L'idée je pense n'est pas d'asséner une sentence de différence, mais de retranscrire un parcours dans le champ social... ?

Kid a écrit:

L'idée je pense n'est pas d'asséner une sentence de différence, mais de retranscrire un parcours dans le champ social... ?

Pas mieux.
En lisant les sus-cités, je n'ai pas eu l'impression qu'on parlait d'une différence intrinsèque mais plutôt de l'influence du regard (être représenté, c'est être l'objet d'un sujet regardant, qu'il soit auteur ou lecteur) sur la construction individuelle et sociale.

Genres permettant d'employer le LGBT+ sans aucune différence avec les hétéros
> Historique situé dans l'antiquité gréco-romaine, le Japon médiéval ou tout autre lieu-époque où l'homosexualité avait droit de cité (valable principalement pour la bisexualité, les autres étant en plus-ou-moins)
> Fantasy ou Merveilleux, parce que situés dans un univers totalement différent, où l'auteur construit la société de son choix avec les repères et coutumes culturels de son choix.
> SF situé sur une autre planète, pour la même raison
> Utopie, futuriste ou uchronique

Partout ailleurs, il faudra tenir compte au minimum de l'opinion ambiante sur les sexualités autre que hétéro.

Il ne s'agit pas de marteler "tu es différent" aux personnes concernées, mais seulement de comprendre leur point de vue.
Rien que le fait de les faire se prendre par la taille en public est déjà une façon d'aborder le "regard d'autrui". Même si personne autour d'eux ne fait la moindre remarque, car cela implique une acceptation que le lecteur LGBT+ ne rencontre pas forcément autour de lui, et donc une situation parfaite mise en scène dans un entourage précis ou à une société différente de la nôtre.

Enfin... j'dis ça, j'dis rien.
Il faudrait effectuer un recensement sur mes romans pour en être sûr, mais je crois que la majorité des couples présents dans mes textes (héréros compris) ont des soucis (gros ou petits) avec les regards posés sur eux (ou fuis). Donc, je ne suis clairement pas objective.

On peut aussi, bien sûr, passer entièrement sous silence la sexualité et laisser le lecteur tomber amoureux de tel ou tel personnage sans lui dire s'il est hétéro ou pas.  C'est une option tout à fait possible dans les genres où la société mise en scène est la nôtre.

Citation :

Je crois franchement que je kifferais pas être gay et lire certaines interventions (celles de Noxer, Hobbes et Selene) assénant « tu es différente tu es différente tu es différente jusque dans les romans, assume-le, parce que c'est pas grave mais quand même tu es différente »

Comme si soudainement la « différence » occultait tout le reste.
Comme si dès lors que tu as une différence tu es toi-même obligée d'en avoir pleinement conscience, d'avoir pleinement conscience de ce que ca implique, et de ce que ca implique de différences supplémentaires, tu en deviens même responsable, et tu dois assumer tout cela, le porter, et ne même pas vouloir un instant être considérée comme normale.
Ça me rend triste

Je ne comprends pas à quel moment on passe de "prise de conscience" à "non-volonté de vouloir être traité normalement" ? C'est un sophisme qui m'échappe. Une prise de conscience n'empêche pas cela (la prise de conscience est d'ailleurs la base de la formation d'une "communauté", et la communauté LGBTQ+ et sa représentation c'est le sujet de cette conversation), ce qui a été dit cependant c'est que "être traité normalement" et "apparaître comme le normal" n'est pas du tout la même chose. Personne ne demande à assumer des choses, personne ne refile de responsabilité, quand on évoque le fait que vivre une relation homosexuelle c'est différent que de vivre une relation hétérosexuelle, pour des tas de raisons qui n'ont pas toutes pour sujet l'homophobie ou des choses négatives. Montrer cette différence dans les représentations, c'est vouloir être normal. Je crois que personne ne veut d'une "normalité par défaut", où on enlève juste ce qui va pas pour que ça fasse du bien sans que ça sonne vraiment juste.
Si tu es triste parce que les concerné.es n'ont pas de représentation positive, tu pointes ta tristesse dans une mauvaise direction en t'insurgeant contre des différences dans les représentations. C'est justement elles qui font avancer les choses et qui présentent autre chose que "ok, on va mettre des gays, mais comme on a pas envie de parler d'eux, on va faire comme si c'étaient des hétéros sauf qu'ils sont gays" ou bien des représentations négatives.

Noxer a écrit:

Montrer cette différence dans les représentations, c'est vouloir être normal. Je crois que personne ne veut d'une "normalité par défaut", où on enlève juste ce qui va pas pour que ça fasse du bien sans que ça sonne vraiment juste.

+1

Rien à voir mais je trouve que la littérature jeunesse (école des loisirs surtout) prend très bien en charge la représentation des minorités, sans omettre les différences de socialisation mais sans pour autant présenter de discours homophobes/racistes (etc).

Marie-Aude Murail par exemple, dans Oh boy !
Il faut que je fouille mais j'avais été surprise en m'immergeant dans la littérature jeunesse réaliste contemporaine l'an dernier, de la qualité des propositions et de la manière politique dont elles revendiquaient des thèmes sensibles politiquement.

Pasiphae a écrit:

Rien à voir mais je trouve que la littérature jeunesse (école des loisirs surtout) prend très bien en charge la représentation des minorités, sans omettre les différences de socialisation mais sans pour autant présenter de discours homophobes/racistes (etc).

Marie-Aude Murail par exemple, dans Oh boy !
Il faut que je fouille mais j'avais été surprise en m'immergeant dans la littérature jeunesse réaliste contemporaine l'an dernier, de la qualité des propositions et de la manière politique dont elles revendiquaient des thèmes sensibles politiquement.

Je crois que c'est le premier post vraiment "dans la question" depuis déjà un bon moment...

Spoiler: