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| | | | Invité / Invité Dim 29 Nov 2015 - 18:18 | |
| Orphée La Différence Tu as raison d'être snob, le catalogue est magnifique, les traductions sont belles ... Et les prix sont bas. Loués soient-ils pour leur collection ! J'ai dû acheter la quasi totalité de leurs livres de poche. Très contente que le business ait repris |
| | | Invité / Invité Lun 30 Nov 2015 - 21:48 | |
| Sonnet en guise de rose*
Dans un parc on peut voler des roses publiques par une nuit d’été La rose dans un vase est blessée et s’étiole au petit matin comme toute chose toute gloire humaine
Il y a des roses posées sur un cercueil de petites roses blanches pour les mariés il y a la rose arrachée par vengeance et sombre comme le sang la rose révoltée
Aucune parmi ces fleurs La rose pour toi nous irons la cueillir ensemble à la lisière où tu t’es accoudée au ciel
lorsque nous séparions l’ancien du récent La voie lactée soudain nous était navigable et les radeaux de l’amour pouvaient y passer.
Jan Skácel
* Pour ce poème, je me suis appuyée sur la traduction d'Yves Bergeret et Jiří Pelán publiée dans le recueil Millet l’ancien (Dávné proso), Atelier La Feugraie, 1997. Ma traduction ne s'écarte de la leur que sur quelques points de détails dans la plupart des strophes, à l'exception de la troisième. J'ai repris le titre tel quel.
Dernière édition par Hirondelle le Lun 30 Nov 2015 - 22:40, édité 3 fois |
| | | Invité / Invité Lun 30 Nov 2015 - 22:19 | |
| Hirondelle, tu postes toujours des poèmes magnifiques. Merci de nous faire découvrir tous ces auteurs merveilleux. |
| | | Invité / Invité Lun 30 Nov 2015 - 22:32 | |
| Merci beaucoup, ça me fait plaisir de partager ces poèmes. |
| | Nombre de messages : 212 Âge : 42 Date d'inscription : 30/07/2014 | LeBossu / Autostoppeur galactique Mer 2 Déc 2015 - 14:23 | |
| PassageÉcrire de feu l'eau claire la pente du sourcil la traque du jaguar Écrire d'un bond ta peau le sable des lisières l'aube des sentinelles Écrire sans fin de rage de peur et de brisures écrire de bric et de broc de soc et de pollen Pourvu qu'en son passage le vent te laisse nue à la pointe des mots. Bruno Doucey, S'il existe un pays.
Dernière édition par LeBossu le Mer 3 Fév 2016 - 22:14, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 57 Âge : 31 Localisation : rennes Date d'inscription : 14/09/2014 | tropikk / Clochard céleste Sam 12 Déc 2015 - 3:41 | |
| Je n'avance plus qu'avec précautions dans des endroits marécageux, et je regarde les bouts aériens se souder au moment des ciels. J'avale ma propre fumée qui ressemble tant à la chimère d'autrui. L'avarice est un beau péché recouvert d'algues et d'incrustations soleilleuses. A l'audace près, nous sommes les mêmes et je ne me vois pas très grand. J'ai peur de découvrir en moi de ces manèges séniles que l'on confond avec les rosaces de bruit. Faut-il affronter l'horreur des dernières chambres d'hôtel, prendre part à d'autres chasses ! Et seulement alors ! Il y a beaucoup de places dans Paris, surtout sur la rive gauche, et je pense à la petite famille du papier d'Arménie. On l'héberge avec trop de complaisance, je vous assure, d'autant plus que le pavillon donne sur un oeil ouvert et que le quai aux Fleurs est désert le soir. |
| | Nombre de messages : 2493 Âge : 21 Date d'inscription : 17/05/2010 | art.hrite / Chantre brahmane ज्ञानयोग Sam 12 Déc 2015 - 10:45 | |
| ÉPHÉMÈRE EFFICACITÉ DU CHAGRIN
Soyons reconnaissants aux personnes qui nous donnent du bonheur, elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries. Mais soyons plus reconnaissants aux femmes méchantes ou seulement indifférentes, aux amis cruels qui nous ont causé du chagrin. Ils ont dévasté notre coeur, aujourd'hui jonché de débris méconnaissables, ils ont déraciné les troncs et mutilé les plus délicates branches, comme un vent désolé, mais qui sema quelques bons grains pour une moisson incertaine. En brisant tous les petits bonheurs qui nous cachaient notre grande misère, en faisant de notre coeur un nu préau mélancolique, ils nous ont permis de le contempler enfin et de le juger. Les pièces tristes nous font un bien semblable ; aussi faut-il les tenir pour bien supérieures aux gaies, qui trompent notre faim au lieu de l'assouvir : le pain qui doit nous nourrir est amer. Dans la vie heureuse, les destinées de nos semblables ne nous apparaissent pas dans leur réalité, que l'intérêt les masque ou que le désir les transfigure. Mais dans le détachement que donne la souffrance, dans la vie, et le sentiment de la beauté douloureuse, au théâtre, les destinées des autres hommes et la nôtre même font entendre enfin à notre âme attentive l'éternelle parole inentendue de devoir et de vérité. L'oeuvre triste d'un artiste véritable nous parle avec cet accent de ceux qui ont souffert, qui forcent tout homme qui a souffert à laisser là tout le reste et à écouter. Hélas ! ce que le sentiment apporta, ce capricieux le remporte et la tristesse plus haute que la gaieté n'est pas durable comme la vertu. Nous avons oublié ce matin la tragédie qui hier soir nous éleva si haut que nous considérions notre vie dans son ensemble et dans sa réalité avec une pitié clairvoyante et sincère. Dans un an peut-être, nous serons consolés de la trahison d'une femme, de la mort d'un ami. Le vent, au milieu de ce bris de rêves, de cette jonchée de bonheurs flétris a semé le bon grain sous une ondée de larmes, mais elles sécheront trop vite pour qu'il puisse gêner. |
| | Nombre de messages : 57 Âge : 31 Localisation : rennes Date d'inscription : 14/09/2014 | tropikk / Clochard céleste Jeu 17 Déc 2015 - 1:22 | |
| mais ce soir je suis seul je suis Philippe Soupault je descends lentement le boulevard Saint Michel je ne pense à rien je compte les réverbères que je connais si bien en m'approchant de la Seine près des ponts de Paris et je parle tout haut toutes les rues sont des affluents quand on aime ce fleuve où coule tout le sang de Paris et qui est sale comme une sale putain mais qui est aussi la Seine simplement à qui l'on parle comme à sa maman j'étais tout près d'elle qui s'en allait sans regret ni sans bruit son souvenir éteint était une maladie je m'appuyais sur le parapet comme on s'agenouille pour prier les mots tombaient comme des larmes |
| | | Invité / Invité Jeu 17 Déc 2015 - 10:33 | |
| Midi
... On écoute tourner le vin noircir le sang changer le sable on écoute pourrir comme une musique de terre quelqu’un de seul et que s’écrase à pleine candeur à rendre sourd à pleines forces contre tout tu tends les mains au plus lointain du feu Ta voix circule dans la pierre Quelle boisson désormais pour noyer le soleil ? Non ! Rien ! Tout au plus au petit jour une hâte lasse et - barrant le visage - l’ancien supplice désamorcé
* Ce passant sans ombre Qui regarde choir les regards, Ne ramasse que les vignettes Perdues pour l'éternité.
On écoute pourrir comme une musique de terre quelqu'un de seul Et que s'écrase la pleine candeur à rendre sourd à pleine force contre tout.
* … Mains de bois dur sans espérance C’est midi qui se ferme comme un objet
Gérald Neveu |
| | | Invité / Invité Lun 21 Déc 2015 - 15:42 | |
| Les îles
Contre notre désir contre notre blessure nous renversons la nuit sous le ciel étoilé nous dénudons l’obscurité
Et si même le continent de notre espoir doit être submergé si tout doit disparaître ainsi qu’un peu de vous
ne nous désespérons pas
De la mer du temps émergeront après nous de nouvelles îles pour de nouveaux naufragés
Jan Skacel |
| | | Invité / Invité Dim 27 Déc 2015 - 20:31 | |
| Bon, c'est pas le poème du siècle mais :
PRO MEMORIA
je me lave les mains avant de manger et retire mon chapeau avant d’entrer dans une église même si je ne connais pas dieu le père qui mourut hier comme un homme je suis un cruel assassin : sept souris des mouches et des moustiques par milliers tout un troupeau décapité pour mon humble repas quotidien pendant plus de trente-sept ans je recherche simplement la vérité j’ai appris sans l'avoir voulu à tuer les fleurs et puis à les ressusciter
c’est toi que je cherchais avant que de mes doigts furieux je trouve le sang poisseux d’un autre merci pour le dernier repas j’en garde l'image en mémoire
Eugenijus Ališanka, 1999 Il fait partie des poètes lituaniens actuels ... http://www.tekstai.lt/tekstu-naujienos/769-eugenijus-alisanka-dievakaulis
Dernière édition par Hirondelle le Lun 28 Déc 2015 - 1:35, édité 3 fois |
| | Nombre de messages : 469 Âge : 25 Localisation : Somewhere over the rainbow. Pensée du jour : Je n'ai jamais été seul, car j'erre sans cesse à travers mes souvenirs comme à travers une forêt enchantée. Date d'inscription : 26/10/2015 | PlumeDeplumee / Pour qui sonne Lestat Lun 28 Déc 2015 - 0:32 | |
| Bonsoir ! Alors, j'aime beaucoup ce sujet ; il va me permettre de découvrir vos goûts et de vous partager les miens. Et vu qu'on parle des plus beaux poèmes, je citerai ceux que je trouve magnifiques. Alors, pour commencer, je vous montre mon préféré : "Narcisse parle" de Paul Valéry ! Les "Fragments du Narcisse" sont très bien aussi, mais assez longs ; je suppose que vous n'avez pas le temps. - Un poète talentueux a écrit:
- Narcissiae placandis manibus.
Ô frères! tristes lys, je languis de beauté Pour m’être désiré dans votre nudité, Et vers vous, Nymphe, Nymphe, ô Nymphe des fontaines, Je viens au pur silence offrir mes lames vaines.
Un grand calme m’écoute, où j’écoute l’espoir. La voix des sources change et me parle du soir; J’entends l’herbe d’argent grandir dans l’ombre sainte, Et la lune perfide élève son miroir Jusque dans les secrets de la fontaine éteinte.
Et moi! De tout mon coeur dans ces roseaux jeté, Je languis, ô saphir, par ma triste beauté! Je ne sais plus aimer que l’eau magicienne Où j’oubliai le rire et la rose ancienne.
Que je déplore ton éclat fatal et pur, Si mollement de moi fontaine environnée, Où puisèrent mes yeux dans un mortel azur Mon image de fleurs humides couronnée!
Hélas! L’image est vaine et les pleurs éternels! À travers les bois bleus et les bras fraternels, Une tendre lueur d’heure ambiguë existe, Et d’un reste du jour me forme un fiancé Nu, sur la place pâle où m’attire l’eau triste… Délicieux démon, désirable et glacé!
Voici dans l’eau ma chair de lune et de rosée, Ô forme obéissante à mes yeux opposée! Voici mes bras d’argent dont les gestes sont purs!… Mes lentes mains dans l’or adorable se lassent D’appeler ce captif que les feuilles enlacent, Et je crie aux échos les noms des dieux obscurs!…
Adieu, reflet perdu sur l’onde calme et close, Narcisse… ce nom même est un tendre parfum Au coeur suave. Effeuille aux mânes du défunt Sur ce vide tombeau la funérale rose.
Sois, ma lèvre, la rose effeuillant le baiser Qui fasse un spectre cher lentement s’apaiser, Car la nuit parle à demi-voix, proche et lointaine, Aux calices pleins d’ombre et de sommeils légers. Mais la lune s’amuse aux myrtes allongés.
Je t’adore, sous ces myrtes, ô l’incertaine Chair pour la solitude éclose tristement Qui se mire dans le miroir au bois dormant. Je me délie en vain de ta présence douce, L’heure menteuse est molle aux membres sur la mousse Et d’un sombre délice enfle le vent profond.
Adieu, Narcisse… Meurs! Voici le crépuscule. Au soupir de mon coeur mon apparence ondule, La flûte, par l’azur enseveli module Des regrets de troupeaux sonores qui s’en vont. Mais sur le froid mortel où l’étoile s’allume, Avant qu’un lent tombeau ne se forme de brume, Tiens ce baiser qui brise un calme d’eau fatal! L’espoir seul peut suffire à rompre ce cristal. La ride me ravisse au souffle qui m’exile Et que mon souffle anime une flûte gracile Dont le joueur léger me serait indulgent!…
Évanouissez-vous, divinité troublée! Et, toi, verse à la lune, humble flûte isolée, Une diversité de nos larmes d’argent. J'aime aussi énormément "le Dormeur du Val" de Rimbaud (mais je pense qu'il a déjà dû être cité depuis 2008). - Un poème plus jeune mais tout aussi remarquable a écrit:
- C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Je tiens également à relever Le Lac de Lamartine ! - Un poète que j'apprécie assez bien, mais ce poème est vraiment superbe a écrit:
- Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul jour ?
Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière, Et près des flots chéris qu'elle devait revoir, Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre Où tu la vis s'asseoir !
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés, Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes Sur ses pieds adorés.
Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ; On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage charmé frappèrent les échos ; Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots :
" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours !
" Assez de malheureux ici-bas vous implorent, Coulez, coulez pour eux ; Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ; Oubliez les heureux.
" Mais je demande en vain quelques moments encore, Le temps m'échappe et fuit ; Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore Va dissiper la nuit.
" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons ! L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ; Il coule, et nous passons ! "
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse, Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur, S'envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur ?
Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ? Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus ! Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Ne nous les rendra plus !
Éternité, néant, passé, sombres abîmes, Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes Que vous nous ravissez ?
Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure ! Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir, Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir !
Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages, Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux, Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages Qui pendent sur tes eaux.
Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe, Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés, Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface De ses molles clartés.
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire, Que les parfums légers de ton air embaumé, Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire, Tout dise : Ils ont aimé ! |
| | Nombre de messages : 3704 Âge : 26 Date d'inscription : 15/11/2015 | Noxer / Au nom de l'Abeille – Et du Papillon – Et de la Brise – Amen ! Lun 28 Déc 2015 - 2:00 | |
| Cri
Là-bas Mon seul regard assécherait la pluie Un amour secret une aire d'oiseaux Sépareraient la terre d'avec la nuit On me dirait absent Mais je serai un cri Une résonance D'ici
Fernand Ouellette
Incompatibilité
Tout là-haut, tout là-haut, loin de la route sûre Des fermes, des vallons, par delà les coteaux, Par delà les forêts, les tapis de verdure, Loin des derniers gazons foulés par les troupeaux,
On rencontre un lac sombre encaissé dans l'abîme Que forment quelques pics désolés et neigeux ; L'eau, nuit et jour, y dort dans un repos sublime, Et n'interrompt jamais son silence orageux.
Dans ce morne désert, à l'oreille incertaine Arrivent par moments des bruits faibles et longs, Et des échos plus morts que la cloche lointaine D'une vache qui paît aux penchants des vallons.
Sur ces monts où le vent efface tout vestige, Ces glaciers pailletés qu'allume le soleil, Sur ces rochers altiers où guette le vertige Dans ce lac où le soir mire son teint vermeil,
Sous mes pieds, sur ma tête et partout, le silence, Le silence qui fait qu'on voudrait se sauver, Le silence éternel de la montagne immense, Car l'air est immobile et tout semble rêver.
On dirait que le ciel, en cette solitude, Se contemple dans l'onde et que ces monts, là-bas, Écoutent, recueillis, dans leur grave attitude, Un mystère divin que l'homme n'entend pas.
Et lorsque par hasard une nuée errante Assombrit dans son vol le lac silencieux, On croirait voir la robe ou l'ombre transparente D'un esprit qui voyage et passe dans les cieux.
Baudelaire
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| | | Invité / Invité Mer 30 Déc 2015 - 0:15 | |
| Dona lacrimarum
Et les larmes, que lisent-elles ? Quels livres ? Sont-ce des larmes déçues qui se contentent de feuilleter au hasard ? Sont-ce des larmes qui se reconnaissent dans un seul vers et gardent la nostalgie d'un second ? Sont-ce des larmes qui parlent toutes seules et referment ainsi toutes ces pages muettes ?
Vladimir Holan |
| | | Invité / Invité Dim 3 Jan 2016 - 16:43 | |
| La nuit, quand le pendule de l'amour balance entre Toujours et Jamais, ta parole vient rejoindre les lunes du cœur et ton œil bleu, d'orage tend le ciel à la terre. D'un bois lointain, d'un bosquet noirci de rêve l'Expiré nous effleure et le Manqué hante l'espace, grand comme les spectres du futur. Ce qui maintenant s'enfonce et soulève vaut pour l'Enseveli au plus intime : embrasse, aveugle, comme le regard que nous échangeons, le temps sur la bouche.
Paul Celan
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J'ai livré mes jours à un abîme qui monte et descend sous mon attelage J'ai creusé ma sépulture dans mes yeux
Maître des ombres, je leur donne ma nature Hier je leur ai donné ma langue et j'ai pleuré pour l'histoire vaincue qui trébuche sur mes lèvres pour la terreur dont les arbres verts ont brûlé dans mes poumons
Maître des ombres, je les frappe je les mène avec mon sang, avec ma voix
Le soleil est une alouette à qui j'ai tendu mes collets Le vent est mon chapeau.
Adonis |
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