Bonjour à tous,

Je reviens sur le forum pour partager avec vous une découverte que j'ai faite récemment .

Pour être honnête, je me suis quelque peu lassée de l'écriture ces derniers temps. Non que je n'en ressente plus le besoin, mais à chaque fois que j'ai essaye de me relancer dans un projet je finis toujours par l'abandonner en cours de route et cela me décourage énormément... J'ai des idées, mais j'ai du mal à les utiliser pour créer la matière de mes histoires. Et je crois que je ne suis pas la seule à me trouver dans cette situation

Bref, moi qui ai essayé toutes sortes de méthodes pour arriver à bout de mes histoires (méthode du Flocon, les logiciels d'écriture, les défis dans le genre Nanowrimo,...) mais sans succès, je crois avoir enfin trouvé LA technique qui fonctionne, du moins pour moi.

Le titre me trahit déjà, plus besoin de suspense : il s'agit de l'écriture intuitive.

Attention, je ne dis pas que cela fonctionne pour tout le monde. Mais il se pourrait que cela puisse être utile à ceux qui ont essayé toutes sortes de méthodes d'écriture sans succès. En quoi est-ce que ça consiste ? C'est pas très compliqué, je vais essayer de l'expliquer pour ceux qui ne connaissent pas encore.

Bon, imaginons que vous tenez enfin une idée. Vous aimeriez la développer, mais vous ne savez pas comment. En lisant sur internet, vous voyez que beaucoup de gens utilisent des fiches (donc une approche assez mécanique de l'écriture) et pensez que cela devrait également fonctionner avec vous.
Vous vous achetez un cahier et commencez à noter votre intrigue de façon linéaire, en commençant  par le premier chapitre et en terminant par le dernier. Scène par scène, vous avancez, mais péniblement. Pareil pour les personnages : vous avez l'impression que ces nombreuses fiches les dé-personnifient, et vous avez dû mal à les comprendre. Finalement, au bout de quelque temps, vous vous sentez déçu et peut-être même un peu honteux de la direction que prend l'écriture de votre projet et finissez par abandonner. Petit à petit, histoire après histoire, votre rapport à l'écriture finit par se détériorer.

Ça peut être parfois très frustrant. Si jamais cette situation vous parle, vous pourriez essayer une autre approche. Par exemple, au lieu de forcer les idées à venir à vous, vous pourriez les laisser divaguer librement, jusqu'à ce que votre imagination ponde les idées dont vous aviez besoin. Vous pouvez vous mettre à l'aise en écoutant une playlist qui vous met dans l'ambiance de votre histoire/idée et voir où cela vous mène. Sans plan, sans rien du tout. Bref, juste vous et votre esprit . Pour ce qui est des personnages, essayez d'apprendre à les connaître comme s'ils étaient des personnes réelles. Dans votre tête, vous pouvez vous entretenir avec eux, penser à l'impression qu'ils vous donnent et à ce qu'ils vous font ressentir. Mettez-vous dans la peau d'un psychologue et laissez-les vous raconter leurs problèmes ! Lorsque vous les intégrerez enfin dans l'histoire, ne les conduisez pas, mais laissez-les plutôt vous conduire. Souvent, on se répète que tel ou tel personnage doit faire ceci ou cela, parce que c'est ainsi que l'histoire doit se dérouler. Mais on essaye rarement de comprendre un personnage, et cela pourrait être la cause du problème.

Bref, si je devais résumer l'écriture intuitive en quelques mots, ça serait de ne pas essayer d'écrire tout simplement une histoire, mais d'essayer de la vivre, de la ressentir, et de se laisser emporter par cette réalité qu'on a conçue

(Et pour ceux qui souhaitent aller plus loin, sachez qu'il existe un test de personnalité (MBTI) qui vous permet de connaître entre autres le type d'écriture qui vous convient le mieux. D'après ce que je sais, les personnalités INFP et INFJ sont les plus enclines à préférer l'écriture intuitive.)

En tout cas, j'espère que cela sera utile à certains d'entre vous !

Je ne sais pas trop mais je pense que l'on est un peu tous amenés à le faire à un moment ou à un autre, à diverses intensités... en fait, le truc, c'est que c'est un équilibre à trouver entre réfléchir intensément pour pondre un scénario qui tienne à peu près la route, et laisser les choses venir. Mais je pense que ni l'une, ni l'autre des méthodes ne peuvent se suffire à elles-mêmes.

Dans mon cas, quand je me lève la nuit pour aller aux toilettes, comme j'ai encore la tête dans le brouillard, j'aime bien lancer mes réflexions sur ce que j'écris. Comme je ne suis ni vraiment tout à fait réveillée, ni vraiment tout à faire endormie ça permet à une scène de se dérouler un peu toute seule. Ça peut se révéler salvateur. Mais à côté de ça même si j'ai ma scène il faut quand même que je réfléchisse à comment je vais l'écrire. Pas en terme d'ambiance ou de vocabulaire, mais plus en terme de mise en scène. Est-ce que je mets des ellipses ? où ? comment ? est-ce que je saute une ligne pour passer à un autre personnage ou est-ce que je trouve un moyen de faire en sorte que le lecteur se retrouve naturellement à regarder un autre personnage (par exemple une feuille morte qui s'envolerait pour atterrir aux pieds de quelqu'un d'autre et permettre au récit d'enchaîner) ?

Je pense qu'au final il faut savoir se connaître suffisamment pour trouver cet équilibre. Personnellement je m'interroge beaucoup là-dessus actuellement car je ne me laisse pas assez aller (en même temps je suis confinée sans mes notes, donc je ne peux pas évoluer libre dans mon cadre puisque je n'ai plus de cadre, ce qui me perturbe beaucoup).

Je pense que les gens qui écrivent des articles sur les "méthodes mécaniques" dont tu parles pour l'écriture oublient de mentionner l'aspect "rêverie", "intuition" ou "imagination" de l'écriture parce que, pour eux, c'est une évidence. Je crois que ce ne sont pas des méthodes d'"écriture" à proprement parler mais des méthodes d'organisation pour un long projet comme un roman.

Tu as déjà vu la proposition des deux façons d'écrire ? "Planner" contre "Pantser", ou, en français, "Planificateur" contre "Personne qui sort des solutions de son chapeau", avec une proposition intermédiaire des "Gardeners" (Jardiniers) qui "planteraient" des idées au début de l'écriture mais qui les "laisseraient pousser" au fur et à mesure ? Peut-être que ça pourrait t'intéresser.

@now@n a écrit:

Tu as déjà vu la proposition des deux façons d'écrire ? "Planner" contre "Pantser", ou, en français, "Planificateur" contre "Personne qui sort des solutions de son chapeau", avec une proposition intermédiaire des "Gardeners" (Jardiniers) qui "planteraient" des idées au début de l'écriture mais qui les "laisseraient pousser" au fur et à mesure ? Peut-être que ça pourrait t'intéresser.

Oui oui, j'en ai déjà entendu parler. C'est vrai que c'est plus ou moins la même chose. Mais ce que je voulais dire plus haut, ce n'est pas forcément de faire une distinction entre ceux qui plannifient tout à l'avance et ceux qui inventent l'intrigue au fil de l'écriture, mais plutôt sur la façon d'aborder son univers et ses personnages. Je me suis peut-être mal exprimée.    Le truc, c'est que depuis que j'essaye de trouver de nouveaux moyens pour faire "parler" mes personnages, j'arrive à mieux les imaginer et les comprendre. Hier, par exemple, j'ai passé plus d'une heure en session de thérapie avec mon personnage principal (ça semble bizarre dit comme ça ), histoire de mieux connaître son histoire. J'ai eu l'occasion de découvrir plein de choses à son sujet auxquelles je n'avais encore jamais pensé auparavant. C'était si réel ! J'avais l'impression d'être en transe xD. Ce matin encore, je l'imaginais en train de vaquer à ses occupations dans le salon, et je me suis littéralement mise à l'observer pendant quelques minutes... En même temps, je ne peux pas écrire sans savoir où mon histoire va. Mais au lieu de rédiger un plan, je préfère organiser mon intrigue, bien qu'assez chaotique, dans mon esprit. Donc je ne sais pas si l'écriture intuitive a un lien direct avec les jardiniers/architectes. En tout cas merci pour ton message, je vais essayer d'aller aussi creuser un peu de ce côté-là !

Je dis peut-être n'importe quoi, mais je suis persuadée que, quand on se lance dans une histoire, notre inconscient sait déjà exactement ce que l'on va écrire. Du coup, ça ne m'étonne pas que tu puisses arriver à faire une session de thérapie avec ton personnage, ou à le voir dans le salon.

Tout à fait d'accord, tout cela vient de l'inconscient. Le truc, c'est que chacun a sa technique pour y accéder et pouvoir développer son histoire. En tout cas, c'est comme ça que je vois les choses. Pour moi, parler à mes personnages ne me vient pas forcément naturellement, mais c'est une méthode qui s'avère plus efficace que d'autres.

Très intéressant tout ça ! Comme Suzicou j'ai toujours eu du mal à finir mes histoires car je ne trouvais pas la bonne méthode. J'ai essayé les fameuses fiches personnages… Mais je n'ai jamais réussi à en tenir une seule. Ca me parait trop arbitraire de déterminer dès le début de son histoire le caractère de son personnage. Du coup, pas de séance psy pour ma part (très bonne idée, au passage, ça me permettrai de cultiver mon côté skyzo ) mais par contre je me laisse carrément porter par mes personnages au court de l'histoire, quitte à leur faire faire n'importe quoi à certains moments. Du coup, je reviens toujours sur mon texte pour le remodeler au fur et à mesure et ainsi, pondre quelque chose de cohérent.

Bien sûr, y'a des lignes directrices à suivre, mais je dirais qu'il ne faut pas trop se structurer car selon moi, trop de procédure ça bloque la créativité. Mais je suis admiratif des personnes qui arrivent à prévoir de A à Z leur bouquin avant même d'avoir écrit le premier chapitre

Ça me fait penser à l'association libre, en psychanalyse.

tout ce que je déteste ^^ rien de mieux pour les incohérences et les pseudo thérapie personnel.

Je préfère structurer les choses et ne pas me laisser emporter n'importe où. On improvise pas une bonne saga/univers...

D'accord avec Matrix : une bonne saga ne s'improvise pas. Il faut savoir un minimum où l'on va. Par contre, une fois les bases posées, il devient beaucoup plus facile d'improviser et d'enrichir son plan, donc les deux méthodes sont complémentaires. Concernant les personnages, je n'ai personnellement pas  de fiches à proprement parler les concernant, mais je note pour chacun d'eux les éléments importants à avoir en tête, car il m'arrive assez souvent d'oublier. Au lieu  de fiches, je parlerai donc plutôt de pense-bêtes.

Oh, et LA question que je me pose des milliers de fois concernant chaque péripétie, chaque action, c'est : "Pourquoi" ? Mes notes sont remplies de questions-réponses. J'ai l'impression que me demander "Pourquoi?" pour chaque élément stimule la créativité tout en préservant la logique du récit.

L'importance du pourquoi ne m'étonne pas du tout. Le "pourquoi" c'est la question du fonctionnement et des motivations. C'est Kirikou qui veut apprendre en demandant "pourquoi" à chaque réponse de son grand-père ! Au final, c'est peut-être la question la plus importante à se poser !

Oui, pour moi c'est essentiel. Parce que des fois, notre imagination nous emmène dans des directions qui ne sont pas forcément faciles à comprendre, or il est essentiel de les légitimer pour préserver la cohérence du récit.
Dans le même genre, il y a aussi le "Comment ?", auquel il n'est pas toujours facile de répondre...

Il faudra que je re-regarde Kirikou.

Je suis INTJ (Architecte) donc probablement à l'opposé de l'écriture intuitive ! J'ai essayé mais je suis incapable d'écrire sans un but très précis - autant le temps file quand j'écris et probablement je "jardine" tout en suivant mon plan, autant si j'écris au hasard j'ai l'impression de perdre mon temps et donc aucun plaisir voire ça devient vite stressant

Tout à fait d'accord sur la planification - pour être cohérent il faut connaitre la fin, surtout pour maintenir une longue saga en vie !

C'est un débat intéressant! En fait, tous les arguments me parlent, et je me retrouve autant dans les "freestyle" que les "architectes". Pour moi, l'important c'est aussi de pouvoir varier les méthodes en fonctions de mon état d'esprit et de mes capacités mentales du moment . Par moment j'ai besoin de laisser la plume prendre le dessus sans trop réfléchir, à d'autres j'ai besoin de structure. Pour l'instant, l'alternance des deux marche bien pour moi, je tiens mes objectifs d'écriture. Reste à savoir si j'arriverais jusqu'au bout comme ça!

Personnellement, je dirais que je suis intuitif. Ça peut paraître curieux : je fais des sonnets, y a des règles, il doit y avoir une chute, que le tout se tienne, sans bavure. Dans les faits, je pars d'idées, de vers préalablement écrits, qui me sont venus sans efforts, je tisse autour, j'avance en architecte, mais très vite le poème me déborde : je n'arrive jamais à dire clairement ce que je souhaitais, quand je me lance dans l'écriture, dire. A chaque fois, de compromis en compromis, le poème s'impose de lui-même, je subis les mots et la langue, et j'en arrive à un résultat tout autre que celui imaginé au départ. La langue, les images, les sons et les rythmes me commandent davantage que l'idée que j'ai au préalable, avant d'écrire, sauf heureux événements où tout coïncide et suit ma pensée, mais ces poèmes-là sont très rares.