Chères Consœurs et chers Confrères écrivains,
Émile Zola, critiqué pour « l’abus des auxiliaires et des verbes faibles » (cf. la préface du tome premier des « Rougon-Macquart » dans les éditions de la Pléiade, p. XLII), m’a conduite en cette occurrence à découvrir ce forum littéraire qui me permet d’échanger à bonne fin avec mes pairs, aussi je vous portrais le plus fidèlement possible la romancière que je suis pour me présenter à vous : conteuse, historienne et philosophe. Née dans le Quinzième arrondissement de Paris, auteur d’un premier roman de sept cent quatre-vingt-seize pages intitulé « Le Vendroy », édité au Lys Bleu en mars 2022, j’habite dans le Pays de Ronsard, à quatre kilomètres de la Possonnière, une maison d’environ deux cents ans héritée de mes parents avec un jardin de mille trois cents mètres carrés entouré de haies, clos idéal tant pour procurer du bonheur à la faune sépicole que pour écrire avec profit mes romans. Alliant imagination fertile à grand esprit d’analyse, j’ai le don de l’écriture, ce que j’ai su dès l’adolescence par l’exercice de la dissertation et la longueur de mes lettres qui pouvaient sans mal atteindre dix pages, à la joie du destinataire. J’ai toujours dû me restreindre dans mes écrits. Mon professeur de lettres de Troisième classique, mademoiselle Henry, au lycée Bellevue du Mans, me demanda, en me rendant ma dissertation teinte d’un lyrisme qui l’enchantait, si j’avais lu « Le bateau ivre ». Étonnée de cette question, je lui répondis que non. Percevant ma surprise, elle ajouta : « parce que vous écrivez comme Rimbaud. » Je suis membre de l’association Défense de la langue française depuis l’an 2000 et végétarienne depuis 1998. Juriste de formation, la connaissance de l’Histoire des institutions publiques et du droit constitutionnel me sert dans l’écriture. Mon nom de plume est Louise de Tréfalc.
« Le Vendroy » retrace la vie d’un jeune professeur d’Histoire et de géographie du lycée Ronsard de Vendôme qui s’éprend, le jour de la Fête de la musique de 2016, à Vendôme, de Marie Fasel, la fille du libraire de la place Saint-Martin. Professeur idéal, Pierre Courtivrol (le Vendroy) se présente comme l’adversaire du mensonge historique et de l’inféodation à l’hégémonie linguistique anglo-américaine. Lui est issu d’une famille légitimiste, fidèle à Dieu et au Roi contre vents et marées ; elle, d’une famille républicaine athécrate depuis la révolution populicide de 1789, une opposition originale dans la littérature du vingt et unième siècle qui exige la connaissance parfaite de ces deux univers : l’un soumis à la république, l’autre non et avec panache. Seconde opposition : lui est végétarien ; elle, non. Alfred Fasel, père de Marie, libraire-censeur, convulsionnaire de la liberté d’opinion, de l’égalité des droits, de la liberté d’expression et du suffrage universel, est vénérable de la loge « Ni Dieu ni maître » et règne en despote sur sa famille. Toute la société est présente dans mon livre. Par ma connaissance approfondie du monde royaliste actuel, je le fais découvrir au lecteur, mais délivré des caricatures manichéennes de l’enseignement public, approche nouvelle et non idémiste de la pensée. Font balance aux personnages secondaires héroïques (Nour, Guillaume, Charlotte - élèves de Pierre - , le médecin de l’hôpital Daniel-Chanet de Vendôme, l’amie cap-verdienne de Marie) les lâches qui ont des raisons de l’être : la hantise de la Terreur non moins que la peur face au terrorisme intellectuel et à la pensée unique (Mme Hélène Fasel, l’épouse du libraire-censeur ; la principale du lycée Ronsard, Mme Moré). Les faibles comme les forts sont attachants. J’aime mes personnages comme Balzac, avec toutes mes tripes, qu’ils soient ou non personnages principaux. J’ai aussi garni mon roman de personnages réels sous leur véritable identité : humbles (commerçants ambulants du marché de Vendôme ou l’épicier des Produits d’Espagne que j’immortalise de la sorte) ou connus (journalistes, politiques, présidents de la République, Aîné des Capétiens) car je veux donner au roman tréfalcien, fictif par nature, les couleurs de la réalité et laisser une trace de notre époque, voulant que dans deux cents ans, le lecteur du « Vendroy » ait un aperçu de notre société, complexe. Cette belle histoire d’amour se double d’un combat pour la justice. Le thème philosophique du « Vendroy » est le rejet de l’incohérence.
Balzac, que je nomme « l’Indépassable », et Chateaubriand sont mes deux écrivains préférés. Je lis en ce moment le neuvième tome de « La Comédie humaine » dans La Pléiade, « La Métaphysique » d’Aristote, je relis « Les Essais » de Montaigne dans la langue du seizième siècle que je maîtrise parfaitement et « Le Génie du christianisme » de Chateaubriand parallèlement à l’écriture de mon deuxième roman, presque terminé, qui retrace la vie de Nour, une élève franco-marocaine de Pierre Courtivrol, flamboyante et dotée d’une forte personnalité, devenue étudiante en lettres à l’Université du Maine, au Mans. Toutefois, il m’est réducteur de ne citer que ces deux génies de la littérature française. La Faculté de droit a laissé sur mon intellect une empreinte indélébile et je lis non seulement des historiens du droit, mais aussi des livres de science politique, matières qui, en plus de m’avoir passionnée en droit, sont profitables au roman. C’est ainsi que je viens de parlire « Le Testament politique », de Richelieu. Ayant beaucoup souffert, à partir de dix ans, du formatage d’esprit sans lequel la république n’aurait pas duré plus longtemps que celle de Cromwell, des faussaires de l’Histoire et de la haine de soi enseignés au lycée, je porte aux nues les vrais historiens comme les médiévistes Régine Pernoud (« Pour en finir avec le Moyen Âge ») et Claire Colombi (« La Légende noire du Moyen Âge : cinq siècles de falsification ») apportant lucidité sur notre Histoire, ou Reynald Secher, auteur de « Vendée : du génocide au mémoricide », publié aux éditions du Cerf, historien qui présente en ce moment le film « Vaincre ou Mourir », de Nicolas de Villiers, succès cinématographique comptabilisant à ce jour plus de trois cent mille entrées grâce aux calomniographes déracinés du "Monde" qui, à contre-fin, agonirent tant ce chef-d’œuvre avant sa sortie, exécrable à leur conscience sans contredit multi-génocidaire, que les Français réfractaires à leurs lieux communs s’en bâillèrent belle et se précipitèrent dans les cent soixante salles de cinéma projetant l’histoire tragique de François-Athanase Charette de la Contrie (Couffé,1763 - fusillé à Nantes par les républicains, 1796) liée au génocide vendéen qui est d’autant moins un « détail » de l’Histoire que, crime imprescriptible, traumatisant et irrémissible, il engendra, parce que « réussi », tous ceux du vingtième siècle comme le démontrent certains historiens comme Israël Eldad : « La dernière pierre que l’on arracha à la Bastille servit de première pierre aux chambres à gaz d’Auschwitz », un pied-de-nez aux journalistes admonitifs et aléthophobes condignes de l’antipathie qu’ils déclenchent et qui voudraient abscondre les racines populicides de la république au mépris de la liberté de pensée, de la liberté de l’art et de la Vérité historique. Devant l’abaisse intellectuelle de notre époque ressentie de même par tous les libraires la qualifiant de « catastrophe » à la vue des préférences paralittéraires des jeunes et à l’ouïe de leur première question : « Combien y a-t-il de pages ? » redoutant, par paresse intellectuelle, les gros livres quand moi en Troisième, je lisais "Crime et châtiment", de Dostoievski, l’écrivain que je suis se donne pour mission d’instruire les gens à travers ses romans, justifiant certains de ses dires par les plus grands. M. Alexandre Fleury, dirigeant du « Petit Vendômois », le premier à m’avoir interrogée sur mon livre afin de l’y promouvoir, me confia, après m’avoir déclaré au début de notre entretien d’une heure : « Vous m’avez bluffé ! », que l’on avait envie de lire les ouvrages que je citais, ce qui me réjouis. Sur le fronton d’une des bibliothèques de Pierre est gravé, en lettres d’or, l’apophtegme « Nihil sine libro », autrement dit « Rien sans le livre », dont l’auteur est le Vendroy. Le héros de mon roman est le contre-pied du formatage républicain, véritable viol psychologique qui m’a fait souffrir de la Sixième à la Terminale, souffrance que je n’oublierai jamais. La souffrance, enfouie durant la scolarité, ressort nécessairement à l’âge adulte sous forme de roman. « Vous êtes un chat écorché. », constata au Salon du livre de Vendôme en septembre dernier le journaliste de la « Nouvelle République de Loir-et-Cher », lecteur de Jean Raspail, lequel y promut « Le Vendroy ». Amoureuse de la langue française, latiniste, j’ai étudié, avant de prendre la plume, les huit volumes de l’encyclopédie Larousse du dix-neuvième siècle afin de faire renaître des mots disparus du passé utiles au présent, d’où un glossaire en fin de livre, utile à ceux-là qui écrivent le plus : les collégiens et les lycéens pour leurs dissertations, les journalistes pour leurs articles et les écrivains pour leurs œuvres. Je sacrifie tout à la littérature et travaille jour et nuit. J’ai aussi appris les mille huit cents pages « Du Bon usage », de Maurice Grevisse, la référence en grammaire française, et je consulte régulièrement le site de l’Académie française « Dire ne pas dire ». Il va sans dire que je ne me commets ni avec le langage épicène ni avec l’écriture dite « inclusive », autant par respect de la grammaire française que par opposition épidermique à tout diktat. Depuis l’enfance, j’ai une sainte horreur de m’entendre enjoindre par l’État et des associations omnipotentes quoi penser, sachant penser par moi-même. « Les consciences, avertissait l’académicien François-Timoléon de Choisy, ne se gouvernent pas le bâton haut. » Aussi ne féminisé-je les professions que lorsque cela ne déroge pas à la beauté de la langue française et bien des femmes pensent ainsi. « Écrivaine » étant le mot le plus laid de la langue française, je ne saurais m’en affubler ni en affubler mes pareilles, par simple bon goût. À l’inverse de mes contemporains qui se gaussent d’un passé souvent respectable mais le cèdent fort aux plus grands écrivains du dix-neuvième siècle, mon vocabulaire se veut riche, je ne place pas de conjonction de coordination après un point, j’observe la concordance des temps, répudiée au passé par les écrivains médiocres qui ne laissent pas de révulser les amoureux de notre langue. À quatorze ans, la lecture de « La Reine morte », de Montherlant, m’a fait haïr à jamais la médiocrité par cette sublime réplique du Roi Ferrante à son fils : « Je vous reproche de ne pas être à la hauteur où je respire. » Je suis perfectionniste et reste sire de moi.
Cordialement,
Louise
Dernière édition par Louise le Sam 11 Mar 2023 - 12:32, édité 5 fois