Nombre de messages : 5683 Âge : 42 Localisation : En confinement dans moi-même. Pensée du jour : La solitude est la patrie des forts. Date d'inscription : 23/04/2010 | Orcal / Déesse du foyer à la retraite Sam 8 Fév 2014 - 18:35 | |
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Nombre de messages : 3865 Âge : 27 Date d'inscription : 12/07/2011 | Nywth / Ex-Ombre passée du côté encore plus obscur. Dim 9 Fév 2014 - 11:44 | |
| - Nywth a écrit:
Chapitre 1 - Mila
Raelene regarde l’éclat de jour qui faiblit doucement, sur ses mains entrouvertes, logé entre ses deux paumes. Elle laisse filtrer davantage la lumière devenue bleue – incapable d’absorber les rouges et verts radiés, irradiés par les deux lunes qui transpercent le ciel ; la semaine passée, elles étaient trois. Sur le sol de la plaine, sur les rares rochers, sur l’herbe heurtée par leurs pas silencieux, la lueur devient une véritable cacophonie de sens et de mouvement, projetant leurs ombres minces et ténébreuses, recroquevillées et dressées, marchant, marchant encore. Terrifiantes surtout. Raelene ralentit légèrement, sa respiration étreinte et accélérée d’un effroi irrationnel – elles pourraient prendre vies, ces ombres, elles pourraient prendre vie et ne plus leur appartenir. Alors que Clauss la devance, avançant de son habituel pas monotone et furtif, aussi discret qu’un squelette, elle lui lance doucement : — La lumière faiblit. — Je sais. — Ça va les attirer, ils captent davantage la lumière bleue. — Je sais. Il faut qu’on trouve un arbre. Tu en vois un ? — Non. On a passé le dernier il y a deux heures. Elle s’arrête, tourne sur elle-même, faisant virevolter entre ses deux mains le fruit lumineux ; sa peau agrumée, écaillée, donne désormais à la lueur cet air chancelant et précaire des crépuscules. Après quelques secondes, ses yeux repèrent, au loin, la forme fine et chancelée d’un petit rocher. — On pourrait se cacher là-haut, et trouver un arbre à l’aube. — Le jour est plus dangereux que la nuit, tu le sais. Et le rocher n’est pas bien énorme. — Oui, mais on peut voir arriver le danger. On se serrera. — D’accord. Le fruit devient plus vif. Ils bifurquent vers le rocher, leurs pas devenant moins rapides et plus silencieux. Clauss sort silencieusement des racines coupées en racine de son sac, en teste la flexibilité du bout des doigts – si la ‘baguette’ peut se plier à angle droit sans qu’il ne sente, entre ses os, le point de tension préliminaire au cassage, il la jette. Ils arrivent au rocher, commencent à ramper sur le sol, puis remontent le long de la paroi dure, ramènent devant eux leurs genoux de manière à pouvoir se lever rapidement ; ayant, dans l’esprit, l’ombre déjà du danger qui les entourent, omniprésent. Clauss, à quatre pattes, dispose les brindilles à quelques mètres d’eux, sur la terre sèche. Raelene extirpe son couteau en os de son fourreau et coupe le fruit en deux ; obscurité. Elle retire le cœur et en donne la moitié à Clauss. Elle l’entend manger, en silence ou presque, le bruit de sa langue comme un claquement sec et définitif, mortel, vivant ; elle mange également, mâchoires serrées, dents contrôlées. Puis le silence. Ils se regardent sans se voir. Une respiration. Et puis une autre.
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