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 Les plus beaux poèmes

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Orphée La Différence I love you I love you I love you I love you I love you

Tu as raison d'être snob, le catalogue est magnifique, les traductions sont belles ... Et les prix sont bas.

Loués soient-ils pour leur collection !

J'ai dû acheter la quasi totalité de leurs livres de poche. Très contente que le business ait repris cheers
 
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Sonnet en guise de rose*


Dans un parc on peut voler des roses publiques
par une nuit d’été La rose dans un vase
est blessée et s’étiole au petit matin
comme toute chose toute gloire humaine

Il y a des roses posées sur un cercueil
de petites roses blanches pour les mariés
il y a la rose arrachée par vengeance
et sombre comme le sang la rose révoltée

Aucune parmi ces fleurs La rose pour toi
nous irons la cueillir ensemble à la lisière
où tu t’es accoudée au ciel

lorsque nous séparions l’ancien du récent
La voie lactée soudain nous était navigable
et les radeaux de l’amour pouvaient y passer.



Jan Skácel



*  Pour ce poème, je me suis appuyée sur la traduction d'Yves Bergeret et Jiří Pelán publiée dans le recueil Millet l’ancien (Dávné proso), Atelier La Feugraie, 1997.  Ma traduction ne s'écarte de la leur que sur quelques points de détails dans la plupart des strophes, à l'exception de la troisième. J'ai repris le titre tel quel.


Dernière édition par Hirondelle le Lun 30 Nov 2015 - 22:40, édité 3 fois
 
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Hirondelle, tu postes toujours des poèmes magnifiques. Merci de nous faire découvrir tous ces auteurs merveilleux. Very Happy
 
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Merci beaucoup, ça me fait plaisir de partager ces poèmes. Smile
 
LeBossu
   
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LeBossu  /  Autostoppeur galactique


Passage



Écrire de feu l'eau claire

la pente du sourcil

la traque du jaguar



Écrire d'un bond ta peau

le sable des lisières

l'aube des sentinelles



Écrire sans fin de rage

de peur et de brisures

écrire de bric et de broc

de soc et de pollen



Pourvu qu'en son passage

le vent te laisse nue

à la pointe des mots.



Bruno Doucey, S'il existe un pays.


Dernière édition par LeBossu le Mer 3 Fév 2016 - 22:14, édité 1 fois
 
tropikk
   
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tropikk  /  Clochard céleste


Je n'avance plus qu'avec précautions dans des endroits marécageux, et je regarde les bouts aériens se souder au moment des ciels. J'avale ma propre fumée qui ressemble tant à la chimère d'autrui. L'avarice est un beau péché recouvert d'algues et d'incrustations soleilleuses. A l'audace près, nous sommes les mêmes et je ne me vois pas très grand. J'ai peur de découvrir en moi de ces manèges séniles que l'on confond avec les rosaces de bruit. Faut-il affronter l'horreur des dernières chambres d'hôtel, prendre part à d'autres chasses ! Et seulement alors ! Il y a beaucoup de places dans Paris, surtout sur la rive gauche, et je pense à la petite famille du papier d'Arménie. On l'héberge avec trop de complaisance, je vous assure, d'autant plus que le pavillon donne sur un oeil ouvert et que le quai aux Fleurs est désert le soir.
 
art.hrite
   
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art.hrite  /  Chantre brahmane ज्ञानयोग


ÉPHÉMÈRE EFFICACITÉ DU CHAGRIN

Soyons reconnaissants aux personnes qui nous donnent du bonheur, elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries. Mais soyons plus reconnaissants aux femmes méchantes ou seulement indifférentes, aux amis cruels qui nous ont causé du chagrin. Ils ont dévasté notre coeur, aujourd'hui jonché de débris méconnaissables, ils ont déraciné les troncs et mutilé les plus délicates branches, comme un vent désolé, mais qui sema quelques bons grains pour une moisson incertaine. En brisant tous les petits bonheurs qui nous cachaient notre grande misère, en faisant de notre coeur un nu préau mélancolique, ils nous ont permis de le contempler enfin et de le juger. Les pièces tristes nous font un bien semblable ; aussi faut-il les tenir pour bien supérieures aux gaies, qui trompent notre faim au lieu de l'assouvir : le pain qui doit nous nourrir est amer. Dans la vie heureuse, les destinées de nos semblables ne nous apparaissent pas dans leur réalité, que l'intérêt les masque ou que le désir les transfigure. Mais dans le détachement que donne la souffrance, dans la vie, et le sentiment de la beauté douloureuse, au théâtre, les destinées des autres hommes et la nôtre même font entendre enfin à notre âme attentive l'éternelle parole inentendue de devoir et de vérité. L'oeuvre triste d'un artiste véritable nous parle avec cet accent de ceux qui ont souffert, qui forcent tout homme qui a souffert à laisser là tout le reste et à écouter. Hélas ! ce que le sentiment apporta, ce capricieux le remporte et la tristesse plus haute que la gaieté n'est pas durable comme la vertu. Nous avons oublié ce matin la tragédie qui hier soir nous éleva si haut que nous considérions notre vie dans son ensemble et dans sa réalité avec une pitié clairvoyante et sincère. Dans un an peut-être, nous serons consolés de la trahison d'une femme, de la mort d'un ami. Le vent, au milieu de ce bris de rêves, de cette jonchée de bonheurs flétris a semé le bon grain sous une ondée de larmes, mais elles sécheront trop vite pour qu'il puisse gêner.
 
tropikk
   
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tropikk  /  Clochard céleste


mais ce soir je suis seul je suis Philippe Soupault
je descends lentement le boulevard Saint Michel
je ne pense à rien
je compte les réverbères que je connais si bien
en m'approchant de la Seine
près des ponts de Paris
et je parle tout haut
toutes les rues sont des affluents
quand on aime ce fleuve où coule tout le sang de Paris
et qui est sale comme une sale putain
mais qui est aussi la Seine simplement
à qui l'on parle comme à sa maman
j'étais tout près d'elle
qui s'en allait sans regret ni sans bruit
son souvenir éteint était une maladie
je m'appuyais sur le parapet
comme on s'agenouille pour prier
les mots tombaient comme des larmes
 
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Invité  /  Invité


Midi

...
On écoute tourner le vin
noircir le sang
changer le sable
on écoute pourrir
comme une musique de terre
quelqu’un de seul
et que s’écrase à pleine candeur
à rendre sourd
à pleines forces contre tout
tu tends les mains au plus
lointain du feu
Ta voix circule dans la pierre
Quelle boisson désormais pour
noyer le soleil ?
Non ! Rien !
Tout au plus au petit jour
une hâte lasse et
- barrant le visage -
l’ancien supplice désamorcé

*
Ce passant sans ombre
Qui regarde choir les regards,
Ne ramasse que les vignettes
Perdues pour l'éternité.

On écoute pourrir
comme une musique de terre
quelqu'un de seul
Et que s'écrase la pleine candeur
à rendre sourd
à pleine force contre tout.

*

Mains de bois dur sans espérance
C’est midi qui se ferme
comme un objet



Gérald Neveu
 
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Les îles


Contre notre désir contre notre blessure
nous renversons la nuit
sous le ciel étoilé nous dénudons l’obscurité

Et si même le continent de notre espoir
doit être submergé
si tout doit disparaître ainsi qu’un peu de vous

ne nous désespérons pas

De la mer du temps émergeront après nous
de nouvelles îles pour de nouveaux naufragés



Jan Skacel
 
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Bon, c'est pas le poème du siècle mais :


PRO MEMORIA

je me lave les mains avant de manger
et retire mon chapeau avant d’entrer dans une église
même si je ne connais pas
dieu le père qui mourut hier comme un homme
je suis un cruel assassin : sept souris
des mouches et des moustiques par milliers
tout un troupeau décapité
pour mon humble repas quotidien
pendant plus de trente-sept ans
je recherche simplement la vérité
j’ai appris sans l'avoir voulu
à tuer les fleurs
et puis à les ressusciter

c’est toi que je cherchais
avant que de mes doigts furieux
je trouve le sang poisseux d’un autre
merci pour le dernier repas
j’en garde l'image en mémoire



Eugenijus Ališanka, 1999
Il fait partie des poètes lituaniens actuels ... http://www.tekstai.lt/tekstu-naujienos/769-eugenijus-alisanka-dievakaulis


Dernière édition par Hirondelle le Lun 28 Déc 2015 - 1:35, édité 3 fois
 
PlumeDeplumee
   
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   Âge  :  25
   Localisation  :  Somewhere over the rainbow.
   Pensée du jour  :  Je n'ai jamais été seul, car j'erre sans cesse à travers mes souvenirs comme à travers une forêt enchantée.
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PlumeDeplumee  /  Pour qui sonne Lestat


Bonsoir !
Alors, j'aime beaucoup ce sujet ; il va me permettre de découvrir vos goûts et de vous partager les miens. Et vu qu'on parle des plus beaux poèmes, je citerai ceux que je trouve magnifiques.
Alors, pour commencer, je vous montre mon préféré : "Narcisse parle" de Paul Valéry ! Les "Fragments du Narcisse" sont très bien aussi, mais assez longs ; je suppose que vous n'avez pas le temps.

Un poète talentueux a écrit:
Narcissiae placandis manibus.

Ô frères! tristes lys, je languis de beauté
Pour m’être désiré dans votre nudité,
Et vers vous, Nymphe, Nymphe, ô Nymphe des fontaines,
Je viens au pur silence offrir mes lames vaines.

Un grand calme m’écoute, où j’écoute l’espoir.
La voix des sources change et me parle du soir;
J’entends l’herbe d’argent grandir dans l’ombre sainte,
Et la lune perfide élève son miroir
Jusque dans les secrets de la fontaine éteinte.

Et moi! De tout mon coeur dans ces roseaux jeté,
Je languis, ô saphir, par ma triste beauté!
Je ne sais plus aimer que l’eau magicienne
Où j’oubliai le rire et la rose ancienne.

Que je déplore ton éclat fatal et pur,
Si mollement de moi fontaine environnée,
Où puisèrent mes yeux dans un mortel azur
Mon image de fleurs humides couronnée!

Hélas! L’image est vaine et les pleurs éternels!
À travers les bois bleus et les bras fraternels,
Une tendre lueur d’heure ambiguë existe,
Et d’un reste du jour me forme un fiancé
Nu, sur la place pâle où m’attire l’eau triste…
Délicieux démon, désirable et glacé!

Voici dans l’eau ma chair de lune et de rosée,
Ô forme obéissante à mes yeux opposée!
Voici mes bras d’argent dont les gestes sont purs!…
Mes lentes mains dans l’or adorable se lassent
D’appeler ce captif que les feuilles enlacent,
Et je crie aux échos les noms des dieux obscurs!…

Adieu, reflet perdu sur l’onde calme et close,
Narcisse… ce nom même est un tendre parfum
Au coeur suave. Effeuille aux mânes du défunt
Sur ce vide tombeau la funérale rose.

Sois, ma lèvre, la rose effeuillant le baiser
Qui fasse un spectre cher lentement s’apaiser,
Car la nuit parle à demi-voix, proche et lointaine,
Aux calices pleins d’ombre et de sommeils légers.
Mais la lune s’amuse aux myrtes allongés.

Je t’adore, sous ces myrtes, ô l’incertaine
Chair pour la solitude éclose tristement
Qui se mire dans le miroir au bois dormant.
Je me délie en vain de ta présence douce,
L’heure menteuse est molle aux membres sur la mousse
Et d’un sombre délice enfle le vent profond.

Adieu, Narcisse… Meurs! Voici le crépuscule.
Au soupir de mon coeur mon apparence ondule,
La flûte, par l’azur enseveli module
Des regrets de troupeaux sonores qui s’en vont.
Mais sur le froid mortel où l’étoile s’allume,
Avant qu’un lent tombeau ne se forme de brume,
Tiens ce baiser qui brise un calme d’eau fatal!
L’espoir seul peut suffire à rompre ce cristal.
La ride me ravisse au souffle qui m’exile
Et que mon souffle anime une flûte gracile
Dont le joueur léger me serait indulgent!…

Évanouissez-vous, divinité troublée!
Et, toi, verse à la lune, humble flûte isolée,
Une diversité de nos larmes d’argent.

J'aime aussi énormément "le Dormeur du Val" de Rimbaud (mais je pense qu'il a déjà dû être cité depuis 2008).

Un poème plus jeune mais tout aussi remarquable a écrit:
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Je tiens également à relever Le Lac de Lamartine !

Un poète que j'apprécie assez bien, mais ce poème est vraiment superbe a écrit:
Le lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !
 
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Noxer  /  Au nom de l'Abeille – Et du Papillon – Et de la Brise – Amen !


Cri

Là-bas
Mon seul regard assécherait la pluie
Un amour secret une aire d'oiseaux
Sépareraient la terre d'avec la nuit
On me dirait absent
Mais je serai un cri
Une résonance
D'ici

Fernand Ouellette

Incompatibilité

Tout là-haut, tout là-haut, loin de la route sûre
Des fermes, des vallons, par delà les coteaux,
Par delà les forêts, les tapis de verdure,
Loin des derniers gazons foulés par les troupeaux,

On rencontre un lac sombre encaissé dans l'abîme
Que forment quelques pics désolés et neigeux ;
L'eau, nuit et jour, y dort dans un repos sublime,
Et n'interrompt jamais son silence orageux.

Dans ce morne désert, à l'oreille incertaine
Arrivent par moments des bruits faibles et longs,
Et des échos plus morts que la cloche lointaine
D'une vache qui paît aux penchants des vallons.

Sur ces monts où le vent efface tout vestige,
Ces glaciers pailletés qu'allume le soleil,
Sur ces rochers altiers où guette le vertige
Dans ce lac où le soir mire son teint vermeil,

Sous mes pieds, sur ma tête et partout, le silence,
Le silence qui fait qu'on voudrait se sauver,
Le silence éternel de la montagne immense,
Car l'air est immobile et tout semble rêver.

On dirait que le ciel, en cette solitude,
Se contemple dans l'onde et que ces monts, là-bas,
Écoutent, recueillis, dans leur grave attitude,
Un mystère divin que l'homme n'entend pas.

Et lorsque par hasard une nuée errante
Assombrit dans son vol le lac silencieux,
On croirait voir la robe ou l'ombre transparente
D'un esprit qui voyage et passe dans les cieux.

Baudelaire
https://letombeaudespaquerettes.wordpress.com/
 
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Dona lacrimarum


Et les larmes, que lisent-elles ? Quels livres ?
Sont-ce des larmes déçues
qui se contentent de feuilleter au hasard ?
Sont-ce des larmes qui se reconnaissent
dans un seul vers
et gardent la nostalgie d'un second ?
Sont-ce des larmes
qui parlent toutes seules
et referment ainsi toutes ces pages muettes ?


Vladimir Holan
 
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La nuit, quand le pendule de l'amour balance
entre Toujours et Jamais,
ta parole vient rejoindre les lunes du cœur
et ton œil bleu,
d'orage tend le ciel à la terre.

D'un bois lointain, d'un bosquet noirci de rêve
l'Expiré nous effleure
et le Manqué hante l'espace, grand comme les spectres du futur.

Ce qui maintenant s'enfonce et soulève
vaut pour l'Enseveli au plus intime :
embrasse, aveugle, comme le regard
que nous échangeons, le temps sur la bouche.

Paul Celan


-

J'ai livré mes jours à un abîme
qui monte et descend sous mon attelage
J'ai creusé ma sépulture dans mes yeux

Maître des ombres, je leur donne ma nature
Hier je leur ai donné ma langue
et j'ai pleuré pour l'histoire vaincue
qui trébuche sur mes lèvres
pour la terreur dont les arbres verts
ont brûlé dans mes poumons

Maître des ombres, je les frappe
je les mène avec mon sang, avec ma voix

Le soleil est une alouette
à qui j'ai tendu mes collets
Le vent est mon chapeau.

Adonis
 
   
    
                         
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