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 La plume est-elle une arme ?

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Le Trader
   
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Le Trader  /  Blanchisseur de campagnes


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Nuage-Rouge
   
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Nuage-Rouge  /  Tapage au bout de la nuit


rompiche ZZzzZZZZzzzzzzZ:


Je te remercie Alice pour l’intérêt sincère que tu portes au sujet depuis le début
Citation :
Merci pour le partage des poèmes, tu devrais les mettre dans un topic à la vue de tout le monde
Avec plaisir, ravi que ça te plaise un peu, à voir du coup, pour moi c'est un intérêt du sujet de pouvoir partager des textes ici, mais bon dans ces conditions  :rain:
Je suis pas trop convaincu par le fait que la poésie sauve le monde, j'en avais déjà parlé quelque part. Mais elle peut être un outil de lutte symbolique parmi d'autres si on s'en donne les moyens. J'essayerai de jeter un oeil


Dernière édition par Nuage-Rouge le Mar 6 Juin 2023 - 11:08, édité 1 fois
 
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Dernière édition par Milmilliardsdequestions le Lun 23 Oct 2023 - 15:17, édité 1 fois
 
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Noxer  /  Au nom de l'Abeille – Et du Papillon – Et de la Brise – Amen !


Merci pour ce touchant témoignage, milmilliards, et le partage. La question des violences quotidiennes et l'intimité qui est un lieu où on oppose ses contre pouvoirs me parle beaucoup. Qu'on puisse opposer au monde sa force et sa faiblesse en même temps, par besoin de faire survivre quelque chose qui tient, je crois, à l'espoir porté qu'on puisse se dire quelque chose qui ne soit pas enseveli sous la parole violente et performative de nos rapports humains. Et parfois, oui, il faut s'armer pour cela.
https://letombeaudespaquerettes.wordpress.com/
 
Nuage-Rouge
   
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Nuage-Rouge  /  Tapage au bout de la nuit


Je repasse par ici, je 'avais pas oublié que je voulais saluer ton propos Milmiliard, et remercier ton partage de la citation de Genette que je relis là et que j'avais déjà trouvé très éloquente.

et je poursuis avec cet Eloge de la colère publié dans LundiMatin

Eloge de la colère a écrit:

Traversé·es par une colère.

Faute d’arriver à la déployer en puissance créatrice, de refus ou de contre-attaque, nous devenons happé·es par la fixation à « sa » cause : une haine naît en nous par ce réflexe mortifère de « bloquer » une intensité.

Un tel blocage accapare souvent une grande partie de notre puissance d’agir, et c’est épuisant.

La haine est la croyance dans l’unicité d’une cause substantielle à notre tristesse : cette substantialisation de la causalité peut concerner une personne – « ille m’a fait du mal » ; ou bien une catégorie – « les étrangèr·es volent nos emplois » ; ou bien soi-même – « je suis nul.le, je ne vaux rien ».

Les grands textes d’Audre Lorde collectés dans Sister Outsider font système, de ce point de vue : il y a un lien puissant entre la poésie, l’érotisme et la colère. Il s’agit chaque fois de suivre les énergies nées des intensités affectives de la colère pour créer sa propre voix : cesser de croire qu’il faudrait éprouver autre chose que ce que l’on ressent de tout notre corps, cesser de complaire aux nuisibles pour préserver leur « fragilité », cesser de répéter ce qu’on attend de nous.

Si on ne se fait pas avoir par le faire honte des moralisateurices, la colère, la poésie et l’érotisme œuvrent à la connaissance de soi. L’obscénité suprême est d’humilier ces puissances, comme si nous ne devions pas éprouver les intensités qui nous traversent.
*

La colère devient puissance politique par l’idiosyncrasie : explorer nos désirs (érotisme) et construire de nouvelles voix (poésie) pour effectuer des rages inédites.
*

La colère, chez les nuisibles, prend la forme de l’indignation : une représentation empreinte de certitude morale. L’indignation est une impuissance, elle s’exprime en mots qui condamnent. Si vous occupez la bonne place, cette indignation produira des effets : vous réussirez à faire taire les voix des existences qui vous indignent.

La colère peut aussi être une puissance, je parlerais alors plutôt de rage. C’est un tout autre devenir : une énergie s’empare de vous pour comprendre les problèmes qui vous saisissent, elle vous met en mouvement pour œuvrer dans le monde et résoudre les problèmes intolérables rencontrés. La colère comme puissance cherche toujours à recomposer les relations, elle ne peut donc pas se retourner contre soi-même.
*

Les colères intériorisées, les haines de soi sont l’expression d’une indignation vécue par celleux qui n’ont pas les autorisations d’être en colère : cette position contradictoire entre la modalité d’expres​sion(colère-pouvoir) et la réalité d’une situation sociale (n’occuper aucune place de pouvoirs) est la source de bien des souffrances sociales : l’affect de colère devient alors simple affection, et vous mine progressivement dans des représentations désespérantes – sans désir.
*

La colère peut être joyeuse lorsqu’elle n’est pas tue, lorsqu’elle n’est pas retournée contre soi – en ruminations sur le mal. Croire que l’autre a fait le mal, qu’un groupe social est le mal, que je suis « mal fait·e » : autant de variations sur ces ruminations qui nous tuent à petit feu.

[ici il faut tout de même préciser, parce que je vois venir les trolls, qu'on sous-entend par "groupe social", un bouc-émissaire haïs arbitrairement pour ce qu'il est, évidement il n'est pas question de rejeter la colère légitime adressée à des positions sociales, à des stratégies de groupes dominants, à des réseaux bien réels de cooptation, à des solidarités entre chefs, dirigeants, exploiteurs, violenteurs etc, qui sont matériellement attestés, observables. Par exemple accuser "les étrangers" procède bien d'une essentialisation sur la base d'un critère nationaliste/raciste, alors qu'accuser, au hasard, "les bourgeois" relève non pas d'une accusation sur la nature, l'origine, l'essence de la personne ou du groupe, mais bien d'une mise en cause de sa position sociale et de ses privilèges associés : la colère cesse de se porter sur "le bourgeois" dès lors que ce dernier abandonne sa position sociale, puisqu'il cesse bien d'être bourgeois en changeant de conditions matérielles d'existence]

Citation :

*

La colère est une intensité, dont les modalités énergétiques de déploiement, potentiellement imprévisibles, terrorisent les possédant·es. C’est l’une des raisons de sa sempiternelle condamnation morale en occident : récurrence trop louche pour ne pas y voir un problème politique fondamental.
*

On reproche à la radicalité d’être une posture. Je ne pense pas. Des postures, il y en a, dans la pensée contestataire, certes, mais ce n’est pas de la radicalité : la posture du critique de gauche peut n’être que du ressentiment, une manière impuissantée de râler. C’est alors du pouvoir, encore : apeurer intellectuellement ou culpabiliser pratiquement, pour faire faire aux autres ce qu’on n’arrive pas à inventer – seul.e ou à plusieurs.
*

La colère n’est pas la plainte. Celle-là est un affect, donc un mouvement à venir, alors que celle-ci est d’abord un discours : la plainte « s’adresse à », elle veut faire faire. Adresse aux autres, ou bien à soi-même. Dans ce deuxième cas, elle ne produit souvent rien si les énergies nous ont quitté·es. D’où le peu d’effets de la plainte : c’est un mot d’ordres qui n’y croit plus, adressé à un·e commanditaire qui ne peut plus – bien souvent soi-même.
*

La haine de soi s’installe à force de ne pas laisser couler la colère en nous, faute d’accepter cette intensité pour elle-même. Choisissons : haine de soi et obéissance d’un côté, joie militante et rage politique de l’autre.
*

On pourrait exprimer le malheur d’une colère redirigée contre soi-même, plutôt que contre sa source politisée réelle, ainsi : si tu n’as pas d’ennemi, tu deviens un ennemi pour toi-même.

On pourrait exprimer le refus de la tentation du contre-pouvoir, soit le refus d’exercer du pouvoir afin de combattre un pouvoir, ainsi : prive ton ennemi d’ennemi, car il n’y a pas de malheur plus grand que d’être sans ennemi, il s’infligera alors à lui-même sa défaite...

Contrairement aux apparences, c’est rigoureusement deux fois la même idée, au destinataire prêt : briser les pouvoirs – en soi, en les autres.
*

Sérénité joyeuse de la colère : nous avons des ennemis, c’est pour cette raison que nous ne désirons pas en être. Non par pudeur ou soumission vis-à-vis de nos ennemis, mais par intelligence tactique.


La colère, voilà de quoi, pour quoi, armer sa plume, histoire de lui trouver une voix, voie poétique pour elle, singulière parmi d'autres
C'est encore et toujours un chantier poético-politique, politico-poétique qui s'offre aux poètes et poétesses qui ont la rage au ventre, qui sans se déclarer ennemis de quiconque, reconnaissent avec discernement qui sont les leurs, et agissent en connaissance de cause.
 
SuperAlice
   
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Nuage rouge a écrit:
[size=44]La colère, voilà de quoi, pour quoi, armer sa plume, histoire de lui trouver une voix, voie poétique pour elle, singulière parmi d'autres[/size]
[size=44]C'est encore et toujours un chantier poético-politique, politico-poétique qui s'offre aux poètes et poétesses qui ont la rage au ventre, qui sans se déclarer ennemis de quiconque, reconnaissent avec discernement qui sont les leurs, et agissent en connaissance de cause.[/size]

Je ne sais pas si c'est une question de mots, mais j'ai autant de mal avec poetico politique qu'avec politico poétique. Je veux bien qu'on puisse m'attribuer dans une lecture un statut comme celui d'un parti mais pff, je ne me vois pas tant animal politique, sauf peut être si ce terme désigne une quête de pouvoir de main mise, ce genre de choses.

Par contre écrire en connaissance de cause, ça je veux bien, surtout maintenant, bon même avant hein, j'effectue une lecture minutieuse de mes textes, parfois ceux des autres mais moins souvent. C'est une lecture, pas mystique, disons que je cherche ce à quoi correspond telle ou telle image, ce à quoi renvoient telles ou telles injonctions.


Pour en revenir à la guerre anti-bourgeoisie, bon ça m'a vraiment passé, c'est marrant parce que hier j'en parlais avec monsieur au sujet de Kery James, rappeur mais qui se dit poète.
J'en effectuais une critique, facile parce que c'est facile de critiquer hein, pour vous faire un topo : je lui disais qu'avec l'album Vent d'état, j'ai senti une sorte d'anguille sous roche arriver, des schémas, des affirmations qui me semblaient douteuses... tout ça a contribué chez moi à une méfiance. Le débat n'est pas les rappeurs sont ils des poètes ou les rappeurs doivent ils être impliqués politiquement, là on est sur : la poésie est elle une arme ?
Dans son cas, oui, il a mis sa force poétique à cet usage et pour moi, c'est mal fait. Ah je suis désolée, avec le temps je suis devenue exigeante. Alors, pour nuancer mon jugement, je me suis dite que peut être c'était lié au fait qu'il ait fait le tour de son écriture et atteint des limites...
Ou tout simplement qu'il s'est lancé à bras le corps dans des sujets qu'il ne maîtrisait pas. 

Je voulais dire tout ça parce que, il me semble qu'il y a un certain intérêt avec le sujet.


Moi j'aime quand le poète homme ou femme aborde son écriture et ne se soucie pas de la réception qu'il y aura sur le texte, qu'il laisse vraiment se dévoiler des images des choses peu importe. En vrai même s'il fait le choix du politique, même s'il fait le choix de la guerre.
De mon côté c'est nan, je préfère les paysages, je préfère la torture intérieure du poète, je préfère ses questions et par dessus tout !!! Je préfère mieux écrire que l'autre.
Twisted Evil
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