Nombre de messages : 400 Âge : 31 Pensée du jour : “Je voulais vivre intensement et sucer la moelle de la vie. Et ne pas, quand je viendrai à mourir, découvrir que je n'aurai pas vécu.” Date d'inscription : 25/11/2017
LePèlerinBleu/ Pour qui sonne Lestat Ven 6 Sep 2019 - 18:31
Éternité de la nature, brièveté de l’homme
Roulez dans vos sentiers de flamme, Astres, rois de l’immensité ! Insultez, écrasez mon âme Par votre presque éternité ! Et vous, comètes vagabondes, Du divin océan des mondes Débordement prodigieux, Sortez des limites tracées, Et révélez d’autres pensées De celui qui pensa les cieux !
Triomphe, immortelle nature ! A qui la main pleine de jours Prête des forces sans mesure, Des temps qui renaissent toujours ! La mort retrempe ta puissance, Donne, ravis, rends l’existence A tout ce qui la puise en toi ; Insecte éclos de ton sourire, Je nais, je regarde et j’expire, Marche et ne pense plus à moi !
Vieil océan, dans tes rivages Flotte comme un ciel écumant, Plus orageux que les nuages, Plus lumineux qu’un firmament ! Pendant que les empires naissent, Grandissent, tombent, disparaissent Avec leurs générations, Dresse tes bouillonnantes crêtes, Bats ta rive! et dis aux tempêtes : Où sont les nids des nations ?
Toi qui n’es pas lasse d’éclore Depuis la naissance des jours. Lève-toi, rayonnante aurore, Couche-toi, lève-toi toujours! Réfléchissez ses feux sublimes, Neiges éclatantes des cimes, Où le jour descend comme un roi ! Brillez, brillez pour me confondre, Vous qu’un rayon du jour peut fondre, Vous subsisterez plus que moi !
Et toi qui t’abaisse et t’élève Comme la poudre des chemins, Comme les vagues sûr la grève, Race innombrable des humains, Survis au temps qui me consume, Engloutis-moi dans ton écume, Je sens moi-même mon néant, Dans ton sein qu’est-ce qu’une vie ? Ce qu’est une goutte de pluie Dans les bassins de l’océan !
Vous mourez pour renaître encore, Vous fourmillez dans vos sillons ! Un souffle du soir à l’aurore Renouvelle vos tourbillons! Une existence évanouie Ne fait pas baisser d’une vie Le flot de l’être toujours plein; Il ne vous manque quand j’expire Pas plus qu’à l’homme qui respire Ne manque un souffle de son sein !
Vous allez balayer ma cendre ; L’homme ou l’insecte en renaîtra ! Mon nom brûlant de se répandre Dans le nom commun se perdra ; Il fut! voilà tout! bientôt même L’oubli couvre ce mot suprême, Un siècle ou deux l’auront vaincu ! Mais vous ne pouvez, à nature ! Effacer une créature ; Je meurs! qu’importe ? j’ai vécu !
Dieu m’a vu ! le regard de vie S’est abaissé sur mon néant, Votre existence rajeunie A des siècles, j’eus mon instant ! Mais dans la minute qui passe L’infini de temps et d’espace Dans mon regard s’est répété ! Et j’ai vu dans ce point de l’être La même image m’apparaître Que vous dans votre immensité !
Distances incommensurables, Abîmes des monts et des cieux, Vos mystères inépuisables Se sont révélés à mes yeux ! J’ai roulé dans mes vœux sublimes Plus de vagues que tes abîmes N’en roulent, à mer en courroux ! Et vous, soleils aux yeux de flamme, Le regard brûlant de mon âme S’est élevé plus haut que vous !
De l’être universel, unique, La splendeur dans mon ombre a lui, Et j’ai bourdonné mon cantique De joie et d’amour devant lui ! Et sa rayonnante pensée Dans la mienne s’est retracée, Et sa parole m’a connu ! Et j’ai monté devant sa face, Et la nature m’a dit : Passe : Ton sort est sublime, il t’a vu!
Vivez donc vos jours sans mesure ! Terre et ciel! céleste flambeau ! Montagnes, mers, et toi, nature, Souris longtemps sur mon tombeau ! Effacé du livre de vie, Que le néant même m’oublie! J’admire et ne suis point jaloux ! Ma pensée a vécu d’avance Et meurt avec une espérance Plus impérissable que vous !
Alphonse de Lamartine
Nombre de messages : 112 Âge : 35 Date d'inscription : 09/03/2018
Plumepoète/ Barge de Radetzky Mar 10 Sep 2019 - 11:57
Nombre de messages : 91 Âge : 25 Date d'inscription : 22/06/2019
Orphée_Lapin/ Pippin le Bref Jeu 12 Sep 2019 - 22:09
Le rendez-vous
Au rendez-vous donné je viendrai En retard. Je tiendrai sous mon bras Le printemps. Mes cheveux seront gris. Tu me l’avais fixé sur les cimes !
Je marcherai pendant des années, Comme avant Ophélie aime l’algue ! Traverser les montagnes, les rues, Traverser les âmes et les mains.
Longue à vivre la terre ! Broussaille De sang ! Chaque goutte une lagune. Mais parmi l’herbe à jamais Ruisselle la face d’Ophélie.
Là, par les galets, gorgés de vase Pour une gorgée de passion ! Je t’avais si hautement aimé : Je me suis dans le ciel inhumée !
Marina Tsvétaïeva
Nombre de messages : 1175 Âge : 32 Date d'inscription : 08/10/2016
Pattrice/ Effleure du mal Lun 16 Sep 2019 - 18:34
Lidjia Dimkovska, poétesse et traductrice de Macédoine.
Tr. Harita Wybrands.
Nombre de messages : 108 Âge : 29 Date d'inscription : 15/01/2019
VE/ Barge de Radetzky Mer 18 Sep 2019 - 16:31
« La Rose et le Réséda » Louis Aragon
Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous deux adoraient la belle Prisonnière des soldats Lequel montait à l'échelle Et lequel guettait en bas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Qu'importe comment s'appelle Cette clarté sur leur pas Que l'un fût de la chapelle Et l'autre s'y dérobât Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous les deux étaient fidèles Des lèvres du coeur des bras Et tous les deux disaient qu'elle Vive et qui vivra verra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Quand les blés sont sous la grêle Fou qui fait le délicat Fou qui songe à ses querelles Au coeur du commun combat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Du haut de la citadelle La sentinelle tira Par deux fois et l'un chancelle L'autre tombe qui mourra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Ils sont en prison Lequel A le plus triste grabat Lequel plus que l'autre gèle Lequel préfère les rats Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Un rebelle est un rebelle Nos sanglots font un seul glas Et quand vient l'aube cruelle Passent de vie à trépas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Répétant le nom de celle Qu'aucun des deux ne trompa Et leur sang rouge ruisselle Même couleur même éclat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Il coule il coule il se mêle A la terre qu'il aima Pour qu'à la saison nouvelle Mûrisse un raisin muscat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas L'un court et l'autre a des ailes De Bretagne ou du Jura Et framboise ou mirabelle Le grillon rechantera Dites flûte ou violoncelle Le double amour qui brûla L'alouette et l'hirondelle La rose et le réséda
Nombre de messages : 112 Âge : 35 Date d'inscription : 09/03/2018
Plumepoète/ Barge de Radetzky Jeu 19 Sep 2019 - 12:25
Je ne trouve pas toujours ( poème de Louise Dupré, poétesse Québecoise)
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LePèlerinBleu/ Pour qui sonne Lestat Ven 20 Sep 2019 - 0:15
A Madame G
Dans dix ans d’ici seulement, Vous serez un peu moins cruelle. C’est long, à parler franchement. L’amour viendra probablement Donner à l’horloge un coup d’aile.
Votre beauté nous ensorcelle, Prenez-y garde cependant : On apprend plus d’une nouvelle En dix ans.
Quand ce temps viendra, d’un amant Je serai le parfait modèle, Trop bête pour être inconstant, Et trop laid pour être infidèle. Mais vous serez encor trop belle
Alfred de Musset
Nombre de messages : 91 Âge : 25 Date d'inscription : 22/06/2019
Orphée_Lapin/ Pippin le Bref Ven 20 Sep 2019 - 10:43
Beauté cruelle
Certes, il ne faut avoir qu’un amour en ce monde, Un amour, rien qu’un seul, tout fantasque soit-il ; Et moi qui le recherche ainsi, noble et subtil, Voilà qu’il m’est à l’âme une entaille profonde.
Elle est hautaine et belle, et moi timide et laid : Je ne puis l’approcher qu’en des vapeurs de rêve. Malheureux ! Plus je vais, et plus elle s’élève Et dédaigne mon cœur pour un œil qui lui plaît.
Voyez comme, pourtant, notre sort est étrange ! Si nous eussions tous deux fait de figure échange, Comme elle m’eût aimé d’un amour sans pareil !
Et je l’eusse suivie, en vrai fou de Tolède, Aux pays de la brume, aux landes du soleil, Si le Ciel m’eût fait beau, et qu’il l’eût faite laide !
Emile Nelligan
Nombre de messages : 1175 Âge : 32 Date d'inscription : 08/10/2016
Pattrice/ Effleure du mal Mer 25 Sep 2019 - 20:33
Blanca Varela, poétesse péruvienne.
Tr. Claude Couffon.
Nombre de messages : 582 Âge : 33 Date d'inscription : 12/11/2018
cmllrz/ Gloire de son pair Mar 1 Oct 2019 - 12:53
Pattrice a écrit:
Blanca Varela, poétesse péruvienne.
Tr. Claude Couffon.
j'adore !! merci beaucoup pour ces découvertes...
Nombre de messages : 400 Âge : 31 Pensée du jour : “Je voulais vivre intensement et sucer la moelle de la vie. Et ne pas, quand je viendrai à mourir, découvrir que je n'aurai pas vécu.” Date d'inscription : 25/11/2017
LePèlerinBleu/ Pour qui sonne Lestat Dim 6 Oct 2019 - 18:17
Vendanges
Les choses qui chantent dans la tête Alors que la mémoire est absente, Ecoutez, c’est notre sang qui chante… O musique lointaine et discrète !
Ecoutez ! c’est notre sang qui pleure Alors que notre âme s’est enfuie, D’une voix jusqu’alors inouïe Et qui va se taire tout à l’heure.
Frère du sang de la vigne rose, Frère du vin de la veine noire, O vin, ô sang, c’est l’apothéose !
Chantez, pleurez ! Chassez la mémoire Et chassez l’âme, et jusqu’aux ténèbres Magnétisez nos pauvres vertèbres,
Paul Verlaine
Nombre de messages : 2165 Âge : 30 Date d'inscription : 29/05/2013
plouf/ Crime et boniment Lun 18 Nov 2019 - 21:59
Beauté de ce monde
Rien n’obscurcira la beauté de ce monde. Les pleurs peuvent inonder toute la vision. La souffrance peut enfoncer ses griffes dans ma gorge. Le regret, l’amertume, peuvent élever leurs murailles de cendre, la lâcheté, la haine, peuvent étendre leur nuit, Rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Nulle défaite ne m’a été épargnée. J’ai connu le goût amer de la séparation. Et l’oubli de l’ami et les veilles auprès du mourant. Et le retour vide, du cimetière. Et le terrible regard de l’épouse abandonnée. Et l’âme enténébrée de l’étranger, mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Ah ! On voulait me mettre à l’épreuve, détourner mes yeux d’ici-bas. On se demandait : « Résistera-t-il ? » Ce qui m’était cher m’était arraché. Et des voiles sombres, recouvraient les jardins à mon approche la femme aimée tournait de loin sa face aveugle mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Je savais qu’en dessous il y avait des contours tendres, la charrue dans le champ comme un soleil levant, félicité, rivière glacée, qui au printemps s’éveille et les voix chantent dans le marbre en haut des promontoires flotte le pavillon du vent Rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Allons ! Il faut tenir bon. Car on veut nous tromper, si l’on se donne au désarroi on est perdu. Chaque tristesse est là pour couvrir un miracle. Un rideau que l’on baisse sur le jour éclatant, rappelle-toi les douces rencontres, les serments, car rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Il faudra jeter bas le masque de la douleur, et annoncer le temps de l’homme, la bonté, et les contrées du rire et la quiétude. Joyeux, nous marcherons vers la dernière épreuve le front dans la clarté, libation de l’espoir, rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
ILARIE VORONCA.
Invité/ Invité Lun 18 Nov 2019 - 22:44
trop trop bien
Invité/ Invité Mar 19 Nov 2019 - 10:30
Très beau !
Nombre de messages : 16 Âge : 93 Date d'inscription : 08/10/2019
Dvanov/ Homme invisible Mer 27 Nov 2019 - 21:46
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Paul, superlative smite I want to Give; you ask STOP ask STOP Slaughter peacock What else? Arrheton echo You will not Stop until the Kingdom is yours.
A triangle stands Alone. Pinnacle of Spirit, matter, Lord It is time to cube the equation time to twin the soul Power of Three Three. Three to
the power. Beyond Euclid's plane a Star multiplies: us We are two Triangles meeting at A star. A Third invisible. Felt. Wordless divine guiltless The star does
not ask; Is Body word soul Unite kiss breath Not with desire But devotion. Gratitude Infinite space to Swell, to fill, To condense into Air, into vapor,
Horizon. To calm, To inspire. The Sea. Asks nothing. (Be) The star, The Kiss, the Union. Trinity field Of two triangles Meeting at a Prayer, are us.
Ce sont les onze premiers des vingt-sept poèmes qui composent Trinity Star Trinity, de Katy Bohinc. Je les connais par cœur, ces poèmes m'ont tant marqué que j'ai fait un voyage à leur appel, voulant à tout prix passer par les iles où ils avaient été composés ; dont une que je connaissais déjà qui m'était très chère (Patmos).
Le John du 6e poème à qui est reprochée sa misogynie est le saint Jean du Livre de l'Apocalypse bien sûr ; la grotte où il en aurait eu la révélation est visitable à Patmos, un monastère est construit autour. Il y a assez peu de touristes dans l'ile, par contre des groupes de tourisme chrétien viennent là pour voir (et surtout toucher !) la faille par laquelle "la voix de Dieu a parlé"... quand ils passent ils font un chahut pas possible et brisent tout le mystère du lieu, qui abrite une chapelle.
Dernière édition par Dvanov le Jeu 28 Nov 2019 - 0:15, édité 2 fois