Nombre de messages : 1725 Âge : 41 Date d'inscription : 11/01/2019
elopez7228/ Fiancée roide Ven 17 Sep 2021 - 12:44
Hello,
Je vois que la poésie est tout un sujet sérieux sur ce forum. Perso je n'en ai jamais lu... à part les machins de Maurice Carème en primaire et les Alexandrins de Victor Hugo en seconde.
Je ne comprends pas la poésie. je suis complètement hermétique. J'ai l'impression que les foules poussent des glapissements et autres trémolos dès qu'il y a une rime et un thème un peu romantique (au sens littéraire du texte). Faites rimer voiles avec étoiles et c'est la pâmoison.
Meh.
Sauf que. Y'a aussi des gens qui sont vraiment à fond (sur ce forum, déjà). Mais j'ai aussi un collègue qui ne lit que ça ( ) ; et Diglee, une autrice et militante féministe que j'aime beaucoup, va sortir une anthologie des poétesses, illustrée, avec des biographies, morceaux choisis, et traductions inédites. J'ai l'impression d'être un playmobile dans un musée, je me sens à côté de la plaque.
Baptiste Beaulieu, médecin et militant LGBT+ plutôt médiatisé, aussi une personnalité que j'apprécie, vient d'annoncer la sortie d'un recueil de poésie de sa plume. Il écrit :
Baptiste Beaulieu a écrit:
Parce que. Parce que la vie c'est franchement de la merde. Parce que la vie c'est merveilleux. [...] parce que je suis PD. Parce que je suis catholique. Parce que, tout en politique, je suis militant politique. Parce que je suis médecin depuis douze ans et que je ne comprends pas pourquoi des enfants meurent. Parce que nos contradictions sont nos médailles d'humaine et d'humain. Y'a pas de championnat d'humanité, ni de jeux olympiques de Paradoxe, mais dans ma tête et dans mon coeur, je concours et je perds dans plusieurs catégories chaque jour. Comme vous. Comme tout le monde. L'important c'est de participer. De la poésie queer, chrétienne, anarcoco.
Bon. je fais quoi avec ça, moi ? Il m'intéresse et en même temps, vais-je rester bloquée comme un chat devant une feuille de salade ?
j'aimerais débloquer cette appétence chez moi, car j'ai l'impression de rater quelque chose.
Comment comprendre la poésie ? Est-ce qu'il existe un guide pour les nuls ?
Nombre de messages : 1156 Âge : 31 Date d'inscription : 01/08/2020
Grisebouille/ Si c'est pas urgent, je le fais pas Ven 17 Sep 2021 - 12:49
Je me suis posée plein de fois la même question. Je ne comprends pas la poésie. J'ai des poète.sse.s préféré.e.s mais la plupart me laissent de marbre.
Mon seul conseil serait de trouver le/a poète.sse qui te correspond en lisant plus de poèmes, en essayant de diversifier tes lectures... J'étais hermétique à la poésie et j'ai découvert René Char qui pourtant n'est pas un poète facile et ça m'a réconciliée avec la poésie. J'ai enchaîné avec Apollinaire, Eluard et Blaise Cendrars. Anna Akhmatova aussi est touchante (ses poèmes et son histoire). Va voir "la chanson du mal aimé" de l'équipe du mock sur Youtube. C'est mis en voix et en musique alors c'est plus accessible
Edit : je rajouterais bien un truc : j'ai commencé à aimer la poésie quand j'ai compris qu'elle se ressentait et ne se comprenait pas.
Nombre de messages : 2555 Âge : 74 Localisation : Paris Pensée du jour : "Là où l'on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes." Heinrich Heine (écrivain allemand du XIXᵉ siècle) Date d'inscription : 27/01/2020
Profsamedi/ Le bruit et la pudeur Ven 17 Sep 2021 - 13:00
Bienvenue au Club. Sauf quelques œuvres que j’étais obligé d’étudier en classe, et qu’on m’a expliquées, et les grands classiques en alexandrins qui ont un véritable sens, j’y suis également totalement hermétique. On y survit très bien.
Dernière édition par Profsamedi le Ven 17 Sep 2021 - 13:01, édité 2 fois (Raison : Correction de fautes d'orthographe (honte à moi, il en reste encore certainement))
Nombre de messages : 2629 Âge : 123 Date d'inscription : 08/04/2019
Leasaurus Rex/ Terrible terreur Ven 17 Sep 2021 - 15:05
Je ne comprends pas la poésie non plus. Et ce n'est pas grave. Je crois que c'est justement la différence entre le roman ou la nouvelle et la poésie. Les premiers racontent une histoire, choisissant plutôt un médium plus efficace (dans le sens plus facile à appréhender), en prenant leur temps pour dérouler. La deuxième s'occupe des ressentis, des images, des jeux de mots, et raconte une histoire aussi, mais de manière moins directe, plus détournée, elle prend moins son temps, elle choisit une autre efficacité. Je ne suis pas sûre que le roman serait arrivé là où il en est aujourd'hui s'il n'y avait eu la poésie. Et inversement.
Et quand j'y réfléchis, je me dis qu'en fait la poésie, elle est partout. C'est une lapalissade, j'en suis consciente, mais j'y crois vraiment. Pour moi, elle n'est pas seulement dans les poèmes, dans les recueils, dans la recherche. Il y a une certaine poésie dans l'image, dans le dessin, dans le roman aussi, qui ne s'attache pas à la poésie "pure" comme on la conçoit, qu'elle soit réglementée par des codes, ou plus moderne et affranchie de ces règles. Et c'est peut-être là que se trouve ma sensibilité personnelle. Car cette poésie-là part d'un ressenti, et trouve sa place à un endroit qui ne semble pas forcément avoir été conçu pour ça. Et rien que ce phénomène en lui-même est poétique. Alors bien évidemment, j'aime retrouver la poésie dans mes lectures romanesques, car c'est là que se situe, pour moi, l'émotion, la mise en ambiance, l'immersion. C'est parler au coeur d'une autre manière, plus subtile, peut-être.
Mais si la lecture de poésie "pure" me laisse souvent de marbre, il arrive que je me fasse emporter, certaines fois. Et dans ces cas-là, c'est précieux. Romancero Gitano de Federico Garcia Lorca (ne comprenant pas l'espagnol, j'ai la version bilingue que je trouve très forte), La triste fin du petit enfant huître et autres histoires de Tim Burton (dont je préfère la version anglaise à la traduction, et que des connaisseurs et connaisseuses rangeront peut-être plutôt dans la liste des comptines), Invictus de William Ernest Henley... Sont mes coups de coeur en termes de poésie "pure". Je pense que ma rencontre avec ces poètes et ces poésies comportait une grande part de laisser-aller. Se laisser aller au ressenti, ne pas s'attacher à la logique, mais plutôt à ce qui résonne en nous, ce qui fait vibrer les cordes qu'on ne voit pas, et dont on ne connaissait pas l'existence. C'est parfois un mot, une image, une tournure de phrase, c'est parfois un univers, une sensation, une odeur... C'est un laisse-aller qui s'apprend, selon moi, car c'est le même qui me permet d'être perméable à ça dans d'autres domaines que la poésie écrite.
Enfin, je présente mes excuses aux poètes et poétesses qui passeraient sur ce fil et qui pourraient s'étrangler sur mon message. J'espère ne froisser personne, c'était un exercice délicat d'argumenter sur ce sujet.
Noxer a écrit:
Gare au modéraptor.
Nombre de messages : 4417 Âge : 55 Localisation : Paris Pensée du jour : Three blinds rabbits. Date d'inscription : 05/11/2017
Jdoo/ L'ivre de la jungle Ven 17 Sep 2021 - 15:33
Moi je comprend pas trop la poésie quand je la lis. Mais quand c'est récité par un bon, ou mis en chanson (comme le faisait Léo Ferret,Brassens etc.), je me dis ; ha oui ... d'accord c'était donc ça ! Il me faut un médium en quelque sorte. J'aimais bien ici quand les JE lisaient les textes des autres, j'avais comme des révélations.
Nombre de messages : 9707 Âge : 30 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010
Pasiphae/ Truquage geniphasien Ven 17 Sep 2021 - 16:27
Je pense qu'on a chacun·e une histoire particulière, dans notre rapport à la poésie (pour celles et ceux qui ont fini par réussir à la lire, à l'apprécier), au sens où c'est rare, mis à part pour des personnes peut-être biberonnées à la poésie dans leur enfance, d'y être parvenu d'un coup.
Pour moi, c'est passé par les mises en voix – qui m'ont permis, tout comme jdoo, d'"entendre" les poèmes, et de comprendre qu'ils étaient d'abord rythme et musique. Voici quelques exemples, en spoiler, de poèmes chantés / mis en voix qui sont restés importants dans mon itinéraire.
Spoiler:
"Femmes damnées" de Baudelaire par Saez
"L'héautontimorouménos" de Baudelaire par Jean-Louis Murat
"Le serpent qui danse" de Baudelaire par Serge Gainsbourg
La poésie de Jean Genet par les Chevals hongrois
La poésie de Desnos par Les Chevals hongrois
"Est-ce ainsi que les hommes vivent d'Aragon par Marc Ogeret
"Épilogue" d'Aragon par Jean Ferrat
"Un jour j'ai cru te perdre" d'Aragon par Catherine Sauvage
"Il n'y a pas d'amour heureux" d'Aragon par Georges Brassens
Ensuite, c'est passé par la découverte de Michaux, un poète très narratif, qui combine historiettes un peu absurdes et travail poétique de la langue. Là où Baudelaire, Rimbaud et cie m'avaient paru ampoulés, je réussissais à apprivoiser avec lui un certain rapport à la langue, joueur, expérimentateur. Voici en spoiler quelques-uns de ses poèmes.
Spoiler:
"La ralentie", lu par Germaine Montero
"Nous deux encore" lu par Gwen Denieul
"Les hommes en fil" lu par Gwen Denieul
Et pour finir, c'est passé par l'écriture. J'ai commencé à écrire des petits poèmes narratifs à la Michaux, et progressivement, ça m'a aidée à lire la poésie (mais pas toute la poésie : j'ai des goûts beaucoup plus sélectifs en poésie qu'en romans, par exemple ; il est rare que je n'aime pas du tout un roman reconnu comme classique, mais a contrario, il est rare que j'adhère complètement à un recueil classique)
Je trouve très chouette le message de leasaurusrex ! profsamedis : oui, on y survit, mais je le jure, on passe quand même à côté de délices particuliers, et très intenses
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Nombre de messages : 811 Âge : 58 Pensée du jour : 947 ! Date d'inscription : 25/08/2021
Le rosier/ Double assassiné dans la rue Morgue Ven 17 Sep 2021 - 17:13
A vrai dire, moi non plus. Car est-ce son objet ? Je pense que la poésie n'est pas faire pour être comprise, mais pour être ressentie. Et comme j'aime bien tisser des parallèles entre l'écriture et la peinture, je dirais presque que le roman ou la nouvelle, c'est de l'ordre du figuratif. Et la poésie de l'ordre de l'abstraction. Avec une palette de variation infinie entre ces deux analogies.
Nombre de messages : 187 Âge : 41 Localisation : Paris Date d'inscription : 22/06/2021
Cosmos/ Tycho l'homoncule Ven 17 Sep 2021 - 17:31
J'ai rarement lu de la poésie, pas tellement mon truc en général, mais pour en avoir lu un peu récemment, je peux dire que oui, faut savoir être à l'écoute de sa sensibilité, et que l'apprécier passe par : - les mots : selon ce qu'ils évoquent, leur puissance, ils peuvent faire passer des sensations ; - le rythme de la poésie : en se la lisant dans sa tête, pour ceux qui y sont sensibles, ils peuvent ressentir la manière dont le poète a lui même imaginé le rythme, il peut y avoir un effet grisant si c'est voulu rapide, ou doux si cela prend son temps, et selon la manière dont c'est fait ; - la signification du poème : certains poèmes nous toucheront + si le poète aborde un sujet qui nous tient à coeur, auquel on est sensible... Bref, comme d'autres l'ont dit, ça se ressent...
Et donc pour revenir à ton interrogation d'origine, si tu apprécies Baptiste Beaulieu, et que tu te laisses une chance de ressentir ses mots (et qu'il a lui même laissé parler sa sensibilité), c'est possible que tu apprécies (certains de) ses poèmes... (pas tous, c'est comme les romans d'un même auteur, on sera plus sensible à l'un qu'à l'autre) Après, je ne suis pas une pro de la poésie, alors ce n'est qu'un avis très personnel, et peut être que tu achèteras son bouquin pour rien, donc à toi de voir.
EDIT : Tiens, au cours de ma lecture de promenade, suis tombée sur cette phrase (de Jérôme Ferrari, dont j'apprécie le style, même si le "roman" biographique dont c'est tiré me plaît pour l'instant moins que d'autres + brillants) :
"Vous étiez si peu naïf qu'il vous était impossible de croire que toute la réalité du monde se laisserait un jour apprivoiser par les concepts familiers du langage des hommes, vous saviez qu'il faudrait en venir à la cruelle nécessité d'exprimer, comme le font les poètes, ce qui ne peut l'être et devrait être tu". (le "vous" de sa phrase est un physicien du début XXe)
Ce qui me fait penser, comme il l'évoque, que la poésie sert aussi à exprimer des choses qu'on a du mal à évoquer autrement, sans doute parce que c'est + de l'ordre du ressenti... (je suppose du moins, n'étant pas poète)
Nombre de messages : 1349 Âge : 50 Pensée du jour : 100HO7+LHO+L100 Date d'inscription : 10/03/2019
nuit2chine/ Tentatrice chauve Sam 25 Sep 2021 - 12:06
Bonjour
Moi non plus, j'y suis complètement hermétique. J'en ai lu à l 'école, collège, lycée, j'en apprenais par cœur, parce que j'y étais obligée. J'ai même essayé d'en écrire ! On pourra pas dire que je n'ai pas fait d'effort. Mais la réalité est là, la poésie ce n'est pas mon truc.
Il en faut pour tous les goûts, je conçois que d'autres y soient sensibles, mais pas moi.
Bonne journée.
Nombre de messages : 232 Âge : 35 Date d'inscription : 02/07/2020
tasse à café/ Autostoppeur galactique Sam 25 Sep 2021 - 14:27
Bonjour tout le monde!
La poésie, comme tout art, s'apprécie en fonction aussi de qui est aux commandes!
De manière générale, ce n'est pas vers quoi je vais spontanément, et pourtant... De tous les poèmes que j'ai lus dans ma vie, je dirais que 90% m'a laissée de marbre mais les autres 10% me font littéralement vibrer (oui, au sens propre, mon corps vibre) je les connais par cœur depuis des années et je me les récite souvent! Ils sont une source de réconfort comme aucun texte "classique" ne pourrait l'être. Parce qu'ils traduisent des émotions qui ne peuvent être exprimées autrement.
Si je peux me permettre cette analogie avec la musique: pour moi la poésie est une mélodie là où un texte classique serait une chanson avec paroles.
Édit: je viens de lire vos posts plus haut, et en fait je reprends un peu ce que vous dites, j'aime bien aussi l'analogie avec la peinture!
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