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 débats poétiques (sous surveillance)

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Radischat
   
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Radischat  /  Guacamole de radis rouges


Tu as posté plus de 26 000 mots en trois posts (d'ailleurs, le double, triple, quadruple post est interdit dans les conversations pour éviter ce genre de pavé ) ; tu penses vraiment que les gens vont aller lire leur chapitre d'insultes dédiées et continuer tranquillement la discussion ?
C'est bon, tu as remis tout le monde "à sa place" dix fois et de toutes les façons possibles. Il serait temps de passer à autre chose. Écris ta thèse dans les Miscellanées plutôt que de ponctuer ton message d'attaques acides et non avenues. Cette posture est fatigante.
(Le corbeillage n'est pas loin)


Citation :
ARTICLE L132-2 DU CPI : "Ne constitue pas un contrat d'édition, au sens de l'article L. 132-1, le contrat dit à compte d'auteur."


débats poétiques (sous surveillance) - Page 6 Capture_decran_2021-10-24_a_18.21.26
 
Noxer
   
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Noxer  /  Au nom de l'Abeille – Et du Papillon – Et de la Brise – Amen !


Citation :
Ce sont toutes ces formes « d'art » profane, anonymes, populaires, « sauvages ou barbares » et du quotidien qui ne disent pas leur nom, qui n'ont aucune prétention « artistique » qui m'intéressent ici de mettre en avant en élargissant/dynamitant la notion bourgeoise « d'art » qui leur fait de l'ombre.

Je suis d'accord avec une grande partie de ces interventions mais j'aimerais quand même revenir sur des points (dont un qui est central dans ton argumentaire) où tu esquives systématiquement les contre-exemples évidents pour l'intégrité de ton idéologie. Peut-être auras-tu l'occasion de développer en profondeur sur cette question-là, mais je parle de cette idée, visible dans les citations ci-dessous, que tu as d'un "art" sans prétention "artistique". Je pense qu'il s'agit d'un fantasme que d'imaginer que les formes d'art dont tu parles se soustraient un peu comme par magie au monde de l'art et ses phénomènes de domination internes (qui dépassent le cadre de ce qui préoccupe uniquement les bourgeois), sous prétexte que cela a été fait par une classe populaire et que donc c'est plus "vrai" en termes d'intentions. Les intentions que tu prêtes à l'art des classes populaires sont celles de ton idéologie, à moins que tu ne sois dans la tête de tout le monde, j'ai souvent du mal à croire qu'on peut systématiser un discours comme "oups j'ai glissé et j'ai fait de l'art sans y penser", je caricature pour montrer que même si ce dont tu parles ne cherche pas à se légitimer auprès de la bourgeoisie, cela n'empêche pas qu'elle se pose des questions et développe des réflexions qui vont au delà d'une supposée poussée magique d'intention "je fais de l'art vrai parce que je m'en fiche que ça soit diffusé". Par exemple ceci sur le rap :

Citation :
Ni le fait que les « artistes » de rap ne théorisent pas spécialement leur pratique dans le but se positionner et de se valider dans leur champ « artistique » aux yeux d'institutions, de « l'histoire de l'art » ou du « marché de l'art », ils adoptent une écriture et un flow qui correspond à leurs aspirations et à celles d'un public.

Ben si, les rappeurs théorisent quand même pas mal, tiens d'ailleurs, tu as utilisé le mot "flow", tu m'expliques ce que ça veut dire ? C'est justement un terme de théorisation des rappeurs pour leur art ! Alors évidemment que ce n'est pas utilisé pour se positionner machinmachin, mais je crois qu'ici tu es passé à côté de l'argument en pensant que Pasiphae disait cela, alors qu'elle montrait juste que ta position "la théorie et le décodage c'est une affaire de bourgeois" est fausse. C'est simplement que toi quand tu lis théorie et décodage tu lis théorie bourgeoise décodage bourgeois, mais ce sont des pratiques qui existent aussi dans la culture populaire, et on ne disait rien d'autre que cela sur ce sujet (je pense), car c'est pas ouf de faire semblant de l'ignorer et d'attribuer le caractère "bourgeois" à des choses dont tout un chacun se préoccupe à leur manière avec plus ou moins de passion.

Citation :
L'art traditionnel est renvoyé à sa dévaluation en « art pour touristes », art moralement condamnable et méprisable pour eux évidement, puisque s'adressant à des occidentaux en recherche d'exotisme (et eux ont la vertu de ne pas chercher l'exotisme), mais c'est pas grave du tout parce que l'art contemporain africain, lui (le vrai nouveau, le nouveau vrai), montre combien « les africains » sont capables de se « civiliser » à travers l'Art sur le modèle des européens...

C'est cette conception occidentale de l'Art, certes approprié par les autres (et ils ont le loisir c'est pas la question) qui est encore l'objet de leur défense, de leur attention, de leur discours sur « l'art », et pas celle universelle et étendue, celle dont je défends l'intérêt descriptif et qui est portée par l'anthropologie, la seule conception étendue qui puisse résister à la réalité empirique de la diversité culturelle, et lui donner un sens cohérent à travers la notion d'art (si on y tient).

Là pareil, tu passes à côté de l'argument, mais c'est une question difficile... l'art n'est pas moralement condamnable pour les raisons que tu invoques (je sais même pas comment tu arrives à lire ça dans le message de Pasi lol), mais parce qu'il s'inscrit justement dans une logique marchande capitaliste (et participe à une démarche néo-coloniale à dire : voilà ce qui est votre identité, voilà ce qui est votre art traditionnel et pas le reste). Dévaluer l'art pour touristes ce n'est pas dévaluer l'art traditionnel ni rien, c'est se positionner contre cette démarche néo-coloniale... enfin je sais qu'il y a des enjeux plus complexes dans cette position mais je ne suis pas très calé sur le sujet, ça me paraissait juste ouf de lire cette intervention adressée ainsi.

Citation :
C'est à dire que les gens qui les produisent ne pensent pas « faire de l'art » et ne se prennent pas pour des « artistes » au sens où on l'entends aujourd'hui. Et si certains peuvent être des spécialistes de ce qu'ils font, comme dans les sociétés de castes, leur fonction est une fonction sociale particulière et signifiante dans l'ordre symbolique et pas un statut bâtard et fourre tout « d'artiste ».

Donc comment pourraient ils considérer comme sacré une pratique ou un objet qu'on assimile à une notion qui ne fait pas partie de leur vision du monde, de leur mode de pensée ??!

Tu chipotes sur les mots, c'est pas parce que tu réserves des mots entre guillemets à une certaine définition qu'ils se retrouvent dépourvus des autres. Et quand bien même on ne parle pas de la même chose quand on parle d'art sacré et d'art "bougeois-de-maintenant-de-ma-position-du-21-siècle" on est quand même assez intelligents pour faire la différence, et pour discuter de ce qu'il y a de commun ou d'intéressant. Et je me répète mais ça : "C'est à dire que les gens qui les produisent ne pensent pas « faire de l'art »" je pense toujours que c'est un fantasme, la phrase n'est juste que par les sous-entendus que tu lui apposes (à savoir "les gens ne cherchent pas à imiter l'art bourgeois/à se positionner rapport à un champ etc), mais cela n'empêche pas les réflexions de type "je veux créer selon telle démarche" ou de se positionner par rapport à d'autres dans un champ culturel qui n'est pas forcément bourgeois (les rappeurs qui se référencent entre eux par ex, et créent leurs propres représentations). Tu vas peut-être me dire que c'est évident mais j'ai quand même lu assez attentivement ton argumentaire et ton obsession à prouver que la réflexion etc c'est des préoccupations bourgeois efface (et refuse) des réalités de la production artistique que les classes populaires peuvent aussi éprouver.


noxeradmin
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Chamanii
   
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J'ai quand même du mal avec vos histoires de classes dites "bourgeoises", "populaires", etc... (moyennes ?). Bref les rapporter à un mode de pensée et donc de production, ça me paraît hyper réducteur, comme si les gens pensaient tous selon deux ou trois modes. J' imagine que ça se réfèrent à de la sociologie dont j'ignore tout ou presque, mais il me semble qu'il y a des tas de raisons d'atterir dans un champ artistique ou de manière de mettre en valeur sa production ou encore de "penser" sa production. Non ?

Ps: je veux dire, au sein de ces classes, on connaît tous des gens ou groupes de gens qui pensent de manières radicalement différentes...
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Pasiphae
   
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(de toute façon, moi, ce qui m'échappe, c'est qu'on puisse juger "authentique" ou "inauthentique" une pratique dans laquelle des acteurices sont authentiquement engagé·es à des degrés divers, selon une partition morale, étanche et imperméable à la diversité des expériences vécues, comme rappelé par Chamanii) (et puis zut bien sûr que les rappeurs et rappeuses se positionnent dans des champs vécus comme des champs spécifiquement artistiques, les extraits cités en témoignent d'ailleurs suffisamment) (et puis zut, je m'étais juré de ne plus répondre et me suis encore une fois trahie) (même cette façon de penser que les sociétés contemporaines résistent à toute analyse anthropologique, ne sont lisibles que sous le prisme capitaliste / des dominations, que les rôles sociaux qu'elles déterminent et qui y sont vécus sont dépourvus de toute signification symbolique, mais zut quoi ! et à quel moment cette impureté se met en place ? il n'y a pas plus élitiste que l'art des troubadours, c'est donc de l'art inauthentique, déjà au XIIe siècle ? c'est quoi, du coup, une société pour laquelle la catégorie "représentation symbolique" serait authentique ? ça existe seulement ?)

edit : j'en profite pour plussoyer l'intervention de Radischat. Il s'agit d'un point formel, mais d'un point de règlement tout de même, il sera donc préférable à l'avenir de 1. s'en tenir à un simple post 2. bannir toute attaque plus ou moins implicite à l'égard des autres membres


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Keanu
   
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Keanu  /  Pour qui sonne Lestat


J'aimerais vraiment participer, mais je comprends de moins en moins le débat ou le désaccord confused (j'essaie vraiment pourtant)
J'ai juste compris qu'Aomphalos ou Prototruite essayait de mettre un peu de de Certeau dans le Bourdieu de Nuage-Rouge. Et encore je dis ça juste histoire de faire une petite formule avec des références vagues.
Tout le monde a l'air fatigué, mais si quelqu'un a la motivation et l'esprit de synthèse nécessaires pour m'expliquer...
 
Pasiphae
   
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Pasiphae  /  Truquage geniphasien


Il n'y a pas de désaccord de fond... c'est le pire Laughing


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Salima Salam
   
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Pour recentrer la discussion, je me permets de ressortir de la corbeille un extrait d'un commentaire de Nuage Rouge.

Nuage Rouge a écrit:
Donc soit :
1) on donne une définition très large de l'art qui permet d'ouvrir la notion à des productions esthétiques et techniques pour rendre compte d'une dimension universelle, mais du coup il faut être prêt à renoncer à une conception ethnocentrée et restrictive de "l'art", il faut l’appréhender seulement comme un développement d'une dimension, d'une intention, d'une attention esthétique particulière DANS la Culture, dans TOUTES les cultures. Quelque soit la forme de cette attention/intention. Et la question du sens n'a plus lieu d'être parce que la culture n'a pas besoin de travailler sa forme pour produire d sens, elle le porte en toute forme, esthétique ou non.
2) On s'attache à une définition historique et située de l'art, et on arrête de tout mélanger, de faire des parallèles ethnocentristes et anachroniques, on assume et on étudie "l'art" non pas seulement comme un idéal philosophique mais dans les dimensions matérielles et symboliques des organisations et institutions qui en organisent la conception, la promotion, la production et la consommation.
Ca veut dire en revenir à l'analyse des rapports socioéconomiques et politiques qui s’articulent autour des pratiques de "l'art" légitime/marchand et notamment la question des ressources consommées dans "l'art" et la question de qui a droit d’accéder aux ressources matérielles et symboliques mises en jeu dans le marché de l'art (et son marché du travail) sous condition d'être reconnu comme "artiste" légitime. Et qui en est exclu.  Qui décide de l'art légitime qui ouvre droit à une reconnaissance sociale et une rétribution matérielle. Qui a intérêt à définir ce qui est de "l'art" et ce qui n'en est pas, pourquoi, pour qui ?
Tout un programme autrement plus casse tête et politique que l’autosatisfaction de contempler à quel point "l'art" est une force mystique qui "fait du lien", entendre : "qui fait du bien".

(Le reste du commentaire était aussi très instructif, à consulter dans le sujet zzz dans la corbeille).

Donc la deuxième option conduit à une discussion politique, mais la première non. Et je suis bien sûre que ni l'une ni l'autre ne peuvent aboutir à une réponse définitive, donc à la définition absolue. Mais quand même, on peut s'en approcher, déjà en suivant une méthodologie scientifique.

Je trouve très difficile de réfléchir au sens absolu, parce qu'il faut être conscient et se défaire de toute idée reçue sur l'art et sur la société dans laquelle on vit et où on a intégré une définition relative de l'art. Donc ce serait bien d'avoir répondu à l'approche no 2, puis réussir à s'en détacher pour atteidre le sens de 1.

Et si on y arrive, finalement on échoue devant le concept lui-même, qui est volatile.

Pour moi, l'art c'est le résultat quand l'artiste laisse s'exprimer la part non matérielle qui le compose, càd l'âme. Mais je comprends tout à fait que cette approche ne soit pas partagée et je ne chercherai sûrement pas à convaincre quiconque.
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josephcurwan
   
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Pasiphae a écrit:
Il n'y a pas de désaccord de fond... c'est le pire Laughing

bouarf !
 
Ozone
   
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Cependant, s'approprier de la poésie comme objet politique par son objet culturel, c'est mettre en jeu sur la table, comme a bien mentionné NuageRouge avec Descola, de la recherche d'un nouveau débat à dépasser sur la perception d'un dualisme entre la culture et la nature. La poésie est perçue d'abord comme convention sociale. Pourquoi pas de réfléchir sur ce que peut apporter la poésie pour des enjeux politiques actuels ou futur plutôt de l'inverse. :flower:

Par exemple, j'aime beaucoup l'idée que la poésie puisse être un art profane. Que c'est un art indépassable pour l'homme et le capitalisme, car sa nature y est difficilement transformable et inapproprié à une propriété culturelle.
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Érème  /  /quit


Keanu a écrit:
J'ai juste compris qu'Aomphalos ou Prototruite essayait de mettre un peu de de Certeau dans le Bourdieu de Nuage-Rouge. Et encore je dis ça juste histoire de faire une petite formule avec des références vagues.

Je connais de Certeau de nom et parce que j'ai un livre qui infuse dans ma bibli depuis mille ans. Il dit quoi ?


Des poèmes et ici un endroit pour les commenter.
une chaîne youtube
un album de musique
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Salima Salam
   
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ozone a écrit:
Par exemple, j'aime beaucoup l'idée que la poésie puisse être un art profane. Que c'est un art indépassable pour l'homme et le capitalisme, car sa nature y est difficilement transformable et inapproprié à une propriété culturelle.


Si j'ai bien compris ton intervention, tu te demandes si et comment l'art peut être récupérer par la politique ou l'économie. En effet, peut-être que l'art véritable ne serait pas être exploitable sans se dénaturer, et dès qu'utilisé dans un but de mercantile ou idéologique, il perdrait sa nature d'art, mais je pense cette théorie un peu trop poussée, à ce train on finirait par conclure que l'art n'existe pas.
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ozone a écrit:
Par exemple, j'aime beaucoup l'idée que la poésie puisse être un art profane. Que c'est un art indépassable pour l'homme et le capitalisme, car sa nature y est difficilement transformable et inapproprié à une propriété culturelle.


Si j'ai bien compris ton intervention, tu te demandes si et comment l'art peut être récupérer par la politique ou l'économie. En effet, peut-être que l'art véritable ne serait pas être exploitable sans se dénaturer, et dès qu'utilisé dans un but mercantile ou idéologique, il perdrait sa nature d'art, mais je pense cette théorie un peu trop poussée, à ce train on finirait par conclure que l'art n'existe pas.
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ma contribution au débat :

 
Pasiphae
   
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Pasiphae  /  Truquage geniphasien


Les pratiques artistiques ne se sont dépolitisées qu'au XIXe siècle, avec la montée en puissance du modernisme. "L'art" comme sphère supposément étanche au reste des pratiques sociales, ce n'est qu'un hapax au regard de l'histoire culturelle occidentale !

Sinon, pour donner du grain à moudre, quand j'essaie de dire, maladroitement et depuis un bout de temps, que l'art essentialisé, Nuage-Rouge, que tu évoques, est une invention de la modernité européenne, je suis en train de lire un excellent bouquin de Pascal Mougin qui l'explique bien mieux que moi, en voici un extrait (on peut ne pas souscrire à la seconde partie de son argumentation, mais la première me semble éclairante) :
Citation :
De ce fait, la modernité déclasse les pratiques symboliques qui auraient prétention au statut d'art, de littérature ou de culture sans atteindre au même degré d'exigence [il montre précédemment que ces champs artistiques commencent dès le début du XIXe siècle à se doter d'une réflexivité sur leur propre médium, en rejetant en-dehors de leur sphère toute question sociale]. La modernité invente ainsi, au nom de l'art et de la littérature véritables préposés à l'élaboration des vérités universelles à destination d'un public virtuellement illimité, la hiérarchie de la légitimité entre des cultures qui se répartissaient jusqu'alors sans concurrence – quoique de manière fondamentalement inégalitaire, étanche et figée –, dans des sphères et à travers des formes de sociabilités spécifiques – cours, salons, paroisses, villages, confréries, communautés ouvrières, féminines, etc. La modernité ne fait pas disparaître ces pratiques, mais les place en bas d'une hiérarchie nouvelle établie au nom de ses propres valeurs et les condamne à l'invisibilité dans un espace public officiel organisé autour d'une culture dominante censément universelle et ouverte à tous.
Elle n'aura de cesse, dans sa version la plus progressiste, de raccommoder cet écart en déclarant, plus ou moins de bonne foi, la vocation universelle de la culture la plus légitime. Ce discours, porté par l'institution scolaire républicaine, est non seulement contradictoire avec les intentions premières d'une grande partie des producteurs de la culture en question, mais il a pour effet d'accentuer un peu plus la relégation des autres cultures en les oubliant des programmes. Si l'école républicaine promet à tous les bénéfices de la culture dominante, suscite chez les meilleurs éléments l'ambition d'une ascension sociale par l'adoption de ses codes, leur donne même les moyens de satisfaire cette ambition et offre en cas de succès les gratifications afférentes, ce n'est qu'au prix, pour les bénéficiaires concernés, d'un écartèlement difficilement vécu avec le monde natal et, pour les laissés pour compte du modèle, d'une sentiment d'exclusion dont la société tout entière pourra faire les frais.
La France est particulièrement concernée par le phénomène. Plus qu'ailleurs, comme l'analyse Bourdieu, la culture reste le "lieu de toutes les sublimations" et le "fondement de toutes les distinctions". Alors que la société anglaise est historiquement la plus cloisonnée de toutes les sociétés européennes, l'université anglaise s'intéresse à la "culture du pauvre" dès 1957 et invente au même moment les cultural studies avec Richard Hoggart, Raymond William et Stuart Hall, lequel fait prévaloir la négociation et l'opposition culturelle à côté des tendances hégémoniques de la culture dominante. L'université française ne s'ouvrira aux études culturelles qu'au moins trente ans plus tard, sans jamais vraiment renoncer au modèle de la domination. Aux États-Unis, la situation est originellement l'inverse de celle de la France : la culture "vernaculaire", constitutive de l'imaginaire national, fait l'orgueil du pays.

Pascal Mougin, Moderne/contemporain. Art et littérature des années 1960 à nos jours, 2019


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t'es qui toi ? Laisse nous nous disputer tranquillement si on a envie, personne ne s'oblige mutuellement ici:



Parenthèse "bourgeoisie"/"classes populaires : Pour ceux et celles qui ne comprennent pas pourquoi on parle de société bourgeoise et de classes/strates sociales (c'est surement le plus important s'il y avait une seule chose à retenir de mes propos, une querelle sur "l'art" étant dans l'analyse générale bien bien secondaire à ces fondations matérialistes héritées de la pensée/culture marxienne, philosophique, sociologique, anthropologique, politique)" :



Noxer, (merci à toi de t'engager véritablement sur le fond et de développer tes reproches):

C'est marrant parce que j'imagine que sur des questions comme le racisme ou le sexisme, qui concernent également des représentation collectives véhiculées par l'idéologie dominante, vous n'auriez aucun mal à entreprendre la critique de l'influence bourgeoise sur ce type de représentations et comportements dans les classes populaires, mais sur les questions d'art et de culture ça semble très compliqué ! … Levons peut-être un peu le nez du tableau...



Pasiphaé (edit : merci à toi également de revenir sur le fond avec des éléments concrets de réflexion, j'y réponds avant tout le reste)

Citation :
« De ce fait, la modernité déclasse les pratiques symboliques qui auraient prétention au statut d'art, de littérature ou de culture sans atteindre au même degré d'exigence [il montre précédemment que ces champs artistiques commencent dès le début du XIXe siècle à se doter d'une réflexivité sur leur propre médium, en rejetant en-dehors de leur sphère toute question sociale]. La modernité invente ainsi, au nom de l'art et de la littérature véritables préposés à l'élaboration des vérités universelles à destination d'un public virtuellement illimité, la hiérarchie de la légitimité entre des cultures qui se répartissaient jusqu'alors sans concurrence – quoique de manière fondamentalement inégalitaire, étanche et figée –, dans des sphères et à travers des formes de sociabilités spécifiques – cours, salons, paroisses, villages, confréries, communautés ouvrières, féminines, etc. La modernité ne fait pas disparaître ces pratiques, mais les place en bas d'une hiérarchie nouvelle établie au nom de ses propres valeurs et les condamne à l'invisibilité dans un espace public officiel organisé autour d'une culture dominante censément universelle et ouverte à tous. »
Oui ok, merci à toi pour cet élément, il me paraît très intéressant.

Citation :
Elle n'aura de cesse, dans sa version la plus progressiste, de raccommoder cet écart en déclarant, plus ou moins de bonne foi, la vocation universelle de la culture la plus légitime. Ce discours, porté par l'institution scolaire républicaine, est non seulement contradictoire avec les intentions premières d'une grande partie des producteurs de la culture en question, mais il a pour effet d'accentuer un peu plus la relégation des autres cultures en les oubliant des programmes.
Là encore c'est très clair, je n'airais su trouver meilleure synthèse.

Citation :
Si l'école républicaine promet à tous les bénéfices de la culture dominante, suscite chez les meilleurs éléments l'ambition d'une ascension sociale par l'adoption de ses codes, leur donne même les moyens de satisfaire cette ambition et offre en cas de succès les gratifications afférentes, ce n'est qu'au prix, pour les bénéficiaires concernés, d'un écartèlement difficilement vécu avec le monde natal et, pour les laissés pour compte du modèle, d'une sentiment d'exclusion dont la société tout entière pourra faire les frais.
Toujours aussi limpide.

Citation :
La France est particulièrement concernée par le phénomène. Plus qu'ailleurs, comme l'analyse Bourdieu, la culture reste le "lieu de toutes les sublimations" et le "fondement de toutes les distinctions". Alors que la société anglaise est historiquement la plus cloisonnée de toutes les sociétés européennes, l'université anglaise s'intéresse à la "culture du pauvre" dès 1957 et invente au même moment les cultural studies avec Richard Hoggart, Raymond William et Stuart Hall, lequel fait prévaloir la négociation et l'opposition culturelle à côté des tendances hégémoniques de la culture dominante. L'université française ne s'ouvrira aux études culturelles qu'au moins trente ans plus tard, sans jamais vraiment renoncer au modèle de la domination. Aux États-Unis, la situation est originellement l'inverse de celle de la France : la culture "vernaculaire", constitutive de l'imaginaire national, fait l'orgueil du pays.
Oui ok. Il y a le prisme assimilationniste vs le prisme multiculturaliste qui différencie ces sociétés à partir de 2 stratégies coloniales différentes.
Mais on pourrait ajouter p-e que le rapports aux « Autres » et notamment à leurs valeurs culturelles reste un rapport de domination dans les 2 cas.
L'assimilation postule la possibilité de faire de l'Autre un soi-même, dans une négation de l'altérité, pour qu'il serve les intérêts « civilisateurs », impérialistes et bourgeois en y adhérant, alors que le multiculturalisme postule qu'à travers l'acceptation et la compréhension de l'altérité, on peut l'instrumentaliser, lui proposer une place, on peut s'en faire une alliée en faveur des intérêts impérialistes et bourgeois. La stratégie est différentes mais les intérêts sont les mêmes et c'est le même ordre de domination qui finit par s'imposer aux sociétés dominées par les empires coloniaux. L'acceptation de la diversité culturelle peut se lire comme une monnaie d'échange à se soumettre à un nouvel ordre politique et économique, bourgeois et impérialiste. Néanmoins d'un point de vue identitaire, c'est un viol colonial en moins, p-e...

Sur le reste et les détails:

Mais je n'ai rien à redire à ton dernier apport qui est super intéressant, à part merci, et dont je vais même mettre de côté le contenu.




Salima,
Citation :
Donc la deuxième option conduit à une discussion politique, mais la première non.
Oui c'est vrai, parce que la première vise la description scientifique, qui a pour effet involontaire de relativiser la première, la première étant un pilier de l'ordre social bourgeois. En reconnaitre la relativité et en affaiblir les fondements absolus, mythiques, c'est immanquablement politique.

En relisant ce passage je m’aperçois que j'ai corrigé par la suite, après lectures, une dimension ethnocentrée de mon propos qui insistait sur la dimension "esthétique" de l'art, alors que de ce que j'ai compris, ce n'est pas vraiment une préoccupation si on cherche une acception étendue. C'est plutôt le fait de trouver un moyen de représentation symbolique, à travers une forme, qui est à l’œuvre dans l'art, le fait de la trouver belle ou non, de s'intéresser à cette question du « beau », étant purement subjectif et relatif. C'est le sens véhiculé par la représentation pour un groupe qui fait p-e une différence avec le sens tout court qui est porté par tout contenu culturel.

Une statuette représente, entretient un rapport symbolique avec le réel, comme une image littéraire dans un texte, alors qu'un outil quelconque par exemple, objet de culture matérielle, ne fais pas sens en ce qu'il représente quelque chose du réel, mais en ce qu'il vise, pour celui qui le fabrique et/ou l'emploi, à agir sur le monde suivant un certain mode de vie et une certaine vision du monde, ce qui fait sens. La question du sens dans la culture n'est pas réductible à l'art, en ce que l'art n'est pas le seul vecteur de sens, mais l'art entretient sûrement un rapport particulier au sens à travers les moyens de représentation symbolique auxquels on peut l'assimiler.



Citation :
inapproprié à une propriété culturelle
haha
Citation :
La poésie est perçue d'abord comme convention sociale. Pourquoi pas de réfléchir sur ce que peut apporter la poésie pour des enjeux politiques actuels ou futur plutôt de l'inverse.
Oui très bien dit je trouve.

Citation :
J'ai juste compris qu'Aomphalos ou Prototruite essayait de mettre un peu de de Certeau dans le Bourdieu de Nuage-Rouge
ca doit sûrement être un peu vrai même si je ne suis pas aussi érudit que Keanu pour saisir cette image à sa juste valeur.



..........Gainsbarde:
 
   
    
                         
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