Bonsoir à tous !

Au salon du livre de poche aujourd'hui, je m'interroge quant au témoignage de deux auteurs (Daniel Pennac et Jean-Christophe Ruffin si vous vous le demandez) dont on se rend compte, en les écoutant, que leurs personnages les plus récurrents sont en fait... le portrait craché d'amis qu'ils ont eus, au point que ceux-ci se reconnaissent dans leurs ouvrages.

Je me demandais si certains d'entre vous employaient le même procédé. Personnellement, il m'a étonné car je n'aurais jamais pensé à ne pas fabriquer mes protagonistes de toute pièce (outre quelques traits de caractère qui bien entendu appartiennent toujours à quelqu'un).

Qu'est-ce que vous en pensez ? N'est-ce pas une solution de facilité ? Vous pourriez le faire, ou vous seriez perturbé à l'idée de coller-coller une personnalité (je caricature, on ne copie-colle jamais, on brode sur l'individu) ?

(J'espère que j'ai posté dans la bonne section, je me familiarise tout juste avec le forum... N'hésitez pas à me dire si ces questions sont un peu absurdes et assez inintéressantes, je me demandais seulement si cet élément pouvait interpeller d'autres auteurs.)

Il y a certainement un peu de facilité s'il s'agit de copier-coller un ami dans un écrit, mais l'interaction entre les personnages reste inventée (j'espère), donc à moins de reproduire une scène également réelle l'exercice m'apparaît comme plutôt intéressant. Comme si on se demandait : tiens, si ces trois personnes que je connais bien vivaient tel événement, qu'est-ce que cela produirait ?

Je suis persuadé que, même inconsciemment, tu utilises des traits de caractère de personnes proches de toi, voire plusieurs. En ce qui me concerne, j'utilise souvent quelqu'un que je connais dont j'exacerbe un caractère pour en faire le point de départ d'un personnage.

Dans tous les cas, je pense que c'est un procédé assez fréquent.

Salut Laurent,

Personnellement, lorsque je souhaite dépeindre un personnage détestable et manipulateur (notamment dans un cadre de travail), je m'inspire d'une ancienne manageuse. Lorsque j'écris des dialogues, c'est sa voix que j'entends et je reprends même des phrases qu'elle a pu me dire. Après, ça reste toujours un personnage très secondaire car je refuse de lui donner un rôle plus important

Par contre, je ne reprends jamais (sciemment) des proches, amis ou familles, non par facilité, mais par respect pour leur vie privée. Et je ne m'inclus pas non plus volontairement dans mes romans.

Après, je pense que même avec la meilleure volonté du monde, on finit forcément par piocher dans les personnes que nous connaissons pour créer des personnages. C'est déjà arrivé que mon conjoint se reconnaisse dans un personnage alors que je ne m'étais pas inspirée de lui pour le créer. La magie de l'inconscient !

Nick Finn : Je n'avais pas songé à cet aspect ("expérimenter" en quelque sorte les interactions d'une personnalité existante avec des protagonistes inventés). Mais je me demande s'il est possible de se détacher de la personne réelle au point qu'elle devienne un personnage à part entière, alors qu'il n'y avait qu'elle aux fondements de l'histoire... Il est vrai que cela doit être intéressant de tirer les fils d'un caractère auquel on a été confronté. Seulement, si certains seraient flattés à l'idée d'inspirer l'auteur, ne peut-on pas se sentir lésé à l'idée qu'on projette ce que nous sommes sur le papier ? (ce qui me fait penser aux livres de Lionel Duroy, que sa famille a rejetés en bloc... après, il n'était plus vraiment question d'inspiration dans la mesure où ils étaient repris tels quels... je me demande même si leurs prénoms avaient été modifiés... bref je m'égare xD).

Audel'ash : Ahah, cette manageuse est un peu ta muse alors. Inconsciemment, je veux bien le croire, mais c'est justement la démarche consciente qui me questionne... Sûrement que, comme un paysage ou un fait divers peut constituer le point de démarrage d'une idée, d'un ouvrage, des traits de caractère "romanesques" peuvent donner envie à l'auteur d'imaginer l'histoire de celui qui les portent. Cependant, en ces circonstances, comment la personne qui existe ou qui a existé et dont on s'est inspiré peut-elle réagir ? (comme tu l'écris, le respect de la vie privée... cela pose la question, à mon sens, des "droits" de l'auteur sur la réalité)

Merci à vous deux de m'avoir répondu ! (et désolé de réagir trois jours plus tard, ce n'est pas très respectueux...)

Hello,

Dans mon cas, je m'inspire beaucoup de personnes de mon entourage dans mes écrits (parfois juste des prénoms, parfois des morceaux de personnalité). Après, même si le personnage est inspiré d'une personne, au final il devient assez vite sa propre entité. La "vraie" personne n'est qu'une base sur laquelle je projette tellement d'autres choses qu'au final ... Le personnage n'a plus grand chose à voir avec elle.

La seule exception, c'est quand j'écris un personnage exécrable (genre le personnage désagréable qu'on voit 2/3 chapitres qui sert juste d'irritant au héros). Là, je me lâche, aucun problème que le personnage ressemble à des vrais gens (collègues, membres de la famille, amis, tout le monde peut y passer) !

RITAMARTINS a écrit:

La seule exception, c'est quand j'écris un personnage exécrable

Tu rejoins exactement Audel'ash avec sa manageuse odieuse. Mine de rien, c'est rendre la monnaie de sa pièce à la personne qui nous a été désagréable (et ça occasionne une belle dédicace à sa connerie).