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| Le métier d’artiste-auteur : quelles voies vers la professionnalisation ? | |
| | Nombre de messages : 676 Âge : 43 Date d'inscription : 21/04/2013 | Licoupeille / Hé ! Makarénine Sam 8 Avr 2023 - 9:31 | |
| Il y a combien de ME qui peuvent sortir 1 000 € pour moins de 50 000 signes ? Une vingtaine à tout casser ?
Surtout, la plupart sont inatteignables pour le commun des mortels. Tu donnes l'impression que c'est facile alors que, d'après mon expérience, c'est un combat de faire publier un manuscrit.
Au fait, tu dis que tu as eu une proposition de GS (oui, j'ai 10 livres chez eux ;-) ), tu as refusé ? Je me souviens plus. |
| | Nombre de messages : 962 Âge : 26 Date d'inscription : 16/06/2019 | Yaëlle M. / Bile au trésor Sam 8 Avr 2023 - 9:48 | |
| Hello !
Ce topic et son petit voisin sont passionnants ! Pour ma part, je ne sais pas trop si je me considère comme auteure professionnelle. Lorsque je travaille pour une ME avec un contrat, oui, quand j'écris ''pour moiw porte close''... Pas vraiment.
Tout cela me paraît encore flou, surtout quand je vois l'implication ''professionnelle'', justement, de personne comme toi, Azaby. J'ai encore l'impression d'écrire en diletante ! (Peut etre parce que ces derniers mois, je dois faire face au syndrome de l'imposteur (comme d'hab) mais surtout aux questions existentielles et essentielles ''finalement, j'écris pour quoi ? Pour être publiée ou parce que j'aime ça ? Ne suis-je pas en train de perdre de vue l'essentiel ?)
Tout cela pour dire, que j'ai l'impression d'être parfois professionnelle, parfois pas.
Quand je le suis (donc pour tout ce qui se rapporte à mes deux romans déjà publiés), j'essaye de l'être à fond : salons, interventions scolaires, participation à la promo.
Et je me demandais donc : serait-il pertinent de créer un topic pour recscenser les outils de professionalisation ? Ou de le faire ici. C'est majoritairement Azaby qui me les a enseignés haha.
- SOFIA - annuaire des auteurs scolaires - bourses diverses - résidence d'écriture - concours organisé par la charte des auteurs (avec formation et speed dating en décembre avec les ME/ - autres ?
Peut être que ça pourrait aider les auteurs en voie de professionalisation ? |
| | Nombre de messages : 1250 Âge : 26 Date d'inscription : 13/09/2015 | Azaby / Tentatrice chauve Sam 8 Avr 2023 - 9:58 | |
| - Licoupeille a écrit:
- Il y a combien de ME qui peuvent sortir 1 000 € pour moins de 50 000 signes ? Une vingtaine à tout casser ?
Surtout, la plupart sont inatteignables pour le commun des mortels. Tu donnes l'impression que c'est facile alors que, d'après mon expérience, c'est un combat de faire publier un manuscrit.
Au fait, tu dis que tu as eu une proposition de GS (oui, j'ai 10 livres chez eux ;-) ), tu as refusé ? Je me souviens plus. Alors loin de moi l'idée de dire que c'est facile ! Au contraire, publier les premiers manuscrits relève d'une galère sans nom. Mais... dans le cas où tu te présentes comme auteur professionnel, le passage par ces quelques dizaines de maisons (ou des structures équivalentes) est plus ou moins obligatoire pour la viabilité financière. Je dirais que c'est un vrai combat de commencer à éditer ses manuscrits dans de telles maisons, mais qu'une fois ton nom connu et tes manuscrits passés directement aux éditeurs plutôt qu'aux comités (ce qui arrive la plupart du temps quand tu as cette dimension professionnelle) on est moins dans cette dynamique d'attente du miracle. Je sais également que certaines maisons moins célèbres font le pari de bichonner leurs auteurs (et sont justement en recherche de nouveaux en jeunsse/YA) avec des contrats très très intéressants à plusieurs milliers d'euros pour des romans. Donc ça n'est pas accessible qu'aux énormes (en tout cas pas à celles qu'on imagine dans le top 20). Edit : Oui, j'avais décliné la proposition de chez GS ! |
| | Nombre de messages : 511 Âge : 38 Date d'inscription : 20/01/2013 | Verowyn / Gloire de son pair Dim 9 Avr 2023 - 15:20 | |
| Je ne pense pas que ce soit impossible de "vivre de sa plume" ou d'être "auteur professionnel". Par contre, je pense que c'est très, très différent de l'image que le grand public s'en fait. La plupart des gens ont ce fantasme d'écrire un livre qui serait leur substantifique moelle, de certes peut-être galérer à lui trouver un éditeur, mais une fois que c'est fait, bim, la reconnaissance, le succès, les plateaux télé et les centaines de milliers d'exemplaires vendus. Je dis pas que ça n'arrive jamais... je dis que vous auriez plus vite fait de jouer au loto. Pour vivre de sa plume, il faut sans doute accepter d'avoir de son métier une conception plus proche de l'artisanat (un savoir-faire qu'on applique à une activité créatrice) que de l'Art avec un grand A. Ça veut dire accepter de calibrer sa production écrite aux attentes d'un marché. Ça peut être plus ou moins drastique, plus ou moins conscient : accepter des contrats de commande ou, juste, entre 2 idées de roman qui flottent dans votre tête, choisir systématiquement celle qui vous paraît la plus vendeuse, la plus dans l'air du temps. Je pense, et la conversation au-dessus le confirme en partie, que le milieu de la littérature jeunesse est plus professionnalisant que celui de la littérature blanche. Or, en litté jeunesse, le texte produit est moins "l'expression de la substantifique moelle" de l'auteur, qu'un écrit minutieusement pensé pour un public clairement défini. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas aborder des thèmes qui nous sont chers ou personnels, ni qu'on ne fait pas preuve de créativité. Mais le texte produit est calibré pour correspondre à un public donné, au lieu d'être la pure expression de l'intériorité de l'Artiste inspiré par la muse. - Mika a écrit:
- Et puis il y a cette grande différence liée au genre : tu auras plus de chance d'être publié et de passer pro si tu écris de la littérature blanche, tout simplement parce qu'il y a pléthore de maisons qui publient de la littérature blanche et que c'est un des genres les plus vendus en France. Donc en roman, pour passer pro, je conseillerais d'écrire de la littérature blanche à destination des femmes. C'est dans cette tranche que tu vendras le plus.
Il y a aussi pléthore de maisons qui publient de la littérature de genre. Quant à la littérature "à destination des femmes", si elle est marketée comme ça, ce n'est déjà plus de la blanche mais de la littérature de genre (romance, feel good, "roman féminin", etc.). La blanche s'appelle comme ça à cause des célèbres couvertures unies de Gallimard, Grasset, Pol, etc. Si vous visez le Goncourt, oui, écrivez de la blanche. Mais par contre, si vous visez juste de vivre (en partie en tout cas) de votre plume, c'est pas forcément la voie royale parce que c'est très dur d'être publié par les gros éditeurs germanopratins si vous n'avez pas des contacts dans le milieu. Oui, ils reçoivent des manuscrits en soumission spontanée, mais ce n'est clairement pas par cette voie-là qu'ils publient la plupart de leurs livres. (On avait un topic spécifiquement sur ce sujet mais je n'ai pas réussi à le retrouver. Si quelqu'un l'a sous la main...) À l'inverse, même si ça peut aider d'être recommandé, les ME de littérature de genre examinent vraiment ce qu'elles reçoivent en soumission spontanée. D'ailleurs, elles font souvent des appels à textes, des fois pour des nouvelles dans le cadre d'anthologies, des fois carrément pour des romans en précisant qu'elles cherchent, spécifiquement, tel ou tel genre, tel ou tel thème. Ensuite, décider qu'on va vivre de sa plume, c'est pas juste un choix de carrière mais aussi un choix de mode de vie. Comme le rappelait Azaby, il faut bien avoir conscience de la précarité qui en découle. Perso, j'ai vécu en coloc jusqu'à mes 35 ans. Donc c'est des questions à se poser : pas juste "est-ce que je suis capable d'envisager l'écriture comme une pratique qui s'insère dans un marché ?" mais aussi "qu'est-ce que je fais passer en premier dans mes choix de vie : maison, enfants, vacances... ou satisfaction de vivre de mes écrits ?" Et ça tombe bien, Blast vient de sortir une vidéo sur le piège des métiers passion qui rentre tout à fait dans la thématique. |
| | Nombre de messages : 7629 Âge : 36 Date d'inscription : 10/04/2008 | Flora / Serial Constance killer Dim 9 Avr 2023 - 15:26 | |
| - Verowyn a écrit:
- Si vous visez le Goncourt, oui, écrivez de la blanche.
Mais par contre, si vous visez juste de vivre (en partie en tout cas) de votre plume, c'est pas forcément la voie royale parce que c'est très dur d'être publié par les gros éditeurs germanopratins si vous n'avez pas des contacts dans le milieu. Oui, ils reçoivent des manuscrits en soumission spontanée, mais ce n'est clairement pas par cette voie-là qu'ils publient la plupart de leurs livres. (On avait un topic spécifiquement sur ce sujet mais je n'ai pas réussi à le retrouver. Si quelqu'un l'a sous la main...). Ici : Du fameux mythe de l'auteur inconnu |
| | Nombre de messages : 511 Âge : 38 Date d'inscription : 20/01/2013 | Verowyn / Gloire de son pair Dim 9 Avr 2023 - 15:39 | |
| Ah oui c'est ça, merci Flora ! |
| | Nombre de messages : 673 Âge : 38 Localisation : Brest Pensée du jour : Pas de panique Date d'inscription : 02/07/2021 | HilnaMacPhom / Hé ! Makarénine Dim 9 Avr 2023 - 17:32 | |
| Je réagis juste sur l'une des questions posées dans le post initial d'Azaby : est il souhaitable d'être auteur professionnel.
Quand j'étais en terminale, je savais déjà qu'écrire était très important pour moi, la question de faire des études de journalisme s'est posée (ce qui était une forme d'études de lettres). Et je n'ai pas voulu le faire parce que je ne voulais pas que ma passion soit associée à une pression de revenus. Je voulais pouvoir rester libre dans mes créations et garder la possibilité de ne pas écrire si je n'étais pas inspirée. Je pensais aussi (à tort ou à raison) que j'avais déjà une culture littéraire et une maîtrise de la langue suffisantes pour être écrivain et que faire des études de lettres n'augmenteraient pas grandement mes capacités d'auteur (et je le pense encore).
Aujourd'hui j'en suis un peu revenue. Si je m'étais autorisée à me lancer à fond dans l'écriture ne serait-ce qu'1 an ou 2 quand j'étais jeune, célibataire et sans enfant, j'aurais peut être réussi à sortir 1 livre. Je n'en vivrais sans doute pas mais je me serais autorisée à me lancer la dedans. Mais si je ne l'ai pas fait c'est probablement plus par peur d'être en difficulté financière qu'autre chose. Et ça aussi, j'en suis revenue. Avec mon énergie et ma pugnacité, si je m'étais lancée dans l'artistique pour de vrai, je pense que j'aurais réussi à dégager un revenu d'une manière ou d'une autre. |
| | Nombre de messages : 112 Âge : 38 Date d'inscription : 13/01/2023 | Lylle / Barge de Radetzky Dim 9 Avr 2023 - 17:53 | |
| Étais-je saine d'esprit quand j'ai cliqué sur le lien de Flora ? Oui. Le suis-je à présent ? Non. Le monde de l'édition ressemble à s'y méprendre à un grand aquarium avec une quantité non négligeable de requins sous la surface et quelques ilots aux airs de mirages sur lesquels se prélassent des heureux gagnants du Loto de la Vie. De quoi me faire passer de l'espoir infime, celui qui gratte sous mon crâne pessimiste, à un désarroi aux allures de champ profond de Hubble (qui est, lui, bien plus agréable à regarder). De quoi me faire douter une énième fois du bien fondé de mes projets, de mes chances ou de mon courage. De quoi me faire accepter la proposition de mon compagnon de sauter l'étape ME pour foncer vers l'AE (non, promis, jamais de ME à compte d'auteur). Tout ça me renvoie à mes premières idées sur la professionnalisation de la passion d'écrire, que tout n'est qu'une question de chance, de copinage, de pistons... Un goût très âcre sur la langue avec une pointe d'amertume, car comment se faire une place dans un tel monde quand on est incapable de s'y fondre ou de s'y mouler (par choix, par caractère, par introversion...) ? Pour suivre quelques "influenceuses" sur Instagram qui partagent énormément de leurs lectures, j'ai fini par réaliser qu'en tant que grosses consommatrices, elles finissent inlassablement par se tourner vers les livres en AE pour trouver de quoi se mettre sous l’œil. Je n'ai pas encore su déterminer si cela est dû à un manque de "bons" ouvrages en édition classique ou si une sorte de boulimie les pousse à rafler les sorties du mois en librairie avant de cliquer frénétiquement sur Amazon en quête d'une lecture rapide, comme une dose d'opium qui se dissipe aussi vite qu'elle est avalée. Du coup, si on met de côté la volonté orgueilleuse d'être lu, si on cherche vraiment à retirer une contrepartie pécuniaire de ses écrits, l'auto-édition n'est-elle pas finalement une voie rapide et plus accessible que l'édition classique ? (si tant est que l'on se donne les moyens marketing de le faire en ouvrant des réseaux sociaux et en cédant une partie de son temps à un métier annexe à l'écriture.) D'autant que l'AE donne parfois une visibilité qu'un manuscrit oublié dans une pile poussiéreuse n'aura jamais. (Je ne vais pas faire une synthèse du topic de Leah-B que Flora a lié plus haut, le sujet y est longuement discuté.) Plus le temps passe et plus je me dis que l'ère des ME a fait son temps. Je me fourvoie peut-être, n'étant clairement pas familière de ce milieu qui m'effraie et semble me surplomber de sa suffisance (c'est un ressenti, je sais que les publiés d'ici me diront tout le contraire). Bon, après relecture de mon pavé, je me dis que je suis peut-être hors sujet... mais disons que je vais cliquer sur Envoyer en n'ayant pas les idées claires |
| | Nombre de messages : 511 Âge : 38 Date d'inscription : 20/01/2013 | Verowyn / Gloire de son pair Dim 9 Avr 2023 - 21:04 | |
| - Citation :
- De quoi me faire passer de l'espoir infime, celui qui gratte sous mon crâne pessimiste, à un désarroi aux allures de champ profond de Hubble (qui est, lui, bien plus agréable à regarder).
De quoi me faire douter une énième fois du bien fondé de mes projets, de mes chances ou de mon courage. Je pense pas du tout que ce soit le but de ce topic, mais au contraire d'examiner comment on fait, concrètement, pour se professionnaliser si c'est ce qu'on souhaite. C'est une question de stratégie et pour avoir la meilleure stratégie, il faut avoir les infos. Donc, rien n'empêche d'envoyer son manuscrit à Galligrasseuil parce qu'on sait jamais, mais ce n'est statistiquement pas très probable que ça marche. Et si ces grosses maisons parisiennes de littérature blanche ne prennent pas ton manuscrit, ça ne veut honnêtement pas dire grand-chose. Il y a plein d'autres maisons (une fois éliminé les comptes d'auteur, bien sûr) qui n'ont pas cette politique concernant les soumissions spontanées. Donc c'est important d'examiner ce que tu veux au juste pour déterminer ta stratégie. - Est-ce que tu veux juste être lue, le plus largement possible, mais que tu ne cherches pas à gagner de l'argent ? >>> Publication gratuite sur Internet. - Est-ce que tu veux avoir ton nom sur une couverture et pouvoir faire lire ton récit à tes proches sous la forme d'un livre papier ? >>> Impression de quelques exemplaires via un prestataire honnête - Est-ce que tu veux recevoir la validation d'un éditeur ? >>> les AT de nouvelles. C'est la meilleure façon de mettre un pied dans une ME parce que l'éditeur te dit explicitement ce qu'il cherche. Tu peux calibrer ton texte exprès pour lui, plutôt que d'envoyer quelque chose un peu au pif sans savoir si ça va l'intéresser. Et dans le temps que ça te prend d'écrire un roman, tu peux écrire 10 nouvelles, donc tu multiplies tes chances pour le même investissement en temps et énergie. - Est-ce que tu veux vivre de ta plume ? >>> Prends conscience que les revenus d'un auteur sont rarement à 100% issus de leurs droits d'auteur et qu'il y a tout un tas d'autres choses qui rentrent en compte (tables rondes, interventions en médiathèque ou auprès des scolaires, bourses, résidences...). Les gens qui quittent leur boulot précédent pour devenir "auteur à temps plein" n'ont pas en réalité 10 x plus de temps pour écrire qu'avant, parce que leurs semaines sont occupées par toutes ces autres choses, plus l'administratif, la communication, etc, qui prennent énormément de temps. Est-ce que ça correspond du coup vraiment à ce que tu veux ? - Tu as écrit un roman, c'est un texte important pour toi et tu veux le publier sans compter faire carrière/gagner ta vie dans l'écriture pour autant >>> Là encore, interroge-toi à fond sur ce que tu veux, quelles sont tes limites, quelles sont les choses sur lesquelles tu peux négocier. Publication numérique ou papier uniquement ? Petite maison qui ne fait que de l'impression à la demande ? Maison qui fait le gros de son chiffre en salon ? Est-ce que ne pas être en librairie est un deal-breaker pour toi ? Maison qui paie un illustrateur ou qui ne prend que des photos stock pour ses couvertures ? Etc, etc. Une fois que tu as répondu à ces questions, cible les éditeurs qui correspondent à tes attentes et dont la ligne éditoriale s'accorde à ton roman. Et sois patiente. - Est-ce que tu veux avoir un contrôle artistique total sur ton texte ? >>> Auto-édition. Attention, si ce n'est pas juste pour avoir quelques exemplaires à diffuser à tes proches mais que tu veux un résultat similaire à ce que tu aurais avec une ME, il faut bien avoir conscience que c'est un deuxième travail, aussi intense et exigeant qu'écrire le roman. Et c'est aussi un investissement financier (correcteur, graphiste, impression si tu ne passes pas par le POD...) - Citation :
- Pour suivre quelques "influenceuses" sur Instagram qui partagent énormément de leurs lectures, j'ai fini par réaliser qu'en tant que grosses consommatrices, elles finissent inlassablement par se tourner vers les livres en AE pour trouver de quoi se mettre sous l’œil. Je n'ai pas encore su déterminer si cela est dû à un manque de "bons" ouvrages en édition classique
Peut-être tout simplement que les AE leur envoient leurs livres en SP (service presse, exemplaire gratuit à destination des journalistes et blogueurs) et pas les éditeurs installés ? |
| | Nombre de messages : 112 Âge : 38 Date d'inscription : 13/01/2023 | Lylle / Barge de Radetzky Dim 9 Avr 2023 - 21:59 | |
| Ma réponse était sans doute hors sujet, je l'admets ^^ désolée Néanmoins ta réponse me permet d'effectivement me poser des questions auxquelles je n'avais pas songé et sur lesquelles je dois me pencher. Et qui, finalement, demande une réponse avant de se pencher sur l'Après Publication. J'avoue encore tergiverser sur plusieurs points et je n'ai pas assez de recul sur mon propre travail pour les déterminer clairement. En ce qui concerne les influenceuses, la plupart du temps, je n'ai pas l'impression qu'elles parlent de livres qui leur ont été envoyés mais il est possible que je me fourvoie totalement (naïveté sans doute...). Désolée de cette intermission que j'aurais probablement dû garder dans un coin de mon cerveau xD |
| | Nombre de messages : 511 Âge : 38 Date d'inscription : 20/01/2013 | Verowyn / Gloire de son pair Dim 9 Avr 2023 - 22:39 | |
| Ah non, t'inquiète, je ne pense pas que ce soit hors-sujet. Quand je dis que c'est pas le but du topic, c'est juste que je pense pas qu'Azaby l'a ouvert pour décourager les auteurs qui aspirent à se professionnaliser mais au contraire pour leur donner des pistes. ^^ Ça peut être décourageant de prime abord de se rendre compte que la réalité du terrain est très différente de ce qu'on s'était imaginé, mais mieux on est informé, mieux on s'en sort. |
| | Nombre de messages : 1217 Âge : 37 Date d'inscription : 11/07/2022 | Mika / Tentatrice chauve Lun 10 Avr 2023 - 0:39 | |
| - Verowyn a écrit:
- Mika a écrit:
- Et puis il y a cette grande différence liée au genre : tu auras plus de chance d'être publié et de passer pro si tu écris de la littérature blanche, tout simplement parce qu'il y a pléthore de maisons qui publient de la littérature blanche et que c'est un des genres les plus vendus en France. Donc en roman, pour passer pro, je conseillerais d'écrire de la littérature blanche à destination des femmes. C'est dans cette tranche que tu vendras le plus.
Il y a aussi pléthore de maisons qui publient de la littérature de genre. Quant à la littérature "à destination des femmes", si elle est marketée comme ça, ce n'est déjà plus de la blanche mais de la littérature de genre (romance, feel good, "roman féminin", etc.). La blanche s'appelle comme ça à cause des célèbres couvertures unies de Gallimard, Grasset, Pol, etc.
Si vous visez le Goncourt, oui, écrivez de la blanche. Mais par contre, si vous visez juste de vivre (en partie en tout cas) de votre plume, c'est pas forcément la voie royale parce que c'est très dur d'être publié par les gros éditeurs germanopratins si vous n'avez pas des contacts dans le milieu. Oui, ils reçoivent des manuscrits en soumission spontanée, mais ce n'est clairement pas par cette voie-là qu'ils publient la plupart de leurs livres. (On avait un topic spécifiquement sur ce sujet mais je n'ai pas réussi à le retrouver. Si quelqu'un l'a sous la main...) Je précise ma pensée : Basé sur les chiffres cités dans des articles sur internet, dont celui-ci dont je cite un extrait, la littérature contemporaine est la plue vendue en France en 2022 : "En tête des ventes, la Littérature générale réaffirme son rôle de pilier du marché : « Les Français ont dépensé 1051 millions € (-2 % vs 2021) pour 87 millions d’exemplaires neufs de romans et essais (-1 %). » Ce sont avant tout les textes de Fiction moderne qui ont la côte, représentant plus de 1 livre acheté sur 10." https://actualitte.com/article/109596/economie/france-le-marche-du-livre-pese-plus-de-4-milliards-eur-en-2022 En revanche, les chiffres du site Statistica sont un peu différents et montrent que les policiers sont plus lus que la littérature blanche : (à moins qu'ils ne séparent littérature blanche et littérature classique, comme indiqué, je ne sais pas : si on combine ces deux catégories, elles dépassent les policiers) Ainsi, il est plus facile qu'un roman soit accepté en policier ou en littérature blanche/générale/contemporaine (pour moi ces trois termes sont des synonymes et désignent le même genre), tout simplement parce qu'il y a plus de maisons d'édition comparées aux autres romans de genre. En revanche, je pense qu'il est plus difficile de percer et de trouver sa place sur ce vaste marché, face à tant d'auteurs, surtout si le but est de dégager un bon revenu. Comme les policiers et la littérature générale sont lus principalement par des femmes (elle n'est même pas citée dans les 5 genres de livres les plus lus par les hommes, cf le site statistica) et que les femmes lisent plus que les hommes (voir le graphe de Statistica plus bas), si on veut vendre plus, la logique voudrait donc de viser le public féminin (et je veux bien dire ici en litté générale/policier, et ceci est aussi vrai pour la romance, un genre lu principalement par des femmes). Les hommes lisent des BDs, des livre d'histoire ou de la fantasy/SF, cf ce site Statistica plus haut où vous pourrez voir les pourcentages exacts. Graphe 2 : Les femmes lisent plus que les hommes : Les genres plus lus par les femmes en 2019 : En tête : livres loisir (66%), puis litté contemporaine (57%), policier (50%) Et il y a aussi le dictionnaire haha ! Les femmes lisent donc le dico ? D'où ma réflexion citée plus haut de viser la litté générale et le public féminin dans le cadre d'une professionnalisation dans le milieu du livre. C'est plus malin pour en vivre quoi. J'ajouterais que si tu réussis à percer en litté générale en tant qu'auteur, c'est le must comparé aux autres genres. En litté générale, la pub des auteurs connus se fait via la presse ordinaire et des journaux critiques importants. J'ai remarqué par exemple que le magazine Lire, le journal Le Monde etc (reconnus et avec un bon nombre de lecteurs) parlent très peu de littérature de genre et mettent en avant presque exclusivement des auteurs de littérature générale. Ainsi, la reconnaissance de ce genre par l'élite intellectuelle booste les ventes, ce qui est à considérer pour son salaire en tant qu'auteur. Le chiffre d'affaire des jeunesses vient après (cf le site Statistica d'où est issu le graphe ci-dessous : contrairement à ce que tu dis, les livres jeunesses viennent après les romans, mais sont en tête des ventes). Et là je ne parle que des romans, car une part importante des livres les plus vendus qu'on oublie dans ce fil sont les livres type cuisine, bricolage, tourisme etc ou alors les livres d'histoire (non-fiction, qui attrapent le public masculin). Graphe 3 : Les ventes de livres en 2022 par catégorie : - la vente des livres jeunesses vient après les romans - La part des livres loisir n'est pas négligeable https://fr.statista.com/statistiques/480482/repartition-ventes-livres-categorie-edition-francaise-genre/#statisticContainer (Tout ce que je dis là, c'est dans une optique professionnelle, on s'entend, pour faire des ventes si on est auteur pro, pas en fonction de nos goûts personnels ou autre.) Cet article va dans le même sens que moi, mais l'auteur se base sur les droits d'auteur pour étayer sa conclusion, je cite : "Des taux de rémunération faibles et disparates", selon le baromètre qui est en moyenne de 8% mais qui varie en fonction des genres. Il vaut mieux ainsi se lancer dans la littérature générale (9%), les "beaux livres" (9%), les essais ou les ouvrages universitaires (8%). À l'inverse les taux chutent en ce qui concerne la BD (7%) ou la littérature jeunesse (6%). Derrière le rêve de devenir écrivain, "une précarité de plus en plus forte des auteurs et autrices" Par Manon Derdevet, publié le mercredi 29 mars 2023 sur France Inter https://www.radiofrance.fr/franceinter/derriere-le-reve-de-devenir-ecrivain-une-precarite-de-plus-en-plus-forte-des-auteurs-et-autrices-2141400 Et si je suis là, j'en profite pour aller plus loin : selon moi, il est mauvais pour l'image de l'auteur, face à ses employeurs, de propager cette idée de "métier passion". Il faudrait davantage mettre en avant le concret : comme dans tout métier, en tant que pro, le plus important est le salaire et donc les ventes. Déjà 8-10% de droits d'auteur, c'est minable, et je suis étonnée qu'on n'ose pas remettre en cause ce chiffre dans ce fil. En général, il est admis et normal pour un éditeur de payer davantage un distributeur qu'un auteur, auteur qui a travaillé peut-être 3-4 ans à temps plein sur son livre, ou alors davantage et qui est à l'origine même du livre. Cette notion de "métier plaisir" fait énormément de mal à la profession, comme c'est aussi le cas pour les professionnels du jeu vidéo, exploités eux-aussi par leurs employeurs pour l'exacte même raison. Peut-être est-ce même pourquoi la filière écrivain n'existe pas à l'université en France, contrairement aux pays anglo-saxons ? Car à en croire certains, l'inspiration des écrivains viendrait d'une muse géniale. Oui, l'écrivain serait un génie. Son travail ne viendrait pas d'un travail long et régulier. Et puis, il aime ça après tout. C'est sa passion. Pourquoi le rémunérer correctement ? Edit : Pour ces raisons, à mes yeux, le travail d'auteur est précaire et je viens de faire une petite recherche pour ne pas dire n'importe quoi : Selon un article de France Inter de cette année : Derrière le rêve de devenir écrivain, "une précarité de plus en plus forte des auteurs et autrices" Par Manon Derdevet Publié le mercredi 29 mars 2023 Je cite le début de l'article et vous invite à lire la suite : "Être écrivain en France ne permet pas de bien gagner sa vie. Voilà la conclusion du "baromètre des relations auteurs/éditeurs" publié mardi par la Société civile des auteurs multimédia (Scam) et la Société des gens de lettres (SGDL) publié ce mardi 28 mars. Le métier d'auteur paie mal, à tel point que deux tiers d'entre eux (67%) exercent une autre profession pour vivre. Au total, 1033 auteurs et autrices ont répondu à cette enquête, et parmi eux 63% ont publié un ouvrage entre 2020 et 2022. "Une précarité de plus en plus forte des auteurs et des autrices" Selon le baromètre, la moitié des contrats en littérature générale prévoit un taux de droits d'auteurs moyen de 9%. Ils sont encore 11% des auteurs à déclarer une rémunération sous la barre des 5%. L'éditeur fixe le prix du livre et le taux de rémunération. Un taux généralement pas négocié. Les droits d'auteurs sont ensuite calculés sur le prix de vente au public hors taxe des ouvrages, en multipliant ce prix de vente par le volume des ouvrages vendus et le taux appliqué au contrat. "Des taux de rémunération faibles et disparates", selon le baromètre qui est en moyenne de 8% mais qui varie en fonction des genres. Il vaut mieux ainsi se lancer dans la littérature générale (9%), les "beaux livres" (9%), les essais ou les ouvrages universitaires (8%). À l'inverse les taux chutent en ce qui concerne la BD (7%) ou la littérature jeunesse (6%). "Des habitudes incompréhensibles", dénonce Christophe Hardy , écrivain, président de la SGDL. Sur un livre vendu 20 euros en librairie, l'auteur touche en moyenne 1,55 euro. [...] pour 65% des auteurs, les livres assurent moins d'un quart de leurs revenus annuels et seulement 22% gagnent plus de la moitié de leurs revenus avec des livres." https://www.radiofrance.fr/franceinter/derriere-le-reve-de-devenir-ecrivain-une-precarite-de-plus-en-plus-forte-des-auteurs-et-autrices-2141400 Je vous propose aussi : "La précarité des auteurs, situation “de plus en plus alarmante" Publié le 22/6/2022 https://actualitte.com/article/106716/tribunes/la-precarite-des-auteurs-situation-de-plus-en-plus-alarmante "Fragilisé, précaire et essentiel : la place de l'auteur en France" Publié le 22/10/2018 par N Gary : « Les études se multiplient, montrant qu’entre 41 % et 53 % des professionnels gagnent déjà moins que le SMIC et que leurs revenus continuent de baisser, en particulier pour les plus jeunes » « Le revenu des droits d’auteur n’est juridiquement pas un revenu du travail. Si c’était le cas, ce travail serait soumis au Code du travail, et donc à des minima de rémunération et à un encadrement bien plus strict juridiquement que les conditions actuelles de création des auteurs. [propos de La Ligue des auteurs professionnels] » Cela ne semble pas être nouveau, voici un article similaire qui date de 2016 dans l'Humanité : "Des auteurs plus précaires ?" Publié le 17 mars 2016 https://www.humanite.fr/medias/politique-culturelle/des-auteurs-plus-precaires-602297 Et enfin, un article universitaire qui explique tout ça : "La légitimité du droit d'auteur discutée par les organisations professionnelles d'auteurs" Par Stéphanie Le Cam Dans Légipresse 2019/HS2 (N° 62), pages 67 à 78 Je cite le début : "Si les organisations d'auteurs existent depuis plusieurs années ont participé à la libération de la parole. Elles se mobilisent pour dénoncer la précarité du métier d'auteur et militent pour un rééquilibrage des contrats de cession à l'origine de la dégradation des conditions économiques et sociales de leurs adhérents. Elles reprochent au droit d'auteur d'être devenu le droit des exploitants et nous invitent à questionner sa fonction principale. [...] Le secteur littéraire et artistique connaît une baisse de 20 % des revenus moyens depuis vingt ans [SCAM, SGDL, 7e baromètre des relations auteurs/éditeurs]. Les organisations relèvent une dégradation des relations entre les éditeurs et les auteurs : 60 % des auteurs ne seraient pas satisfaits de leur relation avec les éditeurs, 60 % d'entre eux seraient obligés de réclamer leurs relevés de droits, et 63 % ont déjà constaté qu'un relevé des comptes éditeur était incomplet ou composé d'erreurs ; deux auteurs sur trois ont déjà eu à réclamer le paiement à la suite d'un retard [SCAM, SGDL, 7e baromètre des relations auteurs/éditeurs]. En somme, les auteurs revendiquent un renforcement de la protection des intérêts économiques et professionnels. Or, le problème est que les auteurs saisis par le prisme de la logique personnaliste et de la propriété n'ont jamais été considérés comme des travailleurs normaux. Ils sont, dans l'imaginaire collectif, des êtres guidés par une volonté insatiable de créer… Et cette vision romantique de leur activité de création fait qu'ils ne sont pas pris au sérieux lorsqu'ils demandent de pouvoir se projeter dans une carrière et d'augmenter leur niveau de vie. Et en ce sens, certains considèrent que c'est déjà une chance extraordinaire pour un auteur d'avoir rencontré un cessionnaire qui accepte de prendre un risque économique pour diffuser son œuvre, alors il devrait se contenter de cette reconnaissance suffisante et exclusive de toute considération financière. Récemment, l'éditeur Jacques Glénat expliquait trouver normal qu'un auteur soit rémunéré s'il fait une conférence, en revanche si l'auteur « vient faire la promotion de son livre, rencontrer des gens je ne vois pas pourquoi on le paierait, c'est déjà une opportunité. Qu'on soit payé pour signer un livre, je trouve cela presque contre nature, car l'auteur est content de partager son travail avec les gens, d'entendre des questions, des commentaires… Ce serait un rapport un peu bizarre » [Propos de J. Glenat, fondateur et PDG des éditions Glénat] Pourtant, cette image de l'auteur qui assouvit un besoin viscéral de créer doit être totalement remise en cause, quand on sait que le secteur littéraire et artistique est majoritairement caractérisé par une économie de la commande. En effet, l'œuvre est majoritairement commandée par l'exploitant qui vient à l'auteur pour lui demander de la réaliser et de lui céder les droits de propriété intellectuelle. Cela change tout indéniablement, car le code de la propriété intellectuelle conçoit l'activité de l'auteur comme une activité soumise à une logique d'économie inversée dans laquelle on ne crée pas pour vivre, on vit pour créer [P. Bourdieu, Les Règles de l'art. Genèse et structure du champ]. Ainsi, le temps consacré à la réalisation de l'œuvre ne fait l'objet d'aucun encadrement légal spécial. Les conditions propres à la commande n'ont jamais fait l'objet d'une réflexion collective et ce défaut de réflexion est à l'origine de la précarisation et de la fragilisation des auteurs. Les organisations professionnelles exigent donc qu'un encadrement de la commande soit prévu au sein du code de la propriété intellectuelle (I). Elles reprochent plus généralement d'être souvent absentes à la table des négociations et souhaiteraient voir se développer un véritable droit de la négociation collective qui permettrait à l'auteur d'être plus fort dans ses rapports contractuels. Aussi, nous paraît-il urgent de construire un droit de la représentative collective, afin de doter ces organisations professionnelles de moyens pour défendre les métiers de la création en renforçant notamment le droit contractuel (II)." Je ne fais que citer, la suite est ici : https://www.cairn.info/revue-legipresse-2019-HS2-page-67.htm je vous laisse y réfléchir... |
| | Nombre de messages : 1250 Âge : 26 Date d'inscription : 13/09/2015 | Azaby / Tentatrice chauve Dim 1 Sep 2024 - 13:28 | |
| Je me permets de up ce topic car j'ambitionne de donner une place majoritaire à l'écriture (sinon lui accorder un plein temps) dès l'année prochaine. J'ai décidé de sauter le pas. Je suis en recherche actives de ME pour 2025 et 2026 qui seraient prêtes à travailler sur commande... Celles/ceux qui ont participé au débat l'an passé : avez-vous évolué dans vos positions ? |
| | Nombre de messages : 325 Âge : 30 Localisation : France Pensée du jour : Écrire est un travail Date d'inscription : 01/12/2020 | Uraeus Zahato / Tapage au bout de la nuit Dim 1 Sep 2024 - 17:18 | |
| Très intéressant ce sujet ! Je n’ai pas pu participer au débat l’an passé, mais je me permets de le rejoindre cette année.
Qu’appelle-t-on être autaire pro ? Je ne sais pas si une définition commune est admise, mais j’ai compris que même aux yeux de l’État, les autaires pros n’existent pas (ne créant pas suffisamment de PIB pour avoir droit à une reconnaissance). Je vais donc donner, comme les autres, ma propre définition. Pour moi, être autaire pro, ça veut dire considérer son écriture comme un métier, une activité professionnelle. C’est quoi un métier, une activité professionnelle ? C’est un travail qui produit quelque chose et qui, idéalement, rapporte de l’argent. En ce qui me concerne, dès que j’ai commencé à écrire, je n’ai pas dit « je veux écrire », j’ai dit « je veux être écrivainx », c’est-à-dire reconnux comme une personne qui écrit des livres de façon continue, bien au-delà du simple passe-temps, et qui les vend. Après, tout ça, c’est dans un monde idéal qui fonctionnerait correctement. Aujourd’hui, je me considère comme autaire pro, mais l’écriture occupe moins de la moitié de mon temps, j’ai un autre métier rémunérateur à temps plein et je ne dégage aucun revenu de mes écrits. Je ne suis pas reconnux par qui que ce soit en tant qu’autaire pro, d’ailleurs, déjà parce que je ne gagne rien de l’écriture, ensuite parce que personne ne me connaît et que mes livres ne se vendent pas, et ensuite parce que j’ai une autre activité professionnelle. Je ne rentre pas dans les cases pro de la société, cases qui elles-mêmes sont d’un tel flou que la lutte n’en finit pas. Moi, je me considère comme pro, parce que je souhaite vivre de mes livres et écrire à temps plein, et que j’écris des livres et les vends. Maintenant, c’est vrai que je ne suis pas encore pro comme je le souhaitais. Mais comme les contributions de ce sujet en parlent très bien, en France, aujourd’hui, c’est une galère sans nom de vivre de ses romans. Donc, pour moi, avant de savoir ce qu’on entend par autaire pro, faudrait déjà commencer par créer les conditions d’un tel statut.
Est-on autaire pro dès que l’on signe en maison ? Pour moi, non. Parce que l’autoédition. Et parce que les maisons ne sont pas un système objectif et bienveillant, mais un système aujourd’hui assez pervers (j’ai travaillé dedans et pas comme autaire), et qu’un livre peut exister sans maison. Donc les autaires peuvent exister sans maisons. Maintenant, même si tu l’es sans, est-ce que tu peux signer en maison sans l’être ? Je pense que oui, parce que j’aurais du mal à appeler pro une personne qui a écrit un seul bouquin dans sa vie. Donc pour moi, la maison ne fait pas la professionnalisation. Mais je pense quand même que si je signais en maison, ça augmenterait ma professionnalisation de manière significative, dans la mesure où je ne compte pas n’écrire qu’un seul bouquin. Je pense que la maison aide à la reconnaissance. C’est une condition ni nécessaire, ni suffisante, mais un bon gros boost.
Est-on pro dès qu’on a vendu un livre, même en auto-édition ? J’aime bien le « même » qui dévalorise l’auto-édition ^^' /hj /i Plus sérieusement, je pense que non, parce que à qui on l’a vendu ? J’ai pas fait zéro vente sur mes livres. Mais elles ne comptent pas vraiment pour moi, parce que ce sont les achats de ma famille. J’attends les achats de personnes que je ne connais pas, qui achèteront mon livre pour le livre et pas pour me faire plaisir. Et comme pour la question précédente, j’ai du mal à considérer comme pro si on n’écrit qu’un seul livre.
Dès qu’on paie ses premières cotisations URSSAF ? Pitié non… Je comprends la considération administrative, je ne suis pas la dernière personne à accorder de l’importance aux reconnaissances officielles. Mais dans le cas des autaires, vue la perversité du système, ça ne peut pas fonctionner comme pour les autres métiers en fait. Faudrait que les autaires aient les mêmes protections que n’importe quel autre métier pour que ça marche. Or ce n’est pas le cas.
Dès que l’on vit de sa plume à 100% ? Pour moi, si on a ça, on est indéniablement pro. Mais on peut être pro sans ça. Tout simplement parce que les autaires sont payaes au lance-pierre !
Je comprends le critère du contrat et pour moi c’en serait un si autaire était un métier comme les autres.
Ma définition de « conséquente » est pour le coup beaucoup plus large que la tienne Azaby, puisque mes interactions ne se jouent pas majoritairement dans l’écriture, mon emploi du temps s’adapte d’abord à mon activité rémunératrice avant l’écriture, je n’ai aucune reconnaissance externe, j’écris malheureusement sur mon temps libre fort restreint, et pourtant, je considère toujours mon écriture comme une activité professionnelle, un métier, même si je n’arrive pas à en vivre, au point que je n’arrive même pas à l’exercer à plein temps. Peut-être que j’usurpe alors le terme de pro et que mon intention et ma volonté, aussi fortes soient-elles, ne suffisent pas. Je pense que le métier d’autaire subit encore beaucoup trop de contraintes pour pouvoir exclure de la sphère pro les personnes qui n’ont pas atteint un statut équivalent à un autre métier.
Comme toi, quand on me demande ce que je fais dans la vie, je présente toujours l’écriture avec mon métier rémunérateur, parce que pour moi, j’exerce une activité rémunératrice tant que je ne gagne pas assez avec mes livres, mais dès que je peux vivre de l’écriture, je me barre de mon entreprise, soyons honnêtes.
Est-ce souhaitable de devenir artiste ? Je pense que la question n’est pas là. Pour moi, la question c’est pourquoi on conserve un système qui place les artistes dans une telle précarité ?
Quant à comment vivre de sa plume… J’en sais rien. Je fais partie de ces gens qui écrivent, qui publient et qui ne gagnent pas un rond. Je m’y prends certainement très mal, pour tout un tas de raisons. Je n’accepte pas que pour vivre de sa plume, on doive avoir recours à des stratagèmes plus compliqués que pour n’importe quel autre métier. Je voudrais que l’écriture soit un métier comme un autre. Sans doute que je rêve. Je caresse encore l’espoir qu’un jour, un lectorat et/ou une maison remarque mes livres, que les ventes explosent et que je devienne riche. Sans doute que je rêve très fort. Mais je ne vois pas comment faire autrement. Quand j’étais enfant et que j’ai dit vouloir être écrivainx, on m’a répondu que ce n’était pas un vrai métier ! On m’a dit de me concentrer sur un métier rémunérateur. Alors aujourd’hui, je galère à essayer de gagner un salaire avec un emploi stable, d’acheter un logement, de me construire une vie hors de la précarité. Est-ce que ça m’a éloigné de l’écriture ? Non. Est-ce que ça m’a éloigné de la professionnalisation ? Certainement. Je ne lâche pas l’affaire, bien que je sois très très très mal partix. Mais au-delà de mes erreurs (et surtout de celles des personnes qui m’ont si mal aiguillae), je pense que le système est pourri dès le départ. Quand bien même on m’aurait encouragé dans mon rêve et que j’aurais fait des études de lettres, que j’aurais tout fait pour me professionnaliser, etc. est-ce que je vivrais de l’écriture aujourd’hui ? Pas sûr, vu l’état des choses ! Pour moi, avant de se demander comment vivre de l’écriture, faut commencer par refondre le système entièrement. C’est joli de faire ses calculs de son côté, mais on a une lutte commune à mener. Moi, j’ai pas envie de magouiller entre les commandes, les interventions, les conférences, les formations… pour dégager de l’argent autour de mes livres parce que je peux pas en dégager directement. Et je dis magouiller pas pour déprécier les personnes qui font ça, mais parce que moi, personnellement, je me sentirais diminuae si je faisais ça, parce que je veux vivre de mes livres, et quand je dis de mes livres, c'est de mes livres, pas de prestations autour. Pour moi, les autaires pro devraient pouvoir vivre de leurs écrits, sans avoir à faire du marketing, de la com et des prestations. Et pour arriver à ça, faut commencer par se battre pour la reconnaissance et la protection de ce métier. Donc non, je ne risque pas de dégager le moindre revenu tant que je refuse même d’avoir un compte Instagram d’autaire. Mais je préfère signer les pétitions de la Ligue des auteurs pro et attendre que tout le monde puisse être autaire pro en écrivant des livres et en gagnant de l’argent avec seulement ça, plutôt que de proposer des formations payantes dans mon coin et des vidéos TikTok pour me faire un commu autour d’autre chose que mes bouquins en tant que tels. Loin de moi l’idée de critiquer les personnes qui font ça encore une fois. Je pense juste que y a un sujet de solidarité à considérer. C’est comme pour tous les autres métiers. La solution à la précarité dans n’importe quel secteur, c’est pas que tout le monde crée sa micro-entreprise. C’est que tout le monde se syndique, qu’on sorte dans la rue et qu’on exige un Code du travail protecteur pour tout le monde.
Mes interrogations principales sur la professionnalisation, c’est comment peut-on encore en 2024 avoir un métier sans statut, sans protection, sans droit du travail ? Pourquoi ne reconnaît-on toujours pas l’écriture comme un métier ?
Mes doutes, c’est est-ce que je vais réaliser mon rêve un jour ? Comme vous avez pu le comprendre, je ne me donne pas forcément les moyens de dégager de l’argent coûte que coûte et je refuse de jouer selon des règles qui me paraissent perverses au nom de principes qui me limitent probablement.
Mes espoirs, c’est qu’on fasse évoluer la législation pour que demain, plus aucun enfant ne s’entende dire qu’écrire n’est pas un métier.
Voilà, j’espère avoir apporté des idées intéressantes et n’avoir froissé personne. Je sais que je fais vite preuve de véhémence quand on commence à parler de ce sujet. |
| | Nombre de messages : 1250 Âge : 26 Date d'inscription : 13/09/2015 | Azaby / Tentatrice chauve Lun 2 Sep 2024 - 13:29 | |
| Merci pour ton commentaire développé, tu as été très clairx ! Je vais essayer de répondre point par point aux quelques éléments sur lesquels j'aimerais rebondir. - Citation :
- les maisons ne sont pas un système objectif et bienveillant, mais un système aujourd’hui assez pervers (j’ai travaillé dedans et pas comme autaire), et qu’un livre peut exister sans maison. Donc les autaires peuvent exister sans maisons.
C'est tout à fait vrai, mais éditer soi-même un récit implique de n'être pas cantonné(e) au rôle d'auteur ou d'autrice. C'est alors cumuler plusieurs casquettes, être auteur(ice), maquettiste, éditeur(ice) chargé(e) de com... Intégrer une équipe éditoriale reste à mon sens la seule façon de se concentrer sur le travail d'écriture, qui dans ma conception personnelle, reste la moelle du métier d'écrivain. Il reste l'option éventuellement de payer des pros qui se chargeront de ces aspects, mais dans ces cas là, le travail d'écriture est dans la quasi-totalité des cas à perte (voire à très grosse perte) : on sort donc de cette idée, pour toi idéale, pour moi nécessaire, de générer de l'argent. - Citation :
- J’aime bien le « même » qui dévalorise l’auto-édition ^^'
L'auto-édition est un univers à part, qui demande à l'artiste d'exercer plusieurs métiers en simultané. Outre le fait que les auteur(ice)s pros vivant (ou ayant l'espoir raisonnable de vivre) de l'auto-édition uniquement sont rarissimes (certain(e)s comme Ielenna jouent sur le tableau de l'édition classique et de l'auto-édition, mais uniquement de l'auto-édition, je n'en connais pas), on sort pour moi de ce qui fait le métier d'artiste-auteur, c'est à dire de créer des textes. Je comprends que ce soit une perspective professionnelle, c'est pour ça que je la suggère, mais dans mon cas, c'est clairement une voie que je n'envisage pas. - Citation :
- Pour moi, la question c’est pourquoi on conserve un système qui place les artistes dans une telle précarité ?
Beaucoup d'artistes militent activement et se syndiquent pour essayer de déboulonner ce système, mais malheureusement, le système d'offre et de demande qui existe dans le milieu nous donne assez peu de pouvoir pour faire pencher la balance. Les auteur(ice)s pros ont un intérêt indéniable pour les éditeurs : ils/elles travaillent vite, savent s'adapter à un calibrage, à un lectorat, savent défendre les textes en salon. La plupart des grosses ME ont leur "cheptel" (pardonnez l'expression mais c'est vraiment à ça que ça ressemble) d'écrivain(e)s de métier qui rapportent gros (ce qui n'est pas le cas de tous les écrivain(e)s pros). Mais en dehors des poules aux oeufs d'or (décidément, la métaphore fermière en dit long :p ), les auteurs plus modestes sont très facilement remplaçables. 1000 aspirants écrivain(e)s font la queue derrière, et n'attendent que d'avoir leur chance. Certain(e)s sont prêt(e)s à payer pour être publié(e)s. Le système ne changera pas tant que perdurera ce mythe de l'écrivain(e) transi(e) de passion, payable en visibilité et en sourires de lecteurs. Le rêve de publier à tout prix, qu'on ne peut pourtant pas retirer aux néophytes, fait beaucoup de mal à la profession. Il empêche une fédération autour des luttes professionnelles dans le milieu. Une solution pourrait être de faire plus de prévention en aval, et d'interdire parallèlement certains contrats abusifs (clauses de préférences, droits ridiculement bas...). Mais cela aurait pour conséquence de pousser les ME à se concentrer sur des auteur(ice)s déjà installé(e)s. De diminuer leur nombre d'auteur(ice)s. De rendre plus inaccessible encore la publication dans les maisons diffusées. On ne peut pas publier tout le monde, et bien publier tout le monde. (Par "tout le monde" entendons bien que c'est une exagération et que publier est déjà un cap : je pointe là la population croissante d'auteur(ice)s en demande de publication par rapport au marché du livre et au lectorat). Si on donne une plus grande part du gâteau aux artistes, il faut la réduire ailleurs. Et la façon la plus évidente de faire ça c'est d'économiser sur les différents acteurs en publiant moins de titres différents. C'est d'ailleurs valables pour les auteur(ice)s en AE : l'offre n'est pas du tout cohérente avec la demande. Il est extrêmement difficile de dégager un public fiable et de conglomérer une communauté autour de sa plume. Pas sans jouer avec les codes des réseaux sociaux ce qui, pour moi, est encore faire un pas en dehors du métier d'artiste-auteur. - Citation :
- Mes interrogations principales sur la professionnalisation, c’est comment peut-on encore en 2024 avoir un métier sans statut, sans protection, sans droit du travail ? Pourquoi ne reconnaît-on toujours pas l’écriture comme un métier ?
Parce que l'écrasante majorité des artiste-auteur(ice)s qui aspirent à la publication ne considèrent pas leur travail comme professionnel, tout simplement. Pour beaucoup, publier est un rêve. Ils/elles sont peu regardant(e)s sur les conditions. C'est une situation unique dans le monde du travail : comme je l'ai dit plus haut, certain(e)s paient pour publier. Dans un monde idéal, oui, il faudrait faire exploser le système pour le rendre plus juste. Mais malheureusement , la configuration unique du monde du livre me rend très pessimiste. Les artistes syndiqués luttent férocement, mais il est difficile de trouver un point de levier, quand la majorité des collègues est prête à tout pour publier. Se rendre indispensable est difficile. De mon côté, j'ai choisi de "magouiller" comme tu l'as dit. De trouver comment naviguer sur ces règles injustes pour trouver mon équilibre et sortir de la précarité. Faire des interventions pour parler d'écriture me semble être une continuité acceptable à la création littéraire. Il est injuste de devoir procéder comme ça, mais c'est le seul chemin que je considère comme réaliste pour vivre de la plume à moyen terme. |
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