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| | Terminologie : poète, poétesse, poétisse, RAS ? | |
| | Nombre de messages : 10114 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Mar 4 Mai 2021 - 3:47 | |
| Coucou les JE ! La semaine prochaine, je participe au super colloque Poet.e.s.s.e.s, et comme d'habitude, je commence à préparer ma communication un peu en retard ( ). Le colloque, en plus d'interventions de chercheurs et chercheuses, invite plein de poétesses à venir lire des textes, parler de leur pratique... Il s'est ouvert sur un débat terminologique : comment se nomme-t-on ? poète, femme poète, poétesse, poétisse, poétrice (tous ces termes sont attestés !) ? ou est-ce qu'on ne s'est jamais posé la question ? est-ce que ça importe peu ? est-ce qu'on a besoin d'un autre terme ? et pourquoi ? pour voir les termes de l'enquête et quelques réponses J'ai eu l'impression que les poétesses d'une génération au-dessus de la nôtre – donc des poétesses souvent reconnues, qui ont entre 40 et 60 ans, ou plus –, se disaient "poètes", souvent parce qu'elles voyaient dans "poétesse" une connotation négative. J'avais l'impression que notre génération ne la percevait plus, mais je peux me tromper, d'où ce topic... Vous poètes ou poétesses JE, comment vous nommez-vous, et trouvez-vous que cette question a de l'importance, et pourquoi ? si vous êtes ok pour que j'exploite vos réponses, n'hésitez pas à le préciser ! je serais contente de porter la réponse des JE lors du colloque.
Dernière édition par Pasiphae le Mar 4 Mai 2021 - 23:01, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 2194 Âge : 38 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 18/04/2017 | Silence écrit / Péril 666 Mar 4 Mai 2021 - 4:37 | |
| Je vais commencer par une réponse masculine, désolé — que tu trouveras peut-être adoucie par le fait que je m'intéresse à ce colloque depuis trois semaines, que je le partage autour de moi, et que je viens seulement d'apprendre que tu y intervenais ! (Une de mes anciennes profs de fac de lettres aussi d'ailleurs ^^) Je me nomme poète, parce que je n'ai jamais eu à me poser la question. Oui, c'était facile pour moi. Pertinent, comme réponse, n'est-ce pas ? (Accessoirement je trouve que la question a de l'importance, et j'emploie systématiquement le terme poétesse pour parler de mes homologues féminines, et poéètesses pour englober tout le monde. Voilà. C'est pas beaucoup plus constructif j'en ai peur mais j'aurais essayé...) |
| | | Invité / Invité Mar 4 Mai 2021 - 4:44 | |
| Poétasse non J'ai un peu du mal à cerner l'intérêt d'inventer autant de nouveaux termes, poétesse existe depuis longtemps, il sonne bien et n'est plus connoté négativement. Ce n'est pas que la dénomination importe peu, c'est surtout qu'à trop vouloir chercher absolument du neuf, à vouloir apporter chacune son appellation, on se retrouve avec quantité de termes dans lesquels personne ne se reconnaît vraiment. J'y vois un petit côté éclatement post-moderne. Mais, surtout : pourquoi compliquer les choses ? Allons au plus simple, cela s'avère bien souvent le mieux. |
| | Nombre de messages : 1024 Âge : 26 Localisation : le plus près possible d'une forêt Date d'inscription : 02/12/2016 | Aquae / Amazone du Dehors Mar 4 Mai 2021 - 4:51 | |
| Je ne connaissais pas poétisse et poétasse ! J'aime bien la sonorité de poétisse, la proximité avec le verbe tisser. On les trouve à quelle(s) époque(s) / lieu(x) et dans quels contextes ? (Ou alors ils sont utilisés par des personnes queer, non-binaires... ?) Je partage entièrement ton constat sur le fait que ce soit générationnel ! Et je crois qu'il y a des différences aussi dans la francophonie : au Québec, j'ai l'impression que le terme de poétesse n'est jamais utilisé, alors que je l'entends davantage en France. Ça m'avait beaucoup surprise, l'année dernière, quand j'avais commencé à regarder des interviews de poétesses québécoises pour mon mémoire : j'avais pris l'habitude de les appeler poétesses, et en fait, elles ne l'utilisaient pas du tout... Et elles appartiennent à des générations différentes (la plus âgée parmi celles sur lesquelles je travaille, Joséphine Bacon, est septuagénaire, mais toutes les autres ont la trentaine, je crois). Même dans une anthologie sur la poésie actuelle des femmes au Québec, parue ce printemps chez une ME féministe, c'est le terme de poète qui est employé : https://www.editions-rm.ca/livres/anthologie-de-la-poesie-actuelle-des-femmes-au-quebec/ D'ailleurs, je ne me suis toujours pas décidée sur la façon de les nommer dans mon mémoire... j'ai vraiment du mal à me défaire du terme de poétesse et je ne pense jamais à utiliser poète, même si ce serait mieux de les appeler comme elles le font ! De mon côté, je crois que j'utilisais poète quand j'ai commencé à écrire de la poésie (au collège), et je ne me souviens plus quand j'ai opté pour poétesse, mais je pense que le forum n'est pas innocent dans l'ancrage de ce mot dans mon vocabulaire ^^ D'ailleurs, JE a joué un grand rôle dans ma découverte du féminisme, notamment avec un fil de l'agora très houleux qui n'existe plus, je crois, mais qui contenait plein de super ressources postées par Jasmin. En tout cas, aujourd'hui, je n'utilise plus que ce terme-là pour parler de moi et des poétesses en général, et je le préfère de loin à poète. Pour moi c'est une démarche politique, le terme permettant tout simplement de visibiliser les femmes qui écrivent de la poésie Et ça me semble très important dans un pan de la littérature où les écrits des femmes sont encore moins visibles qu'en général (aujourd'hui, la plupart des lecteurices sont capables de citer dix noms de romancières, mais dix noms de poétesses, c'est plus compliqué). Voilà ce qui me vient sur le moment, je complèterai peut-être plus tard, en tout cas tu peux utiliser ma réponse pour le colloque si tu le souhaites ! |
| | Nombre de messages : 1332 Âge : 21 Date d'inscription : 22/03/2020 | houle / Tentatrice chauve Mar 4 Mai 2021 - 5:12 | |
| coucou !
à mes yeux le terme importe peu, car je ne suis pas certaine que la distinction homme/femme/nb puisse modifier durablement les mentalités et les comportements. mais dans la pratique, quand je désigne une femme dans un domaine spécifique, c'est au féminin par solidarité. |
| | Nombre de messages : 10114 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Mar 4 Mai 2021 - 22:27 | |
| Ouah, que de belles réponses, un grand merci à tout le monde ! Silence écrit : j'aurais dû le préciser, et j'y ai pensé mais flemme : tout le monde peut répondre, et ce serait intéressant d'avoir aussi l'avis de poètes-hommes sur la question, donc j'étais contente de voir ton message ! Oh chouette pour le colloque, si ce n'est pas secret, qui est ton ancienne prof ? Moïra : J'aurais dû être plus précise, mea culpa ce sont des termes anciens ! enfin, je me suis complètement gourrée, si poétisse existait bien, j'ai sorti poétasse des tréfonds de mon imagination... en fait, les formes usitées par le passé étaient : poétesse, poète, poétisse, poetrisse, poetissesse, poeteresse, poetrice, poetride, femmes poètes (source) (c'est compliqué par le fait que pendant longtemps, les lettré·es écrivaient en latin... avec "poetria" comme féminin néo-latin, si j'ai bien compris) ; poétesse ne devient hégémonique, l'ayant emporté dans l'hésitation générale, qu'au début du 16e siècle, et on soupçonne l'influence de l'italien (poetessa) ; ensuite, les entreprises d'éviction du terme se succèdent, jusqu'à aujourd'hui, sans jamais parvenir à l'éradiquer totalement (destin plus heureux qu'autrice, qui n'est plus utilisé pendant deux siècles entiers). Aquae : voir la réponse faite à Moïra, l'article est super intéressant ! En faisant une rapide recherche google, j'ai trouvé une artiste née en 1980, Fanny de Rauglaudre, qui se réclame du terme de "poétisse", je ne sais pas si elle est seule. Super intéressant, du côté des Québécoises ! peut-être, de manière générale, la tendance à se tourner vers des termes plus épicènes que nous, comme avec "auteure" ? Quant aux ME, c'est intéressant aussi, mais j'ai l'impression qu'en France c'est beaucoup "poète" aussi au sein des ME, peut-être justement parce que les personnes qui conçoivent les livres de poésie seraient un peu âgées ? je ne sais pas. C'est rigolo, moi non plus je ne me souviens plus de quand j'ai commencé à utiliser "poétesse". Il n'y a pas eu de "prise de conscience", je crois que ça s'est fait petit à petit. Tout comme toi, j'y suis très attachée, et pour les mêmes raisons – et j'ajouterais : la tradition lyrique occidentale s'est beaucoup construite sur un "je" lyrique soit-disant universel (en réalité masculin comme peut l'être l'universel), et rendre visible ma situation dans le monde social à travers le mot qui sert à désigner mon activité de création me semble important pour débusquer cette universalité-masculine, et donc la mythologie qui continue de triompher autour de la réception de la poésie classique. Merci pour l'autorisation ! houle : merci beaucoup pour cette réponse, elle est très intéressante ! dissocier horizon idéal et solidarité ponctuelle me semble intéressant (moi aussi, je crois qu'à terme j'aimerais que la langue devienne dégenrée...) |
| | Nombre de messages : 497 Âge : 30 Localisation : quelque part, dans le blanc de l'œil rouge de Jupiter Pensée du jour : pourquoi moi ? Date d'inscription : 19/10/2019 | mumtaz / Pour qui sonne Lestat Mar 4 Mai 2021 - 22:46 | |
| Je suis ni femme ni poète, mais "poétisse" c'est sacrément classe ! |
| | Nombre de messages : 270 Âge : 26 Pensée du jour : Vide Cor Meum Date d'inscription : 08/01/2016 | A.J.B / Autostoppeur galactique Mer 5 Mai 2021 - 0:44 | |
| J'emploie les deux, selon l'envie. |
| | | Invité / Invité Mer 5 Mai 2021 - 1:29 | |
| - Pasiphae a écrit:
- Moïra : J'aurais dû être plus précise, mea culpa ce sont des termes anciens ! enfin, je me suis complètement gourrée, si poétisse existait bien, j'ai sorti poétasse des tréfonds de mon imagination... en fait, les formes usitées par le passé étaient : poétesse, poète, poétisse, poetrisse, poetissesse, poeteresse, poetrice, poetride, femmes poètes (source) (c'est compliqué par le fait que pendant longtemps, les lettré·es écrivaient en latin... avec "poetria" comme féminin néo-latin, si j'ai bien compris) ; poétesse ne devient hégémonique, l'ayant emporté dans l'hésitation générale, qu'au début du 16e siècle, et on soupçonne l'influence de l'italien (poetessa) ; ensuite, les entreprises d'éviction du terme se succèdent, jusqu'à aujourd'hui, sans jamais parvenir à l'éradiquer totalement (destin plus heureux qu'autrice, qui n'est plus utilisé pendant deux siècles entiers).
Ah, ça change tout alors ! Intéressant de voir que tant de termes sont apparus au fil de l'histoire. Ça laisse penser à des tentatives d'exister, pour permettre à son identité de faire surface, et cela n'a pas eu l'air d'être facile vu à quel point ces termes ont émergé tard. Mais bon, du coup moi ça me conforte, si j'ose dire, dans mon usage du terme poétesse. Un peu la flemme d'aller chercher des termes anciens s'il en existe des actuels qui sont en usage |
| | Nombre de messages : 1024 Âge : 26 Localisation : le plus près possible d'une forêt Date d'inscription : 02/12/2016 | Aquae / Amazone du Dehors Mer 5 Mai 2021 - 6:53 | |
| Merci pour le partage de cet article ! - Pasiphae a écrit:
- Super intéressant, du côté des Québécoises ! peut-être, de manière générale, la tendance à se tourner vers des termes plus épicènes que nous, comme avec "auteure" ? Quant aux ME, c'est intéressant aussi, mais j'ai l'impression qu'en France c'est beaucoup "poète" aussi au sein des ME, peut-être justement parce que les personnes qui conçoivent les livres de poésie seraient un peu âgées ? je ne sais pas.
Oui c'est vrai pour la tendance à choisir des termes épicènes ! Je crois qu'il y a quelques JE québécois-es (?), ce serait chouette d'avoir leur avis s'iels passent par là. Et j'avais l'impression de voir le mot poétesse fleurir un peu partout, mais c'est sans doute lié à mon entourage / mes canaux d'information, sans compter que je lis surtout des bouquins publiées chez des ME militantes donc pas du tout représentatives de l'ensemble, effectivement |
| | Nombre de messages : 2824 Âge : 40 Localisation : Antichambre de Louis XIV Pensée du jour : CI-GÎT TENGAAR QUI SUCCOMBA À UNE SURDOSE DE FANFICTION Elle ne l'a pas volé, on l'avait prévenue, déjà que la fantasy c'est pas de la littérature, alors la FF, bon... enfin, c'est triste quand même Date d'inscription : 22/04/2017 | Tengaar / (de Dunkerque) Mer 5 Mai 2021 - 7:20 | |
| J'ai toujours utilisé poétesse sans y voir une connotation négative. Autant auteure /autrice j'ai toujours un peu un sentiment de bleh mais poétesse je ne me suis jamais posé la question, pour moi c'était le terme. |
| | Nombre de messages : 2767 Âge : 104 Localisation : Dans chacune des histoires que j'écris (je déménage beaucoup, donc... ) Pensée du jour : Demain, ça ira mieux ! Date d'inscription : 30/11/2017 | Plumerose / Roberto Bel-Agneau Mer 5 Mai 2021 - 8:33 | |
| Je suppose que ce n'est plus le cas aujourd'hui, mais si je retrouve un vieux "Robert", je photographierai la déf. qui indique, au passage, que le mot "poétesse" est connoté de façon péjorative... (je m'en souviens car ça m'avait "marquée"... et donc, je n'utilise jamais ce terme !) |
| | Nombre de messages : 3772 Âge : 26 Date d'inscription : 16/11/2015 | Noxer / Au nom de l'Abeille – Et du Papillon – Et de la Brise – Amen ! Mer 5 Mai 2021 - 11:28 | |
| Poéètesse |
| | Nombre de messages : 10114 Âge : 31 Localisation : Paris Pensée du jour : nique la miette Date d'inscription : 22/06/2010 | Pasiphae / Truquage geniphasien Jeu 6 Mai 2021 - 5:48 | |
| Merci pour toutes vos réponses, c'est trop chouette ! Mumtaz : moi aussi je trouva ça classe, avec, comme le disait Aquae, cette idée du tissage ! A.J.B. : ok ! donc finalement, cela semble de peu d'importance, si l'envie peut guider le choix ! Moïra : tout à fait d'accord. Et je pense comme toi que ce flottement n'est pas anodin, qu'il raconte quelque chose. Aquae : pareil, je voyais "poétesse" fleurir, mais je pense que c'est très lié comme tu le dis à des effets de "bulles", de réseaux, d'entourages générationnels. Par exemple je suis en train de lire l'essai Femmes et littérature paru en 2020, et les autrices indiquent qu'elles retiennent "auteure" parce que c'est le terme "qui a triomphé dans l'usage". J'étais buguée... j'entends dix fois plus souvent "autrice" qu'"auteure". Parfois, ce genre de rappel que nous évoluons dans des bulles est surprenant ! Tengaar : intéressant témoignage ! idem, poétesse était plus naturel pour moi qu'autrice (qui a été réintroduit récemment, après nos naissances) Plumerose : c'est intéressant ! il me semble que l'article partagé plus haut en parle ; il y a eu une sorte de "querelle" des dictionnaires à une époque, qui s'employaient à voir (ou non) une connotation négative au terme de poétesse. Finalement, c'est à se demander si ce ne sont pas les dictionnaires, à force de marteler cette idée, qui ont fini par créer cette connotation (qui n'existe plus parmi les jeunes générations). Noxer : |
| | Nombre de messages : 340 Âge : 74 Date d'inscription : 16/04/2020 | Izuchux / Tapage au bout de la nuit Ven 14 Mai 2021 - 4:21 | |
| moi j'ai toujours dit poétesse, je me suis jamais posée la question. |
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