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| | débats poétiques (sous surveillance) | |
| | Nombre de messages : 4423 Âge : 55 Localisation : Paris Pensée du jour : Three blinds rabbits. Date d'inscription : 05/11/2017 | Jdoo / L'ivre de la jungle Lun 7 Nov 2022 - 16:24 | |
| oui j'ai lu le temps scellé, et je suis tellement à l’opposée de tout ce qu'il dit. Quelque part, je comprend que Tchaïkovski est un platoniste (donc idéaliste réaliste) Il se trouve alors dans une quête du beau, ou beau = vérité, un beau/vérité qui serait hors de nous. Pour moi il n'y a rien de moins vrai (si j'ose dire). C'est peut être pour ça que je n'apprécie pas son cinéma (même si je dois reconnaître que ce qu'il fait est intéressant). J |
| | Nombre de messages : 132 Âge : 50 Localisation : Paris 20 Date d'inscription : 04/08/2022 | josephcurwan / Barge de Radetzky Lun 7 Nov 2022 - 22:23 | |
| | Nombre de messages : 111 Âge : 44 Date d'inscription : 25/06/2022 | Salima Salam / Barge de Radetzky Mar 8 Nov 2022 - 9:42 | |
| Joseph, Hmm, après 2h d'immersion j'émerge des cinq pages de ce topic. Je viens de comprendre que c'est une discussion politique, et moi qui croyais qu'il s'agissait de littérature et de poésie. Alors j'ai beaucoup apprécié l'argumentation de Nuage Rouge sur de nombreux points. Je trouve très apaisant (pour mes exigences intellectuelles sur l'énonciation d'un argument) sa façon de progresser dans la discussion. Par contre, je suis sûre de ne pas vouloir participer plus longtemps, je n'y apporterais rien de constructif. Et j'ai téléchargé le pdf du Temps scellé, dans l'espoir de trouver le temps de le lire.
Dernière édition par Salima Salam le Mar 8 Nov 2022 - 16:40, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 4423 Âge : 55 Localisation : Paris Pensée du jour : Three blinds rabbits. Date d'inscription : 05/11/2017 | Jdoo / L'ivre de la jungle Mar 8 Nov 2022 - 15:42 | |
| Tu as raison, si tu ne veux pas parler de politique, autant ne rien dire, ou alors parler de la pluie et du beau temps. J'imagine que ce post se voulait apolitique, mais quoi qu'on en dise la politique finit toujours pas pointer le bout de son nez (et quoi de plus normal que cela arrive sur un forum). Après l'art sert toujours plus ou moins une idée, une idéologie ou autre soupe, et pourquoi non finallement ? Même quand elle se veut non engagé, ça dit aussi quelque chose, qui peut se permettre de produire des œuvres non engagées et apolitiques ? Par contre là où je suis gêné dans la discussion, c'est que d'aucun veuille absolument nous faire croire que l'art serait l'apanage de la haute bourgeoisie, et qu'à ce titre elle serait à abolir, (car c'est bien de ça qu'il est question, fermer les théâtres, les musées, etc, sans bien sûr y avoir jamais foutu les pieds, j'imagine, au prétexte que ce serait des marqueurs exclusifs de la haute bourgeoisie). Et ça je trouve que c'est juste banalement faux. |
| | Nombre de messages : 109 Âge : 32 Date d'inscription : 21/10/2022 | Pèlerine / Barge de Radetzky Mar 8 Nov 2022 - 18:58 | |
| - Jdoo a écrit:
- Après pour ce que tu as subit, les dictats de la norme, j'en ai bien conscience (encore qu'il faut qu'il y ait des gens comme toi pour me le dire, étant de fait du "bon" coté de la barrière). Mais je pense justement que la contestation de ce dictat peut aussi se faire par des expressions artistiques (c'est du reste ce qui se fait).
La contestation de ce dictat peut se faire par des expressions artistiques (même si j’ai l’impression que ce qui donne de la légitimité aux expressions artistiques « alternatives », c’est l’intérêt des bonnes autorités pour elles, celle des bourgeois pour l’ « exotisme » (quel mot horrible). Sinon ce qui, selon-moi, fait la qualité d’un texte poétique, c’est la sincérité qui en émane. Au-delà des codes de la « finesse ». J’essaie de remettre en question mon formatage scolaire, mon mépris de classe intériorisé et d’accueillir un poème de skyblog avec le même sérieux qu’un poème reconnu. - Citation :
- Alors j'ai beaucoup apprécié l'argumentation de Nuage Rouge sur de nombreux points. Je trouve très apaisant (pour mes exigences intellectuelles sur l'énonciation d'un argument) sa façon de progresser dans la discussion.
+1 Et j’ai pu nommer et conceptualiser beaucoup de choses vécues concrètement grâce à lui. (Jdoo en parlant d’expo, il y en a une gratuite en ce moment à Paris sur le Street-Art, si ça te tente) |
| | Nombre de messages : 4423 Âge : 55 Localisation : Paris Pensée du jour : Three blinds rabbits. Date d'inscription : 05/11/2017 | Jdoo / L'ivre de la jungle Mar 8 Nov 2022 - 19:10 | |
| oui c'est sûr qu'il y a ces aprioris paternalistes et post-coloniale vis à vis de la culture que l'on considère comme "exotique/authentiques". Mais je pense que là aussi il y a une réflexion et une protestation de ces artistes qui justement ne demandent qu'une chose c'est d'être considéré comme artiste tout court et non pas comme artiste authentique Africain etc. Et ça, ça s'entend.
Ce que moi je veux dire c'est qu'on ne peut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. En ce sens je n'apprécie pas du tout les arguments de celui que vous appréciez (mais je veux bien respecter tous les points de vue). Il me semble qu'il a une position radicale sur l'art, qui me fait personnellement froid dans le dos. |
| | Nombre de messages : 111 Âge : 44 Date d'inscription : 25/06/2022 | Salima Salam / Barge de Radetzky Mer 9 Nov 2022 - 0:00 | |
| Jdoo, vraiment je ne voulais pas, mais c'est ta faute, tu m'incites à l'insu de mon plein gré, et du tien peut-être, qui sait, et je continue à papoter un peu. Mais si un modérateur passe par là et que ça lui plaît pas, je dirai que c'est ta faute et que c'est toi qu'il doit censurer et gronder. Voilà pour les prémices. Ensuite, si vous, les intervenants, vous êtes fermement décidés à vous entre-déchirer, bon, faites-le, c'est votre affaire. Mais s'il y a une possibilité d'écoute mutuelle, alors je voudrais dire le suivant.
Oui, la position de Nuage Rouge est radicale, c'est pourquoi elle me plaît. Je ne pense pas qu'elle doive te faire froid dans le dos, parce qu'elle n'est pas l'expression d'une menace du monde dans lequel tu vis, elle est l'expression d'un être pensant et libre. Elle ne menace pas, parce qu'elle n'est pas en passe d'être mise en pratique, c'est la pensée d'une minorité qui n'a pas de pouvoir décisionnaire en France. C'est donc de la théorie pure. Et puisqu'elle est théorie pure, elle peut et doit se permettre d'être radicale. À quoi servirait une demi pensée, une demi analyse, un quart de remise en question, un soupçon de critique. Tu te dis peut-être : mais quel être rejette à ce point toutes nos valeurs ? Tu crains peut-être la haine ou le mépris de ton interlocuteur. Ces craintes seraient infondées. Nuage Rouge énonce une théorie, il ne s'agit pas d'attaques personnelles. Peut-être une critique de la nature humaine, qui a tendance à s'agglomérer en masses compactes au détriment de minorités, je ne sais pas. Et donc ce qui me plaît ici, c'est cette façon de bouleverser les présupposés, les habitudes de pensée, le confort des systèmes établis, etc. Je trouve fascinant de remettre en cause les bases, de vérifier les axiomes, c'est à mes yeux le fait d'un esprit puissant et libre. Jdoo, tu pourrais faire une simulation, te laisser emporter par cette idée et imaginer le monde comme il pourrait être, c'est grisant, tout nouveau, avec d'infinies possibilités. D'ailleurs, je ne sais pas d'où tu as pris la crainte de la fermeture de tous les lieux de culture, je crois que tes craintes te l'ont fait imaginer, moi je n'en ai pas vu trace. L'idée, c'est simplement que les canons de l'art et de la culture sont dictés par une classe, appelée ici bourgeoisie, et cette classe ayant la suprématie financière, commerciale et militaire sur le reste de l'humanité, a imposé ses vues comme les seules possibles, et s'est organisée de façon à vivre et faire vivre l'art et la culture selon son dictat. Nuage Rouge dit que l'art et la culture sont infiniment plus que ce qu'on trouve dans les lieux culturels, art et culture émanent des individus, familles, peuples, nations. Ils intègrent des éléments de l'individu et de la société, ils sont vécus, vivants et à vivre. Ils ne demandent pas à être monnayés en tickets d'entrée. Que les musées perdurent, mais qu'on les remette à leur place, càd des lieux élitistes faits pour satisfaire des goûts élitistes à la manière d'une disco où les videurs selectionnent à l'entrée, et pas comme LE lieu incontournable pour qui veut prétendre à une élévation de l'esprit et de l'âme.
Bon, à coup sûr j'ai un peu brodé, ce que j'ai écrit ne doit pas être tout à fait la pensée de Nuage Rouge, mais c'était juste pour t'enkever les craintes, Jdoo.
Quant au sujet, je suis sûre qu'il était à visées politiques. Juste, moi je l'avais pris au vol et je trouvais l'intervention de Joseph très poétique. |
| | Nombre de messages : 4423 Âge : 55 Localisation : Paris Pensée du jour : Three blinds rabbits. Date d'inscription : 05/11/2017 | Jdoo / L'ivre de la jungle Mer 9 Nov 2022 - 1:44 | |
| c'est un forum, pour moi c'est normal que ça pince tout de même un peu dans les discussions. La parole ne peut pas être neutre. Et si ça finit à la benne et bien tant pis.
Ça me fait froid dans le dos, car quoique tu puisses dire il y a une banalisation de la parole qui déprécie l'art et la culture (et même la science bien que ça ne soit pas le sujet ici). Et le discours de ce monsieur y participe grandement. Nous sommes dans un pays où un candidat aux élections présidentielles dit de façon complètement décomplexée qu'il torpillera le service public s'il est élu, car c'est un repère de gauchiste (il a fait 7% à la présidentielle). On est en présence d'individus qui ne se contente pas de ne pas être d'accord avec l'autre, mais veut aussi le détruire. Et oui ça me glace.
La personne que tu cites est clairement contre l'art dit "établi". Il fait du reste mine de croire que l'art est le seul apanage de la haute bourgeoisie, c'est faux. Vous faites aussi mine de croire que le théâtre et les musées ne se remettent pas en question et que sur le sujet, ils sont toujours coincés dans les paradigmes des années 60. C'est faux. Certains (Peter Brook, Ariane Mouchkine, et d'autre qui ont sur le sujet plus que péter les axiomes) ne vous ont pas attendu pour faire les remises en question qui de toute façon s'imposaient et je crois qu'en matière d'esprit libre, notre nuage ne soit pas vraiment à leur hauteur (avis personnel, si on veut parler de gens fascinants). Et c'est ça aussi que je reproche, c'est cette ignorance totale d'un milieu qu'il ne connait pas et qu'il ne veut pas connaître, car il le méprise et qu’évidemment notre grand esprit libre se permet de critiquer.
Il faut tout de même rappeler que pour lui toute production artistique doit être gratuite, pour lui on peut piller les œuvres sans complexe (ben oui, puisque c'est bourgeois), au mépris total des artistes qui en sont les créateurs. Il l'a dit dans une autre discussion de façon complètement décomplexée, m'ayant fait remarquer, après que je lui ai dit que ce n'était pas correct, qu'il était en matière de moral au-dessus de ça. Comme c’est pratique, n’est-ce pas ? Oui, je vais faire une simulation de ce que ça pourrait être, et franchement imaginer ce genre de monde, non merci très peu pour moi.
Que l'art et la culture ne se résume pas aux cinémas, aux théâtres, aux musées, je pense que c'est un lieu commun de le dire, franchement c'est prendre un peu les gens pour des bananes d'en faire la remarque. Qui a intérêt à museler et mépriser les artistes ? Répondre à cette question et on saura à qui on a affaire. Enfin ça me fait froid dans le dos, car c'est un Robespierre en culotte courte, un redresseur de torts, et un avide de pureté et de justice. Il a beau jeu de dénoncer les dogmes des autres alors que son seul but c'est d'imposer les siens. Et donc oui ce genre d'individu me met très mal à l'aise et me colle de sueurs froides.
tcho ! |
| | Nombre de messages : 111 Âge : 44 Date d'inscription : 25/06/2022 | Salima Salam / Barge de Radetzky Mer 9 Nov 2022 - 2:11 | |
| Tchao de même, il est vraiment temps pour moi, je désapprouve le ton, j'emporte un air de liberté soufflé par Nuage Rouge et je vais écrire un roman ou une trilogie, je sais pas encore, mais un truc bien en tout cas. A la revoyure sur un autre topic ! |
| | Nombre de messages : 4423 Âge : 55 Localisation : Paris Pensée du jour : Three blinds rabbits. Date d'inscription : 05/11/2017 | Jdoo / L'ivre de la jungle Mer 9 Nov 2022 - 15:24 | |
| Ha ! tiens ? tu désapprouve le ton ? c'est curieux ça, explique moi alors comment peux-tu supporter les messages de ton idole qui sont systématiquement méprisants, hautains, paternalistes à la limite de l'insulte, ce qui soit dit en passant sont ses principaux arguments et que là il te prend des pudeurs réthorique? Tu ne fais tout de même pas partie de cette catégorie de gens qui accepterais qu'on fasse aux autres ce que lui même ne supporterais pas ? Un vent de liberté à sens unique apparemment. Tcho ! |
| | Nombre de messages : 132 Âge : 50 Localisation : Paris 20 Date d'inscription : 04/08/2022 | josephcurwan / Barge de Radetzky Mer 9 Nov 2022 - 19:26 | |
| >>>c'est un Robespierre en culotte courte>>>
il y a de ça, mais tout ce qu'il dit n'est pas stupide. par exemple il a raison de dénoncer le concept de méritocratie, ou "réussite au mérite pout tous", qui n'est qu'une forme déguisée de darwinisme social généralisé. |
| | Nombre de messages : 4423 Âge : 55 Localisation : Paris Pensée du jour : Three blinds rabbits. Date d'inscription : 05/11/2017 | Jdoo / L'ivre de la jungle Mer 9 Nov 2022 - 20:27 | |
| Peut être, et encore là aussi je ne pense pas que tout le monde soit pour un darwinisme social ou une méritocratie à tout crin, donc en plus de défoncer des portes ouvertes et de faire des généralités boiteuses on peut surtout se demander quel est le rapport avec un débat sur la poésie ? Arrivé là moi je vais dénoncer l'inaction pour la lutte contre le réchauffement climatique, et aussi la maltraitance des animaux dans les abattoirs, et puis je sais pas quoi, si c'est pour dénoncer des trucs, ça on peut le faire et j'aurais peut être raison sur ces points là, mais au final quel rapport ? La vérité c'est qu'il fait des moulinets pour faire diversion, tout en taxant de façon unilatérale les autres de tomber dans des hors sujet. Sa tactique étant de charger l'art, les artistes de tous les maux de la terre pour pouvoir établir un propos biaisé dans la plus totale des mauvaises fois. |
| | Nombre de messages : 174 Âge : 32 Localisation : 00.000.00.0 Pensée du jour : « Il n'y a pas une tête lucide entre deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n'être pas les deux. » Date d'inscription : 22/07/2021 | Nuage-Rouge / Tycho l'homoncule Mer 16 Nov 2022 - 8:33 | |
| - Citation :
- (…)
[Virus] Peu d'chances qu'on discute Si ta mère elle peint ou que ton père il sculpte À bien y réfléchir, je nous préfère incultes Impressionné ? Tout c'que t'as lu, on l'a vécu J'suis passionné, j'écoute les dialogues dans un film de cul C'est pour calmer tes (h)ardeurs qu'on t'inculpe Pour ce doigt tendu qu'on t'a rendu au quintuple Sensible en fonction des malheurs qu'on t'inculque Ce fils de pute, obligé, fallait bien q'quelqu'un l'bute Du coup, j'ai loupé l'début Le talent n'est-il pas d'bien cacher l'fait qu'on en soit dépourvu Non vraiment, c'qui nous r'pousse, au-d'là du tarif C'est l'public que ça touche C'est quand même chelou d'voir toujours les mêmes teu-tés dans une maison pour tous (V'la les gueules) J'ai bien tenter d'parler avec eux Ça m'rappelle l'anglais, quand j'dis "oreille", on comprend "cheveu" Ils ont ce don d'te faire sentir qu'ils sont chez eux Que "ah bah non, désolé, y a plus d'chaise" Dans leur salle, que des amplis Marshall, aucune MK2 Ils servent à qu'dalle comme une oeuvre d'art À moins qu'tu montes un groupe avec un gratteur, un raciste et un bâtard Bref, on les baise dans nos plus belles strophes D'façon, j'y connais rien, mes albums préférés sont des best-of C'est dans la rue qu'on fait les meilleurs cocktails Ce soir, c'est décidé, j'irai brûler le centre culturel
[Casey] Les bons points, les mauvais, les anciens, les nouveaux Les alliés, les rivaux, ta note, ton niveau Comment y arriver ? J'ai souvent dérivé J'étais rarement devant, j'apprenais en coup d'vent On était leur trophée, ils voulaient nous sauver Etoffer leur CV mais repartaient en courant J'étais souvent bourrée et puis mal entourée Heureusement que ma mère m'attendait au tournant Et pour moi les tourments, c'était d'aller courber La colonne, c'est pas grave si je sèche la journée Je déconne, tu m'étonnes des crasses sur le carnet Je veux me faire cette conne qui me mets un harnais Mon image est ternie, j'ai pas l'droit au vernis On m'a mal éduquée, je me crois tout permis Pendant que ces chiennes et ces bâtards somnolent Ce soir, je brûl'rai mon ancienne école (…)
Asocial Club "Ce soir, je brûlerai..." Voilà en préambule, pour les aveugles, malhonnêtes ou inconscients qui ne voient pas le lien entre art / culture / école, rapports de domination à travers la culture et l'école, rapports idéologie dominante/bourgeoise et « contre-cultures ». d'ailleurs c'est pas un hasard si dans ce morceau, les 3 institutions attaquées par ces fines plumes sont « la boite » (l'entreprise), le centre culturel (une certaine vision/politique de « la culture ») et l'école (censée conduire, adapter, assimiler les individus à l'entreprise à travers une certaine culture, scolaire). Ce sont trois piliers institutionnels de l'ordre social bourgeois et de sa reproduction. Par ailleurs, certains prétexteraient que ces rappeurs sont des « artistes », que ce texte est donc une « œuvre d'art », et que ses auteurs ne sont pas pour autant « bourgeois ». je développerai longuement plus loin à quel point cette réflexion est à côté de la plaque, manque totalement le fond de mon propos. Mais il suffit de constater que dans le sens commun, « œuvre d'art » ne recouvre pas la définition étendue et critique pour laquelle je plaide, mais bien une conception restrictive bourgeoise. C'est pourquoi d'ailleurs, le rappeur, « l'artiste » diront certains avec les mots de la modernité (ou de la bourgeoisie), écrit bien : « Ils servent à qu'dalle comme une oeuvre d'art » et il ne parle pas de la sienne !
Maintenant j'en fini de cracher ma soupe à la face d'une certaine conception de l'art et son monde, proprement prétentieuse, élitiste, mercantile et coloniale, et pas aux « arts » dans leur dimension universelle, anonyme, populaire ou « traditionnelle », pour lesquels la notion moderne « d'art » n'a pas grande signification ni grand intérêt. Avant tout je dois dire que je suis surpris que certains membres du forum qui possèdent des informations personnelles et privées sur d'autres, ou relatives à leur background (notamment concernant Ph, Jasmin), soit-ils sous pseudonymat, se sentent autorisés à les divulguer dans un espace public de débat. Et que la modération ne s'en inquiète absolument pas ! Par ailleurs, Pelerine/jasmin n'a pas besoin d'être d'accord avec mon approche sur toutes les questions de fond pour trouver du sens dans la critique qu'on a pu dresser d'une forme d'entre-soi empreinte de culture bourgeoise, ou du moins d'injonctions provenant de cette culture... A titre d'exemple général, il est bon de rappeler que la « culture bourgeoise » et ses injonctions ne se manifestent pas uniquement chez les bourgeois, comme j'ai déjà essayé de le dire, en tant qu'idéologie dominante, c'est là son propre, elle infuse dans toute la société et elle est plus ou moins intériorisée par les dominés, au même titre que les stéréotypes sexistes ou racistes. C'est notamment le cas flagrant de tous les comportements de police du langage (et plus largement de la « culture » et des « bonne » manières), qui sont très courants en France, quelque soit la classe sociale justement, les uns s'empressant de railler ou « corriger » les autres afin de faire valoir leur supériorité « culturelle », leur « niveau » d'éducation relatif vis à vis de leur interlocuteur. Peu importe le niveau de maîtrise de la « bonne » langue, la plupart des gens traqueront le moindre écart constaté et se feront un plaisir de le faire remarquer. Ce n'est qu'un exemple symptomatique de ce que j'essaye de mettre au jour à travers la critique des conceptions que j'appelle « moderne » et « bourgeoise » de « la culture » ou de « l'art ». Ainsi c'est mal interpréter mon propos que de le recevoir en termes d'accusation personnelle qualifiant untel ou unetelle de « bourgeois ». C'est bien moins superficiel. Ceci étant dit, j'essaye de répondre, ça va être assez long. Chacun et chacune est libre de ne pas lire ce qui ne l'intéresse pas ou risque de l'outrer, ça devrait aller sans dire... ********************************************************************* - Sur la forme, l'injonction à la bienveillance et les profs (à Moyennetruite notamment):
Ne soit pas désolé Moyennetruite, je ne prends jamais ombrage à titre personnel des écarts rhétoriques dans un débat, je me contente de m'en défendre, farouchement s'il le faut. Je l'ai déjà expliqué plus haut au moment ou pasiphé m'a, de manière diffamatoire, accusé de l'avoir insultée. Personne ne peut avoir une efficacité rhétorique à 100% conforme à ses attentes, encore moins aux attentes des autres, chaque personne utilise des procédés pour manifester ses idées, les intérêts qu'il défend qui peuvent être antagonistes (ou pas, on ne sait pas forcément) à ceux des autres, et communiquer ses émotions, tout ça fait partie du débat. Les passes et « coups » rhétoriques échangés dans le cadre d'un débat (il ne s'agit jamais de plus), c'est de bonne guerre tant que ça n'est pas diffamatoire ou discriminant, car le reste, qui relève du sentiment personnel, n'est pas qualifiable de manière objective. Enfin, c'est ma conception des choses dans laquelle le comportement « parfait » selon untel ou unetelle, est relatif et n'existe pas, et auquel donc personne n'a à se conformer pour avoir le droit d'exprimer ses idées. Qui plus est quand on a affaire à plusieurs interlocuteurs/contradicteurs/lecteurs qui n'ont pas du tout la même culture du débat, la même expression, les mêmes manières et attentes rhétoriques. Donc je comprends ton sentiment sur la forme, mais je rejette en partie cette critique dans le sens où la forme porte un fond qui doit être considéré de toute manière, les deux étant indissociables. Séparer la forme pour ne pas répondre au fond, quand il existe sincèrement, quand la rhétorique n'est pas purement sophistique et formelle, c'est une diversion. Après j'entends la critique sur la réactance, la sympathie, la stratégie de communication. C'est une question secondaire de moyens qui n'est pas en soi inintéressante, mais qui ferait l'objet d'un autre débat de fond. Ainsi, quand je dis « mon pauvre » je sais bien que mon interlocuteur n'appréciera pas, mais j'exprime ainsi mon sentiment face à ses propos qui essayent de faire passer les miens pour une affaire personnelle, m'attribuant des intentions fausses, ou je n'sais quoi. Ce que je n'apprécie pas de mon côté non plus. Le ton, d'un côté comme de l'autre, fait partie du discours, pour le meilleur et pour le pire. Alors on fait comment ? Ce sont les risques et conditions du débat, la confrontation des rhétoriques. Si on n'apprécie pas ce genre de confrontation, pour aller jusqu'à s'en plaindre, à mon avis il ne faut pas débattre, il y a d'autres formes de discussion/expression que le débat. Car tout le monde dans un débat est sujet à ces procédés rhétoriques qui expriment les émotions face à des propos, en même temps que les arguments, les manières des uns agacent les autres et vice versa. Il est illusoire de prétendre les effacer, il est légitime de s'en défendre. Moi je ne m'en plains pas comme j'ai dit, je ne demande aucune excuse, je n'appelle à aucune censure ni modération de la forme des propos de mes interlocuteurs (sauf quand ils sont diffamatoires ou discriminants). J'y réponds juste, après chacun et chacune fait son tri. - Citation :
- Si tu espères un réel « débat populaire horizontal », alors ce ton n’est pas neutre et contredit ton espérance d’horizontalité.
Je vois pas en quoi... Si mon ton ne met pas en valeur mon propos c'est tant pis pour moi mais j'ai la liberté de l'exprimer comme je l'entends et le ressens avec les émotions qui lui correspondent. Je vois pas en quoi c'est une question d'horizontalité. Moi j'essaye pas de modérer votre ton, je m'en agace mais je n'ai pas de velléité verticale à vous modérer. L'horizontalité, ça veut pas dire qu'on doit se conformer à la sensibilité ou la culture du débat d'untel ou d'unetelle, sinon on est pas sortis de l'auberge... Le ton n'est pas un objet de neutralisation, encore heureux (de même que, par exemple, la laïcité ce n'est pas neutraliser les croyances et idéologies de chacun et chacune, mais c'est de garantir leur libre expression publique du moment qu'elles ne nuisent pas à celles des autres et à l' intégrité de quiconque. Le ton a-t-il jamais diffamé, discriminé ou attenté à l'intégrité de quiconque par lui-même ?). Je ne prétends pas rechercher l'adhésion à mes propos à travers une rhétorique inspirant la sympathie et en brossant mes interlocuteurs dans le sens du poil. Je ne prétends pas à la perfection rhétorique (sur un plan qui serait purement sophistique, persuasif et manipulatoire, dans une forme de cynisme visant l'efficacité absolue et machiavélique contre la passion et le jeu, contre le cœur et l'esprit), qui plus est face à des contradicteurs avec toutes sortes de manières d'exprimer leurs opinions et d'argumenter. Et je n'exige pas de mes contradicteurs cette perfection, juste quand j'ai quelque chose à répondre (sur le fond et la forme) je le fais avec mon fond et ma forme, comme certains et certaines de manière plus ou moins folklorique, chacun a les siennes, chacun et chacune démontre des capacités rhétoriques à enfoncer plus ou moins subtilement son contradicteurs dans un débat, notamment public. C'est le jeu spectaculaire auquel personne n'échappe. - Citation :
- « la « bienveillance » dont tu te moques est, selon moi, un mode d’échange qui permet justement d’échapper à des formes de domination, dans le discours, fondée sur des capitaux initiaux. »
L'injonction à la « bienveillance » est une injonction formelle de dominant... c'est la même sorte d'injonction qui dit « vous pouvez manifester, mais restez dans le cadre du parcours et des attentes du pouvoir » ou « arrêtez de bloquer l'usine/relâchez le directeur et après on pourra p-e négocier vos revendications », on retrouve cette injonction au calme dans les débats politiques de plateaux où bien souvent la violence symbolique s’exerce plutôt depuis l'interlocuteur qui exige à son opposant de se calmer plutôt que de répondre à ce qu'il dit sur le fond, et non dans l'autre sens, en fait... Je ne suis évidement pas contre la bienveillance en principe, quand on peut/veut, mais je dis que personne n'est constamment bienveillant, que la bienveillance est relative, qu'il n'y a pas de baromètre de la bienveillance, et en tout cas, que l'injonction à la bienveillance n'a pas lieu d'être d'un point de vue argumentatif, il faut en faire le choix et en avoir les moyens. Dans un débat ce n'est pas toujours les conditions. Par ailleurs la bienveillance suppose presque par définition une position dominante de celui l’accorde et l'exige en retour. Moi je n'essaye pas spécialement d'être bienveillant avec mes égaux et je n'attends pas d'eux qu'ils soient particulièrement bienveillants pour être bienveillants, avec moi. J'attends juste des réponses sur le fond, même si la forme est cinglante. Je crois donc que c'est plutôt l'injonction à la bienveillance qui demande des dispositions/capitaux culturels/sociaux particuliers et non le fait d'en manquer, qui est à la portée de tout le monde. - Citation :
- Pour moi, le flottement de ton positionnement est sur l’articulation de la mobilisation de ce capital-là et de cette argumentation-là AVEC ce ton-là.
Et cette articulation est exactement au cœur de notre discussion puisqu’elle est l’une des formes, pour moi, prises par le discours dominant pour s’imposer et se maintenir : le ton professoral du politicien libéral, par exemple, qui explique techniquement les raisons de son positionnement économique, en ajoutant à cette explication ce ton de condescendance satisfaite, qui manifeste à l’interlocuteur.ice que son désaccord potentiel serait véritablement preuve de sa stupidité/mauvaise foi. Ca je ne vois pas du tout d'où ça sort. Ce qui est insupportable ce n'est pas tant le ton du politicien néolibéral que la politique qu'il défend et mène. Ça ne passerait pas mieux avec un meilleur ton (j'ose espérer !), ce serait juste moins hypocrite et p-e un poil moins agaçant mais tout aussi indigne. Ces gens là n'ont PAS raison, ils mentent comme ils respirent. Moi la condescendance, si à la limite ils avaient raison, bon bah voilà quoi, on aurait que ça à dire....... Critiquer le ton satisfait de quelqu'un alors qu'il est ouvertement en train de mentir c'est la moindre des choses, mais contester le ton de quelqu'un avec qui on semble partager/reconnaître un sentiment de vérité, je trouve ça tatillon ou mauvais joueur. Le débat oblige à tenir des positions et à les défendre par diverses moyens rhétoriques, après faut faire la part des choses il me semble et en revenir au fond. Et l'agacement peu faire partie du fond. Ce sujet est régulièrement trollé, part dans tous les sens, on fait ce qu'on peut pour ne pas répondre à chaud, étayer son propos et rester compréhensible et revenir au sujet mais on a le droit d'être agacé et de le manifester dans le ton, on a le droit de montrer à son/ses interlocuteurs qu'on n'apprécie pas leurs manœuvres et de leur renvoyer la monnaie de leur pièce. - Citation :
- tu reprends à ton compte ce « mépris d’en haut » pour t’en servir ici
Je vois pas en quoi mon mépris de certains propos ou positionnements serait particulièrement « d'en haut ». tout mépris n'est pas « d'en haut ». Il y a un mépris « d'en bas » envers « en haut », que je partage parfaitement. Je ne méprise pas les personnes qui interviennent ici, je ne connais pas leur condition sociale, mais je méprise certaines formes de discours que, personnellement et en toute subjectivité, j'associe à cet « en haut ». Et j'assume ce positionnement rhétorique méprisant qui est pour moi politique. Mépriser des valeurs ou des vecteurs de valeurs auxquels on s'oppose, ça fait partie de la lutte politique à mon avis. - Citation :
- Concernant l’école, ton message ne m’apprend rien. Crois-tu que les professeurs n’ont pas conscience de ce que tu décris-là ?
Oui je me doute bien que tu le sais. Je n'écris pas seulement pour toi comme tu sais. Par contre permets moi de douter quelque peu de la généralité de cette conscience dans l'ensemble du corps enseignant, cf les émissions que j'ai citées et plus généralement le positionnement politique de la plupart des enseignants qui oscille entre une gauche de gouvernement à un extrême centre macroniste-« républicaniste », voire même quelques fois une extrême droite laicarde-islamophobe. - Citation :
- Le désespoir dans la profession vient justement, entre autre, de la confrontation de visions idéalistes de l’école avec le constat de la machine à broyer qu’est le système.
Oui, je l'ignore pas non plus. Je ne fais pas du profbashing, j'interroge le rôle systémique de l'école, rôle de reproduction social de la société de classes et « d'orientation » des individus vers les positions sociales inégales (largement étayé par la sociologie), à travers l'idéologie de la méritocratie. Et pour moi ça fait partie des éléments d'anesthésie de la conscience politique chez les profs, ce paradoxe entre les aspirations égalitaires et la réalité de la reproduction des classes sociales. Car matériellement, les profs représentent plutôt une classe de gagnants du jeu scolaire qui ont fondé beaucoup d'espoirs pour eux mêmes et pour leurs aspirations dans le fait d'atteindre la position sociale de prof. Et c'est le cas pour pas mal de « petits » fonctionnaires, ce sont des places potentiellement atteignables par certaines parties des classes populaires ou moyennes inférieures dans une perspective d’ascension sociale ou de maintient, par le jeu de la méritocratie scolaire. Donc j'ai bien conscience qu'une bonne partie des profs ne sont pas des hauts bourgeois nés, à commencer par les moins dotés des fonctionnaires, comme les filcs ou les travailleuses sociales. Mais force est de constater que l'accès au métier de prof sert en premier lieu les intérêts matériels du prof lui-même, symboliques un peu aussi (même si ça s'est grandement dégradé), et les intérêts du systèmes politco-écomique, avant ceux des élèves des classes populaires. Tout comme la police défend avant tout les intérêts du Capital, de la propriété privée lucrative, avant ceux des citoyens. Ce qui n'empêche pas que par ricochet certains citoyens profitent de l'enseignement ou de la sécurité, je ne le conteste pas. - Citation :
- Ce qui m’intéresse, moi, c’est de comprendre, au-delà de ta vision systématique, comment font les gens, les profs, etc. pour micro-résister. Existe-t-il des marges possibles dans ce système-là ? Comment font, par exemple, les profs, pour dealer avec les paradoxes de l’enseignement dans le système actuel ?
C'est une bonne question mais à quoi sert cette question ? Sert-elle à envisager de résister politiquement au pouvoir néolibéral quitte à mettre en péril sa position sociale, ou sert elle à garantir sa position sociale tout en construisant une bonne conscience ? Je me fais volontairement acerbe, je sais bien que tous le monde a besoin de manger et de s'estimer et je ne jette pas la pierre à ceux et celles qui préfèrent devenir prof plutôt qu'ouvrier agricole, et en ont les moyens. Mais je pose sincèrement les questions. Par ailleurs comme j'ai dit, je ne suis pas contre l'éducation et la connaissance en soi, toute société éduque les jeunes et produit de la connaissance (relativement à ses aspirations qui ne sont pas universellement liés à la croissance économique et au mythe du Progrès), j'interroge l'histoire et le rôle de cette forme d'éducation nationaliste et libérale par l’État (et je ne dis pas non plus que c'était forcément mieux avant ou ailleurs). - Citation :
- comment les élèves, face au prof, avec lui je ne sais pas, opposent un pouvoir au pouvoir qui s’impose. La verticalité dont tu parles est beaucoup plus complexe et difficile à comprendre que ta vision stéréotypée d’une violence s’exerçant du haut vers le bas. Peut-être que je suis trop foucaldien dans ce cas-là, mais, pour moi, les acteurs sont essentiels, non pas parce qu’ielles échapperaient, par une sorte de pouvoir magique de la liberté de conscience, au logique systémique, mais parce que le système de domination n’est pas une structure autonome qui s’imposerait à des victimes immobiles. Mais, je crois que sur ce point-là nous serons d’accord.
Hum.. On est bien d'accord sur l'autonomie relative des acteurs (dont les profs aussi bien sûr), mais ça ne veut pas dire qu'en bout de course ce n'est pas l'ordre dominant qui s'est imposé à eux, malgré leur relative marge de manœuvre. En fabriquant même du consentement et de l'adhésion à bien des égards. C'est même son rôle principal. Comment penser la domination quand on se situe au cœur de la fabrique de l'adhésion, de la « servitude volontaire », au cœur de la machine assimilationniste ? On ne peut pas se satisfaire d'invoquer la relative autonomie/adhésion des acteurs. Si les gens ont été convaincus que l'école allait aider leurs enfants, et ils y ont cru, ils n'ont pas été forcés pour la plupart, on peut mettre en question la mythologie néolibérale et méritocratique qui les a poussés et les pousse encore à y croire (contre la réalité matérielle de la reproduction sociale et de l'inégale répartition des richesses, statuts et du pouvoir). Suite à l’avènement des nationalismes, presque partout sur la planète on pense aujourd'hui que l'école nationaliste va donner un avenir meilleur aux enfants, à ses enfants. Mais ce n'est que parce que certains reçoivent une éducation nationaliste que d'autres ne reçoivent pas, ou pour laquelle ils ne sont pas à la hauteur, que les « éduqués » jouissent d'une meilleure vie que les « non/mal/pas assez éduqués/culturés ». La meilleure vie des « éduqués » repose sur l'exploitation des moins « éduqués », selon les critères des systèmes scolaires et économiques. C'est donc une illusion en forme de fuite en avant, de course concurrentielle au diplôme et à « l'éducation » néolibérale. C'est tout le faux enjeu de la démocratisation/massification de l'éducation. Tant que la question de la juste répartition du travail et des richesses reste livrée au marché « libre » et dans les mains du Capital (peu ou prou), la question de l'éducation est pour moi un mirage politique. Qui par ailleurs voit les différentes régions du mondes et leurs différents systèmes scolaires se livrer une bataille pour élever sa population au dessus des autres, dans une perspective néocoloniale/impérialiste où les pays « éduqués », postindusriels profitent du travail des classes laborieuses des pays nouvellement industrialisés. L’extrême division du travail et la complexité des échanges commerciaux mondialisés rendent très peu palpables les relations d'exploitations qui sont pourtant la sources des différences de niveau de vie sur la planète. Tout ce qu'on possède, qu'on consomme et qu'on ne produit pas est forcément le fruit du travail de quelqu'un. Est-ce que le travail d'un européen moyen est équivalent au travail que demande tous les produits qu'il pourra consommer avec son salaire ? C'est ce type d’équation qui définit l'exploitation des uns par les autres, à l'échelle d'une société et entre les sociétés, que la division extrême du travail et le commerce invisibilisent. Et que les intérêts de classe refusent d'admettre et conscientiser. C'est une tâche aveugle de la plupart des discours dans la gauche contemporaine qui manque, par démagogie ou confort, de relier la question sociale en France à celle de l'impérialisme, notamment français (voir la quantité astronomique de produits importés qu'on consomme sans les fabriquer). Or on ne peut pas défendre les classes populaires françaises contre les classes populaires des pays qui subissent l'impérialisme ou l'exploitation nationaliste dans leur propre pays. Donc je suis d'accord pour introduire de la nuance, mais seulement une fois que ces réalités et tendances très lourdes et froides ont été admises et interrogées, et pas relativisées avec inconscience, irresponsabilité ou désinvolture. Et ces nuances ne sont pas censées nous rassurer/consoler/anesthésier politiquement... Elle sont censées nous orienter vers les causes les plus fondamentales des problèmes politiques. - Citation :
- je me demande si, à l’intérieur des formes existantes, il est possible de trouver des voies pour résister à la logique de répétition des dominations socio-culturelles. Je ne sais pas. Peut-être pas. Je sais que des enseignants tentent malgré tout, mais peut-être sont-ils dans l’erreur. Mais alors quoi faire ?
Oui je me demande aussi. Pour moi le plus urgent ce serait peut-être que le corps enseignant cesse de rester autocentré sur l'école, depuis l'intérieur des classes, et considère que son engagement politique doit porter sur l'équité et la justice dans la société, tout autant, sinon plus, qu'à l'école. Et sur le rôle de l'école comme instrument du système économique néolibéral, donc pas comme si c'était une sphère déconnectée des autres enjeux politiques et de la lutte des classes. On ne voit que trop souvent les profs bouger seulement lorsqu'il est question de leurs conditions de travail ou de celles des élèves (et ils n'ont pas pour autant tort de bouger à ce moment là hein). Car aujourd'hui une grande partie des enseignants est compétente dans le métier et manifeste des aspirations égalitaires dans sa manière d'envisager l'enseignement comme tu en témoignes. C'est pourtant la moindre des choses, dont on ne peut se satisfaire... - Citation :
- et alors la conclusion doit-elle de faire sessession si l’on n’adhère pas à ces systèmes de domination ?) ou bien considérer que, dans l’enseignement, des formes de résistance sont possibles ? Je n’ai pas la réponse.
Oui, c'est bien résumé il me semble. Ou alors si l'on ne fait pas sécession mais qu'on a du mal à se persuader que des formes de résistances sont possibles, ou sont à l’œuvre de manière efficiente, on peut toujours assumer sa part de cynisme/opportunisme à occuper une position sociale imparfaite et problématique, en toute conscience, sans essayer de se voiler la face ni de draper l’institution dans un voile d'utopie pédagogiste et égalitaire. Et je remarque la volonté dont tu as fais preuve en revenant à des arguments de fond.
************************************** à Mahendra Singh Dhoni et pasiphaé, micropolitique et retour sur les éléments clefs de raisonnementTon commentaire a le mérite de saisir de vraies questions et de demander des précisions sur des points radicaux de la discussion. En cela je salue tes efforts, même si je regrette que ces efforts soient entacher par des allégations personnelles à l'encontre d'une membre, dont j'ai parlé plus haut. - Sur l'idée de communauté imaginée:
- Citation :
- Je ne comprends même pas pourquoi c'est parti si loin et que si vite la discussion a pris ce tour conflictuel (et pour le coup tu n'y es pas étranger en employant régulièrement des jugements de valeur que tu étayais peu exemple "les propos maladroits de pasiphaé" ce qui était particulièrement un comble quand tu convoquais, de façon erronée, les "communautés imaginées")
Non je n'ai pas convoqué la notion de « communauté imaginée » de manière erronée, j'ai démontré la pertinence de mon utilisation de cette notion pour une entité abstraite et identitaire dont l’étendard est « JE ». Si vous croyez vraiment que tous les membres de ce forum (passés, présents et futurs) forment une véritable communauté d'interconnaissance suivant les conditions d'une activité purement communautaire, je vous laisse à vos fantasmes. On ne tombera pas d'accord sur la description de cette réalité, réalité qui penche tout de même en ma faveur ne serait-ce que par mon expérience personnelle qui confirme qu'on peut intervenir ici sans se sentir appartenir et identifié à « la communauté » d'interconnaissance qui règne ici, ni représenté par elle (elle pour le coup est une véritable communauté d'interconnaissance dans la communauté imaginée, mais qui convoque « JE » comme un référent identitaire imaginé, en réifiant le forum comme une véritable communauté d'interconnaissance, ce qui n'est matériellement pas le cas), qu'on peut intervenir ici sans connaître le 10e des membres qui fréquentent cet espace et ses sous espaces, sous espaces qui ne communiquent pas nécessairement, membres qui ne se connaissent et ne communiquent pas non plus nécessairement. - Citation :
- la communauté imaginée est celle qui unit un groupe humain qui n'entretient pas de relations réelles (typiquement la chrétienté, la bourgeoisie, etc), mais qui se subjective comme communauté grâce à des discours (médiatiques, gouvernementaux, etc). Il y a loin de cette définition à une communauté en ligne
Donc c'est précisément, à une échelle micro, ce dont j'ai parlé, et les discours de pasiphaé au nom de « JE » ne sont pas autre chose qu'une subjectivation, une réification de cette « communauté » abstraite, et donc imaginée. Dans la chrétienté, la bourgeoisie ou la nation, comme sur ce forum, tout le monde croit qu'il peut potentiellement rencontrer les membres de la « communauté » à laquelle il s'identifie, mais est-ce empiriquement le cas ? Non, c'est en ça qu'il s'agit d'une croyance imaginaire. L'activité communautaire réelle ne s'étend pas à l'entièreté, à la totalité de la « communauté » supposément concernée par le référent identitaire, qu'il s'agisse de JE ou de la nation. C'est en ça que ce référent est imaginaire. Je ne nie pas qu'il existe de véritables communautés dans la nation ou dans cet espace numérique nommé JE. - Citation :
- En gros, tu ne continueras pas à m'insulter impunément – cela vaut avertissement.
Je n'ai que faire de ces menaces qui portent sur un sentiment personnel et des accusations diffamatoires. La modération appréciera... et ces tentatives d'intimidation. Poésie, rap, art traditionnel et conception moderne/bourgeoise de l'art - Citation :
- Connais-tu vraiment la production poétique contemporaine française ? parce qu'au vu des clichés exposés (opposition rap / œuvres poétiques papier de niche et obscures), j'en doute un peu. La poésie n'a jamais été si vivace en France, si variée dans ses formes (poésie sonore, vidéopoésie, performances poétiques, slam), si variée dans ses processus de publication et de diffusion (fanzines, revues, livres, cartes postales, affiches, tags, multiples espaces sur le web, lectures publiques et festivals, radio).
Mais c'est pas ma question en fait. Je dis que la conception de « l'art » qui préside aux formes institutionnelles et légitimes sont bourgeoises. Et la réalité, quand bien même ton sentiment serait que « la poésie n'a jamais été aussi vivace », c'est que tout ce dont tu parles n'est pas populaire, n'est pas pratiqué par les classes populaires, n'est pas connu. L'opposition avec le rap est pertinente car le rap est populaire et pratiqué dans les classes populaires (pas toutes certes), c'est en ce sens que je fais cette opposition, c'est pas une opposition de principe ou d'essence. Il y aussi des formes de poésie autopubliées sur les forums et réseaux sociaux, ou dans des carnets personnels. Ce sont toutes ces formes « d'art » profane, anonymes, populaires, « sauvages ou barbares » et du quotidien qui ne disent pas leur nom, qui n'ont aucune prétention « artistique » qui m'intéressent ici de mettre en avant en élargissant/dynamitant la notion bourgeoise « d'art » qui leur fait de l'ombre. Mais là il me semble que tu revoies ta copie en intégrant quelques référents populaires et non institutionnels à ton discours par rapport aux précédents, dans une conception qui reste, à lire tes exemples, largement empreinte d'une conception bourgeoise. Par ailleurs j'oppose « poésie » éditée au rap, pas parce que je veux séparer ces pratiques arbitrairement mais parce qu'elles le sont aux yeux de la plupart des gens, elles le sont dans leurs modes de production, elles le sont si l'on tient compte du milieu social des pratiquants et « consommateurs », de leur vision du monde et de leur capital culturel relativement à la « culture bourgeoise ». - Citation :
- Pour autant, un·e poéte·sse contemporain·e qui vivrait de sa poésie, ça n'existe pas, donc je doute qu'on puisse être attiré·e par le champ poétique "pour en vivre".
Sans blague, et alors ? Il y a des tas de raisons bourgeoises d'être socialisé à la poésie écrite et à chercher à être publié autres « qu'en vivre ». parallèlement à ça j'interroge la place de la production « artistique » en général (dans son acception moderne/bourgeoise) dans l'appareil de production (aucune activité ne peut être arbitrairement déconnectée de l'appareil de production). Parce que c'est cette conception qui prévaut dans les propos de tous les intervenants ici, qui ne définissent jamais la notion de manière critique, ce qui pour moi est tout l'enjeu du débat. - Citation :
- L'exemple de Casey ne me semble pas vraiment bien choisi, elle a par exemple été il y a quelques années l'invitée la plus populaire du séminaire de l'ENS consacré au rap : si ce n'est pas de la validation institutionnelle !
Mdr... Ah bah, si elle a été invitée à l'ENS alors ! Circulez y a rien à voir... j'ai dis qu'il y avait des manière bourgeoises de s'intéresser aux cultures populaires, de manière anecdotique, tout comme il y a des manière coloniales et racistes de s'intéresser à l'altérité, à l'exotisme. Et il y a des bourgeois qui font de l'anthropologie ou de la sociologie, qui arrivent réellement à décentrer leur regard ethnocentré, ça n'est pas pour autant que leur objet d'étude devient par magie légitime aux yeux de la société dont ils proviennent, que l'idéologie dominante ne fait plus son œuvre à l'échelle de la société. En l’occurrence, je vois pas en quoi une invitation à l'ENS invalide mon propos qui est de dire que Casey ne passe pas sur les radios du service public alors que Oxmo oui (et tu sais pertinemment pourquoi si tu connais un peu ce que proposent les deux). Je crois juste que tu as sauté sur une occasion sophistique d'utiliser une information peu importante en ce qui concernait le fond de mon propos, pour y répondre à côté. Comment n'être pas "le jouet du monde" selon la culture bourgeoise ? - Citation :
- Savoir décoder les formes (textuelles, picturales, médiatiques en général), c'est très important pour n'être pas le jouet du monde qui nous entoure. Dénier toute réflexivité aux non-bourgeois·es, au-delà même du cadre scolaire, me semble tout aussi imprudent.
« Être le jouet du monde » ? C'est à dire, de quel monde ? « Le monde » ne joue pas avec les êtres humains. Par contre il y a du monde parmi les humains d'une société stratifiée, qui exploite et domine d'autres humains. Et ça n'est pas une question de savoir décoder des formes de je ne sais quoi... c'est une question de rapport de force politique. Donc, non, pour n’être pas le « jouet du monde », il faut juste avoir le pouvoir politique en sa faveur avant tout. Ça c'est encore une conception bourgeoise de l'élévation sociale, que de penser que le salut de chacun, et particulièrement des pauvres, passerait par une éducation offrant à toutes et tous la possibilité, en toute horizontalité (d'autres diraient, en toute égalité de chances, ou suivant son « mérite »), de « n'être pas le jouet du monde ». Évidement dans la société bourgeoise, se gaver d'outils « critiques » et de culture bourgeoise, ça peut aider à n'être pas « le jouet » de la compétition sociale. Mais c'est à côté du problème de fond. Le « décodage des formes textuelles, picturales, médiatiques », désolé mais là encore c'est d'abord une préoccupation de la pensée bourgeoise... Ca n'a jamais été nécessaire à se nourrir, à nourrir les autres, à fabriquer des choses, à produire des œuvres, à appréhender son environnement matériel. C'est typiquement une préoccupation privilégiée de classe non laborieuse qui peut consacrer du temps à ces activités exclusivement symboliques et analytiques, sachant les faire valoir, leur existence matérielle étant alors assurée par le travail des classes laborieuses, leur statut dépendant alors de la maîtrise de ces codes et savoirs. Dans une société au mode de production domestique, qu'il s'agisse de chasse, de pêche ou d'agriculture vivrière, maîtriser ces types de savoirs n'a pas vraiment ni de sens, ni d'utilité sociale. En tout cas ça n'aide absolument pas à « n'être pas le jouet du monde », mais plutôt à passer pour un bon à rien (d'ailleurs les anthropologues qui débarquent dans ce genre de société sont perçus comme tel, tout lettrés et savants qu'ils sont à nos yeux, quand ils ne sont pas tout simplement assimilés à des enfants). Concernant les activités symboliques, on cherchera plus pragmatiquement à connaître son environnement matériel et à s'attirer les faveurs du gibier, des esprits et des éléments... (je prends volontairement des cas d'altérité radicale pour forcer le décentrement conceptuel De plus, personne ici ne dénie la capacité réflexive à quiconque, je dis que ce n'est pas une préoccupation dans des mondes ou la notion moderne/bourgeoise « d'art », n'a pas ou peu de sens. On va pas avoir une pensée réflexive sur sa pratique en tant « qu'art » quand on ne conçoit pas cette pratique comme un « art ». Ça paraît évident... - Citation :
- Les sites de paroles de rap foisonnent d'analyses spontanées, d'intenses débats – et ce ne sont pas des universitaires qui les mènent.
Non mais ce sont des discussions sur le sens des paroles, ou des querelles sur les goûts induites par les conceptions bourgeoises de l'art (snobisme) ou alors des enjeux purement identitaires (plus ou moins horizontaux) entre amateurs de différents styles (tout comme les enjeux identitaires régionaux existent mais ce sont des pb différents qui tiennent plus à la distinction identitaire horizontale qu'à la distinction sociale verticale). Mais ça n'invalide pas du tout ce que je dis sur la préoccupation pour les goûts et formes pour elles-mêmes, qui provient de l'aspiration bourgeoise à la distinction sociale et des manières pour « n'être pas le jouet du monde ». Ni le fait que les « artistes » de rap ne théorisent pas spécialement leur pratique dans le but se positionner et de se valider dans leur champ « artistique » aux yeux d'institutions, de « l'histoire de l'art » ou du « marché de l'art », ils adoptent une écriture et un flow qui correspond à leurs aspirations et à celles d'un public. Et évidement on ne peut généralisé, il y a des conflits sur le sujet à l'intérieur même du rap, selon les postions sociopolitiques des acteurs. Cet exemple n'est donc pas très clair car il s'agit de pratiques opérant dans une société sous domination de l'idéologie bourgeoise (qui n'est pas que l'idéologie des bourgeois mais l'idéologie qui infuse dans toute la société du fait de la domination bourgeoise, et la défense de ses intérêts). - Citation :
- [Couplet 3 - AL]
(…) Toi tu rappes pour être quelqu'un, non, nous n'avons pas les mêmes causes Frère, moi les virements de la SACEM me font beaucoup plus de mal qu'autre chose T'es pas obligé d'm'en parler si y a un pote à toi qu'est dans l'son Mais c'que j'peux t'suggérer par contre c'est de monter un site de rencontres J'admets, j'sais pas où je vais, mais j'connais parfaitement mon rôle J'ai refusé d'jouer Ban-Ki Moon, j's'rai jamais classé bankable Mais vous vous connaissez tous, vous vous rassemblez tous Comme vous vous admirez tous, ben t'sais quoi ? Niquez-vous tous Ils n'ont soif que d'reconnaissance, écrivent des trucs qui ont aucun sens On m'a pas d'mandé c'que j'en pense mais j'écris les textes comme des sentences
[Couplet 4: Casey] Y a ma tête sous le couperet, y aura pas d'paix dans le couplet Hier, mes plaies je les épelais toutes, mais personne ne m'écoutait Les bêtes de somme et les moutons iront bien quémander leur coupon J'entrerai, une charge sous le blouson, j'appuierai sur le bouton Où t'étais quand je toussais, j'étouffais, quand je doutais Quand je tentais de calmer ces pulsions morbides qui me poussaient Un schlass sur l'écusson, planquée dans les buissons Je veux leur présenter l'addition, aller pisser là où ils sont Du son pour les gens simples se concentre dans les enceintes Es-tu conscient que les grands cons que tu écoutent nous l'empruntent? Ils braillent sous la contrainte, chaque fois qu'on les confronte Grimpent sans honte dans les jupons d'leur mater une fois que le ton monte Sont l'ami d'tout l'monde, aiment flatter les grands pontes Pleurent d'acheter leur de-mer quand la SACEM délaisse leur compte Asocial Club, à coup sûr la mauvaise rencontre Pas si loin le temps où le traître subissait la tonte
Dis-leur que notre message vient égorger leurs gimmicks Vient égorger leurs gimmicks, vient égorger leurs gimmicks Il y a ici une critique ferme de la forme pour la forme, pour la fame ; de la forme contre le sens, "Dis-leur que notre message vient égorger leurs gimmicks" ou de la forme pour l'argent, selon une conception embourgeoisée du rap. Et pour être plus clair, plutôt que le rap qui voit les conflit de valeurs et d’allégeance justement se manifester comme des contradictions de la société de classes, il faudrait prendre le cas d'une société non libérale, « traditionnelle ». Est-ce qu'une légende ou un mythe c'est de l'art, est-ce que une céramique décorée c'est de l'art, est-ce que une histoire orale c'est de l'art, est-ce qu'une peinture corporelle c'est de l'art, est-ce que ces formes font l'objet d'une « métadiscussion » sur le fond et la forme, en tant « qu'art » conscientisé comme tel... Non. C'est ça que je veux dire. Les formes traditionnelles et populaires d'expression « artistiques » ne se réfléchissent pas comme « l'art » prétend se réfléchir dans le miroir de « l'auteur », de « l'artiste », elles s'actualisent, se transmettent et se transforment dans le faire, ce qui n'empêche pas de se demander comment (mieux) faire ou faire autrement, évidement. Mais il faut être de mauvaise foi pour ne pas voir et admettre la différence avec la conception moderne/bourgeoise de « l'art » à laquelle je m'attaque, au sens où on l’entend couramment et de manière hégémonique encore aujourd'hui, faut arrêter de se leurrer et de prendre son idéal pour la réalité. - Citation :
- Pareil pour les commentaires des sites de foot, ou toute autre pratique massive et non-élitiste.
Là je vois vraiment plus le rapport, j'ai l'impression que tu passes complètement à côté de la critique fondamentale de la conception moderne/bourgeoise de « l'art » et de « la culture » que j'essaye de développer et que tes tentatives pour ne pas comprendre ce que je dis rajoute de la confusion. Des débat sur le foot ? Et alors ? Bah oui y a des débats stratégiques, des débats sur comment il faudrait constituer une équipe, des enjeux identitaires et financiers autour des matchs de foot, quel rapport ?! Ici il n'est pas question de discuter des goûts et des formes pour le plaisir, pour eux mêmes et par souci de distinction sociale verticale, mais il s'agit de disputes sur l'efficacité et la qualité des joueurs et des équipes vis à vis des objectifs de victoire. Et des enjeux identitaires horizontaux entre équipes rivales. Moi je parle de réflexivité en tant que valeur en elle même, qui constitue une préoccupation bourgeoise, notamment dans « l'art », pas de réflexivité tout court sur tout type de pratique, qui évidement se manifeste chez tout être humain. - Prenons le legder art:
Prenons par exemple le legder art (que je découvre récemment), qui est une pratique iconographique apparue chez certaines populations autochtones d’Amérique du nord dans la 2e moitié du 19ème siècle. Il s'agit de représenter des scènes narratives sur des feuilles de registres importés, pratique héritière de dessin sur peau et tissu. Dans la forme et l'intention on pourrait presque assimiler cette pratique à certains dessins d'enfant chez nous, quoique le style des dessins semble beaucoup plus défini et uniforme concernant le legder art. Il s'agit avant tout d'un moyen d'expression visuel permettant aux individus de témoigner d'événements personnels ou historiques, et non d'une manière de se présenter en tant « qu'artiste » ou « auteur », producteur d'une « œuvre d'art » dans un champ « artistique » déterminé, conscientisé comme tel. Le sens de l’œuvre et sa fonction sociale se suffisent à elles mêmes, nul besoin de surajouter une métafonction « d’œuvre d'art » occupant aux yeux de tous une catégorie spécifique dans l'ordre des représentations symboliques. Ce n'est pas l'originalité du style des différents « artistes » qui frappe, mais plutôt leur conformisme. D'ailleurs, certains dessins sont réalisés à plusieurs mains, l'une pour les chevaux, l'autre pour les personnages par exemple, mettant à mal la notion d'auteur et de droit d'auteur. C'est le sens de l'image, ce qu'elle raconte, ce dont elle témoigne, et pour qui elle témoigne (car il semble que la représentation d'un acte et d'un personnage soit réservée à lui-même), qui compte avant tout pour lui-même, pas la place dans dans « l'histoire de l'art » locale (si tant est que cette notion ait un sens), pas le détail ni la fidélité de la représentation par rapport au réel, ni la capacité d'innovation « artistique » de tel ou tel « artiste ». C'est le lien entre « l'auteur », sa position sociale, son histoire et sa place dans le groupe, et ce que représente narrativement l’œuvre, qui compte. Pas l’œuvre en tant qu’œuvre. Ce qui est important ce n'est pas l’œuvre, c'est ce qu'elle représente, ce dont elle témoigne, pour la personne et aux yeux du groupe. - Citation :
- « En 1877, un homme d'Arapaho du Nord nommé Friday, allié des Cheyenne du Nord, a décrit le dessin communautaire au lieutenant de l'armée John G. Bourke, déclarant qu'il était "extrêmement courant" que des amis proches dessinent dans les livres de l'autre. »
- Citation :
- « Selon Candace Greene, auteure et ethnologue indienne d'Amérique du Nord au Musée national d'histoire naturelle de la Smithsonian Institution, les Kiowa considéraient ces actions héroïques, ou coups d'État, comme la « propriété » de l'homme qui les exécutait. Le droit de raconter l'histoire ou de la représenter par le dessin appartenait étroitement à l'individu. Dans certains dessins détaillés, Greene a découvert que des individus spécifiques peuvent être identifiés, en fonction des détails de leur tenue vestimentaire et de leurs armes, tels que les symboles sur leurs boucliers. D'autres dessins du grand livre enregistrent les coutumes tribales, telles que la cour, les danses et les cérémonies spirituelles. Pour les artistes, les dessins étaient des représentations importantes reflétant la richesse et le statut d'un chef ou d'un guerrier, signifiés par la quantité de possessions et l'ornementation des insignes et des armes »
https://www-texasbeyondhistory-net.translate.goog/spotlights/ledgerart/ledger-art.html?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc - Citation :
- « De tout l'art du grand livre connu pour avoir été créé par des membres des diverses tribus des Plaines, certaines des scènes les plus vives sont attribuées aux hommes Kiowa détenus prisonniers à Fort Marion à St. Augustine, en Floride. À la fin de la guerre de la rivière Rougeau Texas et en Oklahoma en 1875, plus de 70 hommes Kiowa, Comanche, Cheyenne et Caddo ont été transportés à la prison sans procès et placés sous le commandement d'un homme du nom de Richard Pratt. Alors que l'intention de l'emprisonnement était de dépouiller les Indiens de leur culture et de les forcer à s'assimiler à la vie américaine, c'est Pratt - avec sa philosophie de "tuer l'Indien et sauver l'homme" - qui a encouragé les prisonniers à créer des œuvres d'art en tant que Commerce. De nombreux dessins ont été vendus dans le commerce à un marché touristique avide. Refusés de leur mode de vie traditionnel, les artistes ont préservé leur passé à travers le dessin. »
Enfin, on peut voir à travers cet exemple comment la notion « d'art », inexistante dans ces pratiques selon les informations, colonise les œuvres et leur fonction depuis le monde carcéral blanc, en devenant une marchandise produite par des « artistes autochtones » preisonniers plutôt qu'un attribue du discours d'un individu sur lui-même et pour son groupe. Œuvre décontextualisée de sa fonction/sens d'origine poursuivant leur colonisation par le monde blanc en devenant objets d'étude ethnographique et de l'histoire de « l'art ». Il semblerait qu'historiquement il existait une division sexuelle du travail iconographique dans ces sociétés, avec des sujets abstraits réservés aux femmes alors que les sujets figuratifs étaient destinés aux hommes. Il n'est donc pas question ici que « l'art » relève d'une démarche toute personnelle du Sujet souhaitant exprimer sa fibre artistique et ses états d'âmes aux yeux du monde à travers la forme de son choix, mais plutôt qu'il occupe une fonction sociale dans l'ordre symbolique du groupe, à la fois à travers ce qu'il représente, et qui représente quoi dans le groupe, participant à constituer identités et altérités, notamment de genre. Ce qui fait la portée politique de cet art, ce n'est je crois pas tant ce qu'il cherche à exprimer depuis l'intérieur de ces sociétés pour elles-mêmes, qui cherche la conformité à une tradition, il est implicitement politique en ce qu'il contribue à reproduire l'ordre social et symbolique du groupe, mais n'est pas un facteur de changement social/politique, son rôle est plutôt conservateur (tout en ne rejetant pas l'arrivée de nouveaux moyens techniques comme le papier et les crayons). Sa portée politique aujourd'hui se révèle en contraste avec le monde colonial, en ce qu'il constitue un témoignage du point de vue des populations colonisées dans la société nouvelle qui les contient et cherche à les assimiler en effaçant leur discours ou le réduisant à une marchandise artistique. C'est alors bien la voix d'un groupe culturel et politique dominé qui se fait entendre en temps qu'art et pas l'ambition personnelle et innovante d'un « artiste » contemporain qui cherche à travailler la forme pour la forme, pour l'histoire. Il me semble que « l'art traditionnel » ou « populaire » est un moyen d'expression qui ne se préoccupe pas de ce qu'il est, d'être, de se prétendre être de « l'art », de se faire passer pour de « l'art » aux yeux du monde, mais de ce qu'il cherche à représenter pour et dans le groupe. On se fiche de « faire de l'art », on représente et on témoigne d'une certaine vision du monde, on affirme une certaine place aussi, à travers le langage qu'on a reçu du groupe auquel on appartient et auquel on s'identifie.  Quand à savoir si cet art est « poétique »... je pense qu'on comprend facilement que sans définition de ces termes qui ne les confonde pas et ne soit pas confuse, la question n'a pas de sens.
- Micropolitique du forum:
Sinon, c'est « parti si loin » non pas pour des raisons de fond, mais pour des raisons micropolitiques évidentes. Pasiphaé s'est sentie abusivement insultée, elle a menacé de censure, étant une notable, la modération a censuré une partie du fil (elle aurait pu censurer des propos bcp plus véhéments, mais pas insultants, de la part et envers d'autres membres, mais elle n'a agit que dans ce contexte précis, à son ordre), puis les alliés politiques de pasiphaé dans cet espace sont venus la soutenir, au mépris de la cohérence du sujet. Donc je comprends que tu aies pu perdre le fil, moi même il me faut beaucoup de concentration pour essayer de répondre autant que faire se peut à tout ce qui jaillit, sans trop m'éparpiller et en essayant de rendre la trame de mon raisonnement compréhensible, tout en l'étayant comme je peux. Mais l'injonction à réduire la conflictualité n'a pas à se substituer au sujet du débat. La conflictualité est un constituant évident du débat. C'est précisément ce que je reproche depuis le début. Je dis pas que j'ai forcément raison d'employer le ton que j'emploie à chaque endroit ou je l'emploi (ça c'est subjectif et stratégique), je dis que c'est pas le sujet et que de toute façon je suis libre d'employer le ton qui me sied comme n'importe qui. Moi j'apprécie pas le ton de nombreux intervenants et j'en fais pas tout un plat, je passe mon chemin et je réponds (cf ma réponse à aomphtruite). Le cercle des notables s'est donc enfermé dans un débat de posture plutôt que de fond, ne voulant pas céder, revenir en arrière, suite à la plainte de pasiphaé. C'est aussi simple que ça « ce qui s'est passé ». Et quand je vois que certains membres du clan qui sévit sur ce lieu ont l'audace d'intervenir sur ce fil JUSTE pour me faire la leçon sur mon ton, qui est certes parfois véhément, mais pas insultant, alors qu'eux mêmes sont loin d'être exemplaires pour au contraire insulter copieusement et réellement d'autres membres dans d'autres lieux de ce forum, je ris encore plus de leurs ridicules sermons et lamentations (voir le caractère peu reluisant de certains propos corbeillés plus ou moins récemment). - Citation :
- parce que c'est devoir défendre contre une masse qui nous paraît unie et qui semble se donner raison
Pas seulement. Je vois que certains ne sont pas intervenus sur le fond mais juste comme une sorte de caution morale au discours de leur camarade. D'un autre côté, sur le fond, mon souci est plutôt inverse, car je dois répondre à des interlocuteurs qui n'ont pas du tout les mêmes visions du monde et auxquels je n'ai pas les mêmes reproches/resserves/contradictions à manifester quant à leurs positionnements et arguments de fond. D'où à mon avis une certaine impression que ça part dans tous les sens.
(la suite en double post)
Dernière édition par Nuage-Rouge le Mer 16 Nov 2022 - 9:32, édité 4 fois |
| | Nombre de messages : 174 Âge : 32 Localisation : 00.000.00.0 Pensée du jour : « Il n'y a pas une tête lucide entre deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n'être pas les deux. » Date d'inscription : 22/07/2021 | Nuage-Rouge / Tycho l'homoncule Mer 16 Nov 2022 - 8:34 | |
| Sur le fond général, ton intervention va p-e me permettre de repréciser/ressasser un peu : - Citation :
- Qui ici pense, vraiment, que l'art est une notion transhistorique et essentiel ? Plusieurs membres l'ont historicisé ici-même et l'expérience vécue de l'art...est aussi réelle que la foi de la croyante de l'an mille. Que, par contre, son sous-bassement idéologique produise de l'inégalité sociale ou vise à la justifier ? Eh bien, pourquoi pas et de ça, oui, nous pouvons parler.
En fait la discussion est confuse parce que personne (à part moi, désolé) ne fait l'effort de définir ce qu'il entend par « art » quand il ou elle mobilise cette notion. Or dans un débat qui porte sur la nature d'un « art », c'est quand même un peu embêtant... (c'est mon principal argument, contrairement à ce que Jdoo essaye de faire croire, mais il ne trompe personne d'autre que lui-même, et encore j'ai comme un doute). Ici, des gens parlent « d'art » et de « culture » en utilisant cette notion selon le sens commun contemporain (et je critique ces utilisations car elles relèvent d'un classisme et d'un ethnocentrisme). Tous les exemples qu'ils citent, la vision qu'ils portent à travers leurs propos font implicitement (voire explicitement quand ils refusent refusent tout effort de définition critique) appel à une conception moderne de l'art et bourgeoise de « la culture » en général (pehache et Jdoo notamment, cf l'implicite des classes populaires qui manqueraient « d'art » et de culture, ou qu'on devrait initier à « l'Art » et à « la culture », cad les formes qui ont su se faire valoir et se légitimer en tant que telles aux yeux notamment des institutions, pour les sauver ou leur apporter « le sens du beau » (cf un autre topic), ce qui n'a aucun sens d'un point de vue anthropologique, tout le monde a sa culture donc personne n'en manque, tout le monde a accès au « beau » puisque chacun, quelque soit sa culture, a sa manière de trouver et percevoir de la beauté dans le monde). Ce qui est alors en question, c'est de conforter le mythe selon lequel l'accès à une certaines culture, à une certaines vision du « beau », de « l'art », du monde en fait, permettrait l'émancipation de ceux qui y sont étrangers, en « manquent » ou en sont privés/éloignés, parce qu'ils sont exclus de certains milieux culturels ou s'en contrefichent. Cet accès n'est un mode d’ascension sociale (tout relatif) que dans le cadre de cette mythologie, que dans le cadre de l'adhésion au jeu social bourgeois et à ses valeurs, il impose à l'individu de devoir/pouvoir s'assimiler pour « s'élever ». C'est une vision antipolitique puisque, au lieu de remettre en question les fondements de l'ordre social, elle les conforte, puisqu'elle s'évertue à entretenir la croyance en ses principes, ses valeurs et sa mythologie. Ici, donc, jusqu'à preuve du contraire, les intervenants qui s'opposent à mon propos sous entendent par « art », par défaut, ce qu'on entend historiquement par « art » en occident depuis peu de temps, et j'ai dit que c'était une conception bourgeoise et restreinte de « l'art » si on cherche un sens empirique, représentatif d'une certaine réalité, à cette notion, c'est à dire si on tient compte de ce qui devrait constituer un ensemble beaucoup plus large (universel) de représentations et pratiques à travers l'espace, le temps et les différents groupes sociaux, ce que je crois toujours pour n'avoir pas reçu de contre-argument convainquant. Par exemple dans la querelle sur l'art africain contemporain où pasiphaé et Jdoo ont répondu à côté de la plaque, il est clair que c'est cette conception de l'art qui vaut pour eux par défaut : L'art traditionnel est renvoyé à sa dévaluation en « art pour touristes », art moralement condamnable et méprisable pour eux évidement, puisque s'adressant à des occidentaux en recherche d'exotisme (et eux ont la vertu de ne pas chercher l'exotisme), mais c'est pas grave du tout parce que l'art contemporain africain, lui (le vrai nouveau, le nouveau vrai), montre combien « les africains » sont capables de se « civiliser » à travers l'Art sur le modèle des européens... C'est cette conception occidentale de l'Art, certes approprié par les autres (et ils ont le loisir c'est pas la question) qui est encore l'objet de leur défense, de leur attention, de leur discours sur « l'art », et pas celle universelle et étendue, celle dont je défends l'intérêt descriptif et qui est portée par l'anthropologie, la seule conception étendue qui puisse résister à la réalité empirique de la diversité culturelle, et lui donner un sens cohérent à travers la notion d'art (si on y tient). C'est pour ça que ma critique ne porte pas sur les pratiques et représentation symboliques qu'on pourrait assimiler où que ce soit, anthropologiquement, à de « l'art », mais sur l'usage qui est fait de ces catégories de « culture » et « d'art » dans les discours et leur influence dans les rapport sociopolitiques entre les groupes sociaux et les individus. Qui invente ces notions, à quelle vision du monde correspondent-elles ? Qui parle « d'art » et de « culture », sous quelle acception, et pourquoi ? Et non pas qui en produit (au sens large), puisqu'on aura bien compris que pour moi tout le monde produit à sa mesure de l'art et de la culture (sans pour autant les concevoir, les nommer ni les revendiquer comme tels) suivant les modalités du milieu socioculturel où il évolue. Donc, oui, chaque forme/pratique/représentation culturelle et/ou artistique est située socialement et historiquement. Mai si on cherche à donner un sens à l'objet qui nous occupe : « l'art », il faut bien réfléchir à ce que les variations culturelles font apparaître de matrice universelle commune. Sans quoi les supposés « primitifs » font par essence de l'art primitif voire pas d'art du tout (comme l'ont pensé certains), et les modernes (mais pas les ouvriers, seulement les ârtistes évidement), font de l'AÂrt et de la Qûlture, vôyez vous. ************ - Donc moi ce que je dis depuis le début, contre PH, c'est que « l'art », si tant est qu'on cherche à donner un sens à cette notion, à savoir un peu de quoi on parle, ça n'a pas de conception, de valeur ou de forme universelle, mais il procède d'un phénomène universel. Sa poésie, sa vision de la poésie est située et relative, elle n'a rien d'absolue. La plupart des membres du forum sont d'accord avec ça. PH est ethnocentré, conservateur et élitiste, il pense qu'il y a des valeurs artistiques absolues. Il croit que les classes populaires n'ont pas accès au « beau » et qu'il faut les libérer de cette douleur en les abreuvant de culture bourgeoise conservatrice. Ce qui rendra leur conditions matérielles d'existence certainement pas meilleures, mais au moins ils seront fiers et heureux de se culturer comme les bourgeois d'antan, qui eux avaient le bon goût du beau (le seul, le vrai) dans lequel ils baignaient depuis l'enfance, pas comme les nouveaux bourgeois libéraux décadents ou les masses incultes et abruties qui n'ont aucun goût.
- Citation :
- « Ma position « politique » (aïe ! Le mot interdit ! Restons axiologiquement neutre, telle est la devise lib-lib) est claire, je crois, et pas si éloignée, je le pense aussi, de celle de Jdoo : dénonciation du libéralisme et de son pendant libertaire dont le règne ne se limite pas (ce que se refuse à penser notre modérateur) au monde économique.
Il serait quand même étonnant que ce système mondialisé, impérialiste, s'arrête pieusement à la porte de la poésie. Il est quand même curieux que les mêmes propos, les mêmes « arguments », le même renvoi à l'individu (comme ici, le point de vue chacun demeurant circonscrit dans sa sphère, sans espoir d'échange, dans une désolante solitude des consciences) se retrouvent dans les réflexions des tenants lib-lib et dans ceux d'un certain courant poétique sur JE (dont notre modérateur est le porte étendard). » PH se croit subversif et vertueusement politisé en critiquant une conception supposément libérale et individualiste de la poésie, mais il ne fait que ressasser une conception bourgeoise-conservatrice et ethnocentrée de la « la culture » et de « la poésie ». On ne sait même pas quel est son argument de fond à part « individualisme = "liblib" = caca » (ce qui est à la fois ridicule et faux).
- Contre Jdoo, (le dossier s'est tragiquement alourdi, je m'y recolle plus tard)
- Contre Noxer et pasiphaé :
Déjà je reviens sur le contexte. Je suis pris dans un débat trollesque avec Jdoo et PH. Je fournis de gros efforts pour étayer mes propos (qui ne sont pas des attaques personnelles, mais pour s'en rendre compte il faut savoir lire). Et là on a Noxer qui intervient comme un cheveux sur la soupe pour balancer - Citation :
- « Nuage, tu as l'air bien certain de tes propos, mais la plupart sont des positions idéologiques égales à d'autres. Quand tu dis que l'art n'a jamais été sacré en soi, ça me fait hausser les sourcils. Idem pour qu'il n'a jamais eu de fonction ou ne crée pas de liens sociaux uniques. C'est en fait historiquement faux. »
Sans étayer son propos, alors que je démontre par la suite que « l'art » ne reçois pas de fonction universelle autre que d'être un vecteur particulier de sens, parmi d'autres vecteurs de sens dans la culture, et qu'il n'est pas une notion universelle (telle qu'inventée en occident), c'est à dire que dans des tas de société on fait de « l'art », selon une (non)définition qu'on pourrait étendre avec les efforts de décentrement de l'anthropologie, mais on ne fait pas « d'art » au sens moderne, c'est à dire que les productions qu'on peut qualifier d'artefact/œuvres « artistiques » (sous l'acception anthropologique, donc de manière anachronique ou décontextualisée), ce n'est pas comme ça qu'elles sont perçues et pensées dans leur contexte culturel. C'est à dire que les gens qui les produisent ne pensent pas « faire de l'art » et ne se prennent pas pour des « artistes » au sens où on l'entends aujourd'hui. Et si certains peuvent être des spécialistes de ce qu'ils font, comme dans les sociétés de castes, leur fonction est une fonction sociale particulière et signifiante dans l'ordre symbolique et pas un statut bâtard et fourre tout « d'artiste ». Donc comment pourraient ils considérer comme sacré une pratique ou un objet qu'on assimile à une notion qui ne fait pas partie de leur vision du monde, de leur mode de pensée ??! c'est ça que que je dis à la base. D'où mes développements et définitions ultérieures. Je me focalise sur l'art de ceux et celles qui n'ont pas conscience/prétention/préoccupation d'en faire car il est juste un moyen d'expression culturel qui ne cherche pas à se faire valoir, mais qui vit tout simplement à travers les pratiques sociales et vise des fonctions symboliques précises. A la base cette discussion découle d'une querelle sur le relativisme et d'un refus d'un certain nombre d'intervenants d'entendre et d'accepter les arguments relativistes. Et par dessus ça arrive une querelle opposée dans laquelle je critique le flou entretenu autour de la notion « d'art », qui, par défaut, à travers les exemples cités, réduit cette notion à une conception bourgeoise et ethnocentrée tout en affirmant que cet « art » (moderne, historique, situé donc), n'est pas bourgeois, ne répond pas aux attentes et intérêts de la bonne société, de la société bourgeoise et de son Capital matériel et symbolique. Moi je dis que cette conception de l'Art est bourgeoise mais que l'art, dans son acception universelle, ne devrait pas être réduit à ces manifestations officielles, instituées, explicites. Tout comme « la culture » ne devrait pas faire référence au monde de « la culture » (cher à la pensée petite bourgeoise culturelle à la Jdoo, voir la section « culture » sur le site d'Arte ou des émissions « culturelles » de merde comme celles de la pseudo-journaliste vedette léa salamé sur le service public par exemple) comme on l'entend dans le langage courant et institutionnel, mais devrait retrouver son sens descriptif de processus anthropologique par lequel les groupes humains et leurs membres, quels qu'ils soient, produisent du sens, des représentations symboliques et des pratiques sociales et les transmettent. Ce qui n'a pas grand chose à voir avec la réduction qui en est faite à l'industrie culturelle marchande, du spectacle ou de collection et à « l'histoire de l'art », qui constitue une mutilation de la notion de culture. Par exemple, pour partir de la banalité de l'usage extrêmement problématique de ces notions. On verra que je n'ai pas de leçons d'antifascisme et d'antiracisme à recevoir de la petite bourgeoisie culturelle et sa pensée médiocre, qui tisse un continuum (en tant que participante des intérêts du bloc bourgeois), dans sa conception de « la culture », avec les discours d’extrême droite. Ce n'est qu'une question de forme de ce qui doit être considéré comme LA bonne culture qui les différencie, suivant des accents plus ou moins conservateurs/identitaires, et pas une conception radicalement différente de la notion : - Citation :
- « Vous voyez bien qu’il y a des gens qui sont en rupture avec la France, ses valeurs, son histoire, sa culture. Allez à la comédie française, allez au théâtre, voyez dans le public qui est là et qui n’est pas là. C’est très intéressant »
La manipulation de ces notions bourgeoises conduit à des indignités racistes du type de celle-ci (https://twitter.com/BalanceTonMedia/status/1584174315951398912) où praud en vient à demander de manière rhétorique à ses bouffons de plateau pourquoi on ne voit pas d'arabes et de noirs à la comédie française et dans les théâtres parisiens (« voyez qui est là et qui n'est pas là » pour ne pas les nommer et paraître trop ouvertement raciste), pourquoi « ces gens ont du mal avec notre langue, notre culture » et sous entend, suite à l'affaire Lola, que ces « gens » devraient certainement fréquenter les espaces indiqués pour se montrer aux yeux de ces dégénérés de bourgeois et de leur fanbase de fachos, comme de « bons français » bien intégrés, selon les critères de cette bourgeoisie nationaliste identitaire et raciste et sa vision de « la culture française » (qui ne veut rien dire). C'est cette pente que j'essaye de redresser en dynamitant les fondations bourgeoises des notions bancales « d'art » et de « culture » telles que couramment employées dans le sens commun, c'est à dire telles que conçues et promues par l'idéologie bourgeoise-nationaliste (soit elle sous un vernis gauche molle/morale). D'où l'effort constant de définition. Évidement je ne dis pas que les intervenants d'ici souscrivent (tous) à ces discours d’extrême droite, je dis en quoi, selon moi, la critique de l'usage de ces notions bourgeoises est importante, primordiale même, avant toute réflexion sur des sujets culturels. Un autre exemple d'implication coloniale de la conception bourgeoise de « la culture » : - Citation :
- « "Je veux faire de ce village un Saint-Tropez la de culture."
Pierre Cardin dans Le Monde du 24 mai 2008 » dans « Contre les "Grands projets culturels" »
https://lundi.am/Contre-les-Grands-projets-culturels Et encore un exemple de manifestation politique contre « l'art » de musée (et son monde) : - Citation :
- En s’en prenant aux œuvres de célèbres artistes, les militants écologistes dénoncent le fait que le monde s’offusque de la dégradation de tableaux plutôt que de la « destruction de notre monde » .
Une des activistes s’est d’ailleurs indignée : « Les gens meurent de faim, de froid, les gens meurent. Nous vivons dans une catastrophe climatique. Et tout ce dont vous avez peur, c’est de la soupe ou de la purée de pommes de terre sur un tableau. Vous savez de quoi nous avons peur ? Nous avons peur que les scientifiques nous expliquent que nous ne pourrons pas nourrir nos familles après 2050 » .
https://www.letribunaldunet.fr/insolite/attaque-pomme-de-terre-militants-ecologistes.html?utm_term=TDN&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#Echobox=1666613981 * Entre temps je continue d'écrire et relire et je tombe sur ça qui apporte de l'eau à mon moulin et conforte mes intuitions : - Citation :
- « La soupe n’est pas jetée sur l’œuvre, mais sur sa condition d’exposition, l’écran vitré qui transforme le tableau en image, nous sépare de sa texture, de sa matérialité, de sa pâte. La soupe ne vise pas l’art mais sa protection et s’il y a iconoclasme (comme certains le disent), il casse non le tableau, mais une image de l’art, l’asphyxiante culture dont l’art ne cesse de souper. Quant au dispositif, il est sans trace durable, un cri dans le désert, des corps répondent de ce qu’ils font, corps bien plus solidement attachés aux cimaises que les œuvres accrochées. Pas de fuite. Dans la grande tradition de la désobéissance civile (Thoreau), il fait partie du dispositif que les conséquences soient acceptées. Eux au moins ne sont pas irresponsables, ils ne font pas de la politique en douce.
(…) Ces actions donnent à penser une relation. Tout se tient, notre souci protecteur de l’art et la non protection de la nature ont une même raison. Par leur geste inédit, symbolique ou conceptuel, ces jeunes activistes appellent à penser, en vue de l’action et d’un nouveau style de vie, cette même raison et son problème : comment protéger la nature sans que ne lui arrive ce qui arrive à l’art protégé, sans que nous en soyons séparés ; en vue d’une autre possibilité de vie que celle de survivants. »
https://lundi.am/La-soupe-et-le-petrole Dans cette soupe médiatique, il y a qu'à voir qui au nom de « l'art », pas des œuvres hein ni de leur sens, mais au nom de l'idée, du principe sacralisé de « l'art », de « la culture » (comprendre la légitime hein) défend le conservatisme (des œuvres et de l'ordre social), dans les lieux de conservation, contre le changement social, contre le message politique. L'indignité morale devant une attaque symbolique contre « l'art », abstraction fétichisée, est la manœuvre par laquelle on fuit, on nie, on combat, à la fois le geste politique et la réalité sociale et écologique qu'il met au devant de la scène symbolique à travers le sacrilège. Toute cette culture de « la culture » n'est pas une alliée des forces émancipatrices et de leurs luttes mais plutôt la vitrine de l'ordre social contemporain au nom de quoi la morale bourgeoise s'exprime et s'indigne. On s'indigne de voir de la soupe sur des vitrines parce qu'on n'a pas de réel objet d'indignation, car la condition bourgeoise rend aveugle et insensible aux réalités matérielles qui produisent des sujets d'indignation et de lutte vitaux, parce que la condition bourgeoise éloigne des risques d'oppression et oblige à la croyance en un monde juste, à la défense de ses propres intérêts symboliques et matériels, plus ou moins consciemment, contre le changement social.
De même pour les "liens sociaux". Désolé mais les sociétés sans « art » au sens où on l'entend de manière moderne ne sont évidement pas dépourvues de liens sociaux. Les productions culturelles « artistiques » (telles qu'on pourrait les considérer aujourd'hui suivant le projet de l'anthropologie) sont avant tout des productions qui prennent sens et fonction dans leur contexte culturel, symbolique situé. On ne danse pas, on ne sculpte pas des statuettes, on ne peint pas sur les parois des grottes ou les peaux pour fabriquer du lien, et encore moins pour « faire de l'art ». Toutes ces pratiques sont prises, sont encastrées, dans la vie sociale du groupe et l'ordre symbolique qui l'institue. A la limite l'art contribue à faire identité à travers les pratiques conformes. Mais « du lien », qu'est ce que ça veut dire ? Quelle dimension de la vie sociale ne fait pas « du lien » ?! C'est ainsi que j'ai dis que « l'Art », particulièrement dans sa conception moderne (la seule qui s'invente et revendique ce nom depuis l'occident), n'avait pas de « fonction en soi » telle que « créer du lien ». Les arts sont des formes d'expression symbolique le plus souvent support à des représentations cosmologiques/religieuses. La notion/conception récente de «l 'art » constitue une modalité particulière et ridicule des œuvres et artefacts « artistiques » qui ont été produits par l'humanité depuis son aube sans se prendre pour « de l'art ». C'est ça que je dis. Et je dis que « l'art » n'est qu'un vecteur de sens parmi d'autres dans la culture d'un groupe, il n'est pas LE vecteur vital, surtout pas dans sa conception récente, bourgeoise. Les sociétés à économie de de chasse et collecte ou agricoles au mode de production domestique ne vont pas au spectacle, au concert, ne fabriquent pas de musées ou enfermer des images et des objets, ne dansent pas pour un public mais pour eux-mêmes etc. Ils n'ont pas besoin d'un ministère de la culture et d'une politique culturelle qui décide de ce qu'il faut ou non promouvoir, créditer, valider, disqualifier, pour cultiver la leur en toute autonomie, de manière transversale à toutes leurs institutions. Je prends ces exemples radicaux encore une fois pour établir un contraste par rapport à la manière dont nous sommes habituer selon notre mode de pensée à appréhender les notions « d'art » et de « culture », de manière désencastrée de la vie sociale. Enfin, si un objet/artefact/œuvre apparaît comme « sacré », ce n'est pas pour lui-même mais pour ce qu'il représente, c'est ce qu'il représente qui est sacré, pas l'objet (sauf p-e chez les modernes/bourgeois qui crient au sacrilège et au blasphème pour atteinte à une œuvre particulièrement reconnue, sans souci de ce qu'elle représente, de son sens, mais par principe, pour elle-même, en vertu de sa supposée valeur « artistique » (historique et pécuniaire), ce qu'elle représente alors, ce qui est sacré, c'est quoi ? C'est son statut d’œuvre validée et légitime dans l'ordre symbolique de la société bourgeoise, qui affirme la supériorité culturelle de cette société qui l'expose et de son ordre social, qui la reconnaît, qui lui rend un culte). Enfin de toute façon, ailleurs, ça ne peut pas être le fait de le considérer comme « de l'art » (puisque ça n'est pas le cas) qui le rendrait intrinsèquement sacré. Donc non, les artefacts/oeuvres ne sont pas sacrées en elles-mêmes.
Après ça on a pasiphé qui arrive également comme un cheveux sur la soupe, en essayant « vite fait » de me convaincre que l'art, au sens moderne, n'est pas bourgeois, mais elle ne convoque que des référents qui sous tendent la conception restrictive, moderne, bourgeoise de l'art, celle de l'art conscient d'être de l'art, conception que justement je critique. Le désaccord est bien réel et ses exemples, qui me semblent alors perchés, ne me convainquent pas et me semblent révéler le biais propre à sa conception de la notion justement. C'est tout ce que j'ai dit. Quand je réponds ça à Jdoo : - Citation :
- « Non, désolé d'être affirmatif mais comme je l'ai dit juste au dessus, tu confonds toi aussi "l'art" qui est une notion bourgeoise, moderne et occidentalocentrée, et "la Culture", qui est un phénomène anthropologique universel. La culture est vitale, ou plutôt la vie est culturelle, par contre "l'art" n'a rien de vital »
Je pars du principe que l'utilisation qui est faite « d'art », par défaut, n'étant jamais définie et au regard des arguments, est la conception historique, le sens commun moderne. Et cette impression est confirmée par tous les exemples convoqués par les intervenants, qui sont toujours des exemples contemporains/occidentaux d'art pour l'art, d'art d'artiste, d'art institué en tant que tel, d'art répondant justement à cette conception moderne/historique de l'art, d'art qui se conçoit comme art quoi. C'est dans le but de contrebalancer ce flou, ce manque de définition et de décentrement, que je propose les définitions issues de l'anthropologie. Pas pour dire quoi faire. Je remets ici l'échange avec Jdoo où il me semble que c'est assez clair que je critique la notion « d'art » (je mets alors déjà des guillemets) telle qu'elle est inventée et instituée par la modernité, et l’utilisation romantique et fantasmatique qui en est faite dans cette discussion pour faire de cet « Art », pourtant récent, une essence de la vie sociale... - Citation :
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L'art a une fonction vitale en ce sens où il crée du lien dans le groupe. Non, désolé d'être affirmatif mais comme je l'ai dit juste au dessus, tu confonds toi aussi "l'art" qui est une notion bourgeoise, moderne et occidentalocentrée, et "la Culture", qui est un phénomène anthropologique universel. La culture est vitale, ou plutôt la vie est culturelle, par contre "l'art" n'a rien de vital, et la vie est loin d'être une œuvre d'art, sauf pour certains romantiques peut-être, mais c'est bien l’exception qui confirme la règle. - Citation :
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Et les individus sociaux que nous sommes ont besoin de ce lien pour ne pas dépérir. Non, les êtres sociaux que nous sommes ont besoin de relations sociales, à la limite de cadres culturels en constante transformation pour répondre au besoin de donner du sens. "L'art" moderne n'est qu'une sous catégorie récente, anecdotique et superflue de la Culture. Il répond plus à un impératif de codifier, institutionnaliser, discriminer, valoriser ou déprécier des contenus culturels et leur modes de production qu'il aurait quoique ce soit à voir avec une essence de la culture. La Culture est et "l'art" nouveau se taille une part de colon dans l'héritage de la Culture multimillénaire. - Citation :
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Il n'y a pas que l'art qui a cette fonction du reste. "L'art" n'a pas de fonction en soi, faut arrêter de se raconter des histoires. La seule fonction de l'art c'est celle que veulent bien lui donner les gens qui en produisent, en consomment, en détiennent. Tantôt c'est un objet de prestige, un marqueur social ostentatoire, une valeur refuge, un moyen de spéculation, de blanchiment, un objet de trafic, un modèle académique, un document historique, un objet de recherche ou de de querelles, de fascination ou d’exhibitions intellectuelles etc etc. D'ailleurs la preuve la plus manifeste que cette affirmation n'a pas vraiment de sens, c'est que si "l'art" contribue à tisser des liens sociaux comme n'importe quelle activité socioculturelle (et pas "du lien", ça veut rien dire), il est surtout responsable, en retour, de rompre des liens, que ce soit entre au sein des disciplines dans les différents courants, que du fait de ses caractères élitistes et initiatiques. Les "arts" font office, ils font office de chapelles bien plus que de passerelles. La Culture populaire est tout ce qui reste, tout ce qui lie, et elle fait même la passerelle entre des arts, dans son immense mansuétude. Et d'ailleurs je réponds ça à pasiphaé ce qui me semble retrospectivement également assez clair en fait : - Citation :
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tu te focalises sur la définition moderniste de l'art – qui a bien vécu Non, je me focalise sur l'ethnocentrisme de la notion d'art ainsi que sur sa vacuité. C'est beaucoup plus radical, c'est une critique de l'utilisation galvaudée et anachronique/ethnocentriste de la notion en elle-même. D'ailleurs si tu connais un auteur, autrice ou artiste qui sait définir cet objet je serais curieux de cette découverte. Quand une notion échoue à être définie, quand la réalité bat en brèche toute tentative de définition d'une notion, c'est un signe évident que la notion est bancale et qu'elle est le produit d'une vision du monde bien plus qu'une réalité empirique. C'est dans cette perspective que je convoque l'anthropologie afin de décentrer le débat et abandonner cette conception restreinte, récente et bourgeoise de « l'art » pour une conception empiriquement juste avec l'ambition de faire état de faits culturels universels, intégrant dans la notion d'art des pratiques, formes et représentation qui en étaient exclues à l'origine et actuellement encore par certaines conceptions implicites de « l'art » et de « la culture », parmi elles celle véhiculée par les discours élitistes ou racistes identitaires, dont on trouve des répliques « douces » dans des discours très consensuels qui présuppose un manque de culture (ou de « civilisation », c'est la même chose) chez certaines populations, c'est aussi pourquoi je parle d'impensé. Cette intégration de l'universel anthropologique n'est pas sans conséquences sur le sens même de la notion, qui doit donc être reconsidérée et redéfinie pour rendre compte du réel de la diversité des formes d'expression assimilables à « de l'art » pour et chez tout le monde.
Suivant une intuition des situationnistes : - Citation :
- Son document fondateur, Rapport sur la construction de situations…1, a été rédigé par Guy Debord en 1957. Dans ce texte programmatique, Debord pose l'exigence de « changer le monde » et envisage le dépassement de toutes les formes artistiques par « un emploi unitaire de tous les moyens de bouleversement de la vie quotidienne ».
L'un des principaux objectifs de l'Internationale situationniste était l'accomplissement des promesses contenues dans le développement de l'appareil de production contemporain et la libération des conditions historiques par une réappropriation du réel, et ce, dans tous les domaines de la vie. Le dépassement de l'art était son projet originel.
j'invite à se débarrasser de la notion contemporaine « d'Art » pour se focaliser sur la vie culturelle, l'art de vivre et les « arts » de/dans la vie qui n'ont aucune prétention artistique bourgeoise, qui n'ont pas à se faire valoir, qui ne se préoccupent pas de leur fonction car ils sont juste un moyen d'expression de telle ou telle fonction symbolique qui se manifeste. Vie culturelle donc, au sens anthropologique et non bourgeoise de « culture » capitalisable, c'est à dire comme le processus perpétuel de production et de transmission des supports du sens (représentations collectives, pratiques, objets, techniques, le matériel et l’immatériel) au sein des groupes humains, quels qu’ils soient et quels qu'en soient les formes. Et pas un répertoire de spectacles, marchandises, objets, prestations et expositions considérées comme une industrie comme les autres, comme un marché lucratif ou de prestige ou un instrument de discrimination élitiste en faveur des classes supérieures, indexé sur leurs valeurs et coutumes. Par exemple, je remets cet extrait de Jdoo qui est symptomatique de cette vision bourgeoise de « l'art » de « la culture » (que jdoo soit ou non bourgeois n'est pas mon souci, sa pensée l'est) qui postule un manque de culture dans les classes populaires et qui propose de leur balancer de l'engrais culturel bourgeois sur la tronche pour les « élever », après quoi, circulez, y a plus rien à voir. Il ne lui vient pas à l'esprit qu'il existe un art et une culture endogène intrinsèquement populaire, et qu'elle n'a pas par principe vocation à être acculturée à la culture institutionnelle, jugée plus intéressante, plus utile, plus belle, supérieure ou que sais-je, sinon pourquoi entreprendre cette colonisation des esprits des pauvres ? : - Citation :
- Après il y a quelque chose qui ne va pas avec ce que je comprends des événements culturels en France.
Avant mai 68, il y a effectivement un art bourgeois, élitiste que l’on peut qualifier de droite. Après mai 68, il y a une volonté de démocratiser la culture et de les rendre disponibles à toutes les classes sociales incluant celles qui sont traditionnellement défavorisées (ouverture des maisons de la culture, festival, représentations dans les prisons, dans les usines, redéfinition du théâtre -jeu, mise en scène et lieu (utilisation de terrain de basket pour la représentation de 1789) - par Nmouchkine, redéfinition du cinéma par la nouvelle vague, utilisation de non-acteur (Truffaut) et acteurs issus d’origine non occidentale et diversité culturelle par Peter Brook). L’art contemporain s’inscrivant originellement comme une contestation en réaction de l’art classique et établi et où justement l’esthétique n’est plus la préoccupation centrale de l’artiste (Mouvement Fluxus notamment).
Dans ces conditions, pourquoi essayer de faire croire que l’art est la manifestation exclusive de la classe bourgeoise et élitiste ? Il ne comprend pas qu'il n'y a rien besoin « d'ouvrir » ou « démocratiser » puisque la culture des classes populaires n'a pas à être l'objet de discriminations ou de stigmatisation telle qu'elle est. C'est précisément ce regard sur « la culture » et une manière de vouloir « corriger » les différences culturelles dans un sens, toujours le même, qui procède d'une conception bourgeoise de la culture. Et encore une fois, les classes populaires ne sont pas « défavorisées » (culturellement et économiquement), elles sont exploitées et discriminées sur la base de leur propre culture et du fait qu'elles n'ont comme unique propriété que leur force de travail (et parfois un lieu de vie non productif). - Citation :
- Qui ici "oppresse et exploite" symboliquement et matériellement les autres du fait de sa pratique artistique ? Ou bien, alors, conçu de façon conséquente cet argument revient à dire que celui ou celle qui dispose de plus de beauté (et est reconnue comme telle) "oppresse et exploite" les autres, que celui qui résout plus vite un problème "oppresse et exploite les autres". Je ne crois pas que ce soit très sérieux et que ce soit vraiment ce qu'il y ait à dire du sujet puisqu'il s'agit plutôt, en réalité, et je crois que c'est ça ton point et je m'étonne qu'on s'en soit tant détourné ; il faut casser le système qui produit des hiérarchies et ce système comprend, parmi ses outils de légitimation, l'art. Oui, si tu veux. Ce qui ne signifie pas, par ailleurs, que le monde "plus juste" que tu appelles de tes voeux sera dépourvu "d'art" ou de la chose qui remplira une partie de sa fonction tu appelleras ceci "pratique culturelle".
Je ne dis pas nécessairement que quiconque « oppresse et exploite » au moyen de sa pratique ici même. J'aurais même plutôt tendance à défendre la production symbolique des anonymes comme ceux et celles qu'on peut croiser sur la toile. C'est ainsi que je m'oppose à PH et à sa propagande conservatrice/élitiste depuis le début. Par contre je mets en question les catégories de pensée, le modèle, les ambitions et prétentions en termes de « culture » et « d'art » qui président à n'importe quelle production, peu importe ses dimensions et son lieu. Ceci dit, sachant qu'en dernière analyse, je n'oublie pas que le développement d'une pratique symbolique/culturelle nécessite des ressources en termes de temps et de produits de consommation, et que la division du travail qui permet aux uns de développer une pratique symbolique/culturelle se fait nécessairement au détriment de ceux et celles qui doivent occuper leur temps à produire les bien et les services que les premiers consommeront sans y prendre leur part de travail. Et bien sûr ça ne vaut pas que pour l'art et la culture. Se pose la question, comme dans tous les domaines de l'économie en fait (mais la culture n'est pas, par définition, une marchandise), de la juste et démocratique répartition du travail et des ressources. L'accès à un temps d'activité symbolique/culturelle pouvant être à la fois considéré comme une charge de travail dédié ou comme un privilège de classe selon le cadre de l'activité et la condition de l'individu qui la pratique. Je n'ai pas dit que tout était simple mais qu'il fallait poser des bases et les interroger. Je ne compte pas éluder cette question de l'exploitation sous prétexte d'un argument religieux justifiant l'allocation des ressources par principe, pour la fausse raison que « l'art » et « la culture » au sens bourgeois/moderne du termes serait « vital », serait LE facteur de production du « lien social ». Je n'ai pas l'intention de fantasmer, idéaliser et sacraliser ces pratiques et d'en faire le centre, voire le salut du monde sous prétexte que ça me touche ou m'intéresse (d'ailleurs je m'estime, au regard de nos recherches et productions respectives sur le sujet, bien plus (et surtout bien mieux) intéressé que des clowns comme Jdoo qui allèguent le contraire pour des raisons d'inaptitudes à répondre/comprendre et de mesquineries égotiques, se satisfaisant bêtement de fréquenter les théâtres, ce qui justifie à leurs yeux le trollage ridicule et frénétique qu'ils orchestrent sur le sujet). J'aime bien la poésie, certaines poésies, je pense qu'elle est un moyen fort de véhiculer du sens et des émotions pour certains et certaines, mais pas au point de me laisser abuser par l'idée qu'elle pourrait « sauver le monde », que sa pratique et sa lecture seraient vitales, particulièrement utiles à l'émancipation ou je ne sais quoi. Et je n'ai pas pris cette expression au hasard, elle est le titre d'un sujet ouvert ici même par PH...
à la vollée - Citation :
- il faut casser le système qui produit des hiérarchies et ce système comprend, parmi ses outils de légitimation, l'art.
C'est également ça oui. Tu auras compris qu'ici « art » renvoie pour moi à la conception moderne et bourgeoise, et pas à l’acception universelle recouvrant un spectre de pratiques et productions symboliques/culturelles qu'on peut assimiler à un ensemble, par définition, vaguement défini (je ne cesserai de le répéter à chaque fois pour éviter toute confusion). C'est bien la notion d'art (et de vraie/haute culture) elle-même telle qu'elle est inventée, conçue et utilisée par la modernité qui produit du jugement de valeur qui devient un motif de la domination culturelle. - Citation :
- Ce qui ne signifie pas, par ailleurs, que le monde "plus juste" que tu appelles de tes voeux sera dépourvu "d'art"
évidement non, oui. Entendu cette fois que cet « art » ne se réduise pas à ce qu'on entend couramment par « art » selon la conception bourgeoise et néolibérale que je critique. Cette modalité de conception et production de « l'art » est située, dispensable et probablement nuisible. C'est la manière bourgeoise concevoir et de s'intéresser à « la culture », « aux cultures » qui est à mettre en question, pas la culture en elle-même ni la diversité de ses phénomènes. - Citation :
- Les deux énoncés (je n'adhère à aucun) que tu mets en miroir ne sont pas égaux
" « la poésie sauvera le monde »... Qui sont le pendant de « l'éducation ou l'école sauvera le monde »" c'est de la sophistique de vouloir condamner la poésie à ce titre. Je ne « condamne » pas la poésie, tu l'auras compris à présent j'espère. Je ne suis pas étonné que vous fassiez ici de la poésie un totem, mais quand même, de là à surinterpréter une sorte de malveillance à l'égard du champ, alors même que j'ai plaidé à longueur de lignes le relativisme, et, contre PH, la légitimité des formes poétiques qui s'expriment ici.... Je dis simplement qu'elle, tout comme « l'art » ne sauvera pas le monde, ce que certains ici fantasment. . (donc je ne fais pas plus de commentaires sur le supposé ridicule d'un énoncé dont je suis pas auteur. Tout est dit, tu le concèdes toi-même.) - Citation :
- Et donc, de cette fausse équivalence, tu te sers pour discréditer, dans son ensemble, la poésie...alors que tu n'en avais franchement pas besoin.
Ah mais pas du tout. Mon objectif n'est pas de disqualifier « la poésie ». je dis que ces manières de penser sont équivalentes d'un point de vue politique en ce sens qu'elles induisent une foi en ces projet pour résoudre les problèmes politiques. Qui plus est comme si le problème politique c'était que les gens ne s'entendent pas, comme si le problème politique c'était d'arriver à faire communion dans quelque chose. Alors que précisément non. Tout ça c'est justement la négation même des questions politiques qui concernent la défense d'intérêts nécessairement antagonistes entre des groupes sociaux qui n'ont pas un accès équitable et juste aux ressources, aux statuts sociaux et au pouvoir, et ce n’est pas une question de « manque de culture ». C'est pour ça que je dis que c'est « antipolitique », dans le sens où nier les antagonismes politiques pour promouvoir une communion symbolique, un salut commun grâce à l'école ou à l'art, l'élévation de chacun de sa condition sociale selon un idéal bourgeois, ça joue un rôle politique précisément conservateur. La stratégie la plus commune de la bourgeoisie, c'est de cacher les problèmes politiques, faire diversion en inventant des problèmes culturels, psychologiques, éducatifs, identitaires, moraux.C'est pour ça que je dis que se focaliser sur les questions d'accès à « la culture » et à « l'art » tout comme d'accès « à l'éducation (nationale) », c'est dépolitisant car ça invisibilise les antagonismes qui sévissent dans la société, quant aux intérêts contraires des exploitants et des exploités, tout en faisant croire que l'accès à ces valeurs culturelles, leur capitalisation va permettre de résoudre ces antagonismes et relations d'exploitation/domination. Or c'est faux. L'accès à ces valeurs culturelles n'a strictement aucune incidence sur les antagonismes structurels entre exploitants et exploités, dans la répartition des rôles, elle n'est qu'une modalité de tri pour déterminer qui doit être exploité ou exploitant. Je passe sur ça - Citation :
- « Ensuite tu produis un second énoncé [sur l'école] qui, celui-ci, n'a pas été prononcé (et qui déborde de ridicule) »
puis : - Citation :
- « d'ailleurs l'idée que "l'éducation sauvera le monde" bah c'est pas idiot... »
Tu me dis que l’énoncé déborde de ridicule puis finalement n'est pas si idiot....mais bref. - Citation :
- tu le défends en creux, d'ailleurs, simplement pas "cette" éducation.
Non non, des formes d'éducation peuvent participer comme moyen selon certaines circonstances, volontés, aspirations, mais ce n'est absolument pas un absolu ni une nécessité. L'absolu c'est la lutte pour un rapport de force politique émancipateur. Qu'on soit supposément « éduqué » ou pas, selon telle vision du monde ou telle autre. Ce n'est pas, en définitive, l'éducation qui émancipe (c'est p-e même plus sûrement l'inverse, l'éducation rend docile, intègre, forme et conforme). L'éducation scolaire, elle, permet juste de gagner des places dans la compétition sociale suivant ses règles et conceptions bourgeoises (avec des gains potentiels dans la compréhension et dans les qualifications sur certains domaines, certes). Mais ce qui émancipe, c'est la conquête de l'autonomie politique, c'est la victoire dans une lutte, qui permet de renverser un rapport de force, de domination ou d'exploitation défavorable, ce n'est pas un contenu culturel quel qu’il soit à assimiler, qui n'a pas d'effet matériel sur les rapports de domination et d'exploitation. - Citation :
- l'affirmation d'une supériorité de l'art et de la culture (ce que presque personne ne fait ici) aboutit à une diversion quant aux problématiques sociales et quant la lutte politiqu
Non, je dis que les conceptions et usages des notions communes/bourgeoises « d'Art » et de « Culture » sont des impasses politiques nourrissant toutes les diversions, entravant le changement social. Ce sont des forces conservatrices. - Citation :
- puisque certains sont nobles et d'autres subalternes, et la hiérarchie à l'intérieur des pratiques artistiques redouble les dominations sociales puisque recoupe la position des acteurices. Donc, en gros, l'art est une création qui, parmi d'autres, reproduit et maintien le système inégalitaire
Non mais, il peut bien y avoir des entreprises subalternes aux autres, des petits et des grands patrons, voire des patrons qui s'exploitent eux mêmes, c'est pas pour autant que la notion bourgeoise "d'entreprise" (nécessairement lucrative et libérale) conçue comme moyen de production dans lequel la recherche du profit passe avant la recherche de l'utilité sociale, est juste. En termes d'utilité et de sens pour le groupe, pour son économie, c'est une hérésie économique l'entreprise bourgeoise. Pour résoudre ce problème il faut se décentrer de nos prénotions économiques et repenser la notion « d'entreprise », qui, si tant est qu'elle puisse recouvrir le sens d'une réalité universelle, est par essence, par fonction primaire, anthropologiquement, un moyen de production encastré dans la vie sociale, répondant à des besoins matériels et sociaux, et pas un moyen de profit pour des détenteurs de titres de propriété (ça c'est une fonction secondaire et facultative liée à une conception bourgeoise). C'est la réponse à un besoin collectif et pas à une recherche de profit privé qui est le fondement économique primaire d'une "entreprise". C'est la même critique que j'adresse aux notions bourgeoises « d'art » et de « culture » qui sont inventées précisément pour servir l'ordre symbolique qui les manipule, rien de plus. - Citation :
- (encore une fois tout le monde historicise cette notion ici et ses mutations et les intérêts que ces mutations servent)
Non cette historicisation est une façade puisque la notion n'est pas redéfinie et les discours sous entendent presque toujours la conception que je critique. - Citation :
- ça n'empêche pas, par exemple, de déterminer certaines formes d'expression que l'on aimerait pratiquer et déterminer, collectivement, des règles dans leur agencement, et celles-ci peuvent être minimales pour une oeuvre textuelle "ça doit être lisible" ou encore plus minimal "il faut qu'il y ait des lettres" et ainsi de suite.
Mais tu raisonnes encore en te préoccupant de ce que devrait être cet « art », comme l'instituer de manière abstraire, au lieu de juste le laisser vivre, l'observer et le reconnaître où il jaillit dans la culture, sans chercher à le faire valoir en tant que tel. Représenter le monde n'appelle aucune autre nécessité que celle de faire sens aux yeux de ceux et celles à qui cette représentation s'adresse. On a pas besoin de se dire, ni même de savoir, qu'on fait de « l'art » pour en faire, pour être légitime à en faire. Et on a pas besoin d'avoir de gens qui décident si ça ou ci c'est de « la culture » ou de « l'art » selon tel ou tel critère, pour les besoins d'une idéologie, d'une politique ou du marché. Je dis que penser avec ces notions telles qu'elles sont bourgeoisement conçues et entretenues c'est déjà problématique, et aliénant. - Citation :
- Il faut, en attendant, composer avec un monde existant et je conçois que l'on peut discuter d'à quel point composer ce n'est pas compromettre. Autre sujet.
Oui c'est toute une question. Je te remercie d'avoir fais l'effort de lire attentivement (contrairement à certains) et de pointer des interrogations quant à certaines articulations du propos. ***************************************
Pour finir : Philippe Descola - Qui a inventé la “nature” ? | Les idées larges | ARTE Ainsi qu'on se demande, avec Descola, « qui a inventé la nature ? » en revenant sur l'idée que « la nature » n'existe pas, en tout cas qu'elle n'est pas une conception universelle, on pourrait se demander « qui a inventé la culture (et l'art) ? ». Cette découverte implique en creux que la notion à laquelle s'oppose celle de « nature » dans les conceptions du monde occidentales et modernes, « la culture » (et tout ce qu'elle est censée « contenir » ou « produire »), n'existe pas non plus, en tout cas n'est pas universellement conceptualisée comme telle. La question n'est pas de savoir si tel arbre existe ou telle œuvre existe matériellement (ces objets existent pour tout le monde évidement), mais à quelle vision du monde renvoie leur conceptualisation en tant que « nature » et « culture », et ce que ça produit sur l'ordre social et symbolique. Si la nature n'existe pas dans la perception, dans la vision du monde, comment la culture, qui s'y oppose conceptuellement, existerait-t-elle ? Le revers de cette mise en question de l'idée de nature, c'est bien la mise en question de l'idée de culture. Sachant que dans la vision du monde qui porte cette dualité (le naturalisme pour Descola), pour laquelle cette opposition fait sens, c'est bien « la culture » qui est censée dominer « la nature ». La « civilisation » culturelle est censée dominer son environnement « naturel », mais aussi les populations jugées « sauvages », les « naturels », mais encore, à l'intérieur même de la « bonne société », « la culture » (dont les « arts » etc), est censée élever et civiliser les âmes. J'interroge cet implicite dominateur des conceptions et usages de la notion de « culture » au sens moderne (et ses dérivés comme celle « d'art »). Suivant le slogan écologiste « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend », on pourrait imaginer que « Nous ne défendrons plus « la culture », nous seront de la culture qui se défend ». Ces 2 slogans se retrouvant certainement synonymes dans une pensée post-naturaliste. * « Comment entièrement rénover tout un tas d'ruines ? Quand on comprend pas c'que tu dis, c'est en justice qu'on te traduit Mon pavé était pourtant plein d'bonnes intentions »
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| | Nombre de messages : 174 Âge : 32 Localisation : 00.000.00.0 Pensée du jour : « Il n'y a pas une tête lucide entre deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n'être pas les deux. » Date d'inscription : 22/07/2021 | Nuage-Rouge / Tycho l'homoncule Mer 16 Nov 2022 - 8:35 | |
| - Contre Jdoo (et son monde) : bourgeoisie culturelle ; confusionnisme ; le politique, l'art et le religieux (affaires dans le bouddhisme) ; art-culture-sujet-conscience (mdr) ; une gauche critique fasciste ? (MDR) ; osef du théâtre petit bourgeois + la culture n'est pas privatisable, n'est pas une marchandise ; et enfin justice sociale contre paniques morales:
Contre Jdoo finalement... (son problème, je vais finir par croire, c'est qu'il ne sait pas lire, pas plus mes longs pavés argumentés que le résumé pourtant bref et limpide qu'en a proposé Salima (qui s'est vue mépriser à son tour pour avoir abondé dans le sens de mon propos), son problème c'est qu'il ne veut pas lire, qu'il ne veut pas penser, qu'il préfère se complaire dans sa panique culturelle bourgeoise perfusée à la moraline, il me rajoute du travail avec ses idioties et calomnies, heureusement, ou malheureusement pour lui, j'ai du courage et de la bonté dans le fond) Cette pensée typique de la bourgeoisie culturelle, donc, ose me donner des leçons d'antifacscisme, avec sa rhétorique nauséabonde, peu ou prou celle qu'on peut entendre dans la bouche de tous les perroquets du gouvernement actuel, consistant sur tous les sujets, parce qu'elle n'a au fond rien à dire, rien à penser, rien à défendre d'autre que son monde et sa position, à amalgamer la gauche critique et radicale à l’extrême droite identitaire et fasciste dans la dénonciation sophistique « des extrêmes ». C'est une paraisse abrutissante, malhonnête et ridicule pour qui connaît l'opposition totale des valeurs défendues aux deux bouts de l'échiquier politique, historiquement et actuellement. Je prendrais volontiers cette ineptie pour une insulte s'il n'était pas aussi flagrant et délicieux qu'elle est avant tout une insulte à l'intelligence de celui qui l'a produite... - Citation :
- est-ce que tu ne trouves pas (je force un peu la question) que dans tous ces débats, on veut faire porter à l'art une responsabilité dont il n'est pas responsable ?
En fait les seuls ici qui veulent faire porter une responsabilité à « l'art », ce sont ceux, comme toi, qui lui attribuent des pouvoirs magiques, fantastiques, surnaturels et vitaux, voire religieux. Moi c'est ça que je viens contredire à la base (pour des encéphales acquiesçant rétrospectivement devant cette « évidence » vous vous montrez bien bicéphales...) En particulier quand il s'agit d'exprimer une conception bourgeoise et ethnocentrée de « l'art » telle que tu la véhicules plus ou moins consciemment (je l'ai montré). - Citation :
- Si la poésie est relative au sujet, et je pense bien qu’elle l’est
Elle est surtout relative à une conception culturelle de la poésie, partagée et transmise dans un groupe. Le sujet est nécessairement, naturellement si j'ose dire, enculturé. - Citation :
- Cela implique qu’elle ne peut jamais prétendre à être un absolu (désolé), ni un universel.
Non tu prends le problème à l'envers. C'est en travaillant à observer, répertorier et définir les formes d'expression relatives à des conceptions de « la poésie » qu'elle soit conceptualisée comme telle ou pas, dans leur variété et diversité étendue, qu'on peut trouver/approcher ce qui, universellement, procèderait de la « poésie ». Ce n'est pas parce que toutes les formes sont différentes qu'il n'y a pas un principe universel (ou au moins étendu) qui préside à l'expression de ces formes « poétiques/artistiques », c'est précisément ce à quoi l'anthropologie de « l'art » essaye de conduire. Et plus généralement, c'est ce à quoi l'anthropologie s’attelle, à découvrir les principes universels qui président à la constitution des différentes formes d'identités et d'altérités culturelles à travers l'espace et le temps. C'est l'enquête sur la variété et la diversité des formes qui conduit à la (re)découverte et (re)définition des principes (et notions), des réalités qui fondent l'unité de l'humain, c'est à dire l'universel (le seul, qui n'est évidement pas de manière exclusive et situé idéologiquement "républicain"). Ce n'est pas depuis une position relative, située, ethnocentrée, à partir de catégories de pensées, de préjugés et de prénotions impensées qu'on peut décrire, appréhender et comprendre la réalité selon les Autres et leur vision du monde singulière. Ce qui ne signifie pas que cette singularité, cette altérité procède d'une essence inaccessible. Il faut « juste » entreprendre un effort de décentrement et de redéfinition des catégories de pensée (ce que tu refuses). Sans quoi on retombe dans des biais essentialistes, qu'ils soient racistes, sexistes, classistes ou que sais-je. Mais je conviens que ce n'est pas toujours simple à comprendre et appréhender, cette articulation fondamentale entre diversité/altérité des personnes/groupes, et unité de l'humain. - Citation :
- ce que je veux dire par là c’est que donner du sens est une préoccupation du sujet, le monde lui, n’a pas besoin de sens pour être. Le sens que l’on pose sur les objets et leurs relations est une nécessité de la conscience
Et c'est précisément la culture (quelque soit sa forme) qui propose un répertoire de significations au sujet, qu'il s'approprie (la culture au sens anthropologique du termes, pas au sens d'une industrie culturelle et du spectacle, d’œuvres d'arts reconnues comme telles, d'un mode de vie supposément raffiné ou d'une idéologie supérieurement « civilisatrice »). - Citation :
- Finalement un poète ou un scientifique, possède le même but, c’est d’expliquer le monde en lui donnant du sens.
Oui et non, donner du sens, ce n'est pas forcément expliquer. La science cherche à décrire, comprendre et élucider méthodiquement des phénomènes de la réalité, cherchant à produire des connaissances empiriques, ce qui est certes une manière de donner du sens. Mais on peut très bien représenter le monde et lui donner sens sans l'expliquer, sans chercher à produire de la connaissance scientifique. Une incantation adressée à un esprit n'est pas une explication, mais elle contribue à entretenir une relation sociale entre un être humain et une entité non humaine, ce qui est porteur de sens pour l'humain. Et l'existence de cette entité permet de donner sens à des événements de la vie, des phénomènes, des rêves, sans pour autant chercher à les expliquer comme le ferait la science. La croyance en un monde juste, qui décrit le fait de blâmer des victimes d'une injustice quelconque en leur attribuant la responsabilité de leur malheur, répond à un besoin de donner du sens aux événements sur lesquels on a pas de prise, tout en sauvegardant la croyance en un ordre social et cosmologique stable dans lequel chacun « mérite » ce qui lui arrive. Ce qui est rassurant pour son propres destin. Le karma en est une incarnation. Le Karma, ça donne du sens aux événements mais ça n'explique rien. - Citation :
- d’où un impossible point final aux explications que l’on donne.
Certaines explication scientifiques suffisent à élucider certaines questions précises. Donc non. Tu justifies juste ton fantasme de la quête de l'impossible par des spéculations hasardeuses, pour te dispenser de travailler ton sujet. - Citation :
- C’est comme si la poésie surgissait partout dès lors que l’on cherche à décrire le monde. C’est à dire dans la peinture, le théâtre, le cinéma, la littérature, même la science. Ce qu’on appelle, je crois, commodément l’art
Oui oui, continue de tout mélanger sans faire aucun effort vis à vis des contributions précédentes. Si tu veux dire que poésie = art = culture = donner du sens = science (= religion aussi tant qu'à faire ?), c'est comme tu le sens. Moi je dis que tu entretiens volontairement la confusion dans le débat pour pouvoir en définitive dire tout et son contraire, ne pas te confronter aux réalités et usages différentes auxquelles sont censées renvoyer ces termes et notions, et ainsi noyer le poisson. Parce que tu rejettes par principe, confort ou feignantise, les efforts de définition. Ce n'est pas parce que ces notions entretiennent des relations étroites, ce n'est pas parce qu'elles méritent d'être confrontées à la réalité empirique, repensées, et redéfinies, qu'on peut soudainement décréter qu'elles sont équivalentes pour se débarrasser des problèmes qui leur sont posés, et qui sont posées à ta pensée étroite et mielleuse. A ce propos je te renvoie à ce que j'ai déjà partagé sur l'image et la représentation du visible, et une possible réinterprétation du propos pour les images qu'on produit dans l'écriture, notamment poétique, dans Les formes du visible. - Citation :
- l’art (qui a bien du mal aussi à souffrir une définition, donc pourquoi en demander une ?)
Parce que c'est le sujet et parce que ta vision des choses souffre d'un manque cruel d'information, d'un déni même, des recherches et contributions sur le sujet. Tu veux parler d'une chose sans savoir ce que c'est ! Or, soit tu peux définir ta notion, du moins essayer d'en circonscrire le problème des contours et de la réalité, les enjeux, de réaliser un travail critique sur la notion (au lieu de décréter par principe, par foi ou mysticisme, qu'elle est insaisissable, insondable, tout en la sacralisant), et ça a un sens d'en parler, soit tu peux pas, et en parler n'a aucun sens car tu parles de quelque chose que tu ne sais même pas décrire, saisir, que tu ne veux pas connaître et donc en fait tu ne sais pas de quoi tu parles, et refuse de savoir, tu parles à tort et à travers. Chacune de tes interventions qui vise à saper les arguments de fond en n'y répondant jamais et en déplaçant le débat sur la personne, sans jamais citer de propos appuyant tes dires, est affligeante et t'enfonce toujours un peu plus dans le ridicule, j'espère que tu en as conscience. Encore une fois, tu ne trompes personne. C'est un refus de discuter sur des éléments tangibles, des faits, des arguments, des documents. C'est « moi je décide que c'est pas définissable » au doigt mouillé pour enfumer le débat et rien d'autre. Si tu t'étais un peu plus intéressé aux arguments que tu rejettes sans les avoir compris (ni même p-e lus), tu verrais que les « définitions » que j'ai apportées disent précisément que « l'art » au sens moderne, au sens où tu l'entends toujours, de manière bourgeoise, est en réalité une conception restrictive et orientée, ethnocentrée de ce qu'on pourrait appeler « art » avec un effort de décentrement permettant d'universaliser la notion. Tu ne fais que des contresens de ce que je dis, en ne me citant jamais pour appuyer ton charabia implicitement accusatoire. C'est accablant. - Citation :
- Pourquoi l’art suscite de l’urticaire chez certains, et peut-on leur conseiller un bon dermatologue pour apaiser leur souffrance ? L’art étant subjectif il sert les intérêts du sujet.
Mdr, bouffon... (=flemme) - Citation :
- L’utilité de l’art n’est donc pas unique et ne peut pas prétendre à un universalisme. Tantôt conformiste, tantôt contestataire, l’art est protéiforme dans ses manifestations et elle est toujours politique (c’est-à-dire qu’elle appartient au débat et aux préoccupations de la cité, à ce titre dire que l’art est dépolitisant est un contre sens, par définition même de ce qu’est l’art et la politique),
Tout l'enjeu de mon propos est justement d'universaliser la notion pour sortir de la conception précisément moderne et bourgeoise à laquelle tu réduis l'art et la culture en général. Par ailleurs je n'ai pas dit que l'art en lui même, dans sa dimension universelle, ne peut pas être politique, je dis que la conception (moderne et bourgeoise) que tu entretiens de l'art et la culture est dépolitisante (celle qui produit précisément les réactions d'indignation et de panique bourgeoise les plus ridicules quand de la soupe vient à couler dans des musées). Le politique ce n'est pas « ce qui préoccupe la cite », le politique c'est ce qui définit les conditions de distribution des richesses des statuts et du pouvoir dans un groupe, en particulier, dans une société stratifiée, à travers la défense d'intérêts antagonistes vis à vis de ces réalités.
Tu ne sais ni définir l'art, ni le politique, mais tu vas m'apprendre que je fais des contresens sur les relations qu'ils entretiennent, qui plus est en travestissant mes propos. Mdr l'audace, la clownerie... Dire que l'art est toujours politique, c'est du niveau de généralité équivalent à dire que tout est politique. Oui ok, mais en quoi ? Dans quel sens ? Selon quelles modalités ? Qu'à « l'art » de spécifiquement/intrinsèquement politique ? Moi je note, à travers les propos que j'ai déjà cités, que ta conception de la culture (ce qui englobe l'art) est dépolisante, pour ne pas comprendre ce qu'il y a d'antipolitique à imaginer que les pauvres sont en déficit de culture et qu'il est satisfaisant et utile de les gaver de culture bourgeoise pour combler leur supposé manque. Tu ne comprends/n'acceptes pas la démonstration, tant pis pour toi.
J'ai donc jamais dit que l'art en lui même et en soi était dépolitisant, j'ai dit que la promotion de « l'art » et de « la culture » (au sens contemporain) et ces notions mêmes, ainsi que leur usage courant, dont le tien, l'étaient. Car elles sont des catégories d'exclusion et de discrimination suivant telle ou telle conception de la valeur indexée sur les intérêts bourgeois. Moi je ne défends pas l'accès à tel art ou à telle culture, pour « s’élever » ou se « civiliser », je défends la légitimité et la reconnaissance de tout art et de tout processus culturel (parler de telle ou telle "culture", c'est déjà trahir la réalité empirique et réifier des phénomènes qui ne sont pas des objets, qui sont des notions abstraites de l'analyse décrivant des processus qu'on ne peut pas figer dans le temps et dans des contours précis, en constante actualisation et transformation), en tout lieu et pour tout individu, à commencé par ceux et celles dont l'expression culturelle est méprisée et entravée pour faire partie d'une catégorie sans moyens ni temps ni espace culturel reconnu. Car colonisé par les cultures hégémoniques et commerciales, assujetti au temps de travail et assigné plus ou moins fermement à résidence par le fait même de leur condition matérielle. Et je défends qu'on n'a pas besoin d'un mode de pensée comprenant la catégorie « art » pour produire des « œuvres », discours et représentations culturelles et symboliques relevant d'une conception universelle des arts. Que les « arts » et « œuvres » n'ont pas besoin de se faire valoir et reconnaître comme tels, selon une conception bourgeoise, pour être pratiqués et légitimes. Si l'art est universel en ce qu'il représente un continent de pratiques symboliques assimilables entre-elles à travers une extrême variété, sa conceptualisation en tant que tel ne l'est pas, ce qui implique de comprendre les enjeux et intérêt symboliques et politiques d'une telle catégorie là où elle se manifeste. Même s'il paraît que pour certains, il s'agit d'un truisme dont l'évidence confine à une lapalissade, il est certain que le sens de ces réalités t'échappe totalement, tes posts trollesques étant criblés d'incohérences, d’incompréhensions manifestes, de confusions et de contresens. Tu te complais dans un déni cultivant le goût de l'affaire personnelle et du procès d'intention totalement à côté de la plaque. Allant même jusqu'à invectiver les personnes nouvelles qui débarquent sur lesujet, qui arrivent à comprendre ce qui, toi, te met en échec depuis le début, et ça t'agace beaucoup. Alors tu balises frénétiquement.
Et si finalement toi et n'importe qui estimez être d'accord avec mon propos qui sonne comme une évidence, j'en suis ravi. On fera comme si tout était entendu depuis le début... - Citation :
- et elle ne se réduira jamais à une définition de l’usage qu’en ferait une classe (disons bourgeoise, pour reprendre l’obsession de certain sur le sujet)
Sauf que TA conception EST bourgeoise, tu l'as démontré par toi-même à ton corps défendant. C'est elle que je rejette, je rejette ton usage. J'ai longuement expliqué les malentendus sur les notions « d'art » et de « culture », j'espère que les choses sont claires à présent, et sinon, bah tant pis, je crois pas faire mieux, et je commence à penser que toi non plus. Et quand je vois des gens débarquer et synthétiser mieux que moi ce que j'ai essayé d'exprimer à travers mes développements, je me dis que mon propos ne doit ni être inaccessible, ni parfaitement incohérent, contrairement à ce que tu essayes de faire croire à chaque ligne. - Citation :
- C’est comme prétendre que la religion est cause de tels ou tels problèmes. Alors que non, c’est toujours le sujet le responsable de la façon dont il s’en sert. L’art n’est pas la cause première c’est une conséquence de la conscience.
Avant de prétendre que « la religion » est ou n'est pas responsable de ceci ou cela, il faudrait savoir ce qu'est « la religion ». Là encore je crains que ta conception de ce qu'est « la religion » soit, tout comme pour « l'art », empreinte d'un certain ethnocentrisme lié à la société d'où tu viens. L'anthropologie du fait religieux a pourtant des réponses cruciales sur le sujet, mais sûrement te contenterais tu là aussi de ne pas chercher à savoir ce qu'est la religion tout en affirmant que la définition du premier dictionnaire venu te suffit pour produire un discours éclairé dessus. Ca c'est de la pensée critique dis moi. Par ailleurs, en revenir toujours « au Sujet », est également une manière totalement dépolitisante d'envisager « les problèmes » (et c'est un symptôme de ton mode de pensée, commun à celui de la pensée bourgeoise qui cherche à aplatir les verticalités sociales pour conforter son mythe de l’horizontalité des trajectoires individuelles supposément « libres »). Pourtant, la cause de la plupart « des problèmes », particulièrement concernant le fait religieux, ce n'est pas à l'intérieur du sujet qu'il faut les chercher, mais à l'extérieur, dans l'organisation des rapports sociopolitiques. Le religieux étant régulièrement un faire valoir du pouvoir politique, le politique étant nécessairement une composante du pouvoir religieux.
- Un exemple avec le boudhisme :
Je pourrais mobiliser des tas d'exemple mais là j'ai ça sous le coude, dans un documentaire qui enquête sur les crimes « éducatifs » et sexuels dans le bouddhisme tibétain, notamment en occident : - Citation :
- « Dans mes yeux d'enfant, le dalaï-lama était l'incarnation de la bienveillance. Pourquoi n'a-t-il rien fait ? Je me suis rendu compte qu'il n'était pas seulement un chef spirituel, mais aussi un dirigeant politique. »
« [Le dalaï-lama] a réalisé qu'il pouvait lier la dimension politique, la dimension spirituelle, et la dimension culturelle, c'est à dire sauver la culture tibétaine grâce au désir spirituel des occidentaux, et aussi utiliser le désir spirituel des occidentaux pour faire pression politiquement sur la Chine. »
« Quand le dalaï-lama a reçu le prix Nobel de la paix, il s'est instantanément transformé en célébrité internationale. (…) Chez les bouddhistes, la branche tibétaine est minoritaire. Et pourtant c'est de loin celle qui s'est le mieux exportée chez nous. Ce succès est surtout dû au dalaï-lama qui en quelques années a réussi à se hisser au rang d'icône. Et pendant que la cause du Tibet reçoit un soutient mondial, les affaires d'abus se multiplient. » Évidement il faudrait interroger la possibilité même prétendre définir et « sauver la culture tibétaine ». J'ajoute que le « désir spirituel des occidentaux » n’apparaît pas comme une pulsion magique depuis leur for intérieur à cette époque, et ne se tourne pas au hasard vers l'orientalisme. Ce sont des conditions, déterminations et représentations collectives qui produit ce genre de phénomènes, bien loin d'une causalité purement interne profondément enracinée dans l'individualité du « Sujet ». https://www.arte.tv/fr/videos/095177-000-A/bouddhisme-la-loi-du-silence/
Pour l'art et la culture, c'est pareil, il y a bien plus à apprendre sur une œuvre à travers le contexte culturel du groupe dans lequel elle est produite qu'à travers la psychologie du « sujet » qui l'a produite. C'est d'autant plus vrai dans les arts « traditionnels », ce qui encore une fois révèle à quel point ta conception de l'art est biaisée, totalement engoncée dans une conception de l'artiste-individu-sujet exprimant toute sa libre subjectivité décontextualisée de tout environnement socioculturel qui conditionne pourtant à la fois son discours, sa technique, ses intentions, ses ressources matérielles et symboliques. En enracinant l'art dans « le sujet », tu fais presque un contresens en arrachant la dimension culturelle à un phénomène pourtant précisément culturel... c'est à dire relevant pour une grande part de représentations collectives de connaissances transmises et partagées collectivement. Quant à l'art comme conséquence de la conscience, mais qu'est ce que ça vient faire là ?!! Tu peux dire ça de toutes les dimensions « immatérielles » de la vie humaine. Ca ne résout absolument rien à ce niveau de généralité : « Le politique n'est pas la cause, c'est la conscience, le religieux n'est pas la cause, c'est la conscience, le racisme n'est pas la cause, c'est la conscience, la science, c'est la conscience, l'athéisme, c'est la conscience, le complotisme, la conscience, l'amour, la conscience, la haine, la conscience, la guerre, conscience, la mort, conscience, la justice, conscience, suicide, conscience, et blablabla... » Tu vas où avec ça ? En bout de course ton raisonnement conduit à un essentialisme de toutes les réalités « immatérielles »/ »spirituelles » humaines sous une cause mystérieuse et insondable qui serait « la conscience ». Sauf que non, la conscience est une condition nécessaire de tout un tas de réalités humaines mais pas LA cause de ces réalités. De même que l'eau sur terre est une condition de la vie, mais elle n'en est pas LA cause, de même que la présence d'air est une condition pour avoir du feu, mais ça n'en est pas la cause ou encore que la découverte de la poudre noire est une condition de l’apparition des armes à feu mais pas non plus la cause. - Citation :
- Si je reviens au recadrage bien légitime de Houle (et on sent bien qu’il y a de l’agacement à lire les interventions [souvent pénibles, redondantes, contradictoires, mal fagotés, bancales dont je suis d’ailleurs un des honteux et malheureux responsables]
Oui, certainement le principal, avec PH... Par exemple je suis obligé d'être condescendant voire méprisant avec l'irruption intempestive de houle qui n'apporte rien au débat et ne fait que manifester son propre mépris égotique pour le sujet qui nous occupe et nous intéresse, contribuant plus que quiconque à sa stérilité, sous couvert d'une injonction monolignesque et trollesque (une de plus) à devoir produire une matière et la publier ici pour pouvoir en parler... Personne n'oblige pourtant cette prolifique poétesse à venir lire ici et s'importuner toute seule de ce qu'il se passe dans cette section, personne n'a de compte à lui rendre sur l'utilisation de son propre temps ; personne ne l'a sonnée, en fait... - Citation :
- C'est à dire que ne pas s'intéresser à quelque chose en temps qu'élève n'est tout simplement pas une option. Et je suis persuadé que c'est là le nœud du problème de l'enseignement. En tout cas, j'ai vraiment du mal à croire que tout ça ait un lien très fort avec la poésie ou l'art.
Non ça n'est pas ça le nœud du problème. Ce genre de trolle vaut toujours largement ma condescendance et mon mépris. On aurait beau trouver une formule magique pour intéresser tous les élèves ou donner le libre choix de leur emploi du temps, ça changerait pas que certains élèves se retrouveraient pénalisés par leurs choix dans la société inégalitaire, ou que certains élèves seraient mis en concurrence les uns et les autres pour les choix qui sont perçu comme les plus prestigieux/prometteurs/stratégiques. Tu crois que les riches ont une passion génétique pour le business, le droit, la médecine et l'administration ? Bien sûr que non, les stratégies et la culture familiales sont au cœur de la reproduction sociale et déterminent en grande partie les goûts et les choix des jeunes. Les classes supérieures ont une consciences des positions sociales dominantes, et plus particulièrement des moyens de les atteindre à travers le système scolaire. Ils ont une avance conséquente sur des classes populaires qui n'imaginent même pas pouvoir avoir accès à l'enseignement supérieur. Là où les uns savent que telle profession prestigieuse des parents les attend, les autres n'ont même pas imaginé un instant pourvoir se projeter dans tel ou tel cursus/métier. Ce serait pas grave si les ouvriers étaient mieux payés que les avocats, les médecins, les hauts fonctionnaires, les pdg, compensant la pénibilité et le faible statut social par la rémunération, mais c'est tout simplement pas le cas puisque c'est l'inverse, c'est la double peine systématique, y compris à la retraite (quand elle ne se résume pas tout simplement au repos éternel). Depuis le début tu comprends pas le lien entre « art », poésie et culture, tu confonds tout. Tu n'es pas capable de comprendre pourquoi une institution comme l'école, qui a pour fonction d'ac culturer des populations, est mobilisée dans une discussion sur les arts et... la culture. Je ne m'attends plus à ce stade que tu cherches à comprendre sincèrement quoique ce soit sur le sujet. - Citation :
- il y a une banalisation de la parole qui déprécie l'art et la culture (et même la science bien que ça ne soit pas le sujet ici)
Ne vient pas parler de science quand, en bon obscurantiste, tu t'adonnes ouvertement à mépriser tous les apports et définitions scientifiques dans un débat. - Citation :
- un candidat aux élections présidentielles dit de façon complètement décomplexée qu'il torpillera le service public s'il est élu, car c'est un repère de gauchiste (il a fait 7% à la présidentielle).
Mais quel P%t@!µ de rapport ?§! Il est malade lui ! Sache que ta propagande sur « la culture » n'aide en rien à combattre les idées d’extrême droite puisqu'elle sert les intérêts de ceux qui se plaisent à renvoyer, comme tu y cèdes, dos à dos la gauche critique et radicale et l’extrême droite. Tu fais de la peine mon pauvre, cette prétendue gauche culturelle embourgeoisée qui a perdu tout sens de la critique sociale fondamentale fait de la peine... - Citation :
- On est en présence d'individus qui ne se contente pas de ne pas être d'accord avec l'autre, mais veut aussi le détruire. Et oui ça me glace.
Heureusement on se contentera ici de vous mépriser pour vous détruire, symboliquement seulement (pour le moment). - Citation :
- Il fait du reste mine de croire que l'art est le seul apanage de la haute bourgeoisie, c'est faux.
Non, de la bourgeoisie étendue et tous ses dépendants, serviteurs et aliénés évidement. Et oui, je parle bien de « l'art » et de « LA culture » comme appareil symbolique bourgeois, mais selon ta conception des choses évidement, pas telle que j'en ai proposé une définition étendue, auquel cas c'est encore un contresens énorme que tu produits, en forme de pitrerie contre ton camp. - Citation :
- [Couplet 4 - Casey]
Dégagez les lieux et videz les assiettes C'est fini la fête On vient dans ton périmètre Libérer la bête On manie la batte, aujourd'hui dites-lui qu'il arrête Ton disque mon quintette s'en tape, s'en fout qui l'achète Et pour tous les fins connaisseurs qui terminent leurs phrases Par "le rap tu sais ça fait peur c'est l'usine a gaz Et meilleurs sont les spectateurs sur les scènes de jazz" Eux, dites-leur que des nègres en sueur ont quitté la case - Citation :
- C'est faux. Certains (Peter Brook, Ariane Mouchkine, et d'autre qui ont sur le sujet plus que péter les axiomes) ne vous ont pas attendu pour faire les remises en question
Mais on s'en tape de tes starlettes théâtreuses d'avant garde multirécompensées que personne ne va voir et qu'on connait à peine purée... Tu comprends ou pas ? C'est tellement pas mon sujet ça ! Ces personnages sont des clichés de la bourgeoisie culturelle et ses valeurs, personnages ultralégitimes, dont l'engagement politique notable se résume à avoir appelé à voter Sego en 2007 et à dénoncer l'occupation du Tibet par la chine... Quel courage politique ! Le privilège de la distinction sociale à travers "la culture" bien bien légitime, en même temps que la vertu morale de "l'artiste engagé". Mdr, on est proche de la révolution, les classes populaires se sentent représentées et sont galvanisées làà ! - Citation :
- c'est cette ignorance totale d'un milieu qu'il ne connait pas et qu'il ne veut pas connaître, car il le méprise
je méprise ton discours et je me fiche de ton « milieu » ici, c'est pas mon sujet ton totem. C'est précisément ce sur quoi porte ma réflexion, le droit à ne pas devoir s'acculturer à une certaine conception de « l'art » et de « la culture » pour pouvoir revendiquer une expression culturelle quelle qu'elle soit, qui est légitime en soi, par le fait même de son existence. Je n'ai pas besoin d'aller au théâtre pour me sentir autorisé à parler de culture puisque j'ai la mienne, comme tout le monde, et comme beaucoup elle n'est pas faite d'une fréquentation assidue de théâtres. Personne ne t'interdit d'y aller, tu fais bien ce que tu veux. Et moi j'apporte bien la réflexion que je veux sur ce type de pratique et son monde, qui n'est ni vitale, ni universelle, ni même obligatoire en France, et heureusement (contrairement aux fantasmes de pascal praud et p-e de jddo...). Mais qui néanmoins permet à certains jusque sur les plateaux télé, d'établir des jugements de valeur discriminants à l'égard d'une partie de la population selon qu'elle fréquente ou non ces espaces de "bonne" société. Et commence par lire la documentation apportée par tes contradicteurs dans un débat avant de donner des leçons de « bonne volonté à connaître » les choses. Escroc intellectuel. - Citation :
- Il faut tout de même rappeler que pour lui toute production artistique doit être gratuite, pour lui on peut piller les œuvres sans complexe
Je vais pas refaire le débat, mais la culture est par essence gratuite. Il n'y a que sous forme de marchandises et prestations capitalistes qu'elle peu se vendre, à partir de l'invention du droit d'auteur et de la propriété intellectuelle (privée et lucrative) par le droit bourgeois (voire le lien conceptuel avec les brevets de l’entreprise bourgeoise, qui permettent par exemple la privatisation des connaissances pharmaceutiques d'utilité universelle, et même la spoliation de certaines connaissances autochtones). Il n'y a que des moyens coercitifs bourgeois (moyens policiers de l'Etat, infrastructures et technologies de contrôle et de répression de la diffusion non marchande de la culture, qui pourtant s'effectue naturellement et sans coût, notamment à l'ère de la copie numérique), qui essaye avec plus ou moins de difficultés à empêcher la diffusion et le partage de la culture, qui par essence se diffuse dans et entre les groupes. La seule chose qui motive à entraver cette diffusion, c'est la volonté de pouvoir capitaliser dessus. Donc oui, considérer la culture comme une marchandise est structurellement et historiquement bourgeois. Après t'as le droit d’adhérer aux valeurs bourgeoises et de les défendre, mais faut assumer plutôt que nier l'évidence et se vautrer dans des acrobaties rhétoriques improbables et puériles. Et en passant, on ne peux pas piller ce qui est à tout le monde et qui se partage sans coût, sans perte pour celui qui détient. On ne peut piller ce qui relève d'une chaîne de traditions, d'idées et d'interactions culturelles immatérielles dont personne ne peut individuellement revendiquer la propriété originale et originelle. On ne peut piller que des marchandises dans un monde de marchands et de propriétaires. Et la marchandise et la propriété, ce sont les piliers du monde bourgeois, c'est ce en quoi le monde bourgeois et sa pensée cherchent à tout transformer. - Citation :
- au mépris total des artistes qui en sont les créateurs
Oui je méprise les prétentions usurpatrices à se proclamer « créateur », car rien ne se créer, tout se transforme, dans la matière comme dans la culture. - Citation :
- de façon complètement décomplexée, m'ayant fait remarquer, après que je lui ai dit que ce n'était pas correct, qu'il était en matière de moral au-dessus de ça
Outrage ! Sacrilège ! Disgrâce infâme !! - Citation :
- franchement c'est prendre un peu les gens pour des bananes d'en faire la remarque
J'aurais plus de facilité à me faire comprendre de tout un régime fleurissant que de certains cornichons diplômés... - Citation :
- Qui a intérêt à museler et mépriser les artistes ?
Retour au point de départ, relis tout en boucle jusqu'à ce qu'une étincelle surgisse ou abandonne à jamais - Citation :
- un redresseur de torts, et un avide de pureté et de justice
Oui tu as tort et je t'offre généreusement le redressement, non tu confonds la recherche de cohérence, de radicalité au sens d'aller chercher à la racine des choses avec la « pureté » qui est une injonction morale qui relève plutôt de ton mode de pensée à toi (ce n'est pas moi qui invoque les sueurs froides). Quant à la justice, évidement, puisque sans notre action politique, le monde est par défaut injuste. Celui ou celle qui n'est pas avide de justice est complice de toutes les injustices. - Citation :
- Il a beau jeu de dénoncer les dogmes des autres alors que son seul but c'est d'imposer les siens.
Encore une fois, mais ça à l'air terriblement difficile à accepter puisque ça empêche ce genre de sophisme, je n'ai ici aucun moyen d'imposer quoique ce soit à qui que ce soit. Surtout pas, suivant les éléments hétéroclites que j'apporte constamment, un dogme. Et je ne « dénonce » aucun dogme, j'essaye d'éclairer, d'analyser ce qui relève de la pensée bourgeoise structurant l'ordre social et symbolique contemporain, néolibéral, dans les notions « d’art » et de « culture » et leurs usages, ici et dans nos sociétés. Je propose des données et une analyse interrogative, pas un dogme. - Citation :
- Et donc oui ce genre d'individu me met très mal à l'aise et me colle de sueurs froides.
Tout l'honneur est pour moi. Je ne me délecterai jamais assez des sueurs froides noyant le malaise petit bourgeois s'accrochant à sa moraline. - Citation :
- comment peux-tu supporter les messages de ton idole qui sont systématiquement méprisants, hautains, paternalistes
Mdr, le gars dénonce un supposé paternalisme hautain et méprisant tout en déniant à son interlocutrice d'avoir son propre avis conscient sur les choses, sans idolâtrer quiconque. Bravo l'ârtiste ! Quant à moi j'assume mon ton à l'encontre de ceux et celles qui l'on provoqué. Et je t'invite à revoir la définition de « paternalisme », car elle ne qualifie ni de près ni de loin mon ton assurément hautain et méprisant envers ton discours confus et trollesque. - Citation :
- donc en plus de défoncer des portes ouvertes
Peut-être mais toi tu ne passes toujours pas l’encadrure ! ...
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