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 Les plus beaux poèmes

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art.hrite
   
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art.hrite  /  Chantre brahmane ज्ञानयोग


La Loreley

(À Jean Sève, mais on s'en fout)


À Bacharach il y avait une sorcière blonde
Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde

Devant son tribunal l'évêque la fit citer
D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté

Ô belle Loreley aux yeux pleins de pierreries
De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie

Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits
Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri

Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries
Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie

Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley
Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé

Evêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge
Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège

Mon amant est parti pour un pays lointain
Faites-moi donc mourir puisque je n'aime rien

Mon cœur me fait si mal il faut bien que je meure
Si je me regardais il faudrait que j'en meure

Mon cœur me fait si mal depuis qu'il n'est plus là
Mon cœur me fit si mal du jour où il s'en alla

L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances
Menez jusqu'au couvent cette femme en démence

Va-t-en Lore en folie va Lore aux yeux tremblant
Tu seras une nonne vêtue de noir et blanc

Puis ils s'en allèrent sur la route tous les quatre
La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres

Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut
Pour voir une fois encore mon beau château

Pour me mirer une fois encore dans le fleuve
Puis j'irai au couvent des vierges et des veuves

Là haut le vent tordait ses cheveux déroulés
Les chevaliers criaient Loreley Loreley

Tout là bas sur le Rhin s'en vient une nacelle
Et mon amant s'y tient il m'a vue il m'appelle

Mon cœur devient si doux c'est mon amant qui vient
Elle se penche alors et tombe dans le Rhin

Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil
 
art.hrite
   
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CE POÈME EST SI BEAU Sad

comme la Danaïde de Rodin Sad
 
art.hrite
   
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art.hrite  /  Chantre brahmane ज्ञानयोग


L'oisiveté des délicates plumes


L'oisiveté des délicates plumes,
Lit coutumier, non point de mon repos,
Mais du travail, où mon feu tu allumes,
Souventes fois, oultre heure, et sans propos
Entre ses draps me retient indispos,
Tant elle m'a pour son faible ennemi.

Là mon esprit son corps laisse endormi
Tout transformé en image de Mort,
Pour te montrer, que lors homme à demi,
Vers toi suis vif, et vers moi je suis mort.

(Maurice Scève)
 
art.hrite
   
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art.hrite  /  Chantre brahmane ज्ञानयोग


Le poète crotté

(extraits)

... Lors que ce chardon de Parnasse
Ce vain épouvantail de chasse
Ce Pot-pourri d'étranges moeurs,
Ce moine bourru des rimeurs,
Ce chaland de vieille tripière,
Ce faquin orné de rapière,
Cet esprit chaussé de travers,
Ce petit fagoteur de vers,
Vit sa pauvre muse chifflée
Et son espérance befflée
Après avoir été vingt ans
Un des plus parfaits sots du temps
Et sêtre vu, par son mérite
Fou de la reine Marguerite
Qui l'estimait, Dieu sait combien !
C'est-à-dire autant comme rien.
A la fin, saoul de chiquenaudes,
De taloches, de gringuenaudes
D'ardentes mouches sur l'orteil,
De camouflets dans le sommeil,
De pets en coque à la moustache,
De papiers qu'au dos on attache ;
D'enfler même pour les laquais,
De bernements, de sobriquets,
De coups d'épingle dans les fesses
Et de plusieurs autres caresses
Que dans le Louvre on lui faisait
Quand son diable l'y conduisait,
Il lui prit, quoi que tard, envie
D'aller ailleurs passer sa vie
Et, laissant Paris en ce lieu,
Lui dire pour jamais adieu.

... Son pourpoint, sous qui maint pou gronde,
Montrait les dents à tout le monde,
Non de fierté mais de douleur
De perdre et matière et couleur.
Il fut jadis d'un drap minime ;
Mais qu'est-ce que le temps ne lime
Le pauvre diable a fait son cours :
Autant puissent durer mes jours.
La moitié d'une peccadille
Sur qui sa crinière pendille
Affreuse et sentant le sabat,
Lui servait au lieu de rabat.
Des grègues d'un faux satin jaune,
D'un côté trop longues d'une aune
Et de l'autre à bouillon troussé,
Reliques d'un ballet dansé,
Qu'un galant coiffé d'une dame
Lui donna pour son anagramme
Avec un demi-quart d'écu,
Enharnachaient son chien de cul.
Un rocquet de bourraccan rouge
Qui jamais de son dos ne bouge
L'affublait, quoiqu'il fût hiver
Et qu'il fût rongé de maint ver.

... Au moins, ô ma chère Sybile
N'aye la mémoire labile
Remembre-toi de ton côté
De ton pauvre rimeur crotté
Et du mien j'aurai pour hôtesse
Dans le chef ma haute poétesse
Dont les écrits, comme mes vers,
Sont les torches de l'univers ;
Remembre-toi des sérénades
Qu'en mes nocturnes promenades,
Accompagné d'un vielleur
Aveugle, afin que déceleur
De nos amours il ne pût être,
Discrétion qui reconnaître
Se doit bien, je t'ai si souvent
Donnée, à la pluie et au vent ;
Remémore-toi davantage
Que, quoi qu'en douzième étage
Tu te gîtes proche du ciel,
Et c'est pourquoi, mon tout, mon miel,
Ci-devant, haute t'ai nommée,
Toutefois d'une âme charmée,
N'ai pas laissé grimpant en ours,
De te visiter tous les jours.


(Marc-Antoine Girard de Saint-Amant Surprised)

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Invité  /  Invité


Ce soir aussi

Pleinement,
la neige emplit cette mer
où le soleil flotte,
fleurit dans les paniers la glace
que tu portes vers la ville.

Sable,
tu exiges pour cela,
car la dernière rose intérieure
veut aussi ce soir être rassasiée
de l'heure qui s'écoule.



éloge du loin

Dans la source de tes yeux
Vivent les filets des pêcheurs des mers devenues folles
Dans la source de tes yeux
la mer tient sa promesse
J'y précipite
cœur ayant vécu parmi les humains
les vêtements que j'ai portés
l'éclat d'un serment
Plus noir que dans le noir, je suis encore plus nu
Je suis toi, quand moi je suis moi
Dans la source de tes yeux
j'erre et je rêve de pillage
Dans la source de tes yeux
Un pendu étrangle la corde



Toute la vie

les soleils des demi-sommeils sont bleus comme
tes cheveux une heure avant le jour.
Eux aussi poussent vite comme l'herbe sur la tombe d'un oiseau
Eux aussi sont attachés par le jeu, que nous jouions comme un rêve sur les bateaux de la joie.

Aux falaises crayeuses du temps les poignards aussi les rencontrent.
les soleils des sommeils profonds sont plus bleus : comme ta boucle
ne le fut qu'une fois ;
je m'attardais comme un vent de nuit sur le sein à vendre de ta sœur
tes cheveux pendaient sur l'arbre d'en dessous, mais tu n'étais pas là.

Nous étions le monde, et toi tu étais un arbuste devant les portes.
Les soleils de la mort sont blancs comme les cheveux de notre enfant :
Il s'éleva des eaux montantes, quand tu dressas une tente sur la dune.
Il sortit le couteau du bonheur aux yeux éteints.


Paul Celan


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Gina M.
   
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Gina M.  /  Tapage au bout de la nuit


La Loreley est magnifique I love you
Un de mes favoris d'Apollinaire !

LE FEU SACRE

Nous sommes les poursuivants
D’une étrange poursuite

Sur nos terres mutilées
Faites de splendeur et d’ombres
Nos appels abondent
En quête du chemin

Vaine est l’exploration
Verrouillée la réponse

De broussailles en ténèbres
Seul résiste
Le feu sacré.

(Andrée Chedid)
http://jcroset-couleurs.com
 
Lo.mel
   
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Lo.mel  /  Troll hunter un jour, troll hunter toujours



Poussière, par Carlo Bordini.


Je serai toujours un peu moins que celui que je suis,
et même, beaucoup moins. Poussière. J’ai beaucoup perdu.
Ce que l’on perd est irrécupérable, et si on le récupère il
est désormais dispersé, il ne rentre plus dans l’ordre préétabli
des choses. Je suis content
s’il ne reste de moi qu’une légère
enveloppe. J’ai perdu
beaucoup. Dans cette légèreté,
ce qui importe le plus est l’absence des aigus,
que tout soit rond et recueilli. Cela
suffit. Tout ce qui est dévasté peut devenir rond,
rond encore. Comme un vase. C’est encore possible.
La poussière peut être récupérée. La poussière était autrefois
décombres. La poussière n’est pas décombres désormais,
elle est lente friable. La poussière
est un peu moins, mais elle peut être
rassemblée. Les blessures peuvent devenir poussière, recueillie
et ramassée sur elle-même. Je suis content
de ne pas comprendre les choses. Leur
raison. Il y a des choses que j’ignore, et je suis
content. Elles apparaissent comme des mystères,
tranquilles. Par exemple,
la jeune femme que je vois toujours, m’aime-t-elle
ou non? Je ne le sais pas. Je suis content
de ne pas le savoir. Je suis content de ne pas savoir
si je l’aime, ou mieux, je sais que je ne l’aime pas, que je pourrais
l’aimer; je suis content
de ne pas savoir si j’aurais pu l’aimer. Ce mystère
me rassure plus que son amour.
Il est beau de ne pas savoir. Ne pas savoir, par exemple,
combien je vivrai,
ou combien vivra la terre.
Cette suspension
remplace l’éternité.
 
PlumeDeplumee
   
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   Localisation  :  Somewhere over the rainbow.
   Pensée du jour  :  Je n'ai jamais été seul, car j'erre sans cesse à travers mes souvenirs comme à travers une forêt enchantée.
   Date d'inscription  :  25/10/2015
    
                         
PlumeDeplumee  /  Pour qui sonne Lestat


Ah ! la Loreley d'Apollinaire ! Même sans aimer spécialement ce poète, j'ai toujours trouvé sa Loreley magnifique ; c'est mon 1er commentaire composé de surcroît (nostalgie...).
Et j'aime bien le Poète crotté, tiens ! Bien drôle !
 
art.hrite
   
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art.hrite  /  Chantre brahmane ज्ञानयोग


SEMAISON MASSIVE DE POÈMES PAÏENS (non génétiquement modifiés) :



J'impose à mon esprit altier l'exigence assidue
   De la hauteur, et au hasard je laisse,
   Et à ses lois, le vers ;
Car, lorsqu'est souveraine et haute la pensée,
   Soumise la phrase la cherche,
   Et le rythme esclave la sert
 
art.hrite
   
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art.hrite  /  Chantre brahmane ज्ञानयोग


Les joueurs d'échecs


J'ai entendu conter que jadis, quand la Perse
Connut je ne sais quelle guerre,
Pendant que l'invasion s'embrasait dans la Ville
Et que hurlaient les femmes,
Ils étaient deux joueurs d'échec et ils jouaient
A leur jeu ininterrompu.

A l'ombre d'une ample frondaison, leurs regards
étaient rivés à l'échiquier antique,
Et, au coté de chacun d'eux, en prévision
Des moments de répit,
Quand il avait bougé une pièce, et qu'alors,
Il attendait son adversaire,
Une cruche de vin était là qui rafraîchissait
Sa sobre soif.

Et les maisons brûlaient, et on mettait à sac
Les coffres, les enceintes,
Violées, les femmes étaient plaquées
Contre les murs jetés à bas,
Percés de lances, les enfants n'étaient
Que sang à travers rues....
Mais là où ils se trouvaient, près de la ville
Et loin de son vacarme,
Nos deux joueurs d'échec jouaient
Au jeu d'échecs.

Qu'à travers les messages d'un vent de solitude
Leur parvinssent les cris,
Que, dans la réflexion montât du fond de l'âme
L'intuition que leurs femmes,
Comme leur tendres filles, étaient violées sans doute
A si proche distance,
Que dans le moment même où ces pensées venaient
Légère une ombre
Passât sur leur front vague, leur front indifférent,
Vite leurs yeux paisibles
Rendaient toute leur attentive confiance
A leur vieil échiquier.

Lorsque le roi d'ivoire est en péril,
Qu'importent la chair et les os
Des soeurs, des mères, des enfants ?
Lorsque la tour ne couvre plus
La retraite de la dame blanche, le sac
N'a guère d'importance.
Et lorsque la main assurée met en échec
Le roi de l'adversaire
Dans l'âme peu importe que là-bas
Filles et fils soient à périr.

Quand au-dessus du mur, tout soudain surgirait
La face forcenée
De quelque envahisseur en armes, quand bien vite
Devrait s'effondrer ici même
En sang, le solennel joueur d'échecs,
Le moment précédent
(Encore dédié à calculer un coup
Dont l'effet portera des heures
Plus tard) est consacré au jeu chéri
Des grands indifférents.

S'écroulent les cités, souffrent les peuples, cesse
La liberté, cesse la vie,
Les biens tranquilles hérités des aïeux soient
La proie de feu, de la rapine,
Mais quend la guerre interrompra le jeu, le roi
Puisse-t-il n'être pas échec,
Et l'ivoire du pion le plus avancé, être
Prêt à prendre la tour.

Mes frères en l'amour d'Epicure,
Nous qui le comprenons
D'après nous-mêmes, plus que d'après lui,
Apprenons dans l'histoire
Des paisibles joueurs d'échecs
A passser notre vie.

Que nous importe peu tout le sérieux du monde,
Sa gravité nous soit légère,
Puisse le naturel élan de nos instincts
Céder au plaisir inutile
(Sous l'ombre tranquille de quelque frondaison)
De jouer une bonne partie.

Ce que nous retirons de la vie inutile
A autant de valeur -
Gloire, renommée, amour, science, vie -
Que si c'était tout juste le souvenir
d'une partie gagnée
Sur un joueur meilleur que soi.

Comme un fardeau trop riche ainsi la gloire pèse,
La renommée est une fièvre,
L'amour, chose sérieuse et soucieuse fatigue,
La science ne trouve jamais,
Et la vie passe et fait souffrir, car elle
lésait bien... La partie d'échecs
Investit l'âme entière, mais, perdue, elle y pèse
Peu, car elle n'est rien.

Ah, sous les ombres qui à leur insu nous aiment,
Une cruche de vin
A portée de la main, attentifs aux manoeuvres
Inutiles du joueur d'échecs,
quand bien même le jeu ne serait qu'un rêve,
Qu'il n'y ait pas de partenaire,
Pour modèle prenons les Perses de ce conte,
Et tandis qu'au dehors,
De près, comme de loin, guerre, patrie et vie
Nous appellent, eh bien laissons-les
Nous appeler en vain, et que chacun de nous
Sous les ombres amies
Reste à rêver, lui les partenaires, et l'échiquier
Leur indifférence.
 
art.hrite
   
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art.hrite  /  Chantre brahmane ज्ञानयोग


Sévère je relate. Mes sensations sont des pensées.
       Les mots sont des idées.
Murmurant, le fleuve passe, et le son ne passe pas,
       Car il est nôtre, non au fleuve.
Tel voudrais-je le vers : à moi et à autrui
       Et par moi-même lu.


tout ça vient de Pessoa, ou plus exactement de son hétéronyme Ricardo Reis. je trouve les traductions déjà très belles : ne pas savoir lire le Portugais me fait pleurer.
 
Hadès
   
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Hadès  /  Barge de Radetzky




Il pleure dans mon coeur

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !
Paul VERLAINE
 
LeBossu
   
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LeBossu  /  Autostoppeur galactique


Le bruit des pas sur San Marco


Venise, 21 avril 1993
Donnez-moi seulement le claquement sec
des hauts talons des jeunes filles
sur les dalles de marbre
et les voix de deux passants la nuit
voix qui ricochent s'éloignant d'écho en écho
Donnez-moi le clapotis de l'eau sur les quais
déchiré soudain par le rugissement
d'une barge qui accélère dans le rio
Le moteur du canot tape de l'avant
dans le jaillissement des eaux
Donnez-moi le choc sourd du vaporetto
accostant en cognant au ponton
et la guirlande claire des cloches
qui tressent trois notes dans le ciel transparent

Donnez-moi seulement
le silence d'un chat gris
qui dort sur un puits de pierre blanche
au coeur d'une cour à l'ombre

et peut-être
dans les ricochets des souvenirs
et des jours avec toi
dans le labyrinthe heureux
j'inventerai l'ininventable

Venise



Claude Roy, Poèmes à pas de loup, 1992-1995.
 
Hadès
   
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Hadès  /  Barge de Radetzky


Chanson d'automne

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine.
 
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Antonin Artaud a écrit:
Le navire mystique

Il se sera perdu le navire archaïque
Aux mers où baigneront mes rêves éperdus,
Et ses immenses mâts se seront confondus
Dans les brouillards d'un ciel de Bible et de Cantiques.

Et ce ne sera pas la Grecque bucolique
Qui doucement jouera parmi les arbres nus ;
Et le Navire Saint n'aura jamais vendu
La très rare denrée aux pays exotiques.

Il ne sait pas les feux des havres de la terre,
Il ne connaît que Dieu, et sans fin, solitaire
Il sépare les flots glorieux de l'Infini.

Le bout de son beaupré plonge dans le mystère ;
Aux pointes de ses mâts tremble toutes les nuits
L'Argent mystique et pur de l'étoile polaire.
 
   
    
                         
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