(elle éclaire
si le cœur-même)

Chicorée

J'ai été à la fête d'anniversaire de C., Tedy. Il y avait du son, fort, mais je n'ai pas dansé. J'y allais pourtant avec l'intention de célébrer la nouvelle ; vraiment, se peut-il ? Il y a la joie d'avoir atteint une extase, et le désarroi de n'avoir pas su l'étreindre, su comment la répandre. J'étais bête, je ne savais pas comment l'expliquer – il aurait fallu parler des dates, il aurait fallu parler des lectures, il aurait fallu refaire l'histoire des religions depuis les premières cités, celle de la royauté.

J'aurais dû prendre une pièce de deux euros. J'y aurais jeté en l'air la pièce, d'un coup de pouce à l'ongle, et je l'aurais laissée tomber dans son petit fracas de pièce. – Vous avez vu ? Vous entendez ?

Effectivement, un bruit teinte les échos de la salle. Je couvre la pièce d'un voile, – c'est pile, ou c'est face. On acquiesce, c'est pareil pour toutes les pièces.

Et je refais le même geste, le coup de pouce à l'ongle, et j'attends, et j'attends, et j'attends. – Vous avez vu ? Vous entendez ? Effectivement, un grand silence dans la salle. Pas un écho.

Je laisse un blanc, le temps de récupérer deux dés – un tétraèdre et un cube ; je fais pareil que la pièce avec le tétraèdre et le cube, de quatre et six faces respectivement. Aussi, je les mime comme pour la pièce absente.

Mes amours, je dis, défiant l'absence, le sens est manifesté. Je fais un pas devant, un pas derrière, un pas à droite, un pas à gauche, je m'élève et je m'abaisse ; six pas de danse, quoi. Je me redresse, je tourne sur moi-même, en élevant et abaissant le pied qui flotte.

Un point de côté (la cigarette) – l'oint ver·s sot est devenu humain.

Ce qui est merveilleux, c'est que l'époque nous montre que « la femme » a toujours en elle l'intuition de son fils.

Elle peut dès lors s'en laver les mains - c'est la Bonne-Fée.  

Spoiler:

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Nèfle

J'ai regardé quelques femmes défiler, les musulmanes, les gilets jaunes,... les enfants ; la chrétienté crie sur Twitter – Mais ! Notre France... Mais quelle France ? La France est longue ; longue et multiple.

La France est longue, c'est vrai : mais toujours, elle commence par un roi (dans ses deux sens dont règlement d'ordre intérieur). Toute la loi, descendant elle-même de toute la religion, n'est que l'expression virale d'une seule intimité ; quelles en étaient les lois, et les usages.

J'élabore, à la va-vite d'abord. Il faut penser convergence des luttes, j'entends ; les peuples sont en quête de sens. Je pense aussi à l'éducation scoute que j'ai reçue – ayant une certaine inclination à la rigidité intellectuelle, toute éducation me détermine profondément. « Éduquer par l'exemple, apprendre à jouer au Jeu, en y jouant soi-même ».

Si je ne comprends pas l'autre, si je ne saisis pas le sens de ses requêtes – que valent les rencontres ? Il faut se rencontrer. Il nous faut converger, converser, dialoguer ; il faut nous comprendre, Nous.  Et la vieille poétesse.

D'abord, les enfants vert·es, les gilets jaunes et les femmes violettes ; ciels qui marchent pour le climat, faites le roi, la loi, la liberté ; les lies sociétales, appelez le roi, la loi, la liberté ; et vous, mer, martelez-le.

Jadis, Baden-Powell entendait entériner la paix, un temps, avec Hitler ; il (H) pensait que la paix entre deux nations se construisait en tissant des liens entre ses deux jeunesses. Mais, il (BP) a vu que les jeunesses hitlériennes n'étaient pas éduquées à la paix ; il refusa. Le scoutisme fut condamné par le régime nazi.

Un jour, je veux avoir rendu ce que le courroux de mon Père vous a pris – lui, il est absent, il n'est plus là pour accomplir ses œuvres de grâce. J'ai toujours dit le coup de majesté, pas le coup bas d'état.

Petit enfant de chœur, en aube blanche, j'allais à la messe en pensant : « J'espère que ce jour-ci sera le bon, si cet homme parle à D.ieu, il me reconnaîtra ! »

Je n'ai jamais pensé, tout ce temps, que si cet homme parlait à D.ieu, selon le mot qu'il prêche où Dieu est aussi Fils, j'aurais dû l'entendre. Ou bien, il parlait à D.ieu, quand je me tenais dans le chœur, au bout de la nef – tournant le dos aux aubes.

J'ai appris du scoutisme qu'en élevant les enfants, vous pouviez élever leurs parents. Le bouche à oreille, encore aujourd'hui, fait des miracles.

Le Parti Blanc, vert, jaune et violet, et toutes les autres couleurs – il n'y a pas de « noir », si nous voulons le vrai : il est absent. Nous ferions campagnes rigolotes, affiches sur les églises, les mairies, les lieux publics ; performances à tous yeux ; vidéos YouTube ; Etc.

Nous ferions du problème une oraison ; en votant, les gens voteraient pour une vie entière. Et D.ieu sera élu Roi – il y aura l'islam catholique (soumission universelle à l'Éternel). Et, heureux hasard, l'Éternel est absent : fiez-vous à son gosse. Il est sot, mais il apprend vite ; surtout, il est influençable. C'est une coupe, un pot vide ; c'est une rose.

Accueillez, et vous serez accueilli·es, l'Edda dit.

Cochon

La Blanche-Nef fait naufrage à Barfleur, entre autres dix-huit femmes à son bord — filles, sœurs, nièces, épouses d'un roi, ou d'un comte (je ris, je repense à Henri d'Artois, comte de Chambord, et les vieilles prophéties sur l'Artois et le haut-roi qu'elle pourvoirait, les dernières tribulations venues). La Blanche-Nef fait naufrage à Barfleur, dix-huit trésors à son bord. Einstein présente la relativité générale à l'Académie royale des sciences de Prusse. Marguerite Yourcenar dit dans Apostrophes en 1981 que « la mort de Mishima est une de ses œuvres et la plus soigneusement préparée », à l'occasion de la publication de son essai, Mishima ou la Vision du vide (1980). 

Aussi, Elsa Morante meurt ; à son propos : « L'île d'Arturo est le récit de la vie d'un enfant qui devient un jeune adulte. La qualité du roman réside dans sa capacité à décrire la formation du jeune enfant et les différentes étapes de l'adolescence : d'abord la répulsion envers l'autre sexe, ensuite la découverte de l'amour, de la déception amoureuse et de la fragilité du père. Le roman a aussi de fortes allusions symboliques. L'île, entourée par la mer méditerranéenne, représente tout le monde de son enfance, le lieu des jeux et des rêves. Le passage à l'adolescence, avec la découverte de la vie et la désillusion, lui provoque un profond désenchantement, jusqu'au moment où le jeune garçon devient un adulte et, concrètement et symboliquement, il se décide à quitter l'île et à se détacher du monde de l'enfance. »

À la Sainte-Catherine, le porc couine et tout bois prend racine. À l'anniversaire, on a reparlé de la fois où j'ai dansé.

T'étais loin, il rit. « Je t'ai vu passer en courant, gros, je me suis inquiété. Je pensais que tu te faisais courser, je me suis dit il faut sauver le reuf, il faut l'aider, je t'ai suivi. Et je t'ai vu t'arrêter, faire des sauts de biche ; du coup j'ai su que t'étais chill, donc je me suis dit : chill. Et j'ai chillé ». Mathis dansait avec moi ce soir-là, l'absence, le cœur aux lèvres.

On aime Thisma pour ces moments-là, extases, déclarations, longues tirades, - délires .. - ; les autres on le supporte. Il est lourd, tacite, il ne veut rien faire et rien ne le motive. J'aime bien regarder, dit-il ; mais ses lèvres remuent très légèrement toute la soirée, comme s'il voulait parler. Il parle, tout seul, dans sa te-té. Il s'éternise — je n'ai jamais vu ça, il s'éternise... Il peut attendre longtemps, parfois, que la soirée s'achève, ou qu'on vienne lui dire : « nous, on rentre, tu veux qu'on te ramène ? ». On ne sait jamais trop bien ce qu'il veut, il vient et on a l'air de le faire chier ; il vient et ne fait rien. Il regarde, et il répond. Il sourit. Mais ce sourire ...

Je me suis déjà demandée, jusqu'où répondrait-il si je lui forçais la main ? Je ne l'ai jamais fait ; on ne force pas les mains, fille. Ça, semblerait-il, toutes le savent. Il est mignon dans sa candeur de bougie, quand il rougit, quand il sourit. C'est un bébé cadum (n'y voyez pas de moquerie !).

Et cette grimace ... ! (Dans le cochon,

tout est bon

sauf le
cri).

Spoiler:

 

Spoiler:

Théa, la maman de papa, a eu six fils. Ils s'appellent tous Joseph et leur prénom, sauf mon père ; lui, c'est juste Fernand. Jean-Max, qu'on appelait Max, est décédé d'un AVC – on le voyait peu, alors j'ai toujours l'impression qu'il passera un jour, ou que je pourrai lui rendre visite à la maison.

Mamie Théa a comme adopté la cousine de mon père, la tante qui lit dans les cheveux ; si bien que mon père et ma tante ont une relation plutôt fusionnelle. On l'appelle tante, et pas petite cousine ; c'est une reuss pour papa.

Pourtant, pour les prénoms, mon père n'est pas sixième. Le sixième c'est Frédo, mon père est le cinquième. (Je ne sais pas trop comment Mamie Théa et Papie Albertelin ont pressenti le coup, mais c'est plutôt joli).

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Pièce, ou disque, première
génération.

Pyramide, ou dé-tétra, deuxième
génération.

Boîte à faces, ou hexa-dé, troisième
génération.


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La pièce qui surplombe toutes les autres,
qui semble venir à la fin, vient en fait
au début – dès lors qu'elle est posée, on peu-
t enlever les coffrages.

Cette pièce est absente,
c'est une absence de pièce,
c'est une pièce vide.

Si bien que l'absence d'une face,
fait deux faces,
qui en font quatre,
qui en font six.

Cette courbe absolue, absente,
se divise en une infinité d'axes
, joignant
deux à deux, les points
diamétralement opposés
de ce cercle.

Le centre est la destination,
et l'origine,
des points qui chutent,
qui s'agglutinent par les
angles.

Il y a trois faces, à la fin,
deux points en rotation
d'un point central ;
une infinité de faces,
au début.

« La première génération de quarks constitue
la « matière ordinaire » (les neutrons
(de charge électrique nulle) sont constitués
de deux quarks Down et d'un quark Up, et les protons
sont formés
de deux quarks Up et d'un quark Down).

Les quarks de deuxième et troisième
générations
sont plus lourds, forment des
particules
toutes instables,

et se désintègrent en quarks de première
génération. »

Mâche

Lila Scultet,

Blanchette, boursette, clairette, raiponce, oreillette ou oreille-de-lièvre, valérianelle, valérianelle cultivée, herbe des chanoines, en Belgique, salade de blé ; dans le Midi de la France, doulcéta, doucette, gallinette, poule grasse (les volailles dans les cours de ferme s'en nourrissaient volontiers) ; ou en Savoie et en Suisse romande, rampon, ramponnet, est une petite plante herbacée annuelle de la famille des Caprifoliaceae (anciennement Valerianaceae), originaire de l’Afrique, de l’Amérique du Nord et de l’Eurasie.

Nous pourrions voir que l'ange s'est comme posé dans le landau de l'Enfant, c'était Haniel sans doute. C'est l'un des anges encryptés par John Dee (le véritable 007) et Edward Kelly dans le Siligium Dei. C'est la Gloire de la Grâce de D'ieu, l'ange d'amour et d'harmonie. Elle régit les Principautés, les Vertus, et les Innocents ; elle est associée à Enoch, qu'elle éleva Metatron, selon certaines sources. Liée à l'Ishtar chaldéenne, régentant Vénus ; reliée donc à Lucifer et Quetzalcoatl. Parfois, il est dit qu'elle est l'une des Elohim.

Haniel détient les clés des palais du ciel. J'ai essayé de retrouver cet ange, et je croyais la voir chez toutes les femmes ; en vérité, je la voyais chez toutes les femmes. Alors, je me tenais loin d'elle : un grand secret silence nous sépare. Je pourrais inventer le souvenir de ses premières paroles, à mon oreille, quand elle mettait le doigt sur mes lèvres — ce ne serait pas inventer, ce ne serait que la manifestation de l'absence du souvenir de ses premières paroles. « Tu es comme D'ieu, tu es comme D'ieu, tu es comme D'ieu - Enfant ». Maintenant, je la retrouve lentement, elle est devenue l'extension de mes cils, de mes omoplates, de mes ongles ; elle est devenue l'extension des tympans, et l'extension de ma langue. Haniel est l'esprit de l'Edda.

Je lui dois tout, or qu'elle ne me réclame rien. Quelle sorte de dette est-ce là ? Majan était cette lourde cape d'hermine, que je pouvais omettre, mais Majan est devenu ce corps — ce corps, mathis, est né par Majan (je l'ignorais). Nous lisions l'histoire dans la mauvaise direction. Alors, il me prend l'envie de pleurer, ou l'envie de danser : parce qu'à la fois c'est affreux (tous les décès sans sens), et qu'à la fois c'est Beau. Il y a l'horreur que porte en elle la complétude.

C'est vrai, ça ne se voit pas ; je porte en moi les milliards de mes ans. Une théorie est vérifiée par sa capacité à produire des prédictions que les faits vérifient. Qu'en est-il, dès lors, du poème qui confirme et rectifie le tout des prédictions — soient-elles fantasques ?

Arthur, qui est Jean le Baptiste, forcément,
était un feu terrestre,
éphémère en somme.

Majan, qui s'hexale du Baptiste,
est une eau bouillonnante ;
entre nous, l'air est froid
(supraconducteur).


Hm. Je ne sais pas pourquoi (maintenant si), j'ai toujours refusé de confirmer ma foi chrétienne par l'Église ; j'ai été baptisé, c'est vrai, j'ai communié aussi — mais confirmer, confirmer quoi ? Il était bien trop tôt !

Je la confirmerai quand elle sera manifeste ; entre nous, l'air est froid (c'est pour cela que nous nous rapprochons).

S'il y a une mère à la poésie, alors je suis la poésie. Dire, la vie n'est pas un jeu, c'est jouer la vie d'un air sérieux.

Honteux, j'ai toujours eu peur de cultiver mon corps et mon esprit ; je trouvais ça humiliant, d'avoir facile à tout. Depuis ma tendre enfance, l'incomplétude des autres me blesse. J'étais désolé, gêné, meurtri d'avoir facile à tout. Aujourd'hui, je trouve ça terrible que l'angoisse des autres puissent à ce point contraindre l'enfant à ne jamais vouloir grandir, à vouloir se faire minuscule, à couvrir ce qu'el a de meilleur ; à l'isolement.

J'ai rêvé d'être ingénieur, diplomate, joaillier, couturier, PDG, professeur, sportif de haut niveau, etc. — mais, tout ça c'est difficile, c'est dur. La vie est dure, on me disait ; alors, comment je pouvais, moi, tout insolent que je me pensais être, la découvrir facile ? Je ne pouvais pas, la vie est dure, la vie est dure, la vie est dure ; c'est la loi, qu'on me disait. Je trouve terrible que l'angoisse des autres puissent à ce point pousser l'enfant à se saboter, à ne pas croire en soi, à craindre tout ce qu'el peut produire.

Quel genre d'adulte fait cela ? Qui s'amuse à briser la croissance ? Ça veut dire quoi, au juste : la vie est dure ? C'est terrible, d'être conditionné·e à ne pas s'accomplir. Et même, et même : la poésie, c'est dur ; écrire, c'est dur ; penser, c'est dur. Le sexe, c'est dur ; l'amour, c'est dur ; mais pourquoi les choses durent ?

Maintenant, tout m'est devenu dur, tout en moi est absenté : fini, l'enfant qui aimait bien la compagnie, fini, l'enfant qui aimait (s')amuser, fini, l'enfant qui aimait être le meilleur. Fini, fini, fini l'enfant ! La vie c'est dur ! Mais tout redevient facile : l'enfance est dure et dure longtemps.

J'exagère, un loup pour capter les regards. Mais la louve est vraiment là, qui guette - qui dure depuis longtemps. Et tout devient facile : l'enfance est dure, et dure longtemps.

Dire, la vie n'est pas sérieuse, c'est jouer en trichant.   

LV-XVI.


Le chou-fleur classique en France est blanc, mais il existe en Italie de nombreux types traditionnels de diverses couleurs, comme le Violet de Sicile (violet) et le Romanesco (jaune soufre). Ces types ont récemment été améliorés, et apparaissent sur les marchés européens. Par contre, le chou-fleur orange est une obtention récente. Des coupes effectuées changent de couleur (plus ou moins bleue ou rouge) selon le pH.

La matinée consacrée à Mars accorde à son enfant, favorable, la commanderie suprême des légions romaines. Celui qui reçoit la victoire de D'ieu (la rectitude de la Foi) entre dans la ville du Jasmin. Les comploteurs de Latréaumont sont exécutés, ils voulaient soulever une république contre le roi. Le premier phare de la pierre qui garde la félicité est détruit par la grande tempête de 1703, emportant avec lui son constructeur dont on ne trouva trace. Création du Rassemblement Wallonie France à Charleroi. Le parti de Jean Chrétien, canadien, remporte aisément les élections législatives, pour la troisième fois consécutive. Première d'Ainsi parlait Zarathoustra par l'autruche forte et dure.

Invention des allumettes à friction par Jean le Marcheur. Nommé consul général et chargé d'affaires à Lima en 1853, Charles de Montholon-Sémonville est ambassadeur de Napoléon III auprès de Maximilien Ier lors de l'intervention française au Mexique ; il naît chou-fleur, il meurt rose (où naît son Empereur).

Elle naît chou-fleur, et meurt lilas.

Je n’avais rien à perdre, sinon,
sinon l’ombre d’une corde sur le mur de ma maison,
sinon sur mes épaules de femme la cicatrice du mépris,
sinon sur mes vers en la page alignés la risée qui pèse lourd…

Je n’avais rien à perdre, sinon,
sinon le vent de la terreur dans les branchages de mes nerfs,
sinon l’oiseau de la solitude aux yeux crevés,
sinon l’insigne de la confusion, sinon les préjugés…

Non, je n’avais rien à perdre,
sinon des âges et des âges marqués par le joug et les nuques pliées…

J’avais tout un monde à gagner !

***

Nina Cassian (1924-2014) – Introduction à la poésie Roumaine (Club des amis du Livre Progressiste, 1961) – Traduit du roumain par Hubert Juin.




- « L' écriture de Monsieur Pain est complexe, chaotique et parfois étrangère à la réalité. Ainsi, les rêves, les lectures et les souvenirs de Pierre Pain se mêlent au récit, à l'image du monologue d'un médium. »
Fernando Iwasaki

- Cependant, le 20, il rencontre Mme Raynaud, rue Rivoli. Il présente Jean Blockman, son petit ami et la raison de son voyage à Lille , et lui dit que Vallejo, un poète pauvre et inconnu, est décédé.

Le roman se termine ici, et plus tard, il inclut comme épilogue des informations sur les dernières années de la vie de Pain et certains des autres personnages. Au début de la Seconde Guerre mondiale , Pain perdit sa pension d'invalidité et dut travailler dans divers métiers mineurs. Il se lia d'amitié avec un jeune homme et un magicien, avec qui il contribua à la Résistance française , mourut finalement accompagné dans les bras de l'ancien.

- Le livre, dédié à l'épouse de Bolaño, Carolina López, est un roman court divisé en petites sections sans titre où, contrairement à d'autres romans de l'auteur, les dialogues abondent. La version Anagram de 1999 est précédée d’une note préliminaire dans laquelle Bolaño explique succinctement l’histoire du livre, sa participation à des compétitions provinciales en Espagne et l’affirmation de la véracité de la quasi-totalité des événements relatés, tels que le hoquet de Vallejo et la la négligence de ses médecins, le décès de Pierre Curie frappé par un char et ses derniers travaux liés au mesmérisme , voire l’existence de Pain, mentionnés dans les notes de Georgette.

Bien qu'il ne s'agisse pas d'un journal personnel , il est explicite et précis dans les dates et heures auxquelles les événements se produisent (entre le 6 et le 20 avril 1938), qui sont comptées chronologiquement. Le roman se concentre exclusivement sur les événements à Paris et pendant toute l'histoire, le temps est pluvieux et hivernal. Selon l'auteur lui-même, l'argument de ce roman "est indéchiffrable".  L'écrivain Fernando Iwasaki se résume en place de la façon suivante: « Monsieur Pain raconte les derniers jours du poète péruvien César Vallejo , agonisé dans un hôpital parisien. Conseillée par Madame Reynaud, la femme du poète accepte qu'un disciple de Mesmer - Simonie Pain - tente de sauver la vie du mourant. »

Le chemin des éléphants , mieux connu pour sa réédition sous le nom de Monsieur Pain , est le deuxième roman de l' écrivain chilien Roberto Bolaño et le premier publié comme auteur unique.

Miel

Je trouve que le miel coule comme une larme de verre qui n'éclate jamais. Je devais naître dans les lilas, læ médecin annonçait à maman ; raté, monsieur, je suis né dans les roses !

Mil cinq cents vingt. L'expédition de Ferdinand de Magellan emprunte le détroit de Magellan — (Majan est gelé par « la femme »). Il dégèle cinq cents ans plus tard. Deux mils treize. la comète C/2012 S1 (ISON) - (plomb, or, mère à I, Son.) - passe au plus proche du soleil et se désintègre. Seize cents trente-deux (1632). Jean-Baptiste Lully. À la Saint-Sosthène, il y a des chrysanthèmes. Alors tous, se saisissant de Sosthène (Sosthenes), le chef de la synagogue, le battirent devant le tribunal, sans que Gallion s'en mît en peine. (https://emcitv.com/bible/strong-biblique-grec-sosthenes-4988.html)

Je dois penser : j'accomplis l'écriture ; vous devez croire : el accomplit l'écriture. — Hors de la République, nul salut, semble penser catholiquement les progressistes ; seul le peuple peut se sauver, continuent-iels. J'acquiesce tout à fait, je suis du peuple ; je réfute tout à fait, qui est le peuple ? Je crois que maman, l'Edda, me fait vivre cela pour que je sois prêt : c'est dur, d'être aimé·e.

Il faut que je sois une lumière, je n'ai pas trop le choix ; je ne veux pas souffrir d'idolâtrie. Je n'ai pas envie de me promener chez moi avec un voile, sur la tête, sur le visage, alors que vraiment, je suis chez moi. J'exigerai qu'on se couvre toutefois le visage, pour de certains instants (célébrations, fêtes, deuils, ...), de sorte que je puisse y assister de la même manière que n'importe lequel de Nos visages.

Non plus, je ne veux pas que les gens ne savent pas mon visage ; je veux que les gens voient que cette face est humaine, qu'il rougit et qu'il pleure, qu'il sourit et se plisse, qu'il se fige et se tord. Je ne mourrai pas de vieillesse où des enfants sont morts de froid, de faim, de rien.

Quand je me sentirai tout à fait accompli, je déciderai de partir — et je partirai. Enfin, je veux dire : je m'absenterai. Je vous demanderai d'être guillotiné, vous garderez mon cerveau, et m'arracherez le cœur ; qui, à l'avenir, s'égarera, pourra connaître le sort de son roi. Ensuite, vous traînerez mon cadavre sur les pavés de la place publique ; vous le profanerez ; libres, vous célébrerez la mort du roi. Vous conserverez mon cœur, de sorte que mes enfants puissent toujours consulter l'origine du leur — c'est un jeu de mot à prendre, oui, au pied de la lettre.

Enfin, vous disposerez de ma mort comme bon vous semble surtout. Peut-être que vous n'aurez plus le cœur à profaner ? Je vous pardonnerai cela. Peut-être que vous n'aurez pas le cœur à célébrer quoique ce soit ? Je vous pardonnerai cela. Peut-être que vous voudrez conserver l'estime que vous aurez pour moi, même quand je me serai évadé ? Ne vous fâchez pas, je vous pardonnerai cela. Mais s'il reste le cœur et le cerveau des enfants de la loi ; faites-les naître libres, nos enfants. Je ne vous demande pas de leur rappeler tout le mal que Nous avons causé avant Nous ; vous pourriez les instruire par les exemples que Nous aurons bâti partout.

Parfois, la mort est un oubli. Edda vit que l'oubli était bon.



- J'ai toujours pensé qu'un doigt accusateur partait toujours d'un cœur tordu, que quoiqu'en étaient les intentions, elles finissent toujours par nourrir quelque ressentiment ou quelque haine. Il part de son nombril, pensant combler le trou de l'autre, tout en pensant lutter ; mais ce doit n'est pas entré en résistance, non, il fuit. Il fait cela pour ne pas avoir à lutter. Il y a un fruit qui est tombé, pourri ; personne ne s'en saisit pourtant que peut-être, il porte les plus beaux arbres.  

- Je voudrais qu'on arrête de douter. Je ne me lève jamais en me sentant l'Enfant d'Edda ; c'est pour cela que je veille tard ; je me couche quand je veux croire qu'Elle m'a bercé. Ce n'est pas par ma capacité à briguer le pouvoir, que je dois m'illustrer ; mais par ma capacité à rétablir et raviver les individus.

- L'appareil démocratique doit faire émerger l'appareil qui le supplante ; c'est en cela que ce n'est pas un état stable en lui-même. Il est appelé, par sa vocation discrète, à se désagréger. Il n'y a même pas deux garçons, savez-vous, dans toute l'histoire qui soit né comme je suis né dans toute l'histoire : servez-vous de cela.

En d'autres mots : la chose publique doit diriger - faire émerger la direction. C'est la lecture, qui doit être réinventée, rétablie, ravivée.  

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Moi aussi, je souffre de penser ça : l'État, c'est Nous. Même, toutes les sciences convergent.