Salut Art.Hrite, je n'aurai pas le temps de regarder ça tout de suite.
Dans mon jeu sur la définition d'acteur et tout le tremblement, j'ai mal formulé: l'idée, c'est que, personne ne pouvant donner une définition précise et surtout pertinente de Harrisson Ford en tant qu'individu, du rôle de Roy Deckard sur lequel on peut se faire un avis indépendamment de l'acteur retenu et même du réalisteur ou de ce qu'est le film, dire qu'il s'est approprié au mieux le rôle n'est possible que par rapport à un référentiel au moins partiellement personnel, au mieux spéculatif.

J'ai un peu de mal avec le "réalisme esthétique", en ce sens que la beauté vue comme propriété intrinsèque du réel (comme par hasard indéfinissable formellement, et encore moins quantifiable scientifiquement) est quelque chose de non-testable indépendamment d'un regard et d'une sensibilité humaine. Disons qu'à mon sens, c'est faire grand cas du regard humain qui, seul dans l'univers, serait apte à apprécier une propriété qui échappe à toute autre perception. En fait, ça m'évoque quelque chose de l'ordre de l'énoncé performatif, ou de la magie.

Parce que nous ne sommes pas tous la même personne.

De rien. Bonsoir.

Mha a écrit:

Parce que nous ne sommes pas tous la même personne.

De rien. Bonsoir.

+1.

Matrix a écrit:

parce que les gens n'objectivent rien. Sinon ils seraient d'accord...

c'est le principe de la science. Il faudrait un protocole pour juger les mêmes choses avec les même barèmes et savoir mettre de coté sa subjectivité et son égo... (talent que peu de monde semble posséder donc...)

Parce que le jugement esthétique, c'est lié à la subjectivité et à l'égo ? Il y a une science du jugement esthétique qui permettrait d'imposer un avis universel sur l'art ?

Nan mais qu'est-ce qu'il faut pas entendre…

Bohr a écrit:

Disons qu'à mon sens, c'est faire grand cas du regard humain qui, seul dans l'univers, serait apte à apprécier une propriété qui échappe à toute autre perception. En fait, ça m'évoque quelque chose de l'ordre de l'énoncé performatif, ou de la magie.

Je ne suis pas super chaud pour le réalisme esthétique non plus, mais je prends note de ce passage : la notion d'une beauté objective serait-elle mise en difficulté si, par ex., on découvrait que certains animaux sont capables d'apprécier un coucher de soleil ? Après que les gens se rendent compte que les animaux ont des rites funéraires et qu'ils sont capables de jouer, pourquoi pas apprécier de la musique ou une jolie perception visuelle ?

Le réalisme esthétique n'est pas forcément anthropocentrique, ce qui est quand même pas si mal, au fond ; ça suggère même un terrain commun avec à peu près tout et n'importe quoi de sensible et sapient dans l'univers : si sur une autre planète, on n'a radicalement pas la même expérience qu'ici, on a au moins la contemplation des objets de l'espace qui est similaire. La communication par clichés Hubble de nébuleuses lointaines.

Bon, ça reste que je trouve le réalisme esthétique tout pourri… Mais ! il y a des implications plutôt cool, quand même.

Attention, je n'exclus pas la réalité de l'expérience de la beauté (ou de la laideur, d'ailleurs), seulement que le réalisme esthétique postule cette beauté comme une caractéristique intrinsèque du monde alors qu'il n'y a rien sinon notre regard pour en accréditer l'existence.
Après, ça ne me choque pas de penser que des animaux puissent apprécier un coucher de soleil ou un morceau de Rammstein. Mais ça ne nous dit rien sur la supposée réalité intrinsèque de la beauté du monde.

Ne vous est-il pas déjà arrivé de changer d'opinion au cours de votre vie ?
Moi tout le temps!

Quand je relis un livre ou revois un film au bout de plusieurs années, je remarque que mon appréciation change, en bien ou en mal.
Par exemple,  j'ai dû voir au moins trois fois le film "Blade Runner", et mon opinion était différente à chaque fois (entre moyen et bien).

Nos opinions peuvent dépendre d'un grand nombre de facteurs: vécu, état courant / humeur , culture ...etc

Et on peut, par ailleurs, avoir des envies, sur le moment qui ne sont pas raccord avec l'oeuvre considérée, nous amenant à ne pas l'apprécier, et ce même si, à un autre moment, avec une envie plus en adéquation avec ce qu'elle propose, on l'aurait trouvée.
Par exemple, la première fois que j'ai vu "l'Associé du Diable" (dont je ne savais rien sinon le titre, le casting et le pitch), je l'ai trouvé chiant, car j'étais venu voir une nouvelle variation sur le Démon, alors qu'il s'agit d'une fable sur l'ambition. Lorsque je l'ai revu - pas beaucoup plus tard - j'avais, justement, envie de voir un Satan très humanisé et Al Pacino qui cabotine. J'ai terminé ce second visionnage enchanté. Pourtant, rien n'avait changé en moi, sinon mon envie du moment.

Ainsi, je me demande combien d'oeuvres sont tragiquement écartées par des personnes dans le public qui sont déçues en la recevant, simplement parce que, dans l'instant, elles ont envie d'autre chose que ce qu'elles pourront en retirer, tous arts confondus.