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| | La litt. jeunesse: nouvel instrument d'infantilisation | |
| | | Invité / Invité Lun 25 Aoû 2008 - 16:56 | |
| - Nox a écrit:
- Menear> mon post était humoristique =D
Pas tant que ça, pas tant que ça... Tu soulèves de la main du sourire mais avec le visage du lucide. Beaucoup de prétendants à la compréhension et aux fauteuils esthètes de l'élitisme littéraire forcené, peu qui parviennent à duper malgré des démonstrations erronément érudites. |
| | | Invité / Invité Lun 25 Aoû 2008 - 17:00 | |
| - Menear a écrit:
- Ah bon je le réduis à un l'adjectif "complexe" ? Le fait est qu'il l'est (complexe) ou "peu accessible" si tu préfères, et je ne pense pas que ce soit sujet à débat. Maintenant si le but de tes grandes envolées est d'expliquer que Céline est un auteur plus important et pertinent que Rowling dans l'Histoire Littéraire, tu prêches un converti.
Bah. C'est surtout le "Pour ceux qui lisent Céline pour se divertir" qui me fait grincer des dents. |
| | Nombre de messages : 2716 Âge : 38 Localisation : Entre les deux. Pensée du jour : Too much skin. Date d'inscription : 27/10/2007 | Menear / Le bruit et la pudeur Lun 25 Aoû 2008 - 17:01 | |
| Mais pourquoi n'aurait-on pas le droit de lire Céline pour le plaisir de lire Céline enfin ? |
| | | Invité / Invité Lun 25 Aoû 2008 - 17:04 | |
| - Ernest a écrit:
Bref, il y a chez Céline une vision du monde singulière, engagée, personnelle, forte, qui fait totalement défaut à Rowling. Céline écrit avec ses tripes, avec ce qu'il est, le meilleur comme le moins bon (Notamment le racisme et tout ce qui va bien) alors que Rowling se contente de raconter l'histoire gentillette d'un magicien qui fait ses études. Ca fait une grosse différence. J'ai "Voyage au bout de la nuit" sur mon étagère depuis Noël et j'attends d'avoir le courage pour le lire. Cependant, j'vois même pas ce qu'il y a à comparer entre Céline et Rowling tant le public et l'objectif visés par ces deux textes sont différents... pas la peine de comparer ce qui n'est pas comparable. Beaucoup de choses, voire l'essentiel, m'ont l'air d'avoir été dites sur ces quatre pages. Certains "sociologues de la littérature" n'ont pas compris qu'on n'avait pas besoin de tout classer pour mieux comprendre les choses, à savoir distinguer "littérature divertissement et littérature réflexion"... réfléchir, c'est aussi se divertir, j'ai pas forcément l'impression d'avoir bossé quand j'ai lu une œuvre intelligente. La réflexion ou le divertissement peuvent s'unir et surgir là où on ne les attend pas, c'est réducteur de dire qu'une oeuvre va distraire et une autre divertir... A propos de la littérature jeunesse en elle-même: Mon expérience personnelle ne va rien apporter de nouveau, mais la littérature jeunesse, je l'ai bien parcourue, c'est allée des "Fantômette" à "L'étalon noir", en passant par les "Alice" et les "Club des cinq". J'y ai appris plein de mots et j'ai suivi mes premières intrigues avec un grand plaisir. Vers la fin de mon enfance (9-10 ans), j'ai tout d'un coup voulu faire la grande, et lire des bouquins auxquels je ne comprenais strictement rien ( Quatre-vingts treize d'Hugo ou le SDA, entre autres), par pure boulimie. C'était trop tôt, j'ai du redescendre un ou deux ans plus tard pour relire des trucs de jeunesse, parce que j'avais pris une avance peu adaptée à mon manque de maturité. Depuis je me suis soignée, et à côté des "Fantômette" se sont installés tous les auteurs que j'apprécie aujourd'hui. Sans être un puits de culture, je ne pense pas avoir été handicapée par le fait d'avoir lu beaucoup de littérature jeunesse, bien au contraire, j'y ai appris à vraiment lire. Mais comme le dit si bien Nox au début, le problème n'est pas la littérature jeunesse en elle même, mais bien l'âge des lecteurs. A ce moment-là, peut-on dire "mieux vaut ne rien lire du tout que lire ça?"... j'irai pas non plus jusqu'à affirmer ça, on ne sait jamais, certains peuvent avoir une révélation tardive... et puis Harry Potter, pour quelqu'un qui ne lit presque pas, c'est pas non plus un roman Harlequin... |
| | | Invité / Invité Lun 25 Aoû 2008 - 17:10 | |
| Pour répondre à Meanear et Etincelle (Reptincel, c'était mon pokémon préféré quand j'étais petit, d'ailleurs <3), quand je fais le distinguo entre littérature de réflexion et de distraction, il faut pas non plus caricaturer et se dire que quand je parle de réflexion, il s'agit de faire des lignes d'analyse sémantique pour une page de Proust, hein. Juste qu'il y a un moment où quand tu dis que tu te limites à l'histoire, bah tu rates complètement les questions posées par le texte, les problèmes soulevés, tout ce qui fait la saveur réelle d'un bouquin, quoi. Après, si vous dites réfléchir en vous divertissant, c'est juste un problème de lexique commun, je pense, étant donné que pour moi, divertissement et réflexion sont carrément antinomiques. En fait, déjà dire que tu te divertis en réfléchissant, ça me paraît un peu paradoxal. Enfin, je suppose que c'est surtout un problème d'ordre sémantique et peut-être un léger manque de nuances des deux côtés, dans le sens où réfléchir ne s'apparente pas à l'étude silencieuse d'un bout de Chateaubriand pour quatre heures sans boire ni manger, tout comme se distraire ne veut pas simplement dire prendre du plaisir (enfin, pour moi) parce que, en effet, je prends plaisir à réfléchir à la portée de tel ou tel livre. |
| | | Invité / Invité Lun 25 Aoû 2008 - 17:15 | |
| Personnellement j'entends par se divertir, "se distraire". Maintenant, effectivement, si c'est au sens "s'amuser", je ne peux plus réfléchir et me divertir. |
| | | Invité / Invité Lun 25 Aoû 2008 - 17:17 | |
| Bah, tu entends quoi par "se distraire", exactement ? |
| | | Invité / Invité Lun 25 Aoû 2008 - 17:20 | |
| C'est le jeu des définitions! - Se changer les idées, oublier ce à quoi on pense quotidiennement. |
| | Nombre de messages : 1971 Âge : 62 Localisation : Là-haut Date d'inscription : 01/05/2008 | Thierry / Journal du posteur Lun 25 Aoû 2008 - 18:18 | |
| Passionnant tout ça!! Tout ce qui me fait aimer le forum de JE!!
Bon, étant donné que je suis instituteur depuis y'a très longtemps je peux dire que je connais un tant soit peu le problème pour ce qui est de la tranche d'âge de l'école primaire.
Premier problème: réussir à leur faire ouvrir un bouquin. Deuxième problème: réussir à leur faire lire le premier chapitre. Troisième problème: réussir à leur faire lire le bouquin en entier. (à côté du troisième problème les travaux d'Hercule sont insignifiants.)
Par conséquent, ils pourraient bien lire Harry (certains le font) ou Martine à la montagne ça m'est égal pourvu qu'ils ouvrent un bouquin. Pour une raison très simple: comment pourraient-ils développer leur esprit critique s'ils n'ont aucune référence, aucune expérience, aucun ressenti. Je me suis aperçu par exemple qu'il est plus facile de leur faire découvrir des musiques parce qu'ils en écoutent déjà et qu'ils peuvent donc créer une comparaison, prendre conscience des différences, établir des préférences... Mais quand il n'y a rien, quand il n'y a aucune autre référence que les lectures épisodiques du "cours de français" (dsl pour la grossièreté!) et qu'en plus la lecture est généralement suivie d'une batterie de questions et d'analyses grammaticales qui vont donner à cette lecture le visage de l'ennemi juré, le pourvoyeur insatiable de cartons monstrueux...
Tout ça pour dire qu'au premier abord, je me fiche de savoir ce qu'un enfant lit dès lors qu'au moins il lit...C'est affreusement négatif mais c'est la réalité de mon boulot...
Quand je vois au CM2 des enfants qui sont bouleversés par "Oscar et la dame rose" ou "le royaume de Kensuké"" je sais que ça vaut le coup de se démener mais quelle énergie il faut dépenser, c'est monstrueux!!! La bibliothèque municipale ici propose un abonnement annuel à 5 euros pour deux romans, deux BD et deux revues par semaine par enfant. L'an passé, en début d'année, j'avais six enfants inscrits sur 26 élèves...Des enfants de dix, onze ans quand même...Alors vous voyez le problème. Là c'est pas l'aspect financier, faut pas pousser quand même, c'est juste que le livre c'est "une corvée", "ça me saoule", ça me fait chier grave de la mort" et j'en passe et des meilleurs...
Alors, désolé si je dis ça mais je me fiche de savoir ce qu'ils lisent. Et vive HP, Edragon, Narnia et tous les autres, au moins s'ils ont lu ça, je peux leur faire découvrir d'autres trucs plus zarbis pour eux mais qu'ils liront au moins jusqu'au bout parce qu'ils savent que lire un bouquin, c'est pas un combat de rue!!! |
| | Nombre de messages : 8765 Âge : 39 Pensée du jour : Another Perfect Day Date d'inscription : 03/08/2007 | Nox / Vacher polyvalent Lun 25 Aoû 2008 - 18:26 | |
| Mais en CM2, ils ont 10-11 ans. C'est normal. Et au contraire, la liitérature jeunesse tape pile dans cette cible (et c'est même très bien). |
| | Nombre de messages : 1971 Âge : 62 Localisation : Là-haut Date d'inscription : 01/05/2008 | Thierry / Journal du posteur Lun 25 Aoû 2008 - 18:44 | |
| ah non, Nox, c'est pas normal du tout que 90 % des enfants du CM2 n'aient PLUS envie de lire un roman en entier, c'est même absolument scandaleux et je HAIS considérablement les enseignants qui sont responsables de ce massacre, les parents qui s'en remettent à l'école et toute la connerie de l'éducation nationale sur laquelle je VOMIS!!!! Alors maintenant, si des écrivains sont capables de donner envie à un ado de lire un bouquin, que ça soit fait avec un tapage médiatique hallucinant comme pour HP ou que ça soit l'école (oh miracle!!) ou un copain (brave gars!!), je m'en fiche de savoir ce qu'il lit à artir du moment où il s'y met parce que sir le long terme on peut espérer qu'il se fera une ouverture d'esprit chez cet individu, une recherche personnelle, une envie, un désir d'aller chercher ailleurs et ça sera possible juste parce qu'il aura découvert le bonheur de lire aec Harry ou Martine. J'ai bien commencé par Bob Morane |
| | | Invité / Invité Lun 25 Aoû 2008 - 19:20 | |
| .
Dernière édition par RB le Mar 10 Sep 2013 - 23:13, édité 1 fois |
| | Nombre de messages : 1971 Âge : 62 Localisation : Là-haut Date d'inscription : 01/05/2008 | Thierry / Journal du posteur Lun 25 Aoû 2008 - 19:55 | |
| à 18 ans, ça l'est moins effectivement sauf si on vient juste de s'y mettre! Après tout, commencer sa pratique de la lecture à 25 ans par Harry Potter, quelle importance pourvu que ça déclenche un besoin irrépressible qui sera suivi par d'autres lectures, et encore d'autres...Ce qui serait intéressant, c'est de savoir pourquoi un individu se met à lire seulement à 25 ans...
Ensuite, effectivement, il y a un réel problème avec des ados, jeunes adultes et même adultes confirmés qui se cantonnent à lire Harry Potter, Marc Lévy et Christophe Grangé quand on voit les merveilles qui existent à côté de ces piliers médiatiques. Première réponse à mon sens: la littérature n'est qu'un divertissement. Donc, ces livres accessibles répondent bien aux attentes de ces lecteurs. Deuxième réponse : la littérature, telle qu'elle est enseignée en France, aboutit à un profond écoeurement du roman. Je le vois avec mes propres enfants qui sont des dévoreurs de romans et qui sont DEGOUTES des cours de français et la façon dont on utilise le roman en classe. Donc, lorsque ces anciens élèves reviennent un jour par miracle vers les romans, c'est uniquement pour le divertissement et surtout pas la réflexion. Y'a un trauma irréversible. Troisième réponse: ça correspond à un conditionnement général. Tout ce qui n'est pas mon "travail" doit être un loisir. Au travail, il est normal que je me prenne la tête, que je cherche à progresser, que je contente mon patron mais lorsque je sors de mon travail, tout ce que je vis doit être un divertissement, ça doit être léger, superficiel, sans prise de tête. Même la relation de couple subit d'ailleurs cet état d'esprit...Alors évidemment les bouquins de Céline, Kafka ou autres, c'est réservé à quelques zombies qui considèrent que leur métier ne suffit pas à faire d'eux des êtres humains accomplis. C'est rare. |
| | | Invité / Invité Mar 26 Aoû 2008 - 16:29 | |
| Je plussoie Thierry. A 100%.
Je vais oser me prendre pour exemple, mon cas étant loin d'être unique.
J'ai appris à lire seule, dans Tintin au Congo. Je lisais Martine à 2 ans 1/2 et Les Petites filles Modèles à 3. J'avais lu, outre la Comtesse de Ségur, Jules Verne, Bob Morane et Dumas, Les Misérables, Guerre et Paix, Saint-Ex - sauf Citadelle, Salambô, Moby Dick, Autant en Emporte le vent, La Condition Humaine et Mon Oncle Benjamin, entre autres, avant 14 ans. Je les avais aimés, et, je le crois, compris. Puis, sont venus les "cours de français" qui ont réussi à me dégoûter de la lecture pour vingt ans. Je veux dire de la lecture littéraire, de la fiction. Entre quinze et trente-cinq ans, j'ai dû lire trois romans (dont Les Chevaux du Soleil de Jules Roy)pour mon plaisir. La lecture étant devenue synonyme de corvée, d'ennui. J'ai replongé grâce aux Dames du Lac de Bradley. Et je n'en ai pas honte. mais, et je n'en ai pas honte non plus, je lis pour mon plaisir, par pur divertissement. Et je ne lis pas de livres que je n'aime pas. J'ai essayé Céline, j'ai abandonné. Et rien ne me referait replonger dans Le Noeud de Vipère ou Le Grand Meaulnes. Chefs d'oeuvres ou pas. le monde est plein de chefs d'oeuvres, et je ne vois pas pourquoi m'infliger une corvée - lire Céline - plutôt qu'un plaisir - lire Tolstoï, ou Goethe, ou Rowling, ou Jean d'Ormesson, ou Pierre Benoït. Auteurs qui chacun à leur manière peuvent inciter à réfléchir. Je me permettrai d'ailleurs d'ajouter qu'un livre simple peut inciter à la réflexion, alors qu'un livre "complexe" que le lecteur n'a pas terminé pour quelque bonne raison que ce soit n'a jamais fait réfléchir personne. |
| | Nombre de messages : 1971 Âge : 62 Localisation : Là-haut Date d'inscription : 01/05/2008 | Thierry / Journal du posteur Mar 26 Aoû 2008 - 16:58 | |
| Le nombre de personnes comme toi Lambertine qui ont été dégoûtés de la lecture par l'école, les programmes, les méthodes, l'esprit étroit des professeurs, leur contentement niais à répondre et à correspondre aux vues étroites des inspecteurs, petits gradés insignifiants de l'éducation nationale, c'est révoltant, écoeurant... Lorsque je revois d'anciens élèves (certains sont mariés et ont des enfants) et qu'ils me disent qu'ils recommencent à lire pour leurs enfants et essayer d'éveiller chez eux ce que l'école est incapable de faire, j'ai envie de hurler à cet abruti de ministre (oui, je sais c'est un plénonasme) qu'il ne comprend rien à l'enfance et à la littérature. Je l'ai déjà fait et ça m'a valu un blâme et une rétrogradation d'échelon. Il y a des tonnes de livres de "divertissement" qui sont de purs chef d'oeuvre et qui ne feront que renforcer le bonheur de lire. Krishnamurti lui même disait que la simplicité éait à la base de toute évolution spirituelle. Eckart Tolle est dans la même lignée. Ce qui compte avant tout par conséquent, c'est que le fait d'ouvrir un livre reste un geste possible et pas un travail. |
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