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 [Auteur] Alain Damasio

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Jdoo
   
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Jdoo  /  Maîtrise en tropes


Qapla' !!

J’ai continué la « zone de dehors », et je suis tellement d'accord avec le spoiler d'Alina, et que s'en est tellement agaçant ces gens qui ont tout bon qui ont tout compris, et qui "pensent" avec leurs corps, car voyez-vous, Damasio est Nietzschéen (on sait depuis Deleuze qu'il peut y avoir des Nietzschéen de gauche, même si c'est un peu bizarre, comme serait bizarre d'avoir des Marxiste de droite, mais c’est là un autre sujet de réflexion). Et lorsque l'on est Nietzschéen, il faut savoir qu’on est « joyeux » et on ne pense surtout pas avec sa tête, car sinon ça serait nihiliste, du reste il faut noter le nombre de fois où les personnages font des "trucs" contestataires dans "la joie" et "sans y réfléchir". A ce propos le personnage de Slift (mal classé dans la hiérarchie citoyenne) peut être compris comme une sorte d'archétype de sur-homme nietzschéen habile de son corps et se méfiant et ennuyé par toutes discussions, réflexions et contraintes morales. Je ne sais pas trop si cette idée me fascine plus que ça.
Au delà du style, qui est somme toute auto-satisfait de lui même et donc horripilant (tellement horripilant que ça me fait penser au style pénible de Franck Herbert) j'ai trouvé les sujets abordés plutôt intéressant dans cette société à cheval entre 1984 (avec sa surveillance omniprésente) et le meilleur des mondes (son classement de la population (le clastre) et sa société d'hyper consommation). Du reste le passage où Capt rencontre A où ils discutent tous les deux, de leurs conceptions du pouvoir et de la démocratie me fait penser à la confrontation entre Winston Smith et O'Brien dans 1984, sauf que ça se termine mieux pour Capt en quelque sorte (en fait j'en suis à cette partie pour le moment donc je ne sais pas encore ce qu’il en est). Du moins la vision du pouvoir extrêmement cynique de A, rejoint celle d’O’Brien qui veulent le pouvoir, juste pour l’exercer et qu’à ce titre toutes les manipulations de l’opinion en deviennent justifiées, c’est à dire un pouvoir pour le pouvoir et non plus au service du peuple, où le peuple devient secondaire voir même un problème.
Pour en rester à Nietzsche je me demande comment les idées de Damasio vont arriver à converger (ou si même il s’en soucis) sachant que Nietzsche n’était ni démocrate et ni égalitariste, il était même très certainement élitiste voir eugéniste (et ce n’est pas un anachronisme dans son cas) et c’est bien ce qu’est la société de la « zone de dehors », même si certainement il aurait préféré une conception plus libertarienne comme semble le vouloir Capt et l’ensemble la Volte.
Au final je suis pas mécontent de m'être accroché.
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Le Trader
   
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Le Trader  /  Blanchisseur de campagnes


Il me semble qu'il dresse les mêmes auto-critiques que celles développées ici sur la Zone du Dehors. Roman de jeunesse (il avait 22 ans à l'écriture), premier roman, beaucoup de facilités d'écriture, il assume le jeune écrivain qu'il était et il a dit en interview que le roman était démodé, avec des personnages grossièrement écrits. Parfois c'est aussi une paraphrase d'universitaires, il l'assume aussi un peu plus aujourd'hui. A partir de là, lui tailler un short me semble un peu vain, mais le sujet est là pour ça.

Je préfère aujourd'hui le Damasio engagé, corp et âme. Au moins il ne joue pas à l'intellectuel vaporeux, évanescent, qui plante son potager sur son balcon parisien et qui soutient "la gauche" du haut des quelques livres de son appartement luxueux. Il y a un engagement réel, total, sincère, et donc je le préfère en conférence, en duo avec Pablo Servigne, ou quand il parle de nouvelles (micro) sociétés en test et en cours en France.

J'ai lu ses nouvelles Aucun souvenir assez solide, rien de transcendant...

Je termine en me disant que, tout de même, juger une œuvre antérieure à des débats, des prises de conscience, des mouvements particuliers...soit vous avez beaucoup de temps à perdre et il faudra le faire pour toute la littérature (et le ciné, le théâtre...), soit y'a un souci idéologique derrière, qui fait qu'on perd son temps en futilités. J'ai du mal à comprendre le procès antiféministe qu'on adresse au jeune de 20-30 ans des années 90-2000, comme si personne ne changeait, n'évoluait...tout le monde a le droit, avec l'âge, de changer son état d'esprit et ses représentations du monde. Critiquer un gus des années 2000 en 2023, quel est l'intérêt et la pertinence ? Parlons féminisme plutôt sur les écarts actuels et réels de salaires entre homme et femme en 2023, qui sont illégaux et qui pourtant ont encore lieu en toute impunité...ce n'est qu'un exemple, mais à force de taper gratos sur des personnes dans le passé, on perd son temps et on vide la lutte de son énergie.
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josephcurwan
   
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josephcurwan  /  Bile au trésor


jamais rien lu de damasio,

et ce que je vois ici ne m'en donne pas envie.
 
Jdoo
   
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Bon j'ai terminé un peu dans la douleur la "zone du dehors", ça fait de ça deux, trois semaines et je sais même plus trop comment ça se termine tellement à la fin j'en avais plus rien à foutre de l'histoire et des personnages. Après comme je l'avais pris à la bibliothèque j'ai lu la horde de contrevent, là aussi dans une certaine douleur, une histoire qui part de rien et qui ne va nulle part, avec une bande de gens (qu'on nous dit extraordinaire, je veux bien le croire sur parole, puisqu'on se donne de dire explicitement qu'ils sont extraordinaires (et que donc ça ne doit pas sauter autant que ça aux yeux de celui qui le lira)) tout ce petit monde guidés par un gros lourdaud à l'épaisseur improbable. J'imagine que tout ne doit pas être si mauvais, à part que je trouve l’œuvre incroyablement forcée, dans le style, dans l'histoire, dans les caractères, dans les grigris fétichistes insupportables (décompte des pages à l'envers, et ce curieux système de symbole moche pour introduire la cacophonie des personnages, dont on ne sait plus qui est qui et en fait on s'en fout) dans les explications sur "le vif" qui n'en finissent plus alors que l'on a très bien compris qu'il n'y avait rien à comprendre, et les  références nietzschéennes claquées au sol (là on a droit aux chameau, au lion et à l'enfant, mais opérez moi de la rate sans anesthésie plutôt) Pour moi l'expérience Damasio va s'arrêter ici ayant trop l'impression de perdre mon temps en le lisant.
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Jimilie Croquette
   
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+1 avec tout ça.
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Mika
   
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Mika  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Jdoo a écrit:

J'ai lu la horde de contrevent, là aussi dans une certaine douleur, une histoire qui part de rien et qui ne va nulle part,

Je suis d'accord avec ton ressenti. Je fais partie de ceux qui n'ont pas aimé la Horde du Contrevent et les points que tu souleves sont les mêmes que je pointerais moi-même : des persos exécrables auxquels je n'ai pas réussi à m'attacher, un système de dialogue type jeu de société avec une petite carte pour savoir qui parle mais qui m'a saoulé (au point où je me fichais de savoir qui était qui là-dedans) et qui m'a rendu l'entrée dans le monde difficile, des explications interminables de pseudo-philosophie qui ne veulent rien dire, des scènes chiantes comme ce jeu de charades du troubadour (ce perso m'a été insupportable aussi). En fait, je n'ai pas terminé ce livre, je n'en pouvais plus.
 
Darid
   
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Darid  /  Barge de Radetzky


C'est vrai que la horde du contrevent, c'est une histoire d'effort, physique, et mental aussi, vu le but à atteindre et sa vacuité, même depuis l'intérieur de l'histoire : remonter aux sources d'un vent, c'est un peu comme chercher le pied d'un arc en ciel.

Une qualité de style, c'est que cet effort dont parle l'histoire, le lecteur doit le fournir lui-même pour suivre le propos. C'est différent de l'effort à fournir pour des romans d'il y a cent ou deux cents ans, les phrases longues, les descriptions, ce genre de choses, une difficulté vient de la mise en scène et des angles de vue.

Les personnages sont nombreux, mais surtout par rapport à des histoires d'écrivains peu aguerris : j'ai un héros, j'ai une aventure , et elle se déroule du début à la fin, et je tente de pas trop oublier les seconds rôles, mais alors seulement pour servir la soupe.

Là, dans la horde, c'est une bande de sept ou huit, moins que le nombre de doigts des deux mains, sauf accidents bien sûr, ou amputation volontaire.

C'est assez génial en fait de diffuser une histoire à travers autant d'intervenants, ça met en valeur l'altérité, qui est toujours occulté non seulement dans les histoires, mais même dans la posture de l'écrivain : un écrivain, c'est un rouage dans une machine, artisanale ou industrielle, il n'est jamais seul et s'il s'enferme dans sa cave pour écrire, il n'est jamais dupe des influences qui le traversent, et qu'il apprivoise pour créer justement. Savoir qu'on est sous influence permanente, et être capable d'en repousser et d'en accepter certaines, c'est avoir ce sens de l'altérité. Ce n'est pas une vertu, ce n'est ni bien ni mal, c'est juste une intelligence, la même qui te rends capable de dire en lisant : ça j'aime et ça je n'aime pas.

Si je fais une liste stalinienne de tous ce que je n'aime pas dans un bouquin, que j'ai lu ou dont j'ai entendu parler, c'est que je ne suis pas dans mon sujet et que je me parle à moi-même en fait. Je ne suis pas dans l'altérité.

Les angles de vue dans la horde choquent aussi. Il y a le toucher, très présent avec le vent, et c'est quasiment de la pornographie, et même pire sans les images. Réinventer des rapports humains quasiment tribaux, le livre s'appelle la horde, c'est aller contre une logique individualiste, son fantasme du meneur, d'ailleurs très présent ici dans ce sujet :

Damasio, à très peu d'interventions près, se fait défoncer tout le long de ce sujet à son nom, et toutes ses œuvres sont prétextes à des vannes. Il apparait que le sujet n''attire pas de personnes, de pseudos , qui ont aimé l’œuvre, mais des pseudos qui viennent comme pour contester sa place de meneur, qu'ils lui attribuent eux-même, comme s'ils craignaient de se retrouver dans le pack.

Damasio n'est pas un meneur, c'est un écrivain, dans une tribu cannibale, l'équivalent c'est l'idiot de la la bande et c'est le premier à être bouffé en cas de famine.

La horde du contrevent nécessite de comprendre à quoi sert d'aller dans la même direction, de faire un choix plus largement même, et l'histoire rend aussi toute la richesse des actions qui entoure le simple fait de lever la main et de pointer du doigt un choix collectif. C'est pas du tout une éloge du meneur, c'est une éloge des mains, des bras, des pieds des narines, des oreilles, etc.

Le meneur est tout petit, très faible au final, il n'aurait sans doute pas trop aimé le bouquin, trop compliqué... c'est un peu d'humour mais le fantasme du meneur c'est comme les soucis d'estime de soi ; on est soumis à l'attirance et la répulsion, on déteste les meneurs mais on ne peut s'imaginer autrement comme on vit à la fois dans la mégalomanie et la dépréciation intime.

Pour le dépasser, ce fantasme du meneur, qui nécessite impérativement un début et une fin, l'histoire invente cette quête de la horde, cet angle de vue va faire croire à un début et une fin avant de révéler simplement que le plus intéressant, c'est le voyage, pas la destination. La vie l'emporte sur les buts illusoires forcement décevants.


Les propos sur nietzsche me semble venir plutôt de la lecture de "l'étoffe dont sont tissés les vents" de antoine st. epondyle, on lit presque une critique de sa critique dans les commentaires. On y trouve le premier début de la horde du contrevent, que je n'ai pas adoré, mais c'est intéressant de voir que la logique du voyage qui l'emporte sur la destination est peut-être née... en cours d'écriture.

Le recueil de nouvelles : "Aucun souvenir assez solide" a de très belles pépites, il y a déjà un regard singulier, une poésie à l’œuvre. Je me souviens du plaisir à lire la nouvelle qui fait titre et so phare away aussi.


Voilà, je trouve vraiment ce fil de forum cathartique, avec sa horde de gens qui n'aiment pas à peu près exactement ce que les journalistes et critiques mettaient en avant pour vendre le bouquin ou accompagner ses rééditions.

Je ne me suis pas jeté sur les BD d'après la horde, mais je serai curieux d'avoir des avis de lecteurs, ou même des avis de lecteurs de critiques.
 
Mika
   
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Mika  /  Double assassiné dans la rue Morgue


quote a écrit:
C'est vrai que la horde du contrevent, c'est une histoire d'effort, physique, et mental aussi [...] Voilà, je trouve vraiment ce fil de forum cathartique

Je ne pense pas que ce soit "cathartique" de donner son opinion sur un livre, quand bien même celle-ci ne rejoint pas l'avis de la majorité. Je n'ai rien contre ce livre, surtout que c'est un best-seller.

En fait, je pense que c'est le point qui me questionne le plus. Pourquoi ce roman est-il un best-seller ? Il présente tous les points qui d'ordinaire rebutent les auteurs de fantasy, sans compter que les persos sont pas tops, sans profondeur et le sous-texte "politique" vraiment peu clair. Pour le côté absurde, je me tournerais plus vers un En Attendant Godot que vers la Horde du Contrevent.

Pour en revenir avec cette notion d'effort à fournir pour entrer dans le monde, c'est quelque chose qui m'a dérangé dans ce roman alors que dans d'autres romans de fantasy, ça passerait crème. Je pense que Damasio a voulu placé le roman dans la continuité du jeu de rôle, comme si ses persos étaient des pièces d'un jeu de société, que le monde était un plateau quadrillé et la quête quelque peu absurde. D'où tout le fait que le roman devienne un jeu, jeu par contre imposé au lecteur, avec les symboles graphiques et les lettres volantes etc. Ces schémas sont des choses qu'on fait typiquement dans une partie de jeu de rôle. C'est donc au lecteur de jouer, sans forcément connaître les regles ni le monde. Pourquoi pas... Je pense qu'il faut accepter ce point pour aimer le roman. 

Pour ma part, même si j'ai été une joueuse de Pathfinder pendant des années, je dois avouer que l'entrée dans le monde m'a été difficile. M'imposer de devoir jouer alors que je voulais lire m'a saoulé. Je veux me poser pépouze dans mon canapé mais non, faut que je regarde la petite carte et que je sorte littéralement (physiquement) du roman pour savoir qui sont les personnages, qui parlent etc. Génial si tu lis dans le train quoi... Du coup, je ne trouve pas cet hybride jeu/roman pleinement abouti. Je pense que c'est un premier essai allant en ce sens, faudrait peut-être essayer de créer un autre roman-jeu comme lui et voir à améliorer certains points, notamment augmenter l'immersion et le plaisir de lecture.

Le manque de profondeur des persos auraient aussi pu être retravaillé, car on peine à s'attacher à des persos qui incarnent seulement une fonction, tout comme la guerrière, le voleur ou le magicien dans un jeu de rôle. Un petit quelque chose en plus aurait été bienvenu quand bien même ça éloignerait de l'idée que les persos sont des pièces d'un jeu (mais pourquoi les faire sans âme ? J'ai fait une campagne Pathfinder pendant deux ans et les persos incarnés par mes amis étaient drôles et tops, pleins de défauts ! C'est une mauvaise image du jeu qu'a l'auteur !). J'ai fait une BL récemment où l'auteur avait une idée similaire à Damasio avec ce monde-jeu et je dois reconnaître que les persos y étaient franchement plus cools !

Les scènes de pur jeu comme celle avec le troubadour qui fait des calembours et des jeux de mots m'ont super saoulée ! C'est une bonne idée à la base mais bon, ça n'a pas pris, je crois même avoir sauté ces passages...

Enfin, une réflexion sur la vacuité de leur quête aurait été bienvenu au lieu d'avoir des blocs de textes pseudo-philosophiques. Peut-être que l'auteur aurait-il dû se renseigner et lire des bouquins de philosophie histoire de ne pas nous rabâcher des débats dignes d'un gars posé au comptoir du PMU ? J'aime beaucoup la philo justement et je n'avais pas aimé ces pseudo-reflexions dans la Horde. On dirait la philosophie des faux philosophes invités à la télé qui sont fort pompeux dans la forme mais ne disent rien du tout. On peut aussi voir cette forme de pseudo-philosophie attachée à cette idée du jeu de rôle (même si pour le coup, c'est piétiné le matériel meme duquel il s'inspire et donc pas cool pour les passionés) : leur quête ne représente au final pas plus qu'une partie de Donjon et Dragon, c'est un jeu et barca (sympa pour les passionés de jeu de rôle donc...). L'auteur se permet donc même d'être irrévérencieux avec son public cible initial, les joueurs de jeu de rôle (merci à lui).

Si j'ai arrêté au moment où ils arrivent au village et que l'autre veut repartir, c'est parce que la fin me semblait trop téléphonée. À partir de ce moment, je me suis dit que l'auteur avait abandonné et n'allait plus faire l'effort de nous guider dans un monde vaste et riche, il va nous faire le coup de la découverte que la planète est ronde. Oulala, que c'est renversant. Donc au 2/3, j'avais déjà deviné la fin.

Bref, un roman qui tente de mixer jeu de rôle et roman, c'est un essai sympa, mais à mes yeux mais pas encore au full de son potentiel, car il est laborieux à lire. Je m'interroge sur comment les éditeurs ont réussi à toucher un vaste public, alors que le roman s'adresserait de prime abord au public niche des joueurs de jeu de rôle que l'auteur semble pourtant piétiner ?

J'ai les BDs qui trainent quelque part. On me les avait offertes, mais je les ai rangées sans les lire (pour dire ô combien j'aime ce roman). Je les lirai et je viendrais te dire ce que j'en pense si tu veux.
 
Catkanda
   
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Catkanda  /  Magicien d'Oz


Bonjour à toutes et tous,
Je débarque par ici après avoir vu apparaître ce sujet, je trouve effectivement que les dernières pages sont peu flatteuses et rebutantes pour les lecteurs qui hésitent à lire Damasio...

Je vous trouve assez dur(e)s.
Comme relevé par Le Trader, il est délicat d'analyser l'engagement politique d'un livre sorti il y a 20 ans avec notre regard d'aujourd'hui. Il faut bien évidemment prendre du recul sur ses lectures, mais aussi les contextualiser.
De même, je trouve assez injuste de critiquer un auteur "engagé mais pas assez". On reste dans de la littérature de fiction, pas dans de l'essai politique. Si un amateur de SF pas du tout engagé tombe sur le bouquin et que ça soulève des questions chez lui, c'est déjà une bonne chose. Ce genre de reproche peut même paralyser complètement l'action/l'écriture, puisque de toute façon ce qui sera fait/écrit sera considéré comme insuffisant ; alors, autant ne pas évoquer le sujet et proposer une œuvre non politisée ?

Je suis d'accord avec le fait que Damasio évite (consciemment ou non ?) le sujet du féminisme. (Je ne parle que du traitement dans ses bouquins, étant donné que je ne le connais pas personnellement et ne regarde pas spécialement ses interviews.) Mais est-ce à lui de prendre la parole à ce sujet ? S'il traitait de féminisme, ça pourrait être maladroit, voire mal reçu par souci de légitimité, non ? Je trouverais très délicat d'écrire sur un sujet engagé/politique par lequel je ne suis pas touchée. La moindre maladresse ou erreur serait d'ailleurs dangereuse vu le nombre de lecteurs de Damasio.

Donc oui, il y a des œuvres plus engagées ailleurs, mais je pense qu'on peut le dire de n'importe quel livre. Par ailleurs, je lis pour voyager. Le degré d'engagement politique d'un livre de SF n'est pas la raison pour laquelle je le lis (même si un traitement politique ne me gêne pas). Si c'est ce que vous recherchez dans la SF, effectivement, Damasio n'est peut-être pas pour vous ? Est-ce que ses livres ont été brandis comme super engagés par un marketing douteux ? Dans ce cas, je comprendrais votre déception.

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Pour ce qui est d'un avis moins politique de ses livres, ce que j'aime le plus chez cet auteur est l'imagination, les mondes qu'il crée et qu'on voit dans ses romans et nouvelles.
Son style me plaît aussi énormément. Certains l'ont évoqué prétentieux, moi je le trouve juste travaillé, il joue avec la langue, sa musicalité, ses règles, et ça se ressent à la lecture. J'aime beaucoup ses écrits à mi-chemin entre de la fiction et de la poésie.

Une scène d'un livre est vécue différemment par chaque personnage présent, qui va l'interpréter avec son expérience, sa personnalité. Le parti pris de Damasio de donner voix à tous les personnages et de sauter de l'un à l'autre est très intéressant à mon sens.
Je trouve la technique du "un symbole = un personnage" plus digeste que d'avoir remis le nom du personnage à chaque fois, style théâtre. Beaucoup se plaignent de la difficulté de lecture que cela ajoute. C'est compréhensible, mais après quelques dizaines de page, le pli est facile à prendre (et sinon, la version poche est vendue avec une antisèche sous forme de marque-page).
Dans La Horde du Contrevent, le personnage principal, c'est le groupe. Je pense que le roman aurait une toute autre saveur s'il était raconté du point de vue d'un personnage unique, ou si les points de vue attendaient la fin du chapitre pour changer.

Mika a écrit:
Le manque de profondeur des persos auraient aussi pu être retravaillé, car on peine à s'attacher à des persos qui incarnent seulement une fonction, tout comme la guerrière, le voleur ou le magicien dans un jeu de rôle.
Les personnages de La Horde n'incarnent qu'une fonction, mais... Ils ont été élevés dans ce seul but. Leur vie = leur fonction dans la horde. A partir de là, c'est justifiable. J'ai quand même le souvenir de m'être attachée à certains persos. Clairement pas tous, d'ailleurs j'ai peu de souvenirs de ceux que je n'ai ni aimés, ni détestés. Cela dit, je l'ai lu il y a longtemps et je n'ai plus la même sensibilité qu'aujourd'hui en matière de profondeur de personnages, tu as peut-être raison dans le fond !

Darid a écrit:
Je ne me suis pas jeté sur les BD d'après la horde, mais je serai curieux d'avoir des avis de lecteurs, ou même des avis de lecteurs de critiques.
Je pense que la BD peut être une bonne entrée en matière si on a peur de se lancer dans le roman. Je ne crois pas qu'elle soit terminée (le tome 3 est le dernier que j'ai lu, il s'arrête dans la flaque de Lapsane). Je la trouve un peu vide, à vrai dire. Tout ce qui a fait que j'ai aimé le roman (style littéraire, introspection des personnages) n'y est pas retranscrit, format oblige. Je trouve qu'on saisit moins l'importance du pèlerinage et son aspect "culturel", du coup on se retrouve un peu avec une histoire de gens qui marchent. Quelqu'un qui n'a pas lu le roman m'a dit : "C'est trop long. Le principe est sympa, mais j'ai l'impression que je vais devoir lire 6 tomes de la même chose. On sent qu'il y a un lore, mais on le comprend pas bien."
 
Tourist_Pro
   
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Coucouuu

Message rapide, j'ai lu attentivement quelques critiques, puis j'ai lu le reste à la va-vite je dois l'avouer, car j'avais mal aux yeux et un peu mal au coeur ! J'ai trouvé certaines critiques bien dures, injustes et pas très constructives ! ça donne pas trop envie de poster ses écrits en tout cas !

Pour ceux qui viennent lire ces critiques je conseille vraiment de consulter d'autres articles à propos du livre. Concernant les critiques personnelles sur l'auteur/le personnage lui-même... Je vais pas préciser ma vie privée mais j'ai eu la chance de le côtoyer, et je sais que dans ses formations d'ateliers d'écriture dès le début il a parlé de la parité de temps de parole homme/femme. Dans la formation c'était à peu près 50/50, mais malgré cela les hommes prennent en général plus de place, et il a recadré tout le monde direct sur ce sujet, ce qui n'est pas fait très souvent dans ce genre de formation Wink
Je précise que je n'ai pas fait parti de cette formation et que je répète ce qu'on m'a dit. En tant que personne il est normal, très sympa, à l'écoute et à l'aise avec les gens. Il peut paraitre impoli dans la vie réelle car il se fait solliciter (j'hésite à dire harceler) tout le temps. Des gens viennent même ou il habite pour essayer de lui parler et faire lire leurs livres...

Enfin, pour moi la Horde c'est un bouquin d'instinct, de tripes, ça m'a touché au fond, transformé jusqu'au bout des doigts. Personnellement, je ne pense pas relire un livre qui me touchera autant. C'était pour moi la découverte d'un style inconnu (bible-univers) avec une telle créativité et musicalité de langage que j'ai complètement halluciné. Si certains d'entres vous pensent avoir lu mieux dans le même registre, SVP conseillez-moi ces lectures, je serais ravis d'essayer !

A bientôt Wink


PS : Je tiens à préciser que ce n'est que mon avis subjectif (et que je suis clairement biaisé vu que je suis fan du bouquin). Je ne souhaite pas relancer le débat, juste partager une expérience qui permet de relativiser certaines critiques, le tout dans le plus de bienveillance possible.
 
Meliakin
   
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Meliakin  /  Homme invisible


J'ai beaucoup aimé "la Horde du Contrevent" personnellement. Je suis tombé dessus par hasard quand j'étais plus jeune et ça m'a bien accroché. Je n'ai pas eu toutes ces réflexions sur sa philosophie, sa fin "décevante" ou quoi que ce soit.

Avez-vous déjà ressenti cette sensation de déception à la fin d'un long voyage ? Lorsque l'on est enfin confortablement installé dans son bus ou son train, qu'on a pu caler ses jambes comme il fallait et que notre nuque n'est plus tordue n'importe comment ? Sauf que finalement il reste moins d'une heure avant la fin du trajet ? C'est un peu ce que j'ai ressenti à la fin du livre, du coup ça ne m'a pas dérangé. C'était la fin d'un voyage. Comme beaucoup d'histoire finalement. Après tout c'est un sujet qui me touche, je me sens nomade moi-même. Une histoire qui parle d'une errance va vite m'accrocher.

Par contre j'ai trouvé trop cool le duel de poèmes du troubadour et du champion. J'aime voir un auteur s'amuser avec les mots et la langue.

Cela fait longtemps que je l'ai lu, je ne me souviens plus des points négatifs qui m'avaient gêné. Peut-être parfois un manque de clarté dans les descriptions. Je trouvais que le coup des petits symboles pour introduire le narrateur était rigolo, je ne reprendrais pas l'idée par contre.

Bon, voilà, mon modeste avis.

Bonne journée
 
   
    
                         
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 [Auteur] Alain Damasio

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