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 La conception du féminisme dans les romans ?

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HilnaMacPhom
   
    Féminin
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HilnaMacPhom  /  Gloire de son pair


Salut,

J'ai bien suivi cette discussion que j'ai trouvé très intéressante, et j'ai préféré prendre le temps de la réflexion avant de poster mon petit avis, histoire de construire des arguments plutôt que de les balancer pouf comme ça.
Avant de ŕépondre aux questions, je pense qu'il faut tenir compte du fait qu'il n'y a pas 1 féminisme, mais DES féminismes. Et ce n'est pas une question d'être "modéré.e" ou "féminazi.e", c'est plutôt que chacun.e pourra projeter dans son appropriation du féminisime ses autres valeurs politiques' idéologiques ou religieuses. Et chacun.e pourra sincèrement s'affirmer féministe alors que d'autres diront qu'il.elle l'est trop/pas assez/pas de la bonne manière. Et pas toujours poliment d'ailleurs comme en témoignent certains posts de ce sujet 😊
Cette idée posée, je vais tenter de poser mes réponses aux questions.

Lisez vous des romans féministes?
A priori non, parce que je vais forcément me demander qui a posé l'étiquette féministe sur le bouquin, et pourquoi. Ça risque de créer une crainte d'être déçue si moi je ne trouve pas le roman féministe, c'est à dire s'il traite le sujet d'une manière différente de ma conception à moi du féminisme. Par exemple, il y a quelques années une collègue m'a prêté un roman en me disant qu'il était "un peu féministe". En fait il y avait juste une scène de sexe entre 2 femmes... et quand je lis des romans d'amour estampillés féministes, ou en fait les protagonistes sont féministes parce qu'elles se bourrent la gueule tous les 2 soirs et que ça fait bien rire leurs mecs, je me dis que c'est certes un progrès, mais que j'attends peut etre une vision un peu plus cérébrale de la chose.
Enfin il y a les romans dont le thème central est la position de ,a femme dans la sociéte, à travers un personnage central. Ça peut tout à fait m'intéresser et je suis ravie d'en lire, mais honnêtement j'ai forcément une appréhension, et la crainte d'un traitement qui manquerait de nuances.

Qu'attendez vous d'un roman féministe?
Pour moi un roman qui est un bon roman est forcément un roman féministe. Tout simplement parce que les personnages seront traités en profondeur, en tenant compte de leur histoire, de leur contexte, de leurs contraintes... et donc comment pourrait on faire un bon roman en cantonnant les femmes à des sous rôles, des pensées simplifiées et un rôle de faire valoir de personnages masculins? Pour moi ce n'est pas possible, et Houellebecq le prouve à chaque roman avec son traitement consternant des personnages féminins.
Et donc, il y a pour moi une distinction fondamentale entre un roman réaliste et un roman fantastique/science fiction. Dans un roman réaliste, ça ne me choque absolument pas que certains personnages soient stéréotypés, parce que la sociéte l'est ! Et encore plus dans un roman historique, ou là on peut avec de belles intentions partir dans des anachronismes irréalistes. En revanche ce que je ne supporte pas et qui peut me faire reposer un livre, c'est si cette situation est considérée par le narrateur comme justifiée. Et qu'à aucun moment ou d'aucune manière la condition féminine de l'époque n'est questionnée, qu'elle est traitée comme un fait normal et cohérent et non comme une injustice.
En revanche, en SFF, le problème est tout autre. C'est un genre où malheureusement il y a en general une galerie de personnages qu'on retrouve dans tous les romans, et où les stéréotypes peuvent y être consternants alors que rien dans le contexte de l'histoire ne le justifie. Dans ces cas là, on a parfois l'impression d'être dans un fantasme masculin plus que dans un roman... et donc, comme je le disais, pour moi, c'est pas un bon roman 😉
Autre registre : les thrillers, où les auteurs prennent un plaisir sordide à torturer, violer des personnages féminins toujours belles, douces et délicates. Ça ça me fait horreur et quand bien même ce serait justifié dans l'histoire, trop souvent j'ai eu l'impression que l'auteur ne se rendait pas compte qu'il.elle véhiculait une image de la femme forcément victime. D'ailleurs dans ces romans on peut trouver des femmes fortes qui élucident les crimes, mais on retrouve le clivage femme forte intelligente et pas belle / femme douce belle bête et victime. Jamais de femme victime grosse et moche, ni de femme intelligente petite et canon (miss marple mise à part 😉).

Quels sont les écueils à éviter dans un roman féministe ?
Les mêmes que ceux que je viens de citer, mais dans l'autre sens. Pour moi un bon roman et un roman avec une histoire bien construite, qui se tient, avec des personnages profonds, réfléchis, à la psychologie riche, qui tienne compte de la complexité de la nature humaine et de la société. Si ces deux aspects (histoire/personnages) sont insuffisamment traités parce que l'auteur a mis toute son énergie dans la défense de sa vision du féminisme, le roman sera peut etre feministe, mais il ne sera pas bon...
Et surtout, surtout, surtout, ce qu'il y a de pire ce sont les clichés : je veux faire un roman féministe donc il faut qu'il y ait des lesbiennes, une femme battue qui va mettre une tarte à son mec, etc. Au final ça n'apporte rien, ni à la "cause" ni à la littérature. Bref pour moi le principal écueil c'est de croire qu'il y a des ingrédients qui font qu'un roman est féministe. Non, pour moi, c'est le traitement de l'histoire qui le rend féministe.

Des idées de romans :
Pas plus que ça, mais en y réflechissant j'ai trouvé que dans L'archipel d'une autre vie, Andrei Makine avait brillemment traité son personnage féminin et ses personnages masculins. Pourtant pas sûr que le gars soit féministe. Ensuite les livres de Le Clézio sont toujours très fins avec des personnages féminins de leur époque et de leur société, mais avec une richesse dans la manière de présenter leur complexité qui me ravit toujours.
J'ai aussi un bon souvenir de How to kill your husband and other household hints de Kathy Lette, qui pour le coup est assez caricatural mais traité comme tel et vraiment, vraiment très drôle.
Enfin j'adore Ellana de Pierre Bottero. D'accord, on est dans le stéréotype de la jolie fille (et après tout les jolies filles aussi ont le droit d'exister), mais pour tout le reste, j'adore ce personnage que je trouve inspirant : elle est belle, mais elle s'en fout, elle est forte, mais c'est pas une fin en soi. Elle rit, elle raconte des blagues, elle escalade, elle pleure, elle doute, elle s'énerve, elle fait des erreurs. Parfois elle aime, parfois elle est solitaire, parce qu'elle reste toujours fidèle à elle-même. Elle est libre avant tout, et pour moi le féminisme c'est ça : des femmes aussi libres qu'elles veulent l'être.
 
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    Masculin
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VivianW  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Merci Hilna pour la justesse de ton message dont je partage totalement les idées.
 
Chimère
   
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Chimère  /  Constamment Fabulous


Merci à tous.t.e.s pour vos retours !
J'espère que d'autres membres se sentiront de venir participer dans le futur, et que ce sujet pourra aider des auteur.ice.s à (re)travailler leurs personnages.
Vos points de vue m'ont globalement été très précieux, et je pense qu'ils vont bien m'aider dans mon travail à venir o/
 
De Joriis
   
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De Joriis  /  Petit chose


J'ai lu les échanges avec beaucoup d'attention, avec en tête l'envie d'y participer et de définir ma vision du féminisme dans les écrits.
Maintenant sur le post pour répondre, j'avoue ne pas savoir quoi ajouter de plus à ce sujet tant les principaux axes et enjeux sur la question ont été traité.

J'écris beaucoup au féminin (je l'avoue : je suis hyper nulle pour avoir des persos masculins "consistants") et ce féminin reprend des lettre de noblesse dans la langue française. En écrivant sur un conte lorsque je me relançais dans l'écriture, je m'amusais à remettre en avant des mots au féminins tombés dans l'oubli (je pense à sauveresse, notamment). ça donne aussi des pistes inexplorés sur la manière d'exploiter les outils que notre langue nous permet.
Je n'ose pas imaginer l'état du texte si je les traduisais en anglais (qui est plus neutre que le français). Tout ce que je cherche à mettre en avant finirais par s'évaporer. scratch

On m'a une fois reproché de ne pas mettre suffisamment de testostérone dans mes écrits et de ne pas proposer une parité. Si tout le monde proposait les mêmes codes d'écriture, où serait la diversité d'écriture ?

Une vision féministe sur l'écriture permet aussi de redonner aux féminins leur juste place dans la langue écrite. L'accord de proximité et les noms féminins étudiés à l'école m'ont beaucoup apporté. D'autant que nous pouvions mettre "elles" si le groupe de personne étaient à majorité féminine.
Même à l'école, on nous présentait le féminin comme pleinement assumé tandis que le masculin était des plus lambdas, neutre. Donc j'ai toujours eu cette lecture "girl power" de la langue française.
C'est en parcourant les forums d'écriture que je me suis rendue compte que cette lecture de la langue n'était pas partagé par les autres membres.

Je suis un peu partie dans tous les sens, mais je voulais m'exprimer dessus. Mettre en avant le féminin sous toute sa diversité dans les textes est aussi assumé une piste féministe à explorer (je l'assume beaucoup plus).

Difficile de parler de féministe en une seule définition car subjective ; à chacune sa vision pour des raisons historico-culturelles et personnelles (le vécu et tout).
 
Henry
   
    Masculin
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Henry  /  Clochard céleste


Dans les livres, je ne sais pas, mais ce qui me gène énormément dans les productions qui se revendiquent féministes est qu'il s'agit d'une simple inversion des rôles socionormatifs. Et la transidentité n'est jamais représentée, et si elle l'est, il s'agit exclusivement de travailleur du sexe.

Le point positif, c'est qu'on en parle, bien sûr on est sur un schema connu, on se moque, on est contre, et l"impensable finit par être adopté : comme le droit aux femmes d'avoir leurs propre compte en banque.

Dans le féminisme, ce que j'aime en ce moment, c'est de voir la dénonciation ; à quel point des personnes de talents et compétentes se sont vues spolier leurs travaux par des hommes, ou mis au banc, sous le seul prétexte qu'elles étaient des femmes.
 
Valady A.
   
    Autre / Ne pas divulguer
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   Date d'inscription  :  23/02/2022
    
                         
Valady A.  /  Petit chose


Hello, je viens poser mon avis ici Smile

Je ne cherche pas spécialement de lectures féministes, principalement parce que j'ai peur de ce qu'on peut y retrouver dans la représentation, justement, du féminisme (du coup, je suis très heureuse d'avoir plein de références grâce à vous ! ). Globalement, je m'inquiète de lire, comme ça a déjà été évoque, du pseudo-féminisme du style c'est une héroïne et pas un héros, donc c'est féministe. Du style, les femmes sont toutes badass et pas les hommes, donc c'est du féminisme. De prendre les clichés du patriarcat et de les inverses en gros.

Dans l'idée que je me fais d'une lecture féministe, c'est de ne pas se poser de limites sur un role ou un rebondissement sous prétexte que homme ou femme. Et je n'ai pas envie d'avoir ces nuances par contraintes: l'homme qui s'occupe de ses enfants parce que sa femme est morte, l'héroïne qui devient une machine à tuer sans état d'ame parce que les besoins de l'histoire l'y oblige etc. (J'espère que je suis claire, sinon je reviendrai sur mon message).

Du coup, pas vraiment de lecture féministes, pas estampillées en tant que telles. J'avais lu, plus jeune, Automates ( Nathalie Le Gendre) et Sohanne l'insoumise (Eric Simard) qui m'ont marqués, mais je ne sais pas si avec mon regard d'adulte actuel je les trouverais aussi pertinents que dans mon adolescence.
 
   
    
                         
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