un éclaircissement sur l'époque de leur production, sur les thèmes, des données biographiques sur les auteurs, des informations sur les débats même qu'il a pu y avoir depuis sa sortie. Mais cela peut être ignorer par le lectorat qui ne prend pas toujours une œuvre pour ce contenu.

Autrement, et pour revenir à l'exemple du cinéma, le 7e art a un moyen de filer quelques TW grâce à la bande-annonce. Est-ce qu'il y a des enfants en danger, des accidents de voiture, du sang, des scènes "sensuelles et osées", de la "mixité raciale" (j'use beaucoup de guillemets pour différentes raisons, soit par ironie vis-à-vis de certaines expressions ou situations ou réaction à ces situations, soit parce que je ne fais pas miennes ces expressions, mais elles sont assez explicites) ? Grâce à cela, et la façon de le montrer, on peut savoir déjà si on franchira le pas vers l’œuvre complète. Mais est-ce qu'un personne avec des traumas ne va pas voir ceux-ci se réveiller dès la BA ?

Et pour les livres, que fait-on ? On a rarement les moyens de réaliser une bande-annonce. La 4e de couv' doit-elle servir à faire le listing de tout ce qui peut perturber tout ou partie du lectorat ? Ne serait-ce pas alors qu'une démarche marketing (la 4e de couv étant souvent dédiée à intéresser le chaland) ? Et qui doit faire ce job ? L'auteur ou la ME ? Et si l'auteur veut des TW au début de son livre, la ME va-t-elle accepter cette démarche ? Ou l'inverse : si la ME insiste pour en mettre, l'auteur va-t-il aller dans son sens, dans ce respect des sensibilités, ou privilégier un certain rentre-dedans ?

Il est important de discuter, de prendre en compte les sensibilités de chacun. Et il y a des gens qui vont prendre ce temps, et d'autres qui vont vite vouloir passer à autre chose. ces deux types d'individus vont-ils vraiment parvenir à se rencontrer ou à passer du temps ensemble ? Dans tous les cas, tout le monde aura une responsabilité à bien communiquer pour ne pas tomber dans certains pièges.

Si j'écris un texte qui contient de la violence, je vais le proposer à un éditeur qui vend déjà des textes sombres ou violents et le lectorat saura dans quoi il tombe. L'éditeur devra faire le boulot pour faire apparaître cette noirceur au moins sur la couv. Tu ne mets pas un champ de tulipes ou des gens tout sourire sur une couv de polar où des gens se font torturer ou violer. Et ce boulot devra aussi être bien pensé dans le cas de l'auto-édition. Et il devra être poursuivi lors de sa promotion, sur les sites de vente sur internet, en salon lors de discussion avec le lectorat.

Et pour ça, je suis tout à fait OK avec le fait qu'on indique pour "public averti", "ne convient pas aux moins de 13, 16, 18 ans..." Ça donne déjà le ton et il ne faudra pas s'étonner ensuite du contenu choquant derrière la couv.

Pour des TW plus précis, je suis moins convaincu. Qu'en une ligne, on précise  sur une page au tout début, ou en bas de la 4e de couv' "ce livre contient des passages de violences physiques / psychologiques / sexuelles", je veux bien. Que cela touche des enfants, des hommes, des femmes, des communautés précises je suis moins sûr que cela nécessite d'être précisé. D'abord parce que cela correspond probablement à un moment fort du livre qu'on ne peut pas révéler ou laisser sous-entendu, même un seul mot, avant même de le lire. L'auteur a peut-être travaillé comme un dingue ce passage pour qu'il soit bien écrit et fasse l'effet voulu, pourquoi vouloir dégonfler cela avant même la page de titre ? J'ai des écrits contenant des scènes de violence et je n'ai pas pas envie qu'il soit dit dès le début, dix ou deux-cents pages avant, quelle catégorie de personnage est concernée. Et je n'ai pas plus envie qu'on prévienne mon lectorat que certaines parties pourraient froisser les convictions de Mme Martin ou M. Trucmuche. Bon, là, on ne parle plus de traumas, mais il y a des sensibilités de toutes sortes...

Enfin, d'un autre côté, j'espère qu'un éditeur aura su mettre un frein à toute envie d'un auteur de publier son roman traitant de crimes pédophiles / racistes / homophobes, féminicides qui ferait l'apologie de ce genre d'horreur, comme si cela excitait l'auteur lui-même de les décrire.

Et je vais m'arrêter là (j'ai été assez long comme ça, je crois) : l'art existe pour créer des émotions. Des œuvres fortes provoquent des émotions fortes. Cela ne signifie pas forcément choquer et user de violence gratuite. Mais cela implique pour l'artiste comme le public d'admettre que l’œuvre va, de toute façon, provoquer quelque chose, parfois quelque chose qui n'est pas contrôlé ou d'inattendu. Faire des listes de TW pour ça, c'est un peu gâcher de l'encre. Je suis toujours pour un avertissement sommaire au début ou en 4e de couv mais quiconque entre dans une œuvre doit être prêt à ressentir une émotion, n'importe laquelle à un certain moment. Et c'est peut-être le but de cette œuvre de vous la faire ressentir, pour une raison particulière, que ce soit pour insuffler de l'amour ou de la révolte, que sais-je. Mais d'un autre côté, quiconque se sent mal à l'aise par rapport à une œuvre est libre de la refermer. Il m'est déjà arrivé de claquer un livre qui m'a trop choqué, de laisser un DVD prendre la poussière parce que le film m'a dégouté au premier visionnage. Ce n'est pas interdit. Personne n'est prisonnier de l'art, autant que je sache.
 
Chimère
   
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Chimère  /  Constamment Fabulous


Je crois surtout qu'aucun consensus n'est réellement possible, pour une raison très simple ; la plupart des gens qui n'ont pas vécu de traumas se foutent pas mal des TW. Pas tous, heureusement.

Et c'est valable pour beaucoup d'individus, dont quelques JE ici ont donné l'éclatant exemple.
Je crois que vous ne vous rendez pas bien compte à quel point ne pas avoir vécu de situations traumatiques laissant des séquelles est un incroyable privilège. C'est cool pour vous, ne changez rien si possible, mais vous vivez dans une bulle.
Je l'admets, c'est difficile de réellement se rendre compte des réactions en chaîne qu'un trigger peut occasionner (et les triggers qui vous tombent sur le coin du museau alors que vous ne vous y attendiez absolument pas, c'est très violent), mais de là à en rire ou à invisibiliser le ressenti des autres, il y a une sacrée marge.
Pensez surtout à ce que ça fait, de devoir porter une attention extrême à des œuvres qu'on sélectionne pour le plaisir, parce qu'on veut juste passer un bon moment, sans se faire brutalement renvoyer à la figure les évènements les plus difficiles de notre existence.
Vous vous êtes déjà senti.e.s potentiellement en danger face à un innocent bac à livres ou au catalogue Netflix ? Est-ce que ça vous semble sain et vivable, de devoir vous méfier de contenus de loisir ? Je ne pense pas, pourtant c'est le quotidien de beaucoup d'individus.

Navrée pour le ton moralisateur, mais nier la souffrance d'autrui sous prétexte qu'on ne l'a jamais connue, ça ne mène jamais à rien de bon. Rappelez-vous aussi que la personne qui écrit est censée pouvoir se mettre à la place des autres... Empathie, toussa.

À titre personnel, je ne serais pas fan non plus d'une liste de TW longue comme mon bras (et j'ai de grands bras) qui décortiquerait l'intégralité de l'œuvre, mais ça ne tuerait personne n'avoir les principaux TW sur des livres qui en ont réellement besoin. En prologue, en bas de couverture, ect... Et si ça se démocratise et que l'on sait où chercher, il n'y aura nul besoin de les encadrer en rouge avec une police de 18.
Les TW qu'on trouve déjà lorsqu'on lance un film ou une série, ou encore sur des mangas, sont simples, révélateurs et sans spoil, je n'ai vu personne s'en plaindre.

Par exemple, il n'y en a absolument aucun pour "Les Illusions de Sav-Loar" chez Bragelonne, et le début en particulier est assez insoutenable, j'ose même pas imaginer le mal que ça a pu causer à certaines personnes. Et à chaque fois que je parle de ce livre, je pense toujours à ajouter moi-même les TW, c'est vital.
Pareil pour un animé présenté comme "rigolo" et pour lequel je n'ai pas pu dépasser le second épisode tellement je me sentais mal. Et pourtant, je dissocie assez bien les œuvres de ma réalité personnelle.
 
Joyo
   
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Joyo  /  Hé ! Makarénine


@Chimère

Il est vrai que si on n'a pas vécu un trauma, il est difficile de se mettre à la place de l'autre, même avec la meilleure volonté du monde. Dans le cas où on en a connu un, il peut être d'un niveau de gravité inférieure ou rendre moins sensible aux œuvres ou documentaires qui traitent du sujet.

En bref, l'empathie est un "art" compliqué.

Je suis juste en désaccord sur un terme que tu as utilisé, et que je lis ou entends parfois :
Chimère a écrit:
Je crois que vous ne vous rendez pas bien compte à quel point ne pas avoir vécu de situations traumatiques laissant des séquelles est un incroyable privilège.
Le privilège est un avantage que l'on a sur la majorité de la population.
Le terme a souvent une connotation péjorative, voire accusatrice, notamment lorsque ces avantages sont indus.
Mais on parle aussi d'individus privilégiés par la nature.
Si quelqu'un possédait des ailes pour voler ou des branchies pour nager sous l'eau, il serait privilégié.
En revanche, un valide n'est pas privilégié par rapport à un handicapé. Il est juste non-désavantagé.
Le non-négatif ne fait pas forcément du positif. Il y a aussi le neutre.

Pour le reste, oui, tu as sûrement raison.

Sur le sujet, je suis favorable aux TW. Bien sûr que certains auteurs peuvent les utiliser pour attirer un certain public et bien sûr qu'il ne faut pas en faire pour tout et n'importe quoi, en particulier pour le risque de "choquer" une opinion contraire. Mais en dehors de certains abus, ils sont selon moi utiles. Même si on n'est pas un traumatisé, on a le droit d'être prévenu, de la même manière qu'on doit regarder devant soi avant la fin du trottoir. Et c'est utile par rapport à la présence d'enfants ou d'une personne que l'on sait traumatisée.
 
Azaby
   
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Azaby  /  Effleure du mal


Joyo a écrit:

Le privilège est un avantage que l'on a sur la majorité de la population.
Le terme a souvent une connotation péjorative, voire accusatrice, notamment lorsque ces avantages sont indus.
Mais on parle aussi d'individus privilégiés par la nature.
Si quelqu'un possédait des ailes pour voler ou des branchies pour nager sous l'eau, il serait privilégié.
En revanche, un valide n'est pas privilégié par rapport à un handicapé. Il est juste non-désavantagé.
Le non-négatif ne fait pas forcément du positif. Il y a aussi le neutre.



Je trouve ça terrible que des personnes soient blessées ou se sentent heurtées par l'emploi du terme "privilège". Rien, dans aucune définition du Larousse, n'indique que le terme de privilège est acquis uniquement face à une majorité. On a tous, dans une certaine mesure, des privilèges (parce que même si le mot donne de l'urticaire à certains, c'est ce que c'est).

Bien sûr que c'est un privilège de ne pas souffrir de stress post-traumatique.

Oui, c'est qu'une vulgaire question de sémantique, mais une question sémantique qui en dit beaucoup. Considérer les avantages d'être valide et/ou de ne pas avoir de trauma (etc.) comme "la norme" c'est éloquent sur le traitement du handicap physique ou mental dans la société.

Ce n'est pas neutre d'être valide. Je comprends ce que tu veux dire, mais cette pensée du "ce n'est pas moi qui suis chanceux, ce sont les autres qui n'ont pas de chance" est symptomatique d'un traitement marginalisant des personnes ayant des handicaps physiques ou mentaux.

Sans aller dans les larmoiements ou les exigences utopiques qui voudrait qu'on soit tous égaux et qu'on vive dans le monde des Bisounours : c'est important de réaliser les passe-droits que nous offrent certains aspects de notre identité. Parce que ça permet de porter un regard plus lucide sur ceux qui n'ont pas ces passe-droits. Et de réfléchir aux rouages qui créent ces inégalités ou les renforcent.

Certains ont l'impression qu'on les traite d'enfants gâtés à leur rappeler qu'ils ont des privilèges. Ce n'est pas le cas, c'est juste le constat fait d'une société qui n'offre pas les mêmes chances à tout le monde.

Et bien sûr, on ne résoudra pas ça en un claquement de doigt ni en accablant ceux qu'on estime les plus privilégiés. Mais c'est déjà planter une réflexion. Et cette réflexion est importante.

Pour revenir un peu au sujet :

De mon côté le trouve que le principe des TW est bancal, ou du moins que son exécution dans le format littéraire l'est. Je pense qu'il est inutile d'espérer être exhaustif dans la liste des traumas que peuvent réveiller une narration. Bien sûr, on peut mentionner les plus fréquents, mais ça me gêne qu'on fasse passer les TW comme une solution, car on ne pourra jamais tout inclure.

En revanche, il y a un outil que je trouve très intéressant (en anglais) Does the dog die ? qui est à disposition des utilisateurs qui peuvent chercher dans une œuvre donnée leur trauma (aussi précis soit-il : des araignées à la destruction de jouets, du cancer à l'agression sexuelle, de l'alcool à la mort d'un animal de compagnie). Ca n'existe pas pour la littérature francophone mais je trouve que c'est une très bonne façon de faire.

Ce que je veux dire, c'est qu'à faire une liste longue comme le bras de TW au début du roman, on évitera sûrement (et c'est une bonne chose) à quelques personnes au triggers "évidents" de se plonger dans la lecture... mais on crée une sensation (ou un rêve) d'exhaustivité qui relève de la lubie.

J'ai eu une amie, par exemple, qui se sent très mal à l'aise dès qu'un enfant enlevait ses chaussures (du fait de traumas dans l'enfance). Aucun auteur ne songera jamais à mentionner ça dans ses triggers. Le stress post traumatique peut prendre des formes diverses, et si je pense que les TW sont dans l'idée une bonne chose, je pense que leur exécution n'est pas bonne en l'état, car elle lance dans une course utopique à la sécurisation de tout le monde.
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Joyo
   
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@Azaby

Privilège = "Droit, avantage particulier ou faveur accordé à un individu ou à un groupe de personnes en dehors de la loi commune.
J'aimerais bien avoir la définition de ton dico.

Alors, oui, je suis agacé par ce mot (sans accuser l'autrice de ce terme de mauvaise intention).
Attention, je ne met en aucun cas tout le monde à égalité.
Mais s'il m'arrive de souffrir d'une rage de dents, quel intérêt aurais-je à traiter de privilégiés ceux qui n'en souffrent pas ? Ce ne sont pas non plus des chanceux, juste des non-malchanceux, ce qui n'a rien d'un reproche. Je voudrais éviter le fameux "Je souffre, donc je suis" vs "Tu ne souffres pas, tu es coupable". Je sais, tu vas me dire que la rage de dent n'est pas comparable avec un trauma, mais je voulais éviter les exemples plus délicats.

Azaby a écrit:
Oui, c'est qu'une vulgaire question de sémantique, mais une question sémantique qui en dit beaucoup. Considérer les avantages d'être valide et/ou de ne pas avoir de trauma (etc.) comme "la norme" c'est éloquent sur le traitement du handicap physique ou mental dans la société.

Ce n'est pas neutre d'être valide. Je comprends ce que tu veux dire, mais cette pensée du "ce n'est pas moi qui suis chanceux, ce sont les autres qui n'ont pas de chance" est symptomatique d'un traitement marginalisant des personnes ayant des handicaps physiques ou mentaux.
Où ai-je marginalisé les handicapés ?
Il existe une différence entre mettre à l'écart celui qui n'a plus qu'une jambe et rappeler qu'un humain en a normalement deux. Le mot "norme" est parfois trompeur, car il peut aussi faire référence à des "normes de pensée", en bref à un côté mouton. Il y a aussi le côté blessant que l'on peut avoir entendu à l'école (ou ailleurs), la fameuse question "T'es normal(e) ?" qui mériterait une longue analyse psycho-sociologique (méchanceté ou peur instinctive de la différence ?).

Je maintiens qu'il y a les privilégiés, les neutres et les désavantagés (pour faire simple). Nous pouvons appartenir à chacune de ces trois catégories selon le contexte.
 
Azaby
   
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Azaby  /  Effleure du mal


Citation :
Privilège = "Droit, avantage particulier ou faveur accordé à un individu ou à un groupe de personnes en dehors de la loi commune.
J'aimerais bien avoir la définition de ton dico.

Alors, oui, je suis agacé par ce mot (sans accuser l'autrice de ce terme de mauvaise intention).
Attention, je ne met en aucun cas tout le monde à égalité.


Et je ne vois pas en quoi, au motif que ce serait la norme, le fait de ne pas souffrir de stress post traumatique serait autre chose qu'un privilège. Ce n'est pas un droit, mais c'est très clairement un avantage particulier dont ne jouit pas une belle frange de la population.

Mais si tu veux une définition sortie du même dictionnaire, on trouve prosaïquement "Ce que l'on considère comme un avantage".

Ceci dit, je comprends bien (c'est quasi toujours le cas dès qu'on aborde ces sujets) que ton sujet n'est pas la justesse syntaxique, mais ta vexation à l'idée d'être "traité" (comme tu le dis toi-même) de privilégié.


Citation :
Mais s'il m'arrive de souffrir d'une rage de dents, quel intérêt aurais-je à traiter de privilégiés ceux qui n'en souffrent pas ? Ce ne sont pas non plus des chanceux, juste des non-malchanceux, ce qui n'a rien d'un reproche. Je voudrais éviter le fameux "Je souffre, donc je suis" vs "Tu ne souffres pas, tu es coupable". Je sais, tu vas me dire que la rage de dent n'est pas comparable avec un trauma, mais je voulais éviter les exemples plus délicats.

Ton exemple tombe à pic, parce que je suis dentiste. Et à ce titre je jouis d'un certain nombre de privilèges aussi  Laughing

Or, les dents et la santé mentale ont énormément de point de comparaisons.

Bien sûr qu'avoir des dents saines (ce qui concerne une minorité de la population d'ailleurs) relève d'un privilège. C'est un privilège social, un confort certain et surtout c'est la résultante d'énormément d'enjeux socio-économiques et génétiques. Ce sont souvent des gens (hors composante génétique majeure) qui ont eu une éducation à l'hygiène sereine, qui ont eu la chance d'avoir des dentistes suffisamment doux pour ne pas les rendre phobiques, qui ont un rapport sain à leur alimentation et leur santé. Le sourire est aussi un prisme de jugement essentiel dans un cadre professionnel ou social, bref, avoir de belles dents est également un avantage que certains ont et n'ont pas. Or, c'est étonnant (!!), mais on a pas du tout le même profil dentaire selon si nos patients arrivent de cités sensibles, de quartiers bourgeois, s'ils sont alphabètes, scolarisés ou s'ils exercent un métier pénible.

Les dents sont même un témoin évident des différences sociales et de l'accès à la santé (puisque c'est ça le sujet du topic : la question de l'accès).

Bref. Personne n'a dit que tu étais "coupable" de ces privilèges. Mais conscientiser le fait d'en posséder permet justement d'éviter la scission que tu prétends condamner. Reconnaître qu'on a un privilège ça ne signifie pas se flageller, ça implique juste de réfléchir à ce qui fait que tu as ces avantages que certains n'ont pas.

Oui, on pourrait arrêter le raisonnement là et se dire "j'ai des rages de dents et pas les autres, pourquoi je devrais voir ceux qui n'en ont pas comme des privilégiés ? Chacun ses ennuis". Mais ce serait simpliste, et vain.  study

En revanche, réfléchir à pourquoi tu te coltines des rages de dents et pas les autres (parce que spoiler : c'est bien plus souvent une issue sociétale que génétique) te permet non seulement de repenser ton rapport à ta santé, et potentiellement de faire en sorte que ta descendance éventuelle n'en souffre pas comme toi.



Citation :
Où ai-je marginalisé les handicapés ?

Tu vois, il est là le souci. Tu impliques qu'on t'accuse de quelque chose d'atroce. Qu'on te rend responsable de maux terribles, comme s'il était dans mon argumentaire évident que tu étais méchant et que moi j'étais gentille.

Je n'ai jamais dit que tu marginalisais les handicapés. J'ai dit que ta réflexion était, je me cite, "symptomatique d'un traitement marginalisant des handicapés".  D'un traitement sociétal qui te dépasse et qui nous dépasse en tant qu'individus. Parce que les handicapés sont relégués à une marge, la marge d'une société  qui n'est pas conçue pour eux. Je ne t'accuse de rien en faisant ce constat.

On pourrait arguer que ce n'est que le fruit d'une norme statistique : les handicapés étant minoritaires.

Outre le fait que ce n'est pas si vrai que ça, la norme statistique est à distinguer de la norme sociale (ce que tu dis plus ou moins plus loin), inhérente à une société à un instant donné. La norme sociale, éthique, morale n'est pas figée. Elle est évolutive, et fruit d'un changement de mentalités au sens large. La santé (mentale, physique, sociale) passe par la capacité qu'on a à s'approprier cette norme. A composer avec, même dans nos limitations. La société sera toujours le reflet d'une population valide. Mais réfléchir à ses rouages permet de la rendre un peu plus accessibles, et de faciliter l'intégration de ceux qu'elle met - par sa structure, son héritage, sa construction même - à l'écart.


Personne ne te demande de te larder le dos de coups de fouet au nom de ton privilège. Tu n'as (ouf !) pas besoin de t'en excuser ni même de les reconnaître publiquement ou de les faire valoir. L'idée c'est simplement d'en avoir conscience. Parce que ces différences de traitement, d'accessibilité, ne peuvent pas être démontées à coups de pamphlets rageurs sur Internet. Elles ne se solutionneront qu'avec une évolution progressive des mentalités.


Citation :
Je maintiens qu'il y a les privilégiés, les neutres et les désavantagés (pour faire simple). Nous pouvons appartenir à chacune de ces trois catégories selon le contexte.

Eh bien nos avis convergent : dans le contexte précis de la santé mentale et de l'accessibilité aux œuvres filmiques ou littéraires, ne pas souffrir de stress post traumatique invalidant est un privilège. La neutralité dans ce contexte donné n'existant à mon sens pas car il n'y a pas d'entre deux : soit la lecture est à l'origine d'une anxiété, soit elle ne l'est pas.
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Hortense
   
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Kal' a écrit:
Le souci, c'est que parfois, ça spoile.
Je suis assez d'accord et moi, ça me dérange de lire un livre qui contient des TW, précisément pour ça.
Je lis la 4e de couverture, parfois des avis avant de me lancer dans une lecture, mais le plus souvent, je lis un livre parce que j'ai envie de savoir ce qu'il y a dedans. Si je le sais d'avance, et même si c'est aussi vague que "suicide" ou "troubles alimentaires", j'ai l'impression qu'on m'a gâché le plaisir de la lecture, qui est justement (et contrairement au cinéma avec les BA) de ne jamais vraiment savoir de quoi parle un livre avant de l'avoir lu.

Mais il y a un aspect qui est sous-estimé et que vous n'avez pas encore abordé : contrairement à un film dont les images, si dérangeantes soient-elles, sont hypnotiques, lire demande un effort intellectuel et, quand l'effort intellectuel et émotionnel sont trop importants, il est impossible de continuer la lecture.
Qui parmi nous n'a jamais renoncé à un classique chiant ou refermé un bouquin parce que vraiment, ça va trop loin ?
Au cinéma, ou même à la maison devant Netflix, ça demande un effort : se lever et partir / éteindre la télé / décrocher son attention passive pour faire quelque chose qui mettra fin à la torture de l'image. Quand on lit, l'effort est fait pendant la lecture puisqu'on lit, qu'on comprend et qu'on imagine la scène : il est beaucoup plus facile de refermer un livre douloureux que de le continuer, alors que devant la télé, on est passif et il est donc plus facile de se laisser torturer que de mettre fin à la torture.
La temporalité de la lecture et du visionnage d'un film est aussi très différente. Un roman s'étire sur environ 300 pages, soit environ 5 heures de lecture, alors qu'un film se condense sur 90 minutes et enchaîne rapidement les scènes sans qu'on puisse s'arrêter à temps. D'ailleurs, on regarde généralement un film d'une traite alors qu'on lit un roman en plusieurs sessions de lecture, ce qui permet de se demander, même inconsciemment, si on a envie de continuer.

C'est pour ça que je pense qu'on surestime le rappel traumatique face à un écrit.
Et j'ai eu des traumatismes (sans parler de mon hypersensibilité) donc je perçois bien la différence : à l'écrit, je les vis toujours beaucoup mieux qu'à l'écran. Il m'arrive de reposer mon livre pour souffler, de m'arrêter en cours pour reprendre (ou pas) mon livre plus tard. A l'écran, je suis hypnotisée et j'arrête toujours trop tard...

Je comprends parfaitement les motivations de ceux qui sont pour, et je ne chercherai pas à les discuter : pour moi, si une seule personne estime que les TW sont nécessaires, je pense qu'on devrait les imposer. C'est une question de respect pour cette personne, sa sensibilité et ses limites et pour moi, ça ne se questionne pas.

Cela étant dit et précisé, comment les mettre en place et sur quel fondement ?
Peut-être sur les mêmes critères que les films et les séries. Il y a des critères qui disent que si tu as du nu, du sang, de la violence, des gens morts, déchiquetés, des gens qui baisent en gros plan ou sous un drap, c'est interdit avant tel ou tel âge. Eh bien peut-être que sur les mêmes critères, on pourrait dire : ok, on est dans telle et telle situation, donc on doit prévenir les lecteurs qu'il y aura de la violence physique / psychologique / sexuelle / des gens qui baisent / qui se font déchiqueter ou enterrer vivants.

Mais pour éviter le spoil, peut-être que ça serait mieux de prévoir une page en fin de roman, facilement consultable et standardisée du type "cette œuvre contient des sujets pouvant heurter votre sensibilité : [liste]". Ceux qui se sentent fragilisés par tel ou tel sujet peuvent (ou non) consulter la liste, et ceux qui ne veulent pas savoir ne tombent pas dessus en ouvrant le bouquin à la première page.
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Radischat  /  Guacamole de radis rouges


Il me semble que l'argument du spoil revient à chaque fois qu'on en parle, et à chaque fois, faut garder en tête que l'intérêt d'un trigger ou content warning, c'est pas de respecter l'intention de l'auteur·ice. Quelqu'un qui ne veut absolument pas lire quelque chose veut être spoilé·e pour ne pas avoir à le lire et le découvrir plus tard. Comme potentiellement tout le monde a ses propres limites, tout le monde a donc le droit d'être prévenu, que l'effet soit gâché ou non, ce n'est pas la question.

Après, faire sa liste de TW/CW n'est pas simple, ce n'est pas un exercice agréable non plus parce que, bien des fois, on se rend compte à quel point nous banalisons des thèmes très violents, lorsqu'ils sont résumés comme ça ; et ça donne parfois une image très négative, par nature, de ce qu'il y a dans le bouquin : ça, je suis d'accord.

Moi, je me dis que pour banaliser la pratique, il faut aussi signaler le positif ; ce qui est attractif, ce que les gens recherchent, aussi : les thèmes, les tropes, toutes les bonnes choses qui font qu'un lectorat ouvre le livre et veut le dévorer.

Je trouve que la notion de spoil sacrilège prend un peu trop de place et qu'on devrait pouvoir penser différemment la chose : avoir des indications thématiques, ça permet de savoir très vite si on veut lire ou pas quelque chose, et même de découvrir de nouvelles choses et de cerner mieux ses goûts. Pour moi, ce n'est pas synonyme de gâchis, ou de perdre tout effet de surprise. Surtout dans le cas des livres, même si on est prévenu, il nous reste toute l'exécution de la chose à savourer (ou pas) : on peut toujours être surpris.

J'aime l'idée qu'on puisse rechercher ce qu'on veut exactement par tags et inversement, qu'on puisse rester loin de ce qu'on n'aime pas ; ou d'avoir la possibilité de peser le pour et le contre en regardant la liste des TW/CW. Ce n'est pas quelque chose qui me choque puisque, ailleurs, la culture du tag (préventif ou purement thématique) est courante et appréciée. C'est dommage que dans le monde du livre tradi, on y soit aussi réfractaire.



Citation :
ARTICLE L132-2 DU CPI : "Ne constitue pas un contrat d'édition, au sens de l'article L. 132-1, le contrat dit à compte d'auteur."


Les trigger warnings : pour ou contre ? - Page 2 Capture_decran_2021-10-24_a_18.21.26
 
Blackmamba
   
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Blackmamba  /  Crime et boniment


Yo ! J'avais parfois vu passer ce sujet, sans jamais m'y intéresser. Et après un rapide coup d'œil, j'ai bien eu envie d'y participer un peu. Je n'ai pas participé au sondage, car en vérité, je suis partagé sur la question, entre ma sensibilité perso d'artiste, de lecteur, et ma sensibilité personnelle, émotionnelle, et en lien avec les autres personnes. Je vais tenter d'organiser un peu mon schéma de pensée...

Ce qui est étonnant, c'est qu'aucune Autorité Administrative Indépendante (AAI) n'ait jamais été instaurée à ce sujet. Dans l'esprit, la littérature échappe (à tort ou à raison, ce n'est ni mon propos, ni le cœur du sujet je pense) à une réglementation à laquelle beaucoup d'oeuvres ou de programmes sont soumis : la télévision a le CSA, et les jeux vidéo ont PEGI. Ces indications de règlementation et prévention sur la diffusion des programmes sont souvent peu suivies, et peut-être trop peu efficaces par conséquent. On a tous déjà regardé un film au delà de l'âge recommandé, ou jouer un peu à GTA alors qu'on était très loin de l'âge requis. Deux exemples pris au pif, j'espère qu'ils seront parlants.

Encore une fois, je ne pose pas de jugement sur cela, ce n'est pas le sujet. Ce que je veux dire, c'est que l'exemple de la classification surtout pour les jeux vidéos, bien que tout sauf parfaite, pourrait constituer un compromis intéressant à mon sens : je parle des petites insignes sur la jaquette du jeu, avec violence, substances interdites, sexe, jeux d'argents, ect ect. Que des sigles puissent être mis en place, des éléments codifiés, assez généraux, mais éloquents pour tous, pourraient constituer un compromis. Et la création/mise en place d'une AAI pour le milieu de la littérature pourrait "couper court" au problème : cette question des TW (je ne peux m'empêcher de penser à The Witcher quand je lis ça, c'est fou... lol) ne serait plus laissée au bon vouloir de l'auteur ou de la ME, mais répandue et régulée, sur une base et un socle qui pourrait convenir au plus grand nombre. Il resterait des mécontents d'une manière ou de l'autre, mais on pourrait au moins se féliciter/rassurer que cette question soit encadrée. Le CSA et PEGI sont imparfaits, certes, mais ont le mérite de prendre en charge certaines questions dans l'usage des médias et des œuvres plutôt que de laisser le marché s'auto-réguler. Chacun en pensera ce qu'ils veut, le sujet n'est pas l'efficacité de ces autres AAI.

Voilà pour ma sensibilité sur le sujet. Je serais davantage du genre à ne pas vouloir qu'on me prévienne de l'impact émotionnel, graphique ou traumatique en l'occurrence. Même si je suis très sensible (vraiment, très), j'aime beaucoup expérimenter des choses difficiles, y compris de mes propres traumas : ça me permet de les vivre d'une manière différente, ça me touche et m'impacte beaucoup, mais l'idée de les revivre dans un récit ou un cadre moins concret que la réalité... Ben je trouve que ça m'aide un peu, ça m'apporte un petit truc. Ça ne résoud rien à lui seule,mais tout de même. Cette sensibilité est résolument personnelle, et ne concerne que moi. Je ne jugerais jamais les personnes qui pensent et vivent différemment. Car je n'élude pas l'impact que cela peut avoir sur des évènements ancrés plus profondément dans la psyché de gens qui voulaient lire une histoire qui leur plaît.

Aussi, je m'estime un minimum concerné en tant qu'artiste qui fait de la violence un thème et un élément très présent dans ses récits, de tout un tas de manière différente. Mon intention n'est pas d'oppresser le lecteur plus que de raison, et certainement pas jusqu'à quelque chose d'aussi profond et douloureux chez lui que des abus intimes par exemple. Mais j'ai tout de même mon intention à mettre en scène, alors comment qu'on fait ? Je trouve que le système d'une AAI serait un compromis intéressant. Jamais il n'existera une situation parfaite je crois. Mais ce système me permettrait davantage de laisser libre court à ma liberté d'artiste, tout en préservant le plus possible, de manière structurée et encadrée, le sujet dont on parle. Bon, le jour où le gouvernement se penchera sur le sujet, et mettra en place une AAI hein... Donc je parle un peu dans le vide, je le concède. Mais j'avais envie de partager ma sensibilité. Et puis j'aime bavarder sur le forum, ceux qui me connaissent un minimum le savent... lol
 
Azharoth
   
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Azharoth  /  Clochard céleste


Je suis tombé sur une recherche sérieuse (source : Bridgland, Victoria & Jones, Payton & Bellet, Benjamin. (2022). A Meta-Analysis of the Effects of Trigger Warnings, Content Warnings, and Content Notes. ) se penchant sur le phénomène des trigger warnings pour en étudier l'efficacité via des méta analyses. L'avantage étant que l'étude en question est récente (2022).
La conclusion est sans appel : en plus d'être totalement inefficaces, ils sont également contre productifs car ils constituent une source de stress. Je cite :

"Of the 12 individual reports included in the study, 11 concluded that warnings were ineffective."

"Overall, authors found that trigger warnings had no meaningful effect on response affect or avoidance. Though, warnings did increase the distress before viewing the actual content."

Si vous désirez vous pencher vous-même sur le travail en question :

https://lifeinmind.org.au/a-meta-analysis-of-the-efficacy-of-trigger-warnings-content-warnings-and-content-notes

https://www.researchgate.net/publication/362875663_A_Meta-Analysis_of_the_Efficacy_of_Trigger_Warnings_Content_Warnings_and_Content_Notes
 
Docal
   
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Docal  /  Effleure du mal


En fait, je vois mal en quoi c'est un débat nouveau.

Les œuvres sont déjà, depuis un bail, segmentées en catégories. On a les 12+,16+,18+ pour les films, les sigles de contenu pour les jeux vidéos (jurons, violence...), les "réservés à un public averti", les truc de cul sous blister...

Mêmes les catégories, en soi, vont porter avec elles un certain contenu.

Encore avant on avait les scandales publics ou untel faisait une tribune dans un journal pour dire que Sade c'est crado.

Les TW c'est une continuation de ça. Adaptée à l'ère d'internet où tout le monde peut tomber sur n'importe quel type de contenu car l'ensemble n'est pas classé au moment de l'accès (dur de tomber sur de la littérature érotique par hasard en librairie, c'est dans une section dédiée).

Bref, je ne vois aucun mal à le faire, le bouche à oreille ou la critique s'en chargera si le travail n'est pas fait par l'auteur de toute façon.
 
Profsamedi
   
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Profsamedi  /  Didon de la farce


Bonsoir tout le monde.

Je découvre ce Topic apparu pendant ma longue période sans Internet.
Passionnant !

Je n’ai pas grand-chose à ajouter à tout ce qui a été dit.
Pour ce qui me concerne, je suis tout à fait d’accord avec Héléna Snow.
En étant très agréablement surpris par une maturité parfois supérieure à celle de beaucoup d’adultes.

Je rajouterais une position qui ne me semble pas avoir été exprimée, sauf à avoir raté quelque chose, c’est la référence à la loi.

Si la loi l’exige, je suis prêt à mettre des TW. Sauf à être hors la loi, ce qui a toujours des inconvénients désagréables.
Dans le cas contraire, je ferai ce que bon me semblera.

Ici, par exemple, puisque c’est fortement conseillé j’en ai mis pour le roman que j’ai commencé à publier sur le forum, par respect pour celles qui hébergent nos écrits. Mais c’est bien la seule raison.

Merci d’avoir lancé dette discussion où j’ai appris plein de choses.

En toute amitié, Philippe.
 
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je trouve ça totalement con les triggers warning :-/

Je trouve que le monde avait besoin de connaître mon avis.
 
Mardi
   
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Mardi  /  Didon de la farce


Surtout un avis avec autant d'arguments I love you


Les trigger warnings : pour ou contre ? - Page 2 Tarepa10
Ta gueule, c'est cosmique.
https://www.instagram.com/mardi.mardiii/
 
khermelias
   
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khermelias  /  Petit chose


en + ça spoil.

Bah, après tu ne vas pas être traumatisé parce qu'un vilain texte a mis le mot "viol" quelque part. Au pire tu t'arrêtes de lire quand tu vois que ça part en vrille.
 
   
    
                         
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 Les trigger warnings : pour ou contre ?

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