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 Traque solaire - Pasifaea

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Pasiphae
   
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Le livre que je lis en ce moment se passe au Mexique. Il n'a pas été écrit par Bolaño, et pour moi qui ne suis pas mexicaine, il ne se passe donc pas dans le même Mexique que celui des Détectives sauvages.

Ce livre s'appelle La Maestra. Une femme blanche, canadienne, y est malade, puis s'échappe de la bâtisse monstrueuse et dorée où son mari la cloître ; elle laisse derrière elle la glycine blanche, traverse Mexico, ignore les Huastecos qui manifestent devant la cathédrale, prend un autocar qui l'emmène à son terminus.

Elle accoste dans un tout petit village de montagne, misérable. Les gens y ont la peau dorée, sont analphabètes, et espèrent du Presidente un curé et un gendarme. Elle se fait passer pour une maîtresse d'école.

Les villageois·es ne l'aiment pas beaucoup, iels se méfient. Cette étrangère qu'iels nourrissent apprend à leurs enfants des choses qui les dépassent ou leur donnent des cauchemars.

La Maestra, qui peu à peu oublie qu'elle s'appelle Emma, se voit confier un nourrisson. Deux petites filles se confient ensuite à elle. Pour des choses aussi radicalement importantes que la maternité, et pour d'autres moins importantes, la Maestra ne sait pas dire non.

Dans le village, les petits garçons s'appellent Pepito, Juanito. Les petites filles portent des prénoms semblables, qui se terminent par un -a.

Que dire de ce village, au bord d'un volcan et d'un précipice. On y mange du maïs et, lorsque le maïs pousse mal, du cactus. Une forêt est investie par les esprits magiciens et conspirateurs, dans le fond du village.

Sept cabanes seulement, et les villageois·es demandent au Presidente un gendarme et une route goudronnée. L'autocar ne pousse jamais la route jusqu'au village, il faut marcher, escalader, contourner pour s'y rendre.

Je ne connaissais pas le Mexique des Huastecos misérables, qui vivent dans les montagnes et n'ont accès qu'à un service public minimal. Le Presidente, ou son assistant, ou même l'assistant de son assistant, ne donne ni route, ni gendarme, ni curé, ni vraie maestra au village : il indique d'un doigt paresseux la décharge où, parfois, des livres usagés sont jetés.

On ramène des livres usagés au village. Ils parlent de guerres, et de pays trop lointains pour Pepito, Juanito et les filles.

Ce Mexique n'est pas celui de Bolaño.


Dernière édition par Pasiphae le Jeu 2 Jan 2020 - 12:53, édité 1 fois
 
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25, comme ce jour de décembre où naît l'enfant Jésus.

Petite, je me berçais de cette image : berceau de foin,

Nouveau-né, animaux de l'étable aux naseaux fumants.

Je n'imaginais pas Marie en parturiente, mais plutôt en

Sainte, auréolée d'une lumière très douce, nécessaire

Dans ce village de Nazareth où les nuits devaient être

Très noires. Joseph occupait une place en retrait, et

Les rois mages, suivis des bergers et des villageoises,

Apportaient de riches cadeaux, ou une adoration très

Simple. Mon cœur d'enfant fêtait cette naissance, car

Jésus était l'Amour, et je ne rêvais de rien d'autre. Il

Me semblait que nous faisions fête à cette très douce

Lumière. Mais bien sûr, ma famille faisait fête à elle-

Même, et bien sûr, il n'y avait rien de honteux à cela.

Je me demande si les poètes et les poétesses du ro-

Man de Bolaño faisaient fête à l'enfant Jésus, s'iels

Faisaient fête à l'Amour. Ma tante accouchera deux

Jours avant Noël d'une petite fille. Cette année, une

Fois encore, je célèbrerai une naissance, une bonne

Nouvelle, mais j'ai perdu la foi depuis longtemps. Je

Me demande combien de naissances réelles seront

Célébrées, si tout comme Marie, ma tante aura des

Airs de sainte, une cicatrice recousue, une auréole.
 
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Je suis allée au bord de la mer, pour y prendre des vidéos.

Les vagues étaient déchaînées. Le vent hurlait, les vagues

Se brisaient contre les rochers. Une mousse épaisse giclait

Sur le goudron de la route. Les taillis tremblaient, et leurs

Petites feuilles, sur mon écran, étaient à peine visibles dans

Ce tremblement. J'ai enregistré beaucoup d'images. Mes

Vidéopoèmes, dans cette deuxième partie de la traque, ne

Seront plus fabriqués à partir des images troubles du lac

De montagne. Ils seront désormais emmêlés à l'eau bleue

Des vagues, au vent qui tremble, à toutes les feuilles du

Taillis. Je les espère réussis.
 
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l'enfer c'est les autres l'enfer c'est la famille la famille qui vous
empêche d'écrire, qui vous empêche de respirer trop fort qui
vous empêche d'aller écrire qui vous humilie qui vous prive de
toute échappatoire l'enfer c'est l'absence d'accès à un espace
une chambre à soi une pièce un espace sans la famille l'enfer
c'est les autres et au milieu du chemin de notre vie on trouve
rien que l'enfer l'enfer et en plus si tu as tes règles oui j'ai mes
règles l'enfer devient rouge et rougeoyant et vous rôtissez en
plein dedans et on vous humilie oui on m'humilie ça oui pour
le plaisir de l'humiliation la famille est douée pour le plaisir de
l'enfer on vous fera rôtir plutôt deux fois qu'une et même si on
pouvait vous faire rôtir autant de fois qu'il y a de pages dans un
roman de bolaño ça oui la famille le ferait car la famille est infer-
nale ne vous laisse aucune échappatoire il n'y a aucun espace ou
alors si on peut considérer comme espace à soi la seule pièce avec
un verrou oui la salle de bain seul répit dans l'enfer infernal et si
en plus de tout ça vous avez vos règles vous rôtirez plus vite, plus
fort en enfer. voilà ça fait du bien on dit que les gens râlent vingt-
deux minutes par jour sauf le lundi c'est plus iels l'ont dit à la télé
car en enfer infernal la télé reste allumée tout le jour et vous ne
pourrez pas échapper à son ronron à son flonflon de fête foraine
et vous vous demandez oui je me demande combien de cocaïne
consomment ces gens de la télé qui sont bien obligé·es de rire car
l'enfer infernal c'est aussi bien l'écran de la télé que ce qu'on trouve
à l'intérieur dans les jeux télévisés les invité·es stars déchues du star
system doivent rire iels semblent apprécier le doux et lent rôtissement
de leur chair peut-être que les invitées ont leurs règles aussi et qu'elles
rient de douleur peut-être qu'on ne leur a pas donné assez de cocaïne
pour échapper à leur spm moi je suis en enfer je vous le dis l'enfer c'
est aussi de ne pas pouvoir travailler malgré l'énergie malgré les idées
car on vous coupe car votre travail n'est-ce-pas n'est pas un vrai tra-
vail alors on vous interrompt on peut vous interrompre mais on n'in
terrompra pas les hommes car ils mettent des chemises blanches et
ont des réunions très sérieuses et très importantes par visioconférence
alors chut n'est-ce-pas chut ne les interrompez pas vous allez les dé
ranger vous êtes infernale mademoiselle mais vous mais vous on
vous interrompra pas de souci on vous fera mille reproches plus de
dix minutes au travail et vous dérogez à toutes les règles sacrées de
l'hospitalité sale bête car oui je porte une robe à fleur et pas de che-
mise donc mon travail n'est pas un vrai travail et ne mérite ni interva
lle de silence ni chambre à soi ni verrou ni chut chut chut et si en plus
tu as tes règles ça prouve bien que tu es une fille va rôtir en enfer
avec les tien·nes ô la douce douce stupeur familiale la colère les 22
minutes pour râler même plus puisque nous sommes lundi alors
je vais me ménager un espace de silence dans ce poème enfin je
croyais mais l'enfer rougeoyant rôtissant c'est qu'on vous interrompt
quand vous tapez sur votre clavier aussi bien ce n'est pas sérieux
est-ce à cause de ma robe à fleurs roses et bleues ou bien parce qu'on
n'est pas sérieux quand on a 17 ans je n'en sais rien mais l'enfer c'est
les autres la cellule familiale et la colère rentrée. ouf oui voilà ça fait
du bien merci pour votre patience
 
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On serait en retard dans la traque. On en rirait et on se dirait : il est venu le temps de l'accélération.

Plus de ces vagues timides, lacs de montagne vus à travers une buée persistante, non ; plus de ces

Timides allusions intertextuelles, finies ! Plus de ces poétesses érigées en statues de marbre blanc

Et de ces vers longilignes et sages. Viendra bientôt la tempête. A quoi ressemblent la colère et la te-

Mpête lorsqu'elles sont à ce point liées à trois ou quatre séquences d'image ? je me demande aussi

Bien à quoi ressemblera ma voix, ce pâle instrument, timide et modulable, lorsqu'il voudra s'accor-

Der aux mille nuances de fracas de fin du monde, lorsqu'elle voudra s'entremêler aux tempêtes ?

Pasifaea est une poétesse mexicaine, Pasiphae est son double mythologique et furieux. Oui je sais

Vous me direz, que les hormones, que la précision, que la rigueur ne sont plus de mise, périodes

De séismes et de naissances... Comment lier ces nouvelles humeurs aux Détectives, c'est ce que

Nous ne savons pas encore, mais que nous trouverons bien. Dans le vacarme et l'improvisation, une

Pensée toute simple, nette, peut faire place aux meilleures alliances. Plus de ces allusions timides.
 
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Je suis ennuyée car je ne suis pas chez moi. C'est bien le même clavier, les mêmes robes portées, la même cadence infernale en tête, c'est bien la même douleur – juste un peu plus intense –, c'est bien mon même visage dans le miroir, un tout petit peu déformé.

Alors je voulais juste vous prévenir que sur le Moodle de mon labo circule un document de programmation dont voici un extrait...

Traque solaire - Pasifaea - Page 3 Captur30

Alors, je suis quelqu'une de plutôt pacifique, mais je ne peux m'empêcher de me poser une question : quels seront leurs indices ? se lancent-ils dans la traque (vous remarquerez bien que ce sont des hommes), et nous accorderont-ils un peu d'aide ?

Il va sans dire que l'esprit de concurrence anime les enquêteurs·trices lorsqu'iels se mettent à la poursuite d'un même objet. Nous n'en sommes plus à Caborca, ce qui signifie que l'objet de notre quête est un peu flou, mais tout de même, il va sans dire que je vous conseille, par pur esprit de compétition, de ranger vos indices en lieu sûr. Les universitaires / les écrivains édités possédant une position plus avantageuse que vous dans l'univers social, il va sans dire qu'ils n'hésiteraient pas à lâcher les chiens de l'enfer à vos trousses, quand bien même ces chiens se montreraient-ils tout disposés à vous déchirer les cuisses.

Je vois passer des voitures sur la route, à ma gauche. Je suis en Suisse et je m'interroge : pourquoi ce goût immodéré des enquêtes ?

Le chercheur Dominique Viart postule que la littérature contemporaine est, pour une large part, une littérature relationnelle, et qu'elle emprunte bien souvent les méthodes de l'enquête, fût-elle scientifique.

Faut-il voir un hasard dans cette fascination pour les Détectives sauvages ? leurs enquêtes étaient vagues et multiples. Nous n'avons pas fini, tant d'années après, de les poursuivre sur les routes du désert de Sonora, fussent-elles des routes narratives.

Oh, je suis désolée, tout ça est un peu snob, surtout la tournure. Je dois avoir lu trop de poésie contemporaine ces derniers jours. Qu'il y ait un lien entre la Suisse germanophone et la poésie contemporaine, c'est possible, mais je m'inquiète, et continuerai de m'inquiéter, des méthodes d'enquêtes qu'adopteront Laurent Demanze et Camille de Toledo (des hommes).

Moi aussi, par pur goût de revanche, j'ai mené l'enquête. On trouve sur remue.net, cette revue littéraire nativement numérique, quelques textes de Camille de Toledo que je ne m'aviserai pas de commenter (il n'avait qu'à s'inscrire sur le forum, et je suis animée d'un pur esprit revanchard).

Je serais peinée de terminer ce poème dans le mauvais esprit. Je crois qu'il faut saluer les gens, fussent-ils des hommes, qui inventent IRL des enquêtes bolañiennes. Ils nous donneront du grain à moudre...
 
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On court dans les champs, on court dans les pages. Et quand on ralentit, on continue de courir. C'est ça, la traque.
C'est une course d'un jour, d'un mois, qui se prolonge.
C'est une course à travers champs, dans les pluies et dans les vents.
C'est une course violente qui n'en finit jamais.

Quand on croit qu'elle se termine, il lui reste des poèmes à écrire. Des images à prélever, aquatiques. Tout au fond d'un lac de montagne, au bord d'une plage bretonne : des images, pour la course.

Une traque ça se vit avec des chiens de chasse qui vous déchirent le mollet.
Une traque c'est solaire puisque, aussi bien, je m'appelle Pasiphae.

Pasifaea, fille du soleil, est parvenue sur une côte et regarde derrière : des vagues déchaînées, un phare, quelques images qui n'en finissent pas de chanter.

La traque c'est une suite de poèmes lyriques à donf, lyriques comme Auxilio Lacouture.

Auxilio Lacouture est la mère de la poésie parce qu'elle est le personnage le plus lyrique de Bolaño.

Il lui manque des dents. Elle n'est plus jeune. Elle est la mère de la poésie, dans le lac de montagne où elle plonge, elle est la mère et elle n'a pas peur.


Dernière édition par Pasiphae le Mar 7 Jan 2020 - 12:44, édité 1 fois
 
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Yuko, le 26/07/10 sur Babelio a écrit:
Lorsque je suis revenu à mon fauteuil, je leur ai demandé de nouveau quelle était leur opinion maintenant qu'ils avaient devant eux un véritable poème de Cesarea Tinajero en personne, sans plus aucun intermédiaire, le poème et c'est tout, ils m'ont regardé et ensuite, tenant chacun la revue à la main, ils se sont plongés de nouveau dans cette flaque des années vingt, dans cette mare obscure et couverte de poussière, et ils ont dit caray, Amadeo, c'est tout ce que tu as d'elle ? et je leur ai dit ou peut-être je l'ai seulement murmuré : eh bien oui, les gars, il n'y a rien d'autre.

Eh bien oui, les filles, il n'y a rien d'autre.

Sion est un poème, c'est tout. On y VOIT DES CHOSES. Mais on n'y comprend rien.
On n'y comprend rien parce qu'on est perdues. Petites plantes mauvaises, chardons, au
Bord du chemin, nous sommes perdues. Nous avons trafiqué des cadrans de montre, et
On nous a crues. Mais nous sommes, tout de même, perdues. Ligne de mire, crête, c'est
Tout en haut de la montagne que j'avais cru te voir. Tu t'es dérobé, comme une chouette
Comme une mauvaise métaphore. Tu t'es dérobé et maintenant je suis toute seule et j'
Espère en mon père, une réponse douce, comme un rayon, comme un de ses rayons, sur
Mon visage fatigué. C'est une très mauvaise manière d'écrire !
 
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Je voulais écrire en pensant très fort à Bolaño pour voir, pour voir
si l'ultime petite racine à en tirer était tirable vite fait comme un lait
noir, puissant, comme un lait coulé d'une colline, lait petite perle noire
lait puissant, sinueux... je m'égare.
                                                                que reste-t-il en moi des romans
longs et courts de Roberto Bolaño, mort en 2009 un an avant ma 1ère
inscription sur JE où tout le monde en parlait, que me reste-t-il, quelles
images ? Israël, dormir sur des canapés, points de chute, mélancolie,
il me reste aussi les hôtels où Liz Norton couche avec des chercheurs
et les meurtres, et le jardin où sèchent les pages d'un livre ; il me reste
une plage et de longues promenades, le Troisième Reich, et bien sûr
l'avion à la suite duquel s'inscrivent des poèmes dans le ciel chilien, mais
je dis ciel chilien quand je pense ciel d'Amérique du Sud. tout est vague,
pris dans une brume incontrôlable, et je sens par tout mon corps les pas
de géant d'un écrivain fictif, d'un écrivain perdu, je vois le corps crucifié
d'un général roumain, peut-être dans une villa luxueuse, peut-être pend-
ant la Seconde Guerre mondiale. je vois déambuler dans les rues les jeunes
poètes réal-viscéralistes, et l'ombre d'Auxilio qui les couve, car elle est leur
mère. je ne peux m'empêcher de voir aussi le lac de montagne, en Savoie,
et maintenant, le lac de montagne, dans les Pyrénées, que j'ai utilisé pour
mes vidéopoèmes. j'amalgame tous ces lacs, puisqu'ils sont nombreux dans
le réseau métaphorique de Bolaño, les lacs, les plongeurs... une grande tri-
stesse me prend car rien ne se passe comme tout aurait dû se passer. mais
on ne sait jamais. on ne sait pas, à deux jours de la fin de la traque, comment
tout ira se terminer. quels vidéopoèmes encore – j'ai dans mon téléphone des
vagues, de l'eau remuante, prise aux grands lacs suisses aussi bien qu'à l'eau
de l'océan breton. mais tout ira. tout se prolongera.
 
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On aurait un goût sucré dans la bouche. Une petite joie cruelle,

A peine. Goût de l'indélicatesse, de la stupeur, j'ai vécu trop de

Ces aventures longilignes. Il ne reste rien. Sappho s'est penchée

Par la portière de la voiture, et apostrophe les réal-viscéralistes.

Elle est la mère, leur dit-elle, la seule mère ; Cesarea, Auxilio et

Pasifea n'étaient que des mystificatrices en quête de légitimité.

Elles n'avaient qu'à rester au bord du lac, regarder les hommes

Couler. Toutes les bulles explosent à la surface, longtemps ; la

Mère de la poésie, c'est notre alliée, aussi longtemps que sa pl-

Ace lui est assurée. On aurait un petit goût de stupeur dans la

Bouche : un étonnement, une joie. Les sources de notre lyrisme

Étaient enfouies sous la terre d'une île. Un phare, au loin, nous

Rassure : Sappho, Lesbos, la mère de la poésie nous fait signe.
 
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autre lettre à FINAMOR, postée de Mytilène – fragments

Traque solaire - Pasifaea - Page 3 T0306310

Citation :
ta langueur,

FINAMOR, ô ma fille .......
ta langueur, ton sein ......, ta lyre font de toi une .... étrange......
..................
on te chasse par les rues.........
on ne te confie qu'un petit panier de brume
...
ta ........, ma fille, a fait de toi une étrangère ..........
.................., ta stupeur, ton sein doux

toute caresse, toute tendresse consumées
ta ........., ma fille, ta lyre qu'on veut briser
 
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12

Lyrique à donf est une chanson qu'on chuchote à l'oreille de Garcia Madeiro
Pour l'endormir. 55 poèmes, bientôt, la traque s'achèvera. Lyrique plus que
Sappho, lyrique plus qu'Auxilio Lacouture lorsqu'elle rêve briser un vase, pas
Possible. On sort nos lyres, on les dégaine ; lyrique à donf c'est une chanson
Pour les hommes qui écrivent de la poésie expérimentale. On défait douce-
Ment, patiemment, nos héritages. Sous la terre, on creuse, on fouille, de lon-
Gues fouilles nous mènent sous la terre de Mytilène. De petits vases ébréchés
Tintinnabulent lentement sous le coup de nos pioches. On creuse, on fouille,
On retrouve sous la terre, longuement amassés, les poèmes de nos aïeules.
On fouille, sous la terre, de petites faïences, d'oblongues poteries, on creuse
On retrouve, on défait nos héritages. Sappho est là qui nous rassure et nous
Chante cette chanson : lyrique à donf, mes filles, c'est une chanson pour vous
Une poterie, un vase ébréché. Sous la terre, mes filles, vos lyres vous attendent.
 
   
    
                         
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