Sujin souffrait. Des douleurs s’éveillaient en elle, au rythme de sa respiration. Chaque fibre de son corps était comme plongée dans des charbons ardents. Ces élancements lui arrachaient quelques faibles grimaces à chaque mouvement de son corps meurtri. Dès qu’elle demeurait immobile, la souffrance s’apaisait, agissait comme un bruit de fond le ferait à des oreilles trop sensibles. Lorsqu’elle ne bougeait pas, cette douleur devenait plus supportable, douce, jusqu’à ce que des crampes ne saisissent ses muscles affaiblies par le traitement subi. Sans s’en rendre compte, elle remuait et ravivait ses douleurs. Ce cercle infernal l’empêchait de fermer les paupières pour se reposer quelques instants, ôter à son regard la vision de cette salle, de son corps torturé. L’esprit en souffrait, et chacune de ses vagues de douleurs, comme le reflux des vagues, affaiblissait sa volonté.
Sa gorge desséchée n’est plus qu’un désert, une rivière asséchée. Des hématomes couvraient son visage, ses bras et son ventre ; ses yeux s’arrêtaient en permanence sur les marques violacées, qui s’épanouissaient sous sa peau trop pâme. Par chance, ses yeux n’avaient pas entrevu son visage tuméfié à travers une vitre. Ce simple regard l’aurait sans doute plus ébranlé que les gifles. Ses joues, chauffées à blanc, la tançaient, et son front se rappelait à elle de la plus terrible des manières. Par miracle, l’interrogateur ne lui avait pas brisé le nez. Sujin n’osait même pas porter ses doigts à son visage, palper les plaies et bleus qui ornaient ce visage que les hommes appréciaient tant. Pourtant, ses mains lui faisaient le plus mal, emplissaient sans cesse ses pensées. De ses doigts, s’échappaient quelques gouttes de sang ; ils tremblaient sans qu’elle ne parvienne à stopper ces convulsions. Sur certains d’entre eux, elle entrevoyait la chair rosâtre, strié de sang ; le moindre contact lui arrachait un bref cri comme si des aiguilles s’y enfonçaient. Le rire de l’interrogateur résonnait encore dans son esprit lorsqu’il lui avait arraché plusieurs ongles.
Sujin déglutit à la pensée des sévices qu’ils avaient infligés à Chang-min.