Nombre de messages : 174 Âge : 32 Localisation : 00.000.00.0 Pensée du jour : « Il n'y a pas une tête lucide entre deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n'être pas les deux. » Date d'inscription : 22/07/2021
Nuage-Rouge/ Tycho l'homoncule Jeu 16 Mar 2023 - 16:43
"La poésie c'est un contre-pouvoir sans pouvoir, qui décide de déposer les armes" L'écriture automatique "c'est un peu comme se tirer les cartes à soi-même" :
Cette conception de la poésie, et plus largement cet esthétisme du "bon goût" et son "art", plait à Léa Salamé et à travers elle à la petite classe de bourgeoisie culturelle qu'elle représente. Qu'est ce que ça signifie ? de quoi ça témoigne ? Il est toujours ici question de "démocratisation" de cette poésie plus ou moins classique, légitime, et inoffensive, de la poésie pour la beauté du geste (même dans une forme aléatoire), de "donner accès" à celui ou celle qui en manquerait. Mais pas du tout d'interroger le rapport culturel et politique qui préexiste à cette conception asymétrique de la poésie cherchant à se faire valoir, à se prêcher pour elle-même, face au supposé "défaut" de poésie de l'extérieur. Il me semble qu'il s'agit ici de rapporter l'altérité à sa poésie plutôt que de se poétiser dans et à travers l'altérité.
Je vous propose de la mettre en face de ces quelques vers de Léo Ferré
Citation :
"Des armes, des armes, des armes Et des poètes de service à la gâchette Pour mettre le feu aux dernières cigarettes Au bout d'un vers français Brillant comme une larme"
et de ça que je viens de trouver :
"« La poésie est une arme chargée de futur. » (« La poesia es un arma cargada de futuro »), titre d'un poème de Gabriel Celaya":
Citation :
des formes apparemment extérieures à la politique peuvent créer des brèches porteuses de bouleversements, permet d'interroger la définition de la politique, parce que la poésie est parole. « C'est à peine qu'ils nous laissent dire que nous sommes qui nous sommes ! » dit Ibañez dans sa chanson des années 1970 — qu'il vient de reprendre à la demande de jeunes indignés qui veulent exister malgré l'absence d'un avenir tracé. « Ce sont des mots que nous répétons en les sentant nôtres, et ils volent. Ils sont plus que ce que l'on entend. Ils sont les plus nécessaires : ce qui n'a pas de nom. Ils sont des cris dans le ciel, et sur la terre ce sont des actes. » (« Son palabras que todos repetimos sintiendo, como nuestras, y vuelan. Son más que lo mentado. Son lo más necesario : lo que no tiene nombre. Son gritos en el cielo, y en la tierra son actos »)
https://journals.openedition.org/variations/618
Décider de "déposer ces armes" et de vider tout pouvoir de la poésie ou armer sa plume de son plein pouvoir poétique ? Comment et au service de quel feu ou contre-feu ?
Nombre de messages : 429 Âge : 29 Date d'inscription : 04/10/2018
Keanu/ Pour qui sonne Lestat Jeu 16 Mar 2023 - 18:51
Salut Nuage, ça va ?
Oui, comme on sait, la poésie peut être une arme politique. De manière générale et par définition, le langage est éminemment politique.
Je ne suis pas sûr d'avoir compris quel était exactement ton questionnement ; cela me semble très large... ?
Nombre de messages : 778 Âge : 38 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 24/09/2017
SuperAlice/ Adjointe sérénissime à la modération reconnaissante Jeu 16 Mar 2023 - 22:13
J'avais une connaissance Iranienne qui m'avait parlé de leurs poètes qui utilisaient des images pour parler du pouvoir en place. C'est ce genre de choses certainement dont il est question... Un poète pour moi ne baisse jamais son arme, ou c'est qu'il l'a passée à gauche ou qu'il est Érème. (Huhuhu)
C'est une image encore je pense, il pose les armes pour utiliser sa plume, offrir (il me semble) une connaissance des faits et l'exposer pour ceux qui ont perdu espoir (censure) et aussi véhiculer le message "nous continuerons à lutter".
Pour l'écriture automatique il te faut certainement faire une petite recherche, ou pratiquer, je pratique que ça il me semble... Oui c'est comme se tirer les cartes, vu qu'on lâche tout ce dont notre esprit veut bien se libérer, après tu regardes le résultat.
Et pour la poésie est une arme chargé du futur, j'ai envie d'y voir, ce que je remarque bien souvent en écrivant, le fait de décharger son esprit sur du papier de le rendre d'une certaine façon "physique", il y a une projection et peut être, tu remarqueras que tu peux te retrouver à écrire des trucs qui vont t'arriver une sorte d'auto pnl, lolilol ; c'est pour ça aussi que j'essaie d'arrêter les darks poèmes, parce qu'après tu te retrouves avec des coïncidences flippantes. Je tiens à ajouter, que JE le forum est une fourmilière à ce genre de phénomènes, pour moi en tout cas... Enfin bon, la magie de JE.
Ça fait plaisir de voir des questionnements. Je peux essayer de préciser certains points si tu le souhaites !
Nombre de messages : 229 Âge : 102 Pensée du jour : J'aime beaucoup Radis et Aom Date d'inscription : 26/02/2021
Liseth/ Autostoppeur galactique Jeu 16 Mar 2023 - 22:54
Laisse Aom tranquille SuperAlice ou je t'envoie des fleurs tant que vas t'etoufer avec.
Nombre de messages : 277 Âge : 45 Date d'inscription : 02/06/2016
Le Trader/ Autostoppeur galactique Sam 18 Mar 2023 - 12:43
Poser une question c'est déjà y répondre. C'était le piège de mon vieux topic sur la hauteur poétique !
De ce que j'ai entendu, il y a surtout une chose que je retiens : il fait de la poésie. On se demande, entre poètes.ses comment en proposer autrement, comment en partager autrement, comment faire poésie, en faire, en produire, avoir un auditoire, et que cette poésie soit présente autour de nous...il a trouvé la voie qui lui convient, il en fait à sa manière, et c'est déjà énorme. Et le temps passé (perdu) à débattre, de savoir quel genre de bourgeoisie prend son pied, il aura sans doute apporté beaucoup plus à des gens, pas forcément de la caste, pas forcément proches de la poésie. Avant de lancer des critiques, faudrait apprendre à faire. A développer un savoir-faire. A le diffuser. La critique vient après.
Bien sûr, on peut toujours poser son idéologie et sa vision du monde. Il reste à savoir si on veut militer pour la poésie, ou pour tout autre chose - car la poésie idéologique, politisée et partisane est, selon moi, parfaitement inintéressante. Eluard écrivait des poèmes ringards sur "Papa Staline", fin de la blague. Elle n'est pas un sport de combat, et elle tend à aller autre part que dans le combat et la lutte - pour celle qui me semble dire quelque chose d'universel et de singulier, qui possède cette force et ces mots qui parlent à chacun.e et à toustes à la fois.
Les termes posés ici par Nuage Rouge parlent d'altérité, mais demeurent globalement binaires. Les choses ne sont pas aussi simples que "interroger le rapport culturel et politique qui préexiste à cette conception asymétrique de la poésie cherchant à se faire valoir" - formulation qui me fait inévitablement penser au sketch de Franck Lepage (lien). Je pense, et j'en ai bouffé, que la poésie n'est pas un tract politique, ni un bouquin de socio mal dégrossi, encore moins une tentative de conversion du prolétariat en littéraires accomplis (lire ou relire Joseph Ponthus et ses feuillets d'usine : paix à ton âme et merci !). La vie n'est pas asymétrique, elle est erratique. C'est-à-dire que, parmi ses nombreux mystères, un jeune de banlieue va autant adorer Verlaine ou Apollinaire qu'un jeune bourgeois des arrondissements de l'ouest-parisien. Il est même possible qu'ils se retrouvent sur les bancs des mêmes prépas et sympathisent ! (et ça fait un film français). Il est également possible que de prétendues élites n'y connaissent rien en littérature et en poésie (rip Fleur Pellerin), mais font semblant, et que le lumpenprolétariat dévorent et récitent par cœur des poèmes...Ce n'est pas une vue de l'esprit mais du vécu (j'ai été des deux côtés, LLG et banlieues), les choses ne sont pas binaires, il n'y a que des gens, qui aiment ou n'aiment pas poétiser, écrire, lire, s'intéresser, de tous milieux, de tous âges, et surtout qui essaient de contrecarrer leurs naissances, qu'elles soient bonnes ou mauvaises d'ailleurs. Poser violemment des modèles, des stéréotypes de classes, tout en se défendant d'être parangon des genres et des justices, c'est cocasse.
Je vais un peu plus loin, il y a pour moi des faits poétiques absolument partout, qui rendent cette question non seulement stérile, mais tout à fait stupide. La poésie est présente en nous, autour de nous, et il ne tient qu'aux poètes.ses de s'en saisir. De se sentir appelé.es, d'être amené.es devant des livres, des musiques, des personnes qui sentent ce petit truc indicible qui fait compter sur les doigts ou qui nous fait découper des bouts de machins de phrases. Elle n'est pas arme, ni fleur, ni violence, ni paix, elle est, si on la fait.
Quand je lis le champ lexical de la guerre, de la puissance, du pouvoir, j'ai l'impression qu'on se trompe complètement de sujet. Déjà parce qu'on ne peut pas défendre la poésie en la revendiquant guerrière ou armée. On est ce qu'on propose, nos actions parlent autant que nos poèmes. Que dire d'un.e poète.sse voulant réduire à néant une partie de la population pour instaurer ses poèmes à toustes ? C'est un.e surréaliste des années 30, bon, d'accord, mais quelles poésies derrière ça ? Quelles valeurs ? Pour quelles jeunesses ? Vous voulez poétiser en mettant au ban une partie de la population, en séparant encore une fois les gens, en créant ressentiment, colère, expurgation, vengeance, en reprenant du pouvoir ? C'est devenir ce qu'on dénonce, les victimes deviennent des bourreaux et reproduisent ce qui a déjà été. On peut tout à faire défendre ce schéma, mais ça souillerait la poésie, le propos, la personne, et une certaine idée du bonheur (dit sans idéalisme de quelque nature). Et, précisément, c'est là toute la difficulté, et toutes les complexités auxquelles nous sommes confrontés, en tant que personne, poète, vivant et présent sur Terre en 2023. (Un de mes profs d'histoire moderne parlait beaucoup de la difficulté de terminer les révolutions, quand on tue, quand on produit ou reproduit des souffrances, comment s'arrêter ?).
Pour finir, j'annonce mes conflits intérieurs : Léo Ferré est pour moi un poseur égocentrique (lisez ses correspondances), bien cerné par le poète Xavier Grall à l'époque, et j'adore Léa Salamé quand Jancovici lui annonce qu'on ne devrait faire que 4 voyages en avion tout au long de sa vie. J'annonce aussi que j'ai fait de la socio-histoire et j'ai même bien connu la violence politique au pas des manifs jaunissantes et la voix de Liam gueulant tous les soirs quelque chose sur le "capitalèèèèsme". Un accent tolosan qui devrait être médaillé des Arts et des Lettres, on confie ça à SuperAlice.
Bref, ce monsieur Teboul est plutôt touchant, son cabinet est dans le Marais donc effectivement il restera dans un cercle plutôt déterminé, mais il aurait pu ne rien faire du tout et ne pas supporter la critique. Merci à lui, l'avenir nous dira son apport à l'œuvre commune !
Nombre de messages : 174 Âge : 32 Localisation : 00.000.00.0 Pensée du jour : « Il n'y a pas une tête lucide entre deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n'être pas les deux. » Date d'inscription : 22/07/2021
Nuage-Rouge/ Tycho l'homoncule Sam 18 Mar 2023 - 22:01
Tout feu tout flamme et toi camarade ?
Citation :
Oui, comme on sait, la poésie peut être une arme politique. De manière générale et par définition, le langage est éminemment politique.
Et partant de là la question qui peut se poser c'est : qu'est ce qu'on en fait ? Qu'est ce que les gens en font, pourquoi et comment ? Dans quels sens ? Oui c'est assez large mais en même assez ciblé car il s'agit de prendre conscience de ce pouvoir et de décider de l'orienter ou de le déposer ici où là : « Un grand pouvoir implique une grande responsabilité. » La discussion est ouverte vers cet horizon qui ne recouvre évidement pas tous les horizons du langage et de sa poésie, mais qui néanmoins les contacte.
Alice.,
Citation :
Oui c'est comme se tirer les cartes, vu qu'on lâche tout ce dont notre esprit veut bien se libérer, après tu regardes le résultat.
Pour moi la poésie ce n'est pas assembler des mots au hasard. Après, faire de nombreux essais au hasard peut donner quelque chose de signifiant sur un coup de chance je ne le conteste pas.
Citation :
il y a une projection et peut être, tu remarqueras que tu peux te retrouver à écrire des trucs qui vont t'arriver une sorte d'auto pnl
La pnl je crois bien que c'est du bullshit...
Moi ce que j’interprète par une « une arme chargée de futur », c'est que la poésie peut (doit?) être un saut vers l'avenir à travers le langage, comprendre « avenir » non comme la suite du présent selon la ligne du temps, mais comme le futur provoqué d'un présent conservé dans un état stagnant, par un certain ordre social. L'avenir c'est ce qui fait suite aux événements qui brisent la reproduction d'un présent plus ou moins identique à lui-même malgré le temps.
C'est ce que je comprends dans « chargée de futur », la poésie tire avec le boulet rouge du futur qu'elle envisage, qu'elle provoque, sur ce présent de conservation, sur cet ordre social maintenu dans un même temps (ou dans un « en même temps »).
Citation :
après tu te retrouves avec des coïncidences flippantes. Je tiens à ajouter, que JE le forum est une fourmilière à ce genre de phénomènes, pour moi en tout cas... Enfin bon, la magie de JE
Pour ma part je suis plus que sceptique quant à l’existence de tels « phénomènes » mais j'imagine sans autre réserve que si des événements reçoivent cette interprétation c'est qu'elle contribue à leur donner du sens.
Citation :
Ça fait plaisir de voir des questionnements. Je peux essayer de préciser certains points si tu le souhaites !
Précise et développe tout ce que tu jugerais utile de partager je t'en prie, l'espace est fait pour ça.
Le trader,:
Citation :
Poser une question c'est déjà y répondre. C'était le piège de mon vieux topic sur la hauteur poétique !
ZzzzzZZzzZZz
Citation :
Avant de lancer des critiques, faudrait apprendre à faire.
Non, avant de faire il faut apprendre à critiquer. Avant de faire il faut savoir pourquoi faire, comment faire, quel sens ça a de faire ce qu'on fait. Sinon on reproduit des choses pour des raisons douteuses sans le moindre esprit critique sur ce qui se fait et se reproduit devant nous et à quoi on se conforme à participer. Et dans tous les cas on n'a pas besoin de "faire" pour critiquer ceux et celles qui "font". Cet argument est purement sophistique. "Faire" n'est pas un gage de qualité, d’éthique, de pertinence. "Faire" ne donne pas plus de droits à la pensée et à l'expression que "ne pas faire".
Citation :
Il reste à savoir si on veut militer pour la poésie, ou pour tout autre chose
« Militer » pour « la poésie » de manière abstraite, ou implicitement rattachée à une tradition et un mode de socialisation, c'est prendre parti sans le dire. D'ailleurs « militer » pour la poésie, qu'est ce que ça veut dire ? Pourquoi se sentir un besoin de « militer » pour cette poésie ? Ta posture paradoxale s'abolit dans la critique qu'elle essaye de porter sur le militantisme politique dans l'engagement poétique, puisqu'elle réintroduit une forme de militantisme dans la poésie.
Par ailleurs, la question ici c'est pas de forcer toute poésie à être explicitement politique ou militante. La réflexion part de cette absurdité (stupidité?) de concevoir la poésie comme un « contre pouvoir sans pouvoir », ce qui n'a pas le moindre sens, et à considérer que la poésie devrait être un mode d'expression volontairement soumis et disposé à « déposer » ses armes. Pourquoi ? A qui profite l’empêchement du crime ?
Citation :
on peut toujours poser son idéologie et sa vision du monde
Non : « on ne peut jamais ne pas poser son idéologie et sa vision du monde », il y en a qui l'assument et d'autres qui se cachent derrière « la poésie » ou « les lois du marché »....
Citation :
Elle n'est pas un sport de combat, et elle tend à aller autre part que dans le combat et la lutte - pour celle qui me semble dire quelque chose d'universel et de singulier, qui possède cette force et ces mots qui parlent à chacun.e et à toustes à la fois.
Mdr, ça n'a pas le moindre sens, ça n'est même pas argumenté. En quoi une lutte ne pourrait pas faire l'objet d'une poétisation ? En quoi la poésie a-t-elle vocation à ployer le genoux devant un pseudo-universalisme abstrait qui, preuve de sa fausseté, reléguerait hors de lui le politique et les luttes. En quoi la poésie aurait-elle une vocation universelle ? En quo la poésie ne pourrait pas être mobilisée comme arme de lutte ? La poésie se manifeste sous des formes variées (tu le reconnais après) qui dépendent des contextes socioculturelles et donc potentiellement politiques.
Ta réduction de la poésie à un fantasme de consensualité abstraite et de communion pseudo-humaniste est ridicule.
Citation :
Les choses ne sont pas aussi simples que "interroger le rapport culturel et politique qui préexiste à cette conception asymétrique de la poésie cherchant à se faire valoir" - formulation qui me fait inévitablement penser au sketch de Franck Lepage (lien).
Qui a dit qu'elles étaient « aussi simple » ? Moi je pose une question sur cette part de la réalité, si ça t'intéresse pas tu vas poser une autre question qui t'intéresse. Par ailleurs, je suis pas sûr que tu aies bien compris le propos politique de Lepage dans ce sketch, pour le convoquer aussi mal...... Lepage, qui est le fer de lance de la critique populaire des institutions culturelles et de l'hégémonie de la culture bourgeoise en France. Il dénonce dans ce sketch le faux langage des institutions qui remplit et dissimule le vide de l'action publique et de sa présentation/légitimation par ce langage. Il ne dit jamais que le langage scientifique ou de théorie politique c'est de la novlangue, celui là même qu'on peut utiliser pour décortiquer et mettre à jour la novlangue néolibérale. Tu fais un contre sens immense. La « conception asymétrique de la poésie » renvoie justement à cette valorisation de certaines formes culturelles, portées et promues par certaines populations/classes et leurs institutions, envers d'autres populations, mouvement qui se fait dans un sens du légitime vers le « profane », le « beauf » ou le « barbare » (supposés), ce qui marque la subalternité d'une culture par rapport à une autre. Si tu connais un peu lepage, tu sais que pour lui la « Culture » est anti-politique. Tout ramener à "la culture", promouvoir "la culture pour elle-même", c'est une anti éducation populaire. Il dénonce justement l’hypocrisie de la pseudo « démocratisation culturelle », qui n'est qu'une course sans fin à la culture légitime à l'avantage tendanciellement constant des bourgeois (métaphore du parapente dans la bulle d'air).
Si tu n'as pas compris ma phrase c'est donc ton problème, mais pose une question, parce que là tu fais un hors sujet total, je ne suis représentant d'aucun pouvoir institutionnel, ici on n'est pas dans un colloque, et au contraire je dresse la critique de la pauvreté béate de la relation qu'entretiennent les médias bourgeois à « l'art ». Ce que je fais, quoi que tu en penses, c'est l'inverse d'une « novlangue » néolibérale destinée à noyer les enjeux politiques dans un langage managérial, puisque mon propos est justement de révéler des enjeux politiques de/dans la poésie, de politiser la poésie ou de poétiser le politique.
Citation :
la poésie n'est pas un tract politique, ni un bouquin de socio mal dégrossi
Sans blague... si on choisit de faire un tract on fait un tract, de la socio, de la socio, et de la poésie de la poésie. Ça répond pas du tout au sujet, ça déplace seulement la question sur le choix des armes. Tu tapes toujours à côté.
Citation :
encore moins une tentative de conversion du prolétariat en littéraires accomplis
Tu commences à comprendre, relis toi, c'est toute la question en fait.
Citation :
La vie n'est pas asymétrique, elle est erratique.
Non la vie est asymétrique à un instant t. Tu es dans une manif face à une charge de crs, je t'assure que la vie est asymétrique. Tu vas chercher de la nourriture au supermarché et tu te prives de certaines denrées par manque de moyens ou tu es contraint de voler, asymétrie, tu as 15 ans dans une salle de cours face à un prof, asymétrie, tu te fais violenter par ton conjoint et la police refuse de prendre ta plainte, asymétrie. Tu vis dans quel monde pour proférer ce genre d'assertion sans fondement ? Et pour chercher à effacer les ordres de domination qui produisent de l'asymétrie dans les rapports sociaux ? Ton discours me confortes dans mes raisons de critiquer cette vision de la poésie (qui ne se borne pas à dire que toute poésie n'est pas forcément politique, mais qui refuse à la poésie son potentiel politique) et le mode de penser qui la supporte et la promeut. C'est un mode de pensée inconscient des enjeux du monde dans lequel, sur lequel il est censé porter son discours poétique, sur lequel son discours poétique est censé porter. Ce qui ne veut évidement pas dire que tout discours poétique soit obligatoirement, exclusivement et explicitement politique.
Citation :
C'est-à-dire que, parmi ses nombreux mystères
Les mystères je sais pas bien ce que c'est, il y a des inconnues.
Citation :
un jeune de banlieue va autant adorer Verlaine ou Apollinaire qu'un jeune bourgeois
Déjà, non. Pas sociologiquement, pas tendanciellement. Les goûts et les dégoûts sont déterminés par le milieu socioculturel d'origine. Ensuite il peut y avoir des exceptions évidement, et des socialisations secondaires qui modifient certains intérêts. Mais en vrai c'est pas la question. On s'en tape que les gens aiment Apollinaire. C'est pas une fin en soi d'avoir accès à Apollinaire et ce genre de poésie.
La droite est remplie de gens qui aiment tout un tas "d'artistes rebelles" pour de très mauvaises raisons, sans en reconnaitre ni tirer de conséquences politiques.
Citation :
Il est même possible qu'ils se retrouvent sur les bancs des mêmes prépas et sympathisent ! (et ça fait un film français).
Possible mais pas probable..... (la bourgeoisie culturelle aime sans doute mettre en scène la fraternisation interclasse du dominé avec le dominant... Parce qu'elle y a intérêt. Un bon prolo c'est un prolo qui « s'élève » comme un bourgeois tout en restant son obligé, son subalterne)
Citation :
Il est également possible que de prétendues élites n'y connaissent rien en littérature et en poésie (rip Fleur Pellerin)
Et alors ? Tu crois que je soutiens que Léa Salamé s'y connaît en quoi que ce soit d'un peu sérieux ? Bien sûr que non. L'apparence de la « culture générale » suffit bien souvent, seulement l'allégeance même. Néanmoins cette « culture générale » légitime est composés de certaines références incontournables chères aux classes dominantes (bourgeoises), reconnues comme telles.
Citation :
et que le lumpenprolétariat dévorent et récitent par cœur des poèmes...
Mdr, mais bien sûr...
Citation :
les choses ne sont pas binaires
Si elles le sont souvent. Encore une fois, entre la défense des intérêts propriétaires et lucratifs, et la défense des intérêts des non propriétaires de leurs logements et moyens de travail, les choses sont binaires. Etre perçu ou non comme femme ou non-blanc et subir ou non des discriminations sur ce caractère, c'est binaire. Pouvoir voyager ou non partout dans le monde parce qu'on a tel ou tel passeport, c'est binaire. Etc. Et souvent la complexification injustifiée de certains enjeux pour effacer cette binarité (qui n'est en fait que le fruit d'antagonismes politiques) est simplement une manœuvre de diversion et de démobilisation à des fins de ne pas résoudre, conjurer cette binarité, cette asymétrie, et de la recouvrir par autre chose d'insignifiant, de secondaire.
Citation :
il n'y a que des gens, qui aiment ou n'aiment pas poétiser,
Mais à part ça rien n'est binaire !
Citation :
poétiser, écrire, lire, s'intéresser, de tous milieux, de tous âges, et surtout qui essaient de contrecarrer leurs naissances, qu'elles soient bonnes ou mauvaises
Non mais c'est pas la question. Déjà ton affirmation est en grande partie fausse. Une activité étant en grande partie déterminée par ton milieu socioculturel. Et d'autre part ça ne dit rien des formes, modalités et objectifs de poétisation justement, qui est tout l'enjeu mes réflexions initiales.
Moi je pose la question de ce qu'on décide ou non de faire de cette arme poétique et comment.
Contrecarrer sa naissance qu'est ce que ça veut dire ? La naissance n'est pas un sort qu'on contrecarre. On doit composer avec sa naissance toute sa vie.
Citation :
Poser violemment des modèles, des stéréotypes de classes, tout en se défendant d'être parangon des genres et des justices, c'est cocasse.
Mdr encore à côté. Dire que le milieu socioculturel conditionne tes goûts et tes pratiques c'est pas poser des stéréotypes, c'est comprendre pourquoi la réalité est tendanciellement telle qu'elle est. Et c'est justement mettre sur un même pied d'égalité des milieux socioculturels différents sans essayer de faire croire que tel auteur devrait/pourrait intéresser tout le monde, que tout le monde aurait un besoin vital de connaître tel auteur ou d'être initié/assimilé à telle pratique.
D'ailleurs initialement je pars bien de deux conceptions de la poésie sur le motif de « l'arme » et du pouvoir. Je n'ai rien dit des formes particulières, j'ai interrogé la dialectique de cette opposition.
Ce qui est rigolo, pour ne pas dire cocasse, c'est de voir à quel point tu passes à côté du propos.
Citation :
Je vais un peu plus loin, il y a pour moi des faits poétiques absolument partout, qui rendent cette question non seulement stérile, mais tout à fait stupide.
C'est parce que ton interprétation de la question est stupide.
Citation :
La poésie est présente en nous, autour de nous, et il ne tient qu'aux poètes.ses de s'en saisir.
C'est justement toute la question, de quoi, pourquoi et comment se saisir ? Là tu n'a rien dit qu'on savait déjà malheureusement. Par exemple un couché de soleil ce n'est pas de la poésie, c'est un couché de soleil. Et écrire « couché de soleil » ou « fleur » dans texte, ce n'est pas poétique. La poésie, au minimum elle traduit un regard sur le monde en même temps que sur le langage. C'est cet acte de traduction qui porte un pouvoir armé, alors qu'est ce qu'on en fait ?
Citation :
des personnes qui sentent ce petit truc indicible qui fait compter sur les doigts
T'es sérieux ?! La poésie pour toi c'est vraiment un truc qui te fait compter sur le doigts ou découper des phrases ? C'est rien qu'un jeu de boulier ou un exercice de syntaxe quoi. Quelle tristesse.
Citation :
Elle n'est pas arme, ni fleur, ni violence, ni paix, elle est, si on la fait.
T'as bien fait avancer la discussion là. La poésie c'est poétique, la pluie ça mouille et le feu ça brûle.
Citation :
Quand je lis le champ lexical de la guerre, de la puissance, du pouvoir, j'ai l'impression qu'on se trompe complètement de sujet.
C'est pourtant le sujet alors peut-être que tu t'es toi trompé de sujet...
Citation :
Déjà parce qu'on ne peut pas défendre la poésie en la revendiquant guerrière ou armée.
Pourquoi ? J'espère que ton argument n'est pas ça :
Citation :
Que dire d'un.e poète.sse voulant réduire à néant une partie de la population pour instaurer ses poèmes à toustes ?
Tu comprends bien que porter la poésie comme une arme ce n'est pas imposer un poème à tout le monde … ? ce qui me semble surréaliste c'est de devoir défaire cette homme de paille ridicule.
Citation :
Vous voulez poétiser en mettant au ban une partie de la population, en séparant encore une fois les gens, en créant ressentiment, colère, expurgation, vengeance, en reprenant du pouvoir ?
Oui totalement, l'heure est à l'apologie de la contre-violence de classe, à la reprise du pouvoir sur les existences opprimées, méprisées, c'est la révolte, l'heure du chaos et ça passe par se réapproprier un langage et une culture, commune à nos intérêts de classe, pour soi, en soi.
Citation :
C'est devenir ce qu'on dénonce, les victimes deviennent des bourreaux et reproduisent ce qui a déjà été.
S'il faut des "bourreaux" pour exercer la justice... ce ne serait qu'une juste compensation.
Citation :
On peut tout à faire défendre ce schéma, mais ça souillerait la poésie, le propos, la personne, et une certaine idée du bonheur (dit sans idéalisme de quelque nature).
jean Rictus et ses soliloques du pauvres, ça souille la poésie ? René Char ça souille ? Mahmoud Darwich ça souille la poésie ?
La poésie doit être bienveillante, calme, sage, soumise, sans revendications ? Je sais pas si c'est ta volonté mais ta vision moraliste de la poésie te conduit encore une fois à conforter mon opposition à cette conception, pour les intérêts explicitement contre révolutionnaires, pseudo apolitiques et donc conservateurs qu'elle exprime. Quant au « bonheur », quelle rapport avec la poésie ?
Citation :
la difficulté de terminer les révolutions, quand on tue, quand on produit ou reproduit des souffrances, comment s'arrêter ?
Ca ne s'arrête jamais, c'est le propre du politique dans les sociétés humaines, qu'on se le dise une bonne fois pour toutes. Une fois que c'est dit il faut choisir son camp à chaque instant. Et trouver des armes pour se défendre, car en face ils ne font pas de cadeaux. Pourquoi refuser de considérer le pouvoir politique de la poésie, ou la force poétique de l'engagement politique ?
Citation :
Léo Ferré est pour moi un poseur égocentrique (lisez ses correspondances)
Je m'en fiche là, j'ai pris son texte pour illustrer, et je le trouve stylé.
Citation :
et j'adore Léa Salamé quand Jancovici lui annonce qu'on ne devrait faire que 4 voyages en avion tout au long de sa vie
J'ai pas la ref
Citation :
j'ai même bien connu la violence politique au pas des manifs jaunissantes et la voix de Liam gueulant tous les soirs quelque chose sur le "capitalèèèèsme"
pas compris ou tu voulais en venir
Citation :
ce monsieur Teboul est plutôt touchant
C'était pas la question... je dis pas que ce qu'il fait est mal ou bien en soi, j'interroge la conception de la poésie qu'il véhicule et sa réception par la bourgeoisie culturelle.
Nombre de messages : 778 Âge : 38 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 24/09/2017
SuperAlice/ Adjointe sérénissime à la modération reconnaissante Sam 18 Mar 2023 - 23:35
Coucou
Je vais juste essayer de recentrer mon propos tout en essayant de coller au thème, c'est assez difficile parce que c'est un peu large !!
Je pense que pour parler du temps : passé présent futur et de le faire coïncider avec la pratique d'une écriture que j'appelle "automatique, il faut considérer que pour mon cas, je me positionne dans un espace neutre, je plonge dans un univers homogène ou le temps n'existe plus, pour moi c'est ainsi que l'on doit exister en tant que poète, ou que j'aime exister en tant que poète.
De là, s'aligne des mots qui sortent bien de moi même, de tout ce que je vois connais ai vu, maîtrise plus ou ne maîtrise pas, coïncident par des biais passant du coq à l'âne peut être mais sont rattachés dans mon esprit par des cordelettes. C'est pour ça que j'aime bien ne pas travailler mes texte pour que le chemin soit visible et que l'on puisse l'interpréter comme on interprète un rêve ou comme on tire les cartes en gros !
Il est dur de s'auto persuader de choses qu'on ignore, à moins vraiment l'hypnose certains adhèrent sur eux cela fonctionne et tant mieux si ça peut aider des personnes en détresse. 🫤
C'est un peu la même chose que tu dis il me semble.
Mais je reste fascinée par les effets de l'espace temps ! Il y a véritablement quelque chose à fouiller. Le césium est beaucoup plus précis que le quartz pour calculer le temps. Mais c'est grâce au scepticisme que tant de choses sont expérimentées ! 🤭
Le temps n'est qu'un calcul, que sommes nous pauvres fourmis, pauvres futur pétrole et encore peut être même pas, la planète aura peut être explosé d'ici là.
C'est très rimbaldien cette histoire de saut ! " Le poète doit se faire voyant" oui il faut être moderne... Si ce n'est fait je te conseille vraiment la lecture de ses œuvres complètes !! Il parle de ce saut que doivent faire les poètes de leur statut de porte bannière aussi, de folie. Quand je dis qu'il m'a sauvée c'est vrai, j'ai du revenir de l'au delà, je sais pas où j'étais je peux pas vous faire une description des enfers grecs, même si je connais les lieux comme ma poche, j'adore je kiffe, mais oui quoi petite saison en enfer ça m'a pas fait de mal, je suis là avec vous en partie grâce à la voix de Rimbaud, d'autres dont la voix est sympa sans arrêter d'écouter du rap bien saillant aussi, beaucoup Lim et rattraper la réalité.
Donc pour moi l'écriture automatique n'est pas aligner des mots au hasard, je lançais avant une phrase d'amorce, je ne le fais plus trop elle ne fonctionne plus . Mais j'inspire et me lance et suis un fil que l'esprit me propose, je "trouve" mon poème comme disaient les trouvères ou troubadours !
Contenu sponsorisé/
La plume est-elle une arme ?
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum