Myrdhin a écrit:

A mes yeux, Musso relève des bons, très bons storytellers, répondant à des inquiétudes fondamentales avec une sensibilité tendre, inquiétante et surnaturelle.

Brandon va-t-il finir avec Brenda, et Brenda découvrira-t-elle que Brandon est un ange banni du paradis? Ce genre de questionnements peut s'appliquer aussi à Plus belle la vie ou à Dynastie (tout le monde connaît, ne faites pas les innocents), je n'irais pas jusqu'à dire qu'il s'agit d'inquiétudes fondamentales, si tu veux absolument lire des textes sur le thème de la relation amoureuse/de couple/à l'autre, tu peux en trouver qui abordent ça de manière plus intelligente et approfondie que Musso.

Là ou je ne suis pas d'accord, c'est de dire que parce qu'on a publié et vendu des millions de livres, on se sent au pays des bisounours.
Nous ne voyons que le produit fini, nous ne voyons pas s'il en a trimé, si lui aussi a douté, s'il est conscient de ce qu'il écrit, s'il aime ce qu'il écrit, s'il est satisfait de ce qu'il écrit, où si au contraire, il aimerait pouvoir faire autre chose et qu'il n'y arrive aps car il est pris dans les rouages de l'éditions. Tout ca, on en sait rien. Juste qu'avant de devenir célèbre et d'en vivre, il a été lui aussi celui qui a planché des heures sur son roman en se demandant si ça allait marcher ou pas... Y'a des gens qui écrivent très bien et qui même après avoir vendu des millions de livres, seront toujours insatisfaits. Y'a aussi des gens qui n'écrivent pas très bien, qui en sont conscients, qui voudraient faire mieux et qui sont conscients de leurs limites... Ou encore la pression, non pas de se demander si on va écrire ou plaire, mais si le nouveau livre va se vendre aussi bien que l'histoire, ou s'il signera le début de notre déchéance...
Au final, je trouve ça facile de parler du monde des bisounours, surtout quand tu sais plus ou moins que plus tu te trouves haut, plus la descente est rapide. Et que tu sois millionnaire, orphelin, écrivain talentueux ou écrivain merdique, quand tu t'écrases, ça fait toujours mal.

Myrdhin a écrit:

Ou alors, comme Musso, on a un talent facilement publiable, et on se sent comme un bisounours au pays des merveilles.

...ce qui conduit parfois à un gonflement d'égo semblable à une tumeur galopante.   

Spoiler:

Je pense en fait que Musso est un génie, tout simplement.

L'erreur que nous commettons tous, nous autres misérables aspirants écrivains, est que nous attendons de notre public qu'il s'adapte à nos écrits et à nos univers.
Quelle prétention ! Nous sommes les égocentriques, non Musso !

Lui, de son côté, a bien compris que c'est l'inverse : il faut adapter son produit... euh pardon... son roman aux goûts du public. Parce que le public, le grand public, veut du plat préparé, voilà pourquoi !
Pas besoin de se fatiguer à imaginer. Non, romans micro-ondables, et le tour est joué !
Ding ! Ça y est, le dernier Musso est prêt ! Miam ! Bon, ça a franchement le même goût que le précédent, mais comme, ma bonne Lucette, on est pas déçus ! On sait ce qu'on achète, et on en a pour son argent.

Je suis d'accord avec toi Faust.

Simplement, je n'irais pas jusqu'à dire que c'est un génie, mais on ne peut pas lui retirer le fait qu'il est intelligent et qu'il a très bien compris ce que les gens attendaient.

Mais, euh, je n'ai pas dit que ces inquiétudes fondamentales se voyaient traiter à fond chez Musso, c'est même plutôt le contraire. Et, oui, si Musso et Plus belle la vie fonctionnent, c'est qu'ils maîtrisent bien les mécanismes du storytelling. Après, je ne juge pas ce monde de bisounours, ni son accessibilité, ni ses contraintes, ni ses risques, mais on va pas chialer non plus. Et j'abonderais dans le sens de Faust si je n'avais pas mon estime ailleurs.

Faust a l'air légèrement sarcastique hein les amis.

Moui, alors faudrait éviter d'employer le terme "storytelling" à tort et à travers aussi. C'est un terme de la communication politique ou commerciale, où il désigne un concept et une technique bien précis. Ce n'est pas un terme de la littérature. Si on veut parler de mise en récit ou de narration en littérature, parlons de mise en récit ou de narration. L'emploi d'un faux ami anglais n'apporte rien à la discussion.

Hum...

C'est creative writing, non ? J'avais confondu les deux anglicismes récemment.

Je n'ai jamais éprouvé le désir de lire Musso et cie (et les commentaires des JE n'en donnent pas envie!) je ne peux donc pas juger. Je me souviens juste d'un certain Guy des Cars il y a quelques années, qui tirait son succès non de son art d'écrire, mais de sa capacité à traiter de sujets qui attisent la curiosité, parfois morbide (genre "un curé unijambiste fait du patin à roulette", je résume!).
Dans la catégorie écrivain à succès j'ai lu il y a quelques années "Les charmes discrets de la vie conjugale", de Douglas Kennedy. Pas si mal d'ailleurs, sur un sujet grave, le rôle des intégristes religieux américains. D'après ce que je lis au sujet de Musso, cela semble être d'un niveau au-dessus (encore que les habitués de cet auteur disent qu'il ressasse un peu les mêmes thèmes.)
Est-il possible dire qu'il y a des auteurs qui ne sont pas de grands artistes, mais de bons artisans?

MaddyForeigner a écrit:

C'est creative writing, non ? J'avais confondu les deux anglicismes récemment.

D'après ce que je peux comprendre des messages de Myrdhin, il s'agirait plus de la dramaturgie d'une histoire, mais en l’occurrence Musso et consort ne font preuve d'aucune créativité dans leur construction et se contentent d'appliquer les règles dramaturgiques de base, comme on suivrait une recette de cuisine. Encore que dans cet exercice Musso ne soit pas le plus terre-à-terre. Si c'est si facile pourquoi tout le monde ne vend pas un million d’exemplaire de chacun de ses livres? Une bonne part de chance, de hasard, un pitch/concept qui sonne bien, et il suffit d'un livre qui marche pour entamer un long parcours fructueux, l'avantage de la technique étant qu'en suivant le même processus on arrivera sans trop de risque au même résultat à tous les coups. Le marketing fait le reste.

Je ne connais pas assez bien Faust pour ... mais j'avais comme senti ... si on accepte de me faire confiance. Et puis, fiat, adieu, storytelling ! Et bienvenue, creative writings ! ou dramaturgie, ou mise en récit, je ne sais plus. En bref, Musso a le feeling public. Grand bien égocentrique lui fasse.

EDIT 1 : Je remonte le fil de discussion, et je m'interroge sur la tard-venue de la remarque sur le terme storytelling, mais passons...

EDIT 2 : Enfin, je prenais le terme dans sa traduction littérale : raconteur d'histoire, ou alentours.

Je n'ai jamais lu ni Musso ni Levy mais j'ai lu un jour que par rapport à Levy, Musso est un grand écrivain.
Tout est relatif, bien entendu.

Mais c'est vrai, il est meilleur, relativement.

Mha a écrit:

Faust a l'air légèrement sarcastique hein les amis.

Queuuaah ?! Que nenni ! J'idolâtre Musso telle une jeune fille pré-pubère dans un concert des Jonas Brothers  

Plus sérieusement, le succès de ce gars pose vraiment une question : pour avoir du succès, faut-il aujourd'hui calquer sa création aux goûts du public, quitte à faire du produit commercial calibré ?
Qui plus est lorsqu’on vise le grand public, qui, après des années d’abrutissement télévisuel, n’a plus la moindre envie de faire des efforts.
Alors, leur servir des histoires ressemblant à un croisement entre Les Experts et Amour, Gloire et Pâté, le tout saupoudré d’un peu de fantastique, eh bien c’est peut-être bankable mais comme le dit mon ami Caradoc : « c’est d’la merde ! »