Ma sonnette fait un sale bruit, et ma porte coince un peu. Mais je suis sur que des gens vont passer. C'est toujours comme ça, c'est l'histoire de ma vie ici...

Glisse un mot sous la porte :

Monsieur Jacquetot, votre voisin, m'informe que vous faites sécher du jambon dans la cave et cela en toute illégalité. Je voudrais que vous veniez à ma loge pour que nous tirions cette affaire au clair. Vous n'êtes pas ici comme chez vous Monsieur Diaz, mais en tant que mon invité et je tiens à ce que mon établissement reste un établissement respectable et pas l'obscure plaque-tournante des marchés noirs de la ville. Monsieur Jacquetot a tenu bon d'ajouter que, par ailleurs, votre technique de séchage n'était pas du tout la bonne.

J'ajoute à cela que j'aimerais bien que vous baissiez un peu le son de votre télévision qui hurle au-dessus et fait beaucoup de trop de bruit.

Le Concierge

Mes yeux parcourent le mot glissé sous ma porte une fois de plus. Monsieur Jacquetot ? Le vieux du 104 là, à quelques pas ? Eh bien eh bien... Soit ce type est un devin lui aussi, à présager de scènes de l'avenir... Soit il n'a aucun scrupules à accuser quelqu'un d'innoc- Qui n'a rien fait, pour le coup. Je ne suis pas innocent de grand chose dans ma vie... La nervosité dans mes doigts chiffonnent le morceau de papier. Ah tu veux jouer Henri ? Tu vas avoir des problèmes...

Je jette la notification au sol, et je m'habille avant de sortir. Jean et t shirt large, comme d'habitude. D'abord, aller s'expliquer en face à face avec ce Concierge. Regarder une soirée de combat un samedi soir, qui s'est terminée avant 23h, semble trop pour lui. Et tout le bordel que font les autres ? Mes Air Force One blanches lacées, je me prépare mentalement pour régler les choses avec ce Concierge. Avec complaisance, bien sûr. Et ensuite, passer voir mon bon Henri. J'aurais pas besoin de prendre mon Glock-17 entre temps, mon intention suffira...

Descendant l'escalier à nouveau, je m'empresse de glisser ma feuille de papier sous la porte de Diaz. Je repense en souriant au temps pour lequel il m'a fallu pour écrire ce mot !

Diaz, vous êtes très généreux. Merci pour la pommade, qui m'a d'ailleurs déjà fait du bien, et pour l'attelle qui me servira certainement dès ce soir ! Je ne sais comment vous avez pu vous procurer tout ça, mais sachez que je vous suis redevable maintenant. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez venir me voir. Je suis également d'une très bonne écoute, donc si besoin, n'hésitez pas...

Je remonte chez moi... Pour aujourd'hui, c'est déjà un grand pas de fait !

Faites en bon usage.

Sac à dos fixé sur les épaules, je rentre d'une nouvelle journée passée dans les sphères clandestines des ruelles isolées. J'ignore si ça me fait du bien de sortir... À voir sur le long terme. Mes Air Force One traînent sur chaque marche, songeant à ce que je viens de remarquer à l'extérieur. Difficile de louper la grande tente dressé dans le district. Je risque de devoir... Tiens, des colis et des notes qui m'attendent ? Je ramasse le tout, et rentre dans mon appartement, pour me pencher sur tout ça.

Je ramasse ce torchon se faisant passer pour un prospectus, et je le lis en remontant chez moi. Encore de belles conneries à venir...

MIAOUUUUUUUUUUUUU !

Je miaule à m'en déchirer la gorge. Je ne peux rien faire d'autre pour l'homme aux grenouilles étendu devant moi.

Je fixe l'immeuble d'un regard suppliant. Mon miaulement déchirant parviendra t'il aux oreilles de mon charmant homme du 102 ?

Caché sous le lit j'observe l'homme étrange mettre ses sales mains sur les affaires de mon charmant homme du 102. Comment oses t'il ! Déjà qu'il m'a suivie par la porte ouverte comme s'il était chez lui ! Ce n'est pas chez lui ici, c'est le territoire de l'homme du 102. Son odeur est partout. Ça me rassure un peu.

L'homme étrange met un bazar pas possible... je crois qu'il me cherche. Il a un grand bâton qui appartient à l'homme du 102 dans les mains. Quel culot ! Heureusement que ce n'est rien d'important. Si je n'avais pas si peur je sortirai pour lui montrer ma manière de penser !!

Olala l'homme du 102 va être furieux quand il va voir ça... j'espère qu'il ne m'en voudra pas trop. En tout cas, peur ou pas si jamais l'homme étrange s'approche de la nourriture je lui saute dessus ! S'amuser avec les jouets de l'homme du 102 passe encore, mais pas question qu'il touche aux choses importantes.

Umberto Carballar toque à la porte d'Armando Diaz.

_ Monsieur Diaz, êtes-vous là, j'ai à vous parler. Et vite s'il vous plaît.

J'ai tout juste réussi à arranger le bazar laissé par toute l'agitation de la journée d'hier. Comme si ça importait, car il n'est pas question que quelqu'un rentre ici. Encore moins ce type ! Je cale mon Glock-17 dans mon dos, et rabat ma chemise à manche courte par dessus, avant de réajuster mon col. Je retire ma chaise de sécurité supplémentaire, et déverrouille ma porte, la laissant entrouverte. 

— Oui, qu'est-ce que vous me voulez ?

Peu importe ce que mon ton laisse présager. Avec tout ce qu'il s'est passé, j'ai trop à penser pour être aimable avec lui. S'il veut parler, on peut faire ça sur le pallier ou dans sa loge. Il n'a pas l'air heureux de voir ma tronche, alors même que c'est lui qui est venu me consulter. Ça promet...

— Arrêtez donc Monsieur Diaz avec ce ton-là, les vieillards comme moi n'ont rien à craindre des types dans votre style. Je ne suis pas venu pour vous dire ce que je pense de vous, vous le savez déjà, je ne vous vire pas de mon Immeuble, soyez déjà heureux de cela - et ne croyez pas que je ne pourrais pas le faire si j'en avais l'envie, l'arme que vous cachez mal dans votre dos n'y changerait rien, soyez-en certain. Laissez-moi entrer, j'ai à vous parler vraiment.