Dans ce fil je me propose de traduire/décrire la méthode de Kat O’Keeffe qu’elle baptise «3 acts 9 blocks 27 chapters method». Pour ma part, je l’appelle «méthode des Trois», ou encore «méthode Géométrique» (en référence à la notion de progression géométrique en mathématiques).

À mon avis, ce fil pourrait bien être dans « Écritoire>Fiche Technique », donc à y déplacer en cas de besoin.


Sommaire
Introduction
Présentation
BLOC 1
BLOC 2
BLOC 3
BLOC 4
BLOC 5
BLOC 6
BLOC 7
BLOC 8
BLOC 9
Conclusion

Introduction
Kat O'Keeffe est une auteure californienne YouTubeuse. Depuis 2011, elle réalise des vidéos sur l’écriture et les livres sur sa chaîne Katytastic pour un public de plus de 250 000 abonnés. Elle est également l’une des trois YouTubeuses derrière BOOKSPLOSION, le plus ancien club de lecture mensuel de YouTube, créé en 2013. Lorsqu’elle ne lit pas ou n’écrit pas, on peut la trouver en train de faire du désordre dans sa cuisine et de passer beaucoup trop de temps sur Twitter.

Présentation
Récemment, une question a circulé sur Twitter : quel est le sujet dont on peut parler pendant 30 minutes sans préparation ? Pour moi, la structure d’une histoire est en tête de liste. Et même si je n’ai pas une demi-heure entière pour divaguer, voyons ce que je peux faire avec un billet de 2 000 mots. Aujourd’hui, je vais partager un système que j’ai développé et qui est basé sur une structure en trois actes. Je l’appelle la méthode « 3 Actes 9 Blocs 27 Chapitres » (NdT : la méthode des Trois). J’utilise ce guide principalement pour décrire et comprendre mon histoire, mais c’est aussi un outil utile lors des révisions, notamment en ce qui concerne le rythme.
Bien entendu, nous commençons par trois actes. Or, la plupart des structures en trois actes considèrent les premiers 25 % de l’histoire comme l’acte 1, les 50 % du milieu comme l’acte 2 et les derniers 25 % comme l’acte 3. Personnellement, j’aime diviser mes actes de manière égale, mais c’est juste une préférence organisationnelle. Quelle que soit la façon dont vous divisez votre histoire, les points de base de l’intrigue se retrouvent toujours à peu près au même endroit.

Je commence donc par trois actes égaux que je divise ensuite en trois, pour un total de 9 blocs. Dans un roman standard (disons 60 000-90 000 mots), chaque bloc finira par faire environ 30-40 pages.
ACTE I
bloc 1 ˗ introductions / événement déclencheur
bloc 2 ˗ réaction / action / conséquence
bloc 3 ˗ torsion de l’intrigue / rupture vers le deuxième acte

ACTE II
bloc 4 ˗ amusement & jeux / ancien vs nouveau
bloc 5 ˗ point médian / inversion
bloc 6 ˗ procès / dédicace

ACTE III
bloc 7 ˗ rebondissement de l’intrigue / moment le plus sombre
bloc 8 ˗ pouvoir au sein de / convergence
bloc 9 ˗ bataille / point culminant / résolution

J’aime diviser chacun de ces blocs en trois (j’aime les trois !) et j’appelle ces 27 points des « chapitres ». Je pense que c’est là que la méthode commence à sembler restrictive, mais je vous promets qu’elle est en fait très souple ! Les 27 chapitres sont censés être un guide de rythme général, et non une règle de formatage. Je commence presque toujours avec une base de 27 chapitres, mais mon décompte final est très rarement de 27 chapitres. Par exemple, j’ai une histoire où chaque bloc est divisé en six ou sept chapitres plus courts pour un rythme plus rapide, et une autre où chaque bloc est un chapitre long avec des pauses.
Comme les 27 chapitres sont souvent fusionnés ou divisés en fonction du format de l’histoire, nous allons nous concentrer principalement sur les 9 blocs, car ceux-ci ont un peu plus de structure et de définition. Allons-y !
NdT : par commodité, chaque « chapitre » sera aussi identifié par son numéro entre parenthèses.

BLOC 1
Celui-ci est assez simple. L’objectif général du bloc 1 est de présenter le personnage et d’établir le point de départ de l’histoire. L’action principale de ce bloc est l’incident déclencheur, le grand événement qui se produit dans les 40 premières pages du roman et qui donne le coup d’envoi de toute l’histoire. Lorsque je divise ce bloc en trois chapitres, c’est généralement (1) l’introduction, (2) l’élément déclencheur et (3) la chute immédiate. Mais, comme je l’ai déjà dit, ces trois points sont souvent combinés de sorte qu’ils se produisent en même temps. Surtout dans les livres où le rythme est plus rapide. Ces livres peuvent s’ouvrir sur l’incident déclencheur et comporter les informations d’introduction nécessaires tout au long de la séquence d’action.

BLOC 2
Ce bloc se situe entre deux points majeurs de l’intrigue ˗ l’incident déclencheur qui se produit dans les premiers 10 % et le premier tournant majeur de l’intrigue qui se situe autour des 25 %. Qu’est-ce qui est censé se passer entre-temps ? Ce bloc concerne la réaction et l’action. Cet événement dramatique qui change la vie vient d’arriver au protagoniste. Il n’a pas eu le choix. Mais il a maintenant le choix de sa réaction et de ce qu’il fera ensuite, même si l’action qu’il entreprend est de s’enfuir ! La rébellion est très courante pour le protagoniste à ce stade. Dans le Voyage du héros, il s’agit de « Refuser l’appel ». Les chapitres de cette section sont les suivants : (4) réaction, (5) action et (6) conséquence. C’est là que l’on commence vraiment à voir quel genre de personne le protagoniste est lorsqu’il est sous pression. Comment réagit-il ? Quel type d’action entreprend-il ? Et quel type de conséquence cette action entraîne-t-elle ?

BLOC 3
Ce bloc concerne le premier grand rebondissement de l’intrigue et la transition vers l’acte 2. Je pense que les temps du chapitre ici sont (7) la pression, ( 8 ) le rebondissement et (9) la poussée. La pression s’est lentement accrue depuis l’incident déclencheur. Mais si c’était là l’étincelle, alors le rebondissement c’est le feu. Même si le protagoniste s’est rebellé contre le changement provoqué par l’incident déclencheur, il ne peut pas continuer en l’ignorant. Le changement est déjà en cours. La pression et la tension s’accumulent à mesure que le protagoniste résiste à l’inévitable, et quelque chose doit céder. Le premier grand rebondissement de l’intrigue se produit et nous pousse pleinement dans le monde de l’histoire. Il n’y a pas de retour en arrière. Nous sommes maintenant dans le deuxième acte.

BLOC 4
Ce bloc est le plus amusant. C’est la partie où le public doit trouver ce pour quoi il a signé. Dans Hunger Games, c’est la partie où Katniss entre enfin dans l’arène et où les jeux de la faim proprement dits commencent. Dans le premier livre d’Harry Potter, c’est ici que Harry commence officiellement à Poudlard et que les lecteurs font l’expérience des merveilles et des pitreries qu’ils attendent de l’« école des sorciers ». Pour Twilight, qui repose sur le principe de la « romance de vampire », c’est le moment où Bella a finalement compris qu’Edward est un vampire et où ils entament leur relation amoureuse.
C’est dans cette section que vous livrez ce que votre prémisse a promis au lecteur. J’énumère ici les temps du chapitre comme suit : (10) nouveau monde, (11) amusement & jeux, et (12) juxtaposition de l’ancien monde. Mais c’est l’un des blocs où les rythmes se mélangent et l’ordre n’a pas beaucoup d’importance. Vous pouvez juste jouer avec votre prémisse et explorer ce nouveau monde tout en mettant en évidence le contraste de l’ancienne vie du protagoniste pour montrer comment les choses ont changé.

BLOC 5
C’est un bloc délicat. Je décompose les temps du chapitre en (13) accumulation, (14) point médian et (15) retournement. L’objectif général est assez facile à saisir. Ce bloc est bâti autour du point médian. Mais ce tournant est si différent pour chaque histoire qu’il est difficile d’être précis avec des lignes directrices. En fait, cela se résume à des douleurs de croissance. Le protagoniste est en train de changer, et c’est censé être un moment charnière dans cette transformation. Le moyen le plus simple que j’ai trouvé pour aborder le point médian est de connaître ma fin et de travailler à l’envers. Si le protagoniste commence par être un fainéant réticent et finit par être un sauveur héroïque, alors qu’est-ce qui se trouve précisément au milieu de ce voyage ? C’est le point de basculement où il devient plus héroïque que jamais. Le chemin à parcourir est encore long, mais nous en sommes à plus de la moitié.

BLOC 6
Un autre bloc de l’acte 2 : les douleurs de croissance. Je décompose le chapitre en (16) réaction, (17) épreuves et (18) dévouement. Dans cette section, le protagoniste réagit à l’inversion du point médian. Nous pouvons voir le potentiel de ce qu’il pourrait être à la fin de cette histoire, mais il doit encore se battre et traverser quelques épreuves. Quelque chose mettra sa détermination à l’épreuve ˗ souvent le protagoniste subit une perte ou doit faire face à un revers ou à une distraction ˗ mais après avoir réussi à passer le cap du retournement de situation, il est plus déterminé et dévoué que jamais.

BLOC 7
Enfin, nous en avons fini avec l’imprécision brumeuse de l’acte 2 et son manque de points d’intrigue concrets ! Je décompose les chapitres de ce bloc en (19) le calme avant la tempête, (20) le rebondissement de l’intrigue, et (21) le moment le plus sombre. Notre protagoniste commence l’acte 3 avec détermination, puis son dévouement est immédiatement mis à l’épreuve jusqu’à un point de rupture. C’est la partie où absolument tout va mal et où tout espoir est perdu. Plus vous pouvez faire tomber votre protagoniste, plus son retour sera triomphant.

BLOC 8
Il est temps de se lever ! Le protagoniste n’a pas fait tout l’acte 2 pour être battu si facilement ! Dans ce bloc, le protagoniste rassemble les (22) forces intérieures et rebondit à partir de son moment le plus bas. Il passe à l’action et rassemble les (23) troupes pour l’aider à reprendre le contrôle de l’histoire. Et grâce à ses actions, tous nos différents fils de l’intrigue (24) convergent et se tissent ensemble alors que le protagoniste conduit cette histoire vers sa dernière ligne droite.

BLOC 9
Ah, le dernier bloc. C’est un autre bloc qui semble très simple. Bien sûr, nous avons (25) la bataille finale, puis (26) l’apogée, et enfin (27) la résolution. Simple en théorie, plus difficile à exécuter ! Et il est difficile de se plonger dans les détails ici parce qu’une grande partie de ce qui fait qu’une fin est satisfaisante et réussie dépend du genre d’histoire que vous essayez de raconter.

Conclusion
L’idée principale de cette méthode des 3 Actes 9 Blocs 27 Chapitres est de fournir un guide général. Elle est censée être adaptable à une variété de genres et d’histoires, alors ne prenez pas les termes trop littéralement ! Si vous écrivez un roman épique, alors la «bataille finale» pourrait bien être une scène de bataille tentaculaire et épique. Mais si vous écrivez une romance contemporaine, la «bataille finale» peut ressembler davantage à une dispute lors d’un dîner ou d’un concours de karaoké. Le «nouveau monde» n’a pas besoin d’être un monde différent, il peut être celui d’une nouvelle relation ou d’un nouveau travail.

ESSAYEZ MAINTENANT
Analysez votre projet actuel et voyez dans quelle mesure il s’inscrit dans les 9 blocs présentés ici. En bonus, je vous suggère aussi fortement d’analyser certains de vos livres et films préférés. Les films ont tendance à être un peu plus faciles à étudier (surtout si vous choisissez un film Disney de 90 minutes, ce sont d’excellents exemples de structure serrée !) mais appliquer cet exercice à des romans peut être incroyablement instructif ! Un film moyen n’a qu’environ 10 minutes pour couvrir chaque bloc, mais avec les romans, vous avez plus de 10 000 mots par bloc, donc il y a beaucoup de possibilités pour jouer et faire appel à votre créativité !

Comme toute méthode d'écriture, celle-ci ne doit se considérer que comme une aide qu'on peut tout à fait conjuguer avec d'autres. De mon point de vue, on devrait l'utiliser surtout lors des phases de relecture, corrections et autres vérifications. Mais on peut aussi l'utiliser dès le départ d'un nouveau projet de manière à l'inscrire dans un cadre qui devrait faciliter la créativité.

C'est une bonne analyse de la structure très utilisée au cinéma par les scénaristes américains. La youtubeuse gérant la chaine The Plot Point (qui est excellente, pleine de bons conseils sur l'écriture, des personnages, de scène, et de structure) en parle mais en se basant sur Spiderman : https://www.youtube.com/watch?v=294mIBoFyrU

Personnellement je n'y pense pas vraiment au moment de l'écriture du premier jet, parfois au moment du plan, car inconsciemment j'ai en tête les grands points, comme toi je trouve ça plus utile à la correction où je vérifie ces points de bascule. Car parfois quand on doit retravailler sur le fond d'un texte, ça peut aider de revenir aux bases.