|
| | Traque solaire - Pasifaea | |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Ven 20 Déc 2019 - 15:55 | |
| 26
Le livre que je lis en ce moment se passe au Mexique. Il n'a pas été écrit par Bolaño, et pour moi qui ne suis pas mexicaine, il ne se passe donc pas dans le même Mexique que celui des Détectives sauvages.
Ce livre s'appelle La Maestra. Une femme blanche, canadienne, y est malade, puis s'échappe de la bâtisse monstrueuse et dorée où son mari la cloître ; elle laisse derrière elle la glycine blanche, traverse Mexico, ignore les Huastecos qui manifestent devant la cathédrale, prend un autocar qui l'emmène à son terminus.
Elle accoste dans un tout petit village de montagne, misérable. Les gens y ont la peau dorée, sont analphabètes, et espèrent du Presidente un curé et un gendarme. Elle se fait passer pour une maîtresse d'école.
Les villageois·es ne l'aiment pas beaucoup, iels se méfient. Cette étrangère qu'iels nourrissent apprend à leurs enfants des choses qui les dépassent ou leur donnent des cauchemars.
La Maestra, qui peu à peu oublie qu'elle s'appelle Emma, se voit confier un nourrisson. Deux petites filles se confient ensuite à elle. Pour des choses aussi radicalement importantes que la maternité, et pour d'autres moins importantes, la Maestra ne sait pas dire non.
Dans le village, les petits garçons s'appellent Pepito, Juanito. Les petites filles portent des prénoms semblables, qui se terminent par un -a.
Que dire de ce village, au bord d'un volcan et d'un précipice. On y mange du maïs et, lorsque le maïs pousse mal, du cactus. Une forêt est investie par les esprits magiciens et conspirateurs, dans le fond du village.
Sept cabanes seulement, et les villageois·es demandent au Presidente un gendarme et une route goudronnée. L'autocar ne pousse jamais la route jusqu'au village, il faut marcher, escalader, contourner pour s'y rendre.
Je ne connaissais pas le Mexique des Huastecos misérables, qui vivent dans les montagnes et n'ont accès qu'à un service public minimal. Le Presidente, ou son assistant, ou même l'assistant de son assistant, ne donne ni route, ni gendarme, ni curé, ni vraie maestra au village : il indique d'un doigt paresseux la décharge où, parfois, des livres usagés sont jetés.
On ramène des livres usagés au village. Ils parlent de guerres, et de pays trop lointains pour Pepito, Juanito et les filles.
Ce Mexique n'est pas celui de Bolaño.
Dernière édition par Pasiphae le Jeu 2 Jan 2020 - 12:53, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Sam 21 Déc 2019 - 17:45 | |
| 25
25, comme ce jour de décembre où naît l'enfant Jésus.
Petite, je me berçais de cette image : berceau de foin,
Nouveau-né, animaux de l'étable aux naseaux fumants.
Je n'imaginais pas Marie en parturiente, mais plutôt en
Sainte, auréolée d'une lumière très douce, nécessaire
Dans ce village de Nazareth où les nuits devaient être
Très noires. Joseph occupait une place en retrait, et
Les rois mages, suivis des bergers et des villageoises,
Apportaient de riches cadeaux, ou une adoration très
Simple. Mon cœur d'enfant fêtait cette naissance, car
Jésus était l'Amour, et je ne rêvais de rien d'autre. Il
Me semblait que nous faisions fête à cette très douce
Lumière. Mais bien sûr, ma famille faisait fête à elle-
Même, et bien sûr, il n'y avait rien de honteux à cela.
Je me demande si les poètes et les poétesses du ro-
Man de Bolaño faisaient fête à l'enfant Jésus, s'iels
Faisaient fête à l'Amour. Ma tante accouchera deux
Jours avant Noël d'une petite fille. Cette année, une
Fois encore, je célèbrerai une naissance, une bonne
Nouvelle, mais j'ai perdu la foi depuis longtemps. Je
Me demande combien de naissances réelles seront
Célébrées, si tout comme Marie, ma tante aura des
Airs de sainte, une cicatrice recousue, une auréole. |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Dim 22 Déc 2019 - 22:43 | |
| 24
Je suis allée au bord de la mer, pour y prendre des vidéos.
Les vagues étaient déchaînées. Le vent hurlait, les vagues
Se brisaient contre les rochers. Une mousse épaisse giclait
Sur le goudron de la route. Les taillis tremblaient, et leurs
Petites feuilles, sur mon écran, étaient à peine visibles dans
Ce tremblement. J'ai enregistré beaucoup d'images. Mes
Vidéopoèmes, dans cette deuxième partie de la traque, ne
Seront plus fabriqués à partir des images troubles du lac
De montagne. Ils seront désormais emmêlés à l'eau bleue
Des vagues, au vent qui tremble, à toutes les feuilles du
Taillis. Je les espère réussis. |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Lun 23 Déc 2019 - 11:19 | |
| 23
l'enfer c'est les autres l'enfer c'est la famille la famille qui vous empêche d'écrire, qui vous empêche de respirer trop fort qui vous empêche d'aller écrire qui vous humilie qui vous prive de toute échappatoire l'enfer c'est l'absence d'accès à un espace une chambre à soi une pièce un espace sans la famille l'enfer c'est les autres et au milieu du chemin de notre vie on trouve rien que l'enfer l'enfer et en plus si tu as tes règles oui j'ai mes règles l'enfer devient rouge et rougeoyant et vous rôtissez en plein dedans et on vous humilie oui on m'humilie ça oui pour le plaisir de l'humiliation la famille est douée pour le plaisir de l'enfer on vous fera rôtir plutôt deux fois qu'une et même si on pouvait vous faire rôtir autant de fois qu'il y a de pages dans un roman de bolaño ça oui la famille le ferait car la famille est infer- nale ne vous laisse aucune échappatoire il n'y a aucun espace ou alors si on peut considérer comme espace à soi la seule pièce avec un verrou oui la salle de bain seul répit dans l'enfer infernal et si en plus de tout ça vous avez vos règles vous rôtirez plus vite, plus fort en enfer. voilà ça fait du bien on dit que les gens râlent vingt- deux minutes par jour sauf le lundi c'est plus iels l'ont dit à la télé car en enfer infernal la télé reste allumée tout le jour et vous ne pourrez pas échapper à son ronron à son flonflon de fête foraine et vous vous demandez oui je me demande combien de cocaïne consomment ces gens de la télé qui sont bien obligé·es de rire car l'enfer infernal c'est aussi bien l'écran de la télé que ce qu'on trouve à l'intérieur dans les jeux télévisés les invité·es stars déchues du star system doivent rire iels semblent apprécier le doux et lent rôtissement de leur chair peut-être que les invitées ont leurs règles aussi et qu'elles rient de douleur peut-être qu'on ne leur a pas donné assez de cocaïne pour échapper à leur spm moi je suis en enfer je vous le dis l'enfer c' est aussi de ne pas pouvoir travailler malgré l'énergie malgré les idées car on vous coupe car votre travail n'est-ce-pas n'est pas un vrai tra- vail alors on vous interrompt on peut vous interrompre mais on n'in terrompra pas les hommes car ils mettent des chemises blanches et ont des réunions très sérieuses et très importantes par visioconférence alors chut n'est-ce-pas chut ne les interrompez pas vous allez les dé ranger vous êtes infernale mademoiselle mais vous mais vous on vous interrompra pas de souci on vous fera mille reproches plus de dix minutes au travail et vous dérogez à toutes les règles sacrées de l'hospitalité sale bête car oui je porte une robe à fleur et pas de che- mise donc mon travail n'est pas un vrai travail et ne mérite ni interva lle de silence ni chambre à soi ni verrou ni chut chut chut et si en plus tu as tes règles ça prouve bien que tu es une fille va rôtir en enfer avec les tien·nes ô la douce douce stupeur familiale la colère les 22 minutes pour râler même plus puisque nous sommes lundi alors je vais me ménager un espace de silence dans ce poème enfin je croyais mais l'enfer rougeoyant rôtissant c'est qu'on vous interrompt quand vous tapez sur votre clavier aussi bien ce n'est pas sérieux est-ce à cause de ma robe à fleurs roses et bleues ou bien parce qu'on n'est pas sérieux quand on a 17 ans je n'en sais rien mais l'enfer c'est les autres la cellule familiale et la colère rentrée. ouf oui voilà ça fait du bien merci pour votre patience |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Lun 23 Déc 2019 - 18:01 | |
| 22
On serait en retard dans la traque. On en rirait et on se dirait : il est venu le temps de l'accélération.
Plus de ces vagues timides, lacs de montagne vus à travers une buée persistante, non ; plus de ces
Timides allusions intertextuelles, finies ! Plus de ces poétesses érigées en statues de marbre blanc
Et de ces vers longilignes et sages. Viendra bientôt la tempête. A quoi ressemblent la colère et la te-
Mpête lorsqu'elles sont à ce point liées à trois ou quatre séquences d'image ? je me demande aussi
Bien à quoi ressemblera ma voix, ce pâle instrument, timide et modulable, lorsqu'il voudra s'accor-
Der aux mille nuances de fracas de fin du monde, lorsqu'elle voudra s'entremêler aux tempêtes ?
Pasifaea est une poétesse mexicaine, Pasiphae est son double mythologique et furieux. Oui je sais
Vous me direz, que les hormones, que la précision, que la rigueur ne sont plus de mise, périodes
De séismes et de naissances... Comment lier ces nouvelles humeurs aux Détectives, c'est ce que
Nous ne savons pas encore, mais que nous trouverons bien. Dans le vacarme et l'improvisation, une
Pensée toute simple, nette, peut faire place aux meilleures alliances. Plus de ces allusions timides. |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Dim 29 Déc 2019 - 16:53 | |
| 21Je suis ennuyée car je ne suis pas chez moi. C'est bien le même clavier, les mêmes robes portées, la même cadence infernale en tête, c'est bien la même douleur – juste un peu plus intense –, c'est bien mon même visage dans le miroir, un tout petit peu déformé. Alors je voulais juste vous prévenir que sur le Moodle de mon labo circule un document de programmation dont voici un extrait... Alors, je suis quelqu'une de plutôt pacifique, mais je ne peux m'empêcher de me poser une question : quels seront leurs indices ? se lancent-ils dans la traque (vous remarquerez bien que ce sont des hommes), et nous accorderont-ils un peu d'aide ? Il va sans dire que l'esprit de concurrence anime les enquêteurs·trices lorsqu'iels se mettent à la poursuite d'un même objet. Nous n'en sommes plus à Caborca, ce qui signifie que l'objet de notre quête est un peu flou, mais tout de même, il va sans dire que je vous conseille, par pur esprit de compétition, de ranger vos indices en lieu sûr. Les universitaires / les écrivains édités possédant une position plus avantageuse que vous dans l'univers social, il va sans dire qu'ils n'hésiteraient pas à lâcher les chiens de l'enfer à vos trousses, quand bien même ces chiens se montreraient-ils tout disposés à vous déchirer les cuisses. Je vois passer des voitures sur la route, à ma gauche. Je suis en Suisse et je m'interroge : pourquoi ce goût immodéré des enquêtes ? Le chercheur Dominique Viart postule que la littérature contemporaine est, pour une large part, une littérature relationnelle, et qu'elle emprunte bien souvent les méthodes de l'enquête, fût-elle scientifique. Faut-il voir un hasard dans cette fascination pour les Détectives sauvages ? leurs enquêtes étaient vagues et multiples. Nous n'avons pas fini, tant d'années après, de les poursuivre sur les routes du désert de Sonora, fussent-elles des routes narratives. Oh, je suis désolée, tout ça est un peu snob, surtout la tournure. Je dois avoir lu trop de poésie contemporaine ces derniers jours. Qu'il y ait un lien entre la Suisse germanophone et la poésie contemporaine, c'est possible, mais je m'inquiète, et continuerai de m'inquiéter, des méthodes d'enquêtes qu'adopteront Laurent Demanze et Camille de Toledo (des hommes). Moi aussi, par pur goût de revanche, j'ai mené l'enquête. On trouve sur remue.net, cette revue littéraire nativement numérique, quelques textes de Camille de Toledo que je ne m'aviserai pas de commenter (il n'avait qu'à s'inscrire sur le forum, et je suis animée d'un pur esprit revanchard). Je serais peinée de terminer ce poème dans le mauvais esprit. Je crois qu'il faut saluer les gens, fussent-ils des hommes, qui inventent IRL des enquêtes bolañiennes. Ils nous donneront du grain à moudre... |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Jeu 2 Jan 2020 - 23:20 | |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Ven 3 Jan 2020 - 20:15 | |
| 19
On court dans les champs, on court dans les pages. Et quand on ralentit, on continue de courir. C'est ça, la traque. C'est une course d'un jour, d'un mois, qui se prolonge. C'est une course à travers champs, dans les pluies et dans les vents. C'est une course violente qui n'en finit jamais.
Quand on croit qu'elle se termine, il lui reste des poèmes à écrire. Des images à prélever, aquatiques. Tout au fond d'un lac de montagne, au bord d'une plage bretonne : des images, pour la course.
Une traque ça se vit avec des chiens de chasse qui vous déchirent le mollet. Une traque c'est solaire puisque, aussi bien, je m'appelle Pasiphae.
Pasifaea, fille du soleil, est parvenue sur une côte et regarde derrière : des vagues déchaînées, un phare, quelques images qui n'en finissent pas de chanter.
La traque c'est une suite de poèmes lyriques à donf, lyriques comme Auxilio Lacouture.
Auxilio Lacouture est la mère de la poésie parce qu'elle est le personnage le plus lyrique de Bolaño.
Il lui manque des dents. Elle n'est plus jeune. Elle est la mère de la poésie, dans le lac de montagne où elle plonge, elle est la mère et elle n'a pas peur.
Dernière édition par Pasiphae le Mar 7 Jan 2020 - 12:44, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Ven 3 Jan 2020 - 20:19 | |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Ven 3 Jan 2020 - 20:26 | |
| 17 - Yuko, le 26/07/10 sur Babelio a écrit:
- Lorsque je suis revenu à mon fauteuil, je leur ai demandé de nouveau quelle était leur opinion maintenant qu'ils avaient devant eux un véritable poème de Cesarea Tinajero en personne, sans plus aucun intermédiaire, le poème et c'est tout, ils m'ont regardé et ensuite, tenant chacun la revue à la main, ils se sont plongés de nouveau dans cette flaque des années vingt, dans cette mare obscure et couverte de poussière, et ils ont dit caray, Amadeo, c'est tout ce que tu as d'elle ? et je leur ai dit ou peut-être je l'ai seulement murmuré : eh bien oui, les gars, il n'y a rien d'autre.
Eh bien oui, les filles, il n'y a rien d'autre. Sion est un poème, c'est tout. On y VOIT DES CHOSES. Mais on n'y comprend rien. On n'y comprend rien parce qu'on est perdues. Petites plantes mauvaises, chardons, au Bord du chemin, nous sommes perdues. Nous avons trafiqué des cadrans de montre, et On nous a crues. Mais nous sommes, tout de même, perdues. Ligne de mire, crête, c'est Tout en haut de la montagne que j'avais cru te voir. Tu t'es dérobé, comme une chouette Comme une mauvaise métaphore. Tu t'es dérobé et maintenant je suis toute seule et j' Espère en mon père, une réponse douce, comme un rayon, comme un de ses rayons, sur Mon visage fatigué. C'est une très mauvaise manière d'écrire ! |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Lun 6 Jan 2020 - 19:20 | |
| 16
Je voulais écrire en pensant très fort à Bolaño pour voir, pour voir si l'ultime petite racine à en tirer était tirable vite fait comme un lait noir, puissant, comme un lait coulé d'une colline, lait petite perle noire lait puissant, sinueux... je m'égare. que reste-t-il en moi des romans longs et courts de Roberto Bolaño, mort en 2009 un an avant ma 1ère inscription sur JE où tout le monde en parlait, que me reste-t-il, quelles images ? Israël, dormir sur des canapés, points de chute, mélancolie, il me reste aussi les hôtels où Liz Norton couche avec des chercheurs et les meurtres, et le jardin où sèchent les pages d'un livre ; il me reste une plage et de longues promenades, le Troisième Reich, et bien sûr l'avion à la suite duquel s'inscrivent des poèmes dans le ciel chilien, mais je dis ciel chilien quand je pense ciel d'Amérique du Sud. tout est vague, pris dans une brume incontrôlable, et je sens par tout mon corps les pas de géant d'un écrivain fictif, d'un écrivain perdu, je vois le corps crucifié d'un général roumain, peut-être dans une villa luxueuse, peut-être pend- ant la Seconde Guerre mondiale. je vois déambuler dans les rues les jeunes poètes réal-viscéralistes, et l'ombre d'Auxilio qui les couve, car elle est leur mère. je ne peux m'empêcher de voir aussi le lac de montagne, en Savoie, et maintenant, le lac de montagne, dans les Pyrénées, que j'ai utilisé pour mes vidéopoèmes. j'amalgame tous ces lacs, puisqu'ils sont nombreux dans le réseau métaphorique de Bolaño, les lacs, les plongeurs... une grande tri- stesse me prend car rien ne se passe comme tout aurait dû se passer. mais on ne sait jamais. on ne sait pas, à deux jours de la fin de la traque, comment tout ira se terminer. quels vidéopoèmes encore – j'ai dans mon téléphone des vagues, de l'eau remuante, prise aux grands lacs suisses aussi bien qu'à l'eau de l'océan breton. mais tout ira. tout se prolongera. |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Lun 6 Jan 2020 - 23:21 | |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Mar 7 Jan 2020 - 12:30 | |
| 14
On aurait un goût sucré dans la bouche. Une petite joie cruelle,
A peine. Goût de l'indélicatesse, de la stupeur, j'ai vécu trop de
Ces aventures longilignes. Il ne reste rien. Sappho s'est penchée
Par la portière de la voiture, et apostrophe les réal-viscéralistes.
Elle est la mère, leur dit-elle, la seule mère ; Cesarea, Auxilio et
Pasifea n'étaient que des mystificatrices en quête de légitimité.
Elles n'avaient qu'à rester au bord du lac, regarder les hommes
Couler. Toutes les bulles explosent à la surface, longtemps ; la
Mère de la poésie, c'est notre alliée, aussi longtemps que sa pl-
Ace lui est assurée. On aurait un petit goût de stupeur dans la
Bouche : un étonnement, une joie. Les sources de notre lyrisme
Étaient enfouies sous la terre d'une île. Un phare, au loin, nous
Rassure : Sappho, Lesbos, la mère de la poésie nous fait signe. |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Mar 7 Jan 2020 - 12:38 | |
| 13autre lettre à FINAMOR, postée de Mytilène – fragments - Citation :
- ta langueur,
FINAMOR, ô ma fille ....... ta langueur, ton sein ......, ta lyre font de toi une .... étrange...... .................. on te chasse par les rues......... on ne te confie qu'un petit panier de brume ... ta ........, ma fille, a fait de toi une étrangère .......... .................., ta stupeur, ton sein doux
toute caresse, toute tendresse consumées ta ........., ma fille, ta lyre qu'on veut briser |
| | Nombre de messages : 10027 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Mar 7 Jan 2020 - 12:50 | |
| 12
Lyrique à donf est une chanson qu'on chuchote à l'oreille de Garcia Madeiro Pour l'endormir. 55 poèmes, bientôt, la traque s'achèvera. Lyrique plus que Sappho, lyrique plus qu'Auxilio Lacouture lorsqu'elle rêve briser un vase, pas Possible. On sort nos lyres, on les dégaine ; lyrique à donf c'est une chanson Pour les hommes qui écrivent de la poésie expérimentale. On défait douce- Ment, patiemment, nos héritages. Sous la terre, on creuse, on fouille, de lon- Gues fouilles nous mènent sous la terre de Mytilène. De petits vases ébréchés Tintinnabulent lentement sous le coup de nos pioches. On creuse, on fouille, On retrouve sous la terre, longuement amassés, les poèmes de nos aïeules. On fouille, sous la terre, de petites faïences, d'oblongues poteries, on creuse On retrouve, on défait nos héritages. Sappho est là qui nous rassure et nous Chante cette chanson : lyrique à donf, mes filles, c'est une chanson pour vous Une poterie, un vase ébréché. Sous la terre, mes filles, vos lyres vous attendent. |
| | | | | | Traque solaire - Pasifaea | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
|
|
|