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- Semaine du 05/05/2014 :
CONSTANCE (500)
Texte : Ulysse et Nausicaa.
+ Correction des 4 derniers chapitres
- Ensor a écrit:
Constance : 556/500
Texte : Ulysse et Nausicaa
Remarque: a conscience des nombreuses lourdeurs qui ralentissent la lecture
Tonneaux de bois miellés, cabines lambrissées, coursives parfumées au fer repeint, hublots odoriférants (essence+ embrun+ rouille…) ponts mélancoliquement superposés, la gueule en entonnoir dans le jour opalescent, le Lady Héroïne cingle l’écume des vagues.Plus tard, alors que se noie le mât du navire, Ulysse lutte contre l’océan pour ne pas mourir.
Quand il sera recueillis par Nausicaa, laissé pour mort sur une plage, il devra réapprendre à vivre sous un nouvel éclairage, l’éclairage d’une conscience plus ouverte sur le monde et moins sujette aux perturbations intérieures.
Ce matin, au gazouillis des oiseaux, il se lève de son lit, tout en poussant des gémissements, et se penche pour vomir un peu d’eau de mer dans la cuvette à terre.
Ses entrailles lui font mal, quelque chose semble fouiller ses viscères, pourtant il s’obstine à écrire sur une page de son carnet de voyage sa mésaventure à bord du frêle esquif.
Sur le carnet, était représentée, avec un luxe de détail presque choquant –aussi choquant à bien des égards qu’une surabondance de ponctuation dans une page de littérature- une liste de langues (oubliées ?) qui était reliée aux différentes entrées de son Dictaphone, voici ce que le naufragé avait écrit d’un premier jet, limpide comme l’eau peu profonde d’une rivière.
La poignée de la porte se relève alors et Nausicaa apparaît. Faute d’infirmières, elle soigne le pauvre Ulysse et l’aide à se rétablir. Elle l’installe devant un grand miroir et s’apprête à le raser, ses mains sont douces et ses cheveux fleurent bon le jasmin. Ulysse remercie le ciel d’avoir trouvé refuge chez une pareille bienfaitrice.
Il lui a déjà écrit des poèmes, qu’il n’ose lui révéler, il rêve de déposer ses lèvres sur les paupières toujours baissées de cette jeune fille, bien trop sage selon lui.
Pourtant il faut se méfier des apparences: Nausicaa possède elle-aussi une imagination débridée et fiévreuse qui a fait naître lorsqu’elle l’a aperçu pour la première fois sur la plage une sorte de romance et de nombreux non-dits.
Mais Nausicaa n’est plus cette petite fille passive et mélancolique, elle ressemble à cette héroïne des chants funestes. Elle a vécu dans des taudis,a connu le froid presque sibérien, et toutes les douleurs qui accompagnent le mendiant. Elle peut être aussi douce que l'aube avec les pauvres gens, et aussi froide que le crépuscule avec les nantis.
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La matinée s'est évanouie lentement et délicieusement comme un rêve qui s'estompe, avant de fuir dans les limbes.
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Ulysse se souvient de cette histoire qu’on lui contait enfant… L’odyssé d’un type qui se crève les yeux pour ne plus voir l’infortune de sa destinée… Ulysse, trop pressé de rejoindre Nausicaa au salon, s’empresse de chasser ses pensées et part la retrouver.
Il veut lui lire Demande à la poussière de John Fante.
Elle l’a déjà lu cent fois mais elle lui demande de répéter chaque paragraphe et parfois juste un mot, ses yeux alors s'apaisent, elle reste toujours aussi subjuguée par le talent de Fante.
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La pluie tombant sur le toit et le bruit du vent qui soufflait jusque dans les escaliers menant à sa chambre ont réveillé Ulysse dans la soirée. Quel drôle de naufrage* ! Il commençait sérieusement à douter de sa réalité qui était d’une hypnotique étrangeté comme les sentiments qu’il partageait avec Nausicaa. D’ailleurs, avaient-ils encore besoin de sentiments ?