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 Représentations LGBT+ en litérature

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Séléné.C
   
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Séléné.C  /  La femme qui tomba amoureuse de la lune


Quand je dis que "Pierre m'a dit" passerait mieux que "mon compagnon m'a dit", c'est au niveau de la façon de parler. Qui parle de son conjoint de cette façon quand il discute avec des amis ou des collègues ?  Ca passait pour Colombo dans les années 70, mais de nos jours, on accuserait de rendre la femme inexistante en tant qu'individu (donc objet)
Du coup, tant qu'on ne voit pas Pierre et le héros ensemble, on ne sait pas qui est Pierre.
Même les placer à table ensemble après le boulot ne suffit pas : ils peuvent être colocataires.
Et dès qu'on les fait se dire un mot doux, on s'éloigne du modèle Colombo, et on se rapproche du risque d'ajouter un détail qui n'apporte rien au récit. Il faut donc employer cela en intrigue parallèle (comme la fille du commissaire Navarro, qui apporte rarement à l'intrigue principale mais fait ressentir les émotions du personnage, préoccupé ou fatigué). Et on s'éloigne de la simple allusion (mais c'est clairement aussi gérable qu'avec une femme).
La mode est plutôt aux personnages seuls avec leurs soucis (sans doute parce qu'on a orienté vers la solitude des gens seuls ou divorcés). Ambiance où l'enfant ou ado qui attend a plus de chances d'être traité comme un souci supplémentaire que comme un révélateur de l'état psychologique occasionné par le travail. Les conjoints de policiers sont revenus à la mode à la TV et au ciné, il est vrai, et pas forcément avec enfant à la clé. Ceci étant, je rappelle que je lis très peu de romans récents et ne peux avoir un avis sur la production actuelle (et en plus, j'ai pas de TV...)
Encore une fois, je ne justifie rien, j'essaye d'expliquer pourquoi on trouve peu.
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Lenfant
   
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Lenfant  /  Effleure du mal


Séléné.C a écrit:
Parce qu'il faut savoir le gérer sans tomber dans les stéréotypes.
Rendre une personnalité n'est jamais simple.
Quand un de ses éléments touche à un sujet sensible, le résultat peut faire jaillir le lecteur de son fauteuil, s'il est raté
Tout simplement.

Dans un monde littéraire où il est facile de zapper la question (contrairement au XIX° siècle), il est donc tentant de le faire, non ?
"faire allusion à", c'est bien gentil, mais de quelle manière ?

Inutile de monter sur les grands chevaux parce que je parle de courage.
Rien que pour écrire une banale scène d'amour entre adolescents hétéro ou exprimer les sensations d'une personne ivre, il faut déjà se creuser la tête pour ne pas y aller avec des gros sabots, et pourtant les chances de blesser quelqu'un sont réduites.

Il y a aussi le rôle à donner au personnage.
La "représentation" c'est bien gentil, mais si on veut être logique, il y a autant de chances que le personnage soit du côté des méchants que de celui des gentils.
Est-ce qu'un méchant LGBT+ ne va pas heurter ? Il y a des risques, non ? Même un personnage ni bon ni mauvais a des chances de paraître une mauvaise image (je ne suis même pas sûre des héros, vu qu'ils ont cessé depuis longtemps d'incarner la perfection"

Par exemple : dans les Errances Galactiques, j'ai un personnage dont il y a des chances que le lecteur pense qu'il est homo. Je ne me suis pas du tout posé la question en écrivant. Pourtant, le risque n'est pas mince, parce que ce qu'il serait alors vu comme "une folle" (pas terrible, la représentation...) et en plus de ça, c'est "le gros méchant". Dans mon idée, sa fascination pour les hommes à corps solide et musclé vient de ce qu'il est lui-même une véritable loque humaine. Et il est un peu fou, démesuré dans toutes ses pensées, ce qui augmente la chose... et c'est là que je crains.
Si c'était un personnage lambda, le fait qu'il y ait un doute ne poserait pas de problème. Sauf que là, le doute naîtra justement de ce qu'il est bizarre. Alors je fais quoi ? Je lui fait draguer son assistante ? (heu non... il la déteste). Je réduis sa folie ? (pas question !)
Dans DiscoBall, par contre, j'ai des personnages LGBT, et c'est parfaitement fait exprès. Dans quelques chapitres, c'est important. Dans d'autres pas du tout. Et là aussi, ce n'est pas simple, parce que parmi les personnages de DiscoBall, il n'y en a pas beaucoup qui soient parfaitement équilibrés du ciboulot.
Si ça peut te faire plaisir de le savoir, je pense que si je refais du Réaliste dans le genre d'Ange Martin, il y aura au moins un personnage homosexuel (je n'ai pas la moindre idée de qui, par contre). Possible aussi que j''en glisse dans la "suite-préquelle" des Errances (qui, vu mon cheminement mental à son sujet, a des chances de n'être qu'une préquelle).

Spoiler:
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A toi, à présent.
Explique pourquoi c'est facile à traiter.

Je trouve ça grave de se poser toutes ces questions pour un personnage. Et surtout de penser autant à "il en pensera quoi le lecteur ?".

Mais bon, ça doit dépendre de notre manière — personnelle — de voir l'écriture.

"Pourtant, le risque n'est pas mince, parce que ce qu'il serait alors vu comme "une folle" (pas terrible, la représentation...)"
o_O oui, pas terrible en effet le qualificatif, mais là ça vient de toi, pas du lecteur...


Ton pb c'est que t'as l'impression qu'un gay c'est une personne pas normal je pense, style extra terrestre.

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Lenfant  /  Effleure du mal


Richard-James a écrit:
Il est facile d'introduire un personnage gay, lesbien ou bi. Il suffit de le faire. Le personnage évoluera exactement de la même manière qu'un personnage hétérosexuel. L'exemple prit pour l'inspecteur Columbo au-dessus est parfait. Columbo aurait pu être homo que ça n'aurait rien changé à l'histoire. C'est ce qui malheureusement manque encore dans la littérature, cette visibilité ordinaire.

Voilà, merci, ouf.
Hamdoullah un message normal.

Séléné.C a écrit:

Explique pourquoi c'est facile à traiter.

C'est facile à traiter parce que ce sont des mots dans un roman, c'est-à-dire dans une histoire que j'invente et qui n'appartient qu'à moi. Et parce que je ne pense pas sans cesse à ce qu'en pensera le lecteur. Parce que mes personnages sont absurdes et anormaux, parce que mes personnages sont des singularités, pas des archétypes qui doivent refléter une réalité moyenne. Parce que dans 100 ans je ne pourrai plus. Parce que j'écris ce que je veux et qu'écrire c'est facile. Voilà pourquoi c'est facile à "TRAITER" (absurde mot dans tel contexte).

Citation :
Au fait... à part des poèmes, qu'est-ce que tu écris, Je-Changerai ?

Des chefs-d'oeuvre, très chère, des chefs-d'oeuvre.
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Séléné.C  /  La femme qui tomba amoureuse de la lune


je changerai maintenant a écrit:
Séléné.C a écrit:

Explique pourquoi c'est facile à traiter.
C'est facile à traiter parce que ce sont des mots dans un roman, c'est-à-dire dans une histoire que j'invente et qui n'appartient qu'à moi. Et parce que je ne pense pas sans cesse à ce qu'en pensera le lecteur. Parce que mes personnages sont absurdes et anormaux, parce que mes personnages sont des singularités, pas des archétypes qui doivent refléter une réalité moyenne. Parce que dans 100 ans je ne pourrai plus. Parce que j'écris ce que je veux et qu'écrire c'est facile. Voilà pourquoi c'est facile à "TRAITER" (absurde mot dans tel contexte).
Hé  bien, en ce sens, oui, c'est facile à traiter. Et je le traite.
Mais la question porte (il me semble) sur la littérature publiée, c'est à dire celle qui a été jugée en état d'être lue et appréciée du public "appréciée" signifiant ici "porter une appréciation". Encore une fois, mon propos ne vise pas à justifier mais à expliquer. Demande leur avis à des auteurs publiés; Ils sera plus étayé que le mien, qui ne se base que sur des cogitations et de surcroît, manque de repères dans la littérature récente (n'en lisant que peu). La peur du public et de son jugement  fait partie des règles du jeu quand on décide de passer à l'étape éditoriale. Voilà pourquoi je parle de courage. Ce n'est pas tout, de parler de quelque chose. Encore faut-il le faire bien, si on ne veut pas être compris de travers, et quand il s'agit d'un sujet sensible, être mal compris est à la fois facile et dur à gérer.

Richard-James a écrit:
Le genre LGBT+ semble attirer peu de monde tient ...
On se demande bien pourquoi?

Si mes réponses sont considérées comme n'étant pas des messages normaux... c'est sûrement très puéril, mais je fous mon camp de ce topic.

je changerai maintenant a écrit:
Citation :
Au fait... à part des poèmes, qu'est-ce que tu écris, Je-Changerai ?
Des chefs-d'oeuvre, très chère, des chefs-d'oeuvre.
Je demandais un titre, un genre, une petite idée du thème traité.
Et laisse à d'autres le soin de donner leur avis sur la question posée.J'ai déjà donné le mien (qui encore une fois n'est composé que de réflexions et suppositions et basé principalement sur l'histoire de la Littérature et non sur les publications de ces dernières années).

Tiens.. faudra que je relise Colette, un de ces quatre.



Edit
J'avais dit que je fichais le camp mais je me rends compte que j'ai oublié une réponse.
Lenfant a écrit:
"Pourtant, le risque n'est pas mince, parce que ce qu'il serait alors vu comme "une folle" (pas terrible, la représentation...)"
o_O oui, pas terrible en effet le qualificatif, mais là ça vient de toi, pas du lecteur...
Ton pb c'est que t'as l'impression qu'un gay c'est une personne pas normal je pense, style extra terrestre.
Au contraire.
Il a été question des genres autres que la romance. Dans une romance, c'est très facile d'indiquer que le personnage est homo. Hors d'une romance, il faut réussir à glisser le détail sans qu'il ait l'air d'une info inutile au récit. Le personnage étant tout à fait semblable à n'importe qui hors sa sexualité, il faut donc faire apparaître son compagnon.
Par ailleurs je n'ai pas dit qu'il s'agit d'une impossibilité (j'avais très clairement dit que c'était possible) mais d'une facilité (combien de héros de roman sont célibataires ?)

Quant à mon personnage : il est maniéré dans ses manières (et même provocateurs) et apprécie les corps masculins musclés, ce qui peut le faire croire homo. Cela ajouté à une grande extravagance, on obtient "une folle". Mais justement. Il n'est pas homo.
Son goût pour l'esthétique masculine vient seulement de ce qu'il est de type "avorton". Il aimerait bien avoir ce physique-là.


Dernière édition par Séléné.C le Dim 14 Oct 2018 - 19:50, édité 1 fois
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Le paysage éditorial s'est quand même largement réveillé sur les questions de genre et de sexualité. Je ne dis pas que tout est parfait mais la représentation de personnages homosexuels, bisexuels et plus marginalement transgenres n'empêche absolument pas la publication d'un livre, parfois en très grandes pompes, et de temps en temps avec des prix derrière : Philippe Besson, Édouard Louis, Nina Bouraoui, Gilles Leroy, j'en oublie et je ne parle même pas des traductions. Du coup, pareil que les autres avant moi : très étonnant de parler de « courage ».

Pour en revenir à la première question, je ne suis pas du tout sûr qu'il soit possible — ou souhaitable — de représenter les personnages homosexuels, puisque c'est l'exemple qui revient, en faisant comme si c'était purement anecdotique. Il y a des tas de choses très concrètes qui font que l'expérience sociale des homosexuels n'est pas du tout la même que celle des hétérosexuels, et qui rendent globalement caduque l'idée qu'on se définisse comme gay, bi, lesbienne ou peu importe juste « en passant » : c'est toujours beaucoup plus compliqué — au double sens de « douloureux » et de « complexe » — que ça. Je vois bien la démarche derrière cette tentative de rendre les minorités plus « normales » mais je pense qu'il faut aussi s'interroger sur ce que ça soulève idéologiquement et se poser la question a) de l'utilité politique de ce genre de résolution et b) de la vraisemblance de ces images très lisses et pas vraiment fidèles à ce qui se passe dans les faits. Je ne dis pas que toutes les personnes non-hétérosexuelles et non-cisgenre vivent dans la honte et se font jeter des cailloux par les bonnes gens ; juste que leur existence, qu'elle soit sociale, médicale, professionnelle, familiale, politique, etc., varie factuellement de celle d'un citoyen lambda. Donc non, Columbo « juste » homosexuel et inchangé pour le reste, je ne pense pas que ça fonctionne.
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Hobbes a écrit:


Pour en revenir à la première question, je ne suis pas du tout sûr qu'il soit possible — ou souhaitable — de représenter les personnages homosexuels, puisque c'est l'exemple qui revient, en faisant comme si c'était purement anecdotique. Il y a des tas de choses très concrètes qui font que l'expérience sociale des homosexuels n'est pas du tout la même que celle des hétérosexuels, et qui rendent globalement caduque l'idée qu'on se définisse comme gay, bi, lesbienne ou peu importe juste « en passant » : c'est toujours beaucoup plus compliqué — au double sens de « douloureux » et de « complexe » — que ça.

Ok donc ça veut dire que toi quand tu croises une meuf dans la rue qui te demande du feu pour allumer sa cigarette, tu sais dire si elle est gay ou bi ou hétéro ou etc ? Et ça change qqc a la situation ? Si elle est gay elle te parlera d'une certaine manière ou bien qqc dans son regard d'inexplicable te fera dire qu'elle a été rejetée par son père à l'âge de 21 ans quand elle a annoncé a ses parents son homosexualité ?

Et encore faut-il que le roman soit réaliste ou concret.
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Je vois pas trop le rapport avec le message de Hobbes ? Ça me semble être un glissement de sens...
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Séléné.C  /  La femme qui tomba amoureuse de la lune


Spoiler:
Je pense que c'est à ce genre de chose que Hobbes fait allusion.
Quant aux deux mots par ci ou par là... j'ai déjà dit ce que j'en pense (et avais aussi dit ne plus intervenir). Je laisse donc chacun avoir son avis,
Spoiler:
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Citation :
Pour en revenir à la première question, je ne suis pas du tout sûr qu'il soit possible — ou souhaitable — de représenter les personnages homosexuels, puisque c'est l'exemple qui revient, en faisant comme si c'était purement anecdotique.

Et pourtant l'apparition d'un personnage homo devrait l'être, anecdotique.

Citation :
juste que leur existence, qu'elle soit sociale, médicale, professionnelle, familiale, politique, etc., varie factuellement de celle d'un citoyen lambda. Donc non, Columbo « juste » homosexuel et inchangé pour le reste, je ne pense pas que ça fonctionne.

Excuse-moi de dire ça de façon abrupte mais tu as tord. Comme je l'ai précisé, je suis gay et ma vie sociale, médicale, professionnelle, familiale, mes opinions politiques etc ... ne sont pas plus différentes d'un "citoyen lambda" comme tu dis. Au passage, être gay ne veut pas dire que tu n'est pas un "citoyen lambda". Ce n'est pas parce que ta sexualité diffère de ce que la société a longtemps considéré comme une norme que tu ne fais pas parti du "citoyen lambda".

La façon dont l'homosexualité sera traitée sera choisie par l'auteur. Si on prend le film 120 battements par minute il est clair que là le parti pris est celui de montrer la communauté LGBT engagée dans les années 90 avec l'émergence du SIDA. Idem avec un film comme Harvey Milk ou d'autres films dits d'époque qui retraceront la lutte de la communauté LGBT. Mais aujourd'hui il est tout a fait possible d'instaurer un personnage gay sans décliner obligatoirement sa sexualité. Idem pour la bisexualité. Le lecteur peut penser un personnage gay parce que son partenaire est du même sexe ou hétérosexuel car inversement et finalement se rendre compte à travers ses conquêtes de sa bisexualité, sans passer par je ne sais quels subterfuges ou par un coming out forcé par le narrateur par exemple.
 
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Je suis d'accord pour le côté anecdotique.
En littérature, je ne vois pas ce que ça change chez un personnage (à part du coup le sexe de celui ou celle qu'on lui attribue si romance il y a). On peut imaginer des difficultés supplémentaires, de type acceptation (de soi et de la part des autres), mais je pense que ça dépend beaucoup du contexte du récit et du message que l'on souhaite véhiculer. Après, il y a aussi beaucoup de "fantasmes" par rapport à ce que l'on ne connaît pas, et pour tout le monde, mais quand on écrit, on doit bien faire avec. Que votre personnage principal soit homme, femme, enfant, transgenre, animal... vous l'imaginez. À moins d'écrire un récit autobiographique (et encore, même là...), il y a toujours une part de fantasme dans nos écrits, d'imaginaire, et c'est tant mieux.

Je lis principalement de la romance, mais je reconnais que dans d'autres genres littéraires, je ne me pose pas la question de l'orientation sexuelle des personnages. Si elle n'est pas mentionnée, c'est qu'elle ne sert pas l'histoire. Je pense que dans un sens, quelle qu'elle soit, ça la rend anecdotique. Ce qui revient à dire que des ouvrages écrit ainsi existent déjà depuis longtemps.
 
Lenfant
   
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@Kid @Hobbes
Je vous mets ici un exemple (extrait tiré de mon best seller) d'introduction d'un personnage gay. Ainsi, dites-moi si la scène aurait été différente si la fille avait été hétéro et accompagnée d'un homme, quel impact cela aurait-il eu sur le personnage principal et sur le personnage lui-même. Dites-moi aussi si vous trouvez que l'homosexualité du personnage est anecdotique (et si oui, pourquoi ne devrait-ce pas être anecdotique ainsi que dit par Hobbes) ? Je préfère une illustration par l'exemple car franchement j'ai beaucoup de peine à comprendre les discours théoriques et généralistes (surtout au sujet de romans (=fictions)).

Citation :
J'avais décidé de passer par le Boulevard des Maréchaux parce qu'il faisait froid et que je voulais arriver chez moi rapidement. Il commençait même à neiger. Du coup la fille qui m'arrêta en plein milieu de la montée vers Georges Brassens m'énerva sérieusement.
« S'il vous plaît, vous auriez du feu ? »
En plus ! Une droguée !
« Non je fume pas.
— Ah mais moi non plus, c'est pour allumer des bougies d'anniversaire. »
Comme cette info changeait la donne, j'attrapai dans la poche haute de ma Canada Goose mon petit paquet d'allumettes que je lui tendis en l'entrouvrant avec mon pouce pour montrer qu'il y avait bien des allumettes dedans.
« Pourquoi vous avez des allumettes si vous fumez pas ?
— Ben c'est au cas où j'aurais des bougies d'anniversaire à allumer. »
Elle rit.
J'étais obligé•e de lui mentir, je ne pouvais pas lui dire ce que j'avais fait 2 heures plus tôt.
« Merci. »
Elle s'éloigna vers un banc où l'attendait une autre fille que dans l'obscurité je n'avais pas remarquée. Je la vis se pencher sur le banc, gratter une allumette et méticuleusement allumer les bougies. Elle en gratta peut-être 6, il devait y avoir au moins 30 bougies. « Elle va me liquider tout mon paquet » songeais-je inquiet•ète et toujours énervé•e d'être bloqué•e là alors que j'aurais déjà dû être rentré•e. Je ruminais mais n'agissais pas. C'était toujours comme ça. Après avoir tout allumé, elle déposa un rapide baiser sur les lèvres de l'autre fille et revint vers moi, apparemment contente.
« Merci beaucoup ! »
Je récupérai mon paquet et repris ma route, en pressant le pas car à présent j'étais en retard.
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Julia Serrano dans Manifeste d'une femme trans, dans le chapitre "COUREURS DE JUPONS : QUAND LES MÉDIAS REPRÉSENTENT LA RÉVOLUTION TRANS EN TALONS ET ROUGE À LÈVRES", montre quels sont les archétypes qui reviennent le plus dans leurs représentations:
- La bête de foire. Elle est ridicule parce que physiquement masculine, mais maquillée outrageusement, mal habillée, elle singe trop mal la féminité.
- La scène du maquillage, où on voit la personne se transformer totalement et devenir une autre personne. Ce qui permet de renvoyer au trope "Ce n'est pas une vraie femme, c'est artificiel"
- Et enfin, ca renvoie à la femme trans piège les pauvres hommes hétérosexuels qui pensaient choper une super bombasse et "oh merde elle a une bite et des couilles" (la pire caricature en ce sens c'est Ace Ventura, c'est l'horreur) (ou les fameuses "traps" japonaises de trap = piège en anglais)... Et c'est pas comme si il n'y avait pas de femmes trans qui justement se faisaient assassiner pour ça...

Donc une représentation comme ça... Y'en a pas mal qui s'en passeraient
 
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Je fais dans l'ordre parce que je suis entre plein de choses.

Lenfant a écrit:
Ok donc ça veut dire que toi quand tu croises une meuf dans la rue qui te demande du feu pour allumer sa cigarette, tu sais dire si elle est gay ou bi ou hétéro ou etc ? Et ça change qqc a la situation ? Si elle est gay elle te parlera d'une certaine manière ou bien qqc dans son regard d'inexplicable te fera dire qu'elle a été rejetée par son père à l'âge de 21 ans quand elle a annoncé a ses parents son homosexualité ?

Évidemment que non. Je ne parle pas d'une différence ou d'un signe décelable chez les personnes homosexuelles, mais d'une expérience du monde différente de celle des hétérosexuels. Je veux dire par là que la société pose toujours un regard coloré, même discrètement, sur certaines franges de la population, qui par le fait modifie leur destin social. Ça ne veut pas dire qu'ils ont l'air tristes ou en souffrance ou je ne sais pas ; juste qu'ils font une expérience différente du monde et qu'ils sont tenus, explicitement ou pas, à des standards discriminants qui ne valent pas pour monsieur Dupont ou pour madame Michu.

Richard-James a écrit:
Excuse-moi de dire ça de façon abrupte mais tu as tord. Comme je l'ai précisé, je suis gay et ma vie sociale, médicale, professionnelle, familiale, mes opinions politiques etc ... ne sont pas plus différentes d'un "citoyen lambda" comme tu dis. Au passage, être gay ne veut pas dire que tu n'est pas un "citoyen lambda". Ce n'est pas parce que ta sexualité diffère de ce que la société a longtemps considéré comme une norme que tu ne fais pas parti du "citoyen lambda".

C'est une façon de voir un peu grossière. Que tu — ou je : on joue pour la même équipe — puisses avoir un travail, des loisirs, une vie sociale, sentimentale et sexuelle globalement similaire à celle du « lambda » en question, et heureusement, ne veut pas dire que ta vie n'est pas insidieusement régie par tout un tas de standards et d'attendus lié à ton orientation.

Petit détour pour illustrer : on a beau être noir, bien né, avoir plein de diplômes, le droit de vote et de se marier avec une bonne bourgeoise, le racisme, comme l'homophobie, se niche toujours dans des tas de micro-agressions évidemment moins visibles au plan statistique mais quand même bien présentes. C'est moins sensible pour la communauté homosexuelle, car systémiquement mieux traitée, mais ça se manifeste dans un tas de choses, discrètes ou pas, qui font notablement varier les expériences sociales aussi : injonctions à la virilité ou la féminité selon le cas, réduction à des archétypes exotiques, suspicions sexuelles et parfois médicales, refus d'accès à des systèmes de filiation classique, stéréotypes de genre et/ou de sexe, négation de la vie privée. Je ne parle pas de se prendre une mandale dans la tête parce que tu tiens la main de ton petit copain — ça arrive aussi, par ailleurs — mais de tout un tas de choses jamais dites qui font qu'on te juge sur des critères discriminants, et selon la mesure dans laquelle tu y colles. Exemple qui vaut ce qu'il vaut mais à peu près n'importe quel pédé straight-passing, masc4masc, viril ou appelle ça comme tu voudras, s'est déjà fait complimenter au prétexte qu'il « n'est pas cliché » ; c'est bien la preuve qu'on stigmatise encore l'homosexualité dès qu'elle fait trop de bruit et que tout homosexuel, quel qu'il soit, est toujours ravalé à des images considérées comme infamantes, même quand il n'y ressemble pas.

Pour le reste, il y a clairement des sociabilités, des habitus et des pratiques médicales spécifiquement homosexuelles. Même à supposer que tu ne t'y conformes pas, on t'y rapporte toujours insidieusement, soit par pur horizon d'attente soit, quand ça devient vraiment toxique, en tant que pédé suffisamment « pas comme les autres » pour que Karine Lemarchand te case dans la prochaine saison de « L'Amour est dans le pré » sous l'étiquette de « l'homosexuel normal » ou du « yag ». Je ne suis pas sûr que ce soit très agréable de servir « d'ami noir » pédé à une heure de prime time sur chaîne hertzienne, mais après tout chacun ses rêves.

Histoire de dissiper le malentendu une fois pour toutes : je ne te dis pas que tu — je — es intrinsèquement différent ou inapte à être monsieur tout le monde ; juste que la société te code et te traite d'une manière différente de celle d'un hétéro, et que, de fait, vous ne faites pas la même expérience du monde — au même titre qu'un Arabe, un trans, un Juif, etc., doit composer avec tout un tas de préjugés qui font varier, même discrètement, par petites touches et petits impensés, son existence et son destin social de celui d'un Blanc, cisgenre, catho ou peu importe. Les hétérosexuels s'en foutent de la manière dont on les représente dans la littérature ou qu'on les tienne pour des personnes normales ou que leur sexualité soit un détail parmi tant d'autres. Toi, non, et après tout pourquoi pas ?, mais ça dit déjà beaucoup de choses sur ton quotient « lambda ».

Ah, et puisque j'y suis, question connexe : c'est très bien de vouloir être « normal » ou « lambda » et je t'encourage mille fois à faire ce que tu penses devoir faire de ce côté mais qu'est-ce que ça veut dire politiquement ?, et est-ce que ce n'est pas encore faire tienne une rhétorique discrètement homophobe que partir du principe qu'on n'est normal qu'à condition d'être gay de manière anecdotique ? Ça m'angoisse un peu de lire ce genre de discours limite sarkozystes, qui sous-entendent plus ou moins que la meilleure façon d'être homosexuel, c'est d'être hétéro dans la rue et pédé ou lesbienne sous la couette. C'est quand même d'une violence symbolique assez vénère.

Lenfant a écrit:
Je vous mets ici un exemple (extrait tiré de mon best seller) d'introduction d'un personnage gay. Ainsi, dites-moi si la scène aurait été différente si la fille avait été hétéro et accompagnée d'un homme, quel impact cela aurait-il eu sur le personnage principal et sur le personnage lui-même. Dites-moi aussi si vous trouvez que l'homosexualité du personnage est anecdotique (et si oui, pourquoi ne devrait-ce pas être anecdotique ainsi que dit par Hobbes) ? Je préfère une illustration par l'exemple car franchement j'ai beaucoup de peine à comprendre les discours théoriques et généralistes (surtout au sujet de romans (=fictions)).

Je me vois mal te répondre : tu fausses les cartes avec un texte que tu as toi-même écrit.

Ce qui, en revanche, est certain, c'est qu'une rencontre amoureuse gaie/lesbienne/autre ne se joue pas selon les mêmes codes qu'une rencontre hétérosexuelle. Je ne dis pas, une fois de plus, que ça se transforme en sodomie musclée sur un coin de bar ou qu'il y a des recettes de cuisine applicables, mais c'est complètement différent au point de vue des enjeux, de l'expérience amoureuse, sexuelle, et dans une certaine mesure des usages, de flirter avec quelqu'un de son sexe plutôt qu'avec quelqu'un de l'autre équipe.

J'ai fait beaucoup plus long que ce que je pensais — pardon à ceux que ça ennuie — mais en vrai c'est important de parler de ça et je suis plutôt content de formaliser ce genre de choses plus ou moins pour la première fois, même si c'est fait entre un millier de choses plus urgentes.


Dernière édition par Hobbes le Mer 17 Oct 2018 - 22:05, édité 1 fois
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Oui je fais comme Séléné, je m'auto-cite, j'ai pensé que c'était recevable Laughing

Hobbes j'ai l'impression que tu parles de l'homosexualité dans la vraie vie, alors qu'on parle de romans, et dans un roman l'auteur choisit ce qu'il raconte et choisit comment il le raconte. Donc je ne vois pas les limites, dans un roman, je ne vois pas les règles ni la réalité à respecter.

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Bah, c'est clairement le cadre de la conversation : comment les minorités LGBT+ sont représentées dans la fiction et de quelle manière ça se rebranche sur le réel.

Si on part du principe qu'on écrit des choses qui n'ont que très peu de rapport avec le réel, ce n'est pas problématique en soi, mais pourquoi se poser la question tout court ? Autant faire comme ça vient.
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