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| | | Nombre de messages : 670 Âge : 33 Localisation : Tours Pensée du jour : Mort-icole. Date d'inscription : 04/08/2011 | Ferreol / Hé ! Makarénine Jeu 13 Oct 2016 - 18:54 | |
| Histoire vécue d'Artaud-Momo , petit livre : texte lu par lui au théâtre du Vieux-Colombier en 1947, acheté sur un coup de tête au milieu de Tsvetaeva et Rilke après avoir vu le documentaire (disponible sur youtube) La véritable histoire d'Artaud le Mômo - entrelacs puissants de très jolies voix. Un peu nébuleux, tourbillonnant, porte d'entrée vers le reste de son oeuvre que je réserve, goutte-à-goutte : c'est de cette sorte d'écrit intense qui peut me plonger dans un état de torpeur suspendu pendant quelques jours, alors doucement. Je lirai ensuite Suppôts et suppliciations - si seulement j'arrivais à mettre la main sur ses lettres à Génica !
Requiem, celui d'Akhamatova acheté tout à fait par hasard parce que mentionnée sommairement dans Vivre dans le feu (que je poursuis en pointillé, je suis arrêtée à son départ de Russie, merci à elle d'avoir ouvert cette petite fenêtre sur la littérature russe), ensemble de poèmes composés de 1930 à 1957 - mort de son mari, emprisonnement de son fils, ère soviétique noire que tout le monde connait, mots simples et dépouillés, peur ambiante, désespoir, résignation, mort partout. Je vous recopie son "en guise de préface" "Dans les années terribles de la "Iéjovchtchina", j'ai passé dix-sept mois à faire la queue devant les prisons de Léningrad. Un jour, quelqu'un a cru m'y reconnaître. Alors, une femme aux lèvres bleuâtres qui était derrière moi et à qui mon nom ne disait rien, sortit de cette torpeur qui nous était coutumière et me demanda à l'oreille (là-bas, on ne parlait qu'en chuchotant) : - Et cela, pourriez-vous le décrire ? Et je répondis : - Oui, je le peux. Alors, une espèce de sourire glissa sur ce qui avait été jadis son visage. 1er avril 1957. Léningrad" Alors j'ai hâte de découvrir le reste d'elle. Je pense qu'elle me touchera plus que Tsvetaeva, même si magnifique, un peu trop en colimaçon. Akhmatova, elle, dit "Et la conscience de plus en plus terrible Sévit. Elle exige un énorme tribut." Impatience de la voir, je vous dirai, obsession nouvelle.
Plus léger : les petites nouvelles de Pouchkine, pour entrer à petits pas chez les russes. Fondants sous la langue, petits gâteaux (de ceux qui vont avec un un thé), La dame de pique et Récits de feu Ivan Pétrovitch Bielkine - recueil de 5 petites nouvelles. Apparemment Pouchkine, le moins russe des russes. Nous verrons. Je poursuis avec Doubrovski qui est aussi dans mon édition, petit roman inachevé dans la même veine semble-t-il. Des histoires qui tiennent un peu du conte sur la noblesse et la campagne russe avec des caractères rudes d'autrefois et des jeunes filles en pâmoison et... ! Bref, ça c'est très chouette. Ensuite pour poursuivre naïvement en Russie (je crois y rester un moment), il y aura soit la poursuite de Pouchkine avec un autre roman, ou Les nuits blanches - Dostoïevski, ou aussi les Nouvelles de Pétersbourg - Gogol, petit petit avant d'aller vers les gros machins qui font un peu peur... |
| | Nombre de messages : 1687 Âge : 13 Date d'inscription : 21/11/2011 | Lohengrin / Chevalier au Pancréas Ven 14 Oct 2016 - 3:51 | |
| Et quelquefois j’ai comme une grande idée, Ken Kesey — roman fleuve et ça tombe bien, on est ballotés d’un bout à l’autre du récit comme entre les eaux de la Wakonda Auga, torrent impétueux servant de toile de fond à cette grande fresque familiale et sociale. En bref, il est question de la montée du capitalisme dans l’Ouest américain des années 60, vue à travers les yeux d’un clan de bûcherons, les Stamper, mené par Henry, le patriarche à moitié fêlé et son fils Hank, « l’un des dix durs à cuire les plus coriaces à l’Ouest des rocheuses ». Bien décidés à braver le mouvement de grève qui agite la région, les Stamper s’attirent les foudres des travailleurs syndiqués (et donc de l’ensemble de la communauté), mais sous le climat éternellement humide et froid de l’Oregon se joue également un autre drame, interne : pour faire face au manque de main d’oeuvre et honorer à temps le contrat qui les lie à la Wakonda Pacific, l’entreprise à laquelle ils fournissent du bois, les Stamper font appel à Lee, fils cadet de Henry exilé à New York douze ans auparavant. Davantage versé dans la consommation de barbituriques et les tentatives de suicide ratées que dans l’exploitation forestière, cet étudiant paranoïaque (dont la conscience ne cesse de crier « FAIS GAFFE ») y voit néanmoins l’occasion idéale d’assouvir une vengeance nourrie depuis l’enfance à l’encontre de son demi-frère, Hank. Ça, c’est pour l’histoire. Mais on ne peut pas rendre compte de la puissance de Et quelquefois… sans évoquer sa structure complexe, qui peut sembler fouillis au premier abord mais dénote en réalité une maitrise magistrale de la narration. Roman polyphonique, il nous plonge dans l’intimité des personnages et nous fait basculer d’un point de vue à l’autre, d’une époque à l’autre sans autre transition que des repères typographiques somme toute assez basiques (parenthèses, italiques, incises…) De ces changements constants de focalisation, cette multitude de voix et de souvenirs enchevêtrés découle une immersion complète dans le récit, encore renforcée, en arrière-plan, par une splendide peinture de l’Oregon, brossée à petites touches afin de nous promener des bords de la rivière aux forêts battues par des pluies incessantes, en passant par le bar crasseux où chacun vient noyer sa misère dans l’alcool, sur fond de musique country, de jazz, des aboiements de chiens et des cris lancinants des oies du canada. Pour résumer, Et quelquefois j'ai comme une grande idée, par la force de ses personnages, ses thèmes, sa technique narrative et son style à la fois simple et époustouflant tient à la fois du roman psychologique et du roman d’ambiance, dont on ressort ravis et un peu chamboulés. Bref, vous l’aurez compris, j’ai kiffé et je recommande. Extrait racoleur : - Spoiler:
« Le brouillard drape les basses branches des érables circinés comme des lambeaux de banderoles arachnéennes, et s’effiloche entre les aiguilles de pin. Là-haut, à travers le feuillage, le ciel est bleu, calme et très clair, mais le brouillard couvre la terre. Il s’insinue jusqu’à la rivière et s’enroule autour de la base de la maison, rongeant d’une tendre bouche blanche les planches neuves veinées de jaune. Un sifflement tranquille se fait entendre, pas déplaisant, comme si une créature tétait, pensive… Car quel profit tire l’homme de tout le travail qu’il abat sous le soleil si la forêt et la lande et la mousse s’efforcent éternellement de le reprendre ? De le reprendre éternellement jusqu’au jour où un chrétien eut l’impression que la ville n’était qu’une sorte de cellule aux murs verdâtres, tout entiers faits de friches et de vigne vierge, et qu’il lui fallait besogner pour l’éternité, jour après jour, dans le seul but de s’accrocher au pitoyable petit pécule qu’il avait pu glaner, besogner durant des siècles et des siècles dans le seul but de s’accrocher à un plancher de fange et à un plafond de nuages si bas qu’il se sentait parfois obligé de courber l’échine… Plancher, plafond et muraille verte d’une prison d’arbres. Je vous le dis. La ville ? Elle peut croître, mais demeurer ? Elle peut croître et proliférer, mais demeurer ? Nullement. L’antique forêt et la glaise et la rivière vaincront, car ces choses-ci sont de la terre. Mais la ville est de l’homme. Je vous le dis. Elles ne peuvent demeurer, les choses nouvelles et forgées par la main de l’homme. Est-il une chose dont on dise : « Vois ceci, c’est nouveau ? » Elle existait déjà dans les siècles qui nous ont précédé. Je vous le dis. En bâillant, tandis que tu vas vers la maison, pataugeant dans le brouillard jusqu’à mi-cuisses, tu te demandes vaguement si tu es encore endormi et en même temps éveillé, encore dans le rêve et déjà hors du rêve. Est-ce impossible ? Ce sol emmailloté, ouaté, est semblable au sommeil ; ce silence feutré ressemble à celui d’un rêve. L’air est si calme. Les renards ne glapissent pas dans les bois. Les corbeaux ne croassent pas. Tu ne vois pas de canards survoler le fleuve. Tu n’entends pas l’habituelle brise du matin palper les feuilles des aulnes noirs. Tout est immobile. Sauf ce sifflement, tendre, délicieux, humide… »
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| | | Invité / Invité Sam 15 Oct 2016 - 17:31 | |
| Martin Eden, Jack London. Je commence tout juste, ça fait très longtemps que je voulais le lire. *prie les ondes de la bonne lecture* sinon Les corps inutiles était un vrai navet, ça commence par le viol d'une fille qui portait même pas de talons en plus... partant de là j'avais déjà envie de le jeter contre le mur, le reste est tiré par les cheveux, écrit avec les pieds, etc |
| | Nombre de messages : 3108 Âge : 36 Localisation : High Fem Bitch Pensée du jour : Show me the monster inside of you Date d'inscription : 29/07/2012 | DC / Gueule d'ange et diable au corps Sam 15 Oct 2016 - 19:26 | |
| Fini Bill Bryson.
Je pars sur John D.Voelker (Robert Traver) - Testament d'un pêcheur à la mouche.
En ce moment je suis accro à la non-fiction américaine. |
| | | Invité / Invité Mar 18 Oct 2016 - 5:53 | |
| Les œuvres gratuites du domaine public sur liseuse c'marrant.
J'ai pris un truc au hasard: La maison à vapeur: Voyage à travers l'Inde septentrionale de Jules Verne. C'trop bieng. Des anglais qui veulent visiter l'Inde dans des maisons/wagon. L'histoire est dingue, je n'avais jamais entendu parler de ce roman de Verne jusqu'à présent, c'est très documenté, sur l'histoire coloniale, la géographie Indienne, on apprend plein de choses, on en découvre plein d'autres, c'est passionnant. |
| | Nombre de messages : 3108 Âge : 36 Localisation : High Fem Bitch Pensée du jour : Show me the monster inside of you Date d'inscription : 29/07/2012 | DC / Gueule d'ange et diable au corps Mar 18 Oct 2016 - 14:40 | |
| Jules Verne <3
Sinon là je me fais Gay Talese - Le motel du voyeur |
| | | Invité / Invité Jeu 20 Oct 2016 - 3:02 | |
| Il me fait envie, ce Motel du Voyeur. Je me demande si je vais pas le mettre dans la file d'attente, juste après Verne ^^ |
| | Nombre de messages : 3108 Âge : 36 Localisation : High Fem Bitch Pensée du jour : Show me the monster inside of you Date d'inscription : 29/07/2012 | DC / Gueule d'ange et diable au corps Jeu 20 Oct 2016 - 5:53 | |
| Il est assez particulier. Par moments Talese se contente de recopier directement le journal de ce voyeur et je trouve ca limite quoi. Mais c'est bien.
Je l'ai fini. Et j'ai eu besoin de le digérer avec tout autre chose à savoir Antoine Blondin - Un singe en hiver |
| | | Invité / Invité Ven 21 Oct 2016 - 20:20 | |
| Je m'intéresse beaucoup à l'emprise des lieux et au raffinement esthétique, en ce moment. J'ai dépensé un peu cher pour me procurer l' éloge de l'ombre de Junichirô Tanizaki, très bel ouvrage, publié aux éditions Verdier, (les pages ont même un délicat parfum ) qui détaille la conception japonaise traditionnelle du beau. L'auteur insiste sur la façon dont la matière et la lumière modifient notre perception, rejette la culture de la brillance, des éclats superficiels et de la blancheur, qu'il qualifie de typiquement occidentales. Il leur oppose l'importance de l'imperfection, de la crasse, des reflets voilés, de l'empreinte humaine. Il critique "l'électrisation brutale", la disparition des fenêtres en papier huilé, qui auraient détruit la subtilité des habitations japonaises : - Citation :
- la beauté d’une pièce d’habitation japonaise, produite uniquement par un jeu sur le degré d’opacité de l’ombre se passe de tout accessoire.
Les sens se répondent l'un à l'autre. La disparition de ces jeux d'ombres subtils sur la vaisselle japonaise affecterait le goût des aliments, leur ferait perdre de leur attrait, de leur aura. - Citation :
- La cuisine japonaise, a-t-on pu dire, n’est pas chose qui se mange, mais chose qui se regarde.
il détaille longuement ce point de vue en prenant pour exemple les bols en laque noire d'une soupe dégustée à la lueur diffuse des chandelles, dans une maison traditionnelle. Il y aurait ces teintes plus "profondes", une impression de générosité, qui stimulerait l'appétit. Cette cuisine qui se serait construite sur ces accords, verrait ainsi toute sa subtilité mise à mal. quelques passages marquants : La description des toilettes traditionnelles - Spoiler:
- Citation :
- Chaque fois que, dans un monastère de Kyôto ou de Nara, l’on me montre le chemin des lieux d’aisance construits à la manière de jadis, semi-obscurs et pourtant d’une propreté méticuleuse, je ressens intensément la qualité rare de l’architecture japonaise. Un pavillon de thé est un endroit plaisant, je le veux bien, mais des lieux d’aisance de style japonais, voilà qui est conçu véritablement pour la paix de l’esprit. Toujours à l’écart du bâtiment principal, ils sont disposés à l’abri d’un bosquet d’où vous parvient une odeur de vert feuillage et de mousse ; après avoir, pour s’y rendre, suivi une galerie couverte, accroupi dans la pénombre, baigné dans la lumière douce des shôji et plongé dans ses rêveries, l’on éprouve, à contempler le spectacle du jardin qui s’étend sous la fenêtre, une émotion qu’il est impossible de décrire. Au nombre des agréments de l’existence, le Maître Sôséki comptait, paraît-il, le fait d’aller chaque matin se soulager, tout en précisant que c’était une satisfaction d’ordre essentiellement physiologique ; or, il n’est, pour apprécier pleinement cet agrément, d’endroit plus adéquat que des lieux d’aisance de style japonais d’où l’on peut, à l’abri de murs tout simples, à la surface nette, contempler l’azur du ciel et le vert du feuillage. Au risque de me répéter, j’ajouterai d’ailleurs qu’une certaine qualité de pénombre, une absolue propreté et un silence tel que le chant d’un moustique offusquerait l’oreille, sont des conditions indispensables. Lorsque je me trouve en pareil endroit, il me plaît d’entendre tomber une pluie douce et régulière. Et cela tout particulièrement dans ces constructions propres aux provinces orientales, où l’on a ménagé, au ras du plancher, des ouvertures étroites et longues pour chasser les balayures, de telle sorte que l’on peut entendre, tout proche, le bruit apaisant des gouttes qui, tombant du bord de l’auvent ou des feuilles d’arbre, éclaboussent le pied des lanternes de pierre, imprègnent la mousse des dalles avant que ne les éponge le sol. En vérité ces lieux conviennent au cri des insectes, au chant des oiseaux, aux nuits de lune aussi ; c’est l’endroit le mieux fait pour goûter la poignante mélancolie des choses en chacune des quatre saisons, et les anciens poètes de haïkaï ont dû trouver là des thèmes innombrables. Aussi n’est-il pas impossible de prétendre que c’est dans la construction des lieux d’aisance que l’architecture japonaise atteint aux sommets du raffinement. Nos ancêtres, qui poétisaient toute chose, avaient réussi paradoxalement à transmuer en un lieu d’ultime bon goût l’endroit qui, de toute la demeure, devait par destination être le plus sordide et, par une étroite association avec la nature, à l’estomper dans un réseau de délicates associations d’images. Comparée à l’attitude des Occidentaux qui, de propos délibéré, décidèrent que le lieu était malpropre et qu’il fallait se garder même d’y faire en public la moindre allusion, infiniment plus sage est la nôtre, car nous avons pénétré là, en vérité, jusqu’à la moelle du raffinement. Les inconvénients, s’il faut à tout prix en trouver, seraient l’éloignement, et l’inconfort qui en résulte lorsqu’on est obligé de s’y rendre en pleine nuit, et d’autre part le risque, en hiver, d’y prendre un rhume ; si toutefois, pour reprendre un mot de Saitô Ryoku.u, « le raffinement est chose froide », le fait qu’il règne en ces lieux un froid égal à celui de l’air libre serait un agrément supplémentaire. Il me déplaît souverainement que, dans les toilettes de style occidental des hôtels, l’on en soit venu à dispenser la chaleur du chauffage central.
lumières et reflets - Spoiler:
- Citation :
- « Car un laque décoré à la poudre d’or n’est pas fait pour être embrassé d’un seul coup d’œil dans un endroit illuminé, mais pour être deviné dans un lieu obscur, dans une lueur diffuse qui, par instants, en révèle l’un ou l’autre détail, de telle sorte que, la majeure partie de son décor somptueux constamment caché dans l’ombre, il suscite des résonances inexprimables.
De plus, la brillance de sa surface étincelante reflète, quand il est placé dans un lieu obscur, l’agitation de la flamme du luminaire, décelant ainsi le moindre courant d’air qui traverse de temps à autre la pièce la plus calme, et discrètement incite l’homme à la rêverie. N’étaient les objets de laque dans l’espace ombreux, ce monde de rêve à l’incertaine clarté que sécrètent chandelles ou lampes à huile, ce battement du pouls de la nuit que sont les clignotements de la flamme, perdraient à coup sûr une bonne part de leur fascination. Ainsi que de minces filets d’eau courant sur les nattes pour se rassembler en nappes stagnantes, les rayons de lumière sont captés, l’un ici, l’autre là, puis se propagent ténus, incertains et scintillants, tissant sur la trame de la nuit comme un damas fait de ces dessins à la poudre d’or. »
tiédeur du papier - Spoiler:
- Citation :
- Le papier est, nous dit-on, une invention des chinois ; toujours est-il que nous éprouvons, à l'égard du papier d'occident, d'autre impression que d'avoir affaire à une matière strictement utilitaire, cependant qu'il nous suffit de voir la texture d'un papier de Chine, ou du Japon pour sentir une sorte de tiédeur qui nous met le coeur à l'aise. À blancheur égale, celle d'un papier d'occident diffère par nature de celle d'un hoshô ou du papier blanc de Chine. Les rayons lumineux semblent rebondir à la surface du papier d'occident, alors que celle du hoshô ou du papier de Chine, pareille à la surface duveteuse de la première neige, les absorbe mollement. De plus, agréables au toucher, nos papier se plient et se froissent sans bruit. Le contact en est doux et légèrement humide, comme d'une feuille d'arbre.[/i]
Très bel ouvrage, malgré une vision un peu simpliste de l'occident (au vu de l'époque et de la situation de domination culturelle) et quelques passages, inévitables, sur la "fâme" pudique et mystérieuse, qui elle aussi révélerait sa beauté dans l'ombre, de même que le bol de soupe Pour les cours, je commence à lire quelques historiens du sensible : Le sentiment de soi : Histoire de la perception du corps XVIe-XXe siècle, Georges Virarello Le miasme et la jonquille: L'odorat et l'imaginaire social, XVIIe-XIXe siècles et L'homme dans le paysage, Alain Corbin Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle, Arlette Farge |
| | | Invité / Invité Sam 22 Oct 2016 - 3:50 | |
| Le Loup des Steppes : La fin m'a beaucoup fait sourire. :')
Je me suis procuré L'odeur de l'Inde et Samarcande. |
| | | Invité / Invité Sam 22 Oct 2016 - 18:29 | |
| Du coup, j'ai rongé ma frustration de sans connexion sur Martin Eden, que j'ai dévoré, juste tout le monde devrait le lire, vraiment. edit : ah je suis preneuse d'autres possible Jack London possiblement chouettes. Je sais pas sur quoi je vais enchainer, la dame de la biblio m'a gentiment prolongé tous mes bouquins, j'ai plein de trucs chouettes. Am stram gram... |
| | | Invité / Invité Dim 23 Oct 2016 - 3:03 | |
| - Un soir d'été a écrit:
- Du coup, j'ai rongé ma frustration de sans connexion sur Martin Eden, que j'ai dévoré, juste tout le monde devrait le lire, vraiment.
Oui je suis bien d'accord, il est trop bien J'avais noté ces citations qui m'avaient bien plu lors de la lecture : - Citation :
- — Les hommes sans talent ont la rage de juger ceux qui en ont [...].
- Citation :
- — Mais cet individu, ce Wiki-Wiki, pourquoi le faites-vous parler si grossièrement ? Vous choquerez vos lecteurs et c'est sûrement à cause de cela que les éditeurs refusent vos oeuvres.
— Le vrai Wiki-Wiki parlerait comme ça.
— Mais c'est une faute de goût.
— C'est la vie, dit-il brusquement. C'est la vie vraie. Je ne peux dépeindre la vie que telle qu'elle est. Ce Martin Eden a fort raison En ce moment je lis "Mirage", de Douglas Kennedy puisque j'ai envie de lire tous ses romans, et j'y suis bientôt arrivée. Je n'en suis qu'au début mais je sens ce roman un peu plus lourd dans la construction que les autres que j'ai lus. Il n'est pas dans mes habitudes de "deviner" des choses ou des supercheries dans les romans, j'aime bien me laisser guider, et surprendre (grossièrement, je n'aime pas chercher qui est le meurtrier dans un polar), et là j'ai déjà l'impression de deviner qqc et je n'aime pas cela... J'ai déjà été déçue par "La femme du Ve", j'espère ne pas l'être par celui-ci. Pour autant, alors que je trouve généralement le début de ses romans assez ennuyants, le début de celui-ci est plaisant à lire, avec les belles descriptions de la lumière et du Maroc. |
| | Nombre de messages : 3108 Âge : 36 Localisation : High Fem Bitch Pensée du jour : Show me the monster inside of you Date d'inscription : 29/07/2012 | DC / Gueule d'ange et diable au corps Dim 23 Oct 2016 - 5:15 | |
| Alors about Un singe en hiver... J'ai préféré le film en fait... J'accroche pas trop a la plume de Blondin...
Du coup je l'ai fini et là j'ai obliqué sur du John Dos Passos - La grande époque |
| | | Invité / Invité Dim 23 Oct 2016 - 18:22 | |
| Ecoute la pluie - Citation :
Si tu étais déjà là-bas, tu ignorais qu'au même instant je me noyais dans des rues désertes où l'été finissant dévoilait encore des jambes et des dos nus. Tu croyais peut-être m'apercevoir, marchant sur le sable et te faisant signe de me rejoindre. Tu irais bientôt m'attendre à la gare où je ne serais pas, nous n'irions peut-être plus jamais à l'hotêl des Embruns, quelque chose de nous gisait sous les roues du métro. Un bâteau avait sombré, que tu ne pouvais apercevoir au-delà des vagues qui te berçaient, tu ne pouvais deviner que le corps d'un vieil homme avait disparu sous une tempête de ferraille, ni que je tournais à droite et à gauche comme si je voulais fausser compagnie à ce qui me poursuivait, l'instant suspendu ou l'imperméable beige se déployait comme les ailes d'un oiseau atteint en plein vol. Les sanglots du conducteur de la rame se faufilaient dans la rumeur de la ville, accompagnaient la chute ralentie du corps, se perdaient et revenaient. J'avançais comme une somnambule, je t'imaginais sur la plage, je te voyais disparaitre dans les vagues, ouvrir les bras et fermer les yeux comme tu le fais lorsque que tu es heureux et que tu ne sais comment le dire. Je courrais comme une voleuse, on se retournait sur moi, j'ai failli renverser une femme qui tenait son chien en laisse et m'a insultée, j'ai traversé au feu rouge, une voiture s'est immobilisée, une homme en est sorti et a crié des mots dans une langue que je ne connaissais pas, je ne savais plus où j'étais. - Citation :
- Depuis que nous ne vivons plus dans la même ville, quelques terrains vagues se faufilent entre nous, ceux de nos imaginaires, qui parfois me font peur.
je suis au tout début, j'attends tout, mais j'aime jusque-là, le rythme, et le tu bien manier qui ne fait même pas faire la grimace, l'urgence, les je ne sais quoi de vide et de rien, et de fuite, c'est chez moi un peu. |
| | Nombre de messages : 7897 Âge : 86 Date d'inscription : 21/11/2014 | Pangolin / Très premier degré Lun 24 Oct 2016 - 0:37 | |
| - Lohengrin a écrit:
- Mais on ne peut pas rendre compte de la puissance de Et quelquefois… sans évoquer sa structure complexe, qui peut sembler fouillis au premier abord mais dénote en réalité une maitrise magistrale de la narration. Roman polyphonique, il nous plonge dans l’intimité des personnages et nous fait basculer d’un point de vue à l’autre, d’une époque à l’autre sans autre transition que des repères typographiques somme toute assez basiques (parenthèses, italiques, incises…)
Oh, chouette, et le côté polyphonique aussi. - Junichirô Tanizaki a écrit:
- Nos ancêtres, qui poétisaient toute chose, avaient réussi paradoxalement à transmuer en un lieu d’ultime bon goût l’endroit qui, de toute la demeure, devait par destination être le plus sordide et, par une étroite association avec la nature, à l’estomper dans un réseau de délicates associations d’images. Comparée à l’attitude des Occidentaux qui, de propos délibéré, décidèrent que le lieu était malpropre et qu’il fallait se garder même d’y faire en public la moindre allusion, infiniment plus sage est la nôtre, car nous avons pénétré là, en vérité, jusqu’à la moelle du raffinement. Les inconvénients, s’il faut à tout prix en trouver, seraient l’éloignement, et l’inconfort qui en résulte lorsqu’on est obligé de s’y rendre en pleine nuit
Intéressant, et un peu étrange aussi, cette façon de présenter la relégation des toilettes au fond du jardin (en ça les Japonais sont pas différents de beaucoup de peuples) comme une façon de communier avec la nature. Les autres citations renforcent aussi cette idée d'une personne à ce point imprégnée de sa culture (son raffinement, sa délicatesse) qu'elle est incapable d'envisager aucune évolution comme positive. Du coup je me demande si tout le livre est dans la même tonalité et fait l'impasse (notamment) sur la misogynie très ancrée dans le Japon traditionnel, qui est aussi une société martiale et violente. - Jasmin a écrit:
- et quelques passages, inévitables, sur la "fâme" pudique et mystérieuse, qui elle aussi révélerait sa beauté dans l'ombre, de même que le bol de soupe
Ah ! J'ai une partie de la réponse. |
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