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 Vous est-il déjà arrivé de "vivre" vos personnages?

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Shub
   
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Shub  /  Roberto Bel-Agneau


`Si ça peut t'aider je veux bien te parler de mon  expérience personnelle autour de ce sujet que tu évoques

Mon personnage principal était un serial killer à NY à la fin de la guerre du Vietnam et j’ai lu pas mal de choses autour de ce sujet: les serial killer abondent aux USA comparé aux autres pays. Stéphane Bourgoin, mais aussi et surtout Brett Easton Ellis en ont parlé et les ont évoqué l’un par une enquête et l’autre dans ses romans.
Ce dernier dans « American Psycho » n’explique pas pourquoi ce jeune homme blanc protestant et de bonne famille, vivant de façon aisée, épicurien et courtier en bourse se met à assassiner à répétition, surtout des femmes alors qu’il n’a aucune difficulté à trouver des partenaires et/ou d’assouvir se fantasmes avec des professionnelles. Comme je voulais un personnage complexe et éviter le manichéisme à tout prix, j’ai essayé de me souvenir de ma pratique théâtrale pour essayer de vivre même d’habiter un personnage aussi complexe, ou que je voulais complexe: c’était quelqu’un (on s’en doute!) de fondamentalement psychopathe ce qui était très difficile à habiter au départ, un vrai challenge, mais aussi pouvait me donner l’occasion de me procurer une nécessaire distance critique par rapport à ce personnage dont je ne savais plus que penser à la fin de l’écriture: hé oui!
Mais il faut dire qu’Hamlet et d’autres -surtout chez Shakespeare- sont des personnages très compliqués, même extrêmement complexes et sont dominés par moments par leurs pulsions donc très angoissés. Orson Welles a exploré ce côté noir dans nombre de ses films où il joue lui-même des personnages noirs même parfois très noirs comme “La soif du Mal" ou “Mr Arkadin " qui en plus de commanditer des meurtres est un manipulateur. En dehors de Othello qu’il a joué aussi, et ce dernier est une sorte d’archétype de la jalousie paranoïaque qui à force de paranoïa finit par tuer celle qu’il aime.
Le problème est que mon personnage central devait « faire  vrai» ou suffisamment vrai pour constituer un intérêt pour le lecteur sans qu’il se pose trop souvent la question de savoir si c’était plausible qu’il dise ceci ou pense cela: en plus la curiosité devait constituer un aiguillon tout au long du récit, ce qui est forcément le souci de quelqu’un qui écrit un polar. Donc ce lecteur imaginaire devait aller quelque part de surprise en surprise…
Le problème est le déplacement comme au théâtre où on vous demande parfois de jouer des personnages loin même très loin de vous: si on ne fait que traduire tout le temps ses propres émotions, on est ou on risque de rester dans le journal intime autobiographique
mais ça peut être pas mal aussi: tout dépend du but qu’on s’est fixé
 
nuit2chine
   
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Mokkimy a écrit:
Mhh, pour moi, les personnages ne sont que des personnages. Ils appartiennent à un univers fictif que je sais conserver à distance.

Ça n'empêche que parfois, l'écriture peut avoir des vertus thérapeutiques, quand on peut évacuer certaines choses par leur intermédiaire.

Mais quand même, à côté de ça, je ne m'implique pas émotionnellement dans mes récits. Comme Leasaurusrex, je ne fais que raconter la vie d'autres personnes.

Bonjour

Tout comme toi Moky, j'estime que les personnages d'un livre n'appartiennent pas à cette réalité. Avant de me plonger dans l'écriture d'un roman, je savais qu'ils allaient mourir, je m'y attache ou fais en sorte que le lecteur s'y attache, et pis... sans regret.
Ouaip, je dois être un peu psychopathe sur les bords.

Sinon pour revenir au sujet qui m'a amenée ici, je me retrouve beaucoup dans mes personnages, surtout le féminin principal, mais comme le di aussi Moky, c'est pour évacuer.

Bonne journée.
 
fleurdepat
   
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Celui ou celle qui ne vit pas à travers ses personnages, est un piètre écrivain.e
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Séléné.C
   
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Salut FleurdePat Smile on ne t'avait pas vue depuis quand ?

fleurdepat a écrit:
Celui ou celle qui ne vit pas à travers ses personnages, est un piètre écrivain.e
C'est un peu ce que je me suis dit en lisant le titre du topic, mais la question en premier post est une variante sur le thème. Il ne s'agit pas seulement de les vivre en écrivant les scènes.

En fait, c'est même presque le contraire de "vivre", puisqu'il s'agit de mort (joke), et le titre du topic est peut-être mal formulé.
Ressentir un "deuil" au moment de tuer un personnage, c'est très particulier.

Cela m'arrive, à plus ou moins forte dose, pour chaque personnage que je "tue" mais je ne place pas cela sur le même plan que ressentir leurs émotions durant l'action.
Ressentir leurs émotions et sensation, pour moi, c'est en effet les "vivre", et je pense que c'est indispensable pour bien raconter.

Ressentir une forte douleur en les faisant mourir, c'est autre chose. Cela peut aider à faire ressentir cette même douleur au lecteur, bien sûr, et donc à mettre en scène une ambiance. Mais est-ce indispensable dans l'absolu ? D'une part, cela peut déboucher sur un blocage d'écriture. D'autre part, on peut envisager des scènes de mort où l'ambiance recherchée ne soit pas de type poignant.

Par exemple : si on se place dans le regard d'un personnage A, qui regarde mourir B et s'en réjouit : pour "vivre A", il faudrait être joyeux, n'est-ce pas ? Sans aller jusque là, on peut prendre un personnage C qui s'en balance totalement.
Dans ces cas, comment faut-il "vivre" la mort de B ? Avec douleur (question posée) ou bien selon les humeurs de A ou C ? Pas facile...

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VivianW  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Bonjour,

Il y a deux questions à ton sujet. Je réponds à la première, la deuxième n'apportant rien au travail d'écriture : je n'imagine pas écrire autrement qu'en totale empathie avec mes personnages. Dans leur grandeur comme leur bassesse, écrire au pouls est le meilleur gage de sincérité et donc, de justesse. (sans doute pour cela que j'écris peu ou pas au féminin)
 
Shub
   
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Shub  /  Roberto Bel-Agneau


VivianW a écrit:
Bonjour,

Il y a deux questions à ton sujet. Je réponds à la première, la deuxième n'apportant rien au travail d'écriture : je n'imagine pas écrire autrement qu'en totale empathie avec mes personnages. Dans leur grandeur comme leur bassesse, écrire au pouls est le meilleur gage de sincérité et donc, de justesse. (sans doute pour cela que j'écris peu ou pas au féminin)
Oui ce qui n'empêche pas un point de vue politique ou critique à côté ou pendant l'écriture voire après au moment des critiques
Henry Miller, l'auteur célèbre de Nexus, Plexus, Sexus et Jours tranquilles à Clichy entre autre s'est commis d'un roman dont le personnage central est un antisémite de NY. Moloch c'est son nom sort des diatribes antisémites toutes les 5 pages, des plus viles aux plus calomnieuses et à la fin devant se justifier pour cet écrit, Henry Miller a dit qu'il voulait uniquement faire le portrait d'un antisémite: donc forcément il a du quelque part se mettre dans la peau du personnage pour l'écrire dit-il
De telles démarches sont discutables mais compréhensibles, sauf que si ça tombe dans les mains de quelqu'un qui est véritablement un antisémite viscéral ben...On peut discuter de l'opportunité de tels écrits même si Brecht a fait un peu pareil dans certaines pièces de théâtre (Baal) mais sa position politique était pour le coup claire même on ne peut plus claire
 
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VivianW  /  Double assassiné dans la rue Morgue


Du moment qu'il touche juste, l'art ne doit s'affranchir d'aucune autre limite que son propos : racisme, inceste, infanticide ou zoophilie. L'abject existe, il fait partie de l'homme autant que son génie. L'art transmet la vérité au prisme d'une mise en scène des sentiments. Quels qu'ils soient. C'est d'ailleurs salutaire de regarder en face man in the mirror et de voir, en soi, toutes ces tares que l'on dénonce. Enfin ça, c'est pour les artistes qui dépassent leur égo...
 
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Shub a écrit:
De telles démarches sont discutables mais compréhensibles, sauf que si ça tombe dans les mains de quelqu'un qui est véritablement un antisémite viscéral ben...On peut discuter de l'opportunité de tels écrits même si Brecht a fait un peu pareil dans certaines pièces de théâtre (Baal) mais sa position politique était pour le coup claire même on ne peut plus claire
C'est sans doute pour cela, j'imagine, que les pseudonyme existent parmi les écrivains ^^

VivianW a écrit:
Du moment qu'il touche juste, l'art ne doit s'affranchir d'aucune autre limite que son propos : racisme, inceste, infanticide ou zoophilie. L'abject existe, il fait partie de l'homme autant que son génie. L'art transmet la vérité au prisme d'une mise en scène des sentiments. Quels qu'ils soient.
Le problème est que, ce faisant, "l'incitation à..." n'est jamais bien loin, même sans s'en rendre compte Sad
 
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Markus Charret a écrit:
[.../...
Le problème est que, ce faisant, "l'incitation à..." n'est jamais bien loin, même sans s'en rendre compte Sad

De récents procès en France et au Canada ont débouté les accusateurs qui avaient attaqué les auteurs pour ces raisons là.
Ca fait jurisprudence (merci viv Wink )


Dernière édition par Profsamedi le Ven 23 Oct 2020 - 22:25, édité 2 fois (Raison : Correction de fautes d'orthographe (honte à moi, il en reste encore certainement))
 
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VivianW  /  Double assassiné dans la rue Morgue


L'interprétation ou l'usage ainsi que ses conséquences (RIP Samuel Paty) est l'affaire du public.

Sinon prof, jurisprudence hein. 😉
 
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VivianW a écrit:
Sinon prof, jurisprudence hein. 😉
Honteux:
 
Shub
   
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Fonction déictique de l'Art ? L'Art s'affranchissant des limites de la morale pour les montrer et en dénoncer au passage certains agissements ?
Suis pas spécialiste de cette question mais d'accord avec VivianW pour un point
Sade a passé la moitié de sa vie en prison pour ses écrits: certains disent qu'il n'a pas fait le quart du dixième de ce qu'il écrit et que Juliette, la Philosophie dans le boudoir et autres ont été écrits en prison, surtout à la Bastille. Il s'ennuyait et écrivait ses fantasmes qui lui permettaient de tenir le coup et de continuer peut-être à sa manière (? ) à se sentir vivant. Il n'avait pas de papier donc il écrivait sur ce qu'il pouvait et a fait partie je crois des 6 ou 8 prisonniers libérés de la Bastille le fameux soir du 14 juillet.
Et il était un des rares aristocrates à avoir pris nettement partie pour la Révolution française et son texte "Français, encore un effort pour être républicains" est un vigoureux plaidoyer pour la démocratie, la liberté d'expression et traduisant une volonté inébranlable de mettre fin à la tyrannie aristocrate alliée de l'Église en optant pour un jacobinisme quelque part pur et dur.
C'est un des seuls aristocrates à ma connaissance avec Philippe d'Orléans, un des 2 seuls je crois plus connu comme Philippe Égalité qui fut député à prendre une position nette franche et claire pour la révolution française et ses idéaux
Merci de vérifier tout ça quand même...
 
IrishSoul
   
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On peut dire que Nolan est comme moi
Écrivant sur le harcèlement scolaire,je considère ce personnage comme étant moi même de l époque
http://www.edilivre.com/ghost-of-you-20a630f746.html
 
Pika
   
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Je suis un peu comme Quentin Raffoux : ne vous attachez pas a mes personnages parce que, moi, je n'ai aucune pitie pour eux. Blessures, ruptures, morts, ca y va.
 
Chacha
   
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Chacha  /  Tycho l'homoncule


Si j'écris quelque chose de triste, je suis triste. Je ne suis pas capable de retranscrire quelque chose que je ne vis pas au moins un peu en même temps que je le rédige. Après, peut être qu'à la lecture c'est tout pourrit mais moi ça m'a forcement fait quelque chose.
 
   
    
                         
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