Je crois pas qu'il faille nécessairement écrire un remake de the Handmaid's tale pour avoir un propos politique ou moral engagé ?

Si on regarde Game of Thrones, qui est une saga de fantasy avec priori peu d'engagement on se rend compte avec une analyse plus profonde qu'il s'agit d'une dénonciation de l'inaction des politiques et des gens de pouvoirs face à la crise climatique.

On peut tout à fait contrer les idées d'un bord politique avec de la littérature de divertissement. Pas besoin d'être un livre "coup de poing" pour ça je pense...

Il y a quelques années, j'eusses été un brandisseur de pancartes.
Le temps a fait son effet, la sagesse aussi. Je me tiens le plus loin possible de tout ce qui est politique (donc corrupteur pour moi.)
Lorsque j'envoie, je le fait dans les ME dans lesquelles j'aurais une minuscule chance de passer parce que je correspond peu ou prou à la politique éditoriale, ce qui diminue drastiquement leurs nombres, donc je ne fais pas la fine bouche. Et de toute façon, à moins d'être naïf, aucune entreprise (puisque les ME sont des entreprises, peu importe leurs tailles) n'est vertueuse.

Je suis d'accord avec Hely.

Je ne prétend pas écrire The Handmaid's Tales, mais je pense que tout texte *est* politique. J'en parlais avec un ami qui refuse d'être politique et a donc décidé de n'avoir que des personnages blanc, cis, hétéro, valides... eh bien, pour moi, choisir de ne véhiculer que *cette* vision du monde *est* déjà un choix politique.

Et alors que je présentai mon projet de romantasy, un éditeur s'inquiétait que l'on puisse y voir un sujet politique, même en métaphore... Franchement, ça ne me donne pas envie de signer chez eux (d'autant que, bon, c'est loin d'être un texte politique, je trouve).

Le souci, c'est qu'entre Editis et Hachette, on parle de plus d'une centaine de structures (et encore, je suis gentille), dans un peu près tous les domaines. Pour donner une idée : liste du groupe Editis et liste du groupe Hachette, ça regroupe à peu près tous les livres qu'on a lu dans notre vie, depuis l'enfance. C'est tentaculaire.

Lilia a écrit:

Je suis d'accord avec Hely.

Je ne prétend pas écrire The Handmaid's Tales, mais je pense que tout texte *est* politique. J'en parlais avec un ami qui refuse d'être politique et a donc décidé de n'avoir que des personnages blanc, cis, hétéro, valides... eh bien, pour moi, choisir de ne véhiculer que *cette* vision du monde *est* déjà un choix politique.

Et alors que je présentai mon projet de romantasy, un éditeur s'inquiétait que l'on puisse y voir un sujet politique, même en métaphore... Franchement, ça ne me donne pas envie de signer chez eux (d'autant que, bon, c'est loin d'être un texte politique, je trouve).

Ce qui est politique ou non n'est pas la présence de personnages ayant telle ou telle caractéristique. Ce qui est politique est lorsqu'il s'agit pour eux d'un combat pour leur cause, leur existence et leur mode de vie. Ce qui est considéré politique, en revanche, c'est le fait que nous, nous créons volontairement ces personnages avec ces caractéristiques-là. Mais est-ce que créer des gens spécifiques fait forcément politique ? Moi, je pense que non. Je crois que l'on ne fait que décrire une réalité parmi une infinité possible, et que c'est au lecteur de se positionner.

Tiens je te donne un exemple. Dans l'un de mes livres de SF, l'héroïne rencontre la chef d'une organisation très puissante. Et la femme qu'elle rencontre.... elle a deux têtes. Sur un seul corps, il y a deux têtes, avec deux individualités différentes. Et ce personnage, assez remarquable par cette spécificité, est totalement intégré dans la société. Jusqu'à atteindre le sommet de son organisation très puissante, en fait.

Alors, politiquement, qu'est-ce que ça signifie ? Apologie de la diversité physique ? Pourtant ce personnage n'est pas engagé dans un combat politique. Elles font juste leur travail. Mais ce n'est pas ça le plus incroyable. Non, le plus incroyable, c'est que cette personne à deux têtes sur un seul corps... et ben elle existe déjà. Elles s'appellent Abigail et Brittany Hensel. Vous pouvez croire que ce sont des anomalies, moi je crois que ce sont des gens. Et peut-être que sur Mars, dans 2500 ans, les gens en auront rien à cogner de ce genre d'étrangeté. Moi, mon boulot d'écrivain, c'est pas de défendre untel ou untel. C'est juste de décrire quelque chose que je vois, une réalité que je crée à base des éléments que je connais. Y'a aucune revendication, j'ai juste souhaité qu'elles soient présentes. Et y'a beaucoup d'autres personnages présents, avec des spécificités, et il y a des personnages qui seront très polémiques, parce qu'ils vivent dans leur milieu social précis, avec leur culture et leurs traditions, dont certaines pourront apparaître choquantes pour les contemporains.

Mais je finirai sur ces mots : ne vous censurez pas. Ni pour un éditeur, ni pour un proche, ni pour personne. J'enlèverai ma femme à deux têtes pour rien au monde, parce que chacune des deux a développé sa propre personnalité, son propre lore, ses habitudes de vie, son parcours de vie. Est-ce que ce récit-là trouvera preneur auprès des maisons d'édition ? Je n'en sais rien. Je produis, je propose, qu'ils veuillent ou pas, je continue. Je peux que jeter des hameçons en espérant qu'un jour ça morde. Mais je fais pas de la politique dans mes livres. Après, s'il y a des gens que la simple idée qu'il existe des femmes à deux têtes horrifie... c'est leur problème, pas le mien. On peut pas plaire à tout le monde, rien que sur le valide / invalide, soit vous mettez un valide et on criera au validisme, soit on mettra un invalide et on criera à l'invalidisme forcé. De toute façon, ça n'ira jamais, alors tant qu'à y être...

Et immense respect à ces deux femmes qui sont une source d'inspiration littéraire, et pas que littéraire.