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 Recherche d'un mode opératoire pour une rébellion

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Pika
   
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Pika  /  Tycho l'homoncule


Bonjour à tous,

Je suis en train d'écrire un roman d'anticipation où la psychologie et le développement personnel des personnages occupent une place centrale. J'aimerais vous présenter brièvement la société de mon histoire et obtenir vos conseils pour développer certains aspects de l'intrigue, notamment les actions des rebelles.

Description de la société et des castes :
Super riches : Ils n'ont pas besoin de travailler et possèdent d'immenses richesses. Ils ont fondé la ville pour échapper aux guerres, à la famine et aux changements climatiques.
Citoyens libres : Ils travaillent pour subvenir à leurs besoins, payent leur logement, leur alimentation, etc. Leur situation est souvent précaire.
Travailleurs inféodes (dits « esclaves ») : Ils ne possèdent rien mais ont tout payé par l'État. Bien qu'ils soient relativement bien traités, ils n'ont aucune liberté et vivent avec le strict minimum.
Rebelles et outcasts : Ils ont quitté le système et aspirent à une meilleure égalité entre citoyens. Ils se cachent dans les montagnes et les régions isolées de l'île.

La ville, une super cité construite en Islande par les super riches, est un refuge face aux bouleversements mondiaux.

Les esclaves dans mon roman ont le strict minimum pour vivre et travaillent dans des conditions assez difficiles, mais ils ne sont pas traités de manière inhumaine comme dans la plupart des dystopies. Ils sont limités à une zone géographique spécifique et ont un accès très limité à l'information, sans réseaux sociaux, par exemple. Devenir esclave est assez facile : perdre son travail ou enfreindre un peu la loi peut suffire.

Il n'y a pratiquement aucun moyen de passer du statut d'esclave à celui de citoyen, à l'exception d'une école destinée à repérer les élites intellectuelles parmi les enfants. Les ultra riches, qui détiennent aussi le pouvoir exécutif de la ville, décident qui devient citoyen ou esclave. Les citoyens jouissent de plus de libertés, ont accès à une société de services, et ceux avec un bon salaire vivent bien. Cependant, ils doivent éviter de perdre leur emploi sous peine de risquer de devenir esclaves.

Les ultra riches détiennent le pouvoir de décider qui doit rester/devenir esclave. Ils structurent leur pouvoir autour d'un conseil d'élite composé des chefs des familles fondatrices de la ville.

Problématique et demande d'aide :
Les rebelles de mon histoire veulent mener une action pour améliorer le partage des ressources et, éventuellement, libérer des travailleurs inféodes. Je suis à court d'idées et j'aurais besoin de pistes ou d'exemples historiques qui pourraient inspirer cette partie de l'intrigue.

Que ce soit des révoltes qui ont réussi, des actions stratégiques visant à améliorer l'égalité sociale ou des mouvements qui ont fait avancer les droits des opprimés, tout exemple est le bienvenu.

Auriez-vous des idées ou des références historiques qui pourraient m'aider à structurer cette partie de mon histoire ?

Merci d'avance pour votre aide précieuse !


Dernière édition par Pika le Mer 29 Mai 2024 - 12:16, édité 1 fois
 
Le vent l'emportera
   
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Le vent l'emportera  /  Autostoppeur galactique


Quelle est la mobilité sociale ? Qui décide qui est qui ? Les esclaves ont l'air les plus libres du lot.
 
Pika
   
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Pika  /  Tycho l'homoncule


Merci pour ces questionnements, j'ai ajoute des paragraphes au premier poste.
 
Revan
   
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Revan  /  Autostoppeur galactique


Cela ressemble à une forme de servage, avec un mix entre communisme et capitalisme.
Par contre, entre citoyens libres et esclaves, la seule différence réside finalement dans le peu de liberté qu'on les citoyens et le le droit de propriété. Pas sûr que la situation des citoyens soit particulièrement enviable. Les citoyens travaillent et doivent payer pour posséder leurs biens. Cependant, s'ils perdent leur travail, ils deviennent esclaves et perdent leurs biens acquis légalement ?
L'inspiration est assez simple à trouver. Les révoltes de serfs ou d'esclaves, il y en a eu un paquet. Les différentes révoltes serviles de la Rome antique, la révolte de Dacke en Suède au XVIe siècle, le Temps des Troubles en Russie au XVIIe siècle, les différentes jacqueries en France et en Angleterre au Moyen-Age, etc. Il y a de quoi faire !
Il y a besoin d'un élément déclencheur. Partons plus dans la fiction. Dans le cycle de Dune, et plus particulièrement dans le Jihad Buthlérien, c'est l'assassinat du fils de Serena Buthler d'une horrible manière qui conduit à la révolte des esclaves humains. Dans la réalité, la révolte de Dacke, c'est la centralisation excessive de la monarchie suédoise, qui conduit des paysans frappés par l'imposition à se révolter. Cette centralisation et la levée des impôts était voulue notamment pour créer l'armée ("nationale") suédoise, la meilleure de son époque dont le modèle a fini par s'imposer à toute l'Europe.
Donc, un élément déclencheur dans un contexte d'exaspération et de saturation. La goutte d'eau qui fait déborder le vase. En général, la mort d'un individu ou de plusieurs individus d'une manière particulièrement cruelle et injuste. Et pour mener à une rébellion, il faut une structure organisée, ainsi qu'un commandement. Et des armes, accessibles facilement d'une manière ou d'une autre.
 
Pika
   
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Pika  /  Tycho l'homoncule


Citation :
Cela ressemble à une forme de servage, avec un mix entre communisme et capitalisme.
ouiii c'est exactement ce que c'est ! Le "meilleur" des deux mondes xD J'espère que j'arriverai a rendre ca plausible.

Merci beaucoup pour ta réponse détaillée ! Je ne connaissais pas certains des événements historiques que tu as mentionnés, je vais me renseigner davantage sur ces révoltes pour m'inspirer.

Je veux créer une société un peu moins manichéenne que dans la plupart des dystopies. Mon objectif est de permettre aux membres de la classe dirigeante de se demander : "Mais de quoi se plaignent-ils ?" Je voudrais apporter plus de nuance et de débat, et montrer que les "gentils" et les "méchants" peuvent exister dans les deux camps. Je pense que cela pourrait ajouter de la profondeur à l’histoire et éviter de tomber dans des stéréotypes simplistes !

J'ai l'impression de faire du funambulisme :mrgreen:

Encore merci pour ton retour !
 
Le Trader
   
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Le Trader  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Revan a déjà mentionné ce qu'il fallait, je rajoute : la guerre sociale entre patriciens et plébéiens à Rome (suivant les réformes agraires et qui est tribun du peuple, coucou les Gracques), la révolte des Ciompi à Florence (les prolos du textile, déjà), les Maillotins à Paris. Impossible de ne pas parler de la Commune et de sa rébellion sanglante, à mon avis. Tu retrouves sur bon nombre de rébellions des causes similaires : pression fiscale, famines, pestes, augmentation des quotas agricoles pris par le pouvoir, climat/cataclysme pourrissant les cultures, réformes agraires, contestations de la guerre en cours et parfois, refus de suivre le déshonneur ou la trahison des seigneurs locaux. Il y a également des révoltes pour protester contre les pillages, incendies de villages et viols commis par les armées ennemies ou/et alliées. C'est tout le temps réprimé dans le sang, pas de prisonniers, il s'agit de marquer les esprits et l'Eglise en Occident aide le pouvoir en incitant au pacifisme des paysans. Généralement supprimer quelques têtes ou toutes, ça calmait celleux qui regardaient.

Sur une révolte lancée par une famine, la Révolte des Lulins en Chine porte beaucoup d'enseignements. Comme ça arrive parfois, c'est un noble éloigné du pouvoir qui reprend la contestation à son compte, et les rebelles capturent eux aussi les femmes...(coucou les Sabines). Tu as la "drôle" de révolte de la Mère Lü, ou encore des révoltes toujours liées aux intempéries, aux grandes inondations autour des fleuves chinois. Il y a bien sûr la révolte de Taiping, à lier peut-être aux guerres de l'opium (une référence plus directe et évidente à la problématique de l'épice dans Dune, selon moi).

Tu peux aussi aborder la question des bandits d'honneur, ceux qui vivent dans la forêt, le maquis, recherchés par les polices, tuant des fonctionnaires, des banquiers, etc. Au départ il y a souvent une décision de justice très dure, des faits de délinquances (vols, bagarres, menaces) et une fuite obligée pour le bandit d'honneur qui va prendre des valeurs plus hautes que les actes commis au départ.

Pour finir, pour moi il est impossible de faire l'impasse sur les révoltes des esclaves de Saint-Domingue, Haïti et ailleurs dans les Caraïbes, partant de 1770. Avec le marronnage qui est encore célébré et chanté aujourd'hui, avec les noms des "negmarrons", le nom donné aux esclaves ayant pris la fuite. Tu as une série de 4 excellents documentaires sur cet esclavagisme, Sur les routes de l'esclavage, avec des analyses factuelles : ici le 3ème doc qui parle des "negmarrons" (40ème minute pour un chant mémoriel).


Pika a écrit:

Je veux créer une société un peu moins manichéenne que dans la plupart des dystopies. Mon objectif est de permettre aux membres de la classe dirigeante de se demander : "Mais de quoi se plaignent-ils ?"

PS. Des révoltes arrivent aussi régulièrement car les paysans estiment que les dirigeants sont des incompétents incapables de gouverner. En Chine, le Mandat du Ciel est surveillé, et si les signes montrent qu'il est sur le déclin, on lui roule dessus.

Par là, tu peux aussi estimer plausible une révolte comme celle des Gilets Jaunes (soumise à débats, bien évidemment) avec les compétences du gouvernement remises en cause, ainsi que des accusations de haute trahison des "élites" françaises (qui ont été et sont toujours très documentées, mais non jugées et punies par la justice, ce qui arrive souvent).


Dernière édition par Le Trader le Jeu 30 Mai 2024 - 7:27, édité 1 fois
 
Sébours
   
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Sébours  /  Clochard céleste


Avant même de lire les commentaires de Revan et Le trader, je pensais à la Commune de Paris et la révolte des Canuts (de Lyon). Pour les revendications et le modèle de société ça peut être pas mal.

S'inspirer de la guerre sociale entre patriciens et plébéiens à Rome pour l'élément déclencheur est aussi une solution. Les Gracques, qui défendaient le peuple ont été tués par les nobles et fait naitre des révoltes.
Sinon, tu peux te baser sur ton système d’ascension sociale. Quelqu'un divulgue que les dés sont pipés ce qui provoque une révolte.
 
Le Trader
   
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Le Trader  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Sébours a écrit:

Sinon, tu peux te baser sur ton système d’ascension sociale. Quelqu'un divulgue que les dés sont pipés ce qui provoque une révolte.

Exemples récents avec Julian Assange, Edward Snowden, Aaron Swartz ou Stéphanie Gibaud (qui s'est petit-suissidée politiquement) ...mais quasi sans révoltes :rain:
 
Docal
   
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Docal  /  Roland curieux


Pour rajouter à ce qui a été dit : il y a aussi les révoltes moins violentes sous forme d'arrêt du travail et/ou de fuite de la population. Quand la géographie le permet, comme en Angleterre ou au Japon, les travailleurs se barrent dans les montagnes et négocie le retour au travail sous condition, de manière plus large et organisée, tu as pas mal d'exemple de grèves et/ou sabotages qui ont apportés leur lot de changements.

A voir donc comment tes révoltés s'organisent, ça va dépendre de leur degré de liberté et de leur accès à la technologie mais aussi des moyens mis en place pour les surveiller (et la réalisation des dirigeants peut simplement être que ces moyens coutent plus que les droits revendiqués).

Aussi, dans un contexte de repli de l'humanité en une seule société compacte, se pose la question de l'industrie et de l'usage de la force : quelle caste crée et utilise les outils qui permettent de garder les autres à leur place, quels avantages en tirent ils et comment perçoivent ils cette société ? Ces gens maintiennent ils une armée alors qu'ils n'ont pas de contact avec l'extérieur ? Comment cette armée perçoit elle de n'avoir pour but unique que de se retourner vers la population ? Pourquoi un coup d'état (le passe temps favori des militaires) n'a pas encore eu lieu ?
 
Le Trader
   
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Le Trader  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Docal a écrit:
Pourquoi un coup d'état (le passe temps favori des militaires) n'a pas encore eu lieu ?

Super intervention, et pour donner un élément de réponse historique en France : on a placé à partir de 1970 des technocrates dans les grands corps de l'Etat. Fallait bien replacer les copains un peu partout, on s'assure de garder la main, on contrôle et régule la popularité d'une partie dangereuse car armée de la nation. On enlève le service militaire, on démilitarise au calme (à juste titre ? Ça se discute), on abaisse l'importance des généraux et on propose, comme Macron chez Attali l'a fait, de se retirer la force nucléaire parce que Jupiter n'a rien compris du réel. Quelques généraux essaient de peser dans les médias, mais 50 ans trop tard. En gros c'est le gaullisme mais surtout  sans de Gaulle.

Si jamais ça peut aider.

Spoiler:
 
Phyrik
   
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Phyrik  /  Blanchisseur de campagnes


Tout ça sans oublier ceux qui veulent manipuler à leur profit les révoltés : révolutions française et russes, et révolution dans la révolution avec les guerres vendéennes. Sans parler des religions qui ont leur lot de révoltes ainsi que les croyances indigènes.
Cependant les esclaves en principe sont mis dans une misère épouvantable justement pour éviter toute revolte .
Pour les mouvements qui ont fait avancer les droits sociaux il y a  tous les événements concernant les racismes, les violences faites aux femmes, la liberté des femmes etc.
En tout cas dans ton histoire les classes moyennes doivent être bien tenues parce que sinon elle se serait déjà révolté devant la justice d'être réduit en esclavage. Elles sont bien nourries et donc tout à fait en état de prendre les armes. Ce ne serait pas la première fois qu'un peuple se retournerait contre ses dirigeants.
 
Seb
   
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Seb  /  Effleure du mal


Au-delà des mécanismes d'asservissement tristement classiques et des modalités d'oppression matérielles, beaucoup d'auteurs ont tendance à passer à côté de la dimension créatrice de la domination, c'est à dire de l'ensemble d'affirmations de désirs et de croyances que l'élite se donne les moyens de promouvoir comme normes et comme vision du monde.
Il faut s'efforcer de se rappeler que les dominants se perçoivent comme justes et légitimes. Même dans un régime cynique où l'hypocrisie est parfaitement consciente, il y a une part d'autojustification sincère. Il faut se demander quelle vision positive (en faisant d'abord l'hypothèse d'une absence de mauvaise conscience) l'élite promeut par le système qu'elle maintient en place. Cela permet de mettre un éventail de nuance dans le comportement des individus dominants. De là, on peut concevoir en profondeur la façon dont le moindre détail manifeste une vision du monde et légitime son action oppressive.
Un bon point de départ pour cet exercice, c'est d'envisager le corps valorisé par le régime. La chair au sens le plus matériel, immédiat. L'élite s'incarne aussi dans sa corporéité. Quelle peau ? Quelles cheveux ? Quelle morphologie ? De là vient presque naturellement les tenues vestimentaires, les gestes et postures, les attitudes, les modes de déplacement, les mots, tout cela dénote une même vision particulière de l'existence, plus ou moins conscientisée, qui est à son tour valorisée et encouragée par les mécaniques du pouvoir. C'est souvent à partir de leur propre dynamique que ces dernières suscitent presque spontanément désapprobation et oppositions.
Par exemple, dans un monde où le travail physique en extérieur est méprisé par une élite qui ne travaille pas et se protège d'un environnement rendu hostile par la pollution, on peut imaginer qu'un corps bronzé, d'une musculature noueuse et efficace, est considéré comme un signe d'infériorité. C'est un autre corps, peut-être plus pâle, ou d'un teint artificiellement homogénéisé, avec une musculature différente, voire une absence, un rejet de toute saillance musculaire, qui dénotera une vie luxueuse, débarrassée des contraintes physiques d'une activité difficile.
On peut se demander quelles peuvent être les activités quotidiennes des dominants ? Ce n'est pas si simple de maintenir occupée une élite oisive. Il faut beaucoup d'action et d'intelligence pour entretenir un tel système. Qui domine les dominants ? Quelles sont leurs méthodes ? Dans quel but ? Comment on fait pour entretenir le corps d'un membre de l'élite ? Il faut des moyens rares, luxueux, des produits, mais aussi des enseignements, des formes d'éducation du corps, qui impliquent des types de sentiments, de pensées, de sexualité, de spiritualité peut-être ? Mais aussi quelles sont leurs peurs ? De quoi l'élite tente de se protéger au-delà de la sécurité physique et matérielle ? De quels symboles ont-ils besoin de se couvrir la face pour s'estimer eux-mêmes ? D'un certain point de vue, moins on sous-estime les dominants, plus on valorise les rebelles.
Ainsi, ce qui peut devenir une conscience révolutionnaire va d'abord naitre d'un sentiment d'injustice ordinaire : "on est pas égaux face au jeu. Dans nos conditions de vie, on ne peut pas gagner la lutte pour le corps idéal dans cette société." On a pas les mêmes corps. Nous voyons d'abord des gens qui ne remettent pas en cause les enjeux ou les principes du système, mais qui signalent un manque d'égalité, une différence de corps. Mais ils veulent gagner, comme les autres.
C'est un lent processus de politisation qui va faire évoluer les personnes d'un sentiment d'injustice ordinaire à une prise de conscience plus globale des enjeux. Finalement, c'est le système tout entier qui est remis en question. A mon sens, pour écrire une rébellion, c'est tout cet ensemble qu'il faut penser. A la suite de quoi, les moindres détails du récit peuvent multiplier la portée de chaque action. Il suffit de signaler un vêtement, un geste, une texture de peau, dans un système normé, pour dire beaucoup de ce qui se passe dans une scène
 
Le vent l'emportera
   
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Pourquoi pas une révolution au sein des super riches ? Ou au sein des citoyens ? Ou au sein des esclaves ? Une caste pourrait avoir une ressource rare et exclusive, secrète et initiatique, mais en raison de sa nature, elle ne peut pas être partagée ou prise par la force. Pourtant, une caste essaye, ce qui crée des remous au sein de sa propre sphère, les camps voulant tous la même chose (appropriation d'une ressource) mais selon des moyens différents (un camp considérant l'extermination, l'autre réclamant la modération pour des motifs pragmatiques et non pas moraux) et la résolution viendrait d'une autre caste spectatrice.
 
Le Trader
   
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Seb a écrit:

Il faut s'efforcer de se rappeler que les dominants se perçoivent comme justes et légitimes.

Ton post est très riche ( tongue ), petite parenthèse sur ce point où la nuance est importante. Les dominants cherchent surtout à démontrer leur légitimité, ne pas laisser de doute sur ce sujet aux populations dominées. Ça passe dans l'histoire par effectivement l'importance du corps (le corps du Roi est immortel, d'où "le roi est mort ! vive le roi !", avec parfois des utilisations de pantins pour remplacer un corps en trop mauvais état), mais aussi sur les pièces de monnaie à l'effigie du Roi, comprenant devises ou allégories précises. Il y a également les vêtements et leurs couleurs, les regalias, la manière dont on signe les documents officiels (les califes sont tous commandeurs des croyants, de l'oumma, et s'auto-légitiment en rivalité avec les califes des royaumes voisins, de l'Espagne à la Perse), la religion (cf. le toucher des écrouelles) et les super-pouvoirs prêtés aux Rois. Je passe sur le mécénat et les dépenses somptuaires de mobiliers et d'arts divers. On cherche aussi la légitimité par la dynastie, le sang et les qualités naturelles vantées par les chroniqueurs qui sont des propagandistes.

Pour le reste ça rejoint totalement les Pinçon-Charlot qui ont écrit ça dans la Sociologie de la bourgeoisie et d'autres de leurs ouvrages.
 
josephcurwan
   
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josephcurwan  /  Effleure du mal


j'espère que vous ne m'en voudrez pas de m'autociter, ci-après un extrait de mon premier roman :

joseph a écrit:
Un soir de fermeture à la bibliothèque, Joseph était seul à son poste d’accueil dans la salle de lecture des étudiants en première année. La lumière du jour commençait à baisser et il n'allait pas tarder à fermer. Dans ces moments de désœuvrement, il laissait son imagination vagabonder et diverses spéculations plus ou moins cohérentes se formaient dans son esprit comme un précipité mêlant considérations philosophiques et observations sociologiques. A vrai dire Joseph distinguait trois stades dans l'évolution du discours des idées dans leur forme la plus popularisée. On pouvait raconter cette histoire de la façon suivante : Mai 1968, première vague d'intellectuels. Ils sont tous plus ou moins issus de Sartre. Majoritairement matérialistes et marxistes. Leur principale préoccupation était d'émanciper les gens de la société de consommation aliénante et d'autres anciennes formes de domination, comme le patriarcat, la religion … Séparés en deux courants principaux, les hédonistes et les révolutionnaires, qui ne s'entendaient pas sur les méthodes à employer, tous recherchaient des formes de vie alternatives, utopiques et loin des malheurs de l'époque. Arrivèrent les années 80. Les «nouveaux philosophes» apparurent dans les médias français : jeunes, élégants, parlant bien et clair. L'échec des sociétés marxisantes était leur idée et argument principal. Parallèlement, les notions d'efficacité, de réussite et de résultats concrets furent exaltées au rythme accéléré de la mondialisation marchande. Les fameux yuppies ou golden boys sont arrivés. Bret Eston Ellis a écrit American Psycho. L'économie néolibérale a triomphé, et les inégalités sociales explosé. Au début des années 2000. Le changement majeur est l'apparition de nouvelles technologies numériques. Beaucoup de gens ont été déçus par le néolibéralisme cynique et creux, mais n'ont pas voulu revenir aux vieilles idées utopiques des années 70. On distinguait alors trois types de personnes : 1. Les damnés de la terre, s'efforçant seulement de survivre. 2. Les salariés ordinaires, qui ont un confort matériel relatif, mais peinent à trouver un sens à leur vie. 3. Les maîtres : ils vivent dans des zones séparées, apparaissent uniquement sur les médias de masse et prescrivent à la population ce qui est bon ou mauvais. Cette partition des sociétés a produit deux effets secondaires majeurs: 1. Le succès grandissant des organisations sectaires comme dernier espoir pour trouver un sens à la vie : Scientologie, Trans-humanisme, syncrétismes divers ... 2. L'augmentation exponentielle de toutes sortes de pathologies mentales, à tous les niveaux de la société. Dans ce contexte, apparut un nouveau et dernier type d'intellectuels médiatiques français connus sous le nom de «déclinistes». On ne savait pas clairement s’ils voulaient retourner dans un âge d'or mythique ou s'ils prétendaient juste observer la désintégration du monde occidental à partir de leur tour d'ivoire et sombrer dans la mélancolie, arguant qu'il n'y avait rien d'autre à faire. Leur seul message était que c'était mieux avant, et que tout irait plus mal avant d’aller mieux, pour autant que nous survivions. Fin de l'histoire. Il est temps d'éteindre les lumières, pensa Joseph, de fermer la bibliothèque et de vaquer aux occupations habituelles de la vie quotidienne.
 
   
    
                         
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