Archangel

"Une partie des hommes était alignée face aux murs et pratiquaient quelques exercices de tir quand d’autres s’entraînaient en groupe et simulaient des échauffourées en se mitraillant dans des feux-croisés" Avec des phrases comme celles-là, ton texte, et surtout son début, est très maniéré. Il est pratiquement impossible pour moi d'en tirer une quelconque ambiance, il est bien trop centré sur le maniement des armes et par là même l'acte de s'entrainer. Je veux dire, il n'y a rien de bien spontané là-dedans. Tu utilises du vocabulaire franchement détourné pour ne pas faire de répétitions, mais ça ne "sonne" pas bien, c'est pas fluide, les cordes de l'écriture sont franchement trop visibles. "Simulaient des échauffourées, par exemple". Au final, ça ennuie, on a comme l'impression que l'entrainement est juste une peinture et pas un bout de quelque chose de bien plus grand. C'est beau, il y a des hommes qui se battent, et une centaine, si on y croit. Joli, certes, mais on dirait presque un dessin sur la grandeur de l'homme quand il s'entraine, alors qu'on a aucune ambiance qui se forme au niveau des efforts, de la sueur, du bruit (et encore là je reste dans le très basique). Ce qui fait que la silhouette de ton général semble plus se mouvoir dans le silence et dans un paysage figé que dans un paysage qui bouge, qui a de la vie. Je ne te conseillerais pas d'allonger, enfin si, c'est un peu nécessaire, mais si tu veux faire quelque chose de bref pour illustrer la présence du général, de condenser. Là, tu t'attardes sur des détails et tu en oublies d'autres, ça me semble mal dosé. Et puis, tant que je peux prendre cet extrait en exemple, le principal problème que j'ai dans ton style, à part ce que j'ai déjà relevé, ce sont des maladresses qui pêchent par la volonté de trop préciser. Je te donne un exemple de phrase : "Il avait essayé de tenter de me faire comprendre qu'il savait ce que je pensais qu'il ne connaissait pas". J'exagère un peu, mais c'est l'idée, faire de la périphrase limite, pour pas grand chose. Ça fait un peu "rajout bourrin pour tromper un vide", je trouve.

"Narik remarqua bien vite que Randsel rasait les murs et tentait de se faire discret, chose simple ici, avec le vacarme et l’agitation provoqués par au moins une centaine de personnes. " Enorme contradiction dans cette phrase, entre le "bien vite", "tentait" (qui sous-entends un échec facile" et "chose simple". Et puis, si simplement une vois féminine lui parle, quelconque, c'est un peu étonnant qu'il passe là et tente de se faire discret, puis qu'il se retourne sans insistance, enfin bon. Après tu as parfois un défaut de répétition ou de je martèle-bien-le-lecteur-parce-que-si-ça-se-trouve-il-a-bien-comprit, comme par exemple : "Le vieil homme fit la grimace et se retourna, visiblement à contre cœur." Oui, s'il fait la grimace, et avec le contexte, ce n'est certainement pas le cœur joyeux. Ou "Une femme s’approcha de lui" > Vachement redondant avec "une voix féminine". On se doute que c'est UNE femme et pas UN homme. D'autres fois, des problèmes qui te font exagérer des choses mal placées dans une tentative qui me semble être celle d'instaurer une ambiance, un peu bourrin, par exemple : "ses traits sévères s’accordaient parfaitement avec son regard courroucé." (une personne peut avoir des traits sévères, of course. Mais ça tombe particulièrement bien avec le contexte, bizarre non ?)

Les dialogues ont assez peu de personnalité, j'ai l'impression. Là, ce n'est pas flagrant parce qu'il y a deux personnages et que la scène est courte, mais je pense que tu peux pêcher sur la scène si tous parlent de la même manière. La dernière scène est déjà mieux gérée, dans la tension et dans le condensement. L'extrait, au final, me semble assez peu, comme tu disais, profond. Pas que ça me dérange sur ce genre de scène, c'est même une nécessité la plupart du temps. En revanche, ta scène est d'un revu qu'on devine déjà le développement dès les premières lignes (oh, il a réussi et se moque un peu d'elle, comme c'est étrange...), et les caractères des personnages n'améliorent rien, parce qu'ils sont foncièrement colériques et sarcastiques, comme sur toutes ces scènes. Je dirais que l'utilité dans ton roman de cet extrait est proportionnel à l'apparition du général. Si elle se place juste après l'apparition, pour montrer sa force, ben, à la limite. Sinon, c'est sans doute un peu gratuit et sans autre objectif que de raconter une anecdote. Non ?

TISS

Ce genre de passage est très difficile à gérer, tu sais, encore plus que pour n'importe quel dialogue. Je pense que lui donner une forme autre que le dialogue, plus mécanique et froide, peut-être très intéressant, même si celle là n'est pas forcément très adaptée. ET justement, que, si tu choisis de ne pas mettre une forme "normale", de virer les didascalies comme te le proposais à l'inverse arch. Tout le talent, toute la force de cet extrait pourrait, selon moi, résider dans le fait que tu parviendrais à faire interagir deux personnages dont les différences sont palpables, dont les émotions sont palpables juste en fonction de leur élocution, donc, du coup, de la ponctuation, et du choix de vocabulaire, qui peut-être plus distant en cas de mensonge, plus vif parfois. Selon moi toujours, c'est un parti pris bien plus intéressant que l'insertion de la narration. Et bien plus palpable en terme de ressenti.

Alors bien évidemment, si je te dis ça, c'est que ce n'est pas le cas maintenant. Un de tes grands écueils consisterait à devenir maladroite à force de vouloir être naturelle, avec des expressions comme "c’est ce qu’est ma vie ". Tu as souvent, à force justement de jouer trop sur l'oral, des maladresses qui finissent par me faire soupirer. Pareil, le "J'en déduis" du Psy est juste ridicule. Après, je ne suis jamais allée chez un psy non plus, mais ton dialogue (et ce que j'en ai lu lorsqu'il était entier) me semble vraiment mal tourné parce que, à moins que tu ne veuilles faire un personnage de psy complètement hypocrite et désintéressé, la discussion ne me semble pas en être une, plutôt une série de question assez insipides qui n'apportent rien à personne, et que le Psy est juste comme une voix qui les pose, pas même une présence. Ça me donne aussi une sensation de : j'informe mon lecteur d'une autre manière que la narration". Bref, pas de présence d'un côté, on dirait presque une interview, je ne suis donc pas du tout enchantée par le traitement que subit ton extrait.

Flavie

Une douzaine de fautes un peu stupides et basiques, comme des accords ou des mauvaises conjugaisons, comme quand tu confonds er et ait. "Je fermis" comme faute aussi, c'est assez osé. Sinon, pour le reste, j'ai envie de te dire, tu as les mêmes défauts qu'habituellement. Overdose de personne "je" et forme hyper maladroite, parce qu'elle se veut très orale, ou alors a la même structure de l'oral, mais finit par trébucher sur elle même à force d'une overdose de répétition, de formule trop orales à côté de celles qui sont clairement plus écrites, très inégales. C'est un peu énervant à lire, à force. Après, le rythme est trop monotone et bien trop saccadé, finalement c'est très long pour pas grand chose, et la scène se déroule mal, puisque la panique de la narratrice, et ce qui devrait être sa surprise, n'est inscrite dans aucune ambiance et peine finalement à me toucher. Enlever le maladroit du style, faire un peu plus de rythme, parce que là, le récit prend la forme d'une pensée, mais finit par être trop saccadé et trop maladroit pour en être, soigner le déroulement, je pense que ça pourrait être un bon début. Puis passer dans une dimension qui se touche un peu plus, celle de l'ambiance, parce que là, mis à part le visuel, tu ne fais pas grand chose, or une panique a, il me semble, toujours tendance à tout exagérer, la phrase sur Salie vient un peu beaucoup comme un cheveu sur la soupe, et puis, il manque l'odorat, le toucher, il n'y a rien, c'est un schéma trop mécanique geste > pensée > sentiment qui s'inscrit là, et qui, finalement, me lasse très vite. Et puis après, il y a une overdose de ''je'' et toutes tes phrases sont construites de la même manière, ce qui contribue d'une part à la pauvreté du style (qui mériterait d'être plus varié, franchement, tant au niveau des verbes que du reste), et d'autre part à la monotonie et à la quasi-inexistance du rythme. Le final a donc bien du mal a me faire sentir quelque chose, puisque bien trop maladroit.