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 La narration au présent : pourquoi l'éviter

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Marie Fav
   
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Marie Fav  /  Petit chose


Récemment, pour me mettre dans le jus du roman que j'écris, j'ai lu pas mal de chick lit et beaucoup de ces romans sont écrits au présent.
Sur le moment ça ne m'a pas dérangé, mais quand je suis repassée à des textes au passé simple, je me suis dit 'oh mais c'est quand même mieux écrit'. Il me semble que le passé simple, parce qu'il est plus soutenu permet d'éviter la syntaxe hasardeuse et la profusion d'adverbes que le présent laisse parfois passer.


Dernière édition par Marie Fav le Mer 25 Oct 2017 - 20:21, édité 1 fois
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Séléné.C
   
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Pour moi, la souplesse du passé vient de ce qu'il existe plusieurs temps.
On n'écrit jamais le texte uniquement au passé simple.
Le présent est unique. Il n'y a pas de présent rapide et de présent long. On peut seulement le jumeler au passé composé, qui entraîne un usage massif de être & avoir, ce qui de nos jours peut sembler lourd.
Par ailleurs, un texte au présent est rivé à la chronologie de l'histoire. Les flash-back sont plus faciles avec les temps du passé.
Dans le même ordre d'idée, si le narrateur est un des personnages, le présent ne lui permet pas de connaître les actions qui se déroulent ailleurs au même moment... et s'il est externe, il reste dur de traiter deux faits simultanés.
On lit parfois que le présent facilite la proximité du lecteur et du personnage. Je pense plutôt qu'il contraint à en passer par là. Ensuite... ça peut être plus facile comme ça peut être plus dur.
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Bohr
   
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Je crois que ça dépend pas mal du style du roman, des personnages et de l'ambiance.

Je suis en train de lire un roman écrit à la première personne, et au passé. Les personnages ont une expression populaire (argot, juron facile, syntaxe pauvre, vocabulaire limité et familier) et pourtant, le roman nous donne du "lorsque vint l'heure du départ, nous éteignîmes le feu [...]". Déjà que je trouve ça empesé à la première personne d'une manière générale, là, on se retrouve avec un véritable décalage qui fait que tout sonne faux!
Donc, le présent me parait parfois approprié, selon la tonalité qu'on veut donner.

J'ai écrit plusieurs histoires au présent, et j'ai testé le passé en en réécrivant certaines parties: ça sent immédiatement la naphtaline et le bureau poussiéreux mal aéré. Le passé est moins dynamique, je trouve, il renvoie à quelque chose de déjà révolu, figé dans le marbre. C'est bon pour une narration classique, mais si on veut faire du "caméra à l'épaule", c'est du sabotage. Rien que chez Lovecraft, qui combine volontiers première personne et passé, c'est poussif à l'extrême.
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Marie Fav
   
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Marie Fav  /  Petit chose


En fait ce doit être ça, tout dépend du mode de narration que l'on veut donner
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Bohr
   
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Bohr  /  Gloire de son pair


Exactement, mais celle-ci est conditionnée au moins pour partie par le genre, la thématique etc.
Je pense que ça reflète aussi une évolution de la littérature, l'apparition de "genres" particuliers. Certes, le passé est le plus mieux au top du top, académique en diable, mais il est l'héritage d'une époque où l'on ne racontait pas les mêmes choses.
Si un roman psychologique sur le libertinage et ses implications paraît naturellement s'imposer au passé, qu'en est-il d'un thriller où le narrateur est le tueur en série qui partage sa pensée tourmentée et son expérience un peu particulière de la réalité ?

Comment s'y prenait-on au XVIIè pour narrer à la première personne une série de meurtres à motivation narcissique et la pensée paranoïaque délirante de leur auteur?
Question absurde, non?
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Lysiah
   
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Lysiah  /  Effleure du mal


Hello ici,

Le sujet m'interpelle car j'écris un roman au présent et je ne me suis jamais dit que c'était par facilité, fainéantise, ou méconnaissance (je ne dis pas non plus que je suis un cador de la langue française et encore moins de la littérature en général...). Disons que sur le moment, c'était le choix le plus logique pour porter l'histoire que j'avais envie d'écrire. J'aurais très bien pu le faire au passé, mais à mon sens cela aurait donné moins d'impact, moins de peps, à ce récit que je voulais dynamique, "caméra à l'épaule" comme tu le dis si bien Bohr.

D'ailleurs, avec le recul (ça fait un moment que je l'ai commencé, j'ai donc eu le temps d'y réfléchir depuis), il me semble plus difficile d'écrire au présent qu'au passé.  Séléné l'explique bien du fait qu'au passé on peut alterner avec plusieurs temps et accentuer ainsi l'idée que l'on veut véhiculer : action courte, longue, répétée, description, etc...). En cela, ça rend l'écriture au passé plus riche, c'est vrai, car un même verbe peut prendre plusieurs formes. Au présent... à part jongler entre le présent de l'indicatif, la voix passive et le conditionnel, les choix sont limités. Mais, et j'insiste sur ce mot, ça oblige aussi à faire preuve de plus d'imagination et de créativité pour éviter d'avoir une écriture monotone. Je ne dis pas que j'y arrive tout le temps, mais au moins j'essaye de faire attention à ne pas être répétitive dans les tournures de phrase, expressions, etc.

Si je reprends l'extrait remanié par Orsonwilmer au présent :
Citation :
La cérémonie commence. Le prêtre adresse une prière aux esprits et aux dieux. L’intensité de la scène me pétrifie et me fascine. Et soudain, le prêtre appelle le premier des initiés : Jean. Ce dernier se lève et s’assoit devant lui avec révérence. Le prêtre lève le verre qui contient la liqueur sacrée : il souffle de l'encens dessus et dessine des gestes étranges. Puis il tend le verre à Jean, qui adresse une dernière prière avant de boire la coupe d’une traite. Il retourne à sa place.
... puis au passé :
Citation :
La cérémonie commença. Le prêtre adressa une prière aux esprits et aux dieux. L’intensité de la scène me pétrifia et me fascina. Et soudain, le prêtre appela le premier des initiés : Jean. Ce dernier se leva et s’assit devant lui avec révérence. Le prêtre leva le verre qui contenait la liqueur sacrée : il souffla de l'encens dessus et dessina des gestes étranges. Puis il tendit le verre à Jean, qui adressa une dernière prière avant de boire la coupe d’une traite. Il retourna à sa place.
Cet exercice me pose un problème, parce que, oui, au passé il fonctionne mieux. Au présent beaucoup moins. Et cela ne tient pas uniquement du temps. Les phrases sont globalement pauvres et toutes construites pareil, sur un rythme similaire. On a l'impression que la narrateur récite un texte sans entrain. Cela saute tout de suite aux yeux au présent, peut-être effectivement à cause du sentiment de proximité qu'il induit, mais également au passé même si c'est plus digeste.
Et puis, je pense qu'on ne peut pas transposer un texte écrit au passé, sans procéder à des remaniements plus important au présent. Ce n'est que mon avis, mais le temps détermine aussi le ton du récit et participe tout autant à l'univers que l'intrigue, les personnages ou autre. On n'arrive pas à dire tout à fait la même chose.

Ce n'est qu'une supposition, mais tous les romans de fantasy / heroic fantasy que j'ai lu sont écrits au passé, dans un langage soutenu (même en étant vulgaire). Peut-être que cela participe à la création d'un monde imaginaire, éloigné de notre temps, et donc le passé s'impose plus naturellement ? Je serais curieuse de lire ce genre là au présent (j'imagine que ça doit bien exister quelque part).

Et pour répondre à la question initiale du sujet : "La narration au présent : pourquoi l'éviter ?". Ce n'est effectivement pas la bonne question. La narration au présent est tout aussi valable que celle au passé. Il faut juste qu'elle soit adaptée à la situation et porte l'histoire de l'auteur dans le bon sens, et sur ce sujet, je pense malheureusement qu'il y a une part de notre goût qui entre en compte et ça n'a rien de rationnel. On a tous nos préférences en terme de genre et de style d'écriture.
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Je suis tout à fait d'accord avec Lysiah.

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Dans mon roman, j'utilise le présent pour marquer plusieurs temporalités avec l'imparfait et le passé composé. C'est sans doute un blasphème envers le concordance des temps, mais l'imparfait est moins lourd, et le passé composé me permet de marquer une époque encore plus ancienne. Il faut ajouter que j'écris ce texte à la troisième personne, et j'ai quelques craintes sur son usage au présent. Je ne suis pas habitué à voir ce mélange.


Sinon, je salue les arguments de Séléné et Bohr un peu plus haut.
 
Aquae
   
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Pour ce qui est des textes longs, j'écris plus souvent au passé qu'au présent, je crois, sans doute par habitude, parce que la plupart des bouquins que je lis sont au passé aussi (le passé simple, lourd, poussiéreux, désuet ? Je n'avais jamais entendu ça, je dois dire que ça me surprend, il est pourtant encore très utilisé !). Par contre ça m'est arrivé de réécrire un texte entier au présent en me rendant compte que le passé n'était pas cohérent avec l'histoire que je racontais. Par exemple, un texte écrit à la première personne, dont le personnage principal / narrateur meurt à la fin (il y a une période où j'en tuais beaucoup comme ça Rolling Eyes ), ne peut logiquement pas être raconté au passé, puisque le personnage n'est plus là pour raconter son histoire.

En fait, en comparant plusieurs textes écrits il n'y a pas trop longtemps, je me rends compte que j'associe souvent 1ère personne/présent et 3ème personne/passé simple. Il faut dire aussi que je mets beaucoup plus de moi dans les textes écrits à la première personne... Donc je suppose que le passé simple permet une certaine mise à distance, du moins entre l'auteur-e et ses personnages. C'est beaucoup plus compliqué en ce qui concerne la relation personnage/lecteur-trice, je pense ; contrairement à ce que j'ai longtemps cru, je me demande même si on ne s’identifierait pas plus facilement aux personnages d'un texte écrit à la troisième personne qu'à la première (parce qu'un "je" est finalement bien moins neutre qu'un "elle" ou "il").
Bref. Désolée, je me suis un peu éloignée du sujet !
 
Lysiah
   
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Pour moi tu n'es pas hors sujet Aquae Wink

C'est vrai que l'on est plus facilement tenté d'écrire au présent pour la première personne, disons que ça s'y prête plutôt bien. Mais pour ma part, c'est plus le genre qui m'a fait me décider. Pour mes romans de fantasy, j'en ai un à la première personne et un autre à la troisième personne ; ils sont tous deux au passé. Pour celui de post-apocalyptique, il est à la première personne et au présent.

Dans les premiers cas, je trouvais que le ton sonnait plus juste avec un temps passé pour mettre un peu de distance (c'est encore plus vrai avec celui à la troisième personne, surtout qu'on peut changer de point de vue). Par contre dans le roman de post-apocalyptique, comme je voulais quelque chose de très cinématographique en plus d'être dans la tête du personnage principal, le présent s'est naturellement imposé pour instaurer cette proximité. Je ne sais pas si l'effet recherché est toujours au rendez-vous, mais je n'ai jamais eu d'avis négatif là-dessus, en-dehors des personnes qui sont totalement réfractaires aux récits écrits au présent et n'ont donc pas cherché à poursuivre la lecture (et là, je pense que même un texte ultra bien écrit et léché ne les attirera pas plus).
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Je trouve que les récentes interventions apportent des points de vue intéressants et constructifs à mon article.

Pour apporter un retour d'expérience récent, j'ai été tenté d'écrire au présent lors de certains passages de ma dernière nouvelle en date (non encore publiée ici pour diverses raisons).

Il s'agissait d'écrire de façon alternée des scènes se déroulant à un lieu puis à un autre, avec des personnages différents. Pour bien marquer la distinction entre les scènes, j'ai envisagé au départ de pourquoi pas écrire au présent. Mais je me suis finalement ravisé. Ça n'apportait fondamentalement pas grand chose. Il était possible de marquer les différences autrement, notamment par le style et le phrasé.

Après utiliser le présent peut se justifier, je n'ai jamais dit le contraire. Cependant comme il pourrait être pénible de filmer tout un film en caméra à l'épaule, il peut devenir lassant de lire tout un roman écrit au présent. L'effet de proximité s'estompe rapidement. Pourquoi ne pas réserver le présent à certaines scènes clé ?

Le ton ne relève pas uniquement du temps de narration d'une histoire. Il est tout à fait possible d'écrire au passé avec une ambiance introspective et proche du personnage. Je n'ai pas d'exemple à froid, mais ça doit pouvoir se trouver.
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Lysiah
   
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Lysiah  /  Effleure du mal


Citation :
Après utiliser le présent peut se justifier, je n'ai jamais dit le contraire. Cependant comme il pourrait être pénible de filmer tout un film en caméra à l'épaule, il peut devenir lassant de lire tout un roman écrit au présent. L'effet de proximité s'estompe rapidement. Pourquoi ne pas réserver le présent à certaines scènes clé ?
Oui, tu as raison. Pour certains projets, ça peut bien s'y prêter.
Pour ma part, comme je suis à la limite d'un journal intime, et qu'on suit l’héroïne jour après jour, le présent reste (à mon sens) plus approprié pour ce que je souhaite faire passer comme ressenti. Il m'arrive d'avoir des scènes au passé, notamment quand elle se remémore des événements passés ou qu'elle fait un bref résumé des jours précédents dans le cas où je fais une ellipse dans le temps. Mais ça ne doit représenter que 10% de la totalité du roman... et encore ^^
Ce que j'aime dans l'écriture, c'est qu'on peut tout faire ! Je ne dis pas que le résultat est toujours au rendez-vous, mais on a la liberté de pouvoir essayer et proposer des choses. Ensuite les lecteurs aimeront ou pas... la décision leur appartient et ça aussi c'est génial.

Citation :
Le ton ne relève pas uniquement du temps de narration d'une histoire. Il est tout à fait possible d'écrire au passé avec une ambiance introspective et proche du personnage. Je n'ai pas d'exemple à froid, mais ça doit pouvoir se trouver.
Tout à fait d'accord aussi, je disais simplement que le temps pouvait contribuer au ton que l'on veut donner à son récit. Il y a plein d'autres éléments qui jouent à côté aussi : la richesse du vocabulaire (varié, monotone, etc.), le niveau de langage (vulgaire, soutenu, etc.), le point de vue, le rythme des phrases... Bref, y a plein d'outils avec lesquels on peut s'amuser !

En me relisant, j'ai l'impression d'être en mode bisounours de l'écriture :love:
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Je pense répéter ce qui a été dit, pardon...

Je trouve que l'utilisation du présent peut être justifiée... tout simplement si elle l'est. Tout est une question de maîtrise selon moi, d'intention. J'ai personnellement utilisé le présent dans un chapitre de mon roman pour volontairement casser avec le rythme, créer une scène qui s'adresse directement au lecteur, donc qui est comme hors du temps.

Je pense que donc c'est effectivement intéressant de l'utiliser si on le fait en restant bien conscient de sa valeur.

Si à l'inverse, on le place sans y réfléchir, sans point de vue précis, là, pour moi, ça pose vraiment problème.

Citation :
Après utiliser le présent peut se justifier, je n'ai jamais dit le contraire. Cependant comme il pourrait être pénible de filmer tout un film en caméra à l'épaule, il peut devenir lassant de lire tout un roman écrit au présent. L'effet de proximité s'estompe rapidement. Pourquoi ne pas réserver le présent à certaines scènes clé ?

En gros, je rejoins plus ou moins ce que tu as dit ici.
Après, il existe de très bons films tout à l'épaule. C'est juste un exercice très difficile. Il faut vraiment penser chaque plan. Et je pense qu'il y a une démarche similaire avec l'utilisation du présent : il faut que ce soit fait de façon pointilleuse.
 
DivaN
   
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Aquae dit : "je me rends compte que j'associe souvent 1ère personne/présent et 3ème personne/passé simple."
(je ne sais pas comment faire pour insérer une citation dans mon commentaire...... )
c'est cette association je ET présent qui me dérange souvent en tant que lectrice, car j'ai cette impression que l'auteur me force à entrer au pied de biche dans la tête de son perso narrateur, et presque toujours, je ne m'y sens pas bien ! si tout le roman est sur ce mode de narration, il faut que j'ai un coup de cœur pour le style, l'histoire pour me laisser guider par le personnage et ses pensées, sinon, j'ai envie de m'évader de sa tête.
alors bien sûr, je peux l'utiliser, mais avec parcimonie. je rejoins Valéry pour les formats courts. le présent met tout de suite dans l'ambiance et le rythme. Suis-je plus habituée aux descriptions et/ou longs passages au passé et à la troisième personne ? oui, sans doute, formation classique oblige.
 
Aquae
   
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C'est drôle, parce qu'on parle depuis le début de justifier le choix du présent, mais pas vraiment celui des temps du passé. Qu'est-ce qui en a fait la norme, à votre avis ?

Il y a sans doute plein de raisons d'écrire un texte au passé : un cadre historique (par exemple, la seconde guerre mondiale), un narrateur qui raconte son enfance... Dans ces cas-là, les temps du passé s'imposent presque. Mais hormis ces cas précis (et toutes les autres exceptions qu'on pourra trouver), pourquoi opter pour le passé ? Pourquoi les temps du passé sont considérés comme plus "nobles" que le présent pour raconter une histoire ?

C'est intéressant, ça suppose que l'auteur/narrateur prend du recul par rapport à l'histoire et sait déjà ce qu'il va raconter.
Je me trompe peut-être, mais est-ce que le présent ne serait pas davantage employé lorsque l'auteur ignore lui-même où il va, ou n'en a qu'une idée très vague ?

Une autre raison que je verrais pour justifier la primauté des temps du passé, c'est ce qu'expliquait Orsonwilmer en ouvrant le débat :
Citation :
Le présent limite aussi la profondeur temporelle. Il est plus difficile de jouer avec différents niveaux de temporalité. Tous les événements se suivent les uns après les autres.

Mais Lysiah y a très bien répondu, je trouve :
Citation :
il me semble plus difficile d'écrire au présent qu'au passé.  Séléné l'explique bien du fait qu'au passé on peut alterner avec plusieurs temps et accentuer ainsi l'idée que l'on veut véhiculer : action courte, longue, répétée, description, etc...). En cela, ça rend l'écriture au passé plus riche, c'est vrai, car un même verbe peut prendre plusieurs formes. Au présent... à part jongler entre le présent de l'indicatif, la voix passive et le conditionnel, les choix sont limités. Mais, et j'insiste sur ce mot, ça oblige aussi à faire preuve de plus d'imagination et de créativité pour éviter d'avoir une écriture monotone. Je ne dis pas que j'y arrive tout le temps, mais au moins j'essaye de faire attention à ne pas être répétitive dans les tournures de phrase, expressions, etc.

Bref, donc je me pose la question : pourquoi la tradition a-t-elle préféré le passé au présent ? N'est-ce pas un peu arbitraire ?
Aujourd'hui, quand on décide d'écrire un texte au présent, c'est généralement qu'on s'est posé cette question là du temps et qu'on a de bonnes raisons d'écrire au présent ; a contrario le passé est considéré comme naturel, c'est le temps "par défaut". Est-ce qu'on ne reproduit pas bêtement la tradition dans ces cas-là ? Est-ce qu'on n'écrirait pas au passé seulement par habitude ?

Dans tous les cas, l'essentiel est d'avoir conscience d'écrire avec certains temps et pas d'autres, mais est-ce que c'est si évident ?

(Hum... désolée pour la surcharge de questions :mrgreen: )

Edit pour Divan : justement, je n'ai pas du tout cette sensation en lisant un texte à la première personne (que ce soit passé ou présent). C'est comme si j'entendais la voix du personnage dans ma tête, et je prends un peu le texte comme un témoignage... Je ne pense pas que l'objectif soit de faire entrer le lecteur dans la tête du "je". Ce qui est par contre le cas dans un texte à la troisième personne (du moins de je le sens comme ça). D'ailleurs, c'est beaucoup plus simple de se projeter sur un "il" ou "elle", parce que la voix des personnages eux-mêmes est atténuée, sinon inexistante. Ces pronoms sont assez neutres alors qu'un "je" a une vraie force, une unité bien distincte de celle du lecteur qui fait qu'il est plus compliqué de s'y identifier (désolée, je ne suis pas sûre d'être très compréhensible Embarassed ).
 
   
    
                         
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