C'est non sans une certaine émotion que je me décide à me présenter. Non pas tant pour la foultitude de réponses et de lecteurs, il y a plus important à traiter sur les autres sections, mais, symboliquement, je m'engage un peu avec moi-même, ce jour.
Ce n'est pas la première fois que je m'inscris sur forum, presque chaque chapitre de ma vie a eu le sien, et je sais combien, lorsqu'on s'attache aux gens, aux plumes, aux fils qui se déroulent bien trop vite en notre absence, combien, si on se sent un peu chez soi, un forum peur être chronophage.
Alors c 'est une double promesse, que je n'espère pas être un simple vœux pieu. Celle de m'y engager, et celle de me laisser d'autres espaces libres, sans trop passer de nuits à vous lire, vous commenter, relire encore, en découvrir un autre, une autre, et finir par aggraver l'état de mes cernes déjà trop marquées.
Ma grand-mère aussi à des cernes marquées, ma mère, mes tantes. Aucune d'entre nous n'a eu la vie tranquille, mais en plus, le soir venu, toutes avons cette tendance à nous laisser vivre quelques heures encore, quelques heures de silence, égoïstes tête à tête avec soi, trop rare, trop précieux. Alors, écrire, en plus du reste ? Lire, commenter, suivre le chemin créatif des autres ? est-ce que j'ai le temps, vraiment ? Non. L'envie ? Un grand oui !
J'ai lu et relu les règles de ce lieu, c'est franc, c'est clair, c'est bien. J'ai un grand besoin de clarté, en général. Tout me va, reste à prendre mes marques et un trouver l' équilibre, ma fréquence.
J'ai parcouru déjà, lu quelques nouvelles, j'en ai aimé certaines, eu envie de glisser un petit mot mais j'étais encore interdite de le faire. Je vais pouvoir, maintenant! J'ai découvert au moins une personne dont je sais déjà que je vais être fan, j'ai cliqué un peu partout, ça y est, je suis prête.
Bon, sinon, j'adore imiter les accents, surtout pendant les réunions de boulots ou les moments conflictuels, avec une grosse préférence pour l'accent belge dont il me reste un vague héritage génétique un peu étiolé après quelques générations, mais qui est là, quand même. J'aime les voix, les tics de langages, les expressions, les gens imparfaits. J'adore les mots, j'ai besoin aussi de les chanter, de les rire, de les écrire.
Est ce que j'aime ça, vraiment ? Je ne sais pas. En tous cas, c'est une nécessité. Chanter, écrire, sont les seuls espaces dans lesquels je sens que le temps d'arrête, emplis d'aucun parasite, aucune arrière-pensée. Juste ici et maintenant. C'est précieux. Vital, même, de s'arrêter parfois et de laisser glisser le temps sans le voir défiler. Pour le reste, je trouve qu'il passe bien trop vite.
Si j'avais le champs libre, je passerai ma vie à gesticuler, à lire à voix haute pour les autres, à inventer des histoires et chanter dans les rues, avec pour rêve secret de doubler les voix des dessins animés, des personnages loufoques et des princesses aux antipodes de mes vagues aspirations féministes.
Mais j'ai choisi plus jeune un chemin de vie qui me contraint aujourd'hui à compter mes heures de solitude et de loisirs sur les doigts d'une main par semaine. Mais c'est une belle vie, aussi. Elle est remplie, et elle me remplit.
Alors, quelques nouvelles, de temps à autre, souvent écrite d'un trait, que je relis ensuite de manière quasi-obsessionnelle à la recherche de la virgule qui changera tout ; quelques chansons chantées entre deux choses à faire, quelques accords de ukulélé, le soir, enfin.
Pas d'aspiration particulière si ce n'est la faim de découvrir des écritures différentes de la mienne, et de pouvoir recevoir de temps à autres des remarques pertinentes et pointilleuses, pas comme ma mère ou mes copaines qui trouvent toujours tout "super bien". Je crois que j'ai besoin qu'on me pousse un peu, qu'on chipote, qu'on me dise, sans autre vocation que de me dire que j'ai bouclé, de temps en temps, quelques pages qui me semblent "propres".
Je me prépare doucement pour un jour, quand je serai vieille, quand j'aurai trouvé le sens, la chose que je voulais dire, l'urgence de la partager, quand il me semblera avoir compris quelque chose.
Côté musique je laisse bien souvent FipRadio m'emmener dans des endroits que je n'aurai pas exploré seule, puis je fais confiance aux copaines qui me partagent leurs découvertes.
Pour le reste, l'enfance malheureuse, les détours de chemins, les vies que j 'ai eu avant, celles d'après, je vous les garde pour plus tard, quand je pourrai en rire ! Rire et jouer, c'est un peu mon métier. Apprendre aux autres à le faire, accompagner, donner la main pour aller jouer avec les autres, faire apprendre en jouant, avec toujours un but secret connu de moi seule. Et alors une fois que tout le monde joue, bien occupé, j'observe, et je pense à des trucs.
Côté lecture, c'est presque morne plaine, je lis rarement pour moi, mais je lis beaucoup aux autres. J'ai aimé pleurer sur le coeur cousu et rire avec les Malaussène, j'ai joui en pleurant de rire sur les lignes de la critique de l'anxiété pure, j'ai aimé ne pas oser tourner les pages de certains livres, et je me souviens encore, un soir de mes 8 ans, avoir vomi de tristesse après la mort du petit prince.
Aucune étude dans dans mon parcours, presque pas de diplôme, aucun titre, aucun vécu à brandir qui me donne la légitimité d'écrire ou de commenter, mais une envie bien là, de partager, de découvrir, de prendre soin des textes que l'on me donner à lire et des gens qui se cachent derrière, ou au contraire, se mettent à nu.
Bien à vous et à bientôt !
Camille
Dernière édition par Camille Lafrousse le Lun 14 Fév 2022 - 14:05, édité 1 fois