Les hostilités sont ouvertes, dites ce que vous en pensez de Proust ?

Moi perso, je ne comprends pas comment Proust a réussit à publier des bouquins aussi ennuyeux (pour ne pas dire chiants).

Olala, Lo.mel il va venir te taper.

Si, comme tu le penses, l'écriture est la peinture de la voix, Proust est une sorte de Turner.

J'ai trouvé je sais plus quel livre de Proust dans le RER j'ai oublié le titre mais ça parlait d'un gars qui devait retourner en région partir de Paris à cause d'un décès dans la maison familiale et que sa tante lui clc quand il était gamin et c'était chiant putain

Mha a écrit:

Olala, Lo.mel il va venir te taper.

Non, ça va, j'ai calmé mes passions. J'ai appris à ignorer.

OU PRESQUE.

j'avais trouvé ça sur YouTube où des écrivains expliquaient leur rapport avec la lecture de la Recherche et du cheminement pour arriver à l'apprécier.

Titan, je ne te connais pas et quand je regarde l'image que tu as choisie pour ton profil, cela me fait penser à l'univers du Seigneur des Anneaux. Eh bien, Proust, pour moi, c'est un créateur d'univers comme Tolkien (que j'apprécie aussi) c'est-à-dire un auteur capable de t'entraîner dans un monde avec ses codes, ses personnages, son écriture, ses êtres étranges... Tu peux ne pas y entrer, de même que d'autres vont juger avec condescendance l'univers de Tolkien : "C'est pour les gosses, avec ses elfes et ses batailles, quelle connerie, ce n'est pas de la littérature."

L'un n'est pas plus chiant que l'autre. Ce sont des monuments : il faut trouver la porte d'entrée. Tu peux tourner autour sans jamais y pénétrer. Tant pis. Ce n'est pas grave, tu entreras ailleurs.

Moi j'adore. C'est un auteur qui m'a été familier tout de suite, j'ai ouvert le premier bouquin, je ne l'ai pas refermé, et j'ai lu le tome suivant et ainsi de suite, avec un émerveillement et une joie qui sont difficiles à expliquer mais que je souhaite à chacun d'éprouver.

Complètement d'accord avec Anna, même si je n'ai jamais lu Proust et que je ne le lirai probablement jamais parce que 600*7 pages c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup trop pour ma capacité de concentration sur des thèmes qui m'intéressent moyennement.

J'ai apprécié ton message, Anna !

Titan : personnellement, j'adore Proust pour l'avoir découvert lycéenne, et avoir prolongé la lecture de la Recherche, tome par tome, depuis (rythme d'un tome par an, mais je n'arrive pas à lire le dernier). Je découvrais une écriture à même de poser des mots, de contourner des impressions / sensations / processus mentaux si fugaces que j'ignorais que le langage pouvait s'en saisir. Page après page, c'était l'émerveillement : oh, il a réussi à dire ça que j'éprouve si souvent sans être capable de le capter ! c'est donc qu'on peut tout dire.

Est-ce le rôle des arts, de tout capter ? je n'en sais rien. Mais je crois que pouvoir dire une chose, si fugace soit-elle, c'est déjà mieux la comprendre et l'apprivoiser. Je pense que Proust m'a permis de mieux comprendre et d'apprivoiser beaucoup de choses, donc de mieux vivre.

En-dehors de ça, j'ai toujours été sensible à sa syntaxe réinventée / chantournée, bizarre au fond, à la fois élégante et baroque, inadmissible quelque part. Qu'un·e écrivain·e réinvente à ce point la langue, c'était stupéfiant, et ça n'est pas donné à tous·tes (mais est-ce le rôle de la littérature, de réinventer la langue à partir d'une base commune ?)

Finalement, les thèmes abordés (salons, fêtes, famille bourgeoise) m'ont toujours un peu laissée froide, ils n'étaient pas l'essentiel dans ma lecture et ne le sont toujours pas.

Aussi, Albertine disparue conserve en mon cœur une place particulière ; je vivais un deuil dans le temps de la lecture, et le deuil du narrateur se superposant au mien, j'ai réussi à mieux apprivoiser / comprendre les phases de ce que je vivais (mieux qu'avec des bases de psychologie).

Voilà !

Le gros problème avec Proust, c'est le même qu'on a avec Céline (surtout en France d'ailleurs). Il suffit de ne pas être fan pour qu'on te tombe dessus en mode "tu es une débile inculte, tu as une vie de merde" (exemple avec Le chat), "tu ne comprends rien à la littérature..." et c'est insupportable. Il y a une sorte de politique de la terreur et de l'intimidation...

Le gros problème de Proust c'est sa fanbase... Si sa fanbase n'était pas ce qu'elle était, on serait simplement en mode "ok Proust ca nous ennuie comme tel ou tel autre auteur, next" et tout se passerait bien. Je me rappelle d'un topic qui s'appelait le pilon, tout le monde y allait joyeusement "a bas zola !" et "machin est nul", "tel livre est emmerdant"n, tout le monde rigolait; il a fallu qu'une meuf dise qu'elle n'aimait pas Proust, c'est parti en insultes directement...

Aimer Proust, c'est vraiment à mes yeux ce qui relève du "bon goût", du goût bourgeois, il y a un marqueur de classe assez net. Tu aimes Proust: tu fais partie de l'élite; tu n'aimes pas Proust, tu as mauvais goût, tu as des gouts de prolo, vulgaire...

Moi j'ai plutôt l'impression que tout le monde dit que c'est chiant sans trop de complexe. Et c'est vrai que, globalement c'est tout de même un peu chiant, même si c'est top bien écrit etc... j'avoues que j'ai eu du mal à me mettre dedans, au début lire 10 pages ça me semblait un peu longuet. Puis à force on finit par s'y retrouver quand même.

Je ne connais pas Proust, qu'est-ce que ça fait de moi ? ^^

Un panda.

jdoo a écrit:

Moi j'ai plutôt l'impression que tout le monde dit que c'est chiant sans trop de complexe. Et c'est vrai que,  globalement c'est tout de même un peu chiant, même si c'est top bien écrit etc... j'avoues que j'ai eu du mal à me mettre dedans, au début lire 10 pages ça me semblait un peu longuet. Puis à force on finit par s'y retrouver quand même.

Bah demain Didier va dire qu'il trouve Balzac chiant, Bénédicte qu'elle déteste Zola; tout le monde s'en foutra. Au contraire de Proust, dis que tu t'emmerdes à le lire; t'as tout le monde qui te tombe sur le râble.