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| Parlons de l'échec dans le monde éditorial ! | |
| | Nombre de messages : 70 Âge : 41 Date d'inscription : 18/09/2024 | Laurent_Lhomme / Clochard céleste Dim 13 Oct 2024 - 12:27 | |
| Mon dieu toutes ces réponses, et mon e-mail qui ne m'envoie aucune notif', j'ai dû paraître hautain - Jimilie Croquette a écrit:
- Ne juge pas les gens trop sévèrement.
Notre société capitaliste nous apprend à valider l'effort et à mépriser l'oisiveté. C'est extrèmement difficile de remettre ce modèle en question tant il est martelé à longueur de journée, à longueur de vie.
On peut aussi ne faire RIEN. Ça ne fait de mal à personne. Aucune nuisance. On y trouve son équilibre personnel. C'est okay. Apprenons à être plus bienveillants les uns avec les autres. N'aie crainte : je suis le premier à vouer le capitalisme aux gémonies écrire des livres, ce n'est pas utile, ça ne changera pas le monde, et cela reste du divertissement. Mais je fais allègrement l'apologie de l'inutile : l'inutile est ce qui est le plus indispensable dans nos sociétés. J'ai vu un spectacle il y a quelques jours : 10 handicapés mentaux (faisant partie d'un groupe musical) montaient sur scène pour témoigner de leur handicap en musique et en rappant. Et bien, ce n'était pas utile, je n'ai rien appris de spécial, mais j'ai trouvé ça beau, et j'ai trouvé ça émouvant et inspirant aussi. La musique n'est pas utile, on n'en a pas besoin... mais qui voudrait d'un monde sans musique ? Je suis loin d'être un travailliste, mais je n'aime pas l'oisiveté : elle apporte souvent à celui qui s'y adonne son lot de mal-être. Et je le sais d'expérience, en fait, vu que c'est ce que j'ai été contraint de faire pendant 8 ans. Et même si je reconnais qu'il faut être bienveillant, il ne faut pas être trop gentil. Ca n'aide ni soi ni l'autre. - Kal' a écrit:
- Mais surtout heureusement que tout le monde n’écrit pas, on est déjà en surproduction de titres vraiment ceux qui veulent pas qu’on les laisse profiter de la vie hein !
Si on va par là, si on décourage la totalité des gens qui écrivent, on augmente nos propres chances d'être édité - Azaby a écrit:
Si ça peut te faire relativiser, je suis écrivain de métier et quasi personne dans ma famille n'a jamais lu le moindre de mes textes, alors qu'ils lisent presque tous
C'est difficile à encaisser, mais c'est comme ça : mieux vaut le refus de lire (même s'il aurait été plus courtois de donner une vraie raison) qu'un retour hypocrite... Je peux comprendre ça, nos proches ne sont pas très objectifs sur leurs critiques de nos récits. Ce qui faudrait, c'est un vieil oncle bien grincheux qui aurait pas la langue dans sa poche. ... mouais peut-être pas finalement - Cosmos a écrit:
- Après ça peut être difficile de lire les écrits d'un proche : que faire si on n'aime pas ? lui dire et risquer de le peiner, d'abîmer notre relation ? lui mentir et se le reprocher ? je peux comprendre qu'on puisse avoir une crainte à lire un proche...
Bon après les gens qui n'aiment pas lire de manière générale, de toute façon, il ne faut pas espérer qu'ils dérogent à leur habitude. Il y a une raison qui fait qu'ils n'aiment pas lire, c'est comme ça... de toute façon même si ils se forçaient, ce serait un effort, donc les chances qu'ils apprécient sont bien amoindries... Ok pour le fait de ne pas lire, mais quand ils ne s'intéressent même pas à notre carrière d'écrivain, qu'ils ne posent jamais la moindre question sur l'avancée générale de nos travaux, l'avancée de notre éventuelle publication, y'a un vrai snobisme. Ils essaient même pas de savoir où on en est. Ils s'en contrefoutent. C'est ça qui fait le plus mal : l'indifférence. - MaxenceSardane a écrit:
- C'est marrant, parce que moi justement, c'est mon pire cauchemar que mes proches lisent mes romans... à part ma sœur (pour qui j'ai commencé à écrire). Ils ne connaissent même pas mon pseudo. Je viens au contraire d'une famille qui lit beaucoup, et dans laquelle on compte plusieurs personnes publiées (dont une au Seuil), aux goûts très snobs. Pour eux, littérature de genre = littérature de gare, donc j'ai préféré ne pas leur dire que j'avais sorti des bouquins, pour ma propre préservation
J'ai eu un approche très opposée : j'ai mis directement mon vrai nom sur mes livres, et je leur ai mis sous le nez en disant : je suis écrivain. Brutal, mais efficace, personne ne vient plus m'agacer avec des questions relatives à mon activité professionnelle. Alors qu'ils prenaient un très malin plaisir à le faire avant. Quand à la littérature de genre, je ne comprends vraiment pas en quoi elle serait moins valable que toute autre. Mais bon, c'est l'Académie Française et consorts qui nous snobent. Moi, je milite pour une littérature populaire, issue du peuple, de gens qui ne sont pas issus de ce milieu-là, et qui se mettent à écrire des œuvres et à persévérer. Moi j'écris de la SF Adulte, et je vois depuis longtemps le snobisme, on nous a même chassé des rayons de littérature adulte pour nous reléguer entre les livres pour enfants et les cartes Michelin Et comme le disait quelqu'un de bien plus érudit que moi : C’est donc faire preuve de snobisme, que de mépriser la science-fiction, en citant comme repoussoir les versions les plus enfantines produites par Hollywood - Sarashina a écrit:
- Je compatis Laurent! Pour ma part ce que je trouve le pire ce sont les gens de la famille qui disent qu'ils liront (sans que je leur ai rien demandé) et qui n'en reparlent plus jamais.... genre mon père lol (qui travaillait dans le milieu du livre, à la bibliothèque universitaire et a toujours beaucoup lu). Il a lu ma première nouvelle publiée (chez Galaxies) et ne m'a fait presque aucun retour. Par la suite je ne pense pas qu'il ait acheté les autres revues ou recueil dans lesquels j'ai été publiée. Je lui en ai offert certains mais il n'a jamais rien dit de ce qu'il en a pensé (s'il les a lu?).
Ma tante a lu ma première nouvelle deux fois parce qu'elle n'avait pas bien compris l'histoire lol! Pour les autres je ne sais pas. Le reste de ma famille n'a rien lu je pense.
J'ai aussi envoyé mes textes par mail ou mp à des amis, mais presque sans jamais avoir de retour sauf d'une fille que je ne connaissais que vaguement et qui a adoré, ça m'a fait super plaisir. Une amie d'enfance m'a demandé aussi les textes mais la connaissant elle ne les lira pas de si tôt ! Je préfère quelqu'un qui me dise : "Ton livre j'en ai rien à foutre", que quelqu'un qui me dise "J'ai acheté ton livre" et qui le lit pas du tout, et qui me fait croire qu'il va le lire "un jour, quand il aura le temps" (temps qu'il n'aura comme pas hasard jamais). Je préfère l'honnêteté. Mais... peut-être que votre père les a tous lus... et qu'il ne vous l'a pas dit ? Ah oui, y'a un truc par contre : je ne donne plus aucun exemplaire gratuit de mes livres. Pas pour l'argent, mais pour le fait qu'acheter un livre, c'est une forme de reconnaissance de mon métier. Je travaille pas gratos, et surtout... si c'est donné gratuitement, c'est comme si ça n'avait aucune valeur. Et moi je bosse des mois sur mes textes, donc je pense qu'ils ont quand même un petit peu de valeur. Et surtout... le prix demandé est dérisoire (mon tome 1 coûte 8€). Je pense que ce que l'on fait a une certaine valeur, une certaine qualité, et que ça a du coup un prix. Un prix très modeste au regard du temps qu'on a passé à le produire, et au regard d'autres formes d'art bien plus rentables. - Mokkimy a écrit:
- De mon côté, j'ai des hauts et des bas. Mais je ne sais même pas si je suis légitime à me plaindre, le monde éditorial, je n'y ai jamais eu vraiment accès. Je rejoins Hodo et Hilna dans leur spleen. ^^
Quand je repense à ma fréquentation de JE, la première année de mon retour, j'étais très heureuse d'écrire et de me motiver, pour essayer de progresser à la même vitesse que les autres. La seconde année, j'ai commencé à vivre mes premières péripéties de recherches éditoriales, c'était dur d'avoir des refus, mais c'était pas grave, parce qu'on se dit toujours qu'au bout d'un moment, on trouvera l'éditeur compatible avec son roman. Et puis, en attendant que les vagues de soumission se fassent, on écrit autre chose. De texte en texte, on s'améliore. On se dit que le prochain sera le bon. Maintenant, ça fait quoi... sept ans. Plusieurs romans d'écrit. De l'espoir, j'en ai toujours. Mais concrètement, je vois tout le monde - les JE de ma génération - trouver des éditeurs à tour de rôle, et moi, je reste sur la touche. Pourtant, il y a toujours des shoots d'espoir. Les refus personnalisés. Le manuscrit qui passe parfois des étapes. Deux victoires aux Murmures, une troisième fois finaliste. Un commentaire Fyctia à mon unique participation. J'ai même eu un vrai agent littéraire et un vrai contrat avec une clause de 10%, comme une pro. Puis l'agent littéraire a jeté l'éponge, et retour à la case départ. Parfois, ça donne envie de signer chez des éditeurs à compte d'auteur, juste pour avoir l'impression d'en être.
En attendant, la réponse officielle quand on me pose la question, c'est "j'écris pour le plaisir". C'est pas vrai, mais ça fait moins minable que "j'arrive pas à être éditée." Ne parlons même pas du rêve de se professionnaliser un jour... Manifestement, ça n'est pas pour moi.
La conséquence de tout cela, c'est que plus le temps passe, moins je me sens légitime à commenter ou à bétalire. J'ai l'impression d'avoir des goûts de merde que personne ne partage et que mes conseils sont mauvais. Ça rend solitaire et acariâtre. Je n'aime plus vraiment lire. J'ai un regard différent sur les librairies, quand je vois à quelle vitesse les rayons se remplissent et se vident, je me dis à chaque fois que le marché du livre est saturé, et ça me renvoie à mes échecs.
Le bon côté inverse, c'est comme je commence à comprendre que je ne serai jamais éditée, je me sens aussi plus libre d'écrire ce que je veux, comme je veux, et fuck les codes. C'est toujours ça de pris.
Un jour peut-être. Il parait que la persévérance paie, mais on ne sait pas au bout de combien de temps. Je vais peut-être te sembler très cru, mais moi je parle avec le cœur. C'est pas important d'être édité. Ca flattera ton égo, mais ça changera rien au fait que t'es déjà un auteur. Au bout de 7 ans, après tout ce que tu as fait, tout ce que tu as écrit, toutes tes interactions avec le monde littéraire, tous tes efforts fournis, pour moi t'es un écrivain. Et je dis pas ça à n'importe qui, tu peux me croire. Mais au bout de 7 ans, la persévérance tu l'as, le savoir-faire tu l'as affiné, Si t'es pas légitime, alors personne ici ne l'est non plus dans ce cas. Alors oui, des fois moi aussi je passe dans une librairie et je me dis : "'tin, j'aimerais avoir mon livre dans ces rayons !". Mais c'est pas arrivé. Pas encore. Et je lâcherai pas l'affaire avant que ça soit arrivé. Tu dis aussi que ça te renvoie à tes échecs. Quels échecs ? Le fait de pas avoir eu la chance, qui par définition est impossible à influer ? J'appelle pas ça un échec, c'est juste aléatoire. Un échec, ce serait de pas avoir réussi à finir d'écrire un manuscrit, à la rigueur. Mais on n'a pas de moyen d'influer sur la main du destin, sur la main qui va saisir notre manuscrit dans la maison d'édition. Il y a un pourcentage d'aléatoire. Au lieu de dire "j'écris pour le plaisir"... tu n'y crois même pas, en fait. Sois honnête envers toi-même. Tu écris pour être éditée, c'est ton rêve et tu dois pas le lâcher, même si ça doit prendre la durée de ta vie. De toute façon il n'y a pas de retraite dans ce métier ! La vérité, c'est que t'écris parce que t'es écrivain, un écrivain qui n'a pas encore d'éditeur, mais un écrivain quand même. Des fois on me demande : "Et tu gagnes beaucoup ?". Comme si dire "oui" allait justifier mon métier. Et à partir de quel montant, d'ailleurs ? Moi je suis artiste, pas vendeur de sandales. On qualifie pas mes œuvres à la thune qu'elles rapportent. Sinon Stephen King ou JK Rowling seraient les plus grands artistes de tous les temps, et je doute qu'ils prétendent un jour l'être. Mais ne pas être éditée te fait aboutir à un point très important, que j'ai découvert très récemment : on se sent de plus en plus libres d'écrire ce que l'on veut, quand on se dit "de toute façon, personne le lira". Et au contraire, ça, ça libère toute ta créativité. Parce qu'on peut créer n'importe quel monde du bout de notre plume (ou de nos claviers). Moi j'envoie les gens sur Mars, même Elon Musk y arrive pas. Tu peux pas t'en vouloir d'avoir essayé, mais tu t'en voudras d'arrêter d'essayer. Alors persévère. Continue. Parce que tu te dis que tu deviens acariâtre, mais si t'abandonne tes rêves, tu verras qu'on peut devenir mille fois plus acariâtre. J'ai connu des gens comme ça. C'est pas très joli, ne deviens pas comme ça. Écris des trucs fous, des trucs qui te feraient presque honte, qui repousseraient toutes tes limites. Aventure-toi dans des territoires créatifs inconnus. Innove. Moi par exemple, dans mon tome 4 de SF, y'a des passages... de Fantasy. Parce qu'un personnage principal joue à un jeu de rôle en ligne massivement multijoueur (les fameux MMORPGs, ou Meuporgs en bon français). Et peut-être qu'un éditeur va dire : "Hé, mec, tu peux pas écrire ça", et j'y répondrai "Hé, mec, j'écris ce que je veux, c'est moi l'artiste, toi t'es un vendeur de livres" (non j'exagère sur ce point, faut rester courtois). |
| | Nombre de messages : 4413 Âge : 34 Localisation : Date d'inscription : 23/04/2008 | Kal' / Der grüne Fennek Dim 13 Oct 2024 - 12:43 | |
| On peut écrire pour être édité ET pour le plaisir, hein.
ça me rappelle Margot Dessenne qui disait : "si vous écrivez pour être édité, à un moment vous allez vous prendre un mur". Et je pense que c'est vrai. Parce que même en librairie, la plupart des livres disparaissent très vite, ou passent inaperçu.
Travailler des années pour un "flash" d'un mois avant d'être oublié ?
Si on aime pas au moins un peu l'écriture, ça revient à dire "je déteste courir mais je m'entraine pour un marathon", je vois pas l'intérêt de s'infliger ça. |
| | Nombre de messages : 70 Âge : 41 Date d'inscription : 18/09/2024 | Laurent_Lhomme / Clochard céleste Dim 13 Oct 2024 - 12:59 | |
| - Kal' a écrit:
- On peut écrire pour être édité ET pour le plaisir, hein.
ça me rappelle Margot Dessenne qui disait : "si vous écrivez pour être édité, à un moment vous allez vous prendre un mur". Et je pense que c'est vrai. Parce que même en librairie, la plupart des livres disparaissent très vite, ou passent inaperçu.
Travailler des années pour un "flash" d'un mois avant d'être oublié ?
Si on aime pas au moins un peu l'écriture, ça revient à dire "je déteste courir mais je m'entraine pour un marathon", je vois pas l'intérêt de s'infliger ça. Ah j'ai pas dit qu'on devait ne prendre aucun plaisir à écrire. Je le déconseillerais presque, en fait. Mais être édité, c'est un bon objectif. Si on y arrive, tant mieux, et sinon, ben on aura produit quelques beaux textes, et on aura essayé. Qui pourrait s'atteler à écrire de force des textes complexes pendant des mois sans aucun plaisir ? Il faudrait être complètement maso. Et encore, les maso, ils y trouvent du plaisir. Ce serait comme une punition qu'on s'infligerait. Moi mon but, c'est d'être édité au moins une seule fois. Parce que ça me permettra de rentrer à la SGDL. Et oui, il faut avoir été édité au moins une fois à compte d'éditeur, pour y entrer. Et ça sert à rien en soi, d'en faire partie : ça vous rendra pas plus riche ou plus populaire : mais ça vous fera plaisir. Il y a un plaisir à repousser une limite, une frontière. Moi, je suis fier d'avoir écrit mes livres, même s'ils sont d'une qualité littéraire inconnue. Je les vois, posés sur ma table et je me dis : j'ai fait ça. Et ça me fait du bien. Quand j'écris mes récits, j'aimerais être édité. Des fois, j'en rêve, même, la nuit. Mais même si je l'ai pas encore été, et bien ça me fait plaisir, de les avoir écrites. Parce que c'est un sacré défi, quand même. Et puis... j'aime mes personnages. Ce qui est un problème, vu qu'ils n'existent pas. Mais je m'attache à eux. Un sentiment bizarre, mais que Liu Cixin a très brillamment dépeint dans le tome 2 du Problème à Trois Corps. L'attachement à un personnage de fiction que l'on a créé. L'une des preuves que l'on doit garder plaisir à écrire, c'est que même les écrivains déjà très riches continuent à écrire. Parce qu'ils aiment le faire. Ils n'ont plus besoin d'argent, ils sont à l'abri du besoin pour le restant de leurs jours. Et pourtant, quand je vois sur Twitter Stephen King montrer son dernier roman, il y a de la fierté dans ses yeux. C'est un personnage étrange en vérité, c'est comme s'il venait d'être édité pour la première fois, il est parfois surexcité et amusant aussi |
| | Nombre de messages : 325 Âge : 30 Localisation : France Pensée du jour : Écrire est un travail Date d'inscription : 01/12/2020 | Sasha Dahanramsar / Tapage au bout de la nuit Dim 13 Oct 2024 - 16:00 | |
| C’est horrible à dire, mais ça me fait du bien de vous lire. Je me sens moins seulx et (pardonnez-moi) moins minable ^^' On parle toujours en long et en large des succès, et on mentionne toujours que ce sont de rares élus parmi une foule d’échecs, mais on ne raconte jamais ces échecs. Alors vous lire me fait me dire que bon, on est beaucoup dans ce même bateau, alors peut-être, c’est pas forcément parce qu’on est toustes nul·le·x ^^
Je ne trouve pas que j’échoue à écrire, parce que j’arrive à écrire mes histoires et à les autopublier. Mais j’échoue à me faire éditer, ça oui. Et même à me faire lire. Ça me fout le seum. Quatre ans, (presque) quatre romans, à peine 30 ventes au total (pour l’ensemble, pas par roman). Pas d’écho, pas de communauté, pas de likes… J’écris, je publie, je reste invisible. Je vois mon rêve s’éloigner doucement. Mais je continue à écrire, parce que j’aime ça et j’en ai besoin. Je trouve ça dommage que le milieu soit si mal fait qu’on ne puisse pas voir nos œuvres. Alors, sans doute que dans le tas, y en a des bonnes et des moins bonnes. Mais bon, celles qui ont de l’écho ne sont pas toutes bonnes non plus.
Un X-ième texte qui ne trouve pas de maison ? Je n’ai envoyé qu’un seul de mes romans passer l’épreuve des maisons d’édition. Je n’ai aucune patience. Mais vraiment aucune. Mon rêve, c’est d’être éditae, de gagner ma vie avec mes romans, de rencontrer le succès. Mais c’est absolument hors de question que, pour ça, je rampe aux pieds de qui que ce soit. Donc j’ai envoyé le roman à 30 maisons soigneusement choisies, pendant plusieurs mois, en suivant mes envois avec assiduité. Aucune réponse positive. J’aurais pu me dire que j’écris de la merde, que je suis pas fais pour être écrivainx, que je devrais abandonner… Mais écrire est un besoin chez moi, je peux pas arrêter, et j’ai suffisamment de choses dans ma vie qui viennent me défoncer mon estime de moi. Je trouve que, déjà, en soi, réussir à écrire un roman en entier, c’est une grosse victoire. Alors les maisons ne veulent pas l’éditer ? Tant pis, j’auto-édite. C’est sans doute pas stratégique comme choix, peut-être que je joue mal et que je vais perdre, mais ce que je voulais plus que tout, c’est écrire mon roman en entier et qu’il prenne vie. Après, bien, sûr, ça me rend infiniment triste que personne ne le lise, que je ne fasse aucune vente, que je n’aie aucun like, commentaire, note, rien. J’ai songé que peut-être y avait quand même une question de talent là-dedans. Et puis plusieurs choses sont revenues à ma mémoire : la quantité de bouquins objectivement nuls qui font plein de ventes, la quantité encore plus importante de bons qui ne trouvent pas de maison… et surtout le fait que, si on essuie autant d’échecs, c’est sans doute avant tout parce que ce marché est horriblement bouché et pervers. Pas parce qu’on écrit mal, pas parce qu’on n’écrit pas ce qui se vend, pas parce qu’on a mal fait un truc, mais juste parce que être éditae, c’est pas la norme, c’est l’exception. Alors, ça me fait chier, parce que c’est pas logique. Ça me fait pleurer, parce que je trouve ça dommage de pas trouver le succès de son vivant. Mais je me dis que quand je mourrai, y a quand même un truc qui restera : les dizaines de bouquins que j’aurai écrits. Peut-être que tout va disparaître dans une sombre apocalypse, ou finir effacé parce que ne trouvant jamais d’échos même à postérité. Peut-être que c’est objectivement nul. Ou peut-être pas. En attendant, mes histoires, elles se sont matérialisées sur le papier, mes personnages sont vivants et c’est ce qui m’importe le plus.
La jalousie (disons les termes) d’auteurices à qui tout semble sourire quand notre carrière semble stagner ? Ah, ça, la jalousie, je l’ai toujours eue… Storytime : j’écris depuis l’âge de 9 ans environ et ça a toujours été pour moi un objectif professionnel très sérieux. Quand j’étais dans mes études supérieures, ma meilleure amie de l’époque m’a annoncé fièrement avoir publié un livre. J’étais en rage ! Moi qui écrivais depuis plus longtemps qu’elle, de manière beaucoup plus sérieuse, qui lui avait fait savoir que c’était mon rêve le plus cher… elle osait me damer le pion ! J’ai attendu d’avoir publié mon premier livre pour enfin acheter et lire le sien. Un feuillet de 10 pages, sur Edilivre, sans aucun écho ; l’équivalent d’un post Facebook, pour partager son émotion sur un sujet très sérieux, mais sans aucun talent littéraire. Tout ça pour ça. Je me suis dit que les auteurices, sur les réseaux sociaux, c’était de la com’, de la poudre aux yeux. Que c’était pas la peine de les suivre, sinon pour me foutre le seum. Et que celleux qui trouvaient le succès, fallait mieux que je les ignore pour pas perdre mon goût d’écrire. Je me suis dit que les auteurices à succès avaient une responsabilité : soutenir celleux en devenir. Je me suis juré de faire ça quand ce serait mon tour. Mon tour qui vient pas. Alors je fais ça maintenant : j’ai une connaissance qui a publié un vrai bouquin, solide et super bien écrit, et pas de la fiction. Je l’ai acheté, je l’ai lu et j’en ai fait la pub. Pendant ce temps, je continue à écrire mes histoires que personne veut lire. Parce que je les aime et que je peux pas faire autrement. Faut que je les écrive. Je les publie dans l’espoir que la reconnaissance arrive. Mais si elle arrive jamais… Avant, ça m’angoissait. Aujourd’hui, j’en ai vu d’autres…
Alors voilà, on écrit, on y passe des mois voire des années, on essaye de faire en sorte que ça ait de la gueule et puis finalement, on reste sur le bord de la route, parce que l’édition dépend moins de notre talent que de la météo. Je le ressens comme un échec parce qu’on a tendance à présenter les auteurices à succès comme des gens ayant réussi. Mais iels ont rien réussi du tout. Iels ont eu de la chance. Des privilèges. Les bons contacts. Un bon karma. Je crois de moins en moins que l’édition marche au talent. Pour avoir travaillé un peu dedans, j’ai pu constater que ce qui est publié est ce qui est bankable. Pas ce qui est bon. Ce qui est bankable. Alors j’ai de moins en moins honte de dire que mes romans sont autopubliés. |
| | Nombre de messages : 499 Âge : 28 Pensée du jour : Ouais, c'est pas faux ! Date d'inscription : 14/09/2024 | Darko / Pour qui sonne Lestat Dim 13 Oct 2024 - 16:31 | |
| L'échec... Une chose que je ne supporte pas et que je n'ai jamais supporté, hélas ! Je sais que ce n'est pas une finalité, qu'un échec, ça peut servir de leçon, mais je ne m'y fais pas !
J'ai commencé à écrire en me disant que je voulais en faire quelque chose en 2008, j'avais 12 ans et si, évidemment, les 6-7 premières années, je savais que ça ne mènerait à rien d'autre que la découverte de mon propre style et à m'exercer, cela fait bien 5 ans que j'ai la sensation de tourner en rond.
D'être un nul aussi, un autre "pseudo-écrivain", un écrivaillon qui se berce d'illusion parce qu'il aime écrire. Oui, j'aime écrire, mais je ne veux pas le faire juste pour moi. Les refus typiques, j'en ai vu, chaque fois, je me suis remis en question, j'ai persévéré. J'ai sacrifié le sommeil, les relations sociales, tout en fait, juste pour travailler sur ce rêve qui ne me lâche pas.
Alors j'ai testé l'auto-édition, deux fois avec un recueil de nouvelles à onze puis douze auteurs ( et ça, c'était juste génial). Jusqu'au deuxième recueil ou, pour un manque de sérieux de la part des correcteurs, le recueil est sortis avec la moitié de ma nouvelle absente. J'avais jamais autant eu l'impression de passer pour un con qu'à ce moment. Boum, échec supplémentaire. Et puis mon premier roman, après dix ans de travail, en AE ! J'étais tout content, je me fichais de l'investissement à quatre chiffres. Boum, giga échec. Censure sur les RS à cause d'un mot, d'un fichu mot, dans le titre ( je ne rigole pas). Censure sur amazon parce que "contenu jugé adulte". Une catastrophe n'arrivant jamais seule, bim, du jour au lendemain, me fichier sur KDP a changé pour... une ancienne version précorrections. Bref, échec total, je dépublie et pleure une saga morte née ( et les plus de mille euros investi pour la couverture, les corrections et la graphiste ).
Et là, surprise ! Un oui d'une ME. Une petite, mais une vrai ME. Je suis super content. Encore un recueil de nouvelles, mais c'est super. Je remets le couvert l'année d'après pour la suite, mais un truc me pèse : elles sont où les réponses pour MES romans ? Surtout ce mastodonte de 800 pages et ses 1 ans de travail quotidien, sa centaine de BL couronnés de succès ? Lui qui pourtant continue de subir des refus ?
Aujourd'hui, je me demande de plus en plus souvent " pourquoi ? A quoi ça sert de m'acharner ?". J'en viens à devenir très (trop) jaloux, d'autres que je suis sur les RS avec l'envie de les aider. Et je les ai aidé ! BL à gogo, soutien sur les publications, partages, blablabla...
Tout ça pour quoi ? Rien. Je les vois avancer, je vois leurs publications devenir populaires et pendant ce temps, mes efforts ne riment à rien. Je reste dans l'ombre ou quoi ?
Mais je persévère, ça finira bien par servir à quelque chose, non ? J'écris, je m'exerce, j'apprend, même si ça m'énerve au plus haut point de voir certains auteurs qui obtiennent monts et merveilles ( à mes yeux ) à travers l'A-E. Et sans être méchant, un auteur en particulier me tape sur le système ( il n'est pas ici et je ne citerai jamais son nom par respect). Il pleure, il chouine et ça fait vendre, ça attire un public monstrueux sur ses RS.
Bref, je ne compte pas arrêter. J'aime trop l'écriture, ça me libère, j'en ai besoin parce que ces univers que je couche sur papier sont un exutoire.
Et c'est vrai que ça fait du bien d'en parler ! |
| | Nombre de messages : 66 Âge : 31 Localisation : Bourg palette Pensée du jour : need sleep - vacation - food Date d'inscription : 03/12/2023 | Zarah / Clochard céleste Mar 15 Oct 2024 - 11:21 | |
| - Jimilie Croquette a écrit:
- Une semaine, avec promesse d'édition pour de la poésie ??
à 100% c'est du compte d'auteur. Je t'avoue que je ne sais pas du tout, peut être qu'elle recherchait depuis un moment.. Mais elle a publié une story en demandant des conseils pour trouver une ME, et la semaine d'après elle disait en avoir trouvé une ! J'avoue que ça ma mit un coup ahah. J'étais contente pour elle - et tant mieux si son travail est reconnu - mais j'ai eu du mal à comprendre comment ça pouvait être aussi simple alors que tant d'autres galères depuis des années. Mais j'ai remarqué que sur Instagram beaucoup de personne se lançaient dans les écrits de poèmes et sortaient leur livres (il y en a de plus en plus). C'est peut être la nouvelle niche. |
| | Nombre de messages : 4046 Âge : 43 Localisation : Région Parisienne Date d'inscription : 11/01/2019 | Jimilie Croquette / De l'Importance d'être Constamment Là Mar 15 Oct 2024 - 12:54 | |
| Je ne lui souhaite rien de mieux qu’un contrat, mais je maintiens ma position : 100% compte d’auteur. C’est impossible, un contrat en ME en une semaine, particulièrement pour la poésie qui est un genre très peu édité. |
| | Nombre de messages : 759 Âge : 27 Localisation : Seoul Pensée du jour : 1011000011 Date d'inscription : 04/11/2017 | Agent Seven / Blanchisseur de campagnes Mer 23 Oct 2024 - 2:00 | |
| J'arrive un peu tard, mais j'ai enfin un peu de temps pour partager ma propre expérience. Tant pis si ça n'intéresse personne, au moins j'aurais pu me vider.
Je ne sais pas comment dire mais... oui, je trouve ça dur l'échec. Techniquement, j'attends la réponse de la maison d'édition la plus susceptible de me publier, mais j'ai un peu perdu espoir là. C'est la saison des salon du livre et j'ai soumis mon roman en janvier (j'aurais dû attendre février) la maison est claire, ça peut prendre un an avant d'obtenir une réponse.
J'essaie de me convaincre que les refus ne remettent pas en question la qualité de mon texte, mais c'est dur, et d'un côté je ne veux pas faire preuve de complaisance envers moi-même. Ce n'est pas mon premier roman et je suis assez confiante par rapport à mes habiletés d'écrivaine de fantasy jeunesse, mais voilà, comme Hodobema, je me demande si je vais un jour publier. Bon, après, moi je n'ai pas soumis d'autre manuscrits, donc c'est peut-être un peu tôt pour me décourager quant à une impossible carrière d'autrice.
L'une de mes principales habiletés, c'est la structure narrative. On me l'a dit plus jeune dans le cadre d'un cours de création littéraire (chaque élève avait un projet de recueil ou de roman/récit) et on me l'a encore dit à la session d'hiver dernier dans un autre cours de création littéraire qui suit le même principe, mais à l'université. L'an passé j'ai aussi reçu un refus argumenté qui soulevait comme point positif la structure narrative. Et apparemment, je sais être drôle, mes personnages ont du volume et dans le cadre de mon dernier cours de création, je remettais les meilleurs réécritures. Je me distingue aussi par mon style, alors où est le problème?
Bon, je ne pense pas que ce j'ai écrit est parfait, mais grâce à JE et à mon cours de pratiques éditoriales, je comprends mieux comme les choses fonctionnent dans le monde de l'édition. D'abord, la fantasy jeunesse, ce n'est tout simplement pas populaire au Québec. Certaines maisons d'édition en publient une fois de temps en temps, mais c'est à peu près toujours la même chose. Une même maison d'édition qui a une collection jeunesse a sorti à quelques mois d'intervalles deux romans d'autrices différentes qui parlent de mystère à l'école. Si je compare, mon histoire se déroule dans un autre monde et les personnages passent peu de temps à l'école. Présentement, les livres publiés pour la jeunesse se concentrent sur la amitiés à l'école, alors que j'aborde beaucoup plus la famille et les secrets de famille. C'est le même genre, mais deux axes complètement différents. Je suis une autrice inconnue qui veut faire publier une série, forcément ça complique les choses.
J'ai beaucoup plus de chance de publier un livre de littérature blanche. Mon futur projet de maîtrise en lettres est un mémoire en recherche-création et je voudrais bien faire publier qui découlera de la partie création. D'aileurs, beaucoup de mes chargés de cours à l'université ont publié leur création issue de la maîtrise (premier roman publié, mais pas forcément premier roman écrit). Je pourrais même demander à mon directeur de maîtrise à qui envoyer le manuscrit.
Rien n'est garanti, mais au moins je suis moins triste en songeant que je pourrais un jour publier, même si ce n'est pas mon roman de fantasy jeunesse. Mais justement, qu'en adviendra-t-il? Je n'ai plus touché au document Word du premier tome, mais je suis rendu au tier ou au quart du troisième tome. Je veux terminer ce projet. J'en ai besoin pour complètement passer à autre chose dans mon écriture. Mes autres projets d'écriture ne sont que des «à-côtés». Je veux vraiment publier cette série un jour, même si ce n'est pas maintenant. Même si j'arrive à publier autre chose, ça me ferait mal que ma série ne soit jamais publiée. Il ne faut pas plus compter sur une publication antérieure, puisque ce ne serait pas nécessairement dans le même genre.
Enfin, j'aimerais avoir un « oui ». J'ai peut-être contacté une trentaine d'éditeurs, au Québec et en France, il m'en resterait peut-être une ou deux au Québec, mais je n'en ai pas reçu les meilleurs échos... et je soupçonne que l'une d'entre elles « emprisonnent » ses auteurs et autrices avec la fameuse close qui oblige les auteur.ices à soumettre leurs manuscrits subséquents à la maison d'édition. |
| | Nombre de messages : 35 Âge : 29 Date d'inscription : 23/10/2021 | Timotim / Petit chose Mer 23 Oct 2024 - 8:09 | |
| C'est marrant ce sujet ! Alors mon échec à moi, plutôt mal vécu, c'était mon premier "vrai" roman (dans le sens, qui tienne la route) soumis à une "vraie" petite maison d'édition (dans le sens, à compte d'éditeur. Je ne la citerai pas, mais elle est connue, et il y a eu pas mal de commentaires (pas forcément élogieux) dessus sur JE. Je soumets, le mec m'appelle environ 3 mois plus tard, super intéressant, bien écrit, blablabla. Il va m'envoyer le contrat dans les prochains jours. Je suis aux anges. Je lui envoie un petit mail deux jours plus tard en disant que je lui rappelle mon intérêt. Il me répond dans la foulée : bah lui non, en fait, il est plus intéressé parce que j'ai posé trop de questions, et j'avais pas vraiment l'air motivé. WTF... Je me suis longtemps consolé en me disant que de toute façon c'est une ME de me... Ils ne faisaient même pas de travail éditorial ou de correction correcte. J'ai repéré plein de fautes rien que dans leurs résumés. Et aujourd'hui, mon ego est sauf, parce que j'ai signé ailleurs (pour d'autres romans) et eu depuis quelques retours très positifs et constructifs de plusieurs "belles" ME. Alors ces guignols, je les oublie |
| | Nombre de messages : 23 Âge : 30 Date d'inscription : 21/10/2024 | Luminiia / Homme invisible Mer 23 Oct 2024 - 18:41 | |
| Bonjour à tous ! Ah, c'est une discussion qui me parle ça, je suis en plein dedans. J'ai plusieurs soucis liés à l'écriture et le plus gros étant : la sensation d'échec. Comme beaucoup, j'essuie des refus à la pelle sur mon premier roman terminé (chronologiquement, c'est le deuxième roman de ma vie, avant je n'écrivais que des fanfictions.) Et le souci est le suivant : j'aime ce que j'ai écris mais puisqu'il est refusé en masse, est- ce que ça sous-entend que mes goûts sont mauvais ?
Par mon expérience professionnelle passée, je connais les codes de la romance et je sais ce qui attire les lecteurs mais je n'ai pas envie de rentrer dans ces codes. Ce qui me motive à écrire, c'est d'écrire des choses qui me plaisent et de transporter les autres dans mes univers. Pour mon premier livre, je mets en scène une homoromance avec un personnage principal insupportable avec pleins de défauts mais qui va s'améliorer au fil des lignes. L'objectif étant que le lecteur ressente de la sympathie pour lui et s'attache à lui malgré son caractère fort car personne n'est tout lisse dans la vraie vie. Chacun a son passé et a sa personnalité façonnée différemment en fonction des épreuves qu'il a subit. Et c'est ça que je veux démontrer dans mon oeuvre mais... Visiblement, ça ne plait pas. Et comme je suis la principale source d'inspiration pour ce personnage : s'il ne plait pas, alors je ne plait pas. Je sais qu'il faut prendre du recul avec ses textes mais je n'y arrive pas.
Alors... Dois-je sacrifier ma voie pour être éditée ? Je n'en sais absolument rien et plus le temps, les refus passent, plus cette idée me rend amère. Et l'amertume me conduis à la jalousie. Cette jalousie est telle que je ne lis plus de livres depuis très longtemps.
Mon plus gros échec pour le moment, c'est avec la ME de mes rêves : de la fantasy, des covers superbes, une ligne éditorial LGBT+, c'était parfait. Il a passé la première épreuve mais mon manuscrit a été recalé au comité de lecture car pas assez de romance et le caractère fort du héros n'a pas convaincu. Alors à cette époque, j'avais envoyé ma v1 (que je pensais être finie mais finalement, non) mais ça m'a fait mal. Et ça le fait toujours aujourd'hui. J'ai complètement arrêté d'écrire après ça et je m'y suis remise que récemment. La chute a été très, très lourde, j'ai succombé.
J'étais sur Wattpad pendant un temps, mais rebelote : ma fanfiction avec un style d'écriture très adolescent plaisait plus que mes oeuvres originales travaillées. Quelle image c'est censé me renvoyer ? Une très mauvaise. Pourquoi je devrais faire tant d'efforts pour écrire une histoire travaillée et carrée alors que quelque chose écrit à la volée a plus d'impact ? C'est très désespérant.
Sans compter que j'ai eu, moi aussi, des BL qui ont cessé de donner signe de vie après quelques chapitres alors que je leur faisait confiance. Ce n'est pas que je sois naïve mais comme mes écrits retranscrivent certaines parties de moi, j'ai dû mal à montrer mes manuscrits.
On m'a dit ici que je devrais me faire à l'idée d'abandonner mon roman, de me préparer au fait qu'il ne sera peut-être jamais publié mais quand on est passé par toutes ces épreuves, comment continuer à s'accrocher à un autre projet ? Aurais-je les épaules pour revivre tout ça ? Et l'abandonner après tout ça, est-ce que ce n'est pas comme ci je donnais raison à tous ces refus ? Encore une fois, je n'en ai aucune idée mais ça ronge. Beaucoup.
Enfin voilà ! C'était le moment relâchement. ^^ |
| | Nombre de messages : 8 Âge : 35 Date d'inscription : 17/10/2024 | Caballera / Magicien d'Oz Sam 26 Oct 2024 - 19:02 | |
| Bonjour! (Super sujet de discussion, d'ailleurs. ça fait du bien. Merci! ) J'ai toujours aimé écrire, littéralement d'aussi loin que je me souvienne. Quand j'ai eu 25 ans, je me suis dit: cette fois je me lance pour de bon, et je suis partie dans la rédaction d'un roman qui m'a pris deux ans. Depuis cette date, je consacre tous les jours deux heures en moyenne à l'écriture. - Il y a eu ce roman, il y en a eu un autre, et puis encore un autre. Et un storyboard (de BD). Tous des échecs. Qui ont été aussi durs à recevoir que vous pouvez l'imaginer. Et comme à beaucoup d'entre vous, on m'a dit que je devrais essayer de faire qqch de "vendeur", qqch qui parlerait aux maisons d'édition. Mais je refusais: ce n'était vraiment pas ce qui m'inspirait alors. Finalement, l'expérience m'a appris que (pour moi en tout cas) ce n'était pas une impossibilité - à condition que ça croise un vrai, un fort intérêt personnel. (C'est pour ça aussi que j'écris ce message.) Un jour, alors que je venais de refermer un livre que j'avais trouvé passionnant et qui avait pas mal fait parler de lui, je me suis rendu compte que ce livre me manquait déjà tellement, que je me mettais à développer une idée fondue au même creuset. Je me souviens que ma première réaction a été la frustration ("Non! je ne le ferai pas, j'ai d'autres projets, gnagnagna") mais un proche m'a à juste titre signalé qu'en réalité, l'écriture de cette chose me plairait beaucoup. En plus, ça s'annonçait relativement court (ça a pris 3-4 mois, donc oui). Je l'ai rédigé en plus de mon chantier du moment: ça n'a pas été facile tous les jours, mais au moins je n'abandonnais rien et ne culpabilisais pas. 1re tentative: je l'expédie à six ou sept maisons. Echec. ( ) A ce stade, ça fait dix ans que je n'ai rien de rien de rien. Quelques mois plus tard, en ayant corrigé un peu, et sur le conseil d'une collègue et amie qui avait réussi à faire éditer son premier (au prix de... soixante-dix envois!!!), j'envoie de nouveau, évidemment pas aux mêmes maisons, mais à d'autres qui publient ce genre-là (il n'y en a pas beaucoup), en veillant à n'en oublier aucune. ça faisait dix, cette fois. Et là, les cieux se sont ouverts. °° Depuis, j'ai réexpédié un de mes manuscrits en faisant la même chose (envoi maximal, y compris aux anciennes ME parce que cinq ans ont passé et que j'ai pas mal retravaillé la chose), et surtout en n'omettant pas de dire: "je vais être publiée chez ME-lambda". Une autre ME vient de me contacter pour m'indiquer son intérêt (inutile de dire que je n'avais pas eu ce genre d'attention au premier round, quand je n'étais encore publiée chez personne). Bref: tout ça pour dire que, effectivement, d'après mon expérience, se forcer pour écrire quelque chose de publiable quand ça ne nous parle pas, ce n'est pas génial... mais ça ne veut pas dire que les croisements sont impossibles. Et si ce premier hybride ("ma licorne", que je l'appelais parfois!) n'avait rien donné, je pense réellement que j'aurais tenté un autre croisement entre mes intérêts / ceux de l'édition contemporaine. Je comptais ne rien sacrifier... et ça n'a pas empêché l'inspiration de venir. Je pense donc sincèrement qu'il est possible de s'en sortir comme ça. 10 ans d'attente, hein! (Sans parler du fait que durant tout ce temps mon travail, quoique j'ai la chance de l'aimer, me semblait vraiment une Anomalie dans mon existence d'écrivain écrivant...) => N'abandonnez pas vos exigences... et pensez aux licornes! Bon courage à tous. |
| | Nombre de messages : 163 Âge : 37 Localisation : Auvergne Date d'inscription : 17/05/2021 | Tocca / Tycho l'homoncule Mar 5 Nov 2024 - 10:36 | |
| Ca m'a fait du bien de lire tous ces messages, et ça m'aurait fait encore plus de bien quelques mois plus tôt. J'en étais à 95 refus d'éditeurs, sur 8 manuscrits différents, en quasi 10 ans. Sachant que je n'envoie jamais à plus d'une quinzaine de ME, parce que je préfère ne pas éditer que d'être accepté chez un éditeur qui ne me plaît qu'à moitié. Je considérais mes premiers romans comme 'perdus' (certains ont très bien marché en AE, mais ils étaient en bout de course, y avait plus rien à en attendre). Et avec le recul, je les trouve même presque mauvais par rapport aux deux derniers que j'ai écrits et dans lesquels je me suis beaucoup plus investi. Ces deux derniers, je reste hyper déçu et frustré qu'ils aient été refusés partout (alors que les anciens, je me dis que c'est normal, ils n'étaient pas assez mûrs, je les ai mal présentés aux éditeurs, puis le fait de les auto-édités a éteint toutes leurs chances).
Bref, je commençais à ne plus avoir la motivation pour écrire, et j'ai dû passer un an et demi sans pondre la moindre ligne, malgré plein d'idées qui fourmillaient. Dans ce temps-là, j'ai pondu les structures de 4 romans, mais à chaque fois, au moment de démarrer le premier jet, démotivation. Boule au ventre. Je me disais "à quoi bon ? de toute façon ça n'intéresse personne." Et je fermais mon traitement de texte, j'osais même plus ouvrir les fichiers des brouillons de structures. A un moment, j'ai rouvert mon tableur où je note tous mes envois de manuscrits. Et sur un 'vieux' texte, celui qui a le mieux marché en AE, je me suis rendu compte que j'avais oublié de l'envoyer à une ME de ma liste de cœur à laquelle il me semblait vraiment correspondre (j'avais envoyé d'autres textes, refusés, mais pas celui-là). La ME n'acceptait normalement que les manuscrits papier et refuse catégoriquement les AE, mais j'ai envoyé quand même (j'avais plus rien à perdre) et par mail (j'étais tellement prêt à abandonner l'écriture que je voulais même plus gaspiller 20 balles d'impression et de frais d'envoi). Après un bel ascenseur émotionnel et 8 mois d'attente, j'ai signé un contrat pour ce roman dont je n'attendais plus rien. Et je retrouve enfin la motivation pour écrire, ça me fait un bien fou, et rien que d'écrire ça j'ai presque les larmes qui me viennent aux yeux tellement les deux dernières années ont été difficiles sur le plan de l'écriture.
Voilà, donc : 10 ans. 8 manuscrits. 95 refus. 1 Oui. Je retiens la leçon : faut pas baisser les bras, mais persévérer, même si ça prend du temps, même si ça ne fonctionne pas pour un roman ça peut le faire pour le suivant, ou ceux d'après. |
| | Nombre de messages : 100 Âge : 32 Date d'inscription : 08/02/2024 | jln92 / Barge de Radetzky Mar 5 Nov 2024 - 10:51 | |
| - Tocca a écrit:
- Ca m'a fait du bien de lire tous ces messages, et ça m'aurait fait encore plus de bien quelques mois plus tôt.
J'en étais à 95 refus d'éditeurs, sur 8 manuscrits différents, en quasi 10 ans. Sachant que je n'envoie jamais à plus d'une quinzaine de ME, parce que je préfère ne pas éditer que d'être accepté chez un éditeur qui ne me plaît qu'à moitié. Je considérais mes premiers romans comme 'perdus' (certains ont très bien marché en AE, mais ils étaient en bout de course, y avait plus rien à en attendre). Et avec le recul, je les trouve même presque mauvais par rapport aux deux derniers que j'ai écrits et dans lesquels je me suis beaucoup plus investi. Ces deux derniers, je reste hyper déçu et frustré qu'ils aient été refusés partout (alors que les anciens, je me dis que c'est normal, ils n'étaient pas assez mûrs, je les ai mal présentés aux éditeurs, puis le fait de les auto-édités a éteint toutes leurs chances).
Bref, je commençais à ne plus avoir la motivation pour écrire, et j'ai dû passer un an et demi sans pondre la moindre ligne, malgré plein d'idées qui fourmillaient. Dans ce temps-là, j'ai pondu les structures de 4 romans, mais à chaque fois, au moment de démarrer le premier jet, démotivation. Boule au ventre. Je me disais "à quoi bon ? de toute façon ça n'intéresse personne." Et je fermais mon traitement de texte, j'osais même plus ouvrir les fichiers des brouillons de structures. A un moment, j'ai rouvert mon tableur où je note tous mes envois de manuscrits. Et sur un 'vieux' texte, celui qui a le mieux marché en AE, je me suis rendu compte que j'avais oublié de l'envoyer à une ME de ma liste de cœur à laquelle il me semblait vraiment correspondre (j'avais envoyé d'autres textes, refusés, mais pas celui-là). La ME n'acceptait normalement que les manuscrits papier et refuse catégoriquement les AE, mais j'ai envoyé quand même (j'avais plus rien à perdre) et par mail (j'étais tellement prêt à abandonner l'écriture que je voulais même plus gaspiller 20 balles d'impression et de frais d'envoi). Après un bel ascenseur émotionnel et 8 mois d'attente, j'ai signé un contrat pour ce roman dont je n'attendais plus rien. Et je retrouve enfin la motivation pour écrire, ça me fait un bien fou, et rien que d'écrire ça j'ai presque les larmes qui me viennent aux yeux tellement les deux dernières années ont été difficiles sur le plan de l'écriture.
Voilà, donc : 10 ans. 8 manuscrits. 95 refus. 1 Oui. Je retiens la leçon : faut pas baisser les bras, mais persévérer, même si ça prend du temps, même si ça ne fonctionne pas pour un roman ça peut le faire pour le suivant, ou ceux d'après. On peut que s'incliner devant une telle persévérance, et c'est absolument génial que ça ait payé. |
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