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 Rôle de l'écrivain·e ?

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Citation :
J'ai quand même l'impression qu'on ne commente pas de la même manière les textes quand on écrit ou quand on est simple lecteurice. Il y a des "ficelles" qui ne deviennent perceptibles qu'en écrivant, et les commentaires de pairs (de personnes qui écrivent) me sont souvent bien plus utiles que ceux de lecteurices simples, qui ne sauront pas pointer du doigt aussi évidemment les causes dans la langue d'un effet produit. Ca ne veut pas dire qu'on ne peut pas atteindre ce type d'expertise autrement (en traduisant, en faisant de son métier celui de lecteur·ice de comité éditorial), mais globalement, un "ce vers sonne mal" émis par un pair me sera souvent beaucoup plus utile qu'un commentaire plus universitaire.

C'est sûr. Mais je trouve que ce qui prime, c'est vraiment la qualité de lecture, plus que la praxis. Si le lecteur est bien renseigné (il sait quel retour on attend) et bien préparé (il a une culture littéraire vaste et exigeante), alors ça importe moins qu'il écrive lui-même.

C'est d'ailleurs une peur viscérale des éditeurs, trouver quelqu'un original faute de culture suffisante. Erreur courante chez les jeunes éditeurs inexpérimentés.

Dans le métier, je trouve même les double casquettes très dangereuses. Combien a-t-on entendu d'histoires d'écrivain·e·s membres de comités de lecture qui freinent les textes d'auteurs qu'ils doivent lire? Pour ça que par principe je me méfie d'éditeurs/écrivains qui s'éditent eux-mêmes. Je n'arrive pas à me séparer de cette suspicion.
 
Izuchux
   
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Izuchux  /  Tapage au bout de la nuit


Merci Pasiphae, je trouve ces échanges vraiment passionnants.

[Comme je débute (enfin depuis Aout 2019 donc un peu moins maintenant) j'ai le sentiment d'avoir toujours tout à apprendre. Aussi je me sens encore un peu dans la peau de la médiocre "qui devrait se justifier d'oser écrire". Évidemment, j'ai conscience que ça n'est jamais le propos nulle part mais c'est l'effet que des critiques "générales" sans pincette produisent sur moi : c'est assez castrateur :p.]

Les critiques et les commentaires sont véritablement l'é p i n e dorsale de l'apprentissage.
On dit souvent que pour devenir écrivain, il faut lire, mais je pense que c'est une affirmation insuffisante. Lire les auteurs publiés ne suffit vraiment pas, il faut se frotter à la critique, celles qu'on reçoit et celles que les autres reçoivent.

(edit, Fabre est passé par là.)
Je rejoinds Pasiphae et je pense que ceux qui écrivent également sont plus facilement de meilleurs critiques.
https://charlotte-miller.odoo.com/
 
Pasiphae
   
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Pasiphae  /  Truquage geniphasien


Fabre : je pense que même un·e éditeur·ice expérimenté·e peut tomber dans ce type de piège, parce qu'une culture littéraire exhaustive n'existe pas. J'avais fait un stage chez un éditeur reconnu, très cultivé, qui s'apprêtait à publier un texte qui me semblait une resucée d'un certain courant américain ; après vérification, l'éditeur en question n'avait effectivement jamais lu un seul texte de Brautigan. La morale, s'il y en a une, c'est qu'il a publié le texte Laughing qui n'était pas mauvais mais pas à la hauteur des éloges qu'il suscitait de la part de l'éditeur en question. Bon, c'est un tout petit exemple qui n'invalide pas du tout ce que tu dis... et qui a contrario le confirmerait.

Mais tu as raison qu'un·e lecteur·ice expérimenté·e acquerra de fait des compétences pour le commentaire ; mais peut-être pas les mêmes que celles de quelqu'un·e qui écrit, et si on se situe dans la phase d'élaboration du texte... (bon après je n'ai jamais fait lire mes textes à un·e lecteurice expérimenté·e qui n'écrive pas également, ce qui fait que par défaut d'expérience, je peux difficilement en juger)

Je n'ai pas compris ton dernier paragraphe ?

Izu : tout à fait d'accord. On n'apprend à écrire qu'à plusieurs. Le mythe de l'écrivain·e solitaire dans sa tour d'ivoire a été forgé au 19e siècle par des écrivain·es qui se réunissaient plusieurs fois par semaine pour éprouver leurs textes au contact de pairs... c'est quand même rigolo
 
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Sur le lecteur qui écrit aussi. J'ai été trop vite et j'ai sauté de suite à l'éditeur qui écrit aussi.
 
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Comment ça fait plaisir de voir un message jeté un peu sur un coup de tête devenir un débat plein de pertinence et sans accro - pour l'instant. Voila qui nous change de Twitter Razz

Ben du coup, vu que ça prend je vais ajouter des remarques personnelles - je ne cherche pas à synthétiser (ce serait une dissertation ennuyeuse en plus) alors pèle mêle :

Il faut savoir que vous avez orienté la discussion vers la littérature - et c'est juste puisqu'au fond, on est sur un forum de jeunes écrivains - mais initialement, j'avais plutôt les Arts plastiques en tête. Et c'est vrai qu'en ce domaine, on observe beaucoup cette obstination à penser que l'artiste est résolument engagé ou n'est rien. Cela vient à mon sens de plusieurs choses... D'une part, une grosse part : le mépris lattent que la société contemporaine voue à la création artistique. Dans cet impératif de "l'artiste doit être engagé", je ne peux pas m'empêcher d'y voir la marque de cette détestation, et d'ailleurs on me l'a claqué dans la figure une fois "mais alors si l'artiste n'est pas engagé, il sert à quoi franchement?". Comme si l'engagement était un gage de crédibilité pour un domaine qui n'en a plus aucune aux yeux du public.

L'époque contemporaine hait le vide au plus haut point, alors l'idée d'un peintre qui peint pour le beau, ou qui s'engage dans une quête purement esthétique, c'est forcément vu comme quelque chose de vain, frivole, inepte - et ça l'est, mais ça c'est une autre histoire. Alors que l'artiste qui dénonce des inégalités, qui utilise sa popularité pour influencer l'opinion, c'est un "artiste utile". Et ce faisant, on comprend la réaction de cette personne qui m'a répondu "dans les médias on ne voit que des artistes engagés", ben oui forcément, puisque les médias sont la tribune de beaucoup d'engagements... Sauf qu'à mon sens, ces artistes engagés qui scandent des discours et défendent leurs 'valeurs' par l'art, eh bien pour moi ils s'éloignent un peu de l'art pour entrer en politique... En tout cas, ils agissent purement et simplement comme des politiciens !

Parfois j'ai l'impression que l'artiste dans la société a une position aussi peu enviable désormais que la conjointe d'un président : elle fait de la figuration et la pression aidant il faut qu'elle soit résolument engagée, qu'elle fasse des lectures de contes pour enfants dans les écoles des quartiers difficiles, ou qu'elle s'engage dans la lutte contre le cancer. Mais pas le droit de se plaindre : quel honn(rr)eur d'être la première dame de France !

Cette obstination de l'art engagé mène d'ailleurs à des abus sous prétexte de solidarité - on sait déjà tous à quel point tout créatif croule sous les sollicitations de travail gratuit "fais moi une affiche pour mon association", "un petit dessin en échange de visibilité sur les réseaux sociaux", mais avez vous déjà vu ces ventes d’œuvres caritatives ? Combien de fois on m'a harcelé avec ça, des incitations à vendre mes créations au profit de la Croix Rouge ou je ne sais plus quelle autre (y avait littéralement un événement consacré à ça à Lille je crois...). Comme c'est beau : l'artiste fait cadeau d'une de ses créations pour une bonne cause, quel engagement ! Sauf que : Il ne touche donc pas un seul centime, c'est parfaitement illégal (oui : la vente non déclarée de création artistique est strictement interdite - et n'essayez pas de me faire croire que ces ventes sont déclarées, c'est que du black hein...) et l'acquéreur qui emporte le butin pourra, à loisir, garder un œil sur la côte de l'artiste pour ensuite revendre à grand bénéfice la chose en question (sauf si il y a un contrat de vente que le lui interdit, ce dont je doute...). Dans tout ça, l'artiste l'a dans le fion, et la solidarité... Je sais pas si elle en sort grandie
- ce genre de truc, tout le monde est perdant à l'arrivée. Soit dit en passant, les artistes ont un régime fiscal spécifique, cotisent à l'assurance maladie et vieillesse et sont imposables comme tous les travailleurs. Donc la meilleure des solidarités, c'est encore d'acheter les œuvres d'un artiste déclaré, plutôt qu'engagé, 14% de la transaction part automatiquement à l'URSSAF, sachez le - je pense qu'un tel dispositif finance bien mieux le système de santé que toute les magouilles associatives du monde Smile

Pour finir, je pense que dans l'image de "l'artiste engagé" il y a un amalgame indémontrable de projections et de clichés romantiques d'époques et d’œuvres, et d'artistes mal connues, mélangées au fil des cours à moitié oubliés. On à l'impression parfois que tout le monde veut continuer à croire à l'artiste militant qui monte le point en l'air et qui est une personne publique, politique, sociale et entière en plus de son art. C'est beaucoup demander je trouve... Je ne dis pas que ça n'a jamais existé, mais ça reste des cas très isolés - ou alors attribué à des personnalités qui était quand même moins artistes que personnalités publiques.

On peut toutefois citer des exemples tout à fait pertinents d'artiste engagé : Joséphine Baker par exemple. Mais, si admirable et percutante qu'elle ai pu être dans son engagement, dans ses luttes, j'ai du mal à voir où est son oeuvre et où son ses créations originales à proprement parler. L'histoire a retenu une personnalité publique, l'artiste a un peu disparu, elle est connue pour ce qu'elle a fait en temps que militante, pas pour ce qu'elle a créé en temps qu'artiste. Elle n'aurait été ni féministe ni résistante, se serait-on souvenu d'elle ? Là on en arrive un peu à la question de où s'arrête l'artiste et où commence la personnalité publique ? Après je me trompe peut-être, et peut-être qu'il y a eu un véritable apport à la pratique de la danse contemporaine en son temps... Au final l'artiste engagé, c'est un peu la même chose que le mythe du self made men : parce que "quand on veut on peut" alors on peut être tout et son contraire tout en même temps - et parce que "tel artiste" y est parvenu en 1920, alors tout le monde peut le faire.
 
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Très juste.

Je rajouterais qu'il y a un écart de dingue entre la perception générale de l'artiste et l'industrie qu'il fait naitre.

La plupart des gens consomment de la fiction TOUS LES JOURS, voire PLUSIEURS FOIS PAR JOUR, et pourtant quand tu dis vouloir en créer, on se fiche de toi ou déclare tes envies irréalistes.

C'est un paradoxe qui me rend vraiment perplexe.
 
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Fabre a écrit:
Très juste.

Je rajouterais qu'il y a un écart de dingue entre la perception générale de l'artiste et l'industrie qu'il fait naitre.

La plupart des gens consomment de la fiction TOUS LES JOURS, voire PLUSIEURS FOIS PAR JOUR, et pourtant quand tu dis vouloir en créer, on se fiche de toi ou déclare tes envies irréalistes.

C'est un paradoxe qui me rend vraiment perplexe.

Tout à fait d'accord. Pour ce qui est du débat sur l'engagement de l'écrivain, je dirais qu'écrire s'est déjà s'engager d'une certaine manière, comme certains vont au service militaire ou religieux; c'est un effort d'écrire et de dire qu'on est auteur ou écrivain face aux autres.
Quelqu'un qui viendrait frapper chez moi et me demanderait de m'engager, car je suis auteur, se verrait prendre ma porte en réponse alors que je lui lançerais un "j'ai déjà donné".

S'engager dans quoi? Pour qui? Si je m'engageais en disant que je suis apolitique par exemple... ou que je n'aime pas les assos (c'est pas vrai, mais pour la blague); on me dirait "Mais t'es pas un peu con, toi?"
Une fois qu'un auteur s'engagerait, on commençerait en plus à lui dire "Ah oui mais va pas t'engager par là, c'est pas bon, ça. Le bon engagement, c'est par ici, monsieur."
 
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Pour moi non plus, faire de l'art ne nécessite pas d'être engagé.
(Je vous ai tout lu :p mais je voulais répondre à la question initiale)
Mais d'un côté on prône quand même nos idées, nos façons de voir les choses car nos écrits sont au final une partie de nous.
Donc même si au départ on a pas l'idée de produire un écrit engagé il peut le devenir selon les interprétations et à notre insu.
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A mon sens un artiste est quelqu'un qui retransmet (peu importe sous quelle forme, écrite, visuelle, musicale etc) ce qu'il voit du monde. Sa perception peut donc être engagée, ou pas - peu importe, il explique le monde à sa manière. Certains artistes seront donc engagés, d'autres pas... selon leur caractère, leur perception du monde.
 
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Dire qu'un ou une artiste n'est pas forcément engagé-e, pour moi, c'est nier l’hégémonie de discours et de comportements oppressifs omniprésents. Il n'y a d'ailleurs rien de plus engagé que prétendre de ne pas l'être.

Qui décrit, par exemple godwinien, sur le ton de la plus grande innocence, la beauté majestueuse d'un défilé de tziganes amené-e-s dans un camps d'extermination sans se positionner (ni pour ni) contre ce qui se passe devant ses yeux, s’appelle pour moi un-e collabo. Même si cette personne croit que l'art n'est pas forcément engagé.

L'air que tu respires, la bouffe, l'ordinateur sur lequel tu écris, la langue que tu emploies, les mots, les changements, le statu quo... Tout est politique. L'art n'est pas politique car c'est sa nature, l'art est politique car tout est politique.



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Complètement d'accord ! Le neutre n'existe pas.
 
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Oui mais on parle du rôle de l'écrivain, pas de la nature politique d'un acte de langage. Attention à ne pas tout mélanger.

Engagé au sens de s'engager dans la machine politique d'une manière ou d'une autre, ou engagé au sens de mon acte de langage n'est pas neutre et s'inscrit dans un contexte qui porte toute une subjectivité avec lui, ce sont deux concepts très différents.

Que l'écrivain soit politique, comme tout, politique au sens large, okay.

Mais qu'il se considère comme obligé de répondre à l'actualité politique, à l'actualité des idées en vogue, des débats en cours, et qu'il doive occuper une place et un discours visible dans cet espace public, ça s'est à discuter. Bref, est-ce que l'écrivain hugolien, sartrien, camusien, est encore un rôle enviable de l'écrivain?

La on recentre le débat. restons collés à une définition commune et intelligible.

Liam tu ne parles pas de la même chose que ceux du dessus.

On peut en effet décider de ne pas s'engager au sens de militantisme ou de positionnement dans l'espace public face à un groupe ou une question donnée; on ne peut, en effet, jamais, comme tu le dis, s'écarter tout à fait du contexte, de l'environnement dans lequel on produit un discours.
 
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Fabre a écrit:

Mais qu'il se considère comme obligé de répondre à l'actualité politique, à l'actualité des idées en vogue, des débats en cours, et qu'il doive occuper une place et un discours visible dans cet espace public, ça s'est à discuter.

Oui, "il [ou elle] faut qu'il [ou elle] se sente obligé[-e]" de répondre à l'actualité politique. Pas pour des raisons morales, je ne dis pas ça en moralisateur (mais j'adore le rôle de moralisateur, j'avoue !), mais pour des raisons logiques. Il ou elle est obligé-e de le faire, factuellement, ni l'artiste, ni personne en fait n'a le choix. C'est la dure réalité. L'actualité politique on ne s'en extirpe pas facilement, elle parle de nous, de nous maintenant, tout de suite.
Le simple fait de ne pas utiliser d'écriture inclusive, par exemple, c'est répondre à l'actualité politique. Ne pas dénoncer le producteur qui harcèle et agresse des actrices, parce que tu ne veux pas nuire à ta carrière de réalisateur, c'est répondre à l'actualité politique. Manger des aliments qui nécessitent de tuer des êtres sensibles séquestrés toute leur vie, c'est répondre à "l'actualité politique". Je peux continuer longtemps comme ça.

"Les idées en vogue" ne sont pas en vogue par hasard.

Bon, tu ne parles pas de ça non plus, je suppose. Tu veux dire, peut-être, que tu te demandes si l'artiste doit s'exprimer dans les médias. A cela, je réponds, non, je ne penses pas. L'artiste peut aussi bien nourrir simplement son œuvre de son engagement, sans s'exprimer dans les médias. L'artiste n'est pas obligé-e d’adhérer à un parti politique non plus. Mais bon, je ne trouve pas ces questions très intéressantes.


Fabre a écrit:
Bref, est-ce que l'écrivain hugolien, sartrien, camusien, est encore un rôle enviable de l'écrivain ?

Pourquoi il ne le serait pas ?

L'art ne sert peut-être à rien, c'est son essence ? Lui donner une utilité, ce serait l'avilir ? Admettons cette idée.
Mais à ça je réponds que l'art engagé (d'Hugo et de Camus, ou d'autres personnes plutôt de gauche plus actuelles) ne sert absolument à rien, puisqu'il est au service de l’humain, ou des autres animaux, parfois même des plantes, des paysages, et que tout ça, toute cette réalité, par essence : ne sert à rien. Se mettre au service que quelque chose qui ne sert à rien, pour moi, c'est synonyme de ne servir à rien. La dichotomie entre ce qui sert et ce qui ne sert pas ne se réfère à aucune réalité. Tout comme la frontière entre artiste engagé et artiste "non engagé".


https://linktr.ee/guilhemdedesencerclement
 
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Ne sayt ce qu'artiste veult dire
Ni ne sayt ce qu'estre engagé,
Mais au dangier de m'en desdire
Plus estois rimeur dégagé.


Dernière édition par Ossuar Doultrecieulx le Dim 10 Mai 2020 - 11:01, édité 1 fois
 
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Je meurs de seuf auprès de la fontaine,
Chaud comme feu, et tremble dent à dent ;
En mon pays suis en terre lointaine ;
Lez un brasier frissonne tout ardent ;
Nu comme un ver, vêtu en président,
Je ris en pleurs et attends sans espoir ;
Confort reprends en triste désespoir ;
Je m'éjouis et n'ai plaisir aucun ;
Puissant je suis sans force et sans pouvoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.

Rien ne m'est sûr que la chose incertaine ;
Obscur, fors ce qui est tout évident ;
Doute ne fais, fors en chose certaine ;
Science tiens à soudain accident ;
Je gagne tout et demeure perdant ;
Au point du jour dis : " Dieu vous doint bon soir ! "
Gisant envers, j'ai grand paour de choir ;
J'ai bien de quoi et si n'en ai pas un ;
Echoite attends et d'homme ne suis hoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.

De rien n'ai soin, si mets toute ma peine
D'acquérir biens et n'y suis prétendant ;
Qui mieux me dit, c'est cil qui plus m'ataine,
Et qui plus vrai, lors plus me va bourdant ;
Mon ami est, qui me fait entendant
D'un cygne blanc que c'est un corbeau noir ;
Et qui me nuit, crois qu'il m'aide à pourvoir ;
Bourde, verté, aujourd'hui m'est tout un ;
Je retiens tout, rien ne sait concevoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.

Prince clément, or vous plaise savoir
Que j'entends mout et n'ai sens ne savoir :
Partial suis, à toutes lois commun.
Que sais-je plus ? Quoi ? Les gages ravoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.
 
   
    
                         
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