Helloo, me voilà encore avec une question bizarroïde.
Cela fait plusieurs semaines qu'elle m'agite et je n'arrive pas à y trouver de réponse tranchée.
Voici le contexte : l'une des intrigues du texte long sur lequel je planche concerne un procès (qui doit être en tout ou partie fictionnel). Pour des raisons inhérentes à l'histoire, ce dernier doit être très médiatique (exemple : affaire Bettencourt en son temps).
En première intention, j'ai inventé une affaire de toutes pièces (dénommée : l'affaire Hazanavicius) et rattachée celle-ci à un élément réel pour faciliter l'expression des enjeux. Je vous colle l'extrait qui introduit celle-ci :
- Extrait a écrit:
- — (...) La nouvelle t’est peut-être même parvenue… sais-tu, glissa Martin à voix basse, qu'Alain Hazanavicius nous a quitté la semaine dernière ? Son cœur a cessé de battre dans son sommeil.
— Alain Hazanavicius ? répétais-je, et ce nom trouva écho dans ma mémoire. L’un des frères Paramount ?
— Feu lui-même ! Pauvre homme ! Cinquante-huit ans à peine ! Il laisse une veuve et quatre enfants. L’héritage est colossal, bien entendu… et il y a une petite dispute au sujet du testament, poursuivit Martin. Entre les héritiers et Bertrand, l’autre frère. Nous nous dirigeons tout droit vers un procès et notre cher Bertrand souhaiterait que je l’accompagne à l’occasion de cette bataille - brève et sanglante, car en la forme d’un référé*. En résumé, c’est le contrôle de l’empire Paramount qui est en jeu. Ni plus ni moins !… »
Cette affaire implique donc un élément réel : la référence à la société Paramount Pictures, qui produit des films. Le reste est purement fictif. Mais après réflexion, je trouve que cette référence manque de peps... Certes, Paramount Pictures est une société de production monumentale, mais elle n'évoque pas forcément grand-chose dans l'imaginaire commun.
En seconde intention, je me suis demandé si, plutôt que Paramount, je ne pouvais pas plutôt partir sur Gaumont/Pathé... C'est français, plus proche de nous, et très visible dans nos paysages urbains. Je trouvais que, tout de suite, c'était plus évocateur. Le pendant, c'est que la famille des propriétaires est aussi bien connue : les Seydoux. Et c'est là qu'interviennent les problèmes, puisque je pouvais soit :
— Option 1 : partir sur Gaumont, mais me passer des Seydoux et conserver les Hazanavicius -> je ne pense pas que ça fonctionnerait, car ça viendrait justement buter contre l'imaginaire commun de certains lecteurs.
— Option 2 : partir sur Gaumont et utiliser le nom des Seydoux, mais inventer des personnages -> même problème que le précédent, à une moindre échelle. Tout le monde ne connait pas forcément Jérôme ou Nicolas Seydoux, mais si on en a entendu parler, la crédibilité de l'intrigue en prend un coup...
— Option 3 : partir sur Gaumont et utiliser le nom des Seydoux, et coller à leur dynastie -> alors Nicolas Seydoux deviendrait un personnage du roman (un rôle très secondaire, mais un peu ingrat) ; mais surtout, et c'est là mon problème, il me faudrait faire mourir Jérôme Seydoux... Sur le principe, peut-être par superstition, je ne suis déjà pas très fan. Mais là aussi, j'ai peur que cela vienne aussi buter contre l'imaginaire du lecteur, qui sait, potentiellement, que Jérôme Seydoux n'est pas mort, et qu'il n'y a pas de dispute d'héritage chez les Seydoux (le récit se déroule en 2022). Il y a une dernière considération, beaucoup (beaucoup) plus lointaine, qui est celle de la diffamation, voire, de la potentielle réticence des éditeurs à publier un livre qui met en scène ces personnalités dont l'influence sur le domaine des arts est énorme...
Qu'une personnalité devienne le personnage d'une fiction, ça ne me choque pas (je me rappelle avoir déjà vu le procédé chez Houellebecq notamment, avec Jean-Pierre Pernaut — et ça fonctionnait bien, parce que JPP restait dans son rôle). Mais là... Je ne sais pas, j'ai l'impression que ça ne fonctionne pas...
A noter que ce n'est vraiment pas tant le point de la diffamation qui me soucie, mais plutôt celui de la pertinence narrative ! Résultat, après l'étude de ces options, j'en suis revenu à ma première intention, en conservant Paramount et mes chers Hazanavicius. Mais je n'en suis pas satisfait, pour les raisons exposées...
Quel est votre avis ? :-)