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et bien, puisque ton message sympathique, Fred, appelle réponse, la littérature peut être concue comme un loisir comme un autre, un bel outil de divertissement et comme c'est la demande générale, divertir, pas étonnant que les best seller soient le trois quart du temps des romans à intrigues, agencés comme des séries ou des blockbusters. Je crache pas dessus, je lis pas c'est tout.

A côté de ça, y'a la littérature vécue de l'intérieur du cœur, qui est plus une manifestation d'un besoin irrépressible, souvent d'un travail acharné de l'auteur, sur lui-même, sur le monde qui l'entoure ou sur une histoire, un peuple, une corporation et je-ne-sais-quoi-encore, écrit, non pas dans le but de divertir mais parce que ce devait être écrit, comme ça, à ce moment précis de la vie de l'écrivain.

Certains auteurs tournent une page de leur vie après l'avoir écrite. Ainsi des textes illustres témoignent de la perception de leur auteur à un moment donné.

Ce besoin d'écrire est vitale, parfois salutaire. Un livre en ce sens devient une oeuvre de l'esprit. Vu le mal qu'ont ces plumes à sortir tout ça d'eux-mêmes, il faut confiner au génie pour le rendre intelligible au quidam (y'en a, prends Zweig et sa prose intemporelle, digeste même pour celui qui n'a jamais ouvert un livre) Prends 1793 de Victor Hugo, le style est pas tiré à quatre épingles mais ça transpire, ça rend humide les doigts à la lecture, ça imprègne.

La première démarche exige un talent ou un savoir-faire dans l'art de capter et maintenir l'attention du lecteur. King porte bien son nom en ce sens puisqu'il est difficile de ne pas tourner une page après avoir lue la précédente.
C'est clairement une démarche tournée vers le lecteur.

La seconde est le fruit d'un travail, d'une quête de la vérité aussi. L'écrivain est le traducteur du monde, il pose des mots là où le lecteur n'a perçu qu'émotion. Le succès d'un auteur de ce genre est dans la faculté de capter une sorte de fédération des émotions et des idées de sorte que la majorité s'y retrouve. Et ce peut être fait très simplement. Ca peut même divertir.

Rien de transcendant dans tout ça, ça se remarque dans tous les domaines : la bouffe, les fringues, la musiques. Partout où il y a matière à divertir ou éblouir, en étudiant ou sublimant.

Pour conclure, résolument, mes souvenirs de King ne sont pas attachés à des mots mais une atmosphère et une dynamique du récit hors pair, mais surtout de très bonnes idées. Alors que d'autres livres me laissent des traces indélébiles de vérité sans que me souvienne de l'histoire. C'est pas de l'élitisme c'est une affinité. Et je respecte les deux et tend sans compromis, en ma prétention d'écrire, à la seconde. Voilà pourquoi je scande toujours d'écrire avec le coeur. On prend des risques et on apprend plus en s'écrivant.
 
Kylie Ravera
   
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Kylie Ravera  /  Hé ! Makarénine


Je vois très exactement ce que tu veux dire, David. On ne peut nier une certaine dichotomie entre les récits associés à la "grande" littérature du monde des idées et ceux qui se rapportent à la littérature de "consommation courante", du monde de l'action et des faits. Mais la frontière est mouvante, et le temps qui passe ennoblit parfois.
Mon goût actuel me porte sur l'évasion par l'action, mais il n'en a pas toujours été ainsi, et je ne m'interdis pas des incursions de l'autre côté de la frontière.
Je pense toutefois qu'on peut raconter une histoire à intrigue avec le coeur.
Histoire de brouiller les cartes...
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March-Hare
   
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Fred, merci de nous faire partager cette expérience. Je suis très heureux que tu aies atteint tes objectifs. Tu es un compétiteur à la base, ça se voit. Tu as bossé dans une optique bien précise et tu es parvenu à tes fins. Pour ça, bravo, rien à dire.

Cependant je rejoins totalement l'opinion de David, et ne peux que la plussoyer. Tout est dans la démarche que l'on souhaite apporter à notre écriture.

Pour terminer :

FredGodefroy a écrit:
Je n'ai jamais compris à quoi on jugeait de la (grande) littérature... Qui est-on pour décider que tel ou tel auteur publié fait de la bonne cuisine (la masse des auteurs à 300 exemplaires, d'ailleurs) alors que le voisin va pondre une cuisine infecte (mais que 2 millions de personnes vont lire). Non, vraiment, je ne comprend pas...

C'est très simple en réalité, je t'explique : c'est un peu la même différence que les 2 millions de personnes qui vont manger un kébab pourri (dont le seul motif du tenancier et de faire du fric pas cher avec un produit ultrapopulaire), alors qu'une bien moindre quantité de personne va préférer la bonne petite cuisine fait-maison d'un estaminet, celle que la cuisinière aura préparé avec tout son cœur !

Personnellement, le choix est vite fait !
 
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Salut à tous,

Je ne sais que répondre à tout ce que vous dites. David, je suis fondamentalement en opposition avec ta vision des choses (et Victor Hugo était le Stephen King de son époque !).

Faire des distinctions entre les écrivains me gène. Franchement. Un auteur populaire peut passer son temps en introspection et en recherche d'un vocabulaire nouveau avec la même densité qu'un autre de ses confrères qui n'a pas pour objectif de raconter une histoire orientée lecteur. Il n'y a qu'à voir la profondeur et la densité psychologique de Mike Noonan dans Sac d'Os (pour reprendre l'exemple King), pour se dire que bien peu d'auteurs aujourd'hui sont capable d'atteindre cette épaisseur. Et puis, il faut le dire, raconter une bonne histoire est un art qui demande des années de pratique. C'est tout, sauf simple. Il faut du talent, il faut être visionnaire, il faut être empathique, il faut être proche des gens.

Je tiens à préciser que cette distinction m'oppresse car personnellement je n'en fait pas. On est écrivain, point à la ligne. Ce n'est pas parce qu'on est populaire qu'on ne passe pas un temps fou à trouver le bon mot ou à s'enfoncer dans la noirceur de son âme pour mieux comprendre le monde.

Je suis terriblement mal à l'aise avec cette catégorisation artificielle et -- osons le mot ! -- intellectuelle (et à mon sens, mais ne le prenez pas mal : prétentieuse). Et ceci d'autant plus que cette séparation entre vrai auteur et auteur de foire nait toujours du côté des "intellectuelles", pas des auteurs "populaires" (là, c'est mon expérience du terrain qui parle).

Bon. Il y a bien longtemps, dans une autre vie, je m'étais promis de ne plus avancer sur ce terrain glissant. Je vais donc me permettre d'écrire un dernier post sur le sujet (celui-ci) et je rebondirai plus tard si le sujet bascule vers autre chose. Vous êtes tous passionnants dans vos réponses, mais je descend ici.

Fred

PS : Bien vu pour le côté "compétiteur". C'est vrai. Il m'est impossible d'entrer sur un nouveau marché sans viser la première place. De temps en temps ça marche. Ça a un côté épuisant et parfois j'aimerai bien être/faire autrement. Je précise au passage que je ne le fait jamais au détriment d'autrui. Je n'écrase personne, je ne brise le dos d'aucun concurrent... Je le vois comme une compétition sportive du dimanche, un truc entre potes, pas comme une guerre ni un tournoi olympique. Qu'on se fasse pas des idées trop vite... (d'ailleurs je ne serais pas là si c'était le cas). J'apporte cette précision, car j'ai de plus en plus peur d'être pris pour le grand méchant loup avec les réponses que je donne...

PPS : Je ne crois pas qu'il existe des livres de "consommation courante". Je trouve ce terme profondément insultant pour le métier même d'écrivain. La majorité des textes qui traversent les siècles sont justement des livres "populaires" où l'histoire prime (jusqu'à l'Illiade, qui est un texte totalement tourné vers le lecteur/auditeur. Les Misérables, Le roman de la rose, la légende Arthurienne, comment pouvait-on les qualifier à l'époque, si ce n'est de ce terme si péjoratif (l'équivalent, bien sûr) ; plus proche de nous, les romans des Dumas, Hugo et consœurs, ces grands feuilletonistes que l’intelligentsia parisienne haïssait à en perdre la boule ; et que dire des bouquins de Lovecraft dont le style si sophistiqué est appliqué à des livres de "consommation courante", et à tous ses auteurs de SF, tels Asimov ou Arthur C. Clarck, dont les œuvres ont créées de nombreuses vocations scientifiques et sont à l'origine de plusieurs découvertes fondamentales dans le développement de l'humanité -- il y a toute une série de documentaires passionnants là-dessus, en ce moment, sur Planète+HD). Si je dis que je suis horrifié par ce mot -- consommation courante --, je suis encore loin de ce que je ressent (je ne dis pas ça pour provoquer la polémique ni être insultant, c'est juste... un sentiment réel que je partage avec vous).

Bon, allez, il est tard. J'espère ne pas faire de cauchemars de "consommation courante"... Crying or Very sad

 
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Etonnant de te lire, Fred ( désolée pour la particule qui saute Wink )
On a deux moteurs idéologiques différents , je pense. ( Je suis particulièrement anti-compétition et n'ai pas du tout l'esprit d'entreprendre par exemple) mais je suis d'accord avec pas mal de tes propos. Notamment la comparaison de King avec Hugo.
La différence entre lecture "populaire" et puis le reste n'est le fait que d'une poignée de personnes autoproclamées que l'histoire se dépêche d'oublier à chaque génération.
Qui se souvient des détracteurs de Victor Hugo ( car pour populaire, on ne trouvera pas mieux ! Des millions de personnes à son enterrement ! ) de Jules Verne dont certains se moquaient crument ?

March si on va dans la comparaison culinaire, le fait-maison", d'un estaminet, d'une brasserie parisienne, sous une apparence flatteuse, peut être aussi dégueulasse et trompeur que le kebab d'en face...
J'ai de bons souvenirs ( sentimentaux aussi car liés à une époque particulière, à des rencontres particulières...) de kébabs, tout simples mais faits avec de bons aliments, et d'atroces souvenirs de brasserie où c'est limite si t'as envie de partir sans payer ! Wink Et qui eux d'ailleurs ne sont reliés à rien dans ma vie ! Smile
Alors que le kébab si !
Purée, ça me donne faim, tout ça ! Laughing
 
Kylie Ravera
   
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Dans ma bouche ('fin, sur mon clavier), "littérature de consommation courante" n'a rien de méprisant - c'est ce que je lis essentiellement. Je n'ai pas voulu dire "populaire", mais l'idée est à quelques nuances près la même. Ennoncée dans des termes marketing, peut-être par déformation professionnelle. Si ça peut t'empêcher de faire des cauchemars... Wink
Et je suis bien d'accord avec le phrase "Hugo était le King de son époque". C'est ce que je voulais dire par le "le temps ennoblit parfois". J'aurais dû ajouter: "Il balance aussi aux oubliettes".
Pour finir, on peut être contre la catégorisation mais en faire tout de même le constat.
Pour avoir lu un peu de David, et pour m'être lue aussi moi (ça m'arrive, oui...), je n'ai pas de mal à le classer dans ce qu'il appelle "littérature vécue de l'intérieur du coeur" et moi dans "littérature de consommation courante". Pas énormément consommée dans les faits, mais ce à quoi j'aspire, en un sens. Ce qui ne m'empêche pas d'y mettre du coeur.
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je manque de m'étouffer, pardonnez-moi : je reviendrais
 
Elenita
   
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FredGodefroy a écrit:

Faire des distinctions entre les écrivains me gène. Franchement. Un auteur populaire peut passer son temps en introspection et en recherche d'un vocabulaire nouveau avec la même densité qu'un autre de ses confrères qui n'a pas pour objectif de raconter une histoire orientée lecteur.

Je comprends que ça puisse gêner aux entournures. Mais j’ai du mal à comprendre qu’on puisse mettre tout dans le même sac, comme si être « populaire » (j’entends par là réaliser des ventes conséquentes) était un gage ou une preuve de qualité. Ce qui ne veut pas dire que ceux qui vendent n’écrivent que de la merde et vice versa, ce n’est pas du tout mon propos.

Eloignons-nous deux minutes de King et Hugo, j’ai cherché des exemples différents.
Dans la liste des livres les plus vendus au monde, on trouve « Le seigneur des anneaux » et « Harry Potter ». C’est un bon exemple ma foi : on parle de sorcellerie dans les deux cas, d’univers imaginaire et de lutte entre le Bien et le Mal, et de deux œuvres très populaires (dans le sens du volume de vente et de la notoriété). Et je ne pense pas qu’on puisse qualifier l’un ou l’autre de littérature « d’intellectuel prétentieux» (comme si c’était un gros mot, intellectuel).
J’ai lu les deux. Mais je ne vois pas bien comment on pourrait les mettre dans le même sac. Sans nullement dénigrer le travail de J.K. Rowling, hein, ni le mépriser en quoi que ce soit.

FredGodefroy a écrit:
Je tiens à préciser que cette distinction m'oppresse car personnellement je n'en fait pas. On est écrivain, point à la ligne. Ce n'est pas parce qu'on est populaire qu'on ne passe pas un temps fou à trouver le bon mot ou à s'enfoncer dans la noirceur de son âme pour mieux comprendre le monde.
Oui, alors là je prends le top des ventes en France, et j’imagine Lévy et Musso en train de s’enfoncer dans la noirceur de leurs âmes respectives. Et j’ai une crise de rire.

Kylie a écrit:
Pour avoir lu un peu de David, et pour m'être lue aussi moi (ça m'arrive, oui...), je n'ai pas de mal à le classer dans ce qu'il appelle "littérature vécue de l'intérieur du coeur" et moi dans "littérature de consommation courante". Pas énormément consommée dans les faits, mais ce à quoi j'aspire, en un sens. Ce qui ne m'empêche pas d'y mettre du coeur.
.
En effet. Et comme le souligne Kylie, l’un et l’autre ne sont pas incompatibles. J’ai lu les romans de Kylie et ceux de David, j’ai apprécié les deux pour des raisons différentes. Ca ne veut pas dire que l’un ou l’autre y mette moins d’envie, de cœur, de volonté et de travail. C’est juste deux lectures différentes, que je fais avec des attentes qui varient, en prenant du plaisir dans les deux cas.

David a écrit:
je manque de m'étouffer
Mais non voyons, respire. Tu devrais lire « 50 shades » ça te détendrait, tiens. :mrgreen:
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Terrain glissant, terrain glissant...

Il y a 3 jours, je regardais un reportage sur les Geek. Bernard Werber y était interviewé. Il raconte une anecdote croustillante qu'il a vécu à l'époque où il était journaliste à l'Expresse.

Il propose en commission de rédaction de faire un article sur les fans de Tolkien. On était au début des années 80. Sur 200 journalistes, pas un n'avait lu Le Seigneur des Anneaux. Quand il a dit que c'était de la Fantasy, tout le monde à rigolé. En France, il a fallu attendre l'arrivée du film de Peeter Jackson pour que les Intellectuelles Parisiens (et qu'on ne vienne pas me dire qu'ils n'existent pas, hein, j'en connais pour qui passer le périphérique est la pire honte de leur vie !) daignent s'y intéresser. Et encore. Aux USA, la trilogie est étudiée depuis les années 60 dans toutes les écoles comme un des plus grands livres de la littérature anglaise, indépendamment de son genre.

En France, non seulement on catégorise, mais en plus on attribue le terme de "vraie littérature" ou "littérature populaire" à l'un ou l'autre genre. C'est détestable et ça empêche de voir la "vraie" valeur des livres.

Enfin, dernière question : pourquoi faire une telle différence entre le style et l'histoire ? Pourquoi le style est considérée comme de la littérature, et les bonnes histoires comme du prêt à consommer ? 23 siècles nous séparent d'Aristoste, mais ici, dans nos belles contrées françaises, on a tendance à oublier que c'est l'histoire qui est universelle. Pas le style. Une histoire universelle transcende les frontières, les langues et le temps. Pas le style.

Fred

PS : Et encore une fois, ce que je défends c'est la non-catégorisation des livres pour en apprécier le style et l'histoire indépendamment des valeurs que l'on attribue à tel ou tel genre. Ce que je reproche, c'est justement cette attribution d'une valeur à tel ou tel livre selon des critères très personnels et très culturels qui permet à une minorité de s'auto-proclamer les gardiens de la "vraie littérature".
 
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Merci de ta sollicitude, LN Smile

Ce qui me laisse pantois c'est de comparer King à Hugo.

D'un point de vue subjectif la prose du second est tout simplement la plus belle que j'aie jamais lue. Je n'ai pas cité 1793 par hasard. J'apprécie King dans une proportion incomparable, je jalouse son imagination. Ca s'arrête là, j'en ai lu un ou deux et voilà : pas de quoi fouetter un chat. L'immersion est excellente, le froissement des humeurs bien tourné, on s'y croirait presque dans cet arrière pays US. ET puis on a peur aussi, on angoisse. La belle affaire.

D'un point de vue objectif comparer un auteur que l'on lit, étudie, célèbre deux siècles après sa mort avec un auteur contemporain dont l'influence se limite exclusivement à la distraction qu'il procure ça déborde d'impertinence. Alors, si je m'investis un peu plus dans le débat, je m'arrête à ça : "Hugo, le King de l'époque".

Parce que Stephen King fustige le pouvoir ? Parce que King écrit sur les mouvements de son pays ? Parce que King crée des personnages de légende qui bousculent, par leurs postures, la société ou appellent à l'humanité de chacun ?

Hugo n'a pas attendu l'extrême gauche pour considérer les marginaux comme il n'a pas attendu une démocratie sans bornes pour critiquer l'empereur.

Il reste l'un des auteurs les plus admirés par ses pairs de la littérature. Un écrivain, interviewé il y a 15 jours citait une phrase de lui en concluant "quand on a écrit ça on peut mourir tranquille".

Si vous ne voyez pas la différence entre les deux proses, c'est que l'esthétisme de l'une vous est indifférente. Ca ne veut pas dire qu'elle n'existe pas, vous passez juste à côté.

Confronter auteurs populaires et éminences des Lettres c'est seulement marquer sa sensibilité pour l'un ou l'autre, sachant qu'ils se confondent parfois, heureusement.

Gommer la verve lumineuse d'un texte au profit d'une prose accessible, qui cause, c'est le talent -le génie ? - de certains auteurs. Je lis Céline, là, et les premières pages sont d'une simplicité barbare (voyages jusqu'au bout de la nuit) je m'efforce d'en déduire le génie vu que c'est la posture ambiante.

premières phrases :

"Ca a débuté comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit. Rien. C'est Arthur Ganate qui m'a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade"

Niveau simplicité c'est un podium. Le même Céline disait qu'il n'y avait qu'un seul grand écrivain par siècle (cf interview vidéo). Que c'est le style qui fait la différence. Alors les phrases précédentes, tout le monde peut les écrire. Les aligner dans un ordre et en faire une œuvre phare du siècle c'est une autre histoire.

Si je m'arrêtais au contexte, je lâcherai vite l'affaire, il ne me parle que de très loin. Tentez donc l'affaire avec un auteur à succès connu pour son verbe peu glorieux (Nothomb par exemple) : supprimez l'histoire -qui doit bien être passionnante vu comme ça s'écoule- que reste t-il ?
Il ne s'agit donc pas d'opposer une prose à une autre sur les termes choisis mais bien sur l'impression qui s'en dégage. En cela, King ne m'a pas laissé grand chose. Là où Hugo a juste transcendé le verbe.



Enfin, on va pas refaire un débat sur le style, hein.

Edit : je ne me proclame le gardien de rien du tout, même si je m'agace des records de vente de tel ou tel torchon (50 shades...) ça fait un petit bout de temps que je m'y résigne. J'ai juste un autre choix de ce vers quoi je tends. Chacun ses lectures, chacun ses ambitions. Ecrire un roman populaire, au sens de fédérateur d'aspirations avec un style simple c'est une sacrée gageure.


Dernière édition par David le Mer 7 Nov 2012 - 13:10, édité 1 fois
 
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Réussir à créer une histoire intéressante, c'est déjà avoir du talent
 
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Je ne compare pas les styles de King et Hugo, je place en exergue la manière dont on les perçoit de leur vivant. Et qui te dit que King ne sera pas considéré comme Hugo dans deux siècles ? De plus, si tu lis Sac d'Os, pour y revenir, tu verras que la plupart de ses phrases font plusieurs lignes et que leurs constructions relèvent d'un travail incroyable. Ce ne sont pas des phrases simples, pas des phrases courtes, ce sont des phrases écrites par un auteur qui a un style unique et qui, par ailleurs, est un conteur d'histoires fabuleux. Et on devrait reconnaître le droit à un livre qui nous fait peur ou qui créer des univers fascinants de dire de lui que c'est de la "vraie" littérature.

Je tire l'extrait suivant de Wikipedia :

Le Publishers Weekly estime que sous cette « classique histoire de fantômes » se cache « l'un des romans les plus accomplis » de l'auteur et certainement celui où il se livre le plus sur le processus créatif. Pour George W. Beahm, cette « histoire d'amour hantée » est un roman ambitieux et riche qui démontre sa maturité en tant qu'écrivain. Jean-Pierre Dufreigne, de L'Express, parle de l'un de « ses plus beaux » romans, dont le début « forme les pages les plus doucement cruelles écrites depuis longtemps sur le mariage et le veuvage » et qui contient « quelques malicieuses vacheries sur les concurrents ». Pour Michel Schneider, du Point, il s'agit de « son plus beau roman », dont « l'écriture est le vrai sujet de l'intrigue ». François Rivière, de Libération, évoque « une diablerie menée de main de maître » dont deux scènes, « parmi les plus saisissantes de toute l'oeuvre de King, font de ce livre l'aboutissement de sa carrière ». Pour Jean-Marie Wynants, du Soir, c'est un « grand livre », « angoissant et indispensable » qui « vient gratter l'âme humaine, là où cela fait le plus mal ».

Doit-on vraiment classer King dans la catégorie "populaire" (dans le sens péjoratif tel qu'il se dégage sur ce fil), "consommation courante" ou je ne sais quoi d'autre. Sac d'Os est un grand livre pour son histoire ET pour son style. C'est justement en le classant dans un genre, David, que tu passes à côté.

Autre exemple : James Ellroy. Récemment, j'ai lu des critiques américains (genre NYTime et Washington Post) qui disaient de lui qu'il était le plus grand auteur américain vivant du 21ème siècle. Il a un style unique, une verve incroyable (il faut lire sa trilogie Underworld USA pour bien comprendre ce que je dit), mais en France, c'est juste un auteur de polar. Personnellement, je le considère comme l'un des plus grands écrivains ayant jamais existé (et il n'a pas besoin d'être mort depuis deux cents pour ça). La masse de boulot qu'il a abattu pour obtenir ce style si unique devrait lui être reconnu, même si c'est "juste" un auteur de polar.

Bon, vraiment je m'arrête là. Terrain trop trop trop glissant sur un sujet où les avis sont si tranchés qu'on commence à sentir les lames sur nos esprits.

A plus les amis.

Fred

PS : bien dit Gaufrette !
 
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C'est noté, déjà que ce topic m'a fait ajouter sur ma liste de bouquins à acheter une bio sérieuse de Hugo, j'ajoute donc Sac d'os, histoire de causer plus en connaissance de cause.

Nulle lame, Fred. C'est particulièrement courtois, crois-moi.
 
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C'est d'ailleurs une très agréable surprise que nous puissions débattre de ce genre de choses sans plus se friter. J'apprécie, crois-moi.
 
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chaque fois que je cherche une idée de roman, c'est à dire autrement que lorsqu'elle s'impose d'elle-même, je me fais la même réflexion : King l'a déjà écrit !

Verdict la semaine prochaine, je passe à la librairie lundi.
 
   
    
                         
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