Le Concierge ouvre sa porte, au coin de son oeil droit, Esperanza Reyes remarque une très infime larme que le vieil homme dissimule brusquement en passant sa main sur son visage :


— Dépéchez-vous, j'essayais de dormir. Est-ce qu'on ne peut jamais dormir dans cet Immeuble ?

Bonjour !
Je voulais savoir si vous connaissiez un médecin aux alentours dans ce quartier s'il vous plaît ? Je me suis légèrement blessée au poignet, et j'en ai besoin d'un, d'urgence ! Et comme cous êtes là depuis longtemps, je me suis décidé de venir vous demander...

Excusez moi senor caballar, Je voulais vous parler a propos de ma boite au lettre. Elle ne ferme pas. Pourrais-t-on la faire réparer, j'attends quelques colis et j'aimerais éviter de me les faire piquer bêtement.

Bautista Ureña est un bon médecin. Mais, il est mort depuis 12 ans. Je n'ai pas d'autres adresses. Cherchez donc sur Google.

*

_ Vous pensez que je suis réparateur de boîte aux lettres ? Si vous m'offrez un verre, nous pourrions peut-être en discuter plus profondément. Quant au colis, vous n'avez pas à vous faire livrer des choses suspectes ici, ai-je besoin de le rappeler Monsieur Paco ? Je ne souhaite pas que de troubles dans notre respectable établissement (il tousse et ne peut s'empêcher de rire en même temps).

Toc toc toc

Pas de réponse... Je laisse un mot sur le guéridon :

J'ai entendu un hurlement provenant de la 301, je suis restée pétrifiée un instant avant de considérer qu'il y avait peut-être une urgence vitale à considérer. J'ai frappé à la porte de Monsieur Labitte, mais personne n'a répondu. J'ai préféré venir vous prévenir dans la foulée.

P.S : l'organigramme des appartements n'est pas à jour... Et peut-être que l'appartement 301 n'est plus occupé, j'aurais dû sonner chez Mr Jimenez pour m'assurer de la provenance de ce cri. Sinon je vous attends pour prendre le café demain vers 16h si vous le souhaitez. Bonne soirée.

Umberto Carballar trouve le mot juste après le départ d'Ambrosia Luna. "Pas à jour ! Pas à jour ! Bien sûr qu'il est à jour ! Qu'on me prouve le contraire" songe-t-il, et quant à Labitte, il ne s'agit pas d'un homme mais d'une femme. Il faut tirer cette affaire au clair. Quand va-t-on me laisser tranquille !

HRP : La ptite vidéo que tu as faites, c'est fais avec l'IA?

HRP : Oui, plusieurs vidéos fabriquées avec l'IA de Canva (pas la musique par contre)

Avant de partir faire son tour en voiture, José passe devant la loge du concierge ; il toque, attend patiemment qu'on daigne lui ouvrir dans un silence uniquement brisé par le craquement de ses genoux. 
La poignée tourne enfin, JiJi reconnait la démarche du concierge derrière la porte, la même depuis trente ans qu'il réside en ces lieux, à croire que le temps se fige à chacune de leurs rencontres. 

José n'est pas ce qu'on pourrait appeler un locataire à problèmes, mais il n'aime pas payer pour quelque chose qui ne fonctionne pas. Sachant déjà quelle sera la réponse de monsieur Carballar concernant son problème de douche, il tente une autre approche. Bonjour monsieur, comment vous portez-vous ? Dites, vous auriez moyen de me montrer où se situe la vanne d'arrivée d'eau de mon appartement ? De manière à ce que je puisse couper l'arrivée, et éviter d'inonder tout l'immeuble en regardant ce qui ne va pas avec ma plomberie.

Umberto ouvre la porte lentement, méfiant.

_ Que voulez-vous ? Hmm... (grogne)... Hmphht oui, oui, oui, oui, s'il le faut... bon... suivez-moi, mais faites vite je n'ai vraiment pas que ça à faire à cette heure-là !

Le Concierge guide José Jimenez jusqu'au troisième étage, ouvre un placard, ouvre une trappe située dans le sol de ce placard.

_ Là, vous voyez ?

En pointant du doigt vers la valve, Umberto remarque qu'elle est brisée.

_ Qu'est-ce... ? C'est vous, Monsieur José, qui avez saboté cette valve ?!

Agacé par cette éternelle méfiance du concierge, José le suit , toutefois reconnaissant de voir enfin ce vieux machin faire un truc concret pour l'immeuble et l'intérêt de ses habitants.

Malheureusement, le sort s'acharne ; même la vanne d'eau semble pétée... Indigné face à l'accusation du croulant, JiJi s'insurge !
  Mais vous vous foutez de moi  Umberto ? Je viens de vous demander où se trouvait cette fichue arrivée d'eau, c'est pas pour la traficoter avant voyons ! J'ai autre chose à faire que de me créer des problèmes de salubrité enfin ! 


Faisant volte-face, il reprend sa route en continuant de causer.
Je vais chercher en ville si je peux trouver une pièce de rechange... Dans le cas contraire, attendez-vous à ce qu'il pleuve à l'intérieur !

Je toque à la porte, calmement. Ma discipline invoquée fera l'affaire. Inspire. Un, deux, trois. Expire. Ma poitrine jugule le souffle ardent que je réserve pour après. Le concierge vient ouvrir, toujours aussi joyeux de voir du monde arriver par chez lui. Il marmonne quelque chose, mais je préfère calmer la situation.

— Bonjour, Armando Diaz, du 102. Je n'ai pas loupé les remarques que vous avez faites à mon sujet. Je viens pour m'excuser de la gêne occasionnée. Si la première fois,il s'agissait d'une intervention dans l'urgence pour assister quelqu'un, hier soir, c'était un évènement exceptionnel. Qui ne se reproduira pas, je vous l'assure.

Il n'a pas vraiment l'air de croire à mes paroles, et me scrute d'un œil suspicieux. Quelle idée il doit avoir de moi... Mais il doit savoir pourquoi je suis ici, alors je pose le sujet moi-même. Je peigne ma barbe, d'un air préoccupé.

— Par contre, je n'ai aucune idée d'où sort cette accusation de mon voisin de palier. Ces propos sont évidemment faux, je ne manigance rien dans la cave, ou quoique ce soit d'autre, au sujet... D'un jambon si j'ai bien compris ? Ça n'a aucun sens !

Je rajoute un petit rire déstabilisé, avec un geste naturel des mains, pour souligner mon propos. Connaissant ce type, je pourrais lui prouver par a plus b, je doute qu'il me croira vraiment un jour... Il fera ce qu'il veut de ma sincérité. Il semble enfin décidé à me répondre quelque chose. Un peu de conciliation, ou bien je vais me prendre une déflagration ? Je ne sais jamais avec lui....

Depuis le départ, ce Diaz ne me revient pas, je le soupçonne d'être un mauvais bougre, un de ces criminels soit-disant repentis qui pullulent dans notre Principauté depuis qu'elle est devenue un repère de parasites, de mafieux en tout genre et je déteste sa manière faussement respectueuse de me parler, comme si j'étais un vieil idiot qu'il fallait toujours ménager, comme si je ne voyais pas, lui comme les autres, que derrière ces simagrées se cachaient je-ne-sais-quel entourloupe. Je ne supporte pas ce Henri Jacquetot qui me sert du Umberto par-ci Umberto par-là comme nous avions gardé les cochons ensemble, alors qu'il n'est qu'une sorte de maniaque de la charcuterie et qu'il nous épuise tous depuis trente ans avec ces histoires, ces délires et je n'en ai vraiment rien à faire de ces histoires de jambon, de saucisse ou que sais-je, ils peuvent bien faire sécher toute magasin dans la cave, peu m'importe, mais si je peux me servir de ces accusations pour virer Diaz, alors soit :

— Monsieur Diaz, j'ai un immense respect pour Monsieur Jacquetot qui est un locataire respectable et consciencieux et ceci depuis de très nombreux années. Je ne vois pas pourquoi il aurait inventé ses accusations et ceci d'autant plus qu'il m'a assuré, avec le plus grand aplomb, que vous étiez à l'origine de ce que je considère comme un véritable crime étant donné notre situation collective. Nous nous devons d'être solidaires. Si vous ne reconnaissez pas votre méfait devant moi, alors je vous demande de vous expliquer avec Monsieur Jacquetot et si celui-ci continue de m'assurer de votre culpabilité, je devrais prendre des mesures et vous demander de partir de ce noble établissement. Pire que les magouilleurs, les menteurs me révulsent.

"Ne reconnaissez pas votre méfait devant moi". C'est plus éprouvant que prévu, d'étouffer mon envie de lui montrer ce que je retiens. Si t'aimes pas les menteurs, pourquoi tu places autant de confiance en l'avis de ce mythomane de Jacquetot ? Les phalanges de ma main droite craquent, pour annihiler le fourmillement qui les agite.

— C'est précisément ce que j'avais en tête voyez-vous. J'ai préféré venir vous voir directement, en face à face plutôt que par messages interposés, avant d'aller consulter mon voisin à ce sujet. Merci de m'avoir reçu, je ne vous dérange pas plus longtemps. Bonne journée à vous !

Je m'éloigne, soulagé de mon demi-tour qui me permet de relâcher la tension. Avale ton seum, et oublie ton égo, il te servira à rien pour l'instant. Je n'entends pas la porte se refermer alors que je m'éloigne, preuve qu'il me tiens toujours à l'oeil. Peu importe, je vais prendre les choses en main moi-même. Ce type ne pourra pas me mettre dehors, je n'ai rien fait de répréhensible ici. Même si ça ne saurait tarder...