PortailAccueilRechercherS'enregistrerConnexion
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

Partagez
Aller à la page : Précédent  1, 2
 

 Nouvelles concours n° 1, le retour

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 

 
Mushroom
   
   Nombre de messages  :  2086
   Âge  :  35
   Localisation  :  Perdue
   Date d'inscription  :  29/05/2006
    
                         
Mushroom  /  Crime et boniment


Nouvelle 13

Le cadavre ballottait en tous sens dans son habitacle. Le mort, un fermier d'une quarantaine d'année, bâti comme un lion mais fragile de coeur, était décédé le matin même.


Il était dans un cercueil de bois tout ce qu'il y avait de plus simple, un service que même les gens modestes pouvaient s'offrir, garantissant aux défunts un enterrement digne et peu coûteux.


Mais dans les maigres frais n'étaient pas pris en compte l'habillement, le corps d'Antoine était donc nu à l'intérieur de sa prison de bois.


« Pauv'e gus... Sa femme ne l'accompagne même pas pour sa fin, elle préfère s'occuper des corvées et des gosses plutôt que de son mari... D'ailleurs, je ne les ai pas vu c'te matin, les deux fripouilles... P't'êt bin qui sont pas au courant. » pensait le cocher de la calèche, tout en surveillant ses canassons.

C'étaient deux braves bêtes au poil dru, deux fiers compagnons. Il les avait récupéré ce matin à l'écurie pour
trotter avec lui sur les chemins secs de l'automne.

Il regarda le paysage alentour, il savait que, quitte à accomplir une funeste besogne, autant en profiter.

Le déjeuner devait être servi dans les étables voisines, pourtant, la rosée matinale continuait à pendre élégamment aux branchages des vieux chênes.

La brume rendait peu visible le chemin à 5 mètres devant, donnant l'impression au cocher de partir vers l'inconnu...


*

- J'vais ;t'faire bouffer ce qu'il te reste de cerveau, minable!
- Crève toujours l'alien!
Les deux gamins étaient en train de se battre, déblatérant leurs insultes juvéniles en même tant que leurs coups
fusaient.

Ils étaient d'authentiques jumeaux, de vrais copies, comme se plaisait à dire leur père.

Tous les deux blonds à la coupe militaire, ils avaient les mêmes yeux bleus, le même sourire et le même nez qui leur permettait d'éviter les châtiments après leurs actes émérites et suicidaires.

Tom et Olivier n'avaient que faire de leur ressemblance en ce moment, plus occupés à couper le souffle à l'autre plutôt qu'à comparer leurs taches de rousseur.

- Rascale! Espèce de... commença Tom.

Il n'eut pas le temps de finir que son frère lui envoyait ses ongles au visage et son poing au ventre.

Plié en deux, il n'aurait pas pu riposter sans le rire diabolique d'Olivier qui se moquait de lui.

Aussitôt, il mit son pied entre les deux jambes de son adversaire et le remonta d'un coup sec.

Le hâbleur laissa un cri de douleur s'échapper...

Il marcha en zigzag quelques secondes avant de s'affaisser dans un tas de fumier.

- T'es con! A force de gueuler, tu vas alerter le vieux.
Ils se trouvaient en effet dans un champ appartenant à un vieux grippe-sou ronchon qui détestait que l'on s'amusât sur son terrain.
Les parents leur avaient bien déconseillé cet endroit pour jouer mais, n'écoutant que leur légendaire effronterie, ils y allaient dès que possible.

- Allez vous-en, bande de chapardeurs, ou je vous lâche les chiens au cul! hurla le propriétaire, tenant par la laisse trois énormes molosses et brandissant le poing.


Ils auraient ri de sa vieille salopette et de ses maux de dos lui faisant faire le bossu grimaçant, mais ils savaient que cette fois-ci, le vieux était sérieux.

Dès qu'ils eurent repris leur souffle, ils coururent en direction de la barrière la plus proche, la sautant comme les vrais athlètes qu'ils avaient vu au téléviseur la veille.

Ils allèrent par le petit chemin qui bordait les champs, continuant leur bataille une fois le danger écarté.

Le poing de l'un d'eux alla se ficher dans la mâchoire de l'autre avec une telle violence qu'un chicot s'en trouva parti.

Tenant cet acte pour le début d'une guerre, l'autre fit tomber son adversaire au sol où ils commencèrent à rouler
ensemble.

Les coups partaient, sans que leur donneur ne sache où ils allaient aboutir, sentant de tant en tant une résistance, preuve de la présence d'un os quelconque.

Leurs cris de joie et de douleur se mêlaient, faisant de la bataille un véritable capharnaüm.

Toutes leurs pensées se trouvaient à cet instant annihilées, leur unique but étant de frapper, toujours frapper, comme des molosses exercés à cela dès leur naissance.

Mais en fait, c'est ce qu'ils étaient, des chiens à qui, dès leurs naissance, on inculquait les savoirs de la violence, que ce soit par des scènes de la vie quotidienne ou par des émissions.

La loi du plus fort était essentielles, ils le savaient, ils avaient vu leur père en faire une démonstration.

Un jour qu'il faisait les courses, il se trouva en face du directeur, qui se vanta d'avoir des enfants parfaits. Il critiquai surtout ses marmots, lui étalant toutes leurs bêtises, insultes ou autre comportement de sauvage.

Ne le supportant plus, il lui décrocha un coup de poing qui le fit taire.

La femme aurait très bien pû protester mais elle savait que son mari la battrait le soir, ce dont ses enfants avaient, eux aussi, parfaitement conscience.

Sa règle d'or était de ne jamais contredire son mari, encore moins devant ses enfants...

Car plus qu'un créateur, lors père était pour eux un vrai dieu à qui ils vouaient un culte infini, en l'imitant surtout. Ils s'étaient fait le serment de boire, comme lui, trois bières par jour une fois leur majorité légale atteinte. Ils
n'étaient pas du genre à se laisser marcher sur les pieds par des inconnus se vantant d'un triomphe quelconque, préférant le ridiculiser ou, souvent, en venir aux poings.

Ils se battaient d'ailleurs souvent pour l'amour de leur père, qui finissait toujours par se lasser et les maîtriser lui-même.
Leurs poings endoloris par les coups portés n'étaient en aucun cas un fardeau pour eux.


Tant qu'il nous restait une part de force, l'on pouvait vaincre autrui, c'était la devise de leur bien aimé créateur, et ils se plaisaient à se la répéter intérieurement, comme un hymne à la bataille.

Le chemin jonché de pierres compliquait leur lutte, mais leur dos, même nu, n'était pas un point de faiblesse.

Leur plus grande attention dans le moment était de ne pas faire paraître à l'adversaire qu'ils avaient mal.

Tout le sang qui couvrait la terre n'était que superficiel, les cris de leur adversaire faisaient de leur maux une chose passée.

- Espèce de tribulion! Va bouffer ton dentier!
- Tiens, celui-là tu ne l'auras pas voler!
- Enflure! Mon poing dans ta gueule, ça va être sa ta correction!
- Vas-y, si tu l'oses, mauviette!


Ce dernier mot avait enflammé l'un des protagonistes, qui décida de mordre l'oreille de l'autre et de tirer un bon coup, comme il avait vu son héros de boxe le faire.

Seulement, il n'arriva qu'à endommager un petit bout de peau.

Le pire dans cette sombre affaire, c'est qu'ils se battaient encore pour leur père...

Si seulement ils savaient qu'il était décédé, tant de mal aurait pût être évité. Seulement, ils se seraient mis à haïr leur mère pour son manque d'attention à l'égard de son mari.

Ils se seraient encore tabassés, prenant comme alibi de savoir lequel battrait leur mère en premier.

Mais si les autorités en avaient vent, ils seraient menacés par la détention, objet de leurs pires cauchemars.

Ils n'avaient cependant pas le temps de penser au futur, préférant le présent et son flot de violence.

Leurs têtes ne cessaient de s'entrechoquer, les séparant quelques temps, tout endoloris avant de reprendre de plus belle leur violente dispute.

*

Pendant ce temps, la calèche continuait son paisible chemin, si clément et monotone que le cocher avait décidé de s'offrir une petite séance de Walkman, l'un de ses nouveaux gadget qui ravissait les mélomanes...

Il avait eu la chance d'en trouver un l'autre jour par hasard. Il s'était alors empressé d'acheter un dizaine de cassettes.

Actuellement, il écoutait sa chanson favorite, un slow des années 80 interprété par un groupe nommé « Scorpion
».

Il fermait les yeux lors de la dernière ligne droite, fredonnant d'un air de chanteur émérite:

- Time, it needs time ...*

Le son était trop fort pour qu'il pusse entendre les bruits alentours.

Au même instant, les gamins étaient sur le chemin, hurlant à la mort, n'entendant pas d'autres bruits que leurs incessantes insultes.

- Connard
- Enfoiré!
- Je ne suis pas ton frère!
- Du con, on a la même mère!


Et pendant qu'ils déballaient leurs imbécillités de jeunes enfants, les chevaux avançaient, des animaux qui avaient reçu pour ordre de faire du chemin un seul temps.

Ils ne prirent pas la peine de hennir, pensant que les enfants seraient prévenus par leur maître...

Et le son résonnait dans ses oreilles, douce mélopée aux sons enchanteurs, et les injures volaient, acidité inutile
dans un combat qui n'avait pas plus de sens...

- Rascale!
« Yes, I've hurt your pride, and I know »

- Espèce d'abruti!
« What you've been through »


- Va brûler en enfer!
« You should give me a chance »

- Je...


Ce fut la dernière parole d'Olivier, ainsi que celle de son frère...

Et en ce moment, pendant que les chairs de ses fils étaient en train d'être broyés sous les lourds sabots des bestiaux, pendant que le sang coulant dans leurs veines giclait sur la terre, souillant par la même occasion les roues du véhicule, pendant qu'un simple cocher accomplissait un double homicide involontaire, on aurait pût jurer que le cadavre avait un rictus malsain.

Sûrement était-il amusé de la stupidité des gamins, crevant alors qu'ils se battaient pour son amour.

Il les avait battu, écrasé sous le poids de sa mort.

Peut-être riait-il aussi en pensant à la tête de sa pauvre femme lorsqu'elle apprendrait la nouvelle...

Ou bien de ce jeune gaillard expérimenté, qui croyait avoir eu affaire à une bosse nouvelle, n'entendant pas les hurlements de souffrance...

Quoiqu'il en soit, il était rieur...

« Still loving you... »





* Premières parole du titre « Still loving you » des Scorpions.
 
Nox
   
    Masculin
   Nombre de messages  :  8765
   Âge  :  39
   Pensée du jour  :  Another Perfect Day
   Date d'inscription  :  03/08/2007
    
                         
Nox  /  Vacher polyvalent


(Merci d'avoir passé 15 mins à tout poster Champi).
 

 Nouvelles concours n° 1, le retour

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Forum des Jeunes Écrivains :: Concours interforums.-