Dans sa préface d'Indiana (réécrite), George Sand disait que l'écrivain avait un devoir de miroir envers le lecteur. Sous-entendu, vous l'aurez compris, le renvoi de quelque chose qui lui parle, de la façon la plus précise et crédible possible.
Personnellement, je ne cherche pas à lire du réalisme, car si j'ai envie de voir des trucs actuels avec toutes sortes d'histoires, j'allume la télé et ça me suffit. Je rentre mieux dans un reportage qu'un livre dans ces sujets-là. Ils m'apparaissent comme banals. Le policier, c'est pire, je n'ai jamais réussi à finir un seul bouquin de ce genre, pourtant j'ai essayé. Mais à force de devoir repérer les détails par-ci par-là, de passer vite fait d'un perso à l'autre etc je ne rentre pas dans l'histoire même. Ca m'emmerde, je préfère me laisser emporter par l'auteur, plutôt que de me casser la tête. On se casse assez la tête comme ça dans la réalité...
Et aussi, tous les auteurs qui sont super radins niveau descriptif et émotionnel, je ne les vois même pas en peinture. Comme je l'ai mis dans ma présentation, ceux qui m'ont le plus fait chier à la lecture, sont Nothomb et Camus. Pour cette raison entre autre. Ca ne me donne pas envie de suivre l'histoire, j'ai l'impression qu'ils ne font rien pour que je continue ma lecture. Même si le fond est bien, la forme me semble bâclée. Je les ai lus parce que je le devais, mais à coup d'une page par lecture. Même en me forçant, je n'allais pas au-delà de trois pages d'une traite.
En tant que lecteur, j'attends de l'auteur qu'ils me donnent plein de détails de façon à ce que je recrée l'image la plus fidèle à celle de l'auteur. Il est mon guide, et je le suis les yeux (presque) fermés. Un guide qui ne me dit quasi rien, ben il me gave. Les images à créer soi-même, j'en fais assez. Quand je lis un livre, je veux en ressortir avec des choses que je n'aurais jamais imaginée seule (pas des créatures mille fois revues), qu'on m'impose une vision du récit de manière à m'ouvrir à de nouveau horizon de perception. Pas me dire "je te donne trois bouts et débrouille-toi", parce que me débrouiller je peux, mais je ne ferai que réemployer des trucs connus, et je n'ai pas besoin de livre pour ça.
Donc, je suis en adéquation avec mes volontés de lecteur. En tant qu'auteur, j'écris avec un certain détail, un attachement aux personnages, sans faire un Xième retour des elfes, nains, dragons et autres, le seul don dont je me sais dotée est celui de donner envie de lire la suite, je joue avec des fictions de toutes sortes et reste dans la mal nommée "paralittérature". Même quand je touche à une histoire réaliste, je lui donne le ton d'une histoire fantastique.
Pour moi le fantastique, c'est la liberté absolue, un pied dans le rationnel et un autre dans l'inexplicable, on peut aller d'un bout à l'autre de la frontière sans se soucier de paraître logique en tout point, tout en restant dans du connu pour les lecteurs. J'avais même écrit toute une préface qui expliquait pourquoi je préférais le fantastique aux autres genres.
edit : moi quand j'ai découvert Narnia, j'ai eu un choc ! C'était pile poil la même trame que mon tout premier roman écrit à 14ans, et je n'avais jamais entendu parler de Narnia avant le film ! A part que chez moi, la méchante, qui contrôle la nature, avait plus d'originalité que la reine des neiges rhabillée... Aujourd'hui, je trouverais mon roman tellement nul qu'il ne me viendrait pas à l'idée de le publier. et pourtant, aucune référence religieuse pour ma part. Mais c'est trop naze, avec le recul...