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 Modèles masculins dans la littérature ; les bons, les mauvais, les absents.

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Hiver
   
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Hiver  /  La Papesse


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Le rosier
   
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Le rosier  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Frank Money, dans Home, de Toni Morrison. Pas forcément bon. Ni mauvais. Et parfaitement présent, jusqu'à savoir s'effacer.
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CalédoniaRob
   
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CalédoniaRob  /  Effleure du mal


Coucou à tous, chimère pour répondre à tes questions, moi ce qui me dérangent ce sont uniquement les personnages incohérents, qu’ils soient masculins ou féminins, et quand je vois au travers de la vision de l’auteur que cette personne n’a saisit qu’un micro élément qu’elle met en avant pour représenter un ensemble de choses qui ne me paraissent justement pas coller.
Dans le sens, j’avais lu cette nouvelle écrit par une femme ou jeune femme qui utilisait le fait que son personnage masculin ait jeté un carton de déménagement plus ou moins vide contre un mur pour justifier dans son apparition suivante qu’il essaye d’étrangler son ex petite amie. J’imagine que dans la tête de l’écrivaine ça faisait a peu près ça : 🤔 recherche d’un élément de violence … Il jette un carton de déménagement contre un mur.. Il est DONC violent. Ça justifie qu’il essaie de l’étrangler.
Le personnage féminin était aussi incohérent selon moi, elle le pardonnait immédiatement etc…
Mais pourquoi je mentionne ça dans ton topic ? Avec les thèmes de féminicides mis en avant par les médias, alors le thème de l’homme qui tue sa femme ou petite amie, entre dans l’éventail des personnage masculins disponibles, mais parfois comme un poncif mal maitrisé.
Je me dis juste que du coup, pour tous les personnages, qu’ils soient masculins ou féminins, il faudrait pouvoir les développer un tant soit peu pour qu’ils soient crédibles et cohérents.
Et donc tout comme un sociopathe répond à un certain nombre de critères, un psychopathe aussi, je me dis juste qu’un féminicide de la même façon doit correspondre à un certain nombre de critères 🤔 Je peux me tromper.
Mais j’imagine que si on veut parler de personnages avec certaines pathologies, et qui donc dans ce cas là ne correspondent pas tjs aux personnes lambdas qu’on côtoie type notre familles, nos amis, le boulanger, alors on gagnerait à s renseigner sur leurs caractéristiques prédéfinies pour pouvoir leur inclure des éléments du réel.
 
Ugo
   
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Ugo  /  Pippin le Bref


les meilleurs modèles masculins pour moi sont soit ceux qui sont absolument impossibles à identifier comme des archétypes (ça s'applique aussi aux femmes pour moi), parce qu'il n'y a rien de pire qu'une oeuvre de fiction qui rappelle que ses personnages sont fictionnels

étant un cancre, je n'ai pas de modèle en littérature qui, de fait, m'ait vraiment marqué. je crois que j'aime les écorchés vifs et les grands angoissés mais comme dit au dessus, ils ne sont pas caricaturaux. j'ai toujours honni les modèles trop virils parce que je les trouve profondément chiants, ce qui va de pair avec l'héroïsme et l'épique dans sa globalité. un personnage assez typé qui m'a marqué (et inspiré, d'une certaine manire) dans mon adolescence c'est le Comte de Monte-Cristo. Je trouve que c'est une oeuvre qui parle très bien de la masculinité en se servant d'une trame de vengeance. Dante qui devient Monte Cristo, c'est pour moi l'histoire des hommes qui transforment leur ressentiment en une identité et qui se perdent, au final, dans un grand délire. Ce n'est rien d'autre que ça Monte Cristo : toute l'aristocratie de l'auto-destruction, de la fêlure, de l'impossibilité de guérir. si le livre n'a rien de morose, force est de constater que son personnage est un grand écorché et que ce qu'il a subit l'a enfermé sur la voie de la chute. il est plus ou moins décrit comme un vampire et je trouve que cette image illustre bien les dynamiques viriles dans lesquelles s'enferment beaucoup d'hommes : il y a une injonction telle à se durcir et à prendre sur soi qu'on en devient un genre de mort-vivant.

c'est peut-être, du coup, un archétype que j'aime bien, même si c'est un plaisir coupable. le psychotique masculin.

dans le cinéma, où je suis un peu plus calé, c'est une récurrence dans mes films de coeur. surtout chez scorsese : autant je n'ai jamais aimé plus que ça ses films sur les gangsters, autant ceux qui se concentrent sur un seul homme m'ont fasciné et me fascinent toujours.

travis bickle, jake Lamotta et Howard Hughes sont trois exemples de psychotiques masculins d'une justesse rare. et j'ai beau avoir écumé des centaines de critiques sur ces films, autant sur les aspects purement cinématographiques que politiques, je n'ai jamais vu la moindre analyse sur ce qui me semble essentiel et lié dans ces trois films : comment la virilité et la masculinité amènent des hommes souffrants à se détruire eux-même.

taxi driver est un film d'une pudeur immense sur un malade mental. on ne sait pas exactement de quoi il souffre, on sait juste qu'il ne dort plus depuis le vietnam. cette question du vietnam qui n'est jamais développée. Et on le voit, dans sa solitude, sa psychose, l'empirement de ses délires nourris d'un imaginaire de plus en plus intense et prépondérant sur sa pensée. Jusqu'à ce point culminant, tragique et à la fois beau où il délire une dernière fois, en se voyant être un héros local, aimé à nouveau par la fille qu'il a fait fuir, alors qu'il a juste fait une tuerie égoïste et hallucinée dans un bordel.
cette imagerie du suicide, du héros-martyr est une injonction purement masculine : il s'imagine trouver sa valeur et une forme de rédemption en s'adonnant à un geste de chevalerie qui n'est chevaleresque dans sa tête.
combien d'hommes, sans en aller à ces extrêmes, se perdent dans ces délires insensés qui n'apportent que de la souffrance à tout le monde ? ça va paraître excessif, mais je ne pense pas que ça soit pour rien que l'immense majorité des tueries de masse soient masculines et que le terrorisme armé soit masculin : la violence pure est la seule méthode d'expression que s'autorisent les hommes quand les émotions les dévorent.

Jake lamotta lui est un paranoïaque masochiste avec une estime de lui catastrophique. Toute sa vie il refuse de voir sa propre valeur, d'accepter l'amour qu'on lui donne et s'enferme dans un cycle infernal de violence qui va tout détruire autour de lui. c'est fou que la réplique "You fuck my wife" soit devenu une espèce de phrase virilo-marrante alors que c'est une pure manifestation de psychose, exactement comme le "You talkin to me ?". Vincent Cassel dans la haine qui la reprend comme si c'était quelque chose de cool et de viril prouve bien que les hommes ont pris ces oeuvres de travers et que le fait de les prendre en modèle traduit bien le rapport à la virilité malsain que beaucoup d'entre nous ont.
Jake Lamotta va jusqu'à se laisser se faire tabasser dans le film. il va jusqu'à refuser, au fond, la symbolique de la réussite, il ne veut pas être le meilleur, le champion : il ne veut pas être auréolé. comme il n'a jamais réussi à accepter l'amour de sa femme et à constamment le remettre en question sous l'effet de délires paranoïdes, il refuse aussi une reconnaissance qui l'obligerait à s'aimer et s'estimer d'avantage.
sa carrière se termine au crépuscule d'une prison à tabasser un mur : il n'y a pas plus symbolique de la personne délirante qui s'acharne dans son délire, sans jamais voir rien changer.

howard hughes lui est un mégalomane qui ne trouve une image de lui et une satisfaction que dans la réalisation de ses projets démesurés. on dirait qu'il n'a jamais eu de contenance, de voûte psychique et que sa vie a été constamment dirigée par cette passion sans retenue. elle va jusqu'à le mettre dans des états d'isolation et d'aliénation terribles et on voit bien qu'il n'est au final jamais comblé.
une fois encore, je pense que c'est intimement lié à la virilité, où le succès d'un homme se mesure à la hauteur de ses ambitions (accomplies).

et pourtant, tous ces films sont pris comme du spectacle et la majorité des critiques que j'ai lu n'ont fait que survoler l'aspect éminemment psychiatrique et viril de ces oeuvres. ces modèles sont là, selon moi, pour montrer les défauts de la virilité et son inefficacité, ou plutôt, ses mécanismes de destruction.
ces films nous amènent à nous interroger pour ce qui prenons, en tant qu'homme, pour de la grandeur, de la vertu ou de la pudeur/dignité. ils nous amènent à observer d'un point de vue extérieur nos délires, notre imaginaire viril qui est au final un ramassis de douleur insupportable (pour tout le monde).

peut-être que ma vision est un peu simpliste mais je ne la pense pas impertinente et je crois que ces personnages qui se contentent d'être observés forment le regard le plus lucide (et bienveillant, d'une certaine manière) qui puisse être porté sur la question.

je regrette que travis bickle fasse parti du délire (que je trouve ridicule et insupportable personnellement) du "literally me", parce qu'il est bien mieux écrit que ses comparses cinématographiques en général. pour ceux qui ne savent pas, literally me est un meme à la base moqueur, puis ironique, puis à la fin premier degré d'hommes qui se comparent à des figures masculines très négatives ou en tout cas, nuancées et torturées.
j'aurai pu parler d'autres personnages dans le lot qui pourraient correspondre à mon analyse, par exemple patrick bateman d'American Psycho (que je n'aime pas spécialement bien qu'il me fasse rire) qui est pour le coup vraiment l'incarnation de l'homme frustré qui se projette dans un imaginaire violent sous le coup d'un délire psychotique. c'est plus assumé dans ce film puisque la fin le ridiculise et je regrette que la réalisatrice n'ait pas dit franchement "patrick bateman s'est imaginé tout ça" car ça aurait été beaucoup plus impactant que de créer ce mystère profondément inintéressant, spectaculaire, autour de la réalité de ce qu'on a vu.

le patrick bateman qui n'a tué personne et qui s'est contenté de croire qu'il l'a fait est beaucoup plus intéressant que le tueur en série. dans le même genre, quand lars von trier se fout de la gueule de son tueur dans "The house that jack built", on est à nouveau dans une étude de la virilité que je trouve fascinante : ce film montre bien que la violence et la folie n'ont rien d'envoûtants et que ces deux matières n'ont, absolument, aucune valeur.

pour conclure, je dirais qu'il y a énormément de modèles masculins que je trouve mauvais et qui m'emmerdent. mais j'aimerai évoquer en substance "Athena", film que j'ai détesté.

ce film a fait un grand débat dans les sphères cinéphiles et de gauche mais j'ignorerai l'aspect politique du film pour me concentrer uniquement sur son esthétisation de la violence.

il faut savoir que je suis très fan du clip "Stress" de Romain Gavras, que je trouvais très juste et audacieux, à l'époque comme aujourd'hui. j'ai donc été extrêmement déçu de voir que son film était à des kilomètres de la qualité de son clip.

pour moi, les hommes qu'on voit dans ce film répondent à une logique fétichiste dégueulasse de la violence et de la virilité la plus nauséabonde qui soit. c'est un film qui conjugue, autant par son imagerie empruntée à la culture classique que par son côté ultra chorégraphique, "l'art" comme entité à la démonstration la plus gratuite et vaine de violence. la façon dont tout est fantasmé dans ce film me dégoute, les hommes qu'on y voit me dégoutent, les flics comme les "meneurs" avec cette caméra presque érotique qui leur colle au cul et leur rend grâce alors que ce sont juste des brutes.

paradoxalement, j'aime certains films qui esthétisent la violence, comme apocalypse now, climax ou irréversible, mais ce n'est pas le débat du topic : en tout cas, je pourrais expliquer ce qui distingue ces films.

ce n'est pas donc l'esthétisation de la violence qui me dérange mais plus comment c'est fait et ce que la caméra dit de ces hommes violents : vous êtes poétiques, vous êtes beaux dans votre rage, il y a de la grâce dans votre destruction.

mon côté marxiste a très envie de reprocher à gavras d'être un bourgeois qui ne sait rien de la violence et donc la fantasme, la fétichise même sous l'effet d'un manque quelconque, mais ça, c'est de l'ad hominem et de la psycho de comptoir (même si j'y crois très très fort).

là où je veux en venir c'est que j'espère que ce genre de personnages ne nous seront plus infligés à l'avenir. je n'évoque pas tous les gros bras des blockbusters et les héros à la con en général mais considérez que c'est pareil pour moi : ces modèles ne sont pas à suivre, d'autant plus quand ils sont présentés aussi franchement dans athena comme des modèles.
 
   
    
                         
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