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| [EC - 08 mars 2013] Textes et commentaires. | |
| | Nombre de messages : 3865 Âge : 27 Date d'inscription : 12/07/2011 | Nywth / Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur. Sam 9 Mar 2013 - 2:01 | |
| Voici les textes produits par nos fiers écrivains en cette soirée ! Si vous passez lire, merci de laisser un petit message pour eux !
Groupe 1
No00, Hel, (Nyjée), Pohore - Spoiler:
Des petits cailloux. Partout. Des noirs, des gris, des blancs. Une multitude de petits cailloux. Le sol du dortoir en était jonché, serpentant sur le carrelage en d'étranges arabesques qui en rompaient la monotonie. Pierrette regardait cela d'un oeil las, sa tête calée sur son bras, le front dépassant du bord du matelas. Elle poussa un léger soupir et ses sourcils s'arc-boutèrent en deux courbes ennuyées. Tout autour, ses camarades se trouvaient dans la même posture qu'elle, allongés sur de vieux matelas sans âges, tout effilochés. Encore enfiévrée par les jeux du matin, elle les contemplait avec envie : ils dormaient tous si paisiblement, leurs têtes blotties dans le tréfonds des oreillers.
La fillette se retourna. Les cailloux coincés entre le sol et le matelas émettaient de petits crissements. Ça faisait des criiic, criiic étranges et vacillants. Elle avait peur de réveiller ses petits camarades. L'un d'eux marmonna une série de paroles incompréhensibles, puis le dortoir retomba dans cet univers effrayé de monstres et de silences.
Pierrette ne dormait pas. L'odeur de chaussette, la promiscuité de ses petits camardes, tout l'indisposait. On avait pas idée de les faire dormir tous entassés au même endroit. Et tout l'effrayait. Tous les jours c'était pareil, elle contemplait le plafond, puis se tournait, gesticulait, et trouvait le temps très long. Parfois, elle jouait avec des mèches de ses cheveux, les enroulait autour de ses doigts comme des spaghettis autour d'une fourchette. C'était drôle. Elle se rognait les ongles jusqu'à se les anéantir tout entiers, jusqu'à ce que ses doigts pissent le sang. Et puis il se faufilait partout, ce sang tout bleu : sur la couette, sur le sol quand elle gigotait trop... Et peut-être même sur le matelas, là où il y avait les cailloux.
Pierrette se pencha, en prit un et le pinça entre la pulpe de son pouce et de son index, elle le tourna et le retourna, caressant ses bosses et ses aspérités. Tout en le triturant, ses yeux se perdaient dans le vide, et sans trop savoir pourquoi, elle se retrouva à le faire glisser sur sa joue. Puis de sa joue à la naissance de ses narines. Ses yeux papillonnaient un peu sous un rai de clarté que laissait passer le store. Assez pour dessiner des formes étranges et l'effrayer un peu plus. Elle aurait pu fermer les yeux pour de bon, mais elle avait bien trop peur. Et toujours le petit caillou qui ondulait entre son doigt et sa joue, dans un mouvement de plus en plus saccadé. Et ces ombres sournoises qui s'approchaient dangereusement à tâtons, couvertes de quelques plumes grises... Il y avait un passage d'oiseaux venus d'ailleurs au-dessus de son crâne crépu, et qui laissait sous son envolée un fouillis de coquillages entortillés. Pierrette sentait qu'entre elle et son caillou, pas si loin d'elle une plage germait. Mollusque énorme sorti du fond de l'océan, elle avait faim, très faim.
Dans ces instants-là, c'est toujours que le nez qui veut manger, rien d'autre. La bouche est en convalescence, on ne sait pas trop où. C'est toujours quand on a besoin d'elle qu'elle s'en va planter les crocs dans une chair bien molle, de toute façon... Bref moment d'extinction, toutes les bestioles de la plage crèvent, l'eau s'efface, puis retombe, du ciel cette fois, sur le planisphère que forme son petit visage... Un reniflement, discret, le cailloux s'embourbe et pleure. Il dégringole dans le conduit. Aspiré comme un grain de poussière. Stupeur. Pierrette doute un instant, elle se redresse en écarquillant ses yeux qui n'osent comprendre. * Périple de vingt ans le long du conduit nasal. Voyage au coeur de la chair. Balloté par les inspirations et les expirations qui font comme des ressacs, le petit caillou progresse avec lenteur. Ses bords tranchants au départ découpent les petits vaisseaux sanguin et provoquent nombre échappées de sang qui glissent sur lui, le polissent et l'arrondissent. Les années défilent, et tel un saumon, le petit caillou remonte la conduite muqueuse, jusque dans ses profondeurs les plus insondables. Promenade interminable le long d'un boyau organique. Enfin il rencontre une résistance, un cul-de-sac en os, recouvert de cartilage sur le dessus. Pris au piège, là s'achève son odyssée. L'incroyable odyssée d'un petit caillou.
*
Il y a une bosse, le long de sa narine. Mais un peu trop haut pour qu'elle puisse l'atteindre avec les doigts. On dirait qu'elle a un éléphant dans le nez. Ou peut-être même une famille d'éléphants ? Hier, elle est allée voir sa soeur, infirmière dans une espèce de bled pourri où l'hôpital ressemble à un entrepôt grignoté par les années. Mais elle n'a rien arraché de méchant du fond de ses naseaux, sinon un monceau de morve.
Il faut vraiment qu'elle règle ce problème, rapidement. Présentatrice des infos télé avec une enflure larversque dans le nez, ça le fait moyennement. Pierrette s'enfonce un nouveau doigt dans la narine, mais rien ne vient. Déjà que son nom est ridicule. Manquerait plus que sa tronche le soit aussi. Autant se défoncer le crâne à coup de massue, ce sera la même chose.
Elle sort de la salle de bain, saisit le téléphone et appelle le boulot. Elle ne peut pas se présenter au travail avec une voix aussi nasillarde ; le patron mord. Puis elle se regarde encore dans le miroir. Ce truc est vraiment laid. Insuportablement laid. Plus elle le regarde, plus elle le trouve énorme, jusqu'à ne plus voir que ça. Pierrette suffoque, la panique la submerge, son souffle se fait court. Elle tente de reprendre ses esprits, se laisse tomber sur sa chaise bleue. Sa préférée, celle qui tourne.D'ailleurs autour d'elle tout tourne, ça tangue, et cette obscession qui revient.
Elle se cure encore une fois le nez. Un peu plus loin,un peu plus fort. Le doigt ressort luisant d'humidité. Peut-être qu'elle est comme les ballons de baudruche, cette bosse. Peut-être qu'il faut la taper ou la crever. Elle se prend la tête entre les mains, ferme les yeux. Et puis respirer. Pierrette se frappe la tête contre le mur. Une fois. Deux fois. C'est rouge, un peu comme le sang qui coulait de ses ongles comme quand elle était petite. Ça fait un peu mal. Elle crie. Enfin, elle croit qu'elle crie. Du rouge partout. Dans la salle de bain.
Et il y a toujours cette enflure larversque à la con.
Des pièces qui défilent. Elle n'a pas de rouge dans les yeux, mais elle en a dans la bouche. Ça fait mal, dans la bouche, aussi. Ça englue sa langue et retapisse son palais. On dirait qu'un peintre vient de lui mordre la peau avec un pinceau. Il faut l'enlever. Et alors peut-être qu'elle pourrait l'exterminer, sa déformation narinaire.
Elle ne trouve pas de pinceau. Mais il y avait un crayon, posé là, dans sa chambre, à côté du sudoku qu'elle finissait la veille. Elle le prend et, sans hésiter, se l'enfonce dans la narine droite, qui est juste assez large pour laisser passer le manche en bois. Une longue pénétration douloureuse, tandis que le conduit nasal se resserre , au fil de son avancée. Une cloison cède soudain, quelque part, tout au fond. Alors, le peintre mord son cerveau entier. C'est étrange. Une peinture cervicale achevée, noire ?
Groupe 2
Quia Scorpia Sum, Un Penseur, Claireninou - Spoiler:
Un soir comme les autres. Journée de la femme ou pas. Dans le petit hôtel caché de la rue de la Tortue à Paris, le monde arrive, chaque personne dissimulant son visage de la lumière des lampadaires. Une fois à l'intérieur, elles défont leurs vestes, fières de pouvoir afficher leurs figures célèbres et prometteuses d'argent : patrons d'entreprises, héritiers, cadres ou même énarques, petits gosses de riches; toutes les huiles passent par la porte de l'Odalisque.
Les filles courent en balançant leurs hanches. Entre les tables du bar et les escaliers de la maison, c'est partout les mêmes personnages : des hommes aux costumes à cravate fixent les poitrines peu vêtues des belles de nuit qui circulent.
Des filles comme les autres. Ou presque. En échange de quelques billets, elles vous offre un plaisir fugace. Nous vous offrons. Et ce n'est pas peu dire, ce "nous". Les professionnelles ont les mêmes problèmes que les autres femmes. Un, surtout: les hommes. Le mien, m'observe chaque soir du coin de l'oeil, c'est FUM. J'ai rarement besoin de le chercher du regard d'habitude, il vient à moi avec sa démarche de petit Rocky barjot, m'attrape le menton avec sa main dégueulasse, et me rappelle qu'aucune femme n'est libre, que j'ai intérêt à lui rapporter gros d'ici le matin. Mais ce soir, je ne le vois pas. Je n'entends pas ses Rangers faire craquer le parquet ni ses insultes, et aucune paluche crade ne vient me caresser les flancs. Je trouve même ça un peu étrange, après tout, ce gros pervers ne rate jamais une occasion de me peloter, à part lorsqu'un client est à mes côtés, ce qui n'est pourtant pas le cas dans l'immédiat. Je repère un petit qui a l'air un peu stressé, je vais aller le détendre, ça ne devrait pas prendre beaucoup de temps. En le séduisant avec mes dents blanches, je tâte ses poches, puis quand je repère son porte-monnaie, je l'embrasse et le lui dérobe. Plus tard, je me rends au bar, mais FUM n'y est pas. Le problème avec les petites tenues, c'est que les poches manquent un peu.
C'est fou ce que le temps passe vite quand on n'est pas dérangée entre deux passes pour la récolte du liquide. Jamais je n'ai eu une nuit aussi tranquille. Je serais tentée de profiter de l'absence de FUM le plus longtemps possible, seulement voilà: il a les clés de chez moi, le salaud. Voleurs, anarqueurs, ils sont tous pareils. Je ne peux même pas me changer, je me les gèle dans cette fichue robe. Peut-être que Cynthia pourrait me dépanner. Et si ça se trouve, l'autre con est probablement avec elle. Ce n'est pas la première fois qu'il irait user sa moquette, juste histoire de me faire une "surprise" quand j'irais chercher un peu de tranquilité et d'amitié.
Cynthia me tire à l'intérieur plus qu'elle ne me fait entrer. Elle sent un mélange de transpiration et de parfum bon marché.
- Salomée, je ne suis pas tranquille! Je n'ai pas de nouvelles de FUM depuis 48 heures!... Je la calme, comme à chaque fois qu'elle a une de ses crises de paranoïa. Il est sûrement dans un bistrot, lui dis-je, ou dans le lit d'une pouffe. C'est bien ma veine. Si même Cynthia ne sait pas où ce porc est allé se planquer, je me retrouve sans domicile fixe.
Peut-être que je pourrais dormir deux nuits ici mais, au bout d'un moment, les filles se batteront pour savoir qui recupèrera l'argent en l'abscence de FUM. Putain il est où à la fin?
Je retourne dans la grande salle de l'hôtel. L'atmosphère est plus que détendue, les relents de fumée flottent entre les tables, les filles se forcent à rire et les hommes, assis dans le cuir craquant des fauteuils, n'ont d'yeux que pour la peau blanche des sirènes qui nagent dans la pièce. Toujours aucune trace du mac. Je demande à quelques filles libres, un peu tremblantes, tandis qu'elles ouvrent les portes. Certaines affirment qu'il est rentré au début de la soirée dans le bar, mais les sources ne sont pas fiables... Les aiguilles tournent. Les odeurs de cuisine commencent à monter. Les premiers plats brûlent les mains des filles qui servent, et les hommes ne disent merci qu'aux deux ronds de lait qui surmontent les jambes défilantes. À l'étage, quelques filles se rhabillent, mais elles aussi ignorent la réponse à ma question. Peut-être que FUM était vraiment absent aujourd'hui. Sans doute à Monaco en train de dépenser notre argent si durement gagné, celui qu'on lui rapporte sans qu'il lève le petit doigt, sauf pour nous cogner ou nous baiser. J'en ai tellement ras le bol de traîner ce boulet, ce parasite qui s'est fait proxénète comme on se fait mendiant. Des fois, j'aimerais exercer un métier honnête, si j'en avais l'occasion, mais le Pôle Emploi, non merci. Là-bas, on regarde tes avantages autant qu'ici, voire plus. Et je crèverais la dalle un jour sur deux avec leurs allocs de misère. Cette pensée me rappelle à mon estomac qui gargouille. J'ai faim. Très faim. Après une nuit pareille, dans toutes positions, à toutes les sauces... Mine de rien, mon dur labeur me creuse. On ne se rend pas compte mais c'est du sport.
Je redescends les escaliers, en équilibre sur mes talons aiguilles. Le bruit de mes pas, filtrés par le vieux tapis usé rouge, se perd dans les rires de la salle. Encore cette odeur âcre de fumée. Je me dirige vers une salle à l'arrière, là où les filles se changent et s'échangent leurs petites tenues. Certaines, assises sur leurs manteaux léopards, savourent une assiette d'un plat de soupe fumant qu'un client a soit refusé, soit négligé avant de partir ; parfois, il arrive aussi que la cuisine se trompe
N'ayant rien à me mettre sous la dent, je me dirige vers la double-porte d'où sortent les meilleurs plats de Paris à cette heure tardive. Lorsque Paul, le chef le plus talentueux que je connaisse, me voit arriver, il se précipite vers moi. Effrayée, je recule de l'autre côté des portes ; le temps qu'elles se referment, je ne l'avais pas vu saisir une assiette accompagnée d'une saucière. Désormais à cheval entre la cuisine et le vestiaire des filles, il me tend un repas froid. À l'odeur, des souvenirs remontent le flot de ma mémoire, et des images de pieds de porc parfaitement cuisinés défilent devant mes yeux.
Dans le cochon, tout est bon. J'en oublierais presque cette nuit infernale à courir après ce sale pervers qui pue la clope et fout rien de la journée. Un moment de vraie détente, enfin. Et bonne chère pour celles qui le méritent et ceux qui ne font que la déguster... Je m'installe dans un coin, pour savourer en paix ce mets de choix. Les bouchées s'enchaînent, la volupté me submerge. Jambon de Bayonne, coppa, speck... Cette assiette semble bien plus coriace que toute charcuterie avalée auparavant. Et ce goût si... différent. Nouveau. Intriguant. Je ne dirais pas bon pour autant. J'essaie de trouver un peu de moutarde pour accentuer le goût; après en avoir bien tartiné un morceau, je l'enfourne, et mon cerveau me lance une onde de plaisir. Un plaisir que je n'avais plus éprouvé depuis bien longtemps, surtout à cette heure matinale.
Quelle heure est-il d'ailleurs ? Trois heures, indique la montre que je viens de découvrir sous les tranches de coppa. Un bracelet en or, taché de sorte qu'on a du mal à en distinguer certains détails, tient un cadran rond dans lequel les aiguilles trottent, régulièrement. En la repêchant, je découvre les initiales du nom de mon patron, gravées d'une manière raffinée. Je la reconnaîtrais entre mille. Toujours à vanter sa richesse, il a dû nous la montrer au moins une dizaine de fois en donnant tout fort le prix exhorbitant qu'il avait déboursé.
Je jette un regard sur cette viande exotique, souris, puis continue de manger, affamée.
Groupe 3
Dadouw, Akëdysséril, Mr. Pacific, DivaJu - Spoiler:
The Talking Dead
CHARLES En ce jour de glorieux arrivages, amis Concentrons nos efforts sur ce morceau de craie Dans l'espoir sans doute d'écrire UNE EPOPEE. VICTOR Elle commencerait par une mélopée. Ce serait le beau chant d'une femme aux yeux doux Qui se perdrait au cœur d'une sombre nuit d'août.
CHARLES (à Marceline) Y aurait-il je vous prie gente demoiselle Un mot de vous qui pour moi serait de dentelle Et qui sans aucun doute éclairerait ma nuit Qui dans cette chambre obscure a tout englouti VICTOR Dites-moi, mon ami : laissez donc cette dame ! Nous écrivons des vers ! une épopée ! un drame ! Éveillez-nous l'esprit ! Mettez-vous au travail !
MARCELINE (soupire dans son sommeil) Il y a ce carré, sorti de nulle entraille Teinté d'une magie dont je ne sais le charme Qui m'a ravi les yeux, m'en tirant quelques larmes Mon esprit transporté par cet encart bavard Je me devais narrer mon coupable retard.
CHARLES Mais si esprit il y a, c'est que corps aussi ! Or confrère, dites-moi, je ne suis pas seul A n'y rien comprendre, à versifier sans motif ? Et puis que faisons-nous dans ces lits d'hôpital ?
GUILLAUME Non mon cher, hélas nous sommes au moins deux A ne point comprendre et à vagabonder sans objectif Dans cet hospital, dans cet hôtel des malades, Imaginaires ?
VICTOR Dieu ! Suis-je donc le seul à désirer rimer ? Sortez vos plus beaux vers ! Venez donc escrimer En prenant votre plume et votre imaginaire ! Allez ! Poétisons ! Et cessez donc de braire !
CHARLES C'est comme si, l'ami, je vous reconnaissais. Ces vers que je chéris et qui n'ont pas de maître Seraient-ce ceux de Freud ou alors de Musset ? Il me faut un instant, je ne puis rien comprendre. Je n'ose imaginer et rien que de le dire Des flammes sans charbon, une bougie sans cire Imprègnent ma raison comme une vie sans lire.
VICTOR Musset ? Vous plaisantez ? Et pourquoi pas Vigny ? Je crois que ma palette est beaucoup mieux fournie !
GUILLAUME (pour lui-même) Mais quelle compagnie étrange s'offre à mes yeux Et moi, que fais-je en ces lieux ? Suis-je le seul à raisonner ainsi ? Est-ce la fin, sommes-nous finis ?
CHARLES : Et qui est cette femme que l'ennui dévore Au point qu'elle n'émerge au son de nos tirades ? Dort-elle ou alors... ? Non ! Je n'ose imaginer Qu'il y ait un cadavre orné de tant de grâces
VICTOR La gent féminine ne veut point de tirade... Elle veut l'harmonie et des vers en cascades ! Elle veut qu'on allie le beau et le céleste Et non pas vos vains mots qui font faire la sieste !
Marceline (d'un ton tragique) A quoi bon ? Quand tous ses compagnons la détestent ! Je crie à l'injure de ces hommes complices, A l'arbitraire - hélas ! - comme seule police !
GUILLAUME (pour lui-même) Ce soir je suis, coincé entre d'étranges poètes démontrant leur grande métrique, leurs alexandrins et leur lyrisme au milieu d'eux je me sens perdu pour échapper à leur délire psychotique de poète alcoolique, je rêve...
CHARLES Mais parlez-moi, ami, je connais ce visage Seriez-vous un natif de ces lointains rivages Par-delà les collines qui vibrent dans l'air Serais-je en compagnie du grand Apollinaire ?
GUILLAUME Ah mais je vois, je m'éveille, j'entends, on me parle on me demande qui suis-je ? Que dire ? je suis moi
VICTOR Ah, voici le moderne et ses "vers" disloqués... Vous savez, mon "ami", vos vers alambiqués Ne sont pas très nouveaux... Je l'avais fait dans "Djinns", Et de vos calligrammes je suis l'origine !
CHARLES Se pourrait-il aussi que cette grâce née Qui s'offre ensommeillée à nos yeux de poètes Soit la Marceline par le temps effacée Qui serait revenue sans qu'il n'y ait de fête ?
VICTOR Si vous parlez de grâce, dites-moi "Adèle" Ou bien Léopoldine !
Marceline Vil ! Je vaux autant qu'elles !
CHARLES Léopoldine ! Il n'y a sur terre aucun nom Ni dans le ciel de sobriquet qui ne t'égale ! Je vois que dans la mort vous ne perdez pas goût Et que même le sort ne peut rien contre vous
VICTOR (en soupirant, ignorant Marceline et Charles) Léopoldine... Adèle... Vite mon carnet ! Dans mon esprit génial une poésie naît ! Je vois des champs de fleurs, des anges dans le ciel, Des oiseaux, des chansons, le jour et le soleil !
CHARLES : Halte mon cher Victor, que croyez-vous créer ? Rappelez-vous la fin, la vôtre et le chagrin De feu votre épousée, vos frères et alliés Et de moi votre ami qui sombra dans le vin Puis enfin dans l'opium à m'emporter au loin...
Marceline Voilà ce triste alcool qui revient en rappel, De mes élans déçus, de mes tourments mortels !
GUILLAUME : Ah ces prénoms... Que de sonorités D'histoires au coin du feu Cela me rappelle ma chère et tendre, Jacqueline. Ma compagne La femme qui a bien voulu de moi et de mes misères. En parlant d'alcool... Des idées m'effleurent l'esprit...
CHARLES (s'impatiente) Que de balbutiements, de phrasés hasardeux — Mais que font ces auteurs au ban de l'après-vie A se torturer l'âme en tourments, en soucis Pour aligner trois mots qui ne soient pas hideux.
VICTOR Vous avez cinquante ans, et j'en ai quatre-vingts : Je ne suis pas pressé...
MARCELINE Mais le temps nous étreint !
CHARLES Venez Victor, partons explorer la bâtisse Qui pour une raison nous restant inconnue Est vide de ses gens comme une montre suisse Que le temps enrayé ne taperait plus
GUILLAUME Vide est le bateau Vide est l'esprit Vide est mon cœur Quand je repense Aux grandes demeures qui parsemaient le chemin de la rue vide.
MARCELINE Vide est mon tombeau ne pouvant borner mon âme A ces fleurs sans bonheur, ces conteuses de drame.
VICTOR "Vide" ? On ne peut pas l'être quand je suis ici ! Mais que se... (il tremble) Dites-moi, le temps s'est adouci...
CHARLES Serait-ce que la mort dans sa grande entropie Emporte tous les vieux comme elle emporte au loin Nos jeunes et enfants, nos tristes et nos gais Dans un même bateau manœuvré avec soin ?
VICTOR Il faut bien qu'un beau jour se noie le capitaine Et que le moussaillon occupe le domaine.
CHARLES (se sent seul, alors part dans un monologue endiablé sur la fatalité d'être mort et de revivre ensuite si c'est pour être seul à parler destin aux murs glaciaux d'une chambre d'hôpital austère. Et humide, en plus)
Je vois un colibri s'esquintant les épaules A brasser air et cieux tel un curé l'enfant Avec ses mains de vieux et puis sans son étole A poil sans confession, à poil comme un Adam. C'est un bien bel oiseau !
Le colibri s'envole et, tels mes cheveux blancs, Rattrape les chevaux que le ciel a lancé D'un jet de main poli vers le soleil couchant Où derrière les monts se meurent mes pensées...
Et alors, sous mes pieds, s'entrouvre le tombeau Qui Marceline a pris une seconde fois. Bientôt viendra ton tour ! Oh oui, patience Hugo !
MARCELINE Reposant ici-bas et ondoyant si haut, Les vers me hantent dans mes chants et oripeaux.
CHARLES Toi qui parles si bien, pourquoi parler si peu ?
VICTOR Il vaut mieux parler bien, si c'est pour penser mieux.
CHARLES Toi que les vers hantent ferais un mort joyeux.
GUILLAUME Le dormeur s'est assoupi La pie pleure Les ventres ont faims Moi je ris, Ou donc ai-je atterris Comment ? Parmi une bande de fous ? Inutile de le dire, ça je le sais.
VICTOR Messieurs, il faut conclure. Il paraît évident — Si j'en juge à ma peau, si j'en juge à vos dents — Que nous sommes des morts ! Où est notre caveau ? Prenez garde Charles : on voit votre cerveau !
MARCELINE (s'observant, effrayée) Par les Saints ! Où est passée l'opulente gorge, Qui, deux siècles plus tôt, me valait tant d'éloges !
GUILLAUME (se regardant les dents) Il est vrai, Qu'elles ne sont pas de dernière fraîcheur Et je ne serais pas surpris Si l'on me le dit Oui, Je crois bien que je ne suis plus Mais qu'elle est donc cette sensation ? Je suis ici et ailleurs en même temps Sainte divinité, Qui que vous soyez ! Que m'avez-vous fait ?
CHARLES J'entends des bruissements que mon cœur attribue — Marceline, Victor, Guillaume et toi mon âme — À l'engin mystérieux que jamais je n'ai vu Un clavier. Un clavier ! Et vacille ma flamme...
VICTOR Un clavier ? Qu'est-ce donc ? Il me semblait entendre Le profond tintement si puissant et si tendre Du tragique clocher qui annonce la fin.
MARCELINE Ah et quelle fin ! Si mon cœur bat sans entrain !
GUILLAUME Mais oui ! J'entends ce rythme régulier. Cette sonorité à nulle autre pareil Qui, je dois bien l'avouer Ne me dit rien Je ne connais pas ce bruit venant et S'effilant au travers de mes oreilles C'est ma foi, Fort nouveau Pour moi.
CHARLES Me croiriez-vous perdu et pour l'asile prêt Si je partageais là le fond de ma pensée ? S'entassent là épars ainsi que des brigands Quatre contrefacteurs assis sur leurs séants Qui dispensent au monde des vers usurpés. Qui ont de faux tout ce que les nôtres ont de vrai
VICTOR Permettez-moi, ami, de me fendre d'un LOL ! Mais... que m'arrive-t-il ?! Qu'est-ce que cette... rime ?! vazy charles di moi keske c ki marrive ! guiyaume vi1 a mwa ! o secour marceline !
GUILLAUME Mais mon am...pote, Que vous arrive t-il gros ? Perdriez-vous vos vers ? Moi j'suis comme mon vieux Détendu Rien qu'a vous entendre, Jme fend la poire !
CHARLES-du-26 Euh wech mec, 2 la balle ton élocution Y'a dl'alexandrin qui pète même en verlan
(Une pause, prend un air de penseur respecté. Sors même la pipe, pour l'occasion. On en fait jamais trop, non non non.)
Ah mais... Bien sûr ! Sans doute ! Je vois où est la faille Ces quatre guignols singent nos nobles personnes
ViCtOr666 put1 2 sa gross mer y son soulan comm meme sur la taite 2 ma vi on va les fonceder
CHARLES-DU-26 Sans dec' ! ça pue la mort c'te chambre d'hôpital On s'croirait en enfer et je sais de quoi j'parle
MARCELINE-BLONDAFORTEPOITRINE Adieu mon verbe... couille, crotte, pisse et pète, Je ne suis pas scato, j'ai juste la Tourette !
(Marceline rigole nerveusement en clignant frénétiquement des yeux)
GUIGUI320 Et les mec ! Ca va pas ou quoi ! Faut vous tenir, y'a une gadji avec nous ! Fin' remarqu' vu comment elle cause... On dirait le gros Jo, le camioneur.
CHARLES (attrape le premier contrevenant aux lois de la postérité tranquille par la peau du cou — qui se trouve être Dadouw — et lui flanque une rouste mémorable)
Bordel ! Arrêteuh Charles, tu nuis à ton image Si tu continues je ne m'arrête pas plus Et — aïe ! — si tu tardes trop à devenir sage Je prononce le mot que tu hais et qui pue.
VICTOR Et toi, poétillon, cesse tes simagrés ! Tu n'es qu'un rimailleur. J'écris de mon plein gré ! Je ne comprends plus rien...
GUILLAUME Petit écrivain ! Comment oses-tu prendre mon nom ! T'en servir de torchon ! Te laver les mains ! Je ne suis pas un saint. Mais tout de même, enfin un peu d'intellectualisme !
CHARLES (tabassant à mort son vis-à-vis, avec élégance bien sûr) La mort ne met de terme au fait d'être dandy Et c'est avec classe et le cigare au goulot Que je te moleste, contrevenant d'ailleurs
(Une pause, fait un clin d'oeil à Marceline)
La quintessence du théâtre schizophrène
MARCELINE (qui desbordes et qui rit) Dont je veux être la muse, sinon la reine !
VICTOR Mes amis, il est temps : je sens venir la mort. Bientôt, à mon chevet, pleurant ma barbe d'or, Viendra le tout Paris. Adieu, Léopoldine ! Allez, soyons galant : au revoir, Marceline.
(Il meurt)
GUILLAUME Je ne veux plus voir ses aneries ! S'en est finit du grand poète ! Plus jamais on ne me dérangeras, là ou je vais, personne n'écorchera mon nom, je pars ADIEU MONDE AFFREUX !!! (Il saute par la fenêtre en criant d'une voix éreintée : "welcome paradis !")
CHARLES Et après tout Paris c'est tout Lyon qui viendra En une ronde folle une dernière fois Je meurs sans peine surtout sans...
(Tombe raide, mort)
MARCELINE (s'écriant) Mes amis ! Il me faudra mourir avec vous, A quoi bon demeurer folle, sans plus de fous ! Pow pow pidoo...
(Avale des médicaments)
Dernière édition par Nyjée le Sam 9 Mar 2013 - 11:46, édité 3 fois |
| | | Invité / Invité Sam 9 Mar 2013 - 10:19 | |
| Groupe 1 "Indisponible". Un mot qui en dit long. On sent que le groupe a beaucoup réfléchi, durant trois heures. Cette volonté de laisser le mot "indisponible" en bas à gauche, plutôt que de le centrer ou le mettre à droite, accentue finalement le côté marginal de l'œuvre en choisissant de ne pas le stigmatiser, et c'est vraiment bien vu. Tout comme ce choix de mettre une ponctuation simple. Quand on voit ce genre de résultat, on regrette amèrement de n'avoir laissé que trois heures de travail : car qui sait ce qui aurait pu voir le jour avec une, deux, voire trois heures de plus ?
Groupe 2 Un texte plus qu'honorable en trois heures de temps (peut-être même moins ?) et en trio, bravo ! Le style me paraît bien lissé et propose une belle unité, malgré le nombre de travailleurs.
J'ai beaucoup aimé l'idée de partir de la date du jour, de la journée de la femme, qui finalement faisait un bon point de départ et propose une nouvelle bien construite autour de cette notion J'aimerais beaucoup savoir comment a germé cette idée, même si ça n'a peut-être l'histoire que de deux secondes. Je serais moins catégorique quant au fait de vouloir connaître ce qui s'est passé non pas dans un, mais dans TROIS esprits différents, qui se sont tous accordés en une soirée pour nous proposer cette chute ignoble et peu ragoûtante ! Aurait-on finalement tenu compte de la consigne : "faites-nous peur" ?
En tout cas, on peut noter un gros travail d'ambiance. L'univers est de ces univers un peu vagues, indistincts, qui correspondent bien à l'univers de la nuit. On peine à savoir qui est qui, à savoir qui fait quoi, tout en sachant qui est qui et qui fait quoi. J'ignore si le choix du prénom "Salomée" est délibéré, mais la coïncidence(les coïncidences, en fait, au vu de ses activités et de la chute) me paraît trop belle pour ne pas pouvoir faire de rapprochement avec Salomé, la fille d'Hérodiade. C'est en tout cas ce qui m'est venu à l'esprit ; peut-être parce que l'un de mes prochains poèmes aura ce personnage pour centre ?
Je ne reviens pas forcément sur le style, fort agréable, ou des quelques fautes qu'on peut trouver comme "elles vous offre", car le tout est très propre. Bravo à vous, encore une fois !
Groupe 3 Bonne synergie dans le groupe, des idées qui fusaient à cent à l'heure, et surtout un débit assez hallucinant (400 vers en 3h, c'est pas rien non plus). Vraiment, tout s'est passé de la plus simple des manières : chacun écrivait au pif total sur la page, et le tout s'est articulé peu à peu autour des premiers vers !
J'ai eu grand peur que le texte ne soit incompréhensible, mais — pas de fausse modestie — je pense que nous avions un groupe intelligent, et je remercie et félicite mes compagnons poètes pour avoir su si bien s'adapter les uns aux autres : les répliques s'enchaînent finalement fluidité, se répondent les unes aux autres (ce qui n'est pas évident à voir sur le coup), et le dialogue en ressort cohérent.
Seule la fin risque peut-être de poser souci aux non-initiés, mais ils nous diront eux-mêmes s'ils ont compris la finalité de cette petite pièce :] |
| | Nombre de messages : 3865 Âge : 27 Date d'inscription : 12/07/2011 | Nywth / Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur. Sam 9 Mar 2013 - 10:48 | |
| - Akëdysséril a écrit:
- Groupe 1
"Indisponible". Un mot qui en dit long. On sent que le groupe a beaucoup réfléchi, durant trois heures. Cette volonté de laisser le mot "indisponible" en bas à gauche, plutôt que de le centrer ou le mettre à droite, accentue finalement le côté marginal de l'œuvre en choisissant de ne pas le stigmatiser, et c'est vraiment bien vu. Tout comme ce choix de mettre une ponctuation simple. Quand on voit ce genre de résultat, on regrette amèrement de n'avoir laissé que trois heures de travail : car qui sait ce qui aurait pu voir le jour avec une, deux, voire trois heures de plus ? J'attends qu'ils m'envoient leur texte. Je les ai quitté sur la fin suite à un conflit, donc j'attends. D'autant plus qu'ils ont manifesté l'envie de le corriger ce matin. Va savoir pourquoi. Je fais l'arbre au bord de la route, qui espère. |
| | | Invité / Invité Sam 9 Mar 2013 - 11:05 | |
| Argh, un conflit, pas cool. Du coup si l'ambiance est tendue je précise que mon message était tout ce qu'il y a de plus humoristique :] |
| | Nombre de messages : 3865 Âge : 27 Date d'inscription : 12/07/2011 | Nywth / Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur. Sam 9 Mar 2013 - 11:37 | |
| Texte du groupe n°1 posté. |
| | | Invité / Invité Sam 9 Mar 2013 - 12:13 | |
| - Nyjée a écrit:
- Akëdysséril a écrit:
- Groupe 1
"Indisponible". Un mot qui en dit long. On sent que le groupe a beaucoup réfléchi, durant trois heures. Cette volonté de laisser le mot "indisponible" en bas à gauche, plutôt que de le centrer ou le mettre à droite, accentue finalement le côté marginal de l'œuvre en choisissant de ne pas le stigmatiser, et c'est vraiment bien vu. Tout comme ce choix de mettre une ponctuation simple. Quand on voit ce genre de résultat, on regrette amèrement de n'avoir laissé que trois heures de travail : car qui sait ce qui aurait pu voir le jour avec une, deux, voire trois heures de plus ? J'attends qu'ils m'envoient leur texte. Je les ai quitté sur la fin suite à un conflit, donc j'attends. D'autant plus qu'ils ont manifesté l'envie de le corriger ce matin. Va savoir pourquoi. Je fais l'arbre au bord de la route, qui espère. Oui enfin un conflit invisible pour la majorité du groupe quand même. Le leur texte, alors que tu y as participé ? - Citation :
- D'autant plus qu'ils ont manifesté l'envie de le corriger ce matin. Va savoir pourquoi.
Parce qu'en se retrouvant à deux à 1h30 on avait un peu mal aux yeux. Bref cette façon de résumer la soirée t'es tout à fait personnelle je crois. Je commenterais les textes des deux autres équipes un peu plus tard. |
| | Nombre de messages : 3865 Âge : 27 Date d'inscription : 12/07/2011 | Nywth / Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur. Sam 9 Mar 2013 - 12:36 | |
| Pas vraiment, non. Je suis bien partie suite avec un conflit, bien que ce soit avec Pohore et "extérieur" au piratePad. Et j'ai quand même bien participé en filigrane. Je considère oui, que vous étiez censés me l'envoyer. Tu oublies que le principe de l'écriture n'est PAS de corriger le matin, mais bon, là encore, je n'ai pas mon mot à dire. |
| | Nombre de messages : 312 Âge : 37 Localisation : Namur Date d'inscription : 05/04/2012 | havok_ / Tapage au bout de la nuit Sam 9 Mar 2013 - 13:16 | |
| Je viens d'achever la lecture des trois textes, et je me suis bien marré, dans l'ensemble. Groupe 1Ce que j'ai trouvé très drôle dans ce texte, c'est la petite bataille des genres qui s'opère tout du long: ça ondule constamment entre le "gentillet" et le "crade"... avec une nette victoire du "crade" sur la fin. Mélange des genres un peu improbable, mais très intéressant. Je suis un peu familier du travail de deux des co-auteurs, et je pense avoir reconnu pour chacun des deux l'une de ses influences sur le texte: je dirais que la référence à la peinture un peu macabre revient à No00 et l'idée de s'insérer des objets dans des orifices (n'y voyez rien de sexuel) à Pohore. Non? Groupe 2Vous êtes parvenus à assurer une certaine cohérence tout au long du récit (et, bien que je n'aie jamais pratiqué ce genre d'exercice, je me doute que ça doit relever de l'exploit). Histoire et univers un peu "absurdes" (dans le bon sens du terme)... Votre personnage est haut en couleurs, et plusieurs de ses réflexions m'ont bien fait rire tout au long du texte. J'ai passé un bon moment. Groupe 3Vous vous êtes probablement un peu "facilité" l'exercice en vous créant chacun un personnage chargé de renvoyer la balle aux autres. Malgré tout, assurer une certaine ligne directrice tout au long de l'échange n'a pas du être chose aisée (d'autant qu'il est assez long): et vous vous en êtes vraiment très bien sortis. Plusieurs de vos répliques m'ont arraché des sourires ou des "ha ha" intérieurs. Moi qui n'étais pas particulièrement friand de poésie, vous êtes parvenus à me la faire voir sous un autre jour. Aussi, la transition vers le langage SMS sur la fin est à la fois très bien pensée et très bien amenée. Voilà. Bravo à tous ceux qui ont participé. Je trouve l'exercice très intéressant, et ce fut un plaisir de vous lire. |
| | Nombre de messages : 3865 Âge : 27 Date d'inscription : 12/07/2011 | Nywth / Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur. Sam 9 Mar 2013 - 13:23 | |
| - havok_ a écrit:
- Mélange des genres un peu improbable, mais très intéressant. Je suis un peu familier du travail de deux des co-auteurs, et je pense avoir reconnu pour chacun des deux l'une de ses influences sur le texte: je dirais que la référence à la peinture un peu macabre revient à No00 et l'idée de s'insérer des objets dans des orifices (n'y voyez rien de sexuel) à Pohore. Non?
Si la référence à la peinture est ce que je pense : 1/2. Celle-là, c'était moi |
| | Nombre de messages : 1140 Âge : 37 Date d'inscription : 13/01/2013 | Pianitza / Effleure du mal Sam 9 Mar 2013 - 13:39 | |
| - Citation :
- Je suis un peu familier du travail de deux des co-auteurs, et je pense avoir reconnu pour chacun des deux l'une de ses influences sur le texte: je dirais que la référence à la peinture un peu macabre revient à No00 et l'idée de s'insérer des objets dans des orifices (n'y voyez rien de sexuel) à Pohore. Non?
Je n'ai eu que peu d'impact sur le travail, étant arrivé en retard... Je n'ai écrit que des bouts du paragraphe 4 & 5, presque rien du tout. Pour le reste j'ai relus mais corrigé que partiellement. Sur la version postée ici il reste un max' de défauts à revoir, qu'on avait prévu de passer à la loupe aujourd'hui avec Hel... |
| | Nombre de messages : 312 Âge : 37 Localisation : Namur Date d'inscription : 05/04/2012 | havok_ / Tapage au bout de la nuit Sam 9 Mar 2013 - 13:46 | |
| - Citation :
- On dirait qu'un peintre vient de lui mordre la peau avec un pinceau. Il faut l'enlever. Et alors peut-être qu'elle pourrait l'exterminer, sa déformation narinaire.
Elle ne trouve pas de pinceau. Mais il y avait un crayon, posé là, dans sa chambre, à côté du sudoku qu'elle finissait la veille. Elle le prend et, sans hésiter, se l'enfonce dans la narine droite, qui est juste assez large pour laisser passer le manche en bois. Une longue pénétration douloureuse, tandis que le conduit nasal se resserre , au fil de son avancée. Une cloison cède soudain, quelque part, tout au fond. Alors, le peintre mord son cerveau entier. C'est étrange. Une peinture cervicale achevée, noire ? Je faisais référence à tout ce passage-là, en fait, et sur la fin particulièrement. Il me semblait y trouver un thème commun avec "Nature noire".. mais, au temps pour moi alors. - Citation :
- Sur la version postée ici il reste un max' de défauts à revoir, qu'on avait prévu de passer à la loupe aujourd'hui avec Hel...
Je comprends la frustration de ne pas avoir pu polir son texte; mais, en tant que lecteur (et compte tenu du contexte), le texte dans son état presque brut est plus intéressant à lire que sa version retravaillée, je trouve. Bref, encore bravo aux participants; je serais pour ma part probablement bien incapable de me lancer dans un tel exercice. EDIT @No00 : Je répondais à Nyjée pour la première partie: on s'est téléscopés dans nos réponses.
Dernière édition par havok_ le Sam 9 Mar 2013 - 13:50, édité 2 fois |
| | Nombre de messages : 1140 Âge : 37 Date d'inscription : 13/01/2013 | Pianitza / Effleure du mal Sam 9 Mar 2013 - 13:49 | |
| Oui j'ai bien compris Havok Tout ça pour dire que non je n'y suis pour rien |
| | Nombre de messages : 1317 Âge : 32 Localisation : Shamanie Date d'inscription : 11/03/2012 | Dadouw / Adorable martyr de la paix sur le forum (et un peu dans le monde) Sam 9 Mar 2013 - 16:35 | |
| Groupe 1 : Vous êtes d'incorrigibles perfectionnistes. Il est très bien comme ça, votre texte. Très intuitif, on sent qu'à chaque paragraphe vous vous lancez la balle entre vous, sans savoir véritablement la manière dont VOUs-même la réceptionneriez. Ça fait un genre de conte destroy, style Salvador Garmendia et c'est très bien écrit. J'ai pris plus de plaisir à le lire que pas mal de nouvelles achevées sur ce forum. Groupe 2 : C'est délicieusement glauque ! Vous avez bien mélangé vos styles - que je connais pas -, puisque c'est à peu près homogène. Moi qui ai écrit du théâtre versifié hier soir, je me demande comment on peut faire de la prose avec un piratepad. Je suis curieux. Vous semblez bien vous en sortir, comme le groupe 1 d'ailleurs. J’essaierais bien volontiers. La chute, je l'ai vue venir à deux kilomètres mais ça ne tient à rien, en quelques relectures vous pouvez arranger ça Groupe 3 : - Ake a écrit:
- J'ai eu grand peur que le texte ne soit incompréhensible, mais — pas de fausse modestie — je pense que nous avions un groupe intelligent, et je remercie et félicite mes compagnons poètes pour avoir su si bien s'adapter les uns aux autres : les répliques s'enchaînent finalement fluidité, se répondent les unes aux autres (ce qui n'est pas évident à voir sur le coup), et le dialogue en ressort cohérent.
Je crois, cher ami, que le mérite vous revient. - havok a écrit:
- Vous vous êtes probablement un peu "facilité" l'exercice en vous créant chacun un personnage chargé de renvoyer la balle aux autres.
Qui a vu clair dans notre jeu d'ombres ? |
| | | Invité / Invité Sam 9 Mar 2013 - 18:29 | |
| Groupe 1 :Pierrette, j'adore . On arrive parfaitement à distinguer chaque écrivain, c'est plaisant. On passe d'un style à un autre. Après il y a des passages vraiment crades. D'autres plus coquet, plus enrobés mais bon au final ça fini dans un style disons très, ben oui crade... J'aime bien la/les peinture(s) mais ce que vous avez décit dans votre nouvelle, ce n'est pas vraiment ce que j'aime. J'ai tout de même pris du plaisir à la lire. Groupe 2 : Une bonne nouvelle. Le psychologie du personnage est très développé. Très peu de descriptions, de l'intérieur, des personnes autours d'elle. Mais bon je ne chipoterais pas, trois heures c'est court. La chute (bien que merveilleuse) était prévisible. Vous par contre j'ai un peu moins senti les différents styles/écrivains. Une bonne nouvelle. Groupe 3 : Bon je crois que c'est clair. Le meilleur texte, et de loins... Non je plaisante En tout cas on sais bien amusés à l'écrire. De bonnes répliques qui s'enchainent avec précision et humour de la part de mes partenaires. Merci pour ce bon moment. (a refaire absolument ) |
| | Nombre de messages : 1090 Âge : 38 Pensée du jour : "I am the only one"... Still I am ? Date d'inscription : 20/10/2012 | DivaJu / Avatar de Marceline Sam 9 Mar 2013 - 20:28 | |
| Groupe 1J'ai remarqué, comme d'autres, une différence au niveau de certaines descriptions où s'alternaient passages "lyriques" et passages un peu plus "crades", et j'avoue que ces passages "crades" m'ont fait sourire. Je trouve les descriptions très bien réussies, et les termes très bien choisis. Pour ma part, peut-être ne connaissant pas le style des auteurs présents ne commentant pas de nouvelles, j'ai trouvé le texte, hormis l'alternance sus-mentionnée, très homogène. J'ai particulièrement aimé le paragraphe de l'odyssée du caillou dans le corps Seule critique que je ferais, qui est plus une requête en fait, ne maîtrisant pas le genre : y a-t-il une signification derrière l'histoire de Pierrette ? Groupe 2Histoire que j'ai beaucoup aimée ! Le style, le sujet, les descriptions... je me suis laissée totalement embarquée ! Beaucoup ont dit qu'ils avaient vu la chute arriver à 2 km... moi j'avoue l'avoir comprise à ce moment-ci : "Et ce goût si... différent.". Sur certaines descriptions, j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs, mais de manière générale, j'ai envie de dire que c'est un texte à travers lequel transparaît une véritable cohésion entre les auteurs ! Groupe 3Je crois que mon vers préféré est celui-ci : "Permettez-moi, ami, de me fendre d'un LOL !", il me fait juste mourir de rire ! |
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