Bonjour à tous

Maintenant que je me suis bien lancé dans de nombreuses lectures et multiples travaux d’écriture (même de façon très anarchique comme je suis coutumier du fait...) je donne de mes nouvelles et perceptions par rapport à tout ça ici, plutôt que de créer un nouveau topic.
L'inspiration me vient plus facilement qu'avant, notamment en raison de l'intensification de la lecture, (ce qui m'amènera tout à l’heure à faire un parallèle entre l’importance de la lecture d'une part, et du vécu personnel d'autre part, pour pouvoir écrire). Toutefois, je me sens parfois bien rouillé et il est probable qu'il y a des domaines d'écriture où j'ai plus de facilités ,au moins au premier abord,que pour d'autres, mais ça je l'avais dit dans un ancien topic .
Plus de facilités et d’aisance dans le domaine de l'écriture aphoristique ou poétique, pour tout ce qui vient sous la plume sous la forme de spasme ou d'illumination. A l'inverse je suis pas trop sur d'avoir des prédispositions pour des formes franchement romanesques et narratives, même pour le format court type nouvelle, et ce bien que j'aie un certain nombre de projets en tête (dont je ne suis pas sur de la valeur a priori), alors j’accumule dossier par dossier des idées, un peu à la façon de briques "lego", je pense que pouvoir construire qqch avec ça est possible, mais que le maitre mot est "patience".
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Mais je crois que l'une des grandes questions auxquelles je suis confronté est celle de l’ego ou du narcissisme. SI j'ai des facilités plus pour le poétique que pour le romanesque il ne faut pas tenter d'aller vers le roman ou la nouvelle juste parce que l'ego créatif (et en arrière pensée un désir de gloire...) me le dicterait. J'essaie de toujours me recentrer sur ce qui me plait vraiment. Ce qui fait que potentiellement, le fait de vivre de ce que je ferais s'éloigne... Là aussi j'ai un travail à faire pour accepter l'idée que je ne vivrai pas forcément de ce que j'écrirai...
Autre point: je suis un esprit très théorique et, beaucoup trop, bien souvent : j'écris plus facilement de la critique que du roman. Là aussi tout un travail à fournir pour se brancher plus sur le concret, l'ouverture au monde (ce qui n'est pas mon fort...), les sensations...
Donc beaucoup d'idées , de fragments, d'images, qui me viennent et que je mets sur carnets. Je compte mettre de l'ordre dans tout ça et je pense que c'est là un des plus grands challenges. Vu que je suis naturellement bor*l*que. et comme je crois l'avoir déjà précisé, je fais les frais de ma suractivité mentale et surefficience cognitive, en raison d'une compréhension verbale supérieure à la moyenne: pensée arborescente, etc, je crois en avoir parlé....
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En outre mon perfectionnisme et la très grande difficulté à lâcher prise fait que je veux tout contrôler: ce n'est pas pour rien si j'ai un gout particulier pour les auteurs dont l'unité de l’œuvre est particulièrement forte: Borges, Saint-john perse, Valéry, éventuellement Baudelaire... J'appelle ça des œuvres "centralisatrices", les auteurs de ce type sont assez rares d'ailleurs. Souvent des œuvres qui totalisent un nombre de pages modeste (rien à voir avec Victor Hugo...) mais dont la concision , la rigueur, et le renvoi des motifs les uns aux autres démultiplie la puissance de l’œuvre en général. C'est cela qui m'obsède le plus peut être.
Je suis en outre marqué et influencé par l'écriture fragmentaire, celle de Quignard notamment, mais aussi celle des derniers romans de Sollers que j'ai récemment dévorés :
Centre,
Beauté,
Mouvement... . Est ce plus facile en soi? pour moi en tous cas, il semblerait...
Donc je compte regrouper de façon thématique ces fragments que je mets sur carnet, de façon à avoir l'effet le plus unifié possible. Mais je crois que je m'éloigne de la fiction au sens le plus classique. Après tout, n'est ce peut être qu'une étape. SI je compte aller vers le roman, il me faudra beaucoup plus de rigueur, et peut etre au départ, être sur d’être réellement motivé par mon sujet. ça c'est une question difficile depuis l'age de 10 ans que j'essaie d'écrire!
Il me semble prendre conscience d'une chose: c'est que le plus dur peut être, dans l’activité d'écrivain, est la capacité à faire des choix, de tous ordres, et les assumer, s'y tenir! Pour tout: registre, style, genre, état d'esprit général de ce qui vient sous la plume, etc... De manière à ce que, encore une fois, soit sauvegardée une unité, notamment de cohérence, dans ce qu'on écrit.
Le plus dur semble être de faire des choix et assumer.
j'ai tout lu des interventions mais je ne peux m'attarder que sur qqques points:
- Calex a écrit:
- La créativité se nourrit de la contrainte. On m'envoie des demandes comme : "J'aimerai que mon mari découvre que je me suis fait kidnappée par des marchands d'organes russes. Il viendrait me sauver dans un cachot installé à son insu dans la cave d'un de nos immeubles. Vous pourriez y mettre des autres victimes et une salle d'opération clandestine. Son assistant est d'accord pour " mourir" pendant le sauvetage. Pourriez-vous accueillir du public derrière des vitres sans tain? J'aimerai que cela lui prenne une heure."
Je pense que c'est effectivement le cas . Puisque je fais l’expérience du fait que lorsque je me sens "sec", pratiquer une forme d'écriture automatique permet de débloquer les choses, et éventuellement, après, on peut prendre pour matériau le fruit de cette écriture spontanée. même si ça implique un nombre de retours et de modifications considérable
Mais l'idée que la contrainte est fertile rencontre depuis longtemps, historiquement, une opposition des écrivains et artistes en général ; et je suis sûr que le phénomène est plus marqué en France qu'ailleurs, tellement nous sommes des fétichistes de l'idéal romantique de l'inspiration.
Il suffit de voir le dédain dans lequel est encore souvent maintenu, par certains, le concept d’"atelier d'écriture". Alors que depuis le XIXème siècle , aux USA, il n'y a aucun complexe par rapport à ça.
Mais je crois que c'est Malraux qui soutenait qu'il était stérile dès qu'il recevait la moindre directive par rapport à ce qu'il devait faire. Cela dépend trop de la subjectivité.
- olknox a écrit:
La poésie ne se vend pas, et les recueils de nouvelles quasiment pas.
J'en suis conscient... C'est la raison pour laquelle, dans mon esprit il faut une distinction très claire entre ce dans quoi je suis bon, et ce qu'il sera plus compliqué d'envisager.
Après les choses sont jamais aussi simples: faudrait vérifier mais il me semble que Houellebecq , avant de trouver vraiment sa voix, donc romanesque, et qui plus est à succès, s'était constitué un succès, certes confidentiel, mais un succès malgré tout, en tant que poète. Ce qui lui a occasionné un prix d'ailleurs. Mais il ne pouvait en vivre...
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Merci d'avoir lu mon épanchement, au moins cette matérialisation écrite me permet de voir plus clair dans mon labyrinthe mental
